Les footballeurs béninois en France : d’une migration rêvée à une mobilité subie
p. 185-198
Résumés
Centré sur le concept de carrière, ce chapitre rend compte du parcours ayant conduit six footballeurs à quitter l’Afrique pour monnayer leurs talents en France après avoir joué au Bénin, pays situé aux confins de l’espace international du football marchand. S’appuyant sur des témoignages recueillis par entretiens, il fait état des événements qui ont eu une place importante dans la genèse et le déroulement de cette quête du succès sportif passant par l’aventure migratoire.
Focused on the concept of career, this chapter reports on the life course of six football players who left Africa in order to sell their skills in France after playing in Benin, a country located at the extreme periphery of the international arena of merchant football. Based on evidence collected through interviews, it outlines the events that played an important role in the genesis and progress of this quest of sporting success through the migratory adventure.
Texte intégral
Introduction
1Dans la préface du livre de Tshimanga, Faouzi Mahjoub raconte les voyages qu’entreprit au début des années 1960 le jeune Mamadou Traoré pour rallier depuis Dakar le club de Reims où il rêvait d’imiter ses héros dont il avait suivi les prouesses lors de la Coupe du Monde de football de 1958 grâce à la radio et aux journaux1. Cette anecdote illustre le formidable pouvoir de séduction du spectacle sportif. Selon Ehrenberg2, cet attrait tient à ce que le sport met en scène un imaginaire propre à l’individualisme démocratique, lequel travaille les sociétés contemporaines les plus diverses. En traitant tous les concurrents comme des individus libres et égaux en droit, le sport exacerbe cet idéal d’autonomie qui incite chacun à rêver d’un monde où sa destinée ne dépendrait que de ses seules aptitudes. Ainsi, à la différence du héros de l’antiquité grecque, qui était censé sortir vainqueur des jeux d’agôn par la grâce des dieux de l’Olympe3, à la différence aussi du gentilhomme qui manifestait, par son habileté dans l’art équestre ou l’escrime, les préséances héréditaires de la noblesse4, les succès du champion sportif ne révèlent pas une essence mais sont supposés être le fruit de l’entraînement par lequel tout un chacun pourrait accroître ses capacités, son mérite individuel en somme.
2Certes, l’adhésion à cette fiction réaliste est ambivalente car ce désir de singularité par la performance se mêle à la conviction qu’il existe d’autres principes actifs dans le monde (le don, la chance, le destin) et s’allie à la conscience de vivre dans une société inégalitaire. Cela n’empêche pas cet idéal d’être mobilisateur, d’autant qu’en l’espace d’un demi-siècle la popularité des grandes compétitions sportives a été décuplée. Cette montée en puissance s’est accompagnée, dans les années 1990, de profonds changements dans l’espace international du football marchand. Depuis, des joueurs africains viennent régulièrement briller dans les meilleurs clubs européens. Or, la réussite qu’ils incarnent aux yeux de leurs cadets a avivé chez ces derniers le désir d’aller en Europe pour tenter d’y gagner des honneurs sportifs et suffisamment d’argent pour améliorer leurs conditions d’existence.
3Notre propos est de rendre compte de la genèse et du déroulement de cette quête du succès sportif passant par l’aventure migratoire. On montrera que pour atteindre ce but chaque postulant doit convaincre de son talent des acteurs qui ont le pouvoir de faciliter son recrutement dans des équipes prêtes à rémunérer ses services. Autrement dit, le talent n’est pas une grandeur intrinsèque des individus mais le produit de la reconnaissance que leur accorde autrui, laquelle s’obtient dans l’interdépendance tