Postface. Morts de Désiré Barodet : les formes de la croyance politique
p. 231-244
Texte intégral
« Autrement dit, pour les promesses électorales, il y a eu le Barodet, puis il y a eu le Pasqua. »
Interruption de Patrick Menucci1 dans le court débat à l’Assemblée nationale du 14 décembre 2014 sur le rétablissement du « Barodet »
« Barodet (Désiré), homme politique français né à Sermesse (Saône et Loire) en 1823, fut successivement instituteur et agent d’assurances et débuta dans la vie politique, en 1870, en allant proclamer la République à l’hôtel de ville de Lyon. Nommé successivement conseiller municipal et maire de cette ville, il se présenta, en 1873, à la députation comme candidat radical, et triompha à une grosse majorité de son candidat modéré, de Rémusat. Cette élection qui avait eu un retentissement énorme, mit en lumière Barodet, et amena le renversement de Thiers. Depuis cette date, Barodet siégea à la Chambre, puis fut élu sénateur de la Seine2. »
1Désiré Barodet meurt en 1906, mais son nom demeure, en principe, célèbre parmi les milliers de parlementaires qui ont siégé au Palais Bourbon et parmi les historiens et sociologues du politique3. En effet, il a été à l’origine de la colligation des professions de foi et programmes des députés élus en 1881, en proposant une résolution adoptée le 6 mars 1882 par 397 voix pour, 50 contre, et 75 refus de vote.
2Suivre l’institutionnalisation du « Barodet », c’est s’interroger sur ce que la forme programme veut dire, sur ce qu’elle nous apprend des transactions entre représentants et représentés et sur ce que l’histoire sociale des idées, mise en œuvre collectivement dans cet ouvrage, peut faire, pour renouveler les approches de l’exégèse programmatique en tenant l’ensemble du raisonnement : les métamorphoses de la forme, la production du texte et le texte comme produit jamais achevé dans sa circulation et comme enjeu perpétuel d’appropriation. Cet exercice salubre, adossé aux vertus d’une érudition heuristique, permet en retour d’enrichir la fabrique collective d’une socio-histoire des idées. Enfin, au-delà de la « grande histoire » de la forme programme et des multiples programmes, l’histoire de la résurrection et des morts du « Barodet » permet aussi de comprendre ce que faire programme veut dire.
La postérité de Désiré Barodet : du discours du Neubourg au « Barodet »
3Cette initiative est prise par une lettre de Désiré Barodet adressée au président de la Chambre des Députés proposant de rassembler les professions de foi relatives aux élections ; car, estime-t-il, « Les élections du 21 août [1881] étaient à peine connues que déjà certains hommes politiques essayaient déjà de faire l’obscurité sur le sens et la portée du verdict populaire et s’ingéniaient à trouver le moyen d’éluder l’exécution des engagements contractés à la face du pays, par ses élus. » La commission ainsi désignée aurait pour but, par le résumé des professions de foi de « présenter, dans les plus brefs délais à la Chambre, un rapport sur la nature et la portée des réformes réclamées par le pays4 ». Désiré Barodet fait allusion à la manière dont les États Généraux « inaugurèrent leurs immortels travaux » en dépouillant et résumant les cahiers, après s’être constitués en Assemblée nationale :
« On peut voir par les rapports de Mounier, de Champion de Cicé (archevêque de Bordeaux) et de Clermont-Tonnerre (des aristocrates !) quel profond respect la grande Assemblée professait pour les volontés exprimées par leurs commettants. »
4Cette lettre est adressée au lendemain du banquet du Neubourg au cours duquel Gambetta prononce le discours qui scellera « l’opportunisme » comme méthode de gouvernement. Ce discours reste un modèle de réalisme et de gradualisme gouvernemental au service d’une « République réformatrice, ce qui ne veut pas dire » « niveleuse, utopique ou chimérique ».
« Il faut se garder de vouloir tout tenter à la fois. [La France] ne demande pas que toutes ces questions posées soient résolues : elle demande qu’on prenne une question, qu’on s’y attelle, qu’on l’étudie, qu’on la formule en projet de loi et qu’on la résolve enfin dans la législation. Quand une question sera résolue, la suivante se posera et, par les mêmes procédés d’examen, de volonté, de ténacité, on résoudra la seconde ; puis on passera à la troisième. Le succès du régime républicain, ce qui a amené l’adhésion, tous les jours grandissante, de ces masses rurales, de ces petits propriétaires, de ces bourgeois, de ces ouvriers sans lesquels vous ne pouvez ni vivre, ni gouverner […], c’est que, depuis dix ans, l’ordre a régné non seulement dans la rue, mais dans les esprits5. »
5Ainsi se clôt le cycle gambettiste déjà mis à mal lors de la réunion publique de Charonne du 17 août 1881 qui ne peut se tenir du fait du tapage, et que Gambetta termine par la célèbre invective qu’il lance à cet autre peuple du suffrage universel : « Esclaves ivres que j’irai chercher jusque dans leurs repaires6. » L’heure n’est plus au « contrat », au « serment » à propos des « Cahiers des électeurs » ou des « Cahiers de doléances » qu’étudie Aude Dontenwille-Gerbaud dans le chapitre consacré au Programme de Belleville. Comme elle le rappelle « l’opportunisme » est labellisé en 1875, et mis en pratique dans les tractations programmatiques en vue des élections du 20 février 1876, le « blanc-seing » ou « mandat défini » a remplacé le mandat impératif des cahiers. C’est Clemenceau qui reprend lors des élections de 1881 la formule en « cahiers des électeurs présentés au candidat » qui les accepte. Le programme en 14 points affirme dans sa déclaration : « C’est le drapeau de 1869, qui fut en face de l’Empire triomphant, planté par nous sur les hauteurs de Belleville et de Montmartre7. »
