Vieillir en maison de retraite
p. 323-336
Texte intégral
1La vie en maison de retraite est l’objet d’enquêtes sociologiques récurrentes, de manière sporadique, qui peuvent être distinguées selon deux perspectives principales. La première, fondée sur une focalisation externe aux personnes prises en charge, s’attache à la manière dont les institutions d’hébergement pour personnes âgées, des anciens hospices aux récents EHPAD1, modèlent la vie quotidienne et construisent les parcours de vieillissement de leurs pensionnaires. Cette perspective, inspirée des travaux de M. Foucault (1975) ou E. Goffman (1968) met l’accent sur les logiques de domination à l’œuvre dans le champ de la prise en charge de la vieillesse, qui tendent à imposer des formes normalisées de vieillissement aux plus fragiles des âgés, majoritairement recrutés dans les milieux populaires. La seconde perspective adopte une focalisation interne aux résidents, et propose de comprendre à quelles conditions sociales et de quelles manières différenciées il est ou non possible de reconstruire un chez-soi en maison de retraite. Plutôt que d’analyser ce que l’institution fait aux individus, elle montre ce que les individus font de l’institution. Après avoir présenté ces deux perspectives, en resituant leurs contextes, leurs méthodes, et les conceptions de la vieillesse et du vieillissement qu’elles mettent en évidence, ce chapitre propose de nouvelles voies d’investigation, liées en particulier aux transformations récentes des établissements d’hébergement et de leur clientèle.
De la dénonciation des hospices à la mise en évidence des nouvelles formes de la violence institutionnelle
Les hospices : des institutions disciplinaires
2À la fin des années 1970, les travaux de sociologie de la vieillesse débutante sont nombreux à dénoncer le fonctionnement des établissements d’hébergement pour personnes âgées, en le rattachant à une logique hospiciale, disciplinaire (au sens de Foucault) ou totalitaire (au sens de Goffman). Cette dénonciation repose le plus souvent sur des monographies d’institutions, construites à partir de l’examen des archives et des règlements intérieurs ou de l’observation directe de la vie dans ces établissements. C. Bernand (1978) montre ainsi qu’au tournant du XXe siècle, l’hospice remplit une double fonction : interne, de resocialisation des pensionnaires, en majeure partie d’anciens ouvriers, aux normes – en particulier de tempérance, et de décence – définies par la classe dominante ; et externe, de moralisation de la classe ouvrière, afin d’encourager à la prévoyance pour assurer ses vieux jours. N. Benoît-Lapierre, R. Cevasco et M. Zafiropoulos (1980) mettent en évidence la continuité de fonctionnement entre les anciens hospices et les « longs séjours » hospitaliers, en dépit du changement de dénomination. L’hospice est analysé comme une institution de gestion disciplinaire des corps, qui dépersonnalise, uniformise et infantilise les vieillards, par des dispositifs matériels, une organisation du travail et une formation des personnels gouvernés par un « rationalisme médical ». Ainsi « les scansions des fonctions biologiques sont calquées sur les cadences du fonctionnement institutionnel » (p. 22), qui devient à lui-même sa propre fin. Les pratiques hygiénistes à l’œuvre dans l’institution produisent des situations humiliantes, portant atteinte à l’intimité, notamment corporelle, quel que soit le besoin d’aide des pensionnaires. L’imposition d’un uniforme, l’application des mêmes règles bureaucratiques à tous les pensionnaires, sans considération de leur état de santé ou de leur histoire singulière, leur réduction à un numéro contribuent à homogénéiser les pensionnaires, tout comme la réduction des vieillards à une caractéristique organique (« l’aveugle », « le petit mongolien »), de comportement (« le poivrot ») ou d’âge (« le centenaire ») opère et facilite la standardisation de leur prise en charge. Le pensionnaire idéal est ainsi « le vieillard assujetti » (p. 70), voire grabataire, qui ne résiste pas à la prise en charge de l’institution. En conséquence, les pensionnaires cherchent à se distinguer de la masse des vieillards pris en charge, soit par la complicité avec les personnels, soit dans la résistance aux contraintes institutionnelles. Dans cette lutte contre la dépersonnalisation, les conduites des vieillards oscillent entre adaptations aux règles et dissidences. Les fugues, mais également le développement de démences, permettent la mise à distance de l’institution, et le suicide est pensé comme « le dernier acte de liberté et l’unique conduite qui mette en échec le pouvoir de l’institution » (p. 89). Ainsi, le désenfermement des vieillards et la contestation des hospices initiés par la politique de la vieillesse dans les années 1970, dans un contexte plus général de contestation des asiles, n’entraînent pas la fin des logiques hospiciales ou de la ségrégation des vieillards, qui perdurent dans les longs séjours ou se recomposent dans de nouvelles formes institutionnelles, comme celle de la maison de retraite à section de cure médicale.
