1 L’Autre Ciel sera publié dans le sixième volume des écrits complets de Jean Epstein, que les éditions Independecia ont commencé de publier sous la direction de Nicole Brenez, Joël Daire et Cyril Neyrat à partir de 2014.
2 Voir à ce sujet la contribution de Marie-Charlotte Téchené sur les cours d’Epstein à l’IDHEC dans le présent volume.
3 Dans cet article on ne tiendra compte que des écrits inédits qui peuvent être considérés comme achevés. Nous ne traiterons pas des ébauches ou brouillons ou des textes inachevés.
4 Leprohon Pierre, Jean Epstein, Paris, Seghers, coll. « Cinéma d’aujourd’hui », 1964, p. 63.
5 Les écrits de jeunesse sont Caritas Vitae [EPSTEIN284-B88], Tragos [EPSTEIN228-B59] et Le Mage d’Ecbatane [EPSTEIN228-B59].
6 Fonds Jean et Marie Epstein, EPSTEIN227-B59 et Brenez Nicole, Daire Joël et Neyrat Cyril (dir.), Jean Epstein, Écrits complets, vol. 3, 1928-1938. Ganymède, essai sur l’éthique homosexuelle masculine, Photogénie de l’impondérable et autres écrits, Paris, Independencia, 2014.
7 Christophe Wall-Romana a été le premier à attirer l’attention sur ce texte inédit et à en montrer l’importance. Voir son article intitulé « Epstein’s Photogenie as Corporeal Vision : Inner Sensation, Queer Embodiment and Ethics », dans Sarah Keller et Jason Paul (dir.), Jean Epstein : Critical Essays and New Translations, Amsterdam, Amsterdam University Press, coll. « Film Theory in Media History », 2012, p. 51-71. Voir également son texte autour de Ganymède et certains films d’Epstein dans le présent volume.
8 Leprohon Pierre, op. cit., p. 63.
9 Contre-pensées, s. d., EPSTEIN103/104/105-B25/26.
10 L’Autre Ciel, s. d., EPSTEIN229-B89.
11 S. t [Écrits sur les dents], s. d., EPSTEIN226-B58.
12 La Santé du Diable, s. d., EPSTEIN285-B88.
13 Epstein Jean, Le Cinéma du Diable, Paris, Jacques Melot, 1947.
14 Impressions d’enfance et d’adolescence, s. d., EPSTEIN226-B58.
15 Dans Contre-pensées, l’un des textes s’intitule « Cinéma » et il y a également de petites références au cinéma dans Ganymède et dans les Écrits sur les dents.
16 Les rapports entre les différents chapitres de L’Autre Ciel ne sont pas très explicites. Cet initié n’est pas un personnage, mais une figure qu’on retrouve dans plusieurs textes. La construction du livre comme un rituel ou un voyage est évidente dès lors que l’on considère sa structure. Mais une lecture indépendante de chaque texte est aussi possible.
17 Sur ce sujet, voir Foucart Paul, Les Mystères d’Èleusis, Paris, Auguste Picard, 1914. Il s’agit là d’un ouvrage de référence.
18 « Démon que nous voulons tutélaire, que ton nom soit honoré ; que ton règne arrive ; que ta volonté soit faite. Guide-nous chaque jour de tes tentations ; conduis-nous aux bienfaits du mal et aux luxes du vice ; délivre-nous des embûches et des misères de la vertu ; accorde-nous notre volupté quotidienne » (p. 34).
19 « – Comment un homme devient-il dieu ? – Par l’amour qui le découvre nécessaire et incomparable, différent de tout et de tous, un être absolu. – Qu’est-ce que l’homme-dieu ? – Il est un secret gardé par la honte et l’orgueil » (p. 36).
20 Sur les notes de lecture d’Epstein, voir Tognolotti Chiara, Jean Epstein 1946-1953. Ricostruzione di un cantiere intellettuale, thèse de doctorat en Histoire du cinéma sous la direction de Sandro Bernardi, université de Florence, 2002, ainsi que sa contribution dans le présent volume. La thèse est consultable à l’adresse suivante : http://unifi.academia.edu/chiaratognolotti. Les citations de Desbordes se trouvent dans les pochettes EROS ♂♂ : divers I et II, EPSTEIN003-B02, 4/10.
21 Epstein Jean, « Le phénomène littéraire », repris dans Jacques Aumont (dir.), Jean Epstein – Cinéaste, poète, philosophe, Paris, Cinémathèque française, 1998, p. 42.
22 Epstein Jean, Le Cinématographe vu de l’Etna, Paris, Les Écrivains réunis, 1926, repris dans Écrits sur le cinéma, t. I, Paris, Seghers, coll. « Cinéma Club », 1974, p. 135-146.
23 Dans L’Autre Ciel, la technologie exerce cette fonction analytique : « Et le souffle des réponses, analysé par des prismes, amplifié par les microphones, se décompose en couleurs de sons, en teintes et en demi-teintes, dont la finesse ne laisse échapper aucune hésitation, aucune réticence » (p. 29).
24 « [Ce péché] n’est pas toujours un haut vice, une gemme scandaleuse, une somptueuse impulsion à l’inceste ou au parricide ; ce peut n’être souvent qu’une pauvre manie. En soi, il n’a ni qualité, ni valeur suffisantes ; il ne doit être estimé que relativement à son pouvoir d’organiser une vie et laquelle. Dans les tunnels de l’âme, l’imperceptible déchaine le colossal, et le mal est la condition du bien. S’il y a un critère, c’est celui de la difficulté à exhumer la confidence » (p. 39).
