1 Cf. P. Champagne, « La vision médiatique », La Misère du monde, P. Bourdieu (dir.), Le Seuil, 1993.
2 Cf. en ce sens D. Ruellan et R. Ringoot appréhendant l’activité journalistique, non pas uniquement à partir des journalistes en tant que producteurs mais en intégrant à la fois sources et publics dans sa définition, « Pairs, sources et publics du journalisme », Sciences de l’information et de la communication. Objets, savoirs, disciplines, S. Olivesi (dir.), PUG, 2006.
3 En France, la professionnalisation et le développement du secteur des relations publiques n’ont pas fait l’objet de travaux comparables à ceux d’Aeron Davis montrant la transformation du rapport aux « sources » et de la production de l’information qui en a résultés. Cf. A. Davis, « Public relations, news production and changing patterns of source access in the British national media », Media, Culture & Society, Sage, 2000, vol. 22, no 1. On peut toutefois supposer à partir d’observations parcellaires que ce développement a été moins visible, moins prononcé en France pour une simple raison liée à la plus grande proximité « naturelle » des journalistes avec leurs sources notamment dans certains domaines tels que l’économie ou la politique. Mais il faut surtout insister sur le fait que la réduction des moyens (économiques) investis dans la production de l’information, notamment sous l’angle salarial et pour la presse écrite, a joué un rôle déterminant. A. Davis a d’ailleurs analysé ce phénomène pour la Grande-Bretagne montrant que, d’un côté, les moyens économiques investis dans la production d’information n’ont cessé de baisser alors que, d’un autre côté, ceux investis dans les relations publiques n’ont cessé d’augmenter plaçant ainsi l’économie de l’information dans une situation de précarité structurelle et renforçant la dépendance des producteurs d’information à l’égard de leur « source ». Cf. Public Relations Democracy. Public Relations, Politics and the Mass Media in Britain (2002), Manchester University Press, 2009, p. 33 sq.
4 Ceux-ci constituant la principale source de données sur laquelle s’appuient les analyses de ce chapitre, une présentation détaillée en est proposée à la suite.
5 P. Schlesinger, E. Zeitlin, S. Rizzi, op. cit., p. 75-98.
6 J. Le Bohec, Les Rapports presse-politique. Mise au point d’une typologie « idéale », L’Harmattan, 1997.
7 J.-B. Legavre, « Entre conflit et coopération. Les journalistes et les communicants comme “associés-rivaux” », Communication et langages, 2011, no 167, p. 105-123.
8 S. Lévêque, « La conférence de presse. Les transactions entre syndicalistes et journalistes sociaux », Politix, 1992, no 5, p. 120-134.
9 Un article ne suffirait évidemment pas à mentionner les principales références dans ces deux domaines. On se contentera donc de renvoyer aux synthèses suivantes : E. Neveu, Sociologie du journalisme, La découverte, 2004 et D. Andolfatto, D. Labbé, Sociologie des syndicats, op. cit.
10 Plan de Sauvegarde de l’Emploi… plus littéralement, plan social, voire plan de licenciement.
11 À l’exception de rares travaux tels que celui d’Aeron Davis sur le monde des traders, cf. A. Davis, « Media effects and the question of the rational audience : lessons from the financial markets », Media, Culture & Society, Sage, 2006, vol. 28, no 4.
12 Cf. en particulier J.-P. Esquenazi, Sociologie des publics, La découverte, 2003 et B. Le Grignou, Du côté du public, Economica, 2003.
13 Le conseiller du salarié ne doit pas être confondu avec le conseiller prud’homal, d’ailleurs les fonctions sont exclusives l’une de l’autre. Né à la fin des années 1980, le conseiller du salarié intervient de manière bénévole pour accompagner les salariés qui évoluent dans des TPE dépourvues d’IRP et qui sont confrontés à des procédures de licenciement. Son rôle consiste donc à informer et à assister le salarié.
14 Cette désignation appelle deux remarques. Il s’agit bien d’un agent relevant de la fonction publique hospitalière rencontré dans le cadre d’un stage censé ne s’adresser qu’à des salariés du privé. En fait, comme on l’a indiqué précédemment, la tradition persiste dans les UD, malgré les consignes des instituts du travail, à inscrire les syndiqués sans distinction. Ces salariés sont d’autant plus difficiles à identifier en amont qu’ils s’inscrivent au nom de syndicats regroupant indistinctement des salariés du privé et du public (c’est notamment le cas dans le domaine de la santé). La représentante syndicale parle de « commission paritaire » comme le veut la coutume mais il s’agit en fait du CTE – Comité technique d’établissement.