Une violence institutionnelle symbolique
3Des travaux plus récents réinvestissent cette perspective théorique, pour montrer que l’humanisation des hospices mise en œuvre dans les années 1980, qui valorise et met en place des fonctionnements plus individualisés, a transformé l’oppression visible dans les anciens hospices en une violence symbolique moins apparente. Les transformations des établissements durant les dernières décennies découlent de la volonté de rapprocher l’hébergement institutionnel de la vie ordinaire, liée à l’orientation de la politique de la vieillesse vers le maintien à domicile, et à l’évolution des publics accueillis. Alors que les hospices resocialisaient de vieux pauvres, les EHPAD hébergent des personnes handicapées, devenues incapables de vivre seules à leur domicile. Certes, les ancien(ne) s employé(e) s et ouvrier(ère) s restent les catégories les plus représentées en institution (plus de 40 % des résidents), et les cadres supérieurs y sont très minoritaires (3 %)2 : pour autant, l’ouverture des établissements, l’individualisation des services, l’exigence de personnalisation introduite par différentes lois, l’adoption de normes hôtelières de confort en raison de l’investissement de l’hébergement par le secteur privé a ouvert l’éventail des profils sociaux des personnes âgées accueillies en institution, de manière différenciée selon les établissements3. La violence exercée par les institutions revêt alors des formes plus subtiles. C. Bastien et O. Rick (2010) analysent dans cette perspective la manière dont les espaces, formellement ouverts, d’une maison de retraite moyenne gamme de l’Est de la France et leur aménagement traduisent et produisent des logiques de ségrégation, qui renvoient les vieux « à leur vérité objective d’être en délitement physique, mental et social ». En outre, l’aménagement et la régulation institutionnels de l’espace produisent une violence symbolique qui homogénéise les résidents, en effaçant « les différences secondaires entre des résidents, qui tous, partagent, à un degré ou à un autre, actuellement ou potentiellement, et malgré les efforts des uns pour se démarquer encore des autres, la même impotence ». En favorisant l’immobilité et l’indolence chez les résidents pris en charge, l’institution produit alors des individus adaptés à un fonctionnement totalitaire. D’autres auteurs (Macia et al., 2008) insistent moins sur cette dimension totalitaire de l’institution que sur les capacités et les possibilités de résistance des résidents. Dans une perspective foucaldienne, ils montrent que c’est par le corps, objet de toutes les attentions en institution, que les résidents vont pouvoir exercer un pouvoir ou médiatiser le pouvoir de leurs proches, en convoquant les personnels à s’occuper de ce corps impuissant. C’est paradoxalement par la reconnaissance de leur faiblesse et de leurs incapacités que les résidents des maisons de retraite exercent un pouvoir, reconnu comme légitime en raison de la médicalisation de ces institutions.
La production institutionnelle de vieillards
4Ces enquêtes s’attachent à décrire la manière dont les institutions d’hébergement collectif produisent des vieillards, vaincus par leur vieillissement biologique. Le vieillissement social est le redoublement de la sénescence, sous la forme d’un processus continu, matériel et symbolique, de minoration et de mise à l’écart des personnes âgées. Les institutions apparaissant dans ces enquêtes façonnent la vie quotidienne, les statuts sociaux, voire les identités des résidents. La vie en maison de retraite est analysée d’abord par son fonctionnement institutionnel, à partir des contraintes et des injonctions qu’exercent personnels et aménagement, organisation et architecture, sur les personnes hébergées. Dans cette démarche, qu’on pourrait qualifier de durkheimienne, attentive aux structures et à leurs effets sur les individus, les institutions apparaissent comme excessivement unifiées : la violence institutionnelle est le fait de tous, sans distinction, et les logiques architecturales, organisationnelles et professionnelles obéissent aux mêmes lois et produisent des effets uniment cumulatifs sur les résidents. Il apparaît peu de tensions dans les logiques organisationnelles décrites, et peu de variations individuelles dans les pratiques professionnelles. Les relations personnelles qui se tissent entre les différents membres du personnel et les résidents, les variations dans l’état de santé et la prise en charge des personnes âgées, loin d’être analysées, sont au contraire minorées par des enquêtes plus attentives à la domination, aux soumissions et aux éventuelles résistances qu’elle provoque, qu’aux comportements, aux lieux et aux activités qui lui échappent. Les plus récentes de ces enquêtes font alors apparaître les contradictions entre la revendication humaniste de l’accompagnement des personnes âgées « jusqu’au bout de la vie », et les difficultés pour le personnel d’être confronté à l’altérité du handicap et de la mort, dans leurs expressions les plus crues, et parfois les moins socialisées. La vieillesse est ainsi décrite de l’extérieur, dans une forte proximité avec le sens commun, qui confond vieillesse, handicap et dépendance, probablement en raison de la prééminence de l’observation comme mode de production des matériaux, qui rapproche de facto leur point de vue de celui des personnels. Les personnes âgées hébergées n’existent alors jamais comme sujets, mais sont renvoyées au statut d’objets de soins, et fondues dans la masse indistincte des résidents. Elles sont tout entières définies par leur vie dans l’institution ; leurs actes, leurs comportements ou leurs identités ne sont jamais déterminés que de manière conforme aux visées institutionnelles ou en résistance par rapport à ses injonctions. La vie antérieure à l’institution ou les familles n’existent pas dans ces monographies d’établissements, où :
« Les incitations répétées de l’institution [produisent] in fine chez les résidents cet état végétatif si bien adapté, en définitive, à l’inertie attendue des résidents au sein de l’espace institutionnel, “matériau humain”, pour reprendre l’expression de Goffman, qui ne vient plus entraver le déroulement des tâches quotidiennes du personnel. » (Bastien et Rick, 2010.)
