2. Le « Programme de Belleville »
p. 49-61
Texte intégral
1Aux élections législatives de 1869, l’union des opposants à l’Empire vole en éclat. Léon Gambetta se présente comme candidat républicain à Paris et à Marseille. À Paris, il propose sa candidature aux prolétaires d’un quartier périphérique où le monde ouvrier se loge depuis les grands travaux d’Haussmann. Sa candidature doit porter un « programme » républicain. Raymond Huard évoque, à ce sujet, une « forme moderne de campagne électorale » et un modèle. Il évoque une procédure qui « paraît » une concession à l’idée de mandat impératif et lui donne une valeur exemplaire au moment même où les républicains affirment avec vigueur la nécessité de l’indépendance du député. De fait, en novembre 1869, toute la gauche signe un manifeste repoussant le mandat impératif1. Le « Programme de Belleville » s’inscrit donc dans un large débat sur la définition de ce qu’est un mandat de député, débat qui ne cessera de s’amplifier dans les années 1870, une fois la Troisième République proclamée. Quel est donc le caractère singulier de ce « programme » ? Pourquoi un tel succès depuis l’origine du « programme » en 1869 jusqu’à la « victoire » finale des Républicains à la fin des années 1870 ?
2Pour l’historien en Analyse du Discours, la diversité des actes langagiers (retranscriptions de discours, correspondances privées, compte rendus de presse, tracts militants, etc.2) forment un événement discursif3 irréductible à un contexte externe et qui ne peut se concevoir comme simple superposition de significations linguistiques sur des événements considérés comme « réels ». Le langage est en lui-même action. C’est en ce sens que nous évoquerons cet événement discursif, fondateur. Nous en analyserons le côté paradoxal qui interroge la valeur contractuelle du « programme ». S’inscrivant dans un horizon d’attente4, en l’occurrence ici celui d’une République sociale Une et Indivise pour un peuple de citoyens libres, ce « programme » dépasse le cadre d’une simple législature. Nous verrons donc comment sa définition constante dans des productions secondes, se veut au service d’une rhétorique opportuniste.
L’événement discursif fondateur : le programme comme contrat
3Le « programme » de 1869 porté par Léon Gambetta, ainsi que sa profession de foi sont largement analysés par les historiens5, que ce soit pour démontrer l’esprit manipulateur du jeune tribun, la naissance d’une ligne politique en cette période où le Second Empire s’essouffle, la stratégie d’indépendance de Gambetta à l’égard des caciques républicains de 1848 ou encore la volonté de faire naître un groupe politique dans un souci constant de travail avec la presse. Une analyse dans le cadre théorique de la rhétorique argumentative permet de renouveler ces lectures.
4Le « Programme de Belleville » accepté dans le principe par le jeune leader républicain Léon Gambetta le 28 mars 1869, présenté publiquement le 8 mai avec en réponse la profession de foi du candidat en vue des élections législatives des 23 et 24 mai, est souvent considéré comme acte fondateur chez les républicains. Le lien de Léon Gambetta et de ses électeurs du vingtième arrondissement de Paris est toujours décrit comme exceptionnel, intime. Léon Gambetta proclame partout qu’il parle depuis Belleville, le « mont Aventin de la démocratie française » et ce, en dépit de la fracture constituée par la Commune de Paris. Belleville, laboratoire exceptionnel d’apprentissage conjoint de la démocratie, est présenté en exemple dans toute la France. Le « programme » proprement dit se veut une initiative d’un comité électoral formé en décembre 1868. Le président (Cartigny, ouvrier tisseur) et le secrétaire (Tourneur, facteur de piano) sont chargés de le rédiger, puis de le proposer à Léon Gambetta en avril 1869 pour porter un « programme démocratique-radical ». Le 8 mai 1869, le tribun accepte publiquement ce « programme » et y répond par une profession de foi. Le « Programme de Belleville » est donc en réalité un ensemble de deux textes : une liste de revendications suivie d’une profession de foi. Cette liste rédigée par le comité électoral est qualifiée également de « Cahier des électeurs », de « Cahier de doléances », de « liste de revendications »… Elle constitue un « programme » très précis, caractéristique des revendications de nombreux groupes ouvriers de l’époque : l’application radicale du suffrage universel, l’abrogation de la loi de sûreté générale, la responsabilité des fonctionnaires et leur nomination par élection, un jury populaire pour délits politiques, la liberté de la presse, de réunion, d’association, la séparation de l’Église et de l’État, l’instruction primaire laïque, gratuite et obligatoire, la suppression des octrois, la suppression des gros salaires, la modification du système d’impôts, la suppression des armées permanentes, l’abolition des privilèges et des monopoles, les réformes économiques au nom du principe de justice et d’égalité sociale.
