11. À chacun sa chanson : le programme économique des socialistes et sa réception par les élus du Doubs dans les années 1970 et 1980
p. 201-215
Texte intégral
1Dans ce chapitre, il s’agit de comprendre comment les élus municipaux socialistes ont composé avec les propositions économiques des programmes de leur parti dans les années 1970. Ce choix est justifié par deux raisons essentielles : la place importante qu’occupe l’économie dans le programme socialiste, et la montée en puissance de l’intervention économique des municipalités au cours de la décennie, concrétisée par la création de postes d’adjoints spécifiques, qui se généralise après les élections de 19771. Plus généralement, comme l’a montré Rémi Lefebvre, à défaut d’occuper le pouvoir au niveau national, les socialistes, toutes tendances confondues, ont particulièrement investi l’échelon municipal2.
2Dans cette optique, le département du Doubs offre un riche terrain d’études : les socialistes occupent la municipalité de Besançon depuis 1953 et celle de Montbéliard depuis 1965. Ces deux villes possèdent des profils politiques et économiques différents : la première est plus modérée tandis que la seconde est plus industrielle. Besançon est l’une des premières villes de France à se doter d’un service économique en 1972, mais celui-ci ne deviendra réellement opérationnel qu’en 1977 avec l’arrivée de l’adjoint Albert-Maxime Kohler. Montbéliard se dote, quant à elle, d’un poste d’adjoint au maire chargé des affaires économiques en 1977. Ce poste est occupé par Guy Bèche, figure montante PS local, qui deviendra député en 1978, suite au décès d’André Boulloche. Aucun service économique propre n’est crée dans cette ville car, pour des raisons spécifiques (ville de taille moyenne entourée de communes de tailles avoisinantes et présence de Peugeot qui a un impact au-delà de Montbéliard même), l’économie y est envisagée à l’échelle du district urbain du Pays de Montbéliard. L’analyse de ces deux localités, grâce à leurs divergences, permet de mettre en perspective les critères déterminants dans la réception et la réappropriation par les élus du programme de leur parti.
3Il semble tout d’abord essentiel de revenir sur la diversité du discours économique socialiste (fruit de la reconstruction complexe qui a eu lieu lors du Congrès d’Épinay), à partir de la lecture des différents textes programmatiques et, d’en expliquer la réception auprès des élus du Doubs. Pour ce faire, nous analyserons ensuite le discours des élus du Doubs tel qu’il apparaît dans le Socialiste Comtois, mensuel qu’ils éditent, afin de mieux mesurer ce qu’ils retiennent du programme en fonction de leur identité partisane et de leur action d’élus. Enfin, nous montrerons comment cette action ainsi que les rapports tissés avec le patronat local conditionnent fortement la réinterprétation ou la mise à l’écart des notions les plus radicales contenues dans ces programmes.
La partition et ses interprètes : le programme national et sa réception locale
4Les programmes socialistes ont connu dans les années 1970 et 1980 une large diffusion. Il importe toutefois de revenir au texte même, afin d’en restituer les différents fils discursifs pour ne pas essentialiser le texte et ne pas lui donner une cohérence a posteriori qui en figerait le sens. Ensuite, dans un contexte de forte politisation des questions municipales, il paraît utile d’expliquer la manière dont on peut mesurer sa réception et sa réinterprétation à l’échelon local, notamment par les élus.
La pluralité des conceptions économiques dans les programmes socialistes
5Le discours économique des socialistes doit être appréhendé comme un ensemble hétérogène. À une même période, dans un même texte programmatique, cohabitent plusieurs conceptions économiques. Cette pluralité témoigne de l’histoire du Parti socialiste, des conditions de sa reconstruction, de sa sociologie et des modalités particulières qui surviennent lors de l’écriture d’un programme avec l’intervention d’acteurs de divers horizons.
6Depuis 1971, le PS tient un discours anticapitaliste, qui se maintient jusqu’au début des années 1980. En 1972, le préambule de Changer la vie, Programme de gouvernement du Parti Socialiste (adopté le 11 mars 1972), rédigé par François Mitterrand, assure que : « C’est au système économique et politique qu’il [le PS] s’attaque, au seul système, au système tout entier3. » Le préambule du Projet socialiste de 1980 (adopté le 12-13 mars 1980) précise, quant à lui, que l’objectif est le passage « du système capitaliste en France à la société socialiste4 ». Les socialistes ne se contentent pas de critiquer le capitalisme, ils proposent l’instauration d’une nouvelle société : la société socialiste.
7Cependant, si certains auteurs5 ne retiennent que cet aspect du discours socialiste, beaucoup de nuances doivent y être apportées. Le Parti socialiste tel qu’il se présente à Épinay est le résultat d’une recomposition complexe issu de plusieurs tendances dont certaines sont étrangères à l’anticapitalisme. C’est le cas des « clubs » qui s’associent à la SFIO pour la reconstruction du PS. Ces derniers étaient marqués par « un réformisme inspiré d’une conception exigeante de la politique dans la lignée de Pierre Mendès France6 ». Notons que Pierre Mendès France, étranger au marxisme, que ce soit dans ses écrits ou dans sa pratique en tant que président du conseil, « est et demeure un keynésien socialisant7 ».
8Si, le préambule au programme de 1972 affirme qu’un « vaste secteur privé poursuivra librement ses activités8 », le programme de 1980, perçu comme un retour au radicalisme en raison de son introduction, se montre bien plus modéré dans son contenu. Il précise notamment, qu’en dehors des contraintes imposées par le Plan, « l’initiative des agents économiques industriels, l’esprit d’entreprise reprennent leurs droits, le marché son utilité9 ».
9Ici se révèle l’une des ambiguïtés programmatiques des socialistes : ces « réformes de structures présageaient-elles un état durable dans l’économie mixte ou ne devaient-elles que caractériser un moment à dépasser plus ou moins vite10 ? » ; c’est sur cette équivoque que se regroupent les socialistes en 1971, car ce n’est pas exactement la « rupture avec le capitalisme » qui fait le lien entre les diverses formations de gauche qui s’unissent à Épinay, mais un accord sur un certain nombre de mesures immédiatement applicables. Leurs programmes ont en commun « une perspective planificatrice, un souci de diffuser les responsabilités de la gestion, une volonté de redistribution sociale11 ».