5Si ces recherches montrent bien les contraintes qui pèsent sur les résidents, et la relégation de la vieillesse dans nos sociétés, elles disent en revanche très peu de choses de la manière dont les individus composent avec les établissements d’hébergement.
Une analyse « par le bas » des maisons de retraite
6Une autre manière d’analyser les maisons de retraite permet d’éclairer les angles morts des approches précédentes. Il s’agit alors « non pas de nier la domination à l’œuvre, mais d’étudier ce qui ne s’y ramène pas » (Bayart, 1985). Analyser la vie en maison de retraite « par le bas » consiste à adopter le point de vue des personnes âgées. Comment s’adaptent-elles à la vie institutionnelle ? Quelles sont les ressources (lieux, biens et liens) mobilisées pour recréer un équilibre de vie en institution ? Comment la maison de retraite intervient-elle dans les processus de vieillissement ? Une enquête de type ethnographique, menée sur huit établissements et réunissant différents types de matériaux (une trentaine d’entretiens accompagnés de photographies, des observations continues ou discrètes, participantes ou non, dans trois établissements) a permis de mettre en évidence des formes plus discrètes, mais également plus variées et plus nuancées, de vie en maison de retraite (Mallon, 2004), et d’identifier à quelles conditions sociales la reconstruction d’une vie équilibrée en maison de retraite est possible.
Trouver son équilibre grâce à l’institution
7Les personnes qui construisent un monde privé en s’appuyant fortement sur l’institution insistent sur le caractère personnel de leur décision d’entrer en institution. Mais la suite de leur discours montre que cette décision personnelle a été prise sous une contrainte sociale ou de santé, comme une réponse tactique à des accidents biographiques. Les résidents les plus désireux de s’intégrer à la communauté présentent souvent des vies, marquées par la maladie, par les difficultés sociales ou familiales : surtout issus des classes populaires, ils sont arrivés en institution assez jeunes, en situation de fragilité, voire de précarité sociale. L’incertitude du lendemain a été le ressort principal de leur entrée, organisée par les réseaux d’assistance sociale, sollicités de manière tactique.
« J’étais chez un copain, et quand il touchait sa pension, il buvait […]. J’étais au chômage, je touchais pas beaucoup, il me donnait jamais d’argent, il était toujours bourré et tout alors… Donc, au docteur, j’ai dit : “Écoutez, vous choisissez : ou vous me mettez tout de suite dans un hospice, mais je veux pas rester, parce qu’il y a ça, ça et ça, avec lui.” »
8Cet ancien ouvrier alors au chômage a trouvé un établissement grâce à la sœur de son médecin, assistante sociale. Entrer en institution « pour ne plus se faire de souci de rien » importe plus que de choisir un établissement particulier. L’emménagement est conçu comme définitif, et la logique d’utilité commande l’aménagement de la chambre. On laisse tout derrière soi, hormis le linge, et quelques bibelots et photographies. Pour les plus défavorisés, les possessions tiennent dans une valise ; pour les autres, les meubles de l’institution sont repris, agrémentés de quelques meubles personnels auxquels on tient, les meubles surnuméraires étant donnés ou vendus sans état d’âme.
9Le désir de s’intégrer se traduit par une adoption des règles et des rythmes de l’institution. Ces résidents profitent de manière extensive et intensive de l’offre d’animation complète de l’institution, qui fonctionne pour eux comme un club du troisième âge intégré. Ils y profitent de loisirs et de services auxquels ils n’avaient pas accès à domicile, et se découvrent des talents cachés, des qualités personnelles inexplorées, des goûts demeurés en sommeil.
