1 Datchary C., « Gérer la dispersion : un travail collectif », Sociologie du travail, vol. 50, no 3, 2008, p. 396-416.
2 Siblot Y., op. cit., 2006.
3 Cette charge associée à des situations de travail qui requièrent une dispersion forte des engagements dans un temps et un espace restreint a particulièrement été analysée par Caroline Datchary, qui souligne à la fois leur généralisation et la méconnaissance des compétences et des charges qui leur sont associées (Datchary C., La dispersion au travail, Toulouse, Octarès, 2011).
4 Comme l’ont décrit des travaux portant sur les formes de collaboration engagées dans des espaces de travail, et notamment ceux d’Isaac Joseph (Joseph I., « Attention distribuée, attention focalisée : les protocoles de la coopération au PCC de la ligne A du RER », Sociologie du travail, vol. 36, no 4, 1994, p. 563-585). Cette attention aux formes de coopération au sein d’espaces de travail permet d’analyser la manière dont des agents qui travaillent ensemble se coordonnent par une sensibilité à l’orientation des uns et des autres vers un environnement d’objet, qui ouvre sur des séquences où des agents se mettent à chercher ensemble une information, ou se rende un objet « digne d’attention » en signalant un élément potentiellement problématique (Heath C. et Hindmarsh J., « Les objets et leur environnement local. La production interactionnelle des réalités matérielles », inConein B. et Thévenot L. [dir.], Cognition et information en société, Paris, Éditions de l’EHESS, 1997, p. 149-176).
5 Au sens où l’entend Anselm Strauss (Strauss A., « Le travail d’articulation », inStrauss A., La trame de la négociation. Sociologie qualitative et interactionnisme, Paris, L’Harmattan, 1992, p. 191-236), ce travail d’articulation renvoie à tout ce qui est nécessaire pour donner forme aux anticipations effectuées pour la réalisation d’un travail donné.
6 Bidet A., L’engagement dans le travail. Qu’est-ce que le vrai boulot ?, Paris, PUF, 2011.
7 La notion de « sale boulot » (dirty work) a été forgée par E. C. Hugues dans ses analyses du travail infirmier, pour analyser la division du travail entre aides-soignants, médecins et infirmières à l’hôpital sous l’angle d’une division morale du travail, et de la manière dont certaines tâches participent à une conception idéale du rôle de ces agents. Hugues est attentif à la manière dont des agents tentent de préserver au regard des autres une définition de leur métier, et aux arrangements par lesquels ils dissimulent ou délèguent les aspects de leurs métiers considérés comme peu honorable, sale ou minable. Ces arrangements visent par conséquent la préservation d’une dignité liée à la définition d’un rôle, inscrite d’emblée sous le rapport de sa valeur pour autrui (Hugues E. C., Le regard sociologique. Essais choisis, Paris, Éditions de l’EHESS, 1997).
8 Dubois V., La vie au guichet. Relation administrative et traitement de la misère, Paris, Economica, 1999, p. 65.
9 Ibid., p. 68.
10 Ibid., p. 18.
11 Jeanne Lazarus, en mobilisant cette notion, a ainsi analysé les relations entre les banquiers et leurs clients comme le produit de deux définitions de la banque : la banque solennelle, héritée de l’histoire de la haute banque, des caisses d’épargne et des banques mutualistes, et la banque commerciale. Cette tension normative structure les épreuves instituées par la banque et les opérations de classement des individus qui y sont engagées (Lazarus J., L’épreuve de l’argent. Banques, banquiers, clients, Paris, Calmann-Lévy, 2012).
