1 Je remercie vivement H. W. Pleket pour ses remarques après la présentation de ce texte à Leiden, de même que les amis et collègues qui ont bien voulu le relire avant sa publication, en particulier J. Andreau, R. Bogaert, P. Herrmann et M. Wörrle, pour leurs critiques et suggestions.
2 Je tente un bilan plus complet de la question dans Topoi (Lyon) 5 (1995). Le livre récent de Millett (1991) est un exemple d’approche primitiviste, certes non dépourvu de qualités : voir mon compte rendu (Migeotte, 1993a) et, plus brièvement (1993b). Ce livre s’est, entre autres, attiré les foudres d’E. E. Cohen (1992b), réaction qui illustre bien l’écart entre des positions irréductibles. Or Cohen a lui-même publié des études qui ne sont pas exemptes de modernisme et dont plusieurs ont été reprises et complétées dans son volume (Cohen, 1992a) ; partant de ce livre, I. Morris vient de publier un « Review Article » largement inspiré de lectures anthropologiques (Morris 1994) ; voir aussi mon bref compte-rendu (Migeotte, 1995b) et celui, plus critique, de R. Bogaert (1995).
3 Pleket (1989).
4 Voir déjà Wilhelm (1947), p. 17-19 ; Gauthier (1976-1977), p. 307-310 ; Migeotte (1994).
5 Voir une première esquisse de cette typologie chez Gauthier (1976-1977). H.-J. Gehrke (1986) a proposé une typologie en six volets dont la gradation s’inspire de l’importance relative de l’agriculture, des activités maritimes et d’autres ressources (comme les mines, les cultes ou le commerce).
6 Cf. Latte (1948) ; Migeotte (1984), p. 172-173, 391 et 397.
7 Voir par exemple le rôle constant de l’assemblée dans la conclusion des emprunts (Migeotte, 1984, p. 379-389) et dans l’ouverture des souscriptions publiques (Migeotte, 1992, p. 310-320).
8 Voir notamment Migeotte (1990 et 1991). Sur le fonds permanent de Samos, voir aussi Migeotte (1989-1990) et Gargola (1992), p. 12-28. Sur le fonds de Délos, Reger (1993), p. 300-334.
9 Voir entre autres Platon, Politique, 259b-c ; Xenophon, Mémorables, III, 4, 12 ; 6, 14 ; Aristote, Politique, I, passim (qui se démarquait cependant de ses prédécesseurs en voyant une différence de nature, et non seulement de degré, entre l’oikonomikè et la politikè).
10 Voir notamment Migeotte (1984), p. 400-401 et (1992), p. 376-378.
11 Voir Gauthier (1976) et Van Groningen (1933).
12 Kallet-Marx (1993).
13 Thucydide II, 13, 2 : τὴν ἰσχὺν αὐτοῖς ἀπò τούτων εῖναι τῶν χρημάτων τῆς προσόδου, τὰ δὲ πολλὰ τοῦπολέμου γνώμῃ καὶ χρημάτων περιουσίᾳ κρατεῖσθαι.
14 Aristote, Rhétorique I, 4, 1359b : ὤστε περὶ μὲν πόρων τòν μέλλοντα συμβουλεύειν δέοι ἄν τὰς προσόδους τῆς πόλεως εἰδέναι τίνες καὶ πόσαι, ὄπως εἴτε τις παραλείπεται προστεθῇ καὶ εἴ τις ἐλάττων αὐξηθῇ, ἔτι δὲ τὰς δαπάνας τῆς πόλεως ἁπάσας, ὅπως εἴ τις περίεργος ἀφαιρεθῇ καὶ εἴ τις μείζων ἐλάττων γένηται..
15 Ibid. : ταῦτα δ’ οὐ μόνον ἐκ τῆς περι τὰ ἴδια ἐμπειρίας ἐνδέχεται συνορᾶν, ἀλλ’ ἀναγκαῖον καὶ τῶν παρὰ τοῖς ἄλλοις εὐρημένων ἰστορικòν εἴναι πρòς τὴν περὶ τούτων συμβουλήν.
16 Aristote, Politique I, 11, 13 (1259a) : διόπερ τινὲς καὶ πολιτεύονται τῶν πολιτευομένων ταῦτα μόνον.
17 Aristote, Économique II, 1, 5 (1346a) : κρατίστη μὲν πρόσοδος ἡ ἀπò τῶν ἰδίων ἐν τῇ χώρᾳ γινομένη. Cf. le commentaire de Van Groningen (1933).