« Alors moi, je n’ai jamais mis de rouge, de vernis sur les ongles, je… j’y pensais même pas, quoi, j’étais pas une élégante. Maintenant, je suis vernie (rires) ! Il a fallu que j’arrive à 86 ans pour avoir du vernis sur les ongles ! Je dis : “On n’arrête pas le progrès, hein !” Y a pas ! Parce que y a vingt ans, j’en avais pas (rires). C’est bizarre, hein, la vie. Parce que je lui dis à chaque fois : “Passez pas votre temps à me mettre du vernis, hein, j’en ai pas besoin, moi.” “Oh, elle me dit, si, si, pourquoi pas ?” Et puis, c’est vite fait, hein, elle a l’habitude. Mais quand même, elles le font. Alors je trouve ça formidable. » (86 ans, ancienne employée municipale.)
10Pour les plus investis, l’institution devient un véritable cocon protecteur, dont ils ne sortent guère et apprécient la prise en charge. Pour eux, la maison de retraite constitue un « asile »,
« au meilleur sens du terme, un sens que Goffman prend peut-être trop peu en compte : des lieux où l’être torturé, en pleine tourmente, trouve un refuge, et se voit offrir précisément cet alliage d’ordre et de liberté dont il a besoin » (Sacks, 1988, p. 283).
11Dépassant la simple consommation de loisirs, ils s’inscrivent dans le fonctionnement de la maison, de manière formelle ou informelle. Ils représentent les autres résidents au conseil d’administration ou dans les associations de famille, ils soulagent le service, en raccompagnant des personnes moins valides à leur chambre, ou en recyclant des compétences professionnelles ou personnelles. Un ancien plongeur-vaisselier (68 ans) fait ainsi la vaisselle du petit-déjeuner ; un ancien caricaturiste (75 ans), anime tous les quinze jours sa version de « Questions pour un champion ».
12La recréation d’un monde privé en symbiose avec l’institution passe par une appropriation des espaces, des réseaux et du lexique de l’institution : le « chez-soi » de ces résidents est intégré dans un « chez-nous », dont ils acceptent et revendiquent les contraintes collectives. L’institution constitue réellement pour eux une maison, au sens anglo-saxon de home (Douglas, 1993), qui les conduit à un usage privatif des espaces collectifs, et même à une insertion dans certains des espaces professionnels (comme la cuisine). Au sein de cette maison, la lutte contre la solitude, qui a souvent motivé l’entrée, passe par la construction de relations privilégiées avec le personnel, avec ceux qui comptent dans l’établissement, directeurs, animateurs, psychologues et aides-soignantes. Cette proximité recherchée les conduit à adopter, de manière plus ou moins extensive, le lexique et les rhétoriques institutionnels. Ces résidents déplorent ainsi, à l’instar des « filles4 », le manque de personnel et l’entrée de plus en plus tardive de personnes de plus en plus dépendantes.
13Pour autant, cet investissement dans la maison est toujours réversible, et le privé n’est pas confondu avec le collectif. Contrepoint de l’institution, la chambre offre aussi un contrepoids à son emprise. Les plus démunis personnalisent le décor de leur chambre en le gagnant sur l’institution, de manière un peu similaire à la « perruque » en entreprise (de Certeau, 1980) :
« Le tableau, c’est Nadine qui me l’a donné. Il était en bas et je l’ai vu. Il m’a bien plu, parce qu’il y a des bateaux dessus, et elle me l’a donné. Ça faisait rien à personne. » (73 ans, femme sans profession.)
14Mais la chambre est aussi une coulisse où préparer les interventions sur les scènes publiques de l’institution. Une ancienne femme de ménage, militante communiste au long cours (75 ans) y concocte l’animation de sa revue de presse par la lecture du journal. C’est enfin un lieu où se retirer quand l’investissement dans la maison devient trop coûteux, trop fatiguant ou trop peu rentable, lorsque les efforts déployés pour s’inscrire dans le fonctionnement de l’établissement sont insuffisamment récompensés. La chambre permet alors de bénéficier d’un espace à soi, et d’équilibrer investissement dans la collectivité et vie privée.
Mener une vie personnelle au sein de la maison
15À la symbiose entre résident et institution décrite précédemment s’oppose la niche écologique que construisent les résidents qui font un usage mesuré de l’institution, parce qu’ils disposent de lieux, de relations et de biens alternatifs pour structurer leur existence. L’équilibre de vie est recherché en tentant d’établir une continuité entre le nouvel univers institutionnel et l’existence auparavant menée au domicile.
