La mobilité résidentielle des retraités
p. 257-270
Texte intégral
1En traitant de la mobilité résidentielle durant la retraite, c’est-à-dire du fait de quitter un logement pour un autre, ce chapitre aborde un thème peu présent dans la littérature sur la vieillesse et le vieillissement1. Cette situation résulte du fait que déménager au-delà d’un certain âge peut paraître secondaire au regard des nombreuses problématiques liées à la vieillesse : inégalités, vulnérabilités, accès aux soins, prise en charge de la dépendance, etc. De plus, le déménagement d’un domicile à un autre est loin d’être une situation partagée par toutes les « personnes âgées » ; nombreuses sont les personnes fortement attachées à leur lieu d’habitation qui rejettent la perspective d’un déménagement. Ainsi, la prise en compte du lieu de vie des « personnes âgées » n’est pas dissociable d’une réflexion sur leurs conditions d’existence, lesquelles intègrent la question du lien social et des solidarités susceptibles d’être mobilisées à proximité du domicile. La relation entre le lieu de l’habitation et les relations sociales ne sont évidemment pas spécifiques aux populations dites « âgées », mais en vieillissant le lieu de vie devient plus déterminant sur les conditions d’existence.
2Plutôt que de parler de « personnes âgées » comme nous venons de le faire, l’objectif est ici de traiter de la mobilité résidentielle des retraités (ou des inactifs et inactives de 60 ans et plus), c’est-à-dire de personnes qui n’ont plus de relation avec l’activité professionnelle, afin d’exclure les déménagements dont la justification peut reposer sur les contraintes du travail. Il est évidemment abusif de qualifier la totalité des retraités de « personnes âgées », et spécialement les plus jeunes d’entre eux. Durant la retraite, trois « périodes » sont identifiables, marquées par des variations sociales, tant du point de vue de l’âge que de la durée. On peut distinguer le moment où les anciens actifs font l’expérience du temps sans contrainte professionnelle, en étant encore éloignés de la vieillesse : c’est le « début de la retraite ». Dans la période suivante, des difficultés et des crises caractéristiques du vieillissement apparaissent. Des stratégies d’ajustement sont développées pour les contrer (Bouisson et Reinhardt, 2000), mais face à la diminution des capacités physiques, il s’agit d’apprendre à faire autrement ou à faire autre chose pour compenser certaines limitations, selon le principe de la déprise (Barthe et al., 1988). Appelons cette période le « milieu de la retraite ». Une dernière période peut conclure la retraite. Elle est caractérisée par une forte perte d’autonomie physique et/ou cognitive. C’est la phase aiguë de la vieillesse, qui nécessite des aides à différents moments de la journée. Cette prise en charge n’est pas toujours possible au domicile de la personne âgée. Contrairement aux deux autres « périodes », cette « fin de retraite » n’est pas systématique. À l’encontre des représentations sociales, la mort survient souvent avant que les personnes aient atteint le stade d’une dépendance avancée.
3À ces trois moments théoriques du cycle de vie à la retraite, une mobilité résidentielle des « personnes âgées » existe, mais elle ne répond pas aux mêmes logiques. La littérature a le plus souvent traité des mobilités résidentielles aux deux extrémités de la retraite, en insistant sur le caractère choisi des premières mobilités au moment de l’entrée dans la retraite (Guichard-Claudic, 2001) et des choix contraints qui définissent celles associées à la dépendance. Entre ces deux moments, le milieu de la retraite est une période de l’existence où des choix résidentiels non contraints par la dépendance sont encore possibles. Ils sont pour cette raison les plus intéressants à étudier dans le cadre d’une réflexion sur les processus d’adaptation au vieillissement.
4Pour situer l’analyse de la mobilité résidentielle durant la retraite, nous commencerons par évoquer d’un point de vue global les mobilités spatiales, en considérant les territoires de départ et d’arrivée. Puis, nous traiterons plus spécifiquement de la mobilité résidentielle en milieu de retraite en nous appuyant sur un travail que nous avons dirigé à la demande du ministère français de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement2. Nous verrons ainsi que la réflexion sur la mobilité résidentielle durant la retraite n’est pas déconnectée des sujets les plus fréquemment traités dans les problématiques liées à la vieillesse, et notamment de la question du maintien au domicile.