10La tradition socialiste comprend deux pôles qu’illustrent les deux modalités de discours qui viennent d’être caractérisées : 1) un pôle réformiste révolutionnaire dont les réformes structurelles visent à sortir du capitalisme ; et 2) un pôle réformiste qui, dans le cadre du capitalisme, s’efforçe de trouver des compromis favorables au monde du travail, et qui se nourrit après-guerre de keynésianisme. Pour autant, durant les années 1970, apparaissent des éléments qui mettent à mal ces deux composantes.
11L’anticapitalisme socialiste est contrebalancé par une forme de légalisme du PS. Jacques Moreau a souligné le paradoxe du maintien du « credo révolutionnaire […] dans une organisation aussi légaliste12 ». En effet, les socialistes, dans les années 1970, sont toujours autant attachés à la légalité : ainsi François Mitterrand précise que le PS « ne trouvera pas ailleurs que dans le suffrage universel le fondement de son pouvoir13 » ; mais surtout le programme socialiste de 1972 exclut toute « nouvelle révision d’ensemble de la Constitution de 195814 ». Le discours réformiste pouvait, toutefois, s’intégrer à ce légalisme. Cependant, là aussi des brèches se font sentir, telles que la perte de confiance dans le rôle de l’État, qui traverse la société dans les années 1970 et dont les rocardiens se font l’écho. Il en va de même de l’optimisme concernant la construction européenne, qui conduit aussi le parti en 1981, dans ces 110 propositions, à demander l’« application stricte du traité de Rome15 ».
12Bien plus que les ambiguïtés programmatiques, c’est la sociologie du parti qui est déterminante et va favoriser l’une des tendances en présence. En 1973, on compte 12 % d’ouvriers au sein du PS, alors qu’au sein de la population active, ils représentent encore 37,5 % des effectifs. Il s’avère donc que « les ouvriers […] constituent la seule catégorie sociale très nettement sous-représentée au sein des adhérents16 ». Contrairement aux partis sociaux-démocrates, le PS a des liens relativement distendus avec le monde syndical. Dans la motion finale du Congrès de Metz, en 1979, il affirme : « L’action syndicale ne se confond pas avec l’action politique. Le syndicat doit être indépendant du Parti17. »
Comment mesurer la réception programmatique à l’échelon local ?
13Afin de mesurer la réception des propositions économiques et des éléments de langage contenus dans les programmes socialistes, deux types de sources sont étudiées : 1) le contenu du journal militant ; 2) une série d’entretiens semi-directifs conduits avec des élus socialistes intervenant dans ce journal, ou proches par leurs fonctions, des milieux économiques.
14Le Socialiste comtois est un mensuel à la présentation soignée qui ne ressemble à aucune publication militante classique. Joseph Pinard, son directeur, précise qu’il « n’est en aucun cas l’expression officielle du Parti socialiste18 ». Il est indépendant financièrement du parti mais ses liens avec la fédération du Doubs n’en demeurent pas moins étroits. On compte en effet dans son comité de rédaction, Marcel Domon, secrétaire de la fédération du Doubs de 1971 à 1976, ainsi que Michel Mercadié, qui occupe la même fonction de 1979 à 1980, tout en écrivant régulièrement dans cette publication. Lorsque Joseph Pinard, conseiller général depuis 1973, devient adjoint au maire de Besançon en 1977, il abandonne la direction du mensuel. Celui qui le remplace, Gaston Bordet, occupe, au même moment, le poste de secrétaire chargé de la presse à la fédération. Notons que ce lien se manifeste dans le contenu des articles. Ceux-ci sont parfois la simple reprise mot pour mot des textes nationaux, tandis que la position des rédacteurs empêche d’être trop iconoclaste par rapport à leur fédération.
15Plus significative encore est la présence importante dans les colonnes du journal des élus du Doubs. On retrouve parmi les contributeurs réguliers Robert Schwint (sénateur du Doubs depuis 1971 à 1988 et maire du Russey jusqu’en 1977, puis de Besançon, jusqu’en 2001), de même qu’André Boulloche (député du Doubs de 1969 à 1978 et maire de Montbéliard depuis 1965) et son suppléant et adjoint Guy Bèche. Il n’est pas rare, par conséquent, de trouver des interférences nombreuses entre ce qui est dit dans le journal et la politique locale de ces élus.
16Les rédacteurs – à l’exception de Guy Bèche – sont plutôt des modérés et semblent soutenus par les dirigeants socialistes. Ainsi dès le deuxième numéro, Pierre Mendès France19 salue la création du nouveau mensuel et remercie l’équipe de s’être recommandée de lui dès le premier numéro20. Un autre homme politique à approuver la création du nouvel organe n’est autre qu’Alain Savary21, connu pour avoir tenté durant cette période une rénovation dans un sens plus modéré.
17Une autre caractéristique des rédacteurs est leur ancrage dans le Doubs, ce dont témoigne la diffusion de la publication. Car quoi que laisse supposer son titre, elle reste essentiellement lue dans le Doubs. L’un des indicateurs les plus pertinents est la répartition géographique des abonnés. En 1980, sur « un total de 1973 abonnés, 1 545 sont du Doubs22 », chiffre à mettre en perspective avec le nombre d’adhérents de la fédération du Doubs qui est la même année de 1 32123. Cette publication connaît un tirage moyen de 6 500 exemplaires entre 1969 et 1976 puis de 15 000 jusqu’en 1981, avec des pics de diffusion allant de 40 000 à 120 000 exemplaires en période électorale. En raison de cette large diffusion, on peut considérer que ce journal représente un support majeur de circulation du discours socialiste dans le Doubs. L’identité des rédacteurs nous permet par ailleurs, de mesurer le degré de réappropriation des éléments programmatiques par les élus.
