1 Joas H., La créativité de l’agir, Paris, Éditions du Cerf, coll. « Passages », 1999, p. 156.
2 Parsons T., The Social System, chapitre vii, op. cit., p. 308-321.
3 La plupart de ces aspects seront abordés dans les chapitres iv et v.
4 Déchaux J.-H., op. cit., 1997, p. 184.
5 Chazel F., « Retour sur l’“orientation normative de l’action”… », op. cit., 2001, p. 169-170.
6 Ibid., p. 169.
7 Baudrillard J., Le système des objets, la consommation des signes, Paris, Denoël/Gonthier, Gallimard, « Bibliothèque Médiations », 1975, p. 91.
8 Déchaux J.-H., op. cit., 1997, p. 185.
9 L’expression est de Candau J., Mémoire et identité, Paris, PUF, coll. « Sociologie d’aujourd’hui », 1998, p. 135.
10 Candau J., Mémoire et identité, op. cit., p. 87.
11 D’après ibid., p. 94. « Si selon Walter Benjamin, faire de l’Histoire c’est donner leur physionomie aux dates, on peut dire qu’une histoire de vie consiste à donner une physionomie à des événements considérés par l’individu comme signifiants du point de vue de son identité. »
12 Expression également employée par Déchaux J.-H., « Les femmes, gardiennes de la mémoire familiale », in Déchaux J.-H., op. cit., 1997, p. 144. Le rôle de « gardienne de la mémoire » est d’abord celui de sa mère qui transmet à ses enfants et ses petits-enfants les écrits poétiques de son époux, participe à l’écriture d’un ouvrage collectif en rapport avec l’histoire de son époux et réécrit certains textes. Cette histoire est celle de leur « histoire de vie » mais aussi celle d’une histoire dont le symbolisme collectif dépasse celui du cadre familial. Par ce film, Solange garantit la pérennité du rôle de « gardienne de la mémoire ».
13 Muxel A., Individu et mémoire familiale, Paris, Nathan, 1996, p. 203. Cité par Candau J., op. cit., 1998, p. 135.
14 Hyacinthe (69 ans) fait exception en affirmant n’avoir aucune photographie nulle part [sous entendu « exposées »], précisant que pour ses parents elle n’a jamais eu le courage de regarder des photographies, il en est de même pour son mari : « ça rappelle trop de souvenirs » ; et soulignant à plusieurs reprises au cours de l’entretien : « On est plus près de la tombe que du baptême. » La photographie est la preuve d’un temps révolu. En ce sens, elle est aussi conscience du vieillissement et pensée de sa propre mort.
15 Michelat G., « L’identité catholique des Français. II. Appartenances et socialisation », Revue française de sociologie, XXXI, 1990, p. 609-633.
16 Sur les 25 personnes rencontrées qui constituent l’échantillon principal, 9 personnes se déclarent croyantes dont 2 hommes (sur 9 hommes de la population totale) et 7 femmes.
17 Michelat G., « L’identité catholique des Français, I. Les dimensions de la religiosité », Revue française de sociologie, 31(3), juillet-septembre 1990, p. 355-388.
18 Ces questions ont été posées à la fin de l’entretien.
19 Boudon R., « De la rationalité instrumentale à la rationalité axiologique », in Boudon R., Le sens des valeurs, Paris, PUF, coll. « Quadrige », 1999, p. 95.
20 Parsons T., The Social System, op. cit., § Religious Belief Systems, p. 371. T. Parsons prend l’exemple de la mort prématurée.
21 Isolde (37 ans) parle de ses deux sœurs qui sont devenues bouddhistes « à la suite » du décès de son père, « pour elles, arriver à faire leur deuil. Parce que c’est très étroitement lié à l’histoire de la vie et de la mort de mon père. Et elles, cela a été leur moyen de faire quelque chose et d’intégrer ça dans leur vie ».