12 V. Dubois souligne toutefois l’existence de certaines formes de personnalisation des rapports entre agents et allocataires qui ne sont pas assimilées à des formes de contrôle rapproché. Il évoque ainsi le ton amical de certaines conversations, les attitudes par lesquelles des agents signifient leur écoute, ou la connaissance personnelle que des agents ont de certaines situations, qui permettent de faciliter l’accès de certains allocataires à cette institution. Toutefois, ces bienfaits appellent en retour la hantise d’une mise sous dépendance. Le fait que certains allocataires attendent le retour d’un interlocuteur avec qui ils ont l’habitude de traiter redouble la dépendance à l’institution de celle d’une dépendance à la personne de l’agent (Dubois V., op. cit., 1999).
13 Ibid., p. 190.
14 Pour une analyse des inflexions récentes des politiques de soutien au développement des services à la personne, dans le sens d’une stratégie d’extension marchande de services banalisés, voir Florence Jany-Catrice (Jany-Catrice F., « La construction sociale du secteur des services à la personne : une banalisation programmée ? », Sociologie du travail, vol. 52, no 4, 2010, p. 521-537).
15 Bras B., La Poste, entre le service public et le marché. Le cas de la distribution, Paris, thèse d’économie des institutions de l’université de Paris 10-Nanterre, 1995, cité inThévenot L., « Des institutions en personne. Une sociologie pragmatique en dialogue avec Paul Ricœur », Études ricœuriennes/Ricœur Studies, vol. 3, no 1, 2012, p. 11-33.
16 Siblot Y., op. cit., 2006.
17 Molinier P., Le travail du care, Paris, La Dispute, 2013.
18 Dubois V., op. cit., 1999, p. 129.
19 Marchal H., art. cité, 2007, p. 366.
20 Idem.
21 Ce que souligne, notamment, Patricia Paperman, en indiquant que dans « la vie ordinaire, celle qui précisément n’est pas jugée intéressante du point de vue de la théorie morale dominante, l’impartialité n’est plus une exigence cruciale de la moralité ni même de la justice » (Paperman P., « D’une voix discordante : désentimentaliser le care, démoraliser l’éthique », inMolinier P., Laugier S. et Paperman P., op. cit., 2009, p. 84-110, p. 95).
22 Tronto J., Un monde vulnérable. Pour une politique du care, Paris, La Découverte, 2009.
23 Ibid., p. 15.
24 En nous cantonnant à la lecture de l’ouvrage préfacé, cette articulation entre les travaux de J. Tronto et ceux de F. Guattari ne nous est pas apparue manifeste (Mozère L., « Avant-propos », inTronto J., op. cit., 2009, p. 5-18).
25 Molinier P., op. cit., 2013.
26 Pascale Molinier restitue ainsi les différentes manières de concevoir ce qui compte pour les résidants de ces institutions, selon que l’on adopte la perspective des soignants, de leurs encadrants ou des membres de la famille de ces résidants. Les tensions observées dans cet établissement font écho à celles que nous avons pu observer, à travers des formes de dévaluation systématique, de la part de leur encadrement, de soignantes jugées paresseuses, insuffisamment distanciées, trop affectives ou partiales (ibid.).
27 Ibid., p. 129.
28 Ibid., p. 146.
29 Pascale Molinier développe la notion de « confiance » dans une opposition à celle de « reconnaissance », plutôt que l’opposition, à laquelle nous serions plus attentives, entre conversation et délibération, pour préciser les exigences qui pèsent sur différentes modalités de mises en commun. Elle entend en effet marquer l’écart avec la thématique de la reconnaissance au travail, qui tend à négliger le fait que, même dans une société parfaitement équitable, la question du « sale boulot » ne serait pas évacuée, et qui tend à réduire le travail à des tâches et à des compétences dûment identifiées, pour envisager les gratifications statutaires qui leur sont associées (ibid., 2013).
30 Ibid., p. 89.
31 Ibid., p. 167.
32 Expression qu’elle reprend à Hélène Chaigneau, figure importante de la psychothérapie institutionnelle (Chaigneau H., Soigner la folie. Une vie au service de la clinique, Paris, Éditions Campagne première, 2011, p. 117), cité ibid., p. 189.