Chapitre II. L’éducation des enfants Bodreau
p. 129-150
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Texte intégral
1Quittant les mains maternelles, les enfants deviennent l’objet des soins éducatifs des pères de famille. Dès qu’ils entrent dans « l’âge de raison », leur éducation se poursuit hors de la cellule familiale et une distinction s’opère entre les frères et les sœurs, les garçons seuls accédant véritablement au savoir. Ils vont suivre une formation scolaire et universitaire spécifique à chacun, mais dictée, dirigée et supportée par les aînés.
2Si « sous Louis XIV l’enseignement se généralise et se démocratise1 », sous le règne d’Henri IV, la capitale du Maine peut s’enorgueillir de posséder, depuis trois quarts de siècle déjà, un collège qui permet aux chefs de famille manceaux d’assurer les premières années d’école de leurs fils. Ainsi que de nombreuses familles de la ville, les Bodreau se sont préoccupés de l’éducation scolaire de leurs garçons, mais la vie n’a pas permis à tous les quatre d’assumer cette tâche dévolue au père. Julian et Julien ont pu suivre les années d’études de leurs fils, mais il n’en fut pas de même pour Jehan et Charles disparus avant que leurs enfants n’aient grandi, comme nombre de leurs contemporains. Les conditions de vie au xviie siècle sont bien difficiles dans la capitale mancelle et il n’est pas rare de se retrouver orphelin dès l’enfance.
3À la fin de l’année 1631, Magdeleine, l’épouse de Julien, perd son frère aîné « tombé malade à l’abbaye de l’Épau ». Julien note ce décès sur le petit livre lu par Henri Chardon et relève que Pierre Berault a trois jeunes enfants. Sur le même livre, en 1636, il écrit la mort « de Noël Rousseau, notaire royal, [s]on élève » et, en une courte phrase, il exprime l’inquiétude que provoque le décès du soutien de famille : « il laisse deux petites filles ». Le père disparu, l’avenir des orphelins est bien sûr compromis. Il est donc nécessaire aux hommes de la famille de suppléer à l’absence paternelle.
La mise sous curatelle
4Après la mort de Jehan en 1582, la rédaction du Livre est suspendue pendant sept ans et ce n’est qu’en 1589 que Julian la reprend. C’est alors qu’il donne quelques indications, trop brèves, sur ces années muettes. Deux ans après son veuvage, lorsqu’en 1584 la peste la terrasse, Macée se trouve à Souligné-sous-Vallon « où elle estoit allé demeurer avec ung nommé Jehan Charpentier » [f°17]. Or, remarquera plus tard son petit-fils Julien, « femme coustumiere qui se remarie perd la tutelle de ses enfants mineurs et leur doit justice pourvoir de tuteurs2 ». La veuve de Jehan laisse deux jeunes orphelins : Julian âgé de douze ans et Jacques qui a sept ans. Qui s’en est occupé entre 1582 et 1584 ? Demeurent-ils au Mans dans la maison du faubourg Saint-Jehan qui brûlera le 29 novembre 1589 lors de la soumission de la ville à Henri IV ? Julian écrit que tous deux habitent chez les époux Ledru à partir du 14 septembre 1584, quelques jours après le décès de leur mère, et qu’ils y restent jusqu’au 9 décembre 1593, jour où Julian, âgé de vingt et un ans, décide de vivre seul avec son frère de seize ans. Le couple Ledru du faubourg Saint-Jehan qui se charge, en 1584, des deux jeunes garçons Bodreau à mener de l’enfance à l’âge d’homme, remplaçant des parents trop tôt disparus et apportant à ces enfants l’éducation religieuse solide et la profonde humanité dont ils feront preuve tout au long de leur vie, reste très présent dans le souvenir de Julian qui consacre six lignes de son Livre – autant que pour l’évêque du Mans3 décédé au même moment – à relater les inhumations des deux époux morts les 28 et 29 juin 1601. Les années passées chez les Ledru sont, pour Julian et Jacques, celles du collège. Ce sont aussi les années qui permettent aux deux frères, privés à la fois de l’autorité et de l’affection paternelle et maternelle, de forger les liens qui ne se dénoueront jamais. Ces deuils cruels ont sans doute fait de Julian le frère aîné affectionné et le père attentif, voire possessif, qu’il sera.
5Jacques Bodreau, marié deux fois et veuf depuis deux ans, meurt à quarante-cinq ans laissant
« quatre enfants scavoir sa fille aisnée et de deffuncte Anne Pelard sa première femme aagée de quinze ans quatre moys. Michel, René et Catherinne les Bodreaux de la dicte Gilles sa seconde femme aagés scavoir ledict Michel de huit ans et demy ledict René de cinq et ladicte Catherinne de quatre ans » [f°77].
6Que vont devenir ces enfants ? Jacques, malade, a rédigé son testament quelques mois avant sa mort. Il « nomme pour curateur [de Anne] Me Jehan Bellanger sieur de La Motte recepveur du domaine du Roy au Mans son cousin germain4 » ainsi que son frère Julian et, en cas de décès de celui-ci, son neveu Julien. « Pour curateur a ses enfans du second lict Me Jullian Bodreau son frere5 » est également nommé par Jacques. La solidarité fraternelle que Julian a toujours montrée envers Jacques s’exprime par l’acceptation de la prise en charge de ses orphelins et il est « nommé curateur par les parens et institué par Mr le bailly de la provosté de ceste ville le VIe juin 1622 » [f° 77]. Les jeunes orphelins sont donc confiés à leur oncle paternel, aidé également par les membres de la famille maternelle pour ce qui concerne les enfants de la seconde femme de Jacques, puisque maître Claude Gilles6 a été nommé leur curateur particulier par le même jugement. Jacques a spécifié que la curatelle de Julian envers les trois enfants de son second lit doit cesser au mariage d’Anne Bodreau, sa fille aînée issue de son premier mariage. Cette dernière doit être mariée « a personne capable pour exercer sa curatelle de ses freres et sœur au lieu et place dudit Me Jullian Bodreau7 ». Anne, perdant sa mère à dix mois, a vécu son enfance au sein du nouveau ménage de son père remarié avec Catherine Gilles, alors qu’elle atteignait ses deux ans. Elle a vu naître cinq demi-frères et sœurs, mais deux d’entre eux sont morts à la maison âgés de deux et trois ans. À treize ans, après le décès de sa belle-mère, Anne Bodreau demeure seule avec son père Jacques pour élever ses demi-frères et sœur, Michel six ans, René trois ans et Catherine deux ans. Jacques mourant deux ans plus tard, les enfants sont dispersés dans la famille. Anne est accueillie par son oncle Julian chez lequel elle passe les trois années de jeunesse qui la séparent de son mariage à dix-huit ans en 1625 avec le sieur de Vaubarré, noble Louis Foussard. Mais ce dernier ne respecte pas les dernières volontés de Jacques et n’assume pas la curatelle des demi-frères de son épouse ; sept ans plus tard, un procès8 a lieu à ce sujet. En 1634, Julian écrit qu’il entretient encore René, son neveu âgé de dix-sept ans. Ce dernier fera de longues études de médecine que Julian assumera « à mesme son revenu » [f°94], tout comme il a soutenu les années de pension « aux écolles des Jésuistes à La Flesche » [f°92v°] de Michel, le frère de René. Jacques a laissé quelques rentes à cet effet. La petite Catherine, demi-sœur d’Anne, loge un temps chez son oncle l’avocat Claude Gilles, sieur de la Fichardière, « avec lequel elle estoit en pention » [f°93v°], jusqu’à l’âge de quatorze ans. Julian la prend alors chez lui : elle vient « demeurer en mon logis et avec moy comme pentionnère » [f°93v°], écrit le notaire en 1632. L’avocat Claude Gilles meurt l’année suivante, le 19 décembre 1633 ; était-il déjà malade au départ de sa nièce ? Catherine habite la grande maison de la rue Dorée chez Julian, son oncle paternel, qu’elle voit mourir en juin 1636 alors qu’elle a dix-huit ans ; son cousin Julien avocat reprend la curatelle9 que son père exerçait sur elle et ses frères, René et Michel. Au moment de la mort de Catherine, Julien écrira : « mon deffunct père estoit son parain et fut son curateur et moy après luy j’ay continué la charge jusques à ce qu’elle fust mariée » [f° 177 v°]. Lorsqu’au mois de février 1637 l’avocat vient « demeurer en la maison de [s]on deffunt père » [f° 97], sa propre mère lui laisse la spacieuse bâtisse de la rue Dorée et se « retire en une petite chambre » [f° 97] ; nous ne savons alors si Catherine demeure toujours chez Julien. Il nous est permis d’en douter car le 28 janvier 1640, son mariage se déroule chez son oncle maternel l’apothicaire Jean Gilles [f°106v°] où elle habite peut-être. Cette entraide bien organisée par les familles paternelle et maternelle a permis aux enfants de Jacques de rester fortement liés, de faire de solides études et de bons mariages ; mais il n’est pas toujours possible de se charger ainsi de l’éducation et de l’entretien des enfants d’autrui, fussent-ils de la famille.