22 Angèle (29 ans) dit que « depuis [elle] ne sait plus. Mais [elle] s’est aperçue qu’avant [elle] croyait ». Elle pensait avant qu’elle ne croyait pas en Dieu, mais quand il est mort elle s’est rendue compte qu’elle devait y croire avant. Paul (34 ans) souligne : « J’ai cru mais j’ai vu mon grand-père mort et vraiment, je ne crois plus depuis la mort de mon grand-père. Au bout de quatre-vingt-huit ans t’es un morceau de viande froide […]. J’avais 26 ans, et là non, je ne peux pas penser qu’il sorte de là une âme et… Mais pourquoi pas ? Mais non. (Rires.) »
23 Cette dimension ritualiste a été relevée essentiellement autour du cimetière et de la tombe. Elle constitue un rite mortuaire repéré à partir des entretiens réalisés avec des femmes veuves et plutôt âgées, mais aussi avec des endeuillés jeunes (perte d’un parent, mère ou/et père) au début du deuil et pendant un certain temps. On l’abordera par la suite dans ce chapitre.
24 Parsons T. et Shils E., « Values, Motives, and Systems of Action », Toward a general Theory of Action, New York, Harper & Row Publishers, 1962, p. 58-59.
25 Voir dans le chapitre i sur le rituel : « Le modèle parsonien : ouverture à une sociologie du deuil », le point s’intitulant La théorie de l’action.
26 Boudon R., Le sens des valeurs, op. cit., p. 95.
27 Goffman E., « Les échanges réparateurs », in Goffman E., La mise en scène de la vie quotidienne, t. 2 : Les relations en public, op. cit., p. 109.
28 Ibid., p. 112.
29 Durkheim É., Les formes élémentaires de la vie religieuse, Paris, PUF, coll. « Quadrige », 1990, p. 574.
30 Déchaux J.-H., op. cit., 1997, p. 115 et suiv.
31 Expressions extraites de la présentation de Broqua C., Loux F. et Prado P., « Sida : deuil, mémoire, nouveaux rituels », Ethologie française, 1998/1, janvier-mars, p. 7.
32 B. Malinowski parle des « intérêts émotionnels » inclus dans les résultats des activités magiques.
33 Peut-être est-il utile de préciser que l’on n’a pas recueilli de témoignage de personnes ayant perdu un enfant (à l’exception de nourrissons).
34 Nicolay H. de et Servier E., « Le cimetière : espace fonctionnel », Traverses, t. 1 : Lieux et objets de la mort, Paris, Les Éditions de Minuit, 1975, p. 94.
35 L’initiale du prénom a été modifiée.
36 Même si la plupart des femmes veuves rencontrées précise retrouver leur époux beaucoup plus chez elles.
37 Voir chapitre i, Le deuil comme “risque” de rupture : une approche situationnelle de la déviance.
38 Mann P., « Tension », in Akoun A. et Ansart P. (dir.), Dictionnaire de sociologie, Paris, Éditions Le Robert/Le Seuil, 1999, p. 533.
39 Joas H., La créativité de l’agir, Paris, Éditions du Cerf, 1999, p. 168.
40 Voir dans le chapitre i, Le modèle parsonien : ouverture à une sociologie du deuil.
41 Chazel F., La théorie analytique de la société dans l’œuvre de Talcott Parsons, op. cit., p. 53-54.
42 Expression citée par Joas H., La créativité de l’agir, Paris, Éditions du Cerf, 1999, p. 185.
43 Piaget J., « Les règles du jeu », in Le jugement moral chez l’enfant, Paris, PUF, coll. « Bibliothèque de philosophie contemporaine », 2000, p. 33.
44 La notion d’« auto-régulation » est formulée par Nadel S. F., « Social Control and Self-regulation », Social Forces, vol. 31, no 3, 1953, p. 265-273 ; et reprise par l’auteur à propos du schéma de l’interaction élaboré par T. Parsons dans Nadel S. F., La théorie de la structure sociale, Paris, Les Édition de Minuit, 1970, p. 87-91.
45 La formule est de Martuccelli D., Sociologies de la modernité, Paris, Gallimard, coll. « Folio Essais », 1999, p. 75.
46 Éléments extraits d’une présentation des différents symptômes rencontrés dans un deuil dit « normal ». Stroebe W. et Stroebe M. S., Bereavement and Health, Cambridge University Press, Cambridge, 1987, p. 10.