5Si cette liste est en soi classique, la mise en forme que prend la candidature de Léon Gambetta (Cahier des électeurs rédigé par le Comité électoral puis profession de foi) l’est beaucoup moins. Dans un ouvrage maintenant ancien de 1961, Jacques Kayser évoque une conception hardie, novatrice, éphémère, une procédure insolite, conforme au droit et à la tradition des premiers jours de la Révolution6. Jeanne Gaillard, tout à l’inverse, insiste sur une procédure purement 48huitarde et démocrate-socialiste :
« Ce cérémonial, calqué sur les méthodes démocr.-soc de 1849, rend aux électeurs une souveraineté dont l’Empire les avait dépouillés. Le “programme” est établi théoriquement par des assemblées d’électeurs ; quant à Gambetta, il ne représente pas, il accepte le mandat qui lui est offert et passe publiquement contrat avec ses mandants au cours d’une séance enthousiaste des Folies-Belleville le 15 mai 1869 […].
Investi au sens fort du terme, Gambetta refusera les injonctions de ses électeurs de Belleville auxquels il est devenu suspect après les discours de Marseille, il arguera de la souveraineté que lui a conférée l’élection7. »
6Nathalie Bayon évoque une « communauté charismatique » qui remonte à l’expérience des premières plaidoiries de Gambetta8. Dès 1862, ce dernier se fait connaître en défendant l’ouvrier de l’usine Cail, Buette, au procès des « 54 » conjurés qui avaient projeté d’enlever l’Empereur. À cette occasion, Gambetta noue des liens avec le monde ouvrier, véritable sésame à Belleville. Le groupe manifeste une stratégie de conquête des mandats électifs contre les « vieilles barbes » de 1848, représentées à Belleville par Hippolyte Carnot, candidat républicain contre lequel Léon Gambetta va se présenter. Dans ce conflit de génération, Gambetta est considéré comme le leader de la jeunesse depuis sa plaidoirie au procès Delescluze un an auparavant.
7Dans sa récente biographie, Jean-Marie Mayeur évoque une stratégie, loin d’une tactique électorale : « Être non un simple élu, mais un leader indépendant de toute influence de la vieille génération républicaine, radical au sens de ce Programme de Belleville établi avec ses électeurs9. » C’est ce dont témoigne le secrétaire du comité électoral de l’école, A. Tourneur, dans un ouvrage tardif, qui laisse posée la question de toute réinterprétation :
« Cette élection, du reste, avait un caractère tout à fait particulier ; elle était avant tout une élection de principe… les initiateurs de la candidature irréconciliable, voulaient un candidat sans passé politique, pour qu’il eut toute sa liberté d’action ; ils voulaient ensuite, et c’est surtout en cela qu’ils inauguraient une nouvelle méthode, non pas lui imposer un mandat impératif, ce qui leur paraissaient être une mesure incompatible avec la dignité du mandataire, mais établir avec lui, d’un commun accord, une liste de revendications qu’après avoir discutées ensemble, il s’engagerait à soutenir, à la tribune et par ses actes10. »
8Dès 1869, Léon Gambetta précise en effet, ce qu’il entend par « mandat » : un contrat qui suppose la confiance réciproque, mais n’entrave en rien l’autonomie du député. La représentativité n’est pas seulement une nécessité pratique, elle est une mesure de sauvegarde contre les dangers de la démocratie directe. Nous sommes au cœur d’un débat et de négociations sur le degré d’obligation qu’emporte le fait d’accepter et de porter un « programme ». Pour Léon Gambetta, si l’association est la base de toute société républicaine, si le contrat civil constitue la nature même de toute démocratie, c’est parce que l’agrégat d’individus formant le peuple est devenu Nation, a passé contrat politique qui entraîne le progrès individuel de chaque contractant. Comme le montre longuement Claude Nicolet11, Léon Gambetta fait partie de ces républicains largement influencés par l’interprétation de la Loi Naturelle. Le contrat politique devient convention raisonnée, entre des êtres pensants et voulants. Ainsi que l’analyse Paula Cossart12 à propos des meetings politiques, la réunion est considérée comme un lieu de transformation de l’individu en citoyen, idéal démopédique d’exercice et de diffusion de la raison.