7Dans les toutes premières années de son mariage, Charles doit recueillir l’un de ses neveux devenus orphelins10 et il remarque : « je [le] noris pour deux ans gratis » [f°227v°]. Généreux, il ajoute : « je leur donne » [f°227v°], mais sans doute cette assistance lui coûte-t-elle vraiment car l’année suivante, la grand-mère Pageot tutrice des orphelins étant décédée, il obtient la « décharge de la curatelle [des] enfants qui estoient au nombre de sept » [f°230v°] ; Me Louis Morice11, oncle paternel des enfants, en prendra la responsabilité. Dans son ouvrage sur les Coutumes, Julien précise que :
« Combien que les parens des mineurs soient obligez par le droict, et par le devoir de nature d’accepter la charge de curatelle quand ils sont nommez, toutefois il se trouve des causes qui en excusent, qui sont assez amplement deduites par le droict Romain, comme le nombre des enfants doit estre de cinq vivans et nez : tellement que – in ventre est non excusat a tutela dicta –… ceux qui ont trois tutelles12. »
8Oncle par alliance de ces enfants, Charles s’est s’adressé au tribunal pour avoir gain de cause « par appel du jugement de la provosté par jugement du Présidial » [f°231]. Soulagé, il s’exclame : « Dieu soit loué » [f°231]. On comprend quel poids peut représenter la tutelle soudaine de sept enfants pour un avocat débutant qui vient de se marier. Cependant, au moment où le couple de son beau-frère disparaît, Charles hérite de son propre père : est-ce la raison qui avait déterminé, en un premier temps, le jugement de la prévôté ? Plus tard en 1684 – et personne ne le notera sur le Livre délaissé – Julien le dernier fils de Charles, orphelin, sera pris en charge par son oncle paternel qui lui fera vendre13 les meubles de son héritage pour payer ses études à La Flèche et sa pension chez lui-même, Mathieu Chesneau.
9Julian et Julien ont vécu assez longtemps pour voir leurs enfants devenir adultes et ils se sont préoccupés de l’éducation des jeunes de la famille. Dans un premier temps, les garçons sont confiés à l’institution des Écoles de Saint-Benoît, puis quelques-uns sont envoyés poursuivre leurs études hors du Mans. Quant aux filles, elles passent la plupart des années de « l’âge jeune » à parfaire leur éducation au sein de la famille et ne quittent pas la maison.
Les fils Bodreau : « estudiants au colliaige »
10Des Ledru, famille d’accueil des deux fils de Jehan, nous ne savons presque rien ; mais c’est au cours des neuf années vécues sous leur toit que Julian – et probablement Jacques – fréquente le collège Saint-Benoît. Julian en fait mention à la page de garde du Livre de famille où il écrit ces lignes :
Livre apartient à Jullian Bodreau
pour ce présant estudiant au
coilliaige Sainct Benoist
filz dudit deffunct Jean Bodreau
Julian Bodreau 1586 [f° 1].
11Julian, âgé alors de quatorze ans, n’est déjà plus un enfant, mais nous ne savons combien d’années il a passé au collège Saint-Benoît. Il ne dit rien des années d’école de son petit frère Jacques, mais sans doute ce dernier a-t-il suivi les traces de son aîné avant d’être « commis au greffe criminel de la sénéchaussée du Maine » [f° 76].
12Devenu notaire royal et père de famille, Julian se préoccupe de l’éducation de « [s]on filz unicque » [f°64] et il l’inscrit au collège dès son plus jeune âge. Avec quelle fierté écrit-il : « le mardy 20e febvrier 1607 mon filz a esté roy des coqs et vitorian au collège Sainct Benoist de ceste ville » [f°38], précisant qu’il n’a alors que « 7 ans et demy » [f°38] ! Un coq « signifie figurément un notable bourgeois, ou l’habitant d’une paroisse qui s’y est mis en autorité et gouverne tous les autres14 ». Le fils du notaire fréquente le collège en compagnie des fils de la majorité des bourgeois manceaux15, c’està-dire des « coqs », et il en est le meilleur élève en cette année 1607 puis-qu’il obtient le titre de « roy des coqs et vitorian ». Ce petit garçon semble bien précoce pour recevoir de telles distinctions à l’âge où la plupart des élèves sont admis à l’école, « l’âge de la scolarité étant en moyenne de six à douze ans16 ». Julien a la chance de demeurer en ville et d’être à deux pas du collège réputé de Saint-Benoît. Lors de la nomination de son fils comme « vitorian », le notaire raconte que « le jeudy ensuyvant, les escolliers dudit collège firent monstre et allèrent au gué de Maulny plusieurs enfans estans à cheval et habillez » [f°38]. Il précise que la récompense est donnée « le mardy 20e febvrier » [f° 38] et que la fête a lieu « le jeudy ensuivant » [f° 38], mettant l’accent sur la modernité du collège de Saint-Benoît puisque « le beau jeudi est une invention du xviie siècle17 ». On attend peut-être aussi la détente permise par la célébration de la mi-carême pour mêler les fêtes. Nul doute que ce défilé est regardé et suivi par les habitants de la ville, qu’ils aillent à la chapelle du Gué de Maulny se situant entre le palais et la cathédrale à un quart de lieue du collège Saint-Benoît, ou qu’ils se rendent au lieu du gué de Maulny sur l’Huisne. Cet endroit, éloigné d’une lieue du collège Saint-Benoît, est un but de promenade18 hors les murs de ville. Puis la petite procession s’arrête chez les Bodreau et la fête s’achève en apothéose chez le notaire qui « donne la collation au retour » [f°38] aux enfants et à leurs régents. Julien se montre bon élève dès ses premières années de collège et il gardera toute sa vie de très bonnes relations avec deux de ses maîtres, le principal Jacques Marsault et le régent Jean Portier. Cependant, il n’évoque jamais ces années, et il n’écrit rien de celles que son fils Charles passe au collège pendant cette adolescence que les Bodreau taisent tant.
13Né en octobre 1632, Charles devait aller au collège à partir de 1638 ou 1639, or ce sont les années où les Escoles de Saint-Benoît périclitent. Les études de Charles ont dû en être perturbées, mais son père n’en dit rien quoiqu’il entreprenne la rédaction du Livre justement en 1637. Une seule allusion à ses propres études apparaît dans la rédaction de Charles, mais elle est bien évasive. En 1667, à l’occasion du jubilé, il note le prêche fait par « Mr Reveillon de ceste ville docteur en Sorbonne » [f° 242] précisant que ce dernier est « [s]on camarade d’escolle agé au plus de XXXV ans » [f°242], c’est-à-dire de son âge, mais Charles ne nomme pas l’établissement fréquenté alors. Nous ne savons quelles ont été les années d’école de Charles mais elles n’ont certainement pas revêtu le caractère brillant de celles de son père. Il suffit de remarquer l’orthographe erronée et le style maladroit des folios du Livre écrits de sa main. Le mauvais graphisme et le manque de soin relevés dans ces pages sont des maladresses que nous pouvons peut-être imputer à la demie cécité de Charles. Quant aux études de ses propres enfants, sa fille Marie née en 1660 et son fils Julien né sept ans plus tard, Charles n’en parle jamais. À la mort de Marie Morice veuve de Charles, les actes notariés réglant la succession, nous apprennent l’entrée de Julien Bodreau fils de Charles au collège jésuite de La Flèche. Le dernier petit-fils de l’avocat à porter son nom est alors âgé de dix-sept ans. Ainsi que la plupart des enfants de la ville, il a dû passer ses premières années au collège-séminaire de l’Oratoire du Mans qui a supplanté celui de ses grands-pères au milieu du siècle.