16L’entrée en institution est ici un choix rationnel et autonome, opéré dans une stratégie de vieillissement. La stratégie, entendue au sens de M. de Certeau,
« postule un lieu susceptible d’être circonscrit comme un propre et d’être la base d’où gérer des relations avec une extériorité de cibles et de menaces […]. Le “propre” est une victoire du lieu sur le temps. Il permet de capitaliser des avantages acquis, de préparer des expansions futures et de se donner ainsi une indépendance par rapport à la variabilité des circonstances. C’est une maîtrise du temps par la fondation d’un lieu autonome » (op. cit., p. 59-60).
17Chez ces personnes issues de milieux plutôt favorisés, tant d’un point de vue économique que culturel5, la décision d’entrer en maison de retraite n’est pas dictée par des ennuis de santé ou des difficultés sociales : alors qu’elles « auraient très bien pu rester chez elles », ces personnes ont choisi de circonscrire le lieu de leur vieillissement, pour éviter de faire peser leur vieillesse sur leurs enfants, et conserver leur liberté. Elles ont refusé les solutions alternatives, appréhendant la dépendance à des services d’aide à domicile, dont la continuité ne leur paraissait pas assurée, refusant d’être gênées chez elles par la présence d’une dame de compagnie, tout autant que de gêner leurs enfants en cohabitant avec eux. Entrées « sans raison », ces personnes doivent se justifier et argumenter, notamment auprès de leurs enfants, le bien-fondé de leur décision, tant elle est construite à rebours des chemins dessinés par les politiques sociales, qui font de l’institution un pis-aller lorsque le maintien au domicile n’est plus possible. Dans cette stratégie de vieillissement, le choix de l’établissement est opéré avec soin, pour faciliter la continuité avec la vie antérieure. Localisé à proximité de l’ancien domicile ou du domicile des enfants6, l’établissement est retenu en fonction de critères explicites (comme le prix, mais aussi l’assurance d’une messe quotidienne ou encore le niveau social des personnes accueillies), après des visites répétées, voire des séjours d’essai. La « volonté de s’adapter » mise en avant par ces personnes comme la clé de leur acclimatation à cette nouvelle vie méconnaît en partie les anticipations, matérielles et symboliques, accomplies personnellement et en famille, qui facilitent la transition entre les deux univers.
18La chambre constitue le centre du monde privé, et le lieu privilégié du « chez-soi ». Elle concentre et résume l’ancien domicile : aidées par leurs enfants pour sélectionner meubles et objets, les personnes âgées attribuent aux possessions emportées une fonction métonymique.
« Mais vous voyez, c’est vrai, je me le suis tout le temps demandé, comment est-ce que je ne suis pas tout le temps en train de penser à ce que je n’ai pas ? Mais non. Je ne pense pas à ce que je n’ai pas. Il y a des tas de choses que je n’ai plus, dont je me servais, puisque j’étais seule dans ma maison, j’avais tout sous la main. Mais non. J’ai porté que la moitié de mes plantes, mais ça me va, je les ai, c’est celles-là que j’aime, maintenant. » (Veuve de professeur agrégé, 89 ans.)
19Les meubles emportés fonctionnent comme des rappels des meubles laissés, le plus souvent distribués aux enfants.
« J’ai dit à mes enfants : “Vous faites comme si j’étais morte, vous vous débrouilleriez bien”, c’est le terme que j’ai eu. Ils m’ont dit : “Mais qu’est-ce qu’on va faire de tout ?” J’ai dit : “Ben si j’étais morte, vous seriez bien obligés de vous débrouiller, eh ben, faites-en autant.” Alors je suis pas retournée voir, ni… rien. Ils se sont partagés, et puis j’ai pris deux, trois meubles, et voilà. » (Veuve de magistrat, 85 ans.)
20La fréquentation des lieux les plus collectifs est alors minimale, réduite aux repas le plus souvent. Le temps est moins structuré par les animations proposées par l’institution que par la famille et les amis, présents et nombreux. L’institution pèse peu sur la vie personnelle, car les personnes s’y investissent de manière mesurée. Les relations avec les personnels sont des relations de service, et les relations avec les autres résidents sont établies avec prudence : les liens faibles (Granovetter, 1973) prennent rarement un tour plus électif, mais permettent de vivre en bonne intelligence.