9On peut donc évoquer une forme nouvelle d’expression politique. Ce ne sont pas les « comités » traditionnels qui vont introniser Gambetta mais des électeurs qui insistent longuement pour le convaincre d’accepter de porter cette candidature, ce qui donne à voir un lien direct entre l’orateur et son public. Le rôle de la rencontre sera développé ensuite durant une dizaine d’années par Gambetta, acceptant dans un sens de la formule le qualificatif de « commis-voyageur de la République ». Et si pour Gambetta il ne peut être question de mandat impératif, cette notion de mandat qui seule fait exister le « programme de Belleville » et reste floue, n’en est pas moins soulignée par une mise en scène de soi de l’ordre incantatoire. Le pathos n’est jamais loin, pathos largement répandu à l’époque13. Dès 1869, une lettre de Gambetta adressée au comité électoral quelques jours avant la publication du « Programme de Belleville » en témoigne :
« Je me prononce pour la cause la plus juste, la vôtre, et je me considère comme votre homme à la vie et à la mort. Nous vaincrons ou nous succomberons ensemble, c’est le serment qui doit nous lier les uns aux autres et pour toujours14. »
10Cette mise en scène de soi va de pair avec une véritable sacralisation du suffrage universel. Raymond Huard évoque cette valeur émotive du suffrage universel depuis le 10 août 1792 et les 22-24 février 184815. Gambetta affiche une confiance absolue à l’égard du suffrage universel, expression de la souveraineté populaire, « arche sainte de la démocratie ». Prouver sa légitimité au contact des masses électorales, à « l’apostolat incessant du suffrage universel16 » comme il ne cessera de le répéter durant les dix années de fondation de la République. Cette insistance sur l’importance du suffrage universel répond à un antiparlementarisme diffus dans les milieux ouvriers, qui se réfère aux schémas idéologiques des Sans-culottes d’une démocratie directe. Les plus célèbres républicains s’en sont fait également les porte-paroles : Considérant, Ledru-Rollin, Delescluze, Renouvier, Proudhon par exemple. Pour Léon Gambetta, le suffrage universel ne doit pas être remis en cause, quels qu’en soient les résultats. C’est donc le suffrage universel qui donne tout son sens au « mandat » qu’il accepte à Belleville. Sans ce « mandat », pas de « programme » :
« Nous voilà donc réciproquement d’accord. Notre contrat est complet. Je suis à la fois votre mandataire et votre dépositaire. Je fais plus que consentir. Voici mon serment : Je jure obéissance au présent contrat et fidélité au peuple souverain17. »
11C’est tout le sens de l’acte politique engagé qui est en jeu, sens régulièrement reprécisé, travaillé, tout au long des discours de Gambetta entre 1871 et 1881. Ainsi le « Programme de Belleville » ne fait qu’annoncer l’acte fondateur de la République. Léon Gambetta y insiste au banquet d’Annecy, le 1er octobre 1872 :
« On a le devoir de rappeler que [la République] ne faisait pas de conquêtes, qu’elle ne prenait pas de territoires, comme on le fait quand les populations sont considérées comme un bétail ; qu’elle s’arrêtait devant les mœurs, les tendances, les aspirations des peuples pour les respecter dans leur ensemble ; qu’elle savait et qu’elle disait que la force ne fonde rien et qu’un contrat devait toujours être à la base de tout changement, de toute modification, – car la Révolution française aura surtout cette gloire et cet honneur d’avoir substitué, dans les affaires humaines, l’idée de contrat à l’idée d’exploitation et d’arbitraire. (Bravos ! bravos ! – Applaudissements répétés)18. »
12Le 3 octobre 1873, à La Borde, il explique que la bourgeoisie a le devoir de sauver la République en cimentant l’union des catégories sociales par un pacte d’indissoluble alliance ou contrat entre prolétaires et bourgeois. Le 24 juin 1875 à Versailles, il présente le contrat signé entre les anciens et les nouveaux serviteurs de la République comme celui d’une reconnaissance mutuelle. À Château-Chinon, le 27 octobre 1877, il définit le suffrage universel comme un immense contrat solennel. À chaque fois, d’après le sténographe présent, le public applaudit. La République de Léon Gambetta peut donc se définir comme une société d’hommes libres ayant passé contrat.
Un événement discursif paradoxal : quand la forme emporte et résout le fond
13Le « Programme de Belleville » ajourne cependant dès 1869 la question sociale dont les rédacteurs étaient en principe porteurs. Considérant en effet ce « programme » comme un horizon, évoluant au gré des possibles du moment, Gambetta affirme d’emblée qu’il adhère librement, à la déclaration de principe et à la revendication des droits présentées par le comité électoral. Sa réponse aux électeurs est loin d’être sans conséquence :
« j’estime que la série progressive de ces réformes sociales dépend absolument du régime et de la réforme politiques et c’est pour moi un axiome en ces matières que la forme emporte et résout le fond19. »
14L’expression « La forme emporte et résout le fond », répétée à l’envi par les partisans de Gambetta comme par ses détracteurs, semblera résumer à elle seule le « Programme de Belleville » fondateur. En d’autres termes, la priorité est donnée à la fondation des institutions républicaines. Leur fonctionnement permettra de régler progressivement les questions sociales. Il n’existe pas, au singulier, de question sociale. Cette expression peut s’analyser comme une « formule », notion développée en Analyse des Discours par Alice Krieg-Planque20. La « formule » cristallise des enjeux politiques et sociaux qu’elle contribue dans le même temps à construire. Le discours forme « événement ». Cette formule est en elle-même un énoncé théorique, indissociable d’un « programme ». Elle fonctionne comme référent social, une évidence de la formule, qui a un moment donné contraint le débat public, que l’on accepte ou que l’on refuse la formule, et présente un aspect polémique.
15En 1869, l’horizon d’attente du républicanisme permet à des ouvriers d’abord républicains, d’accepter d’ajourner « la question sociale ». À l’époque, A. Tourneur est formel : la majorité de ce comité électoral, formé d’ouvriers, se préoccupait non seulement de la question politique, mais surtout de ce qu’ils appelaient la question sociale.
