1 Charles Matton (1933-2009) a d’abord été peintre ; en rupture avec l’art de son temps, il a choisi la figuration, pour « témoigner des choses afin de les comprendre un peu mieux », cf. Charles Matton, Paris, Éditions Hatier, 1991, p. 44 (ouvrage désormais désigné sous le terme de Monographie). Les artistes dont il se sent proche sont Diego Velázquez, Jean Fautrier, et surtout Francis Bacon, dont il admire l’art « d’extraire du chaos formel, peu à peu, la forme de la figure » (ibidem, p. 96). Tous ses efforts tendent à restituer l’étrangeté du monde, tel qu’il existe en dehors du regard que les hommes posent sur lui. Cette recherche le conduira à façonner des objets et des lieux en miniature et à les mettre sous verre, dans des boîtes, pour perpétuer le sentiment de relégation que leur présence « sans nous » suscite. Rembrandt est le dernier des sept films qu’a réalisés Charles Matton. Sur l’artiste et son œuvre, voir les sites [www.charlesmatton.com] et [www.amisdecharlesmatton.com].
2 C’est aux artistes Serge Clément et Marina Kamena, que l’on doit ces transformations remarquables des originaux de Rembrandt.
3 Le terme est celui qu’emploie Matton lui-même pour qualifier son travail. Monographie, op. cit., p. 240.
4 Un récent ouvrage, conçu par Sylvie Matton et préfacé par Paul Virilio, rassemble les reproductions des plus remarquables boîtes qui ont fait la renommée internationale de Charles Matton : Emboîtements, Paris, Flammarion, 2010.
5 Alexandre Gefen, « Soi-même comme un autre : présupposés et significations du recours à la fiction biographique dans la littérature française contemporaine », in Fictions biographiques au XIXe-XXIe siècles, textes réunis par Anne-Marie Montluçon et Agathe Sahla, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2006, p. 69.
6 Voir Pierre Bayard, « Le plagiat par anticipation », in La Lecture littéraire, numéro spécial Écrivains, lecteurs, Université de Reims, février 2002, p. 75-85, et aussi Demain est écrit, Paris, Éditions de Minuit, 2005.
7 Selon l’expression proposée par Roland Barthes, in Sade, Fourier, Loyola, Paris, Le Seuil, 1971, p. 14.
8 Ces très belles études sont rassemblées dans le catalogue de l’exposition consacrée à l’Aventure cinématographique de Matton autour de Rembrandt, à la Maison européenne de la photographie. Matton-Rembrandt, Paris, MEP, 1999.
9 Le procédé permet d’évoquer les nombreux accents parlés dans la Hollande du XVIIe siècle.
10 Pierre Bourdieu, « L’Illusion biographique », in Actes de la recherche en sciences sociales, no 62-63, juin 1986, p. 69-72.
11 Anne Chalard-Fillaudeau, Rembrandt, l’artiste au fil des textes – Rembrandt dans la littérature et la philosophie européennes depuis 1669, Paris, L’Harmattan, 2004.
12 Parmi eux, il faut citer en particulier Isabelle Blanc, assistante de Charles Matton pendant dix-neuf ans.
13 Matton-Rembrandt, op. cit., p. 9 sp.
14 Charles Matton, France Culture, 1er sept. 2007, Ça me dit l’après-midi, émission de Frédéric Mitterrand.
15 Svetlana Alpers, L’Atelier de Rembrandt, Paris, Gallimard, 1988.
16 S’interrogeant sur les scrupules qu’il pourrait avoir à prêter à Rembrandt des œuvres qu’il n’a pas peintes, Matton écrit : « L’époque [de Rembrandt] n’avait pas ce respect fanatique qui est le nôtre aujourd’hui, pour la singularité de l’artiste. Elle voyait plutôt en lui une sorte d’entrepreneur responsable d’une équipe d’ouvriers magnifiques. » Monographie, op. cit., p. 23.
17 Dominique Viart, L’Écriture seconde, Paris, Galilée, 1982.
18 Au sens précis où Gérard Genette définit ces termes dans Fiction et diction (1979), Paris, Le Seuil, coll. « Essais », 2004, p. 227.
19 « L’expressionnisme abstrait est déjà tout entier dans les marques de Rembrandt » : Francis Bacon, Entretiens avec David Sylvester, cité par C. Matton, Rembrandt (roman), Paris, Éditions J’ai lu, 1999, p. 64.
20 L’exposition de la MEP montrait plusieurs dessins à la pierre noir et au pastel, intitulés Dialogues, dans lesquels Matton s’exerçait à défigurer Rembrandt à la manière de Bacon.
21 J. Baudrillard, Monographie, préface, p. 7.
22 C. Matton, Rembrandt (roman), op. cit., p. 245. Ce jeu du miroir, autrement appelé « jeu de la chambre-sans-nous », est en fait, celui auquel se livre depuis son enfance Charles Matton, et il parle bien ici de lui-même comme d’un autre.
23 S. Alpers, op. cit., p. 180.
24 L’objet, visible à la National Gallery de Londres, est mentionné dans C. Matton, Rembrandt (roman), op. cit., p. 107.