1 L’approche par les capabilités a fait l’objet de nombreuses publications qui ne peuvent être résumées ici. On peut utilement consulter le site web de Human Development and Capability Association ou les bibliographies annuelles publiées par le Journal of Human Development and Capabilities. Pour une présentation synthétique de l’approche par les capabilités, on peut se référer à Robeyns (2005). Pour une présentation complète, voir Sen (2009) ou sa traduction en français : Sen (2010).
2 Comme indiqué précédemment, nous avons choisi d’utiliser le néologisme capabilité pour traduire le mot anglais capability contrairement à la tendance croissante parmi les économistes à utiliser le mot capacité. Nous utiliserons indifféremment les mots de fonctionnement, réalisation ou accomplissement pour traduire les mots anglais functionings et achievement, mots que nous avons considérés comme équivalents. Il faut cependant souligner que dans les travaux anglophones, il existe une ambiguïté dans l’usage des mots functionings et achievement. Il semble que le mot functionings serait réservé au well-being achievements (accomplissements en matière de bien-être) tandis qu’achievement peut aussi bien designer l’accomplissement des autres buts (agency) que nous désignerons par l’agence (Crocker et Robeyns, 2009). Il apparaît alors que le mot achievement (accomplissement en français) serait d’usage plus large (bien-être ou autres buts de la personne) tandis que functionings (fonctionnements) serait à réserver uniquement au bien-être. Les capabilités sont, quant à elles, des possibilités d’accomplissements que ceux-ci soient relatifs, on le verra, au bienêtre (well-being freedoms) ou aux autres buts (agency freedoms) que poursuit la personne.
3 Sans pour autant supposer, on le verra, que ces raisons constituent un ensemble unique et immuable quels que soient le moment ou l’aspect de la vie concernés.
4 Sur la notion de capabilité collective, voir, par exemple : Ballet,Dubois et Mahieu, 2007 ; Deneulin, 2008 ; Dubois et Renouard, 2008 ; Evans, 2002 ; Ferreras, 2008 ; Kabeer, 2008.
5 La notion de fonctionnement est proche de la notion sociologique de pratique si l’on entend pratique comme une description de ce qui est ou de ce qui est fait. Mais, dans la notion de fonctionnement, il y a la marque de l’intentionnalité (c’est la pratique de la personne parce qu’elle valorise cette façon de faire et qu’elle l’a choisie).
6 « A person’s well-being achievements […] concern not “the totality of her considered goals and objectives” but rather only her “wellness”, “personal advantage”, or “personal welfare”. »
7 « A person’s agency achievement refers to the realization of goals and values she has reasons to pursue, whether or not they are connected with her own well-being. »
8 « Agency freedom is freedom to achieve whatever the person, as a responsible agent, decides he or she should achieve. »
9 Par exemple, lorsqu’on détermine chez une personne, l’étendue de la privation qui nécessite une assistance extérieure ou étatique, on pourrait avancer que son bien-être est plus pertinent que son succès d’agent.
10 Sen souligne que pouvoir suivre son style de vie préféré est une liberté d’une certaine importance, même en l’absence de toute liberté individuelle de choix. Il donne l’exemple suivant : quand le médecin choisit une solution parce qu’il sait ce que le blessé aurait préféré s’il avait pu s’exprimer, il n’y a pas violation de la liberté du patient. Il y a même concrétisation de cette liberté au sens du pouvoir effectif, si le médecin choisit en fonction de ce que le patient aurait voulu.
11 Objectifs et buts qui (voir supra) ne se limitent donc pas a priori à l’intérêt égoïste. Prendre en considération les souhaits et les projets des autres n’est pas une violation de la rationalité et le comportement raisonnable n’est pas toujours lié à une coopération mutuellement profitable, fondée sur l’asymétrie et la réciprocité et in fine, à une logique de l’avantage personnel.
12 Les éléments suivants pourraient servir de repères : respect de l’autonomie (capacité des individus à s’autogouverner, ce qui n’en fait pas pour autant des individus égoïstes et décontextualisés, liberté de choix, consentement, respect des préférences, absence de contrainte extérieure…), non-malfaisance, bienfaisance (au sens d’améliorer le bien-être de la personne concernée et aussi des autres agents pouvant être affectés).
13 Lorsque l’aide ou la faveur vient des proches, la coïncidence n’est plus vraiment fortuite ; c’est ce qu’on peut voir dans les récits avec les justifications d’agir selon ce que la personne aurait souhaité ou fait auparavant !
14 Même si Sen avait introduit cette distinction entre ces deux situations, cf. Sen, 2000.