18Afin de compléter cette perspective, une série d’entretiens semi-directifs avec les élus de Besançon et Montbéliard les plus directement en lien avec le monde économique a été réalisée. Il s’agit ici de mesurer l’importance de deux éléments : 1) la manière dont les élus font référence au programme dans leur action ; 2) comment est appréhendée cette notion embarrassante d’anticapitalisme. Que souhaitons-nous mettre en évidence ici ? Que le sens des mots n’est pas figé, qu’il est susceptible d’évoluer en fonction du public auquel on s’adresse et des expériences concrètes des acteurs.
L’écho déformé : l’économie dans Le Socialiste Comtois
19Le local n’est pas la copie miniature du national, il ne faut donc pas s’attendre à y retrouver le décalque parfait du programme national, pour la simple et bonne raison que le Doubs a son histoire et sa sociologie propre. Pour autant, il ne faut pas croire qu’il puisse exister de trop grands décalages avec ce qui est dit à l’échelon national. Le programme n’est pas une réalité hors-sol composée d’en haut, il est censé avoir prévu des modalités de réception multiples, et plus particulièrement dans un parti constitué en courants fortement idéologisés.
Un discours anticapitaliste quasiment absent
20Le dépouillement complet du Socialiste comtois fait apparaître une assez faible présence du discours anticapitaliste, et quand celui-ci se manifeste, il s’agit bien souvent de la reprise de textes nationaux.
21En 1971, Le Socialiste comtois s’associe à « l’appel du peuple français lancé à l’unanimité au congrès d’Épinay24 », qu’il publie in extenso en première page. Concernant le capitalisme, cette déclaration stipule que : « La classe ouvrière prend de plus en plus conscience qu’elle ne se libérera que par une rupture totale avec ce système exploiteur25. » En janvier 1979, le discours radical est toujours présent et l’on peut lire : « Un tel renforcement de la gauche suppose que notre parti soit en mesure de proposer au pays des solutions claires, réalistes, susceptibles de conduire à une véritable rupture avec le capitalisme26. »
22Il importe ici de s’attarder sur la sociologie de la fédération socialiste du Doubs. Elle est l’une des plus ouvrières de France avec environ 40 % d’ouvriers (contre 12 % au niveau national), mais cette particularité se trouve vite effacée dans son rapport au pouvoir. L’étude de la composition de la Commission exécutive fédérale (CEF)27 montre qu’elle est dominée par les enseignants : « Alors qu’ils ne sont que 15 % à la base de la fédération, ils représentent 43 % des membres [en] 1981. De 1975 à 1981, leur nombre ne cesse d’augmenter28. » Les ouvriers, eux, voient leur proportion décroître sur la même période, passant de 16 % à 11 %29. La fédération est ainsi marquée par une marginalisation des ouvriers au profit des enseignants. Le phénomène est similaire aux évolutions de la fédération du Pas-de-Calais à la même époque30.
23Soulignons par ailleurs qu’une fédération n’est pas la copie exacte des tendances que l’on retrouve nationalement, et ce pour une raison très simple : « Un élu local votant en faveur d’un courant minoritaire s’exposerait au risque d’être marginalisé au sein de sa fédération, c’est-à-dire donnerait à ses rivaux du courant majoritaire des arguments légitimes pour l’écarter des opportunités politiques locales31 ». De fait, la fédération est majoritairement acquise au courant mitterrandiste. Fait qui se manifeste au Congrès de Valence en 1979 : « Sur les 54 mandats de la fédération, 32 se portent sur la motion A [Mitterrand] (59,20 %), 16 sur la motion C [Rocard] (29,23 %), et 6 sur la motion E [CERES] (11,11 %)32. » La présence d’un courant rocardien important s’explique par une implantation municipale réussie à Besançon, qui permet de « récompenser » les minoritaires33.
24Le CERES, quant à lui, est complètement ostracisé, car on craint la domination de Jean-Pierre Chevènement. Deux membres importants de ce courant sont exclus du parti34. Les rapports avec les communistes sont tout aussi tendus. Il n’y a « pas une tradition PC à Besançon, et donc une CGT moins forte qu’ailleurs35 ». L’alliance avec le PC, même si les socialistes bisontins y sont favorables36 par égard aux orientations nationales, est vécue de manière conflictuelle. Ainsi, en janvier 1978, après le refus des élus PC de voter le budget37, Robert Schwint décide de leur retirer leur délégation38. L’année suivante, en 1979, ils acceptent le budget et récupèrent alors des délégations39 qui seront de nouveau perdues en 1980 : on leur reproche d’avoir voulu la défaite du maire lors des sénatoriales en maintenant un candidat au second tour40. Autre partenaire avec qui les relations sont parfois tendues : le PSU, que l’on accuse de vouloir prendre en main la CFDT41 et de ruiner les efforts de la municipalité dans l’affaire Lip.
25Dès lors, les différents éléments qui pourraient nourrir l’anticapitalisme se trouvent marginalisés, ce qui permet la construction d’un discours plus homogène, à l’image des hommes qui tiennent cette fédération.
Le discours réformiste ou la nature majoritaire de la gauche dans le Doubs
26Le mensuel se caractérise par l’omniprésence d’un discours réformiste et interventionniste qui se propose d’amender le capitalisme.
27Dans un article sur le chômage, Le Socialiste comtois note : « [Il] est tellement évident que c’est la faute du capitalisme42 », mais précise quelques lignes plus loin que c’est plutôt « la faute du mode de développement que le capitalisme a choisi43 ». Un autre capitalisme est donc possible.
28D’autre part le journal n’hésite pas à saluer le modèle suédois, propos qui est en décalage avec ceux que l’on peut entendre nationalement44, car comme le note le mensuel : « Il est de bon ton dans bien des milieux de la gauche française de dauber l’expérience des sociaux-démocrates suédois45. » Il met en avant que ce pays a « très largement réussi une redistribution des revenus46 ». Les avancées de ce modèle seront mises en exergue jusqu’en 197547.