18 Rhétorique à Alexandre 1425b : πρῶτον μὲν οὖν σκεπτέον εἴ τι τῶν τῆς πόλεως κτημάτων ἠμελημένον ἐστν καὶ μήτε πρόσοδον ποιεῖ μήτε τοῖς θεοῖς ἐξαίρετόν ἐστιν. Λέγω δ’οἷνον τόπους τινάς δημοσίους ήμελημένους ἐξ’ ὦν τοῖς ἰδιώταις ἣ πραθέντων ἣ μισθωθέντων πρόσοδος ἄν τις τῇ πόλει γίγνοιτο κοινότατος γάρ ὁ τοιοῦτος πόρος ἐστίν..
19 Ibid. : ἄν δὲ μηδὲν ᾖ τοιοῦτον, ἀπò τιμημάτων ἀναγκαῖον ποιήσασθαι τὰς εἰσφοράς, ἣ τοῖς μὲν πένησι τὰ σώματα παρέχειν εἶναι προστεταγμένον εἰς τοὺς κινδύνους, τοῖς δὲ πλουτοῦσι τὰ χρήματα, τοῖς δὲ τεχνίταις ὄπλα. Cette classification est reprise à la fin de l'ouvrage, dans des notes qui semblent apocryphes (1446b) : περὶ δὲ πόρου χρημάτων, κράτιστον μὲν ἀπò τῶν ἰδίων προσό δων ἣ κτημάτων, δεύ τερον δὲ ἀπò τῶν τιμημάτων, τρίτον δὲ τῶν πενήτων τὰ σώματα παρεχόντων λειτουργεῖν, τῶν δὲ τεχνιτῶν ὄπλα, τῶν δὲ πλουσίων χρήματα.
20 Ibid. : συλλήβδην δὲ δεῖ περὶ πόρων εἰσηγούμενον φάναι αὐ τοὺς ἴσους τοῖς πολίταις καὶ πολυχρονίους καὶ μεγάλους ὄντας, τοὺς δὲ τῶν ἐναντίων τὰ ἐναντία τούτοις ἔχοντας. Ma traduction des mots ἴσους τοῖς πολίταις peut laisser perplexe : peut-être l'auteur évoque-t-il simplement une relation entre les ressources publiques et le nombre des citoyens ? D’autre part, on se demande quel sens peut avoir, à la fin, son allusion à une situation contraire.
21 I. Didyma 479 et 480. Voir Migeotte (1980 et 1995a).
22 Voir le commentaire de van Groningen (1933).
23 Voir Migeotte (1997).
24 Voir Francotte (1909), p. 150-155 et Robert (1964), p. 16-17. Pour Délos, voir Vial (1984), p. 140-142 et Treheux (1991), p. 349-352 ; pour Tauroménion, Migeotte (1991), p. 38-40. Les réserves accumulées par Athènes, à la veille de la guerre du Péloponnèse, sont trop connues pour que j’aie besoin d’y insister ; mais rappelons le caractère exceptionnel de cette puissance, dont une grande partie provenait des contributions des alliés.
25 Je reprends ainsi et complète les réflexions faites par Will (1986). Voir aussi mes conclusions dans Migeotte (1992), p. 354-356.
26 Voir Francotte (1909), p. 133-139, et les nombreux exemples réunis par L. Robert, Hellenica VII, p. 172-178, Hellenica IX, p. 14-18, Robert (1963), p. 54-57 ; voir aussi Lambrinudakis et Wörrle (1983), p. 351, n. 344. Au ive siècle, Athènes connaissait une opération analogue appelée mérismos : cf. Rhodes (1981), p. 559-560 ; Hansen (1993), p. 303.
27 Vial (1984), p. 140.
28 Voir Migeotte (1988).
29 Cf. Robert (1955) ; Bousquet (1988), p. 145.
30 Cf. de Ste Croix (1956) et Linders (1992), avec références aux publications antérieures. Il y a plus d’un siècle, Th. Homolle (1890), p. 459-460, avait déjà noté l’absence de plusieurs recettes et dépenses dans les comptes déliens. Voir des réflexions analogues de Linders (1988) à propos des inventaires de Délos.
31 Vial (1984), notamment p. 140 et 210.
32 On trouve de bons exemples de ce genre de documents dans Const. d’Athènes, p. 47-48. Sur les divers aspects de l’archivage, de l’exposition par archivage et de la gravure dans la pierre – et sur les rapports entre ces opérations – voir la démonstration richement documentée et toujours actuelle d’AD. Wilhelm (1909), p. 227-299 ; sur les rapports entre les documents de travail et les inscriptions à Delphes, voir aussi les réflexions de Bousquet (1988), p. 189-190.
33 Cf. de Ste Croix (1965).
34 Cf. Macve (1985). Voir aussi les remarques, souvent concordantes, d’E. Fallu (1979) et, pour un autre contexte, Rathbone (1991), spécialement le chapitre 8.
35 Voir Migeotte (1992), p. 346-356.
36 Cf. Humphreys (1969), p. 165-212 ; Garlan (1973), p. 118-127. Il s’agit là d’un acquis valable de l’approche primitiviste.