Le collège Saint-Benoît
14Alors seul établissement d’éducation de la ville du Mans, le collège Saint-Benoît est fondé en 1528 par le chanoine Jean Dugué, licencié en droit, qui achète une maison sur la paroisse de Saint-Benoît, entre les rues de la Porte Sainte-Anne et de la Tannerie, pour y ouvrir un collège19. Cette maison dépendant pour le cens du chapitre de Saint-Pierre-la-Cour, Jean Dugué met l’école sous le patronage et la collation de ces chanoines. En 1594, le corps de ville du Mans accorde au principal du collège, maître Élias Mimbré, « 300 écus pour le meublement à la charge de les rendre, 500 livres par an pendant troys ans pour entretenir des régents et en outre consent que la prebende preceptoriale luy soit conférée par Mr l’évêque20 ». Dès 1601 cependant, ce traité est rompu et le corps de ville « autorise le principal à prendre quelque argent aux écoliers sauf aux pauvres21 ». En juillet 1624, les prêtres de l’Oratoire prennent la direction du collège-séminaire fondé depuis 1599 sur la paroisse de Saint-Ouen-des-Fossés, près de la cathédrale. « Les escoles de Saint-Benoist » – selon l’inscription gravée au linteau du portail d’entrée rue de la Porte Sainte-Anne – connaissent alors une baisse de prospérité et en 1643, les pères de l’Oratoire sollicitent l’union du collège Saint-Benoît au collège-séminaire22. À la fin de 1649, un mois après le décès du principal, Me Jacques Marsault, l’évêque du Mans confère « aux pères de l’Oratoire du collège du séminaire de ceste ville la prébende préceptoriale » [f° 155] dont « estoit pourveu » [f°155] le frère Marsault. Julien relève que cette prébende « avoit tousiours esté présentée à un principal du collège royal de ceste ville » [f° 155] ; or en décembre 1649, non seulement l’évêque ainsi que l’écrit Julien, mais également le chapitre de Saint-Pierre et les échevins, décident de l’allouer au père supérieur de l’Oratoire, maître Pierre Moisy23. La prébende préceptoriale, nous dit Furetière, constitue l’ensemble des revenus ecclésiastiques « destinés à l’entretien d’un précepteur qui est obligé d’instruire les jeunes enfants de la ville gratuitement et sans salaire24 ». Privées de ce revenu, les ressources du collège s’amenuisent. Julien Bodreau remarque alors que « la présentation et collation faicte par mondict seigneur évesque du Mans de ceste prébende aux pères de l’Oratoire n’a pas esté approuvée de tous » [f°155v]. Puis il ajoute, en homme sage : « le temps sera le juge des opinions diverses » [f°155v]. Or, au xixe siècle, dom Piolin remarque que « depuis ce temps, la prébende préceptoriale resta unie au collège25 ». Parmi les notables manceaux, quelques-uns souhaitaient – Julien, qui l’écrit, en fait-il partie ? – conserver cet établissement concurrent afin de ne pas voir les Oratoriens diriger exclusivement l’enseignement dans la ville ; sans doute tenaient-ils également à ne pas voir disparaître leur collège, celui où, avant eux, leurs grands-pères et leurs pères avaient commencé leurs études. Toujours est-il qu’en 1652, les héritiers du fondateur Jean Dugué « cèdent aux prestres de l’Oratoire les droits qui leur pourroient appartenir sur le collège Saint-Benoît26 » ; le corps de ville les imite « et ce aussy longtemps qu’ils instruiront la jeunesse27 » et le 26 octobre, le chapitre de Saint-Pierre-la-Cour consent l’union des deux collèges. Julien ne donne pas son opinion et semble ne pas vouloir prendre parti. Mais il tient à préciser que : « néantmoings les srs doyen et chanoines de Sct Pierre ont relaissé la maison du collège de Sainct-Benoist comme la présentation leur en appartenoit par le titre de fondation à Me Jean Portier lequel y demeure et y continue la rhétorique » [f°155]. Jean Portier, tout comme Jacques Marsault, enseigne au collège depuis 1613 et « a toujours fait la rhétorique estant un très docte homme et grand poète » [f° 154 v°] ; tous deux sont les « inthimes amys » [f° 154] de l’avocat qui les a connus en tant que professeurs lorsqu’il avait quatorze ans. Me Jean Portier, « estoit très docte et excellent poète latin » [f° 205 v°] relève Julien dans l’hommage funèbre qu’il lui rend en citant les œuvres imprimées « et autres pièces qu’il n’a données au public » [f°206].
15Le collège royal de Saint-Benoît est une bonne formation pour les futurs orateurs et, hormis la rhétorique qui plaît beaucoup à notre avocat, la grammaire, les humanités et la musique sont les principales matières enseignées. Le latin est la seule langue employée et l’élève doit renoncer à parler français28. L’important étant alors de former de bons chrétiens, la religion tient une place de choix dans l’enseignement, mais les Bodreau n’évoquent pas les messes quotidiennes du matin, les saluts du soir, ou les nombreuses prières qui jalonnent leur journée d’écoliers. Cette religiosité omniprésente fait trop partie de leur quotidien pour qu’ils songent à la relever. Appelé « collège », cet établissement, dit aussi « écoles » de Saint-Benoît, prodigue un enseignement qui permet aux enfants des riches familles de la ville d’envisager la poursuite de leurs études dans des voies très diverses. Tout en préservant les jeunes citadins du « choc culturel inévitable29 » subi par les fils des tabellions ruraux, cette éducation scolaire de qualité a laissé de profondes empreintes dans la conduite de la vie des Bodreau.
« Il est party pour aller estudier »
16Plus ou moins nombreuses selon la date de l’âge au mariage qui viendra clore l’âge de la jeunesse, les années de « l’âge jeune » sont consacrées à l’apprentissage ou aux études pour tous les jeunes gens. L’esprit de famille conduit à s’entraider de façon à assurer l’éducation de chaque garçon ; il suffit de lire le testament de Louise, dernière fille de l’avocat restée célibataire, pour s’en rendre compte. En 1661, elle rédige un testament et alloue « a Jacques Berault son filleul la somme de dix livres qui seront deslivrés a son pere pour l’instruire30 », précise-t-elle alors que, léguant la même somme à sa filleule Marguerite Leclerc, elle n’en indique pas l’utilisation. En 1683, le prêtre Julian Bourgault, fils de Marguerite Bodreau, lègue à « Jacques Chesneau son filleul la somme de deux cens livres […] pour apprendre un mestier lors qu’il sera en aage31 ». Julian notaire, qui dote les fils de son frère décédé d’une éducation comparable à celle donnée à son propre fils, en témoigne également. Les garçons doivent aller étudier. Sur leur propre jeunesse, comme sur leur enfance, les Bodreau n’écrivent rien puisque c’est leur père qui détient le Livre à ce moment-là ; il faut passer par les yeux du père pour connaître les années séparant les jeunes de l’âge adulte. Trois orientations sont essentiellement prises pour leurs études : le droit, la médecine, la religion.