29Mais le mensuel ne se contente pas de complimenter un exemple étranger, il expose clairement les mesures à mettre en place et ce en proposant des solutions interventionnistes. À ce titre, le Plan « constituera le cadre général, à l’intérieur duquel s’exercera l’initiative privée48 » et « c’est à la gauche qu’il appartient de montrer qu’en pratiquant une politique socialiste, exigeant une véritable politique de planification au plan européen, un contrôle des sociétés multinationales, il est possible de surmonter la crise actuelle49 ». Face à la crise, le député-maire de Montbéliard André Boulloche, signale que « la relance de la consommation permettrait de faire repartir l’investissement productif50 », solution keynésienne par excellence.
30Au-delà de certains clivages (mitterrandistes/rocardiens ; Besançon/Montbéliard), un certain nombre de points communs méritent d’être signalés chez les élus du Doubs. Le remplaçant d’André Boulloche ou le successeur de Jean Minjoz s’étaient tenus relativement à l’écart de la SFIO et avaient préféré s’engager dans les « clubs ». Robert Schwint a rejoint tardivement le PS. Il est d’abord élu maire du Russey sans étiquette, bien qu’étant considéré comme de gauche. Puis, en 1964, il fonde un club de réflexion, « Action et démocratie », qu’il affilie à l’Union des clubs pour le renouveau de la gauche (UCRG) d’Alain Savary. Il adhère en 1965 à la Fédération de la gauche démocratique et socialiste (FGDS). Le parcours d’André Lang comprend beaucoup de similitudes. Il fonde en 1958 le MFAC (Mouvement de formation et d’action civique), qui devient peu de temps après le Club Proudhon, et qui rejoint l’Union des clubs pour le renouveau de la gauche d’Alain Savary. Il entre au conseil municipal en 1959 sur la liste conduite par le MRP Roger Goetz. En 1965, la gauche non communiste, menée par André Boulloche, remporte la mairie de Montbéliard grâce à l’apport « des démocrates chrétiens en rupture avec le parti centriste » ; « symboliquement son bras droit est Henri Domon, ancien MRP51 ».
Salariés et petits patrons : l’autre union de la gauche
31L’histoire de la gauche a montré qu’elle était capable de moduler son corpus idéologique en fonction du milieu dans lequel elle évolue. Les communistes, durant l’entre-deux-guerres, ont ainsi pu se faire, en milieu rural, les défenseurs de la petite propriété52. Il n’est donc pas étonnant qu’étant responsables d’une municipalité dans un contexte de crise, les élus se montrent attentifs au sort des patrons pour les convaincre de s’installer dans leur commune.
32Selon eux, « le Parti socialiste entend dans le domaine du commerce, de l’artisanat comme dans celui de la petite et moyenne entreprise, instaurer les conditions d’une véritable concurrence53 », discours qui n’est pas nouveau, puisque l’année précédente, on pouvait lire : « Les socialistes savent bien que l’entreprise est utile, et F. Mitterrand l’a souvent dit : les socialistes croient en la liberté d’entreprendre54. »
33En 1980, l’installation de DuPont de Nemours à Besançon est vécue comme un événement positif. Les critiques lancées par un collectif écologiste (« Sauvons Planoise ») sont vite balayées, d’autant que leur action aurait pu « contrecarrer de façon dommageable, les efforts faits pour faciliter l’implantation de cette usine55 ». Cet article fait écho à un précédent papier paru dans le journal municipal BVV, dans lequel la municipalité se félicite d’avoir été choisie56. Le maire, dans son éditorial de janvier 1980, se flatte de cette implantation, qui prouve sa lutte « pour maintenir et développer les emplois à Besançon57 ». Le mois suivant, on insiste encore sur l’importance d’une telle installation58, et en octobre de la même année, on peut enfin annoncer l’heureux épilogue59. Ici apparaît clairement la proximité entre la publication militante et la publication municipale, élaborées par les mêmes hommes. Joseph Pinard, alors adjoint au maire et toujours très présent dans les colonnes du Socialiste comtois, écrit pour la publication de la ville, un article dithyrambique sur l’histoire familiale des DuPont de Nemours60.
34Les socialistes bisontins se retrouvent dans une forme de dualité : ils dirigent la ville depuis 1953, mais au niveau national, leur parti est dans l’opposition. Les effets sur le discours se font sentir. Comment être un critique virulent des entreprises qu’on essaie de faire venir sur son territoire, quand Besançon traîne déjà avec elle un passé sulfureux de mobilisation sociale ? Mais aussi comment oublier l’ambition du PS de s’intégrer dans les entreprises pour y appuyer les luttes des travailleurs ? Car « l’entreprise n’est pas un lieu neutre, c’est au contraire le lieu où les travailleurs doivent prendre conscience de leurs difficultés créées par l’exploitation capitaliste61 ». Les articles ne manquent pas au sein du journal pour dénoncer certains patrons, qualifiés de « monarque[s] de droit divin62 ». Pour autant dans l’ensemble – si l’on excepte le cas particulier de Peugeot qui mène une véritable politique antisyndicale – les rapports avec les patrons sont loin d’être toujours conflictuels. Les socialistes peuvent même parfois se vanter de recevoir l’appui de ceux-ci63.
35Les socialistes bisontins sont plutôt amenés à considérer l’employeur comme un partenaire. Un partenaire ne saurait être un ennemi, il est donc envisageable qu’il puisse exister de « bons patrons ». D’ailleurs ceux-ci sont victimes de ce système où « la libre concurrence après élimination des faibles, débouche sur le monopole64 ». C’est surtout la liberté individuelle qu’on célèbre à travers lui : « Autrefois, le paysan, l’artisan, le petit commerçant, qui formaient la quasi-totalité de la population, vivaient peut-être chichement, mais ils organisaient eux-mêmes leur travail65. » Avec l’arrivée de la crise, petits patrons et salariés ont les mêmes intérêts, celui de leur survie. Intérêts croisés entre les militants socialistes et les acteurs de la municipalité, qui doivent tout faire pour attirer des entreprises.