47 Parsons T., The Social System, op. cit., p. 254-255. Voir chapitre ii, « Le deuil comme “risque” de rupture : une approche situationnelle de la déviance ».
48 Martuccelli D., Sociologies de la modernité, op. cit., p. 75.
49 À partir de Joas H., La créativité de l’agir, op. cit., p. 168.
50 Ibid., p. 170.
51 Voir Déchaux J.-H., « La fin du culte des morts », in Déchaux J.-H., Hanus M. et Jésu J. (dir.), Les familles face à la mort, Paris, L’Esprit du temps, 1998, p. 279-291. Déchaux J.-H., « Éloge du cimetière », Le Monde, samedi 16 octobre 1999, p. 16. Mais dans Déchaux J.-H., Le souvenir des morts…, op. cit., p. 170, l’auteur précise que « dire et faire ne sont pas incompatibles ».
52 À une échelle d’enquête plus importante, il pourrait être envisagé de procéder à une hiérarchisation des cadres : des plus communs aux plus spécifiques, selon le degré d’« engagement » nécessitant une démarche plus ou moins « volontariste » dans son rapport au deuil, et mesurée à l’aide de plusieurs variables.
53 Déchaux J.-H., Le souvenir des morts…, op. cit., p. 196.
54 Halbwachs M., La mémoire collective, édition critique établie par Gérard Namer, Paris, Albin Michel, 1987, p. 97.
55 Ibid., p. 98.
56 Voir chapitre v.
57 D’après Nadel S. F., « Social Control and Self-Regulation », op. cit., p. 265-273. Nadel S. F., La théorie de la structure sociale, op. cit., p. 87-91.
58 Celui des parents de Ferdinand.
59 « Déjà, déjà effectivement ça a été pour moi une déclaration d’indépendance. Comme je vous le disais, pour moi ça a été la première fois que je me suis senti vraiment un homme. Vraiment, un grand, un adulte. […] parce qu’elles [les funérailles] ont été aussi, de la manière dont elles ont été faites, on n’a pas voulu être entouré, ça a été le moment que l’on a voulu le pire possible en quelque sorte. J’ai l’impression de le voir comme ça […]. C’est à partir de ce moment où je me suis senti, défini comme seul, comme membre de plus rien. C’est cette fameuse individualité que j’ai voulue, que j’avais… Comment dirais-je, revendiquée, elle arrivait et elle m’opposait aux autres. Elle me différenciait, me séparait des autres. » (Ferdinand, 28 ans.)
60 La question de l’affirmation de soi est abordée dans le chapitre vi relatif à l’identité et le deuil.
61 Les aspects plus conflictuels sont abordés dans le chapitre iv : « La tension du deuil ».
62 Goffman E., Les cadres de l’expérience, op. cit., p. 371.
63 À partir de Joas H., op. cit., 1999, p. 179.