6C’est d’ailleurs sous le titre « Les cahiers électoraux » que La Justice, le journal dirigé par Clemenceau, reproduit le 13 novembre, en page une, la résolution déposée par Barodet le 11 novembre 1881. Cette résolution est plus policée que la lettre de septembre, mais souligne que désormais tous les obstacles sont levés, puisque les anciens partis sont réduits à l’impuissance et que l’ère des réformes peut advenir, sur le modèle de l’Assemblée de 1789 : désormais les députés doivent obéir, au pays, au suffrage universel, aux volontés de la nation dont ils sont les « mandataires ». Georges Graux8, de la gauche républicaine, membre de la minorité de la commission et seul intervenant opposant, souligne que l’approbation de la résolution Barodet aurait pour effet, non de dégager une volonté nationale mais de créer un « conflit entre la Chambre des députés et le suffrage universel », puisque le classement méthodique des propositions contenues dans les programmes est impossible à réaliser. Il relève qu’il est impossible de condenser le programme d’un candidat dans une profession de foi ; le vrai programme, selon lui, s’exprime dans les réunions publiques. Il insiste sur le fait que les programmes contiennent « non seulement les réformes immédiatement réalisables, mais aussi l’ensemble des réformes formant l’idéal d’un parti politique ». Enfin il met en évidence que cette colligation (qui au départ devait être un recueil classé, de propositions) tend au mandat impératif et détourne même le contrat passé entre un mandataire et ses commettants puisqu’elle institue un tiers, la commission de classement, qui doit être « le juge entre les électeurs et l’élu. » Pour lui la proposition Barodet introduit une confusion entre « les programmes électoraux qui sont l’œuvre des électeurs, et les programmes politiques, qui doivent être l’œuvre des Parlements ». « On n’est un homme politique et un parti politique qu’à la condition d’avoir un programme » ; politique, c’est-à-dire immédiatement réalisable. Ce à quoi le rapporteur Camille Pelletan (radical) répond que la proposition Barodet tend à objectiver, à sceller par écrit les promesses, qui pour être tenues, ne saurait être seulement orales et « faire que le contrat passé entre l’élu et l’électeur soit précis, durable ».
L’adoption de la proposition Barodet dans la presse en mars 1882
« L’idée de M. Barodet est simple : il estime avec ses collègues de l’extrême gauche qu’il faudrait tout changer, que rien ne doit se faire sous la République comme sous la Monarchie. Les candidats ayant parlé de tout dans leurs affiches, la compilation de leurs programmes formerait un acte d’accusation contre les institutions du pays, contre la législation actuelle. Ce sera plus tard un acte d’accusation contre la chambre quand elle se séparera sans avoir réalisé la dixième partie des vœux auxquels elle va donner ainsi une consécration officielle. La majorité a bien vu le piège, mais elle n’a pas osé avouer qu’elle le voyait. Les députés ne se sont pas résignés à confesser la faiblesse des candidats » Le Gaulois, « La tarentule politique ».
La Justice fait son éditorial sous le titre « la proposition Barodet » en attaquant Le Siècle et Le Journal des Débats qui trouvent cette proposition inutile ou puérile. « Un mouvement imprévu pour beaucoup est advenu aux dernières élections. Le pays a marqué qu’il voulait des réformes. Les députés ont dû prendre des engagements. Ils les ont pris d’autant plus aisément qu’il s’agissait de doctrines républicaines qu’ils avaient, hélas ! laissé un peu sommeiller mais qui leur avaient été chères, et auxquelles ils n’avaient pas renoncé. »
Le Petit journal du 8 mars fait état sur un tiers de colonne à la une des courts débats, sans commentaire.
Le Petit Parisien, en 8 lignes en page 2, commente le contre rapport de Graux et conclut « Soit ; mais c’est alors que les représentants auraient trahi le suffrage universel. »
Pour Le Temps du 8 mars (un tiers de colonne p. 1), cette colligation n’est pas du domaine de la chambre mais des journaux ou des libraires ; la proposition a été votée toutefois à une très large majorité car un député ne peut faire autrement. « Un refus eût donné lieu à des interprétations fâcheuses. On n’eût point manqué de dire : les députés redoutent qu’on leur rappelle leurs engagements. Maintenant qu’ils sont élus, ils tiennent à laisser tomber dans l’oubli leurs promesses. » Or, « les professions de foi indiquent des tendances, marquent un idéal, signalent le but à atteindre mais elles ne précisent rien et ne peuvent rien préciser quant à la voie à suivre pour arriver à ce but, quant aux détails d’exécution, quant à l’étendue des réformes et les conditions dans lesquelles elles pourront être opérées. Tout cela reste sous la dépendance des circonstances et du travail intérieur des chambres »
7La résolution Barodet est donc tout à la fois une réponse conjoncturelle au discours du Neubourg et la mise en forme politique de l’inquiétude du mandataire en régime de démocratie représentative puisque sa force (la légitimité tirée de l’opération électorale) repose sur des liens faibles (faire des promesses à des individus que, pour la plupart on ne connaît pas personnellement et qui sont dans un rapport croissant d’anonymat). L’adoption de l’isoloir en 1913 institue ensuite une protection croisée. L’élu est censé ne rien devoir à l’électeur puisqu’il ne sait pas d’où viennent les voix et n’a pas à échanger – sauf cas de clientélismes – de biens directement contre des votes. L’électeur, de son côté, est protégé des multiples pressions qui sont le fond des élections des premiers temps du suffrage. Cette protection est une sorte d’immunité citoyenne, double de l’immunité parlementaire : il n’a pas à justifier ou à expliquer son vote9.
