Agir par la parole
Porte-paroles et asymétries de l'espace public
Dans les espaces politiques civilisés de nos États parlementaires, les conflits politiques et les revendications ne prennent plus des formes violentes mais passent par l'usage de discours politiques contrôlés au sein d'un espace public institutionnalisé. Grève, mouvement social, opposition d'un groupe à une réforme du gouvernement, construction d'un problème public, demande d'une extension des prestations sociales : les occasions sont nombreuses au cours desquelles les différents protagonistes...
Éditeur : Presses universitaires de Rennes
Lieu d’édition : Rennes
Publication sur OpenEdition Books : 29 mai 2019
ISBN numérique : 978-2-7535-6295-0
DOI : 10.4000/books.pur.73844
Collection : Res publica
Année d’édition : 2016
ISBN (Édition imprimée) : 978-2-7535-4986-9
Nombre de pages : 224
Porte-paroles et asymétries d’accès à l’espace public
Première partie. Contrôler les arènes publiques
Jérémie Nollet
1. Les investissements « médiatiques »Capitaux, dispositions et accès aux médias des agents politiques dans la gestion de la crise de la « vache folle » (1988-2002)
Nicolas Kaciaf
2. Les conditions d’efficience d’une ressource communicationnelle : la discipline de paroleSamir Hadj Belgacem
3. Les filtres électifs et les logiques de production des représentants des classes populaires dans une municipalité de la banlieue parisienneCaroline Frau
4. Travail de communication et authenticité : une combinaison des actions dans l’accès aux médiasL’exemple de la mobilisation des buralistes face à la lutte contre le tabagisme
Philippe Juhem
5. Le porte-parolat et l’accès asymétrique à l’espace publicSeconde partie. Accéder aux arènes publiques
Stéphane Latté
7. Le témoignage individuel est-il un mode d’action collective ?Ce que le journalisme de catastrophe fait à la représentation des « victimes d’AZF » (et vice-versa)
Francis Sanseigne
9. La fabrique d’un porte-parolat en équipeRetour sur les conditions d’apparition publique de la cause contraceptive en France à l’automne 1955
Dans les espaces politiques civilisés de nos États parlementaires, les conflits politiques et les revendications ne prennent plus des formes violentes mais passent par l'usage de discours politiques contrôlés au sein d'un espace public institutionnalisé. Grève, mouvement social, opposition d'un groupe à une réforme du gouvernement, construction d'un problème public, demande d'une extension des prestations sociales : les occasions sont nombreuses au cours desquelles les différents protagonistes du jeu politique cherchent à convaincre les journalistes du bien-fondé de leur point de vue. Les interventions de groupes nouveaux – les représentants des « banlieues », ceux des victimes de l'explosion de AZF – s'entremêlent dans le récit journalistique de l'actualité avec les déclarations des porte-paroles d'organisations syndicales ou professionnelles plus institutionnalisés – CGT, MEDEF, Greenpeace, etc. – pour dessiner une arène publique dans laquelle l'action du gouvernement est discutée et réorientée continûment en fonction des rapports de force qui y sont construits.
Aussi la tentation est forte pour les journalistes ou les analystes de considérer que la qualité des porte-paroles joue un rôle décisif dans le résultat final des interactions conflictuelles du jeu politique. Le talent d'Augustin Legrand ou celui d'Harlem Désir n'est-il pas à l'origine de la capacité des mouvements qu'ils représentaient d'obtenir la prise en compte des intérêts qu'ils défendent ? Au contraire, l'incapacité des pilotes d'Air France de défendre leurs intérêts lors de leur grève de 2014 n'a-t-elle pas pour cause les difficultés qu'ils ont eu d'avoir un porte-parole constant, disponible, ajusté aux contraintes des rédactions audiovisuelles et capable d'unifier aux yeux des journalistes les interventions des syndicats de pilote ? En ce sens, les rapports de force induits par les mouvements sociaux ne seraient plus véritablement matériels ou directs – le blocage des trains lors d'une grève empêchant la circulation des marchandises et des voyageurs et contraignant le gouvernement à négocier ; la paralysie des grèves de Mai 68 ne pouvant être levée qu'à travers les négociations de Grenelle – mais plutôt symbolique : l'important est que le mouvement apparaisse aux journalistes justifié et acceptable, l'éditorialisation positive ou négative des rédactions conduisant à la production de sondages susceptibles de conforter le gouvernement ou de l'obliger à infléchir ses orientations. Cependant, n'est-il pas excessif de faire de la parole des différents groupes et de la qualité inégale de leurs interventions un facteur décisif de la définition des priorités du gouvernement ?
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