Mobilité résidentielle et territoires
5La mobilité résidentielle sur le territoire national évolue tout au long du cycle de vie. En début de retraite, de nombreuses personnes cherchent à se faire plaisir en optant pour un nouveau lieu de vie qui incarne l’idée des loisirs. D’autres privilégient le retour vers l’espace relationnel fondateur, par exemple le lieu de l’enfance ou des ancrages familiaux. En milieu de retraite, les mobilités résidentielles résultent pour partie d’événements déclencheurs qui conduisent les retraités à reconsidérer le lieu de vie. Par ailleurs, avec le vieillissement, les inégalités territoriales rendent certains territoires « attractifs » et d’autres « repoussants ».
La mesure des mobilités résidentielles durant la retraite
6Les données du recensement de la population (2007) indiquent que 18 % des personnes âgées de 55 à 64 ans ont effectué une mobilité résidentielle au cours des cinq dernières années, et 15 % des personnes âgées de 80 ans et plus (cf. tableau ci-dessous). Si ces valeurs restent modérées au regard des taux observés durant la vie active, il faut considérer néanmoins l’effet du nombre. C’est particulièrement le cas pour l’Île-de-France, puisqu’un Francilien sur quatre quitte cette région lors de la retraite (Godet et Mousli, 2006), et 43 % des retraités qui ont changé de région de résidence entre 1990 et 1999 étaient franciliens (Royer, 2006).

Source : Insee, RP2007 exploitation principale (France métropolitaine).
Tableau. – Population (en pourcentage) en 2007 selon l’âge et le lieu de résidence cinq ans auparavant
7Dans l’enquête « Passages de la vie active à la retraite » menée auprès de deux cohortes nées en 1916 et 1922 (3 000 personnes), les auteurs indiquent que 15 % des personnes avaient déménagé entre 62 et 75 ans (Delbès et Gaymu, 2003), en intégrant les mobilités résidentielles locales des retraités3. Dans ce travail, l’approche longitudinale apporte un supplément de connaissances pour comprendre les mobilités résidentielles durant la retraite (Cribier, 1999), car les déménagements s’effectuent parfois à une échelle géographique très réduite (par exemple au sein du même quartier pour rechercher un logement de taille différente, plus lumineux, de plain-pied…) et les personnes qui changent de domicile durant la retraite ne le font pas nécessairement une seule fois. Par ailleurs, la compréhension de la mobilité résidentielle des retraités est incomplète si on ne repère pas les déménagements avant que les personnes soient en inactivité, car le début de la retraite ouvre sur des possibilités nouvelles, et certains individus font du nouveau lieu d’habitation un élément constitutif de leur entrée dans cette période de l’existence. Dans les travaux que nous avons conduits, nous possédons de nombreux exemples montrant que la mobilité résidentielle s’est construite et traduite avant la fin d’activité, soit que la destination ait été prévue de longue date, car elle correspondait à des lieux faisant écho à une histoire familiale ou à un idéal de villégiature, soit que le lieu de la résidence principale à la retraite ait été une résidence secondaire au préalable.
8Dans les prochaines années, avec l’arrivée à l’âge de la retraite des babyboomers (environ 600 000 personnes par an), certains territoires sont susceptibles de voir augmenter le nombre absolu de retraités candidats à l’installation, en particulier sur le littoral et dans les régions héliotropiques4. Mais l’installation des retraités sur certains territoires créent des tensions sur le marché de l’immobilier au détriment des jeunes générations moins dotées économiquement qui peinent à se stabiliser sur le marché du travail ; d’autant que certains secteurs, avant la crise financière, ont déjà vu arriver des résidents originaires de l’Union européenne5.
9Il est difficile de prédire à la hausse ou à la baisse l’évolution future des migrations résidentielles des retraités. On a constaté qu’en Île-de-France, tout en restant élevé, le nombre des retraités candidats à l’exode vers d’autres régions françaises était stable depuis 20 ans, mais que les destinations variaient en fonction de l’âge (Herviant, 2011). Il apparaît que dans certaines banlieues, les jeunes retraités ne recherchent pas la mobilité résidentielle, satisfaits de leur cadre de vie homogène socialement, de leur logement, de la présence immédiate des commerces alimentaires (Rougé et al., 2010 ; Lord, 2010). Néanmoins, dans le périurbain, comme en milieu rural, l’usage de la voiture reste souvent nécessaire pour accéder à des services plus spécifiques, et les quartiers sans transport en commun ne sont pas les plus adaptés aux personnes âgées qui ne conduisent pas ou plus.