21Il faut alors souligner l’importance des espaces et des temps « secondaires » (Sansot, 1978) par rapport à l’institution, dans la construction d’un équilibre de vie. Les maisons de famille, les résidences secondaires, les domiciles des enfants constituent en effet autant de lieux où les personnes âgées peuvent renouer avec d’autres définitions d’elles-mêmes que celles qui ont cours dans l’institution. Dans ces lieux où le temps s’écoule sans rupture sensible, comme au domicile, les personnes âgées peuvent s’éprouver comme inchangées, en renouant avec leurs enfants, petits-enfants, voire arrières petits-enfants. La famille apparaît bien ici comme essentielle dans les ajustements au nouvel univers, tant matériels que relationnels ou plus symboliques. Le soutien familial, réel, qui se marque dans les visites, les hébergements chez les enfants, les vacances prises en commun, mais également dans le soin du linge, est alors vécu de manière d’autant plus enchantée (« j’ai de bons enfants »), que l’entrée a été motivée par le refus d’obliger les enfants à s’occuper de soi.
Figures du déséquilibre : défections secrètes, fuites, résistances
22La majorité des résidents peine pourtant à reconstruire un équilibre durable : les manières de vivre en institution sont le plus souvent des variations instables des deux mondes précédents. Les existences des personnes âgées, qu’elles tentent de structurer soit par l’investissement dans l’institution, soit par l’établissement de la continuité avec l’ancien domicile, oscillent entre résistance et retrait lorsque la contrainte institutionnelle se fait trop forte. La sensibilité forte à la contrainte institutionnelle est liée aux difficultés d’intériorisation de l’obligation initiale d’entrer en institution, au placement rendu nécessaire par le handicap, les difficultés sociales ou familiales. La plupart des entrées en institution sont en effet liées à la succession rapide ou la conflagration d’accidents biographiques (apparition ou aggravation d’un handicap, décès d’un proche, etc.). Tous les individus ayant des difficultés à s’adapter insistent alors sur la violence symbolique du placement, aggravée par la vitesse d’exécution de la décision. L’entrée en institution a procédé d’une soumission de la vision subjective que la personne âgée a de son vieillissement à une vision hétéronome, celle des enfants, des services sociaux ou du corps médical. Les personnes ont été peu consultées sur leur nouveau lieu de vie, souvent imposé près de leurs enfants, en raison de la norme familialiste qui imprègne représentations et pratiques de l’aide aux personnes âgées (Walker, 1991).
23Cette obligation non intériorisée d’entrer en institution se lit dans le décor des chambres : certaines sont presque nues, à l’exception du mobilier institutionnel. Mais la saturation d’objets et de bibelots n’est pas un gage de reconstruction du chez-soi. La fonction métonymique des objets joue alors de manière négative : le nouvel agencement des meubles paraît incongru, le buffet de la salle à manger côtoyant le lit. Les discours laissent apparaître le sentiment de perdre la maîtrise de l’environnement : les personnes sont ainsi très inquiètes pour les objets laissés au domicile, ou les meubles donnés à des associations : « Si ça tombe sur quelqu’un qui est soigneux, ça va, mais si ça tombe sur quelqu’un qui les abîme. » (Ancienne employée, 86 ans.) Le désintérêt pour la chambre n’est pas compensé par un investissement fort dans les espaces communs de la maison : le refus de la vieillesse, qui a entraîné l’institutionnalisation, implique un refus net de la collectivité ; s’y jouent à la fois le refus d’entrer en relation avec d’autres vieillards, définis sous le seul angle de leurs pertes et de leur dégradation physique et psychique, et le refus de l’institution qui certifie la vieillesse du résident. Pourtant, ces résidents, qui ont des relations distantes, voire conflictuelles avec leurs enfants, entrent en dépendance de l’institution, dont les personnels sont les seuls susceptibles de les aider pour accomplir les activités (parfois élémentaires) de la vie quotidienne.
24Les faillites de l’adaptation se marquent dans la difficulté à occuper le temps. Dans le récit des résidents, les activités quotidiennes sont dispersées, le plus souvent solitaires à l’exception des repas, séparées par de longs moments d’attente, en raison des handicaps que connaissent ces personnes et de leur refus de se confronter à la collectivité. Leur emploi du temps est donc structuré par le suivi médical et les obligations institutionnelles. Les activités apparaissent ritualisées, et décomposées, pour organiser un temps qui s’étire et se déforme, faute de signification.
« Les semaines passent très vite. Et les mois aussi. C’est bizarre, hein. Les journées sont très longues. Les journées, parce qu’on les vit, peut-être, l’heure à l’heure, je sais pas… » (Ancienne employée, 90 ans.)
25Les rythmes sociaux passent en effet inaperçus, sinon a contrario : les dimanches, les jours fériés, le mois d’août, quand les résidents privilégiés partent « en famille » et que les personnels sont moins nombreux, paraissent plus longs encore.