15 Y. Schwartz, Expérience et connaissance du travail, Éditions sociales, 1988.
16 Cf. [www.acrimed.org/].
17 Sur les origines et les diverses acceptions de la notion, cf. le texte que D. Séglard consacra à cette question, récemment repris dans l’ouvrage posthume Du pouvoir, Le Seuil, 2012. Sur la conception marxiste (Marx – Althusser) de l’idéologie cf. S. Olivesi, Questions de méthode. Une critique de la connaissance pour les sciences de la communication, op. cit., ch. 5.
18 Au sens où la psychanalyse parle d’identification primaire…
19 Une sociologie de ces stéréotypes reste à entreprendre pour mesurer la prégnance idéologique de la division sociale du travail sur les agents mais aussi leur fonction dans la différenciation symbolique de leur rôle : au fonctionnaire, bureaucrate improductif, s’opposerait ainsi l’artisan-entrepreneur, parvenu peu scrupuleux, à la richesse illégitime. Ainsi de bons esprits parmi de distingués universitaires, sociologues aguerris pour certains, ne peuvent entrevoir les agents sociaux qui ne partagent pas leur condition, que sous l’emprise de ces stigmates. Ils trahissent un sentiment d’injustice d’autant plus arbitraire qu’il traduit une haute idée d’eux-mêmes et de leurs fonctions et, corrélativement, le mépris dans lequel ils tiennent des salariés non-intellectuels pouvant justifier de revenus équivalents aux leurs. Et inversement, des salariés ne peuvent percevoir sans une jalousie extrême la posture aristocratique dont jouissent ces fonctionnaires en particulier, du seul fait de l’abstraction de leur condition hors de rapports salariaux de type marchand.
20 S. Olivesi, Questions de méthode, op. cit., ch. 4.
21 P. Livet, La Communauté virtuelle. Action et communication, Éditions de l’Éclat, 1994.
22 Équipementier automobile basé à Châtellerault, cette entreprise fut le théâtre d’un long et violent conflit avant sa fermeture.
23 Entretien CFDT b 2.
24 Entretien CFDT a 2.
25 Entretien FO 1.
26 Entretien CFDT a 4.
27 Entretien CFDT a 1.
28 Entretien CFDT a 1.
29 Entretien FO 4.
30 Entretien FO 3.
31 Si la rhétorique de la description ethnographique dans sa prétention à la neutralité et à l’objectivité ne nous paraissait pas suspecte (S. Olivesi, op. cit., 2004, ch. 2 ; S. Olivesi, « Le terrain. Une mythologie scientifique », Questions de communication, PUN, 2005, no 7), nous aurions pu rapporter quelques moments festifs de vie de syndicale où, loin des caméras et des micros, les valeurs dénoncées par ce représentant au regard décalé étaient pourtant bien incarnées en des lieux et selon des règles de sociabilité que l’on peut qualifier d’» ouvriéristes ». D’ailleurs, les boules et les merguez ne sont pas l’apanage du seul monde syndical mais l’expression de sociabilités dont le monde syndical s’est longtemps fait le dépositaire…
32 On fait en particulier référence à un stage « négociation » animé pour la CGT au fil duquel quelques représentants ponctuaient leur raisonnement et les séquences de formation par une unique sentence : « on lui fout les palettes ».
33 Entretien CGT 1.
34 Entretien CGT 5.
35 Entretien CGT 4.
36 Entretien CFDT a 3.
37 Ce phénomène n’exclut pas qu’un délégué syndical nous ait un jour indiqué lire régulièrement L’Usine nouvelle et que d’autres peut-être lisent de temps en temps Le canard enchaîné ou Le monde diplomatique. En tout cas, dans le cadre des stages animés, rien de tel n’a été observé.