10Par ailleurs, les comportements des jeunes retraités qui constituent les premières générations du baby-boom ne sont pas connus. Durant leur vie active, ils ont fait preuve d’une plus grande mobilité sociale et géographique que les générations précédentes, et pourraient donc s’avérer plus mobiles que leurs aînés à la retraite. Avec la généralisation des modes de transport individuels, c’est aussi la mobilité temporaire spatiale qui devrait se renforcer. Le phénomène de la double résidence est déjà un schéma expérimenté par les retraités qui possèdent des résidences secondaires6 (Pierre, 2006).
11Les comportements durant la vieillesse des baby-boomers restent sujets à discussion (Bonvalet et Ogg, 2010), car la vulnérabilité économique que connaissent aujourd’hui certains actifs – qui seront demain des retraités ayant des pensions de retraite plus faibles – pourrait freiner cette mobilité spatiale. À moins qu’une mobilité résidentielle subie pour des raisons économiques ne se développe durant la retraite pour des individus qui ne seraient pas en mesure de faire face aux charges d’entretien de leur habitat. On observerait alors des déplacements de retraités propriétaires vers des logements locatifs moins onéreux (Driant, 2008). Cette tendance est identifiée par certains bailleurs sociaux qui voient augmenter le nombre des candidats âgés souhaitant intégrer un logement social, par exemple à Lyon (Harzo, 2010).
Lieux de vie quittés et escomptés
12En vieillissant, la mobilité s’estompe (Louchart, 2006). Au cours des années que nous qualifions de milieu de retraite, certaines personnes décident tout de même de déménager pour s’installer dans un nouveau logement, parfois géographiquement éloigné du précédent, parfois très proche (Thomsin, 2000). Dans le nouveau lieu de vie choisi, il convient de distinguer le logement lui-même du cadre physique et social dans lequel il s’inscrit. Le même raisonnement peut être appliqué au lieu quitté, et c’est en pesant les avantages et les inconvénients de chaque lieu de vie que se réalise ou non la décision de déménager. De la sorte, certaines mobilités résidentielles ne s’effectuent pas, car les avantages de la situation future envisagée ne l’emportent pas sur la situation présente.
13Les caractéristiques du logement (sa taille, sa fonctionnalité) ou l’environnement immédiat (les services disponibles à proximité) ne sont pas les seules dimensions qui influent sur les mobilités résidentielles. Chez les personnes âgées, les attachements aux lieux de vie sont soutenus par des investissements matériels, affectifs et symboliques (Wiles, 2010), d’autant plus prégnants que leur présence y est plus ancienne. En outre, l’ancrage dans le lieu de vie est variable selon les milieux sociaux. Plusieurs travaux ont montré que les catégories sociales populaires sont généralement attachées au territoire de proximité, dans la mesure où leur enracinement géographique et familial y est aussi plus marqué (Bonvalet, 2003). A contrario, les milieux sociaux plus favorisés ont généralement une expérience plus grande de la mobilité spatiale et leurs relations électives, répondant à la notion de liens faibles (au sens de M. Granovetter), peuvent plus facilement s’affranchir de la distance.
14Avec l’augmentation de l’âge, on sait également que la sociabilité de proximité se renforce. Elle se nourrit des relations de voisinage ; la distance par rapport aux connaissances amicales et aux membres de la famille contribue aussi à l’appréciation des lieux de vie. Comment la mobilité résidentielle transforme-t-elle les relations sociales ? Pour répondre à cette question, il convient d’apprécier les relations entre les caractéristiques physiques des lieux de vie et les rapports sociaux dans lesquels les retraités sont inscrits, mais aussi les services et les soutiens auxquels ils peuvent prétendre quand ils décident de changer de domicile. Il faut dire que le déménagement n’apporte pas automatiquement toutes les réponses cherchées par les protagonistes. Dans des cas extrêmes, la mobilité résidentielle peut être vécue comme un déracinement qui provoquera un isolement social et une perte de repères identitaires, par exemple pour les retraités qui s’installent en milieu urbain ou rural sans en être familier. Après un premier déménagement ayant « échoué », il arrive que des retraités soient contraints d’en engager un second, parfois pour revenir près du lieu de vie initial ou pour se rapprocher d’une personne de confiance.