26Leur attitude vis-à-vis de l’institution est alors très ambivalente : s’il n’y a « rien à redire » sur l’établissement, si le dévouement, voire la gentillesse, des personnels sont reconnus, le sentiment de n’être pas à sa place, et de devoir se soumettre aux règles institutionnelles et collectives, perdure. Les formes de « défection secrète » (Hirschman, 1970) abondent, marquant un retrait vis-à-vis de l’institution « sans rien changer dans les apparences, sans rien dire » (Kaufmann, 1992). Elles sont relayées, quand l’institution devient trop contraignante, par des résistances, pouvant donner lieu à des conflits. L’institution est d’autant plus contraignante en effet que les personnes sont plus handicapées : la nécessité du recours au personnel pour les gestes les plus simples alourdit le poids de l’institution sur les existences. La vie apparaît comme trop réglée : « Vous avez vu, le goûter, un coup de sonnette, hein ? » Ces résidents se sentent « en prison », à la fois trop surveillés, le contrôle social outrepassant le suivi médical ou l’aide à la vie quotidienne, et mal pris en compte. Vaincues par les dysfonctionnements de leur corps, les personnes handicapées connaissent des moments de déshumanisation.
« Quand je suis arrivée ici, j’avais des ennuis intestinaux. Et alors, jamais j’oublierai. Quand vous sentez que vous ne pouvez plus vous retenir, que vous avez sonné et que personne n’est venu, vous vous relevez, et vous êtes obligée de faire, mais vous pouvez pas tenir une heure, et au bout d’un moment, vous êtes obligée de vous rasseoir, et ça alors… Jamais de ma vie j’oublierai. C’est affreux. Après, elles viennent vous nettoyer, elles vous font pas de reproches. Mais enfin, elles viennent quand elles ont le temps. » (Ancienne employée, 90 ans.)
27Les résistances ou les retraits, ces « adaptations secondaires » à l’institution (Goffman, op. cit.), se produisent également lorsque les normes institutionnelles s’écartent des modes de vie antérieurs des personnes âgées. C’est particulièrement le cas pour les personnes issues des catégories populaires, avec lesquelles des conflits éclatent régulièrement sur des questions d’hygiène : la limitation ou l’interdiction de l’alcool et du tabac, la surveillance de la santé et les régimes alimentaires, les douches ou les bains.
28Ces formes de vie en maison de retraite ne forment pas une taxinomie, mais une typologie. Il est possible de passer d’un monde privé à un autre, de manière inégalement probable selon les trajectoires. De quoi alors dépend la réversibilité des trajectoires entre les différents mondes ? En partie de la capacité à accepter et à accompagner son vieillissement, et le lieu où il va se dérouler. Cette capacité est fortement obérée quand l’apparition ou l’aggravation brutale du handicap coïncide avec l’épuisement du réseau familial de soutien et l’entrée en institution, qu’ils commandent. Elle est également fonction des ressources personnelles, socialement constituées, qu’il s’agisse de la présence active d’une famille, mais également de la familiarité avec les lieux (institutionnels), du capital physique, de la santé psychique, de la capacité à réutiliser et à convertir des savoirs et des savoir-faire dans le nouveau contexte institutionnel, mais également de ressources intellectuelles et surtout morales, qui permettent de donner du sens aux habitudes et activités ainsi transposées, et d’en faire plus que des coquilles vides juste bonnes à emprisonner du temps.
Composer avec le vieillissement en institution
29Analyser les maisons de retraite par le bas invite alors à faire de l’institution moins un lieu de production des vieillards qu’un espace dans lequel les résidents composent avec différentes formes de vieillissement, la leur et celles des autres. La maison de retraite constitue en effet un laboratoire d’analyse pour le sociologue et un lieu d’expérimentation, pour les résidents, des formes socialement variées que prend le « travail » de vieillissement aux âges élevés (Mallon, 2007). Les processus de vieillissement n’y diffèrent pas de ceux observés ailleurs : ils y prennent simplement des rythmes particuliers, et y sont peut-être plus qu’ailleurs, initiés par d’autres acteurs que les résidents eux-mêmes. Vieillir n’est pas un processus linéaire de rétrécissement et d’affaiblissement de la vie, même si le sens commun définit le vieillissement d’abord comme une série de pertes. En raison même de cette définition commune, les personnes âgées tentent autant que possible de prévenir, ou à défaut de limiter les abandons consentis avec l’avancée en âge, en tentant de les circonscrire à des domaines non essentiels de leur existence. Ces déprises (Clément et al., 1998), anticipées de manière stratégique ou opérées en raison d’une fatigue grandissante ou de l’apparition de handicaps, entraînent de manière contingente un travail réflexif de relecture et d’interprétation de leur trajectoire de vie. Une partie de ce travail est plus souterraine, n’affleurant à la conscience des individus qu’à l’occasion de ruptures dans leur environnement qui en rendent les transformations sensibles : ainsi, la décristallisation des rôles en habitudes, et leur relative dématérialisation, imposées par la vie en institution, opèrent des déprises sans toujours les construire comme telles aux yeux des résidents. Certaines transformations semblent ainsi insensibles tant le discours des personnes insiste sur les continuités plutôt que sur les écarts entre la vie à domicile et en maison de retraite. C’est une chambre qu’on dit transposée « à l’identique » de l’ancien logement à l’institution alors même que des meubles y ont été ajoutés, et que manquent au contraire certains bibelots ; ce sont des habitudes vitales conservées, comme l’indique un papier punaisé sur une porte « j’écris, donc je suis », alors même que des handicaps de plus en plus sérieux en gênent l’accomplissement. Ce travail, accompli sur un rythme singulier, mariant les ruptures nettes aux évolutions continues, est orienté en maison de retraite par la présence envahissante des autres vieux et de la mort, qui poussent au repli sur la chambre et sur le passé, quand la personne ne dispose d’aucun lieu, réseau ou groupe, dans ou hors de l’institution, susceptible de la qualifier autrement que comme âgée.