8Poussé au dernier degré le lien électeurs-élus donne forme au mandat impératif, donc à la seule défense du programme intégral défendu par le comité ou plutôt nationalement par le parti, avec démission en blanc remise entre les mains du comité électoral. C’est cette formule qui sera mise en place dans le Parti Ouvrier Socialiste Révolutionnaire, dit aussi Parti allemaniste, du nom d’un de ses principaux dirigeants Jean Allemane. « Le POSR » fait signer en effet le texte suivant : « Le candidat du parti ouvrier accepte le mandat impératif et remet sa démission en blanc au comité qui l’a soutenu. Il s’engage en outre à rendre compte tous les ans de son mandat. » Le POSR a eu quelques députés dans les années 1890 et quelques défections. Celle de Pierre Vaux à Dijon en 189410 est un excellent terrain pour comprendre le jeu triangulaire existant entre le candidat-élu, les électeurs, et le comité ou le parti dépositaire de la démission en blanc et juge de la fidélité du mandataire. C’est ainsi que l’Extrait du registre des délibérations du Comité électoral du Parti ouvrier, Comité de l’Est, adressant la démission de Pierre Vaux au président de la Chambre des députés, précise dans un de ses attendus : « Que le corps électoral en donnant la majorité au citoyen Vaux, a reconnu implicitement au Comité qui l’a soutenu, le droit d’en apprécier la conduite ultérieure et de disposer en temps utile, de sa démission librement signée par lui11. » Derrière les programmes et leur « respect » se cachent toute une série de chausse-trappes de la démocratie : à qui appartiennent les voix, qui sont les exégètes légitimes de la loyauté12 programmatique, comment concilier la continuité de soi avec les raisons de la professionnalisation politique tendue vers les nécessités de la réélection, comment surmonter la double aporie de la promesse formulée dans une structure de jeu antérieure (passer de candidat à élu voire aussi passer de l’opposition à la majorité) et dans une temporalité non maîtrisée puisque soumise aux aléas d’événements politiques, économiques ou sociaux non intégrés à des programmes qui peuvent osciller entre ce que les socialistes du XIXe siècle ont pu appeler après Marx13, « programme minimum », « programme de principes », « programme maximum », voire chez les communistes du XXe siècle « programme de transition » (Trotski 1938) ou « programme pour un gouvernement démocratique d’union populaire » (PCF 1971), lieux et enjeux de luttes exégétiques qui ont rempli les bibliothèques de la patristique révolutionnaire.
9La formule mitterrandienne « ne pas enfermer l’avenir dans les critères du présent » synthétise une belle intuition et coagule tous les soupçons de trahison qui pèsent sur les petits et grands arrangements dénommés politiciens et qui sont le cœur du métier et des habiletés politiques professionnelles. « Tout cela a finalement peu d’importance » écrivait Le Temps au moment du vote de la résolution Barodet. À quoi bon travailler sur les programmes puisqu’il s’agirait d’actes de langage éphémères et peu contraignants, même si le Barodet en établit en France une sorte d’institutionnalisation.
La forme programme
10Pourtant, en 1885, le précédent est reconduit à l’issue du rapport de Michelin et d’une courte délibération. Une commission14 de vingt-deux membres est ainsi « chargée de réunir et de publier les textes authentiques des programmes et engagements électoraux des Députés, et d’opérer, dans un rapport général sans commentaire ni interprétation, le classement authentique des opinions émises15 » Le rapport fait allusion aux « Cahiers de 1881 ». De 1881 à 2007 ont donc été rassemblées en un volume intitulé « Recueil des programmes et engagements électoraux », les promesses électorales officiellement faites par le candidat. Le volume a depuis lors été intitulé « Le Barodet16 » dans les milieux des politiques, des journalistes et des chercheurs. Se sont adjoints, à partir de 1958 aux professions de foi, les déclarations politiques des groupes politiques représentés à l’Assemblée. Il est intéressant de constater que les sénateurs n’ont jamais eu de Barodet.
11Cet objet matériel est un raccourci qui permet de styliser un cycle de la démocratie représentative en France. Et l’ouvrage que Karim Fertikh, Mathieu Hauchecorne et Nicolas Bué ont initié nous offre des ouvertures saisissantes sur ce que le travail programmatique veut dire. Il s’agit en effet d’un objet politique central dans la politologie et dans « l’histoire des idées » même si, dans l’ouvrage collectif édité par Richard H. Katz et William Crotty17, la question des programmes n’apparaît que fugitivement dans l’introduction et est traitée en 10 pages dans un chapitre sur quarante-cinq, intitulé « Party as a career of ideas » par Francesca Vassallo and Clyde Wilcox. Il est fait état du Manifesto Research Group et d’une très conventionnelle présentation des familles politiques.