L’attractivité des territoires au cours de la retraite
15L’évolution des besoins durant la retraite conduit à la mise en place d’un schéma observé à maintes reprises chez des personnes qui déménagent une première fois autour du passage à la retraite : elles quittent des zones urbaines de grande taille où leur résidence se justifiait par l’activité professionnelle. Recherchant une rupture avec la vie urbaine, certaines s’installent dans des secteurs à dominante rurale7 où le mode de vie recherché est différent de celui qu’elles ont connu. Mais en vieillissant, les mobilités quotidiennes vers la ville pourvoyeuse de services peuvent devenir contraignantes ; l’isolement géographique crée un isolement social ; la maison est jugée trop grande face aux tâches domestiques et aux travaux de jardinage8… En outre, le recours au système de santé devenant plus fréquent, voire vital, l’éloignement d’un hôpital ou d’une clinique est générateur d’inquiétude. Un deuxième déménagement s’impose alors pour une partie de ces néo-ruraux âgés, mobilité bien connue des agents immobiliers et notaires que nous avons interrogés en Touraine : les retraités vieillissants se dirigent alors vers un centre urbain en veillant à choisir si possible un nouveau lieu de vie propice à résoudre les « inconvénients » du domicile précédent. La mobilité, en milieu de retraite, de la campagne vers la ville n’est pas une spécificité française. On la retrouve dans d’autres pays occidentaux, par exemple au Québec (Thériault et Rousseau, 2010), même quand le début de la retraite n’a pas été marqué par un premier déménagement. Déménager en milieu de retraite est aussi l’occasion de modifier le statut d’occupation du logement. En considérant les données de l’enquête « Logement », (Driant, 2008) montre que le statut locatif dans le collectif l’emporte largement après 75 ans, en cas de déménagement, puisqu’il représente les deux tiers des emménagements après cet âge. Ces préférences orientent en toute logique la mobilité résidentielle vers des territoires urbains qui sont les plus à même d’offrir des logements fonctionnels9. Au-delà de 85 ans, les grandes villes, équipées de maisons de retraite et d’hôpitaux, deviennent les plus attractives (Christel, 2006). On pourrait tirer de ces différents résultats les principes d’un cycle de mobilité résidentielle à la retraite.
16Malgré leurs difficultés à accéder à des ressources gérontologiques, certaines personnes âgées ne peuvent pas envisager un déménagement, soit pour des raisons économiques10, soit pour des raisons culturelles (aversion pour le milieu urbain du fait d’une trajectoire résidentielle ayant ignoré la ville). Leur vieillissement a donc lieu « sur place ». Avec la gérontocroissance, les retraités vieillissants qui demeurent dans les communes rurales relativement démunies de services adaptés à leurs besoins posent aux collectivités territoriales des problématiques nouvelles touchant à l’habitat11, aux transports, aux commerces de base, aux services liés à la perte d’autonomie (aide ménagère, soins infirmier à domicile…). En France, l’impossibilité financière des petites communes à répondre à ces besoins déplace généralement le problème vers l’échelon départemental. En versant les allocations personnalisées d’autonomie (APA), les conseils généraux apportent une réponse partielle aux personnes âgées dont la dépendance s’accentue, mais l’action des départements ne supprime pas les inégalités territoriales constatées entre la ville et le milieu rural : l’éloignement des commerces de proximité complexifie le maintien au domicile des personnes âgées en perte d’autonomie. Pour une personne âgée isolée géographiquement dont la santé se dégrade, rester vivre chez soi sera conditionné à sa capacité de recevoir diverses aides, de la part des proches ou d’associations d’aide et de soins à domicile (dont le nombre en milieu rural est plus réduit).
La mobilité résidentielle en milieu de retraite
17La recherche que nous avons réalisée en 2008 auprès de retraités âgés de 75 à 84 ans ayant effectué un ou plusieurs déménagements après 55 ans (cf. encadré méthodologique) permet d’affiner les connaissances sur la mobilité résidentielle en milieu de retraite dans le cas français. Dans notre population, on peut distinguer les personnes ayant déménagé en début de retraite, avant 70 ans, et celles ayant déménagé en milieu de retraite, entre 70 et 84 ans. Pour ces dernières, il s’agit de personnes « installées » dans la retraite qui n’avaient pas été contraintes d’effectuer un déménagement lié à une grave perte d’autonomie.
Méthodologie
Les observations portent sur 286 personnes âgées de 75 à 84 ans (136 hommes et 150 femmes) ayant réalisé une ou plusieurs mobilités résidentielles après 55 ans, tirées aléatoirement à partir des listes électorales. Afin de repérer l’influence des ressources territoriales sur la décision de déménager, nous avons comparé des territoires variés : la communauté de communes des Olonnes (Vendée) et le canton d’Amboise (Indre-et-Loire) connus pour leur accueil de retraités ; trois cantons du nord de la Creuse caractérisés par leur ruralité et leur vieillissement démographique (mais présentant une certaine attractivité chez les jeunes retraités extérieurs au département) ; la ville de Villeneuve-d’Ascq à côté de Lille (Nord) où la mobilité résidentielle des retraités extérieure au département est la plus faible des quatre territoires.