Libre interprétation : les élus et l’anticapitalisme
36Le discours anticapitaliste est contrebalancé par l’importance du discours réformiste au niveau national, tandis qu’il est quasiment absent du discours local. Toutefois les propositions économiques socialistes sont l’objet de violentes attaques de la part de la droite66, dont les élus ne peuvent ignorer les propositions les plus radicales. Celles-ci sont réinterprétées, voire habilement mises à l’écart, en fonction des enjeux locaux et des relations qu’ils sont amenés à tisser dans leur action.
Engagement et distanciation
37Les motivations pour s’engager en politique sont multiples et non exclusives. Les différentes études menées en science politique montrent à l’évidence que l’idéologie n’est qu’un facteur parmi d’autres67.
38Les possibilités de distanciation ne sont pas les mêmes en fonction de la position de l’acteur : plus on est proche du centre de décision de son organisation politique, plus il s’avère difficile de s’éloigner ouvertement du discours produit. Par ailleurs, la distanciation n’est pas désintéressée lorsqu’elle est avouée ouvertement : la distanciation est aussi affaire de distinction.
39Albert-Maxime Kohler qui fut pendant plus de trente ans adjoint au maire chargé des affaires culturelles68 d’une municipalité modérée, ne saurait se transformer subitement en anticapitaliste, d’autant que son parti – le Parti radical – a œuvré pour limiter les ambitions du Programme commun. Il déclare ainsi :
« Je n’avais pas besoin de la gauche pour me dire ce qu’il fallait faire, pour développer les entreprises et les emplois je savais ce qu’il fallait faire. Il y a beaucoup de moyens possibles, il n’y en pas qu’un. Les élucubrations de la gauche ne m’intéressent pas beaucoup69. »
40Ici aussi, la distanciation permet à l’acteur de se mettre en valeur : « Je préfère m’enfuir par mon travail personnel70. »
41Quant à Robert Schwint, maire de Besançon de 1977 à 2001, il occupe une position particulière au sein du PS, ce qui lui donne une certaine distance. Proche de Michel Rocard et n’occupant pas de fonction au niveau national (ce qui est le cas des élus du Doubs à l’exception d’André Boulloche71 et de Guy Bèche72), il se sent moins tenu par le discours de son parti :
« J’ai adhéré à l’union de la gauche car je pensais que c’était l’avenir de la gauche en France, et donc je n’avais pas lu le programme dans le détail mais je savais quand même l’essentiel de ce qu’avaient pondu Chevènement et ses collègues à ce moment-là en 198173. »
42La distance effective avec la direction du parti, si elle est vécue comme un problème par certains74, offre dans ce cas une certaine liberté. Dans sa déclaration, R. Schwint reconnaît qu’on adhère aussi pour des raisons pragmatiques, sans partager forcément toutes les options qu’on ne peut ignorer en espérant peut-être pouvoir peser sur les orientations du parti par la suite.
La substance et le substantif
43Tous les acteurs ne se sont pas affranchis aussi ouvertement du discours produit par le Parti socialiste. Un vocable peut être l’objet d’une multiplicité de réceptions et réinterprétations qui renvoient bien souvent à l’identité partisane de l’élu et à son expérience concrète. L’expérience concrète prime. Comme le notait Richard Hoggart (1918-2014), dans un tout autre contexte, « les principes sont abstraits alors que les gens sont présents en chair et en os : il faut vivre avec eux, se frotter à eux75 ». Le philosophe Ludwig Wittgenstein (1889-1951) avait mis en garde contre « la recherche d’une substance qui réponde à un substantif76 », c’est-à-dire la croyance dans le fait que l’existence d’un nom signifie que celui-ci réponde à une substance commune. Pour un mot, il n’y aurait qu’une définition possible. Par conséquent, l’emploi d’un vocabulaire anticapitaliste par un individu ne saurait se suffire à lui-même, si l’on ne prend pas le soin d’interroger ce qu’il entend par cette notion.
44Une étude réalisée dans les années 1970 auprès des militants PS de la Gironde montre bien que le récepteur s’approprie activement le discours programmatique. Puisque l’objectif revendiqué par le parti est le passage « du système capitaliste en France à la société socialiste77 », il n’est pas inutile de demander aux militants ce qu’ils entendent par « société socialiste ». Il apparaît « que ceux-ci souscrivent à une conception de la société plus juste et plus humaine qu’ils assimilent au socialisme78 ». Guy Bèche propose de même sa propre définition de cette société socialiste, enracinée dans les expériences locales du fonctionnement de l’économie et les rapports concrets établis avec le monde de l’entreprise.
« Quand on dit : “rupture avec le capitalisme” ça voulait dire quoi ? Ça ne voulait pas dire rupture avec le patronat. Ça voulait dire rupture avec le grand monde de l’argent. Un type qui a une petite entreprise de vingt-cinq salariés ce n’est pas un capitaliste79. »
45Il est fort probable que de nombreux militants aient pu admettre cette dialectique des « petits » contre les « gros », d’autant que certains militants d’extrême-gauche dans les années 1970 ont cru se reconnaître dans les aspirations des petits commerçants menacés par la grande distribution80. Et on a vu que cette thématique est présente dans le discours socialiste.
46La contradiction ne tarde pas à apparaître, puisque finalement, l’ex-député de Montbéliard en oublie ses propres distinctions en évoquant le cas de Peugeot :
« Mais dans les débats entre élus locaux et les représentants de [Peugeot], nos interlocuteurs étaient le plus souvent les responsables locaux de la maison. Quelles étaient nos différences ? Nos différences, c’est qu’ils avaient des pensées de droite et nous, des pensées de gauche. Mais ils n’étaient pas représentants du “grand capital” comme disait Georges Marchais81. »
L’espace et le temps
47Si le capitalisme semble toujours se trouver ailleurs, la rupture avec celui-ci ne semble pas être envisagée à l’échelon local.
48Lors du Congrès d’Épinay, s’affirme la conversion des socialistes à la présidentialisation82. Cette dernière apparaît clairement dans le programme pour les municipales de 1977 : s’il est précisé que la « commune est la cellule de base du socialisme83 », cette assertion est largement nuancée par la précision qui précède : « seule l’arrivée de la gauche au pouvoir, un an après les municipales, permettra de rétablir des communes fortes et libres84 ». Le vrai changement vient d’en haut.