12Cet objet, comme sa petite sœur, la pétition, peut entraîner, comme l’a bien montré Jean-Gabriel Contamin18, sur des chemins de fourvoiement. Ces objets, pétitions et programmes, ont été plus traités eu égard à leurs « usages substantiels » que par rapport à la diversité des investissements auxquels ils ont pu donner lieu. Un programme c’est un texte, donc justiciable de l’histoire dite des idées donc support de gloses et de classement dans des familles, c’est l’expression de la « fonction programmatique » dont les fonctionnalistes de tous ordres parlaient19, c’est aussi un ensemble de phrases, de mots susceptibles d’être soumis à quantification ou jugés par des experts aux fins de comparaison comme dans les diverses versions du Comparative Manifesto Project, ainsi que le rappellent les éditeurs dans leur introduction et que l’analyse Karim Fertikh dans sa thèse20. Les auteurs de cet ouvrage prennent en effet très au sérieux les programmes, non pas sous une forme traditionnelle de ciseau et de colle (qu’il s’agisse d’une histoire molle et décontextualisée des idées) ou d’un travail (impressionniste ou quantifié), mais ils sont armés d’une approche matérialiste21 des actes de langage qui requiert historicisation des processus, sociologie du travail de production, de diffusion et de réception22 des textes, va-et-vient entre historicisme et présentisme au sens de Stocking23.
13C’est en effet à une socio-histoire de la forme programme que ce livre nous convie en réfléchissant sur plusieurs problèmes qui ont été occultés ou maltraités (mal traités) par nombre de chercheurs qui ont pris au sérieux (parfois trop au sérieux) que les luttes intra et inter partisanes sont (aussi et/ou d’abord ?) des luttes pour des « buts objectifs », pour reprendre la formule de Max Weber24, donc pour des idées et idéaux objectivés et stabilisés dans un texte, un « programme », pour aller vite, quels que soient les termes qui ont pu être retenus historiquement, de la lettre à mes électeurs, à mes commettants, cahiers, jusqu’aux plates-formes, manifestes, propositions, projets, professions de foi, propositions, contrats, priorités qui jalonnent l’histoire des relations discursives (parlées et couchées sur le papier) entre candidats et électeurs. C’est l’histoire de l’injonction à la formulation claire et ordonnée d’une offre politique qui est tout à la fois une offre de représentation (faire exister l’absent, le peuple), de mise en scène et de représentations (des mots, des lignes politiques, des références significatives, claires ou ductiles). Pour obliger les élites anciennes à dépasser leur autolégitimation par l’hérédité ou la durée (« mon nom est mon programme ») ou, dans une formulation plus roturière mise par Gustave Flaubert dans la bouche de Rousselin, le candidat, 56 ans : « mes principes sont les vôtres ! et certainement que… je suis l’enfant du pays, comme vous25 ». Plus la compétition s’exacerbe, plus les sièges parlementaires sont recherchés par des prétendants diversifiés, et plus la concurrence pour la conquête d’un électorat de plus en plus vaste et imprévisible, plus l’injonction à la promesse devient centrale. L’échange électoral, s’il passe encore par la distribution ou la promesse de distribution de biens tangibles immédiatement (travail, accès à des services, décorations, argent, alcool et nourritures), ce que j’ai appelé des biens privés divisibles et indivisibles, ou de biens publics divisibles26, par ces prestations de clientèle et de patronage, tend à ne devenir politiquement et éthiquement légitime que s’il repose sur la promesse de biens publics indivisibles, des programmes, des politiques publiques, gagés sur le futur et sur les deniers publics. « Le Barodet », au-delà de son caractère conjoncturel de réponse radicale au discours du Neubourg, est une sorte de signal de la fin de partie notabiliaire : eux aussi doivent faire des promesses et accepter que leur mandat ne soit pas un blanc-seing représentatif mais qu’il puisse être sinon impératif du moins abrité par cette opération de légitimation populaire : les électeurs sont censés avoir élu des députés qui tirent leur légitimité non de leur statut social antérieur mais de leur état de « traducteur » et « d’interprète » des souhaits populaires.
À l’école des programmes : les jeux de l’offre et de la demande politique
14Par-delà cette socio-histoire de la forme, c’est la toute la « boîte noire » du programme que les auteurs ouvrent, dans une socio-histoire matérielle et matérialiste de la manière dont on s’engage par des mots et dans des mots dans les formes programmatiques historiquement stables et constamment labiles. Qu’apprend-on en définitive quand on travaille sur les programmes ? Sans doute peut-on y repérer des positionnements, des référents, des points de repères et des points de vue sur le monde social, voire des idéologies. Refuser les classifications des partis politiques en ses versions impressionnistes, type Klaus von Beyme, René Rémond ou Jacques Julliard ou dans ses versions quantophrènes type Laver et Budge27, ne doit pas toutefois oublier que les productions discursives ne sont pas seulement des trompe-l’œil et des miroirs aux alouettes déconstruits et démontés par l’astuce du magicien de la sociologie critique.
15Si les programmes ne sont pas des matrices d’action a priori qui expliqueraient et guideraient les prises de position, ce sont des réservoirs de sens qui peuvent être a posteriori mis en perspective – justifier ou déconsidérer ces prises de position et ces décisions – et ce sont de puissants outils de gouvernement lorsque le retour aux valeurs et au volontarisme reprend le dessus sur les formes de gouvernement utilitaires qui prône le réalisme de la conjoncture et de la nécessité (économique) « inéluctable ». Il est d’autant plus nécessaire de préserver une lecture également internaliste des programmes puisque travailler sur les programmes c’est une des modalités de travail en socio-histoire et en sociologie de productions des idées. Tout cet ouvrage est un autre manifeste pour la défense d’une sociologie du chaînage des productions discursives. Le terrain « programme » est un terrain heuristique puisque, plus encore que d’autres produits, son (ses) contenu(s) est soumis à un ensemble d’appropriations, de réinterprétations, de mésinterprétations et d’ignorances, ce qui en fait une sorte de parangon de produit culturel de masse, petite œuvre portée par de multiples producteurs, passeurs et récepteurs28. La socio-histoire des idées en travaillant sur de « petits objets » peut ainsi bénéficier d’un observatoire plus élargi que pour des « produits nobles » pour comprendre la carrière et les expériences des productions discursives.