Les personnes ont été interrogées par questionnaires administrés, puis 42 d’entre elles, qui avaient effectué une mobilité résidentielle récente, ont fait l’objet d’un entretien sociologique. Toutes les personnes rencontrées étaient non dépendantes au sens où elles n’avaient pas besoin d’une aide quotidienne pour les actes courants de la vie (elles ne percevaient pas l’APA).
Mobilités résidentielles contraintes ou choisies ?
18L’évolution des motifs de mobilité entre les personnes ayant déménagé avant ou après 70 ans permet de repérer deux causes principales qui évoluent fortement entre ces deux moments de la retraite. Il s’agit premièrement, pour les deux sexes, de problèmes de santé, qui concernent soit la personne interrogée, soit son conjoint (très rarement, un autre membre de la famille) : selon les territoires, le facteur santé est trois ou quatre fois plus souvent énoncé quand le déménagement a lieu en milieu de retraite que lorsqu’il intervient plus tôt dans la retraite. La deuxième cause qui entraîne la mobilité résidentielle a trait aux événements familiaux ; elle est surtout active pour les femmes. Parmi ces événements, les plus fréquents concernent le décès du compagnon ; ceux qui affectent la trajectoire de vie des enfants des retraités peuvent aussi intervenir dans leur décision de déménager.
19Ces deux premiers facteurs ont poussé les retraités interrogés à rechercher un nouveau logement. Le déménagement était d’abord la conséquence d’un événement déclencheur ayant affecté l’équilibre matériel, relationnel ou affectif de la personne. La recherche d’un plus grand confort au sein du logement, sa conception adaptée aux baisses éventuelles des possibilités physiques n’étaient pas les moteurs de la mobilité résidentielle, même si les retraités ont généralement profité de ce déménagement pour reconsidérer sa fonctionnalité. Dans un à deux cas sur dix selon les territoires, le logement après le déménagement est cependant jugé moins fonctionnel qu’avant ; ce qui témoigne de décisions prises rapidement et pour d’autres considérations que l’ergonomie du domicile.
20Dans notre enquête, une troisième cause de déménagement connaît une forte évolution à la baisse entre le début et le milieu de la retraite. Il s’agit des considérations relatives au caractère plaisant du lieu de vie. Elles sont deux à quatre fois moins citées par les personnes ayant déménagé en milieu de retraite que par celles ayant déménagé avant. Bien que moins fréquentes quand l’âge augmente, il est important de signaler que ces mobilités demeurent entre 70 et 84 ans. Les personnes qui justifient ainsi leur mobilité sont en « bonne » santé et appartiennent à des catégories sociales supérieures. Elles attachent une grande importance au cadre de vie et détiennent un capital économique et social qui laisse encore ouverte la perspective d’une future mobilité choisie. Elles privilégient des espaces de vie où l’offre culturelle et touristique est présente, où la facilité à être mobile pour rendre visite à des proches est mentionnée. Il s’agit de déménagements qui constituent l’affirmation d’une volonté de s’épanouir (Thalineau et Nowik, 2009).
21Ces causes confirment les considérations générales de la première partie de notre exposé, et montrent que la mobilité résidentielle des personnes en milieu de retraite renvoient à trois logiques structurantes (Nowik et Thalineau ; 2010a). En milieu de retraite, les personnes qui déménagent le font pour vivre dans un lieu (plus) « sécurisant », ou pour des raisons relationnelles (surtout familiales), ou bien pour rechercher un lieu de vie plaisant. Selon les territoires étudiés, les logiques en question sont plus ou moins présentes et expliquent que les mobilités ne soient pas distribuées de la même façon selon l’âge. Ainsi la ville de Villeneuve-d’Ascq concentre des mobilités résidentielles de proximité qui privilégient les ressources du territoire urbain (commerce, transport, service de soins, type de logement) et facilitent le maintien des liens sociaux, vis-à-vis des membres de la famille ou des amis qui vivent souvent à proximité. À l’inverse, dans les trois autres terrains (Amboise, Les Sables, La Souterraine), trois retraités sur quatre sont allogènes au département (un sur deux environ est d’origine francilienne), même si les mobilités de longue distance tendent à diminuer avec l’âge.