Les études de droit
17Comment Jehan, premier auteur du Livre, s’est-il formé à son métier de sergent royal et de notaire ? Au milieu du xvie siècle, ce fils de marchand, sachant très bien lire et écrire, a sans doute acheté un office, c’està-dire une « dignité ordinaire avec fonctions publiques » ainsi que le définit Loyseau, en 1609, dans son Traité des Offices32. Quant aux autres membres de la famille, le Livre laisse filtrer quelques informations au sujet de leur formation professionnelle et ce sont les pères qui, parlant des jeunes, montrent la voie choisie.
18Jehan, mort trop tôt, n’a pas connu les années d’apprentissage de son fils Julian pour lequel les folios du Livre nous renseignent un peu. Depuis le « moys de may 1590 » [f° 16 v°] Julian travaille chez l’avocat maître Fais-sot, ayant « au moys de febvrier 1590 [commencé] a aller au pallays » après être resté « environ de deux moys avec les sergeans » [f°16v°]. Il n’est âgé que d’un peu plus de dix-sept ans lorsqu’il débute son apprentissage. Six ans de travail comme clerc chez maître Faissot et, le 21 août 1596, il est « pourveu d’une office de notaire royal pour 16 livres » [f° 18 v°]. Julian a donc appris son métier en le pratiquant, sans réelle préparation théorique. Il a alors vingt-quatre ans et vit seul avec son frère âgé de dix-neuf ans. Orphelin dès douze ans, Julian a pris en charge son frère Jacques qui occupera toute sa vie les fonctions de commis au greffe criminel, mais nous ne savons rien de sa formation.
19Julian décrit en détail les études de son fils, le futur avocat. Parti « le lundy 17e septembre 1618 [...] par la voye du carosse » [f°68v°], il va faire ses études de droit à Paris « avec aultres jeunes hommes de ceste ville » [f°68v°]. André Bouton, évoquant le départ des étudiants du Mans, souligne que Paris est réputé pour avoir une vie chère et une scolarité interminable et que les Manceaux choisissent plutôt Bourges ou Orléans pour étudier le droit33. Or, Julien Bodreau ne reste que huit mois à Paris, puis « il est allé dudict Paris à Orléans où il a esté jusques environ le premier jour de septembre 1619 » [f°68v°, f°69]. Après ces quatre ou cinq mois à Orléans, il décide de « parfaire ses estudes » [f°69] à Bourges, désirant apprendre aussi le droit canonique qui n’est pas enseigné à Orléans. Ce n’est que par l’édit34 d’avril 1679 que Louis XIV exigera que l’étude des deux droits soient rétablie dans tout le royaume. Julian se réjouit et s’enorgueillit d’écrire sur son Livre que, en 1620, « le samedy XVIe aoust [s]ondict filz est revenu de Bourges et aporté ses degrés de docteur es droicts in utroque » [f°71v°]. Il est diplômé à la fois en droit civil et en droit canonique. Ainsi que le remarque Michel Cassan, « le parcours scolaire des officiers “moyens” […] est limité au royaume, avec toutefois l’implicite et impérieuse nécessité de quitter sa province natale et de fréquenter plusieurs institutions scolaires, sous peine de voir ses compétences mises en doute35 ». Parti à l’âge de dix-neuf ans, Julien revient chez son père deux ans plus tard, ses études terminées brillamment. Et dès « le jeudy XIe novembre 1620 [...] à l’ouverture du pallays [il plaide] sa première cause au présidial » [f°72]. Son métier d’avocat commence, son père se préoccupe de le marier, sa jeunesse s’achève, il a vingt et un ans : il entre dans l’âge de la virilité et de la maturité.
20Charles le fils de Julien embrasse la profession de son père, mais il semble avoir été moins brillant que lui dans ses études. À vingt-cinq ans, « le lundy 28 may 1657 [Charles] est parti de ceste ville par la voye du sr Coustard, message de Chasteau Gontier pour aller à Paris » [f° 189], écrit Julien ; s’y rend-il pour étudier comme son père le fit trente-huit ans plus tôt ? Y obtient-il un diplôme d’études de droit ? Le Livre reste muet à ce sujet. Cependant, trois jours avant le départ de Charles pour Paris cette même année 1657, un nouveau Stil du Palais royal du Mans36 est arrêté au conseil du siège présidial. Il y est décidé que les avocats seront désormais mieux contrôlés et qu’il sera établi « un rôlle auquel seront d’écrits par ordre les noms et surnoms des Advocats receuz à postuler audits sièges, qui ne seront aultres que gradués37 ». Julien n’en écrit rien sur son Livre, mais se rendant quotidiennement au siège présidial, il sait que cette décision est imminente et il n’attend pas plus longtemps pour envoyer son fils obtenir les grades qui lui manquent. Le 25 mai l’arrêt est pris officiellement et le 28 mai Charles prend le carrosse. Il obtient une licence de droit, sans doute à Paris puisqu’il n’est pas question d’autre séjour ailleurs, mais le 17 avril 1658, c’est-à-dire à peine un an après son départ, il est de retour au Mans et nous le voyons accompagner sa sœur « à son mesnage à Fontevrault » [f° 190]. La grave maladie dont son père est atteint au mois de février 1658 a-t-elle obligé Charles à rentrer plus tôt que prévu ou a-t-il déjà achevé ses études, une année paraissant bien courte pour obtenir ce diplôme ? Les archives nationales conservent le catalogue38 des résultats des examens de ces années et nous n’avons pas trouvé le nom de Charles dans les huit cent quatre vingt douze reçus. Sur le registre des baptêmes de Saint-Benoît, Charles est inscrit, en tant que parrain, comme « licencié es droits » dès le 22 novembre 165639, soit six mois avant son voyage à Paris. Sur l’acte de mariage de sa sœur Marguerite, le 15 mai 1657, Charles est dit également : « licencié es droits40 ». A-t-il déjà sa licence avant ce voyage à Paris du 28 mai 1657 ? Toujours est-il que, le 6 avril 1658 moins d’un an après son départ, il est aussi dit « licencié es droits41 », mais ce n’est qu’en mars 1659 qu’il porte le titre d’avocat à l’occasion d’un autre baptême42. Le jour de son mariage en 1660, son père lui donne le titre d’ « advocat » [f° 197 v°] et Charles lui-même se nomme ainsi lorsqu’il prend le relais dans la rédaction du Livre de famille après la mort de son père. Or, « la dignité d’advocat ne peut estre conférée qu’à ceux qui ont dejia le degré de Docteur ou pour le moins de Licencié au droict civil ou canon43 ». Connaissant la rédaction consciencieuse de Julien son père, nous ne pouvons que nous étonner de ne pas le voir inscrire sur son Livre le cursus de son fils. Cependant, le 9 mars 1658, alors qu’il est très malade, Julien demande à son notaire Me Pierre Gendrot d’établir la résignation de « son office de tiers référendaire44 » au présidial du Mans en faveur de son fils. « Les parties stipulèrent que Bodreau père resterait en jouissance de l’office, mais avec la faculté de le rendre à son fils ou de lui laisser en mourant pour le prix de mille livres45 », précise Henri Chardon. Ce dernier ajoute que Charles n’a pas « esté receu audit siège46 », mais il ne donne pas sa source. Le nouveau règlement du Palais exige que pour être
« immatriculez en qualité d’Advocats ny receuz à plaider [il faut être] graduez et [avoir] été interrogez sur le fait de pratique au parquet des gens du roy pour ce fait et après avoir presté le serment en l’audience devant nous, exercer les deux charges d’advocat et procureur conjointement et inséparablement suivant les lettres patentes de sa majesté47 ».
21Charles aurait-il échoué à cet examen local ? Dans un premier temps peut-être, mais il travaille ensuite au palais et il sera dit « advocat au siège présidial48 » sur son acte de sépulture. En mai 1668, il fournit « le pain benist des advocat » [f° 244 v°] : est-ce la reconnaissance de la profession qu’il tient à noter ?
22La voie des études de droit ouvrant une carrière dans la magistrature sera suivie par la majorité des descendants des membres de la famille Bodreau. Des actes notariés du xviiie siècle concernent les enfants Chesneau, petits-fils de Julien, et la plupart d’entre eux sont avocats.