« Or Léon Gambetta, pressenti à ce sujet, nous avait demandé de l’ajourner jusqu’à la chute de l’Empire, s’engageant à soutenir alors nos justes revendications […] Notre esprit simpliste nous avait fait synthétiser en quelque sorte tous les problèmes sociaux en un seul mot. Mais Léon Gambetta avec son esprit clair et précis remettait tout au point, et indiquait qu’il fallait sérier ces questions pour pouvoir les résoudre21. »
16Au fil des années 1870, la profession de foi de Léon Gambetta exprimée en 1869 à Belleville se résumera souvent à l’expression employée régulièrement par le leader républicain « il n’y a pas une mais des questions sociales ». À terme, pour Gambetta et ses partisans, la République devra reposer sur deux grandes forces politiques : une force conservatrice et une force de progrès. Dans cette logique, la question sociale ne peut plus faire sens. Le 16 novembre 1871 à Saint-Quentin, Léon Gambetta emploie pour la première fois une des variantes de cette « formule » devant un public provincial, très populaire, composé d’ouvriers et de paysans :
« Mais cet avènement du monde du travail, ce triomphe de l’idée de justice dans l’accomplissement des devoirs sociaux, n’est possible, – et c’est pour cela que nous avons foi dans l’idée républicaine, – que dans la République, et c’est ainsi, Messieurs, qu’à la question du progrès des masses se rattache la grande solution des problèmes sociaux, insolubles hors cette forme par excellence, où tous les partis peuvent se mesurer et conquérir le pouvoir sans avoir recours les uns contre les autres, aux entreprises de la force. (Vifs applaudissements)22. »
17La Commune n’est pas loin. Léon Gambetta, d’ailleurs, s’exprime à Saint-Quentin dans l’Aisne et se garde bien, dans un premier temps, de retourner devant son public parisien. D’après le sténographe, Léon Gambetta est vivement applaudi lorsqu’il propose l’idée que « la forme emporte et résout le fond ». C’est la forme, la République, qui porte en elle-même les revendications du « Programme de Belleville » devenu le programme du radicalisme. Cinq ans plus tard, le 27 octobre 1876, cette fois à Belleville, Gambetta est obligé de défendre sa conception :
« Je suis venu ici sous l’empire de deux sentiments : le premier, c’est celui d’avoir intégralement et fidèlement rempli le mandat dont on vous retraçait tout à l’heure les termes énergiques et précis […]
Je viens donc vous rendre mes comptes. Ce mot me plaît, et je suis peut-être le premier qui l’ait employé dans la ville de Paris, car, on le rappelait tout à l’heure, et je ne l’oublierai jamais, c’est à Belleville que j’ai fait alliance avec vous ; mais permettez-moi d’ajouter que l’exécution du contrat est soumise aux changeantes nécessités du temps, et, pour employer un mot que l’on blâme sans le comprendre, à d’inévitables négociations ; car, retenez bien ceci : je ne connais que deux manières de faire de la politique : il faut négocier ou se battre.
(Vive approbation. – C’est cela ! – Très bien !)23. »
18Ces difficultés amusent Le Figaro :
« L’orateur rappelle qu’il a accepté le mandat impératif mais non le mandat impératif comme le comprennent certains radicaux exaltés24. »
19L’ajournement de la « question sociale » dans le « Programme de Belleville » fait écho à la disparition du néologisme « socialisme » dans l’ensemble du champ discursif de la République triomphante. Dans cet acte de langage, le choix d’évitement du mot devient manifeste. L’historien des discours ne peut se contenter d’y voir une simple recomposition de l’échiquier politique. L’acte de langage est en lui-même action, en l’occurrence volonté de fonder la République dans le dépassement même du « socialisme ». Ce dépassement peut être considéré comme aboutissement du « Programme de Belleville » de 1869, renouvelé sous la forme d’un « manifeste du XXe » lors des élections législatives du 20 février 1876. Là encore, la démarche est celle d’un « programme » accepté ensuite par un candidat lors d’un discours prononcé le 15 février.
20Le président du comité électoral, M. Métivier, conseiller municipal, présente ce « manifeste », qui commence par un très long rappel de l’histoire des liens entre Gambetta et ses mandataires :
« Il y a 7 ans (il y a un siècle, si l’on mesure la durée du temps à l’accumulation des événements douloureux et terribles d’où la France est sortie meurtrie et démembrée), après le coup de tonnerre du procès Baudin, la démocratie républicaine du 20e arrondissement, pressentant l’homme d’État dans le tribun, est allée à vous et vous a confié un mandat d’opposition irréconciliable contre les hontes de l’empire25. »
21M. Métivier décrit la chute de l’Empire puis en présente les conséquences :
« Alors votre mandat se transforma et s’agrandit. Il était, nous ne dirons pas exclusivement mais surtout politique ; il devint avant tout patriotique. C’était un mandat d’opposition à un gouvernement oppresseur, il devint un mandat de guerre contre l’envahisseur, un mandat de défense nationale26. »
22Après la proclamation de la République, Gambetta montre la voie de la sagesse, d’une méthode politique nouvelle s’inspirant des méthodes de la science moderne.