22Les mobilités en milieu de retraite sont plus faibles dans les cantons creusois que dans les trois autres territoires. Cette situation s’explique par le fait que les retraités installés en Creuse étaient plus souvent originaires de cette région. Le souhait de revenir vers l’espace relationnel fondateur s’est donc effectué principalement en début de retraite. Leur installation géographique près de leurs proches a eu tendance à les sédentariser, même si leur logement n’a pas systématiquement toutes les qualités attendues par des occupants âgés (chambre et salle de bain à l’étage par exemple).
Déménager en milieu de retraite pour se re-sécuriser
23L’étude de la mobilité en milieu de retraite, comparée à la mobilité en début de retraite, ne documente pas seulement les déterminants qui conduisent les personnes âgées à déménager ; elle renseigne sur les formes du soutien que les personnes privilégient eu égard aux besoins actuels ou futurs générés par leur vieillissement individuel. Notre recherche montre qu’en milieu de retraite, c’est le plus souvent un déficit de sécurité dans le lieu quitté qui est à l’origine de la décision de déménager. Les retraités cherchent alors dans le nouveau lieu de vie à retrouver une sécurité ontologique12 (Giddens, 1994). Par son implantation et ses qualités intrinsèques, le nouveau logement est un moyen stratégique de s’adapter à la diminution des capacités physiques et des ressources sociales. Mais quand le déficit de sécurité survient brutalement, la mobilité est décidée précipitamment, et par voie de conséquence, la rationalité du choix du nouvel habitat est plus limitée. Au-delà du changement de domicile, la mobilité résidentielle consiste à se rapprocher de quelque chose ou de quelqu’un pour réaménager un espace de vie comprenant, certes le domicile, mais aussi des services, des aménités et des relations sociales.
24En milieu de retraite, la grande majorité des personnes rencontrées avaient été mobiles pour rechercher un nouvel ancrage et des formes de soutien. Les logiques du soutien escompté peuvent être représentées sur un axe où les deux extrémités caractérisent deux logiques-types de soutien.
25À l’un des pôles, la stratégie des retraités consiste à trouver dans le nouveau logement un confort adapté aux capacités physiques et à rechercher dans le nouvel espace de vie la proximité des services privés ou publics qui permettront d’assurer l’autonomie résidentielle. En se plaçant dans cette logique, les acteurs ne veulent pas dépendre des solidarités primaires, soit parce qu’ils affirment leur individualisme et cherchent à garantir leur intimité, soit parce qu’ils ne possèdent pas les relations familiales permettant d’envisager autrement leur espace de vie. Pour ces personnes, les liens familiaux ne sont pas invisibles, mais les relations d’entraide traditionnelle n’ont plus la même consistance, car elles sont concurrencées par la protection collective : certaines personnes âgées – et en particulier les femmes – déclarent qu’elles ne veulent pas faire reposer sur leurs enfants leur éventuelle prise en charge (alors que certaines ont joué ce rôle auprès de leurs parents). Elles préfèrent que l’aide soit extérieure à la sphère familiale. Ceci confirme, après d’autres travaux, que les normes d’obligation connaissent un basculement générationnel ; et elles pourraient encore évoluer avec les futurs retraités du baby-boom qui expriment une plus grande individualité et qui possèdent des pratiques culturelles plus diverses (Bonvalet et Ogg, 2009). Les retraités qui incarnent cette logique sont les plus nombreux. Il s’agit d’une posture historiquement récente, rendue possible dans les pays ayant développé diverses formes de protection collective à l’intention des personnes âgées et où domine désormais la privatisation de la cellule conjugale. Pourtant, cette logique n’est pas généralisable à tous les retraités.
26À l’autre extrémité, la deuxième logique de soutien mobilise en premier lieu les relations familiales. Les personnes âgées recherchent par la mobilité résidentielle l’interaction avec certains membres de la famille pour regagner la sérénité et la sécurité qui n’existent plus sur le lieu de vie quitté. L’essentiel ici n’est pas d’avoir le logement adapté à ses capacités physiques, mais de savoir qu’on pourra recevoir, si nécessaire, un soutien affectif, matériel ou sanitaire de la part d’un parent (souvent une fille). L’aide n’est pas requise dans l’immédiat, mais les retraités espèrent pouvoir l’activer dans le futur, si le besoin devait s’en faire sentir. Ainsi, les services publics ou associatifs à destination des personnes âgées ne sont pas prioritairement recherchés dans le nouvel espace de vie. Ils sont même ignorés dans un cas sur deux13. Dans notre recherche, cette forme de soutien est moins fréquente que la précédente. De plus, cette demande de protection rapprochée n’est pas présente avec la même intensité selon les territoires et les milieux sociaux. Elle est davantage présente chez les ouvriers, les employés, certaines catégories intermédiaires, et chez les agriculteurs. La cohabitation intergénérationnelle intrafamiliale est un cas particulier de ce schéma, mais elle est désormais rare.