16Cela est d’autant plus vrai que, comme le montre encore cet ouvrage, la forme programme est une forme qui a connu une forte transformation depuis que l’injonction programmatique est apparue dans la compétition politique du milieu du XIXe siècle et depuis que les partis politiques ont prétendu au monopole de l’expression programmatique. Ils n’ont jamais été seuls, et les publicistes ou intellectuels ont été des pourvoyeurs d’idées ou des concurrents du point de vue programmatique. Les travaux de Bernard Pudal, de Frédérique Matonti et de Karim Fertikh notamment montrent bien le temps passé et l’investissement de certains partis et, au sein de ceux-là, de groupes d’individus « programmatiquement orientés », pour produire puis contrôler l’application juste de la ligne référée à l’arche sainte programmatique. La compétence exégétique religieuse dont parle Mohammed Tozy29 au sujet de groupes islamiques/islamistes marocains n’est pas de même nature que la compétence exégétique programmatique, et les « théologiens politiques » (les intellectuels de parti) n’ont pas dans bien des cas, le dernier mot. Mais cette idée d’exégèse programmatique qui est entre les mains de certains dirigeants partisans permet d’avancer sur la fabrique du programme et sur la surveillance de sa mise en œuvre. Permet ou plutôt permettait. Car les partis analysés dans cet ouvrage (majoritairement à gauche et souvent en position d’opposition) ont pour la plupart rejoint leurs homologues (à droite) moins portés sur l’investissement programmatique depuis longtemps et moins tourmentés par des querelles idéologiques portées par un personnel politique d’extraction moins intellectuelle. Quelques niches restent cependant parmi certains groupes trotskistes30 ou parmi des organisations qui se réfèrent au prophète Mahomet pour dire le sens du monde social et déterminer les pratiques légitimes.
17La réduction du périmètre partisan durant les dernières décennies est en effet triple. D’une part, le travail programmatique n’est plus central. Le « ne pas enfermer l’avenir dans le présent » mitterrandien est généralisé et la récurrence des programmes même réduits à des « propositions » ou à des « priorités » et non mis en œuvre, est une prime offerte à une opposition positionnée temporairement ou statutairement hors de la trappe à programme que constitue l’appareil d’État. En effet, autant l’attention est portée en sociologie politique aux jeux partisans, autant la sociologie de l’administration31 et la cartographie de l’appareil d’État restent encore embryonnaires. Pour comprendre ce que peuvent promettre les politiques, encore faut-il comprendre ce que sont les « policistes32 » et tous ceux qui participent à la construction des politiques : vieux thème toujours d’actualité entre la politics et les policies. Le programme, technologie de la vertu et de la loyauté partisanes se heurte à la configuration du champ du pouvoir, à l’État.
18La seconde restriction à cette activité programmatique est sa double délégation (ou à tout le moins sa négociation) à des arènes discrètes dans lesquelles les « militants33 », qui sont toujours formellement dans nombre de sociations l’alpha et l’oméga de la légitimité démocratico-programmatique, sont exclus du débat. Avant l’accession au pouvoir, par la délégation à des think tanks, à des groupes d’experts ou à des clubs, après l’accession au pouvoir, par les arbitrages intra-cabinets et interministériels. Qui désormais passe encore du temps à fabriquer du sens politique ? Récemment en France la CFDT et le PS34 ont refait leur déclaration de principe, et les principales confédérations syndicales françaises (surtout la CGT et la CFDT) continuent – pour combien de temps ? – à publier de manière routinisée de gros volumes de comptes-rendus de congrès qui serviront, trop souvent de manière très peu stimulante, à des antiquaires du syndicalisme.
19La troisième restriction vient compléter les précédentes. Qui s’intéresse encore à ces choses-là ? Depuis que les presses ont pris le tournant d’une nouvelle mise en scène du politique35, les journalistes politiques ne s’intéressent plus guère aux choses programmatiques ou les soumettent à des analyses stratégistes dans lesquelles les mots et les valeurs ne sont que des vecteurs de positionnement des hommes politiques dans le cadre de la conquête des postes. En insistant sur le décryptage des positionnements et en survalorisant les pratiques médiatiques anticipatrices des commentaires, les journalistes politiques pourraient bien finir par faire advenir définitivement le service vendor party36 des théoriciens du choix rationnel états-uniens qui est une marque qui sert à des entrepreneurs de coquille presque vide de sens, pour faire carrière et aller à l’abordage des postes encadrés par un oligopole partisan. Les théoriciens du parti-cartel37, par d’autres chemins, minimisent également ce qui reste de travail programmatique en mettant l’accent sur la cartellisation et sur la fusion Partis-État (par ailleurs bien peu étudiée empiriquement). Une sociologie critique mal digérée, à force de ne voir que des rétributions dans l’activité de conquête du pouvoir, a pu aussi contribuer au désenchantement des activités programmatiques. Un ouvrage de sociologie comme celui-ci, même s’il montre toutes les limites de l’offre programmatique, peut aussi avoir – rêvons un peu - pour mérite de faire réfléchir sur les apories de la relation représentative objectivée à travers les programmes.