« Le mandat tient-il toujours ? Et bien ! oui, tel qu’il s’est transformé sous l’action impérieuse des événements et des circonstances, le mandat tient toujours et plus que jamais27. »
23La liste des mesures qu’il contient, contrairement à 1869, sera courte :
- la constitution de 1875 comme point de départ
- une pratique sincère et loyale dans le cadre de cette constitution jusqu’en 1880 (date prévue de sa révision) ;
- un développement pacifique et régulier des améliorations possibles.
24Pas de profession de foi en regard du manifeste, mais un discours de Gambetta lors d’une réunion électorale réunissant 2000 électeurs qui voteront pour sa candidature à l’unanimité. Le Siècle, journal, libéral, de référence mais en déclin s’adressant essentiellement à un lectorat de commerçants et industriels évoque un « remarquable manifeste28 ». De son côté, le Figaro, qui touche une bourgeoisie certes républicaine, mais beaucoup plus conservatrice, y voit « un mandat fort incolore, mais aussi fort élastique29 ».
25De fait, le discours de Gambetta le 15 février 1876 ne dit rien de plus que le « manifeste » et rappelle inlassablement la méthode politique nouvelle, celle de l’opportunisme. Aucune des revendications très précises du « programme » de 1869 n’est toutefois abordée. Les critiques fusent à l’extrême-gauche et le 27 octobre 1876, Gambetta se rend à nouveau devant son public de Belleville. L’ouverture de la séance est une fois encore assurée par le M. Métivier qui s’exprime en ces termes :
« Certains trouveront que ce mandat est large et peu défini dans ses termes. Nous le faisons ainsi en connaissance de cause et avec préméditation. Nous indiquons et vous acceptez le but : la République définitive, progressive et largement démocratique. Des voies et moyens, ni les uns ni les autres nous ne sommes maîtres… Et d’ailleurs entre vous et nous il y a un lien qui nous est cher et que nul ne voudrait rompre : vous êtes né à la vie politique ici. Ce sont les républicains du 20e arrondissement, les Bellevillois, pour emprunter à la réaction un de ses plus chers vocables, qui vous ont donné votre premier mandat. Nous nous honorons d’avoir contribué à votre fortune politique, et nous vous disons : Vous avez notre approbation pour le passé ; pour l’avenir, vous avez notre confiance, et vous en userez pour le bien de la France et la constitution définitive de la République. (Applaudissements et cris nombreux de : Vive la République !) C’est là un blanc-seing bien plutôt qu’un mandat dans l’acceptation ordinaire et rigoureuse du mot ; mais blanc-seing ou mandat défini, cet acte, tel qu’il a été délibéré et voté à l’unanimité du comité électoral, a été acclamé par l’Assemblée du 14 février ; il a été accepté par le candidat et ratifié par le vote souverain de plus de 22 000 électeurs30. »
26Les Droits de l’Homme, journal d’extrême gauche dans lequel écrit Jules Guesde, attaque aussitôt Gambetta, considérant que la politique opportuniste n’aurait ni pu prendre la Bastille, ni renversé la monarchie de 1848, ni résisté au coup d’État en 1851. L’Homme libre, le tout nouveau journal de Louis Blanc – le républicain de 1848 « ami des ouvriers » –, critique le discours de Gambetta à Belleville le 28 octobre 1876, dans lequel il ne voit rien d’autre que des réformes mûres depuis 80 ans. La République Française, journal de Gambetta, non seulement publie l’intégralité du discours mais encore répond à Louis Blanc sur la nécessité de travailler dans le « détail », rappelant de façon incantatoire la méthode politique nouvelle, celle des « résultats ». Le Petit Parisien considère ce discours comme l’un des plus heureux et Le Petit Journal dénonce la calomnie de l’extrême-gauche : « Les épithètes de “traitre” et de “vendu” sont presque des aménités dans ce concert d’imprécation31. » Ces deux titres s’adressent à un lectorat républicain populaire, le Petit Journal étant socialement plus conservateur.
27La formule qui accompagne le « programme » de 1869, « la forme emporte et résout le fond », celle qui est censée justifier la méthode politique nouvelle fondée sur l’union, forme de mandat blanc-seing, n’est plus recevable pour l’ensemble des républicains qui se divisent dès lors.
Un programme au service de la rhétorique opportuniste
28La forme, celle de la République, constitue un topos pour les électeurs de Gambetta : une assemblée unique, qui choisit et délègue l’exécutif sur le modèle de la Convention. Les lois constitutionnelles de 1875 verront naître une République parlementaire à deux chambres. Gambetta, au nom de sa méthode opportuniste de réformes progressives, choisit Belleville, le 23 avril 1875, pour argumenter en faveur de l’acceptation du Sénat. Nous avons là une scène d’énon32où la dramaturgie, dimension constructive du discours, s’avère particulièrement efficace. Le rôle que le locuteur choisit de se donner et d’assigner à ses partenaires permet de mettre en évidence le fonctionnement du rôle fondateur que constitue le « Programme de Belleville ».