27Ces deux formes de soutien déduites des stratégies de mobilités résidentielles observées en milieu de retraite constituent deux pôles extrêmes idéaux-typiques. En réalité, la grande majorité des personnes se situent entre ces deux pôles, avec diverses combinaisons de solidarités publiques et privées, avec des relations variables aux membres de la famille, en termes de fréquence ou de services échangés. Pour comprendre leur positionnement, il faut considérer les positions et dispositions sociales : la trajectoire sociale, l’histoire résidentielle, le genre, l’histoire familiale et la configuration familiale au moment du déménagement. Ces variables influencent les formes du soutien recherché par les retraités, ce qui relativise in fine le comportement des « acteurs » à être mobiles (Nowik et Thalineau, 2010b).
Conclusion
28Les logiques de la mobilité résidentielle identifiées durant la retraite imposent une distinction entre les déménagements observés autour du passage en inactivité, et les changements de domicile qui auront lieu plus tard dans le cycle de vie. Les personnes qui déménagent en milieu de retraite ont surtout pour objectif de re-sécuriser leur parcours de vie. La mobilité résidentielle est d’abord une réponse à une situation personnelle insatisfaisante, et une façon de redonner du sens à la vie. Si le besoin de déménager trouve son origine dans des considérations personnelles, sa concrétisation dépend de variables sociologiques et territoriales qui définissent l’univers des possibles et qui pèsent sur le dilemme « rester ou partir ». Le plus souvent, on cherche d’abord à adapter le lieu de vie à son vieillissement avant de se résoudre à la mobilité résidentielle. Cette adaptation dépend moins des qualités intrinsèques du logement que des aides (professionnelles ou informelles) que peuvent mobiliser les personnes âgées dans ce lieu de vie. Si les soutiens sont insatisfaisants in situ, alors la mobilité résidentielle devient la solution. Dans les terrains français que nous avons étudiés, la mobilité en milieu de retraite est donc le plus souvent une mobilité d’ajustement à de nouvelles conditions de vie provoquées par le vieillissement individuel. Dans les pays où l’offre de logements adaptés aux personnes âgées est plus importante et diversifiée qu’en France, il serait intéressant de voir si les déménagements pour prévenir la perte d’autonomie sont plus fréquents.
29Le choix du nouveau lieu de vie reste par ailleurs un choix « sous contraintes », qui dépend des soutiens recherchés, de l’endroit où l’on pense les trouver, de l’offre de logements disponibles sur le territoire identifié, de l’appréciation subjective que chacun peut faire de ses futurs besoins en vieillissant. Selon les trajectoires et les positions sociales, des préférences sont privilégiées, voire « prédéterminées » (Grafmeyer, 2010). Au final, l’étude de la mobilité résidentielle, spécialement en milieu de retraite, apporte des informations riches de significations sociales, tant sur le plan des dynamiques familiales revisitées (Attias-Donfut, Lapierre et Ségalen, 2002) que sur les possibilités de vivre chez soi le plus longtemps possible. On voit ainsi que les réflexions sur la mobilité résidentielle rejoignent la problématique du maintien au domicile, enjeu important de toutes les sociétés occidentales soumises au vieillissement démographique. Les situations de veuvage et les différentiels de mortalité entre hommes et femmes conduisent à une augmentation du nombre des personnes âgées vivant seules (surtout des femmes), suffisamment autonomes pour vivre « à domicile ». Dans certains cas, les maintiens à domicile imposent des mobilités résidentielles, réfléchies ou subies dans l’urgence. Plus généralement, les mobilités résidentielles sont freinées sur certains territoires ou encouragées vers d’autres (villes ou quartiers) en fonction du degré d’intégration des enjeux de la gérontocroissance par les acteurs publics, dans les politiques du logement, du transport, des services, de la vie associative…
30En songeant à la partie émergée d’un iceberg, il reste à rappeler que les mobilités résidentielles traitées dans ce chapitre ne sont que la partie la plus expressive de la relation à l’habitat durant la retraite. La non-mobilité des autres retraités ne présuppose pas que leur domicile soit l’endroit idéal du bien-vieillir. Concernant les retraités qui ne déménagent pas, et qui sont les plus nombreux, il conviendrait notamment de mentionner ceux qui ont de faibles revenus. Ayant une capacité d’action en matière de choix résidentiels très réduite, leur maintien dans leur logement en vieillissant peut être subi, et devenir problématique lorsqu’ils n’ont pas de ressources humaines mobilisables en cas de perte d’autonomie. De futures recherches pourraient donc étudier l’habitat des retraités sédentaires présentant une plus grande vulnérabilité, afin de considérer les relations entre les caractéristiques du logement et le besoin éventuel d’accompagnement au domicile par des proches ou par une aide institutionnelle.