20On regrettera que le volume ne porte principalement sinon uniquement sur le cas français (exceptés les cas chilien et britannique). Il ne s’agirait pas toutefois, en introduisant des ponctuations étrangères, de faire un palmarès qui, comme pour la naissance des partis ou l’universalité du suffrage « masculin », permettrait de déterminer où se situe le « berceau de la démocratie ». Le premier programme politique serait-il, à tout le moins en Europe, The Tamworth Manifesto de Robert Peel, qui se présente comme une adresse aux électeurs du Borough de Tamworth datée du 18 décembre 1834 et affirme :
« I have the firmest convictions that that confidence cannot be secured by any other course than that of a frank and explicit declaration of principle38. »
21À moins qu’on ne donne la préférence aux révolutionnaires comme le Manifeste des plébéiens de 1790 de Sylvain Maréchal ou le Manifeste des Égaux (1795).
22Cette recherche en séniorité n’est pas intéressante en soi. Mais les instruments d’analyse et les développements empiriques contenus dans ce volume peuvent permettre à des chercheurs de revisiter, au prisme de la forme programme et de la sociologie du travail programmatique, les formes contrastées de la construction et d’articulation des liens démocratiques, entre les multiples producteurs, reproducteurs, diffuseurs et récepteurs des « programmes bruts » et de tous les produits dérivés antérieurs et postérieurs qui nationalement, internationalement et localement produisent ces biens politiques de base qui sont tout à la fois des textes (extensibles et labiles voire réversibles) et des prétextes à la concurrence pour la conquête des postes. Un comparatisme systématique permettra de faire ressortir les technologies différenciées des investitures et des modes de production des homogénéités et des loyautés partisanes.
Barodet.com
23Je reprends pour conclure l’histoire que j’avais entreprise en suivant le fil du « Barodet ». Ce document a été supprimé en 2009 à l’issue d’un court débat concernant un ensemble d’articles du règlement de l’Assemblée :
« Sur le fond, si votre rapporteur considère qu’il est utile de conserver les professions de foi des députés, qui rendent compte des engagements pris devant les électeurs, le coût élevé de ce recueil justifie que ces documents ne soient plus publiés sous la forme d’un document imprimé39. »
Il vient d’être rétabli au nom de la tradition républicaine sur proposition du député René Dosière le 4 décembre 2014, après un court débat introduit par un exposé des motifs « républicain » : « Retour à la tradition républicaine qui permet aux citoyens, aux universitaires et historiens de découvrir et d’étudier la vie parlementaire par le biais d’une version numérique du “Barodet”. » On peut en extraire les citations suivantes qui sont partie prenante de la croyance démocratique indispensable :
« Ce document constituait en effet un lien entre l’électeur, qui a nécessairement connaissance de la profession de foi de l’élu, et l’élu lui-même. C’est donc un outil de proximité, qui pourrait utilement connaître une renaissance par la voie du numérique. » François Loncle
« Avec le développement de la démocratie participative, c’est désormais une tendance naturelle que de vouloir savoir si l’élu est en conformité avec ce qu’il avait dit au moment de son élection. » Roger-Gérard Schwarzenberg
24Voici une belle résolution. Un Barodet.com comme le dit un des orateurs du 4 décembre, le « programme pour tous », qui permettra à tout citoyen de remplir sa fonction de citoyen idéal de la démocratie. En ces temps de remotivation démocratique post 11 janvier 2015… pourquoi pas ? C’est aussi un trésor pour les historiens et socio-historiens.
25Pascal Perrineau40, après avoir écrit que les programmes même de « gestion restent assez éloignés des pratiques gouvernementales », souligne sur la foi d’un sondage que « 45 % des électeurs disent qu’ils se sont décidés lors du premier tour de l’élection présidentielle en fonction du programme du candidat » (en 1995), et que « le repère programmatique semble plus important dans la décision électorale que la dimension du charisme personnel ou de l’identité partisane. » Les enquêtes suivantes41 donnent moins de place aux « programmes » en tant que tels et testent, pour comprendre « la décision » électorale, les thèmes de campagne « économiques », « sociaux et sociétaux », ou concernant « la construction européenne », ou encore le bilan, à côté d’indicateurs classiques (proximité partisane et auto-positionnement politique) et de l’ensemble des variables concernant l’image des candidats, les qualités qui leur sont attribuées, la « crédibilité », « l’étoffe présidentielle », la « présidentialité. » Ce qui permet d’introduire dans les enquêtes par sondages, les votes de rejet, les votes sur enjeux et les votes rétrospectifs.
26Mais, nous n’en avons pas fini avec les programmes, quels que soient leurs avatars, un manifeste partisan, une profession de foi, une parole de meeting, une bribe de débats à la télévision, un tweet, une phrase entendue dans une interaction quotidienne, une position prêtée à un acteur politique… Les dispositifs de singularité étudiés par Lucien Karpik pour certains types de produits et d’échanges pourraient fort bien, toutes choses étant différentes par ailleurs, être heuristiques pour penser les singularités d’appropriation des programmes dits « politiques42 ».
27On peut ainsi se demander quel peut bien être le programme du Front National, écrit, émis, diffusé et reçu, tant l’ambiguïté – parfois d’ailleurs analysée comme très stratégiste par les commentateurs – des émissions et des réceptions apparaît plurielle et codée dans la constellation de mots labyrinthes et pourtant simples qui le caractérise43 ? Même si la tête du parti s’efforce d’unifier l’offre programmatique en obligeant les candidats frontistes à acheter par le canal du micro-parti de Marine Le Pen (« Jeanne ») un « kit de campagne » produit par la société Riwal qui doit engranger bien des bénéfices, puisque chaque candidat FN a dû verser 16 650 euros pour les élections législatives de 201244, pour bénéficier de l’investiture et du kit.