29Le discours du 23 avril 1875 à Belleville est considéré dans les ouvrages actuels comme celui du grand reniement de Léon Gambetta, et par conséquent comme celui du grand jeu rhétorique. En effet, dans un discours prononcé le 28 février 1873 devant l’Assemblée nationale, Léon Gambetta avait condamné catégoriquement l’idée d’un Sénat dans la constitution républicaine. Or le 23 avril 1875, devant le public populaire de Belleville, il démontre le bien-fondé d’une seconde Chambre. Léon Gambetta a donc évolué en fonction du contexte. Dans les derniers mois de 1874 et les premiers de 1875, Léon Gambetta prend une part très active aux tentatives de conciliation entre les diverses fractions de la gauche et du centre droit, pour amener une transaction sur l’adoption des lois constitutionnelles. Il parle peu devant des publics populaires. Il n’est donc pas anodin que Léon Gambetta choisisse précisément Belleville pour s’exprimer en cette année de creux. Léon Gambetta évoquera successivement, pour nommer son public, les expressions d’électeurs, de citoyens, de commettants, de concitoyens, puis à nouveau de commettants doublés de juges naturels. Sans le « Programme de Belleville », fondateur, point de discours en 1875. En son nom, le tribun se permet d’incarner une forme d’évolution pragmatique que d’aucuns qualifieront d’opportuniste33.
30L’introduction de ce long discours cherche la connivence avec le public, évoquant des souvenirs communs anciens, fondateurs de leur rencontre :
« Mes chers concitoyens,
Dans toutes les difficultés de la vie politique, depuis le jour où vous m’en avez ouvert les portes, je n’ai jamais oublié, je n’ai jamais cessé d’avoir toujours présente à l’esprit la dette que j’avais contractée envers vous, qui avez été mes premiers électeurs […] Cette union, Messieurs, nous ne l’avons pas, si vous vous le rappelez, contractée à la légère, et, puisqu’on a ramené la pensée de l’auditoire sur ce souvenir qui m’est cher, sur ces commencements de notre vie politique commune, je tiens à rappeler d’un mot ce qui nous a liés ensemble, lorsque vous voulûtes bien jeter les yeux sur l’homme qui est aujourd’hui devant vous. Nous avons commencé par arrêter d’avance, après les avoir débattues librement, les conditions, les stipulations du contrat qui devait nous associer. C’est un exemple que nous tenions à donner à toute la démocratie française ; c’est un exemple qui n’a pas été perdu, mais qui, non plus, ne s’est pas suffisamment généralisé. Mais l’idée était juste et bonne ; elle a pris naissance ici : elle a grandi ; elle se développera dans l’avenir. (Oui ! Oui ! – Bravos.)…
Voulez-vous savoir la cause de ma présence, ce soir, parmi vous ? Citoyens, je viens demander à ceux qui furent mes premiers commettants : Est-ce que le contrat tient toujours ? (Oui ! Oui ! – Bravos et applaudissements prolongés.)34 »
31Cette introduction emploie le passé simple et souligne l’aspect événementiel de l’acte fondateur. D’après le sténographe, le public réagit souvent. En introduction, Léon Gambetta situe le « Je » face au « Vous » des commettants, dans le cadre du « Nous » que forme le contrat. L’image que Léon Gambetta cherche à donner de lui correspond donc en partie à leur vécu commun. « Je » se présente comme étant resté toujours le même. « Je » a alors pour rôle d’être le traducteur de la pensée du « Vous ». En conclusion, Léon Gambetta modifie manifestement son ethos préalable, celui induit par sa posture de leader opportuniste : « Je ne fais pas de programme… » ; « Mon programme c’est le vôtre » pour en revenir au « Nous » en évoquant les « questions qui nous tiennent à cœur ». Le locuteur se construit dans cette mise en scène rhétorique qui trouve sa justification dans le rôle même du « Programme de Belleville ». L’ethos discursif du « Nous » efface l’ethos préalable de leader. La célèbre formule « La forme emporte et résout le fond » justifie donc, par principe, l’opportunisme ou programme politique fondé sur un réformisme progressif. D’où des relectures permanentes du « programme » qui ne gênent en rien l’orateur.
32Gambetta, partisan d’un exécutif fort, et ce, dès le discours du 19 avril 1870 à Bordeaux, passe totalement sous silence, entre 1871 et 1882, deux revendications du « Programme de Belleville de 1869 ». Dans aucun de ses 84 discours devant des publics populaires, Gambetta n’évoque réellement l’élection de fonctionnaires qui figure pourtant dans le « Programme de Belleville ». Il est longuement question de fonctionnaires, lesquels devraient être loyaux à la République (et donc du problème des fonctionnaires issus de la période impériale ou de l’Ordre Moral). Mais la question de l’élection se noie dans l’ambiguïté.