Bibliographie
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Références
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Notes de bas de page
1 En revanche, la littérature sur la mobilité résidentielle, les choix résidentiels, la ségrégation spatiale… est abondante, mais traite rarement du cas exclusif des personnes âgées.
2 Nowik L. et Thalineau A. (dir.), Mobilités résidentielles et maintien à domicile des personnes âgées de plus de 75 ans, rapport de recherche pour la consultation internationale de recherche prospective du PUCA, novembre 2008.
3 Nous considérons que la mobilité résidentielle n’est pas seulement définie par la distance entre les logements de départ et d’arrivée. La distance entre les lieux constitue une variable parmi d’autres pour saisir le sens du changement de domicile, mais il faut étudier avec la même importance les changements de résidence effectués sur une même commune tout comme les déménagements entraînant un changement de région, d’autant qu’en vieillissant la distance ne représente pas la même préoccupation.
4 Entre 1999 et 2004, les cinq régions qui ont enregistré les taux annuels de migration nette des 60 ans et plus les plus élevés sont (par ordre décroissant) : le Languedoc-Roussillon, la Corse, la Bretagne, l’Aquitaine et le Poitou-Charentes. Cf. Insee Première, no 1028, juillet 2005.
5 Comme par exemple dans le Dordogneshire. Les Anglais appellent ainsi le « comté de Dordogne », au sud de Bergerac.
6 En France, la grande majorité des résidences secondaires sont détenues par des personnes âgées de plus de 50 ans. Selon l’Enquête patrimoine 2009-2010 de l’INSEE, 28,2 % des 60-69 ans et 18,6 % des 70 ans et plus possèdent d’autres logements que leur résidence principale (résidences secondaires ou logements de rapport). Chez les 60-69 ans, cette proportion est en augmentation de 4 points par rapport à 2006, mais elle est stable chez les 70 ans et plus.
7 Certains retraités s’installent aussi en milieu urbain, mais la très grande ville est moins attractive en début de retraite (Christel, 2006 ; Driant, 2008).
8 Les données du recensement mettent en évidence la diminution de la taille moyenne des logements avec l’augmentation de l’âge. Par exemple, 60 % des personnes âgées de 55 à 64 ans (personne de référence du ménage) vivent dans une maison de 5 pièces ou plus, contre 41 % parmi les personnes de 80 ans et plus. La même tendance est observée dans les appartements, mais avec des variations moins marquées. Cf. Insee, RP2007 exploitation principale, France métropolitaine.
9 La recherche d’un logement fonctionnel bien situé dans un territoire urbain peut d’ailleurs aussi imposer le statut locatif.
10 Un logement en ville étant en moyenne plus onéreux qu’un logement en milieu rural, une partie des retraités vivant à la campagne ne peuvent pas envisager de déménager en ville.
11 Certains élus confrontés à la demande des personnes âgées recherchent des solutions avec des bailleurs sociaux, par exemple en proposant des habitats groupés pour personnes âgées. Plus généralement, du fait de la gérontocroissance, diverses formes d’habitats intermédiaires proposant des logements fonctionnels pour les retraités sont actuellement en développement à l’initiative d’acteurs publics ou privés (l’auteur conduit actuellement une recherche sur ce sujet).
12 Selon Giddens, la sécurité ontologique est « la confiance des êtres humains dans la continuité de leur propre identité et dans la constance des environnements d’actions sociaux et matériels ».
13 Au sein des personnes ayant déménagé en milieu de retraite, 42 personnes sur 89 ne connaissaient pas les associations d’aide à domicile du canton, et 46 ignoraient l’existence d’aides publiques à destination des personnes âgées.
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