Les études de médecine
23La famille Bodreau compte parmi ses amis des médecins, des apothicaires et des chirurgiens qui sont évoqués dans le Livre et que nous retrouvons dans les actes officiels. Par le jeu des mariages, certains entrent dans cette famille de la magistrature. C’est le cas de Pierre Bourgault qui, médecin ordinaire de Madame l’abbesse de Fontevraud, épouse la deuxième fille de Julien. Médecin du roi, le mari de Marguerite a atteint une des plus hautes dignités de sa profession49 et il est dit « noble Pierre Bourgault » dans tous les actes notariés.
24L’un des membres de la famille, René Bodreau, orphelin de Jacques, pupille de Julian, a sans doute choisi lui-même de devenir médecin. En effet, René commence « son aprentisaige du mestier d’appothicaire » [f°93v°] chez son oncle maternel Jean Gilles en 1632, à l’âge de quinze ans, et un an plus tard il quitte Le Mans « pour aller estudier audict Paris » [f°94], où le notaire l’entretient « à mesme son revenu comme son curateur » [f° 94]. René poursuit ses études à Montpellier où il apprend la médecine pendant sept années. Julien, qui a pris la relève de son père pour assumer la tutelle de son cousin, écrit que « le 13 mars 1640 [il] est arivé en ceste ville du Mans, de Montpellier où il a obtenu ses lettres de docteur en l’Université dudict lieu, lesquelles ont esté enregistrées au greffe du siège de la provoste royal de ceste dicte ville » [f°107v°]. Installé au Mans, à Saint-Pavin-de-la-Cité où son décès50 est enregistré le 4 octobre 1673, René rédigea plusieurs traités médicaux51 et fut un médecin renommé.
Les études ecclésiastiques
25Une troisième orientation s’offre à ces enfants de la bourgeoisie provinciale : l’entrée en religion. Parmi les oncles, les frères, les neveux des Bodreau, quelques-uns sont religieux tel le « frère Vincent Berault prebtre religieux de l’ordre de Saint-Augustin profez de l’abbaye de Beaulieu » [f°125] dont Julien inscrit le décès. Oncle par alliance de Julien, ce « bon religieux sans vice » [f° 125 v°] – remarque de Julien qui souligne ici la difficile remise en ordre de l’Église posttridentine – habite chez son frère Pierre Berault, beau-père de Julien, « depuis qu’il eut resigné son bénéfice de prieur curé de Rouessé [...] à Me Louis Berault son nepveu » [f°125]. Orphelin en 1643, Louis voyait là son avenir assuré, mais avait-il suivi une formation dans un séminaire comme le fit Michel Bodreau, fils orphelin de Jacques et pupille de Julian ?
26« Au moys d’Apvril 1633 », écrit Julian, « Michel [...] que j’entrenoys aux escolles aux Jésuites à La Flèche, [s’est] rendu religieux Recollect au couvent des Recollects » [f°92v°]. Julian semble très fier de la réussite de son neveu puis-qu’il la note deux fois sur le Livre, l’année où Michel « faict profession ayant vingt ans acomplis » [f° 93] et en marge du folio où il avait inscrit la naissance de ce neveu [f° 55]. Julian a vraiment considéré les enfants de son frère comme les siens propres et c’est avec toute son autorité paternelle qu’il demande à son fils, alors âgé de trente-quatre ans, d’ « aller exprès de ceste ville audict La Flèche » [f° 93] et d’accompagner la sœur de Michel pour assister à cette profession. Ce rôle patriarcal dominant transparaît d’ailleurs dans la phrase suivante : « lesquelz je y ay envoyés à cest effect » [f° 93]. Chargé de l’éducation des enfants de son frère défunt, le notaire choisit de leur donner la meilleure, comme il l’a fait pour son propre fils. Ce sont les Jésuites qui détiennent le plus grand nombre de collèges au xviie siècle et celui de La Flèche est certes l’un des plus renommés du royaume. Les Bodreau ont sans doute alors des revenus assez importants pour supporter les frais entraînés par de telles études ; remarquons tout de même que René Bodreau, le futur médecin, commence ses études coûteuses au moment où son frère Michel termine les siennes. Le notaire apparaît là comme un bon gestionnaire, disons un « bon mesnager52 » non seulement de ses affaires, mais aussi de celles de son frère défunt ; les orphelins de Jacques, mis sous la tutelle de leurs oncles, dépendent d’eux pour l’utilisation et la gérance des biens laissés par leurs parents. Cinq années se sont écoulées depuis la profession de Michel lorsque son cousin, l’avocat Julien, devenu à son tour le conservateur de la mémoire familiale, écrit que « le 19 mars 1638 le père Chrysologue Bodreau récollet a célébré sa première messe au couvent des Récollets de La Flesche » [f° 103]. S’est-il à nouveau rendu à La Flèche pour assister à cet office ? Julien ne le dit pas, mais il note ici que Michel est devenu prêtre et qu’il a adopté le nom de Chrysologue, nom qui souligne la force de la connaissance.
27À la génération suivante, plusieurs jeunes hommes de la famille s’engageront également dans la vie religieuse. Charles n’a pas pu se charger de la tutelle de ses neveux Morice, mais il se conduit malgré tout en oncle attentif et inscrit dans son Livre le devenir des enfants de la famille, qu’ils soient des Chesneau, des Morice ou des Bourgault.
28Jacques Chesneau, fils de Marie Bodreau et de Mathieu Chesneau des Portes, « a esté receu au nombre des chevalliers servant d’arme en l’an 1666, le 2 aoust [...] il doibt partir pour Malte au moys de septembre audict an » [f°237v°]. Il est alors âgé de dix-huit ans. Au xviie siècle, lorsqu’une famille désire voir un de ses fils devenir chevalier de Malte, elle doit se soumettre à une triple enquête effectuée par des commissaires chevaliers de l’Ordre53. En écrivant que Jacques a été reçu « suivant l’information de ses parenté vies et meurs » [f°237v°], Charles évoque ces trois points et révèle que l’enquête consiste en recherches dans les archives, sur les lieux d’origine de la famille et aussi sur la moralité du candidat, toutes ces recherches onéreuses étant à la charge des parents. À l’image des familles de parlementaires issues du tiers état, qui ont acquis la noblesse en achetant des offices, l’entrée dans l’institution de l’ordre de Malte54 représente sans doute pour le couple Chesneau-Bodreau une affirmation de leur ascension sociale. L’un des frères de Mathieu, René Chesneau, est lui-même chevalier de Malte [f°181]. C’est seulement douze ans plus tard que Jacques Chesneau entre dans l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Un acte d’acquit, signé entre Mathieu Chesneau et son fils Jacques, nous apprend que Jacques a fait sa profession le 5 février 1678. Mathieu « offre en espèces d’or et d’argent au prix et poids de l’ordre […] la somme de six cens livres pour troyes annees de la pention55 ».
29La veille de la réception de Jacques dans l’ordre de Malte, son petit frère, Charles Chesneau, s’engage chez les Dominicains56. Leur oncle, Charles Bodreau écrit : « le premier aoust 1666 Charles Chesneau mon nepveu et filleul a pris l’habit de Jacobin » [f° 237 v°], or ce neveu est âgé de huit ans57. Charles ne semble pas s’être trompé de personne puisqu’il précise « mon nepveu et filleul » afin justement d’éviter toute confusion. Les autres événements rapportés sur ce même folio, portant également la date de 1666, semblent la corroborer. Moins de dix ans58 plus tard, Charles ajoute à la fin de ce paragraphe une petite ligne non datée : « du depuis a jetté le froc aux hortyes » [f° 237 v°]. Expression peut-être porteuse d’un certain mépris de la part de Charles, mais révélatrice de la position de ces oblats qui acceptaient difficilement le choix paternel. Suivant l’ordonnance de Blois prise par Henri III conformément au Concile de Trente, un religieux ne pouvait faire profession qu’à seize ans révolus. En 1645, Julien Bodreau consacre un article59 de son Commentaire à ce problème.