Nouveaux défis institutionnels et nouvelles questions sociologiques
30Les établissements d’hébergement pour personnes âgées accueillaient 490 000 personnes en 1998. Moins de 10 ans après, les résidents de ces établissements sont 657 000. Si 10 % seulement des personnes de plus de 70 ans sont hébergées en institution, c’est le cas de près d’un quart (24 %) des personnes âgées de plus de 85 ans (Prévôt, 2009b). Les personnes âgées entrent en institution de plus en plus tardivement, de plus en plus souvent dans l’urgence, et de plus en plus handicapées, notamment au plan psychique et cognitif. Cette relégation de l’institution vers l’extrême fin des parcours de vieillissement devrait être interrogée sociologiquement. À quelles logiques cette relégation obéit-elle ? Ainsi, l’articulation des secteurs du maintien à domicile et de l’hébergement collectif doit être mieux étudiée : quelles coordinations sont mises en place entre ces deux secteurs ? Quelle connaissance mutuelle de chacun des milieux professionnels a-t-elle été développée ? Certaines personnes âgées n’ont les moyens de financer ni un accompagnement à domicile suffisant, ni une maison de retraite. Quelles logiques conduisent à l’exclusion de la prise en charge, dans l’un ou l’autre des secteurs, voire des deux ? Comment les professionnels travaillant en maison de retraite gèrent-ils les contradictions de plus en plus nombreuses entre les missions imposées par la loi et les populations accueillies ? Comment en effet obéir à l’impératif de plus en plus affirmé de faire de l’institution un « milieu de vie ordinaire », sinon un « chez-soi », quand les personnes accueillies arrivent avec une santé très dégradée ? Comment mettre en œuvre un « projet de vie individualisé », imposé par la loi, quand les personnels sont insuffisamment nombreux, insuffisamment formés à accompagner des personnes aux handicaps multiples et importants ? Comment mettre en œuvre les obligatoires « conseils de la vie sociale » alors que la plupart des résidents ont des difficultés cognitives ou des troubles du comportement, pour des raisons diverses ? Ces questions appellent à des enquêtes renouvelées, sur la construction du peuplement des institutions, différencié selon les institutions – logements-foyers, résidences-services, maisons de retraite, EHPAD, cantou –, mais aussi vraisemblablement selon les territoires, et sur ses effets sur la vie, collective et individuelle, et sur les formes de vieillissement aux âges élevés. Cependant, les transformations de la population des institutions d’hébergement pour personnes âgées menacent la possibilité même d’enquêtes fondées sur les points de vue et les récits des personnes âgées.
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Notes de bas de page
1 Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes : ils représentent 67 % des établissements d’hébergement pour personnes âgées et les ¾ des places d’hébergement collectif en 2007 (Prévot, 2009a).
2 Enschooten, 2001.
3 Les différents types d’établissement recrutent vraisemblablement des groupes sociaux assez différenciés : le secteur privé lucratif accueillerait ainsi plus de personnes issues de catégories supérieures, les institutions publiques (municipales ou hospitalières) des résidents plus souvent issus de catégories populaires, les secteurs associatifs ou de l’économie solidaire constituant un intermédiaire.
4 La dénomination des aides-soignantes entre elles.
5 Certaines personnes issues de milieu populaire développent de tels modes de vie : bien souvent, elles ont un parcours d’autodidacte, soutenu par des investissements politiques ou religieux.
6 Et parfois des deux, dans les milieux bourgeois de la banlieue parisienne ouest.
Auteur
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