28« La critique littéraire est la plus voluptueuse des activités de l’esprit, puisqu’elle est virtuellement infinie : malheur à qui veut, même avec les meilleures intentions du monde, hâter la satisfaction du plaisir », écrit Alain Vaillant45, après avoir démarqué Jules de Gaultier en proposant de nommer « bovarysme de l’herméneute46 », l’ouverture du jeu herméneutique sur le mode d’un « mal consenti et masochiste ». Cette formule peut aussi bien s’appliquer à l’herméneutique programmatique.
« Changer le nom de la “troïka” en “institutions”, celui du mémorandum en “accord” et celui des créanciers en “partenaires” ne change en rien la situation antérieure. Plus d’un mois est passé et la promesse n’est toujours pas transformée en acte. Dommage et encore dommage. Pour ma part, je demande au peuple grec de me pardonner pour avoir contribué à cette illusion. »
Manolis Glezos député européen de Syriza, lettre au peuple grec, 22/02/2015.
Notes de bas de page
1 Patrick Menucci avait demandé auparavant qu’on lui explique ce qu’était « le Barodet ».
2 Nouveau Larousse illustré, tome 1, Larousse, 1897, p. 739.
3 Prost A., Vocabulaire des proclamations électorales de 1881, 1885 et 1889, Paris, PUF, 1974.
4 Lettre de Désiré Barodet au Président de la Chambre des Députés, 7 septembre 1881.
5 Discours prononcé le dimanche 4 septembre 1881, [http://action-republicaine.over-blog.com/article-6509444.html].
6 Sur les formes de la réception politique dans les réunions électorales, cf. Offerlé M. Les Socialistes et Paris (1881-1900). Des communards aux conseillers municipaux, thèse de science politique, université de Paris 1, 1979 et Cossart P., Le Meeting politique. De la délibération à la manifestation (1868-1939), Rennes, PUR, 2010.
7 Cité in Seignobos C. et Lavisse E. (dir.), Histoire de la France contemporaine, Paris, Hachette, 1921, tome 8, p. 82.
8 Débats Parlementaires, 7 mars 1881, pages 239 sq.
9 Voir Offerlé M., « Les noms et le nombre. Individualisation et anonymisation de l’électeur » in Christin A.-M. (dir.), L’Écriture du nom propre, Paris, l’Harmattan, 1998.
10 Voir Offerlé M., « La transparence du représenté. Les deux affaires Pierre Vaux 1852-1897, 1894 », in Charlot P. (dir.), Utopies. Entre droit et politique. Études en hommage à Claude Courvoisier, Dijon, Éditions Universitaires de Dijon, 2005.
11 Ibidem, p. 380.
12 Lehingue P., « La loyalty, parent pauvre de la trilogie conceptuelle d’A. O. Hirschman », inLaroche J. (dir.), La Loyauté dans les relations internationales, Paris, L’Harmattan, 2001. Raison du Cleuziou Y., « Des fidélités paradoxales : recomposition des appartenances et militantisme institutionnel dans une institution en crise » in Lagroye J. et Offerlé M. (dir.), Sociologie de l’institution, Paris, Belin, 2011.
13 Voir Marx K. et Engels F., Critique des programmes d’Erfurt et de Gotha, [1875-1891], Paris, Éditions sociales, 1966.
14 Le 28 juillet 1950, la procédure d’établissement de ce recueil se transforme et c’est le secrétariat général de l’Assemblée qui en sera chargé. Cette colligation est désormais intégrée dans le règlement de l’Assemblée (article 117, puis sous la Ve République, article 161 puis 164). À partir de 1973 ce sont les fac-similés des circulaires envoyées par les députés à leurs électeurs lors du premier et de l’éventuel second tour.
15 Projet de résolution, rapport no 683, Chambre des députés, 1885, adopté le 29 décembre 1885.
16 Je tiens à remercier le service des archives de l’Assemblée nationale pour l’accueil qui m’a été réservé, et particulièrement par Messieurs Bertrand Marcincal et Marc Béclère.
17 Handbook of Party Politics, Sage 2006.
18 Contamin J.-G., « Contribution à une sociologie des usages pluriels des formes de mobilisation : l’exemple de la pétition en France », thèse de sciences sociales, EHESS, 2001.
19 Macridis R. C., Political Parties, Contemporary Trends and Ideas, New York, Harper Toorchbooks, 1967; Lowy T. J., « Party, Policy and Constitution in America », inChambers W. N. and Burham W. D. (ed.), The American Party System. Stages of Political Development, Oxford, Oxford University Press, 1967; ou encore dans le chapitre « Party Transformations: The United States and Western Europe », inCrotty W. (ed.), Handbook of Party Politics, op. cit., p. 500.
20 Fertikh K., Le congrès de Bad Godesberg : contribution à une socio-histoire des programmes politiques, thèse, EHESS, 2012.