30Valentin Morice, neveu de Marie la femme de Charles, devient religieux en 1673. Charles écrit qu’il « est party de cette ville du Mans pour aller au Croisic par delà Nantes prendre l’habit de saint François de l’ordre des Capucins et a esté receu en ceste ville par le R. P. provincial et a eu son obédiance pour cet effaict » [f° 250 v°]. Valentin est le fils de Pierre Morice, beau-frère de Charles. Né le 20 décembre 1652, Valentin a pour parrain « discret maître Pierre Bernard semi-prébendé à St Julian60 » que nous retrouvons en 1653 parrain d’un autre fils de Pierre Morice et alors inscrit comme sous-chantre61. C’est lui que Charles évoque lorsqu’il écrit que Valentin « s’apelle frère Bernardin en mémoire du sien parant du costé du frère le soubs chantre de l’églisse du Mans » [f° 254 v°]. Lors du décès des parents de Valentin en 1662 (l’avocat Pierre Morice et Marguerite Paygeot), Charles se plaint de « norir un de [leurs] enfans pour deux ans gratis » [f°227v°] ; peut-être s’agit-il de Valentin avec lequel il reste lié ensuite ?
31Julian, le fils de Marguerite Bodreau et de Pierre Bourgault, le petit-fils que Julien avocat accueillit chez lui avec tant de joie à sa sortie de nourrice, devient prêtre. Nous ne savons quelle fut sa formation, mais les archives notariales permettent de le retrouver en tant que diacre62 en 1681, en 1682 et le 2 janvier 1683 lors de la rédaction de son testament. Puis il est dit curé de Notre-Dame-du-Pré dans les actes63 de 1683 ; sa signature apparaît également sur les registres de cette paroisse64 dont son oncle Marin Bourgault détenait la cure jusqu’à sa mort. L’avant-dernier folio du Livre, anagramme rédigée en latin en hommage à son oncle Charles, est de sa main.
32« La raison pour laquelle les filles sont plustost puberes que les masles procede de ce que le changement de l’aage aux masles se fait par le nombre de 7 et celuy de la femme par le nombre de 665 », voilà ce qu’écrit Julien dans son ouvrage sur les Coutumes à l’article XCIX intitulé : « Aage pour sortir de bail ». Et voilà qui explique en partie l’écart observé entre l’éducation donnée aux garçons et celle qui est prodiguée aux filles. Les filles sont adultes plus tôt que leurs frères, elles qui resteront cependant toujours mineures.
Les filles Bodreau en attente du mariage
33Une différenciation s’est opérée à la fin de la prime enfance entre les filles et les garçons, les unes passant leur enfance dans le monde clos de l’univers familial, les autres fréquentant l’école et bénéficiant des premiers rudiments culturels. Dès qu’ils sortent de l’enfance, et atteignent « l’âge nubile » pour les unes et « l’âge jeune » pour les autres, cet écart d’éducation se creuse davantage, les jeunes gens quittant famille et ville, afin de poursuivre des études dans une grande ville disposant d’une université, et les filles demeurant toujours à la maison.
34Lorsque Marguerite, la petite sœur du futur avocat, disparaît en 1614 âgée de moins de huit ans, son instruction est bien avancée puisque son père est très fier de souligner qu’elle « lisoyt en moulle » [f° 37 v°], c’est-àdire qu’elle déchiffrait les caractères imprimés mais pas encore les écrits manuscrits. Dans son dictionnaire, Furetière définit le verbe « mouler » comme étant l’action « d’imprimer avec des caractères en plomb » et il donne en explication la phrase suivante : « il ne sçauroit pas lire l’écriture à la main mais il lit bien le moulé, ce qui est moulé66 ». La lecture semble tenir un rôle primordial chez les Bodreau dès le tout début du xviie siècle. Ce que Julian inscrit pour la postérité, le souvenir qui doit être conservé de sa fille de sept ans, c’est que Marguerite savait lire. Cependant, il ne dit rien sur la manière et le lieu où Marguerite a été instruite. Comme son frère au collège, elle a sans doute commencé par apprendre à lire en latin. Ses manuels furent des livres de prières, peut-être les livres d’heures67 puisque, relève Julian, elle « scavoit ja tout son servisse » [f°37v°], mais nous ne savons si les femmes de son entourage lisaient. Ainsi que l’a montré Michèle Ménard, « la lecture fut l’exercice intellectuel privilégié pour la jeune fille68 », mais l’apprentissage de l’écriture n’était pas obligatoire. Les deux frères Bodreau, Julian et Jacques, se montrent très attachés à l’éducation des enfants et ils leur offrent l’instruction la plus complète possible. Les premières années du xviie siècle sont aussi pour Anne, la fille aînée de Jacques Bodreau, née le même jour que sa cousine Marguerite, celles de l’apprentissage de la lecture. Mais elle a la chance de poursuivre son éducation, d’apprendre à lire en français puis à écrire. C’est dans le testament de son père en 1622 que nous découvrons qu’elle tient le « pappier journal69 » de ce dernier. En effet, Jacques indique à plusieurs reprises « qu’il a fait escripre a sa fille les marques de la plus grande partye de ses affaires de consequence70 ». Anne n’a alors que quinze ans, elle a donc reçu une solide éducation intellectuelle et nul doute que Julian ait nourri les mêmes ambitions pour sa propre fille. À travers les générations, nous ne savons pas ce que les filles apprennent, si ce n’est, à l’exemple de Marguerite, qu’elles sont « fort adonnée[s] et nourie[s] à la piété et dévotion » [f° 37 v°]. Sans doute Marguerite est-elle un peu en avance sur les autres pour que son père remarque qu’elle « scavoit ja tout son servisse » [f°37v°], mais il montre là le but premier de l’éducation des filles qui est d’en faire de bonnes chrétiennes soumises et obéissantes aux instructions de l’Église catholique.
35Peu de choses sont écrites sur l’enfance des filles dans ce livre de pères et seules les étapes de la vie spirituelle et de l’éducation religieuse paraissent importer. En effet, ni le notaire ni l’avocat n’omettent de signaler la confirmation des filles de la famille, alors qu’il n’en est jamais question pour les garçons. Soulignons le fait que le siège épiscopal du Mans est resté vacant de mai 1601, au décès de Mgr Claude d’Angennes, jusqu’au 5 janvier 1611, jour de l’installation de Mgr Charles de Beaumanoir. Pendant cette vacance, c’est le chapitre qui administre l’évêché et les chanoines font appel à l’archevêque de Tours et aux évêques de Rennes, de Tréguier, de Paris, de Troyes et d’Angers suivant leurs disponibilités pour les ordinations et les confirmations. Dom Piolin estime que « malgré cette précaution, [le sacrement de confirmation] dut rester à l’état de simple notion pour le plus grand nombre des fidèles71 ». Ceci explique peut-être que Julien le futur avocat n’ait pas reçu ce sacrement puisque, né en 1599, il aurait dû le recevoir dans la première décennie du siècle, mais Charles né en 1632 ne fait pas non plus sa confirmation et l’on peut se demander si, dans l’esprit des Bodreau, cette étape de la vie n’est pas réservée aux filles. Ainsi Julian note-t-il que sa petite-fille Marie « a receu le Sainct Sacrement de Confirmation au Caresme de l’année 1634 par Mr le Révérendissime Charles de Beaumanoir évesque du Mans » [f°94], et que, quelques mois plus tard, sa sœur Marguerite « a receu le Sainct Sacrement de Confirmation en l’église des Cordeliers de ceste ville par Mr le Révérendissime Charles de Beaumanoir évesque du Mans, qui conféroyt les ordres en la dicte église » [f°94v°]. Marie est âgée de plus de neuf ans et Marguerite de huit ans à peine. À son tour, le 16 septembre 1643, la troisième fille de Julien « a receu le sacrement de confirmation par Mgr l’évesque du Mans en la salle de l’Évesché de ceste ville » [f° 115 v°] ; Louise a douze ans et est confirmée plus tard que ses sœurs. La confirmation est octroyée seulement par l’évêque, mais il est aisé aux Bodreau, habitant la ville épiscopale, de se rendre à ces cérémonies. La confirmation réaffirme le sacrement du baptême et, au xviie siècle, « elle n’était pas jugée nécessaire au salut72 », mais revêtait une certaine importance aux yeux d’une famille si soucieuse de la bonne éducation donnée à ses enfants.