49Au demeurant, le maire de Besançon avoue ne pas utiliser le programme national du PS : « Moi je dois gérer la ville, c’est pas avec le programme du parti que je peux le faire85. » Pourtant, malgré cette présidentialisation, le programme pour les municipales s’affirme comme une première étape de ce changement à venir : « Tous les terrains sont […] dignes d’être investis dès aujourd’hui, pour y mener le combat du socialisme, et au premier rang, le terrain municipal86. »
50André Boulloche, alors député-maire de Montbéliard, prévient dès 1972 : « la France fait partie de ces pays industriellement évolués où l’économie fonctionne par des canaux très complexes qu’il faut transformer progressivement et non pas briser87 ». Dans un autre article concernant les nationalisations, il s’explique sur le cas de Peugeot :
« Il est évident que dans une société en voie de transformation vers le socialisme, Peugeot sera nationalisé. Le problème n’est donc pas de savoir si on est pour ou si on est contre, mais à quel moment de l’évolution on place cette nationalisation88. »
51En cela, il se retrouve dans la tonalité du programme socialiste pour les municipales de 1977, à l’élaboration duquel il a participé, qui précise que : « Le Parti Socialiste, au contraire, a choisi clairement une stratégie de conquête du pouvoir par transformation sociale, par étapes successives et par la voie démocratique89. » Face aux polémiques d’interprétation du PC et les accusations de « virage à droite » du PS, Le Socialiste comtois précise : « Le Programme commun n’est pas un catalogue de projets mais l’ensemble de ce qu’il est possible de réaliser en 5 ans90. »
52Ces prises de positions rejoignent celles de François Mitterrand, qui écrivait en 1969 :
« L’économie socialiste se développera sur la base du double secteur sous la dominante du secteur public et respectera les lois du marché sous la dominante du plan. Il appartiendra à la génération politique qui suivra de fixer à son tour les étapes nouvelles du projet socialiste91. »
53Position que l’on retrouve aussi au CERES, pour qui, « la transition au socialisme [est un] processus contradictoire qui […] s’étendra sur une très longue période…92 ». En clair, pour l’ensemble des acteurs, la « rupture avec le capitalisme » apparaît comme une réalité lointaine, qui se fera par étapes.
Conclusion
54Les programmes socialistes, en raison de leurs conditions spécifiques d’élaboration, ouvraient plusieurs réceptions possibles. L’anticapitalisme n’en est qu’une parmi d’autres. La réception et la réappropriation de ces textes est fortement conditionnées par l’expérience concrète des élus. Les socialistes du Doubs ont tendance à ne retenir que la dimension réformiste des programmes, dimension dans laquelle s’intègre l’action qu’ils conduisent dans leurs municipalités respectives et l’importance qu’ont pour eux leurs relations concrètes avec les dirigeants de grands groupes industriels implantés dans la région (DuPont de Nemours, Peugeot). Cette tendance est renforcée par la marginalisation au sein de ce parti des positions les plus marquées à gauches (comme le CERES) et la force des réseaux rocardiens.
55Si la distance qu’entretiennent les élus bisontins avec la direction nationale de leur parti leur permet de se sentir libres par rapport aux engagements du PS, la situation des élus de Montbéliard qui, eux, occupent des postes au sein de la direction, montre qu’au final, les programmes socialistes se prêtent à de multiples interprétations, et que, par conséquent, rien ne les empêche de se lancer dans des politiques économiques locales. Ce constat rejoint les propos de Fréderic Sawicki, pour qui il ne faut « jamais perdre de vue que les élus socialistes se comportent souvent principalement comme des élus et secondairement comme des socialistes93 ». On constate seulement que, dans certains cas, les deux dimensions peuvent cohabiter, sans que l’une ne doive prendre le dessus sur l’autre.
Notes de bas de page
1 Le Galès P., Politique urbaine et développement local, une comparaison franco-britannique, Paris, L’Harmattan, « Logiques Politiques », 1993.
2 Lefebvre R., « Le socialisme français soluble dans l’institution municipale ? Forme partisane et emprise institutionnelle : Roubaix (1892-1983) », Revue française de science politique, vol. 54, no 2, 2004, p. 237-260.
3 Parti socialiste, Changer la vie, Programme de gouvernement du Parti Socialiste, Paris, Flammarion, 1972, p. 8.
4 Parti socialiste, Projet socialiste pour la France des années 1980, Paris, Club socialiste du livre, 1980.
5 Notamment Halimi S., Quand la gauche essayait, Paris, Arléa, 2000.
6 Moreau J., « Le congrès d’Épinay-sur-Seine du Parti socialiste », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, vol. 65, no 65, 2000, p. 82.
7 Rioux J.-P. « Pierre Mendès France modernisateur », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, vol. 15, no 15, 1987, p. 84.
8 Parti socialiste, Changer la vie…, op. cit., p. 13.
9 Parti socialiste, Projet socialiste pour la France des années 1980, op. cit., p. 187-188.
10 Bergounioux A., Grunberg G., Le long remords du pouvoir. Le Parti socialiste français, 1905-1992, Paris, Fayard, « L’espace du politique », 1992, p. 214.
11 Ibid.
12 Moreau J., Les Socialistes français et le mythe révolutionnaire, Paris, Hachette Littératures, « Pluriel actuel », 2003, p. 10.
13 Parti socialiste, Changer la vie…, op. cit., p. 24.
14 Ibid.
15 « 1981 : les 110 propositions », L’OURS, [http://www.pearltrees.com/#/N-u=1_45&N-p=15405388&N-fa=534&N-f=1_1365115&N-play=1&N-s=1_1365115].
16 Bergounioux A., Grunberg G., Le Long Remords du pouvoir…, op. cit., p. 364.
17 Ibid.
18 Romain H., Le Socialiste comtois : histoire d’un journal d’opinion (1969-1981), mémoire de maîtrise, Besançon, université de Franche-Comté, 1988, p. 35.