38 Entretien CGT 3.
39 Entretien CGT 5.
40 Entretien FO 2.
41 Entretien FO 5.
42 Entretien CFDT a 1.
43 Entretien CGT 2.
44 Entretien CGT 3.
45 E. Noëlle-Neumann, « La spirale du silence. Une théorie de l’opinion publique », Hermès, 1989, no 4, p. 181-9.
46 Entretien CGT 1.
47 On fait référence aux analyses du Ch. 3.
48 Entretien FO 3.
49 Entretien FO 4.
50 Entretien CGT 1.
51 Entretien CFDT b 2.
52 Entretien CFDT a 4.
53 Entretien CFDT a 1.
54 Entretien CFDT a 2.
55 Entretien CFDT a 2.
56 Entretien CFDT a 1.
57 Entretien CFDT a 4.
58 Entretien CFDT a 1.
59 Entretien CGT 5.
60 Entretien CGT 3.
61 Entretien CGT 1.
62 Entretien CGT 1.
63 Entretien CGT 5.
64 Entretien CGT 3.
65 Entretien FO 1.
66 Entretien FO 3.
67 Entretien FO 5.
68 Les ressources relationnelles que les militants syndicaux peuvent tirer de leurs engagements extra-syndicaux s’avèrent limitées, notamment si l’on tient du compte du fait que, plus que les autres salariés, ces militants ont une vie associative intense (cf. S. Nicourd, « Travail associatif et travail syndical : la proximité des répertoires d’action », Le Travail militant, S. Nicourd (dir.), PUR, 2009). Les observations tirées des différentes enquêtes menées sur la population des représentants syndicaux conduiraient à formuler l’hypothèse suivante : leur socialisation dans des associations sans lien direct avec le monde syndical n’obéit pas à une stratégie visant la capitalisation de ressources susceptibles d’être ensuite réinvesties dans l’action syndicale, contrairement à d’autres formes d’engagements plus bourgeois (Lions Club, Franc-Maçonnerie…) obéissant à cette logique d’accumulation différentielle de ressources sociales appelant de potentiels réinvestissements croisés. On serait même tenté d’étendre le raisonnement et d’avancer l’hypothèse suivante : les engagements politiques (plus simplement, l’adhésion à un parti et la socialisation militante qui en découle) varient fortement selon l’origine sociale pour cette raison. Dans les milieux populaires, l’absence d’accumulation primitive de ressources sociales, susceptibles de fructifier ensuite sous la forme d’un capital relationnel acquis au travers de l’engagement, rend vain l’engagement lui-même ; inversement, pour des milieux plus bourgeois, un capital social utilement investi, même s’il s’avère initialement peu important, peut fructifier selon une logique d’échanges croisés et de conversion des ressources, incitant de ce fait au jeu de la politisation.
69 Il s’agit du prénom d’une autre représentante syndicale évoluant dans la même organisation.
70 Entretien CGT 2.
71 Entretien FO 3.
72 Entretien CGT 4.
73 Entretien CFDT b 2.
74 Ibid.
75 Entretien CGT 5.
76 Sur ce point, nos propres conclusions divergent des enseignements dégagés par A. Davis dans son étude consacrée à l’évolution des relations publiques développées par les syndicats (Public Relations Democracy, op. cit. ch. 6 et 7). D’abord, pour une raison évidente d’objet et de découpage : ce dont il traite recoupe principalement ce qu’en France on appelle l’échelon fédéral, voire confédéral et, par conséquent, ne traite pas de ce que font ou ne font pas les représentants des salariés à la base. Ensuite, pour une raison d’ordre social et culturel : si l’on différencie les relations publiques des relations-presse pour intégrer à l’intérieur des premières le travail plus discret de lobbying, force est alors de prendre en considération pour le contexte français, les processus de socialisation des acteurs qui jouent un rôle bien plus structurant que de simples actions volontaristes de lobbying qui, de toute manière, ne peuvent s’abstraire de leur emprise. En ce sens, la problématique des relations publiques ne permettrait pas de saisir pleinement les ressources relationnelles dont peuvent bénéficier certaines organisations syndicales et certains syndicalistes ; celles-ci dépendent en effet de leurs trajectoires militantes extra-syndicales (associatives, politiques…), de leur fréquentation de certains lieux (liés aux « pouvoirs » politique, médiatique, économique), de leur appartenance à diverses institutions… De manière plus générale, et contrairement à ce que pourraient faire croire les agences et les promoteurs d’une offre de service en ce domaine, l’évolution des relations publiques reste largement sous la dépendance de relations sociales d’interdépendance résultant de l’appartenance des acteurs à des groupes sociaux, à des réseaux, à des institutions, leur permettant d’agir relationnellement.
77 Entretien FO 4.
78 Entretien CFDT a 1.
79 Entretien CFDT a 3.