21 Voir notamment Chartier R., Les Origines culturelles de la Révolution Française, Paris, Le Seuil, 1991, réédition Points Seuil 1999 ; Lepetit B. et Topalov C. (dir.) La Ville des sciences sociales, Paris, Belin, 1998 ; Bourdieu P., Méditations pascaliennes, Paris, Le Seuil 1997 ; Skinner Q., Liberty before liberalism, Cambridge, CUP, 1998 (traduction Le Seuil, 2000) ; Pudal B., « De l’histoire des idées politiques à l’histoire sociale des idées politiques », inCohen A., Lacroix B., Riutort P. (dir.), Les Formes de l’activité politique (éléments d’analyse sociologique, XVIIIe-XXe), Paris, PUF, 2006, p. 185-192 ; Matonti F., « Plaidoyer pour une histoire sociale des idées », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2012/5, p. 85-104.
22 Le Grignou B., Du côté du public, Usages et réceptions de la télévision, Paris, Economica, 2003. Sur les modes de réception des programmes, voir les célèbres entretiens reproduits dans Campbell A. et alii, The American Voter, New York, John Wiley and sons, 1960 à partir de la question « Y a-t-il quelque chose que vous aimez chez les démocrates ? » […] « Quelque chose que vous n’aimez pas? »
23 Stocking G. W. Jr, « On the Limits of “Presentism” and “Historicism” in the Historiography of the Behavioral Sciences », Journal of the History of the Behavioral Sciences, no 1, 1965, p. 211-218.
24 Weber M., Le Métier et la vocation d’homme politique [Politik als Beruf, 1919], Paris, UGE, 1963, p. 134.
25 Flaubert G., « Le candidat », Œuvres complètes, tome 7, Club de l’honnête homme, 1972 [1874], p. 301.
26 Offerlé M., « Mobilisations électorales et invention du citoyen. L’exemple du milieu urbain français à la fin du XIXe siècle », in Gaxie D. (dir.), Explications du vote, Paris, Presses de la FNSP, 1985.
27 Voir le classique: Budge I., Robertson D. and Hearl D., Ideology, Strategy and Party Change. Spatial Analyses of Post-War Election Programmes in 19 Democracies, Cambridge, CUP 1987, rééd. 2008.
28 Delli Carpini M. X. and Keeter S., What Americans Know about Politics and Why It Matters, Yale, Yale University Press, 1996; Lehingue P., Le Vote. Approche sociologique de l’institution et des comportements électoraux, Paris, La Découverte, 2011.
29 Tozy M., Monarchie et islam au Maroc, Paris, Presses de Sciences Po, 1998.
30 Et encore ! cf. le déclin de l’exégèse du « trotskisme » à la fin des années 2000 dans la LCR-NPA, Joshua F., De la LCR au NPA (1966-2009). Sociologie politique des métamorphoses de l’engagement anticapitaliste, thèse de science politique, IEP de Paris, 2011.
31 Voir par exemple « L’observation historique du travail administratif » Genèses, no 72, 2008 et Eymeri-Douzans J.-M. et Bouckaert G. (dir), La France et ses administrations un état des savoirs, Bruxelles, Bruylant, 2012.
32 Offerlé M., Sociologie de la vie politique française, Paris, La Découverte, 2004.
33 Au sens démodé d’agents bénévoles plus intéressés par la défense de buts objectifs que par les postes.
34 La déclaration de principes de la CFDT adoptée au Congrès de Marseille de la confédération en juin 2014 a été insérée comme préambule dans les statuts : [http:/www.cfdt.fr/upload/docs/application/pdf/2014-12/statut.pdf]. Celle du PS date du 14 juin 2008 [http://www.parti-socialiste.fr/la-declaration-de-principes].
35 Kaciaf N., Les Pages « Politique ». Histoire du journalisme politique dans la presse française (1945-2006), Rennes, PUR, 2013.
36 Voir notamment Aldrich J. H., Why parties?, Chicago, The University of Chicago Press, 1995.
37 Voir Katz R. S. et Mair P., « La transformation des modèles d’organisation et de démocratie dans les partis. L’émergence du parti-cartel » [1992], traduit et commenté dans Aucante Y. et Dézé A. (dir.), Les Systèmes de partis dans les démocraties occidentales. Le modèle du parti-cartel en question, Paris, Presses de Sciences-Po, 2009.
38 The Tamworth Manifesto, [http://www.historyhome.co.uk/peel/politics/tam2.htm].
39 Rapport de Jean-Luc Warsmann no 1630 du 30 avril 2009. Le vote a lieu le 14 mai 2009, le rapporteur ajoute : « Je pense que ces professions de foi ne sont pas du tout un décalque des consignes des partis politiques mais révèlent, au contraire, la vie démocratique dans chaque circonscription et les engagements de chaque député. »
40 Perrineau P. et Reynié D. (dir.), Dictionnaire du vote, Paris, PUF, 2001, pages 762-763.
41 Perrineau P. et Ysmal C. (dir.), Le Vote de tous les refus, Paris, Presses de Sciences Po, 2003 ; Perrineau P. (dir.), Le Vote de rupture, Paris, Presses de Sciences-Po, 2008 ; Perrineau P. (dir.), Le Vote normal, Paris, Presses de Sciences-Po, 2013.
42 Karpik L, L’Économie des singularités, Paris, Gallimard, 2007.
43 Matonti F., « Le Front National forme ses cadres », Genèses, no 10, 1993 ; Alduy C., Wahnich S., Marine Le Pen prise aux mots. Décryptage du nouveau discours frontiste, Paris, Le Seuil, 2015.
44 « La machine à fric des amis du FN », Libération, 19 février 2015.
45 Vaillant A., Le Veau de Flaubert, Paris, Hermann, 2013, p. 71.
46 de Gaultier J., Le Bovarysme, Paris, Mercure de France, 1902, p. 51.
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