36Affaire de femmes, puisque ce sont elles qui sont chargées de cette part éducative, le suivi de l’éducation religieuse des filles est assumé par la mère et les grands-mères qui les emmènent à l’église où l’on se partage le même banc depuis longtemps. De nos quatre auteurs, seuls Julien et Charles ont des filles qui atteignent l’âge de la jeunesse, mais ils en parlent très peu à ce moment de leur existence. Ils se soucient simplement de faire de leurs filles de très bonnes futures épouses et mères ; cette tâche essentiellement féminine revient à leur femme et ils se préoccupent eux-mêmes de choisir le mari convenable.
37Julien, qui a trois filles sur les quatre enfants lui survivant, parle beaucoup de sa fille Marie à partir du moment où elle épouse, à seize ans, l’avocat Mathieu Chesneau, c’est-à-dire au moment où elle devient adulte. Pourtant, Marie a vécu toute son enfance et sa jeunesse chez ses parents, contrairement à sa sœur Marguerite qui a été élevée par ses grands-parents. Celle-ci, âgée de dix ans au décès de son grand-père, rejoint le foyer paternel où elle demeure encore vingt ans avant de se marier, mais son père ne dit rien d’elle pendant ces années « en attente du mariage73 ». Quant à Louise, la troisième fille de l’avocat, célibataire, elle passe sa vie près de son père jusqu’au décès de ce dernier qui n’évoque son existence qu’en signalant sa confirmation. À l’image de leur mère et de leurs filles, elles ont toutes trois vécu leur jeunesse sous le toit familial, attendant la conclusion de leur mariage, décidé par leurs parents.
38Charles ne poursuit pas la rédaction du Livre après 1675, année des quinze ans de sa fille Marie. Sur les douze folios qu’il écrit encore après celui qui retrace la maladie de Marie74, un seul évoque la présence de sa fille près de lui : en 1673, il a « emenée [s]a femme et [s]a fille en voyage à Saumur et de là à Fontevrault » [f°255]. À l’abbaye de Fontevraud habite la sœur de Charles, Marguerite, dont le mari est médecin de l’abbesse ; c’est certainement pour lui rendre visite que Charles s’est déplacé avec sa femme et sa fille de treize ans, laissant son fils Julien âgé de sept ans à la maison. Pierre Bourgault, mari de Marguerite, était venu au Mans en 1671 ; sa fille cadette Adélaïde avait fait le voyage en 1672. L’un et l’autre étaient allés saluer leurs familles à ces occasions. Adélaïde et sa cousine Marie étant du même âge ont eu ainsi l’occasion de se voir de temps en temps, mais nous ne savons rien de leurs relations. Les autres nièces de Charles, les filles de Marie sa sœur aînée, demeurent tout près de lui rue Dorée, mais Charles ne les évoquent jamais, sinon pour en signaler la naissance.
39Au Grand Siècle chez les Bodreau comme dans beaucoup de familles, les filles restent donc en marge du système éducatif. Elles sauront toutes signer les actes officiels de leur vie, mais dans les pages du Livre de leur père, il semble qu’elles n’apprennent qu’à perpétuer la vie exemplaire de bonne chrétienne, de bonne maîtresse de maison, de bonne épouse et de bonne mère que des générations de femmes se transmettent depuis toujours. Certes, mais elles se préparent à épouser et à mettre au monde des officiers royaux et procèdent autant que leurs frères du dessein des pères face au devenir de la famille.
40Nous avons employé plusieurs fois le verbe « choisir » pour parler de la voie prise par les jeunes, mais il ressort ici que ce choix leur est imposé. Les futurs avocats, fils de notaires ou d’avocats, pouvaient-ils faire d’autres études que celles de droit les menant à prendre tout naturellement la suite de l’office et de l’étude paternelle ? Les futurs ecclésiastiques sont orientés très tôt par les pères et les maîtres, et la vocation intervient rarement. Seul peut-être René Bodreau, destiné à suivre les pas de son oncle apothicaire, a-t-il décidé de lui-même de continuer ses études et de devenir un médecin réputé ; mais il a eu la chance d’avoir pour tuteur le compréhensif et généreux notaire.
41Comme chez les Terrade75 du Limousin, tous les garçons sont allés à l’école dans la famille du notaire rural Jehan Bodreau venu s’installer dans le faubourg manceau au milieu du xvie siècle. Si Julian et son frère Jacques ont fréquenté le collège malgré la mort de leur père, c’est sans doute que ce dernier l’avait prévu en les confiant à Jehan Ledru du faubourg Saint-Jehan. À leur tour, les fils du notaire royal et du commis au greffe criminel ont suivi les cours du collège de la ville avant de partir à l’université. La question de la scolarisation ne se posera pas pour les garçons des générations suivantes qui étudieront loin de leur province et reviendront y prendre leur place dans l’élite urbaine, préparant pour leurs propres fils l’ascension vers Paris.
42Très peu d’indications sont données dans le Livre sur ce temps de préparation à la vie adulte, ce temps qui est primordial cependant dans la stratégie familiale des Bodreau. L’épreuve de la survie à la petite enfance surmontée, les aînés n’ont de cesse de former les jeunes, non seulement à leur succéder, mais à prendre le relais en faisant gravir à la famille un degré de plus dans l’ascension sociale envisagée. Pour ces jeunes, après les années passées dans l’univers clos de la maison familiale pour les unes et les années d’études pour les autres, l’entrée dans la vie active ne peut se faire qu’en franchissant une autre étape : celle du mariage.

Julien, Société Sciences et Arts de la Sarthe.

Magdeleine, Musée du Mans.
Notes de bas de page
1 F. Bluche, Au temps de Louis XIV. Le Roi-Soleil et son siècle, Paris, Hachette, 1994, p. 175.
2 J. Bodreau, Les Coustumes du païs et comté du Maine, Gervais Alliot, Paris, 1645, p. 159.
3 Monseigneur Claude d’Angennes.
4 Testament de Jacques Bodreau, passé devant Me Jean Roumé les 27 janvier et 28 mai 1622. Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le Mans 157/8.
5 Ibid.
6 Me Claude Gilles, avocat, est le beau-frère de Jacques.
7 Testament de Jacques Bodreau, passé devant Me Jean Roumé les 27 janvier et 28 mai 1622. Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le Mans 157/8.
8 Claude Gilles et Julian Bodreau, assistés de leur avocat Julien Bodreau intentent un procès contre Louis Foussard le 28 juin 1632. Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le Mans 157/8.
9 Acte du 1er février 1638 passé devant Mes Anthoine Foureau et Léonard Desmezielle, Arch dép. Sarthe cote 108 J 167 : Julien Bodreau avocat est présent à la vente d’une maison en tant que curateur de ses cousins.
10 Leurs parents l’avocat Pierre Morice et sa femme Margueritte Pageot meurent à six mois d’écart en 1662.
11 Me Louis Morice est dit « curateur des enfans mineurs de deffunt Me Pierre Morice » dans le « Compte sommaire de Me Charles Bodreau pour le restant du testament de deffuncte damoiselle Radegonde Morice ». Acte du 11 mars 1672. Arch. dép. Sarthe cote 108 J 167.
12 J. Bodreau, Les Coustumes du païs et comté du Maine, Gervais Alliot, Paris, 1645, p. 163.
13 Il s’agit ici de la vente des meubles faisant suite à l’inventaire après-décès de Marie Morice veuve Charles Bodreau. L’acte fut passé le 10 novembre 1684 devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 289.