19 « Pierre Mendès France nous écrit », Le Socialiste comtois, no 2, novembre 1969, p. 1.
20 « Le Socialiste Comtois pour quoi faire », Le Socialiste comtois, no 1, octobre 1969, p. 1.
21 « Alain Savary nous écrit », Le Socialiste comtois, no 3, décembre 1969, p. 1.
22 Romain H., Le Socialiste comtois : histoire d’un journal d’opinion (1969-1981), op. cit., p. 53.
23 Tempesta P., La Fédération socialiste du Doubs de 1971 à 1981 : aspect quantitatif, structurel, vie intérieure, mémoire de maîtrise, Besançon, université de Franche-Comté, 1988, p. 35.
24 « Bilan et perspectives », Le Socialiste comtois, no 14, juin 1971, p. 1.
25 Ibid.
26 « Avant le congrès… », Le Socialiste comtois, no 83, janvier 1979, p. 1.
27 La CEF est chargée de l’administration et de la direction de la fédération. Elle est l’organe délibératif. Ses membres sont élus à la proportionnelle, sur liste de courant élaborée par la section. Elle comprend environ un membre pour 30 adhérents. Elle désigne le bureau exécutif fédéral et le secrétariat fédéral.
28 Tempesta P., La Fédération socialiste du Doubs de…, op. cit., p. 106.
29 Ibid., p. 107.
30 Bien que les ouvriers représentent plus de la moitié des militants de la fédération du Pas-de-Calais, ils sont marginalisés après 1945 au profit des enseignants. Ainsi la CEF de 1969 comprend 60 % d’enseignants contre 5 % d’ouvriers ; Sawicki F., Les Réseaux du Parti socialiste : sociologie d’un milieu partisan, Paris, Belin, 1997, p. 118.
31 Juhem P., « La production notabiliaire du militantisme au Parti socialiste », Revue française de science politique, vol. 56, no 6, 2006, p. 930.
32 Tempesta P., La Fédération socialiste du Doubs…, op. cit, p. 107.
33 Cf. Gaxie D., « Économie des partis et rétributions du militantisme », Revue française de science politique, vol. 27, no 1, 1977, p. 123-154.
34 Marcel Lévèque à qui l’on reproche ses attaques incessantes contre la municipalité Minjoz, est exclu du PS en 1976, tandis que son ami Daniel Blondeau (élu maire de Pontarlier en 1977) est exclu en 1978, pour avoir favorisé l’entreprise du premier dans laquelle il avait lui-même des parts.
35 Tempesta P., La Fédération socialiste du Doubs…, op. cit., p. 23.
36 Cf. « Rapports avec les Communistes », Le Socialiste comtois, no 10, janvier 1971, p. 10-11.
37 Les polémiques autour du budget apparaissent en conseil municipal alors que les relations entre socialistes et communistes se tendent, entraînant la rupture du Programme commun en septembre 1977.
38 « Conseil municipal – séance des 6 et 20 janvier 1978 », Bulletin Officiel de la Commune de Besançon, 44e année, no 6, juillet 1978, p. 688.
39 « Conseil municipal – séance du 23 février 1979 », Bulletin Officiel de la Commune de Besançon, 45e année, no 9, novembre 1979, p. 1284.
40 « Conseil municipal – séance du 17 octobre 1980 », Bulletin Officiel de la Commune de Besançon, 47e année, no 3, février 1981.
41 On accuse ainsi le PSU « d’organiser au plan comtois un “noyautage” (ce mot noyautage n’est pas de nous, il est du plus haut responsable politique de la CFDT) délibéré de la CFDT », « Lip : premières réflexions », Le Socialiste comtois, no 39, février-mars 1974, p. 5.
42 « Le patronat face au chômage… ce qu’il faut penser des arguments du CNPF et des patrons de Peugeot », Le Socialiste comtois, no 65, janvier 1977, p. 4.
43 Ibid.
44 Mitterrand s’est toujours montré très sceptique face au modèle suédois : « J’admets que la Suède ne soit pas assez socialiste […] dans la mesure où, en dépit d’une redistribution des revenus sans égale entre les groupes sociaux et les individus, elle n’a pas frappé le capitalisme au cœur, je veux dire au cœur de son pouvoir, la propriété des grands moyens de production. » Mitterrand F., L’Abeille et l’architecte, Paris, Flammarion, 1976, p. 166, cité in Bergounioux A., Grunberg G., Le Long Remords du pouvoir…, op. cit., p. 417.
45 « Encore la Suède », Le Socialiste comtois, no 26, octobre 1972, p. 7.
46 Ibid.
47 « Choses vues en Suède », Le Socialiste comtois, no 55 bis, décembre 1975, p. 7.
48 « La nationalisation, la planification, l’épargne populaire », Le Socialiste comtois, supplément no 29 [Édition de Montbéliard pour la campagne législative d’André Boulloche], janvier 1973, p. 2.
49 Pinard J., « La gauche et la crise énergétique », Le Socialiste comtois, no 38, janvier 1974, p. 2.
50 Boulloche A., « Quoi de nouveau ? », Le Socialiste comtois, no 57, septembre 1976, p. 1.
51 Pinard J., « Le rôle des personnes dans l’histoire : l’exemple du Marquis de Moustier, de Jean Minjoz, d’André Boulloche, de Edgar Faure », Mémoires de la Société d’émulation du Doubs, no 45, 2003, p. 18.
52 Cf. Vigreux J., La Faucille après le marteau. Le communisme aux champs dans l’entre-deux-guerres, Besançon, PUFC, 2012.
53 « Aux commerçants et artisans », Le Socialiste comtois, supplément au no 75, mars 1978, p. 4.
54 « Le patronat face au chômage… ce qu’il faut penser des arguments du CNPF et des patrons de Peugeot », Le Socialiste comtois, no 65, janvier 1977, p. 5.
55 « Une entreprise nouvelle à Besançon : DuPont de Nemours », Le Socialiste comtois, no 97, mai 1980, p. 3.
