1 Sartre J.-P., « Le Séquestré de Venise », Situations IV, Paris, Gallimard, 1964, p. 311.
2 Pour une définition des « films-en-forme-d’essai », voir Burch N., Une praxis du cinéma, Paris, Gallimard, 1986 [1969], p. 230. Burch utilise cette terminologie à propos de Georges Franju et en particulier du Grand Méliès (1952). Voir également Moure J., « Essai de définition de l’essai au cinéma », in Liandrat-Guigues S. et Gagnebin M. (dir.), L’Essai et le cinéma, Seyssel, Champ Vallon, 2004, p. 25-40.
3 Voir Ragghianti C. L., Cinema arte figurativa, Turin, Einaudi, 1952 ; Michaud P.-A. (dir.), Histoire de l’art et cinéma. Les critofilms de C. L. Ragghianti, Paris, musée du Louvre, 1994 ; Costa A. (dir.), Carlo Ludovico Ragghianti : i critofilm d’arte, Udine, Campanotto, 1995 et, dans ce volume, la contribution de Chiara Savettieri, « Le “critofilm” de Carlo L. Ragghianti : une critique d’art visuelle. Critique d’art et limites du langage ».
4 Pasolini a évoqué, au sein de quelques pages mémorables, les leçons, accompagnées de diapositives, de son maître Roberto Longhi à l’université de Bologne, au début des années 1940, qui avaient pour objet la peinture de Masolino et Masaccio. C’est lui-même qui parle de cinéma à propos de ces projections : « Le cinéma opérait, même sous la forme d’une simple projection de photographies. Et il opérait dans le sens où un “cadrage” représentant un échantillon [campione] du monde masolinien selon cette continuité qui est justement propre au cinéma s’“opposait” dramatiquement à un “cadrage” représentant à son tour un échantillon [campione] du monde de Masaccio » (Pasolini P. P., Descrizioni di descrizioni, Turin, Einaudi, 1979, p. 152 ; édition française : Pasolini P. P., « Sur Roberto Longhi [18 janvier 1974] », Écrits sur la peinture, Paris, Éditions Carré, 1997, p. 80-81, traduction modifiée).
5 Voir Scremin P. (dir.), Roberto Longhi : Carpaccio. Vita di un documentario d’arte, Turin, Allemandi & C., 1991, p. 100-101.
6 Rii et calli, termes propres à la configuration vénitienne désignant respectivement les petits canaux situés sur le tracé de rivières (rio) traversant la lagune et les ruelles sur terre ferme (calle) (N. D. T.).
7 Le commentaire de Sergio Bettini reprend et synthétise certains passages d’un texte connu de ce grand historien de l’art médiéval : voir Bettini S., Venezia. Nascita di una città, Vincence, Neri Pozza, 2006 (Bettini S., Venise. Naissance d’une ville, Paris, Éditions de l’Éclat, 2006).
8 Le film de Didier Baussy Oulianoffest disponible en DVD (Paris, Gallimard, 2005). Oulianoff, après Tintoret d’après Jean-Paul Sartre. La déchirure jaune, qui obtint des prix dans différents festivals, a réalisé Bonnard ou les aventures du nerf optique (1983) ; puis il a créé une société spécialisée dans les longs métrages sur l’art (genre qui s’est imposé difficilement en raison de la prévalence des courts ou moyens métrages sur le sujet). Parmi ceux-ci, citons Picasso (1985), Les Silences de Manet (1989), Titien Théâtre (1989), Vélasquez. Stratégies pour un spectateur (1991), Picasso et la danse (1994). Sont actuellement disponibles en DVD, outre le film sur le Tintoret, Édouard Manet ; Picasso ; Diego Velasquez The Painter of Painters ; Titien ; Voyages : Henri Matisse, tous distribués par Arthaus.
9 Les principaux écrits de Sartre sur le Tintoret, destinés à un essai sur le peintre qui fut rapidement abandonné, sont : « Le séquestré de Venise », dans Les Temps modernes, no 141, novembre 1957 (repris dans Situations IV, op. cit., p. 291-346) ; « Saint Georges et le dragon », L’Arc, no 30, octobre 1966 (p. 33-52) (repris dans Situations IX, Paris, Gallimard, 1976) ; « Saint Marc et son double (Le séquestré de Venise) », dans Obliques, XXIV-XXV, 1981 (numéro sur Jean-Paul Sartre et les arts, p. 171-203). Ces textes, ainsi que d’autres écrits de moindre importance, ont été rassemblés en volume dans une édition italienne (Tintoretto o il sequestrato di Venezia, Milan, Marinotti, 2005) présentée par Michel Sicard qui remet ces écrits dans le contexte de la production sartrienne (« Accostamenti al Tintoretto », p. 7-45).
10 Lepschy A. L., Davanti a Tintoretto. Una storia del gusto attraverso i secoli, Venise, Marsilio, 1998, préface de Carlo Ginzburg, p. 205-213. L’histoire de la fortune critique du Tintoret s’est récemment enrichie de deux nouvelles contributions dues à Mazzucco Melania G. : le roman, La lunga attesa dell’angelo, Milan, Rizzoli, 2008, où la fureur visionnaire du peintre proche de la mort est évoquée en étroite liaison avec la multiplicité de vies qui agitent l’espace multiforme de la Venise du XVIe siècle ; la biographie, Jacomo Tintoretto e i suoi figli. Storia di una famiglia veneziana, Milan, Rizzoli, 2010, œuvre inégalable par l’ampleur et la richesse de sa documentation qui reconstruit dans les plus petits détails le destin artistique et humain du peintre dans le contexte de la vie sociale et artistique de Venise.
11 Lepschy A. L., op. cit., p. 201.
12 Sartre J.-P., « Qu’est-ce que la littérature ? », Situations II, Paris, Gallimard, 1948, p. 61.
13 Proust M., La Prisonnière, Paris, Gallimard, 1988, p. 176.
14 Sartre J.-P., « Qu’est-ce que la littérature ? », op. cit., p. 60-61.
15 Sartre J.-P., « Saint Marc et son double », op. cit., p. 173.
16 Sartre J.-P, Les Séquestrés d’Altona, Paris, Gallimard, 1959.
17 Lepschy A. L., Davanti a Tintoretto…, op. cit., p. 207.
18 Sartre J.-P, « Le séquestré de Venise », Situations IV, op. cit., p. 342.
19 Ibid., p. 345.
20 « Le 31 mai 1564, à la Scuola San Rocco, la Présidence de la Confrérie décide d’embellir le lieu de ses réunions : on ornera d’une toile peinte l’ovale central du plafond. Paolo Caliari, Jacopo Robusti, Schiavone, Salviati et Zuccaro sont invités à présenter des esquisses. Le Tintoret corrompt des serviteurs, obtient les mesures exactes. […] Au jour dit chacun montre son dessin ; quand vient le tour de Robusti, c’est la foudre et le tonnerre : il grimpe à une échelle, ôte un carton, démasque au-dessus des têtes un tableau aveuglant, déjà placé, déjà fini. […] si mon œuvre ne vous plaît pas, Messieurs, je la donne. Pas à vous : à saint Roch, votre patron… » (Sartre J.-P, « Le séquestré de Venise », op. cit., p. 297-298.)
21 Sartre J.-P., « Saint Marc et son double (Le séquestré de Venise) », Obliques », op. cit., p. 176.
22 Faure E., « La prescience du Tintoret », Fonction du cinéma. De la cinéplastique à son destin social (1921-1937), Paris, Plon, 1953 [1922], préface de Charlie Chaplin, p. 11-12 [rééd. Paris, Gonthier, 1964].