14 A. Furetière, op. cit., article « Coq ».
15 A. Bouton, Le Maine histoire économique et sociale aux xviie et xviiie siècles, Le Mans, Bouton, 1973, p. 249.
16 R. Taveneaux, op. cit, p. 180.
17 F. Bluche, op. cit., p. 192.
18 Dans les registres paroissiaux, on voit l’été des gens s’y baigner et… s’y noyer (acte de sépulture du 3 juillet 1667 de Jacques Cohon du registre de Saint-Benoît coté 88-14-39 vol. 13c).
19 F. Legeay, Le Collège de Saint-Benoît au Mans, Recueil de pièces, Supplément Maine, Le Mans, 1893, 11 p. in 8°, p. 3.
20 Archives de l’Hôtel de Ville n° 337 du 11e registre de 1594-1595. Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le Mans 242.
21 F. Legeay, ibid., p. 5. Archives de l’Hôtel de Ville n° 243 du 12e registre de 1599-1601. Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le Mans 242.
22 F. Legeay, ibid, p. 7.
23 C. Morand, Histoire de la province du Maine, manuscrit, p. 868.
24 A. Furetière, op. cit. article « Prébende ».
25 P. dom Piolin, Histoire de l’Église du Mans, H. Vrayet de Surcy, Paris, 1863, tome VI, p. 249.
26 Archives de l’Hôtel de Ville n° 44 du 23e registre de 1652. Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le Mans 242.
27 Ibid.
28 A. Franklin, La vie privée d’autrefois, art et métiers, modes, moeurs, usages des Parisiens du xiie au xviiie siècle d’après des documents originaux ou inédits, Paris, Plon, Nourrit et Cie, volume 10 : Écoles et collèges, 1892, p. 226.
29 N. Lemaître, Le scribe et le mage, Ussel, Musée du Pays d’Ussel, 2000, p. 164.
30 Acte du 15 mars 1661 passé devant me Pierre Gendrot, Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 265.
31 Testament du 2 janvier 1683 dressé devant Me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 288.
32 F. Bluche, article « Offices », dans F. Bluche (dir.), Dictionnaire du Grand Siècle, Paris, Fayard, 1990, p. 1105.
33 A. Bouton, Le Maine Histoire économique et sociale xviie et xviiie siècles, Le Mans, Bouton, 1973, p. 248 et 249.
34 F. Bluche, Au temps de Louis XIV. Le Roi-Soleil et son siècle, Paris, Hachette, 1994, p. 186.
35 M. Cassan, « Formation, savoirs et identité des officiers “moyens” de justice aux xvie -xviie siècles : des exemples limousins et marchois », dans : Colloque de Limoges, 11-12 avril 1997, Les officiers « moyens » à l’époque moderne : pouvoir, culture, identité, pulim, 1998, p. 302.
36 Stil du Palais Royal du Mans examiné et aresté en la chambre du conseil du siège présidial et sénéchaussée suivant le procez verbal de Monsieur le lieutenant general en ladite sénéchaussée du vingt cinquième may mil six cens cinquante et sept, leu, publié et registré le second juillet ensuivant, Le Mans, chez la veuve de Louis Peguineau tenant sa boutique au Palais et par Louis Peguineau, 1661, 48 p. Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le Mans 63.
37 Stil du Palais Royal du Mans…, op. cit., article II, p. 2.
38 Catalogus graduatorum in jure canonico (1651-1662), cote Arch. nationales série MM, article 1113, cote 64.
39 Acte de baptême de Charles Lesné le 22 novembre 1656, cote 88-14-38 du registre de Saint-Benoît vol. 13 b.
40 Acte de mariage de Pierre Bourgault et de Marguerite Bodreau le 15 mai 1657, cote 88-14-38 du registre de Saint-Benoît vol. 13 b.
41 Acte de baptême de Charles Chesneau le 6 avril 1658, cote 88-14-38 du registre de Saint-Benoît vol. 13 b.
42 Acte de baptême de Michel Leclerc en mars 1659, cote 88-14-38 du registre de Saint-Benoît vol. 13 b.
43 C. Loyseau, Traicté des ordres et simples dignitez, Paris, R. Fouet, 1640, ch. VIII, p. 93, article 15.
44 Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 262.
45 H. Chardon, Mémoires de Julien Bodreau, Annuaire de la Sarthe, LeMans, Monnoyer, 1904, p. 34.
46 Ibid.
47 Stil du Palais Royal du Mans…, op. cit., Article VIII, p. 3.
48 Acte de sépulture de Charles Bodreau du 24 mai 1679, cote 88-14-39 du registre de Saint-Benoît.
49 B. Molitor-Canavesio, article « Médecins et chirurgiens du roi », dans F. Bluche, (dir.), Dictionnaire du Grand Siècle, Paris, Fayard, 1990, p. 1009.
50 Registre paroissial de Saint-Pavin de la Cité cote 89-05-72 vol. 22a.
51 H. Chardon, Introduction aux Mémoires de Bodreau, Annuaire de la Sarthe, Le Mans, Monnoyer, 1904, p. 32.
52 Un mesnager est « bon oeconome de son bien, qui ne fait point de despense superfluë, qui fait bien valoir ce qu’on lui donne à manier ». A. Furetière, op. cit., article « Mesnager ».
53 M. Vergé-Francheschi, article « Malte » dans F. Bluche, op. cit., p. 953.
54 G. Gangneux, colloque « La qualité de la vie au xviie siècle », op. cit., p. 164.
55 Acte passé devant Me Pierre Gendrot en novembre 1681. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 286.
56 Les Dominicains sont aussi « appelés Jacobins à cause de leur couvent parisien de la rue Saint-Jacques ». G. Michaux, dans F. Bluche, op. cit., p. 1127.
57 D’après son acte de baptême du 6 avril 1658 du registre de Saint-Benoît coté 88-14-38, vol. 13 b, sur lequel Charles Bodreau est en effet son parrain.
58 Charles arrête la rédaction du Livre en 1675.
59 J. Bodreau, Les Coustumes du païs et comté du Maine, Gervais Alliot, Paris, 1645, p. 346-349.
60 Acte de baptême du 20 décembre 1652 du registre de Saint-Benoît coté 88-14-38 vol. 13 b.
61 Acte de baptême de Pierre Morice le 28 août 1653 du registre de Saint-Benoît coté 88-14-38 vol. 13 b.
62 Acte du 24 novembre 1681 passé devant me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 286. Actes du 8 mars 1682 passés devant me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 287.
63 Actes du 10 et du 18 décembre 1683 passés devant me Pierre Gendrot. Arch. dép. Sarthe cote 4 E XXXVII 288.
64 Registre de Notre-Dame-du-Pré coté 88-14-29.
65 J. Bodreau, Les Coustumes du païs et comté du Maine, Gervais Alliot, Paris, 1645, p. 156.
66 A. Furetière, op. cit., article « moule ».
67 Très prisés au xviie siècle, ces livres sont parfois le support d’un livre de raison. Voir J. Chappée, « Un livre de famille manceau : les familles Bellanger, Hoyau, Le Divin (1533-1675) », dans La Province du Maine, Laval, Goupil, 1903, p. 354-359 et 1904, p. 31-38.
68 M. Ménard, Une histoire des mentalités religieuses aux xviie et xviiie siècles. Mille retables de l’ancien diocèse du Mans, Paris, Beauchesne, 1980, p. 360.
69 Testament de Jacques Bodreau du 27 janvier et du 28 mai 1622 passé devant Me Jean Roumé. Arch. dép. Sarthe cote 111 AC Le Mans 157/8.
70 Ibid.
71 P. dom Piolin, op. cit., tome VI, p. 5.
72 R. Taveneaux, Le catholicisme dans la France classique (1610-1715), Paris, CDU-SEDES, 1994, p. 341.
73 R. Muchembled, L’invention de l’homme moderne, culture et sensibilités en France du xve au xviiie siècle, Paris, Fayard, 1988, p. 298.
74 Marie a contracté la petite vérole à « sept ans 8 moys, le 7 juin 1668 » [f° 245].
75 N. Lemaître, Le scribe et le mage. Notaires et société rurale en Bas-limousin aux xvie et xviie siècles, Ussel, Musée du Pasu d’Ussel, 2000, p. 165.
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