« Ce gouvernement ne rencontre devant lui d’entraves, d’embarras et d’obstacles que de la part de fonctionnaires qui sont chargés de le protéger, de le servir et de le défendre, et qui, ayant reçu le mandat de soutenir la Constitution du 25 février, la livrent à toutes les entreprises de ses pires ennemis, et ne cherchent qu’à recruter, à coaliser contre elle toutes les oppositions. (C’est cela ! – Très bien ! – Applaudissements)35. »
33Il n’est pas question d’élection, mais néanmoins le terme de mandat est employé, terminologie tellement flottante qu’elle ne signifie rien sur le plan institutionnel. Néanmoins, là encore, elle fonctionne de façon incantatoire si l’on considère les réactions du public. En revanche, à Grenoble le 26 septembre 1872, à Nantes le 16 mai 1873, à Château-Chinon le 27 octobre 1877, Gambetta évoque clairement la nécessité de fonctionnaires certes réclamés par la majorité, mais choisis et placés par le gouvernement. Le « Programme de Belleville » est alors clairement balayé.
34Quant aux armées permanentes dont le « Programme de Belleville » réclame la suppression, il n’en est jamais question dans les discours. Lors de l’enquête parlementaire à propos du 4 septembre 1870, Gambetta dira qu’il n’a jamais été de ceux qui attaquent les armées permanentes. Et l’on y voit bien les raisons de l’ancien chef du Gouvernement de la Défense Nationale. Ces silences volontaires ne passent pas pour autant inaperçu.
35Lors d’une joute oratoire se déroulant à la Chambre des députés les 16 et 19 juin 1877, un mois après la « crise du 16 mai ». Le ministre de l’Intérieur, Fourtou, vient y lire un message du président de la République, Mac-Mahon, annonçant la dissolution de la Chambre. Puis le ministre attaque l’opportunisme, non pas radicalisme corrigé, adouci, mais radicalisme patient, caché qui se ménage pour mieux surprendre le pays endormi. Il lit ensuite le fameux « Cahier » de Belleville de 1869, que Gambetta commente par diverses interruptions36.
36Nous sommes là, dans une réécriture du « Programme de Belleville », presque à deux voix. Le Ministre reprend « ce programme », presque terme à terme, pour dénoncer le programme opportuniste :
« Et de ce combat entre l’esprit conservateur et l’esprit révolutionnaire, nous avons vu, tantôt sur notre régime financier, tantôt sur l’organisation du service militaire, tantôt sur le jury, tantôt sur la presse, tantôt sur le droit de réunion et d’association, et jusque sur la constitution même de la famille, nous avons vu sortir des propositions qui formaient par leur ensemble, un vaste plan d’attaque lent, continu, progressif, contre tout ce qui est une force sociale et une garantie conservatrice. (Applaudissements à droite)37. »
37Pour conclure, le « Programme de Belleville » ne peut être considéré comme un texte simple et figé. Perpétuellement retravaillé, enjeu de multiples lectures, acte souvent incantatoire, il circule entre discours devant des publics populaires, discours à l’Assemblée et au Sénat, presse, qu’elle soit partisane ou d’opposition. Ces actes de langage, qui vont de pair avec la naissance d’un « métier parlementaire38 », s’inscrivent les uns et les autres dans l’événement discursif fondateur de la République. Dans ces premiers temps de la Troisième République, héritière des expériences de la Grande Révolution et de 1848, la notion de « programme » pour Léon Gambetta dépasse très largement le simple enjeu d’une législature. La définition même du mandat électif, de la nature du lien entre mandants et mandataires est en jeu. Tout se passe comme si le lieu de fondation de la République ne pouvait pas se suffire des instances institutionnelles. De façon plus générale, le travail d’invention de ce qu’est un programme politique ne peut trouver légitimité que dans l’interaction entre Léon Gambetta et ses publics populaires. En 1869, le monde ouvrier républicain accepte la vision classique des Lumières, celle où les représentants ne sont pas des porteurs de votes mais les interprètes souverains d’une volonté générale39 ce que pratique de fait Léon Gambetta durant toute la période 1870-1880. Une fois la République installée, le contrat issu du « programme » ne peut plus tenir aux yeux d’un monde ouvrier revendiquant la question sociale. Le « Programme de Belleville » de 1869, porteur d’une tension paradoxale entre l’horizon d’attente d’une République sociale Une et Indivise et l’horizon d’attente d’une République démocrate-socialiste, devient dès lors une pierre d’achoppement entre républicains.
Notes de bas de page
1 Huard R., Le Suffrage universel en France. 1848-1946, Paris, Aubier, 1991, p. 91.
2 Sources retenues ici : Gambetta L., Discours et plaidoyers politiques, rassemblés par Joseph Reinach, Paris, Charpentier, 1881 (11 volumes) ; Tourneur A., Gambetta en 1869. Belleville et Marseille, Paris, Tallandier, 1904 ; Presse consultée (mai 1869, avril 1873, février et octobre 1876, juin 1877) : Les Droits de l’Homme, Le Figaro, L’Homme Libre, Le Petit Journal, Le Petit Parisien, La République Française, Le Siècle. Le mode de traitement de ces sources privilégie le cadre théorique de la rhétorique argumentative. Voir à ce propos Koren R., Amossy R. (dir.), Après Perelman : quelles politiques pour les nouvelles rhétoriques ? L’argumentation dans les sciences du langage, Paris, l’Harmattan, 2002.