64 D’après Joas H., op. cit., p. 181.
65 Voir chapitre iv : « La tension du deuil. »
66 Voir chapitre vi.
67 Ce qui ne pouvait pas être le cas dans l’histoire d’Aurore et de Ferdinand, qui ont perdu deux nourrissons.
68 Voir au chapitre iii, les éléments développés sur la « commémoration » dans « Les lieux » et « Le rite ».
69 Voir dans le chapitre ii le point « L’“ancrage” ».
70 « Il y a eu des hauts et des bas, il a fallu changer d’avocat, on s’est aperçu en fait qu’on s’était trompées. Qu’on s’était aussi trompées d’interlocuteur en face parce que bon c’était “lui”, je ne sais même pas comment il s’appelle parce que c’est bizarre ça c’est un truc que je n’ai jamais réussi à retenir, parce que je sais son nom… Mais je n’ai jamais réussi à l’ancrer dans ma mémoire alors que c’était plus fort que moi, alors que c’est quand même important je ne sais pas, bon je le sais c’est écrit sur tous les papiers, et bizarrement je n’ai jamais réussi à me le mettre en tête, à mon avis c’est assez significatif […]. C’était lui qui s’était endormi. Il était au boulot à ce moment-là, et je crois qu’on s’est trompées pour accuser, en fait on aurait du mettre son patron dans l’histoire, parce que c’était la boîte et en fait il aurait peut-être fallu contre le mec ok mais porter plainte contre son patron, contre la boîte qui lui faisait faire peut-être des heures… J’en sais rien mais… Et à mon avis on aurait peut-être été plus loin de ce côté-là, sauf que bon on avait un avocat con comme pas possible et bon il n’a pas su faire son boulot, et nous de toute façon on était complètement dans les choux donc… Nous quand on a réagi c’était déjà trop tard, quand on a changé d’avocat c’était plus d’un an après… Donc voilà. » (Blandine, 25 ans.)
71 À partir de J.-H. Déchaux qui parle de « sens vécu du rite ». Déchaux J.-H., Le souvenir des morts…, op. cit.
72 « On ne se sent absolument pas pris en charge. Je cherche souvent un terme… “Chouchouter”, voilà ! Moi je voudrais être chouchoutée par le gouvernement à qui on a donné une victime de guerre. Enfin on est comme une victime de guerre et d’ailleurs SOS Attentat s’est battu pendant longtemps pour que les enfants des victimes d’attentats soient reconnus pupilles de la nation comme les enfants des victimes de guerre, ce qui n’était pas une évidence alors que c’est une évidence ! Mais SOS Attentat a interpellé nombre et nombre de ministres pour que cette chose-là soit votée. Ce qui est quand même la moindre des choses parce que nous sommes des victimes de guerre, moi je me considère aussi comme une victime de guerre dans un certain sens. » (Diane.)
73 Voir dans le chapitre ii le point « L’“enracinement” ».
74 Voir dans le chapitre iii le point « Les lieux ».
75 Voir dans le chapitre iii les points « Les lieux » et « Le rite ».
76 Ou « qui n’est pas sans effet ». Voir Wittgenstein L., « Conversations sur Freud », Leçons et conversations, Paris, Gallimard, coll. « Folio essais », p. 87-105.
77 Piaget J., Le jugement moral chez l’enfant, Paris, PUF, coll. « Bibliothèque de philosophie contemporaine », 2000, p. 33.
78 Voir dans le chapitre i, « L’isolement comme mécanisme de régulation sociale ».
79 Expression citée par Joas H., La créativité de l’agir, op. cit., p. 185.
80 « J’arrivais à en parler avec tous ces gens ! Alors ce qui était… Ce qui était très encourageant et dont j’ai détesté les paroles c’est : « Oh et bien tu tiens vachement bien on s’attendait à récupérer quelqu’un de beaucoup plus amoché, de moins capable de participer à la vie de groupe. » (Camille.)
81 Camille : « Oh ça c’était… C’est vraiment, elle m’a épatée parce que sur d’autres cela n’aurait pas été ce qu’il fallait dire, mais alors sur moi c’était… C’était vraiment les paroles parfaites. »
82 Par exemple dans le cadre du travail pour s’excuser de ses moindres performances, de son agressivité, de l’hostilité à l’égard de certains sujets de conversation, ou à l’université pour justifier son incapacité à faire un exposé, à affronter un jury d’examen, ou du retard accumulé, etc.
83 Voir dans le chapitre v « La justification », entre le besoin de le dire et ne pas se servir du deuil comme excuse….
84 Souligné par Chazel F., « Retour sur l’“orientation normative de l’action” : éléments pour une appréciation tempérée », op. cit., 2001, p. 161.
85 Voir la description de cette relation par Goffman E., Les cadres de l’expérience, op. cit., p. 378-379.
86 Chazel F., « Retour sur l’“orientation normative de l’action”…, op. cit., p. 166. Souligné par F. Chazel, à propos de la lecture qu’E. Goffman fait de The Social System de T. Parsons. Voir Goffman E., La mise en scène de la vie quotidienne, t. 2 : Les relations en public, Paris, Éditions de Minuit, coll. « Le sens commun », 1984, p. 324-326.