56 « DuPont de Nemours s’installe à Besançon », Besançon votre ville, no 28, décembre 1979, p. 16.
57 Schwint R., « Bisontins : à vous de juger… », Besançon votre ville, no 29, janvier 1980, p. 1.
58 « DuPont de Nemours à Besançon : une entreprise de 500 salariés », Besançon votre ville, no 30, février 1980.
59 « DuPont de Nemours : c’est signé », Besançon votre ville, no 36, octobre 1980, p. 16.
60 Pinard J., « En marge d’une création d’usine : Mais qui sont donc les Dupont de Nemours ? », Besançon votre ville, no 33, mai 1980, p. 7.
61 « Le Parti socialiste dans les entreprises », Le Socialiste comtois, no 61, septembre 1976, p. 11.
62 Bailleul D., « Le capitalisme à travers Bourgeois », Le Socialiste comtois, no 51 bis, octobre 1975, p. 2.
63 « Quand M. Tourrain dénigre Besançon et se fait remettre à sa place par… un patron », Le Socialiste comtois, supplément au no 75, mars 1978, p. 2.
64 « Dialogue avec le doyen de Pesmes », Le Socialiste comtois, no 17 bis, novembre 1971, p. 5.
65 Pinard J., « L’heure du choix », Le Socialiste comtois, no 29 bis, février 1973, p. 1.
66 Voir Lachaise B., « Les droites et le Programme commun », in Tartakowsky D. et Bergounioux A. (dir.), L’Union sans unité. Le Programme commun de la gauche, 1963-1978, Rennes, PUR, « Histoire », 2012, p. 119-131.
67 L’étude du parcours militant des fondateurs de SOS-Racisme, par exemple, « montre qu’ils adhèrent moins à un programme idéologique précis qu’ils n’adoptent une posture contestataire et patente de radicalité », par conséquent « l’analyse de l’entrée dans la carrière militante ne doit pas se faire à partir des seuls concepts de “conviction” ou “d’idéologie” », Juhem P., « Entreprendre en politique. De l’extrême gauche au PS : la professionnalisation politique des fondateurs de SOS-Racisme », Revue française de science politique, vol. 51, no 1, 2001, p. 133. Il y a déjà trente ans, le politiste Daniel Gaxie, sans réfuter les mobiles idéologiques, notait qu’il « est douteux […] que l’activité partisane s’explique uniquement par la volonté de défendre une cause » et s’intéressait à « d’autres incitations [qui] viennent les appuyer voire les renforcer », Gaxie D., « Économie des partis et rétributions du militantisme », Revue française de science politique, vol. 27, no 1, 1977, p. 128. Il mettait l’accent sur les rétributions symboliques et matérielles liées au militantisme.
68 Cf. Leroux N., La Politique culturelle municipale de Besançon 1953-1977, mémoire de maîtrise, Besançon, université de Franche-Comté, 2002.
69 Entretien avec Albert-Maxime Kohler, juin 2004.
70 Ibid.
71 André Boulloche est élu membre du comité directeur au Congrès d’Épinay en 1971 et participe à l’élaboration du programme pour les municipales de 1977.
72 Guy Bèche est secrétaire national adjoint du PS chargé de la jeunesse à partir de 1978.
73 Entretien avec Robert Schwint, octobre 2004.
74 Député du Doubs de 1981 à 1986, Joseph Pinard regrette que « le PS souffre chroniquement de la coupure entre élus municipaux et équipe dirigeante », ainsi Besançon « n’a aucun représentant même à titre consultatif dans les instances dirigeantes », Tempesta P., La Fédération socialiste du Doubs…, op. cit., p. 205-206.
75 Hoggart R., La Culture du pauvre, Paris, Éditions de Minuit, « Le sens commun », 1970, p. 139.
76 Wittgenstein L., Le Cahier bleu et le Cahier Brun, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1965, p. 51.
77 Parti socialiste, Projet socialiste pour la France des années 1980, op. cit.
78 Lefebvre R., Sawicki F., La Société des socialistes. Le PS aujourd’hui, Bellecombe-en-Bauges, Éditions du Croquant, coll. « Savoir/Agir », 2006, p. 59.
79 Entretien avec Guy Bèche, février 2004.
80 Pour un regard un regard ironique sur ce type d’engagement et de croyance : cf. Cavanna, Je l’ai pas lu, Je l’ai pas vu… Hara-Kiri Hebdo, 1970, Paris, 10/18, 1976, p. 125-131 et p. 178-181.
81 Entretien avec Guy Bèche, février 2004.
82 Portelli H., « L’intégration du Parti socialiste à la Cinquième République », Revue française de science politique, vol. 34, no 4, 1984, p. 819.
83 Parti Socialiste, Citoyen dans sa commune. Propositions municipales socialistes, Paris, Flammarion, 1976, p. 7.
84 Ibid., p. 6.
85 Entretien avec Robert Schwint, octobre 2004.
86 Parti Socialiste, Citoyen dans sa commune, op. cit., p. 34.
87 Boulloche A., « Réflexions sur le Programme commun », Le Socialiste comtois, no 25, août-septembre 1972, p. 2.
88 Boulloche A., « Nationalisation Peugeot-Citroën : André Boulloche s’adresse aux travailleurs », Le Socialiste comtois, no 70, septembre 1977, p. 2.
89 Parti Socialiste, Citoyen dans sa commune, op. cit., p. 34.
90 « Une lecture tendancieuse du Programme Commun », Le Socialiste comtois, no 71, novembre 1977, p. 6.
91 Mitterrand F., Ma part de vérité, Paris, Fayard, 1969, p. 290, cité in Bergounioux A., Grunberg G., Le Long Remords du pouvoir., op. cit., p. 290.
92 Cité in Moreau J., Les Socialistes français et le mythe révolutionnaire, op. cit., p. 259.
93 Sawicki F., « L’apport des monographies à l’étude du socialisme français », in Girault J. et alii (dir.), L’Implantation du socialisme en France au XXe siècle. Partis, réseaux, mobilisation, Paris, Publications de la Sorbonne, 2001, p. 34.
Auteur
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