25 Voir par exemple Epstein Jean, La Lyrosophie, Paris, La Sirène, 1922, p. 9-20. Le premier chapitre de cet ouvrage, « L’ordre », contient les sous-titres suivants : « L’intelligence oppose l’ordre au sentiment », « Exemple de la morale qui est un ordre économique opposé au sentiment » et « L’ordre de la science opposé au sentiment ».
26 Epstein Jean, Alcool et cinéma (inédit, circa 1946-1949), Écrits sur le cinéma, t. II, Paris, Seghers, coll. « Cinéma Club », 1975. Voir particulièrement les trois derniers chapitres du livre : « Alcool et cinéma », « Technique de poésie en quantité industrielle » et « Cinéma, hystérie, culture » (p. 240-259).
27 « Nous kabbalistes », L’Esprit Nouveau no 15, février 1922, p. 1709-1713.
28 Dans La Lyrosophie Epstein utilise l’expression « connaissance par l’amour » (p. 24). L’amour est un sujet de réflexion dans d’autres essais de sa première production comme « Critique de l’amour » (La Vie des lettres et des arts, février 1922, p. 12-15) ou « Amour indigent : À propos des Don Juanes » (La Revue mondiale, 15 septembre 1922, p. 176-180). Par rapport a ceux-là, L’Autre Ciel apporte, comme nous le verrons, l’inclusion de formes explicites de l’érotisme et de la sexualité.
29 Pour une lecture du motif du corps humain dans Contre-pensées, Ganymède et L’Autre Ciel, voir mon essai « Geography of the Body : Jean Epstein’s Poetics and Conceptualization of the Body in his Unpublished Writings », Film and Media Studies, vol. 7, 2013, p. 49-63.
30 « Tout fait humain est une triade indivisible : anatomique, physiologique et psychologique » (p. 42), « les auteurs poussent le mépris de l’organisme humain, jusqu’à n’en rien savoir. Partout où prévaut cette erreur de séparer la matière de l’esprit, toute connaissance de l’homme est impossible » (p. 42).
31 « La vie psychique est un produit résiduel de toute l’activité physiologique » (« Pisser », Contre-pensées).
32 Ainsi, par exemple, la poitrine est un « ferme édifice, qui bouge pourtant comme une mer, comme une vague gonflée et dégonflée ». Ou la langue : « est-elle la feuille unique, charnue et carnivore, sensitive et préhensive, de la plante la plus vorace ».
33 « Le ralenti et l’accéléré révèlent un monde où il n’y a plus de frontières entre les règnes de la nature. Tout vit », écrit Epstein en 1935 dans « Photogénie de l’impondérable » (Écrits sur le cinéma, t. I, op. cit., p. 250). Dans L’Intelligence d’une machine (1946), il écrit : « L’accéléré, en même temps qu’il intensifie la vie, décèle une âme presque végétative chez les minéraux, presque animale chez les végétaux, tandis que le ralenti qui désanime et dévitalise les êtres, efface les expressions les plus humaines de l’homme, chez qui il fait réapparaître et dominer la vieille et sûre harmonie des gestes instinctifs » (ibid., t. I, op. cit, p. 290).
34 Epstein Jean, Bonjour Cinéma, Paris, La Sirène, 1921, p. 104, repris dans ibid., t. I, op. cit, p. 98.
35 « La langue est un reptile. La peau porte des forêts, des savanes, des steppes. L’œil est un lac gelé » (p. 24).
36 Tel est le titre d’un des livres « à paraître » attribués à Alfred Kléber dans le manuscrit de Ganymède. On peut lire les traces de ce projet dans les notes de lecture de la pochette « DO : PLAN ANCIEN : La douleur et l’amour », EPSTEIN2-B1, 1/10. L’importance de la douleur dans la pensée d’Epstein a été déjà signalée par Jacques Aumont dans « Cinégénie, ou la machine à re-monter le temps », dans Jacques Aumont, op. cit., p. 90-91. Dans L’Intelligence d’une machine, op. cit., p. 332, Epstein écrit ce passage qui peut être relu à la lumière de L’Autre Ciel : « Cependant, lorsque l’intelligence opère sur des données directes de la sensibilité humaine, l’authenticité de celles-ci se trouve parfaitement assurée, en dernière analyse, par un contrôle qui, bien que subjectif lui aussi, est irrécusable : celui de la douleur. Penser n’a jamais convaincu que quelques penseurs, de ce qu’ils existaient réellement (et encore !) mais la souffrance qui emploie une sensibilité au maximum, ne permet à personne de douter de ce qu’il souffre, de ce qu’il est. »
37 Voir également dans l’édition publiée de Ganymède, op. cit., p. 54.
38 L’opposition entre nature et artifice est très importante dans Ganymède. Pour un bref résumé de cette idée, voir Daniel Pitarch, op. cit.
39 Et même peut-être dans d’autres écrits d’Epstein ou dans ses films (voir la lecture de certains films d’Epstein par Christophe Wall-Romana dans le présent ouvrage).
40 Voir Turvey Malcolm, Doubting Vision: Film and the Revelationist Tradition, Oxford, Oxford University Press, 2008.