Le social à l’épreuve du dégoût
Corps du malade, du mourant, du mort, du pauvre : au cœur de nos sociétés contemporaines, des agents administrent pour le monde social et à sa place les marges de la vie biologique et sociale. Comment les pompiers, les travailleurs sociaux, les employés des pompes funèbres, les aides-soignantes, les infirmières et médecins se débrouillent-ils avec le « sale boulot » ? Parmi les émotions dont ils peuvent être affectés, il en est une, particulièrement archaïque, apparemment spontanée et difficil...
Éditeur : Presses universitaires de Rennes
Lieu d’édition : Rennes
Publication sur OpenEdition Books : 22 mai 2019
ISBN numérique : 978-2-7535-6333-9
DOI : 10.4000/books.pur.70232
Collection : Le sens social
Année d’édition : 2016
ISBN (Édition imprimée) : 978-2-7535-5089-6
Nombre de pages : 218
Georges Vigarello
PréfaceDominique Memmi, Gilles Raveneau et Emmanuel Taïeb
Introduction. La fabrique du tolérable : itinéraires sociaux du dégoûtPremière partie. L’invisibilité des morts
François Michaud-Nérard
Les morts « en mauvais état »Marine Jeanne Boisson
Quand la mort contamine les bureaux : l’administration des décèsDeuxième partie. Intolérables sociaux
Romain Pudal
Les pompiers, éboueurs de la société ?Jean Constance
Travailleurs sociaux et corps du pauvreTroisième partie. De nouveaux « intouchables » ? Petits arrangements personnels avec les affects
Fanny Dubois et Guy Lebeer
Aide-soignante en gériatrie : ou quand le dégoût devient incontournableAnnick Anchisi
Les souillures du grand âge, entre délégation et dénégationSylvie Morel
Transporter des « corps pathologiques ». Une immersion dans le quotidien des ambulanciers privésDominique Memmi, Gilles Raveneau et Emmanuel Taïeb
Les soignants et leurs gantsQuatrième partie. Ambivalence et dénégation du dégoût
Jean-François Boullier (†)
Les représentations du fœtus aux XIXe et XXe siècles entre attraction, effroi et répugnanceChristian Chevandier
« On est dégueulasse […], faut l’voir ! ». Pour une histoire du dégoût au travailDominique Memmi, Gilles Raveneau et Emmanuel Taïeb
Conclusion. La puissance sociale du dégoûtCorps du malade, du mourant, du mort, du pauvre : au cœur de nos sociétés contemporaines, des agents administrent pour le monde social et à sa place les marges de la vie biologique et sociale. Comment les pompiers, les travailleurs sociaux, les employés des pompes funèbres, les aides-soignantes, les infirmières et médecins se débrouillent-ils avec le « sale boulot » ? Parmi les émotions dont ils peuvent être affectés, il en est une, particulièrement archaïque, apparemment spontanée et difficile à réprimer : le dégoût. Il renvoie aux sensations du corps, mais recèle aussi une dimension sociale : pas seulement dégoût du goût des autres, mais peur de devenir comme eux, surtout s’ils sont jugés socialement inférieurs. Le dégoût traduit une urgence à se « séparer ». Réaction somatique à la crainte du rapprochement physique et social, émotion « mixophobe », le dégoût trace une frontière avec l’autre, révélant les inavouables sociaux de nos sociétés.
Cet ouvrage interroge ce que le dégoût « fait » aux interactions. On y découvre l’opposition radicale entre coulisses et scène, régie par l’autocensure professionnelle, et les mille stratagèmes permettant d’affronter ce qui révulse. Limitation du toucher, port de gants, lavage obsessionnel, embellissement du cadavre et toilettage des mots eux-mêmes, autant de techniques visant à mettre à distance la vie organique… des autres. Révélatrices d’une souffrance spécifique au travail, ces stratégies professionnelles avouent une ambivalence d’autant plus menaçante qu’elle semble de plus en plus indicible. Car secrété par le processus de civilisation, le dégoût est pris dans des interdits sociétaux incitant à le taire. Cela en fait un instrument d’autant plus précieux de lecture du monde social. Cet ouvrage apporte ainsi une contribution importante à l’histoire, à la sociologie et à l’anthropologie des sensibilités.
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