3 Guilhaumou J., Discours et événement. L’histoire langagière des concepts, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2006. Un événement discursif se définit par rapport à l’inscription de ce qui est dit à un moment donné dans des configurations d’énoncés. Un énoncé est en lui-même un acte, crée l’événement. De façon plus large, les individus-membres d’une société, pris dans des rapports intersubjectifs de communication, utilisent le langage naturel comme contexte, ressource et thème interprétatifs, donnant un sens à leur acte par la médiation d’un discours à forte valeur réflexive.
4 Koselleck R., Le Futur passé : contribution à la sémantique des temps historiques, Paris, EHESS, 1990.
5 Antonmattei P., Gambetta, héraut de la République, Paris, Michalon, 1999 ; Amson D., Gambetta ou le rêve brisé, Paris, Tallandier, 1994 ; Barral P., Léon Gambetta. Tribun et stratège de la République (1838-1882), Toulouse, Privat, 2008 ; Gaillard J., « Gambetta et le radicalisme entre l’élection de Belleville et celle de Marseille en 1869 », Revue Histoire, t. 256, no 519, 1976, p. 73-88 ; Mayeur J. M., Léon Gambetta. La Patrie et la République, Paris, Fayard, 2008.
6 Kayser J., Les Grandes Batailles du radicalisme. 1820-1901, Paris, CNRS, Marcel Rivière, 1961.
7 Gaillard J., art. cité, p. 79.
8 Bayon N., « Jeunesse et genèse d’un groupe politique : le “groupe gambettiste” », Revue d’histoire du XIXe siècle, no 20-21, 2000 [En ligne].
9 Mayeur J. M., Léon Gambetta. La Patrie et la République, Paris, Fayard, 2008, p. 55.
10 Tourneur A., Gambetta en 1869. Belleville et Marseille, Paris, Tallandier, 1904, p. 24.
11 Nicolet Cl., L’Idée républicaine en France. Essai d’histoire critique, Paris, Gallimard, 1982, p. 339-340.
12 Cossart P., Le Meeting politique, de la délibération à la manifestation (1868-1939), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2010.
13 Cossart P., op. cit., p. 182-195.
14 Tourneur A., op. cit., p. 76.
15 Huard R., op. cit., p. 30.
16 Gambetta L., « Discours au banquet de la jeunesse », 19 avril 1870, Discours et plaidoyers politiques, rassemblés par Joseph Reinach, Paris, Charpentier, 1881, vol. I, p. 253.
17 « Réponse au Cahier de mes électeurs », 8 mai 1869, Discours et plaidoyers politiques…, op. cit., vol. I, p. 423.
18 Discours et plaidoyers politiques…, op. cit., vol. III, p. 185.
19 « Réponse au Cahier de mes électeurs », 8 mai 1869, Discours et plaidoyers politiques…, op. cit., vol. I, p. 423.
20 Krieg-Planque A., La Notion de « formule » en analyse du discours. Cadre théorique et méthodologique, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2009.
21 Tourneur A., op. cit., p. 213.
22 Discours et plaidoyers politiques…, op. cit, vol. II, p. 181.
23 Discours et plaidoyers politiques…, op. cit, vol. VI, p. 159.
24 « Monsieur Gambetta à Belleville », Le Figaro, 28 octobre 1876, p. 2.
25 Réunions publiques du xviiie et du xxe arrondissements de Paris, 15 février 1876, Discours et plaidoyers politiques…, op. cit, vol. V, p. 143.
26 Ibid., p. 144.
27 Ibid., p. 148.
28 Le Siècle, 17 février 1876, p. 2.
29 « Paris au jour le jour », Le Figaro, 17 février 1876, p. 2.
30 Discours et plaidoyers politiques…, op. cit., vol. VI, p. 157.
31 « L’Opportunisme », Le Petit Journal, en Une, 30 octobre 1876.
32 Maingueneau D., « Scène d’énonciation », Dictionnaire d’analyse du discours, Paris, Le Seuil, 2002, p. 516.
33 De son discours à l’Assemblée du 12 février 1875 date l’expression de cet « opportunisme » critiqué ouvertement par les « intransigeants » Louis Blanc et Alfred Naquet.
34 Discours et plaidoyers politiques…, op. cit., vol. IV, p. 300.
35 Discours d’Avignon, 9 février 1876, Discours et plaidoyers politiques…, op. cit., vol. V, p. 87.
36 Discours sur la constitution du cabinet du 17 mai (interpellation des gauches), 16 et 19 juin 1877, Chambre des députés, Discours et plaidoyers politiques…, op. cit., vol. VII, p. 102.
37 Ibid., p. 104.
38 Mayeur J.-M., Chaline J. P., Corbin A. (dir), Les Parlementaires de la Troisième République, centre de recherche en histoire du XIXe siècle, Paris, publication de la Sorbonne, 2003.
39 Gueniffey P., « La difficile invention du vote », L’expérience révolutionnaire du suffrage et ses apories, Le Débat, no 116, 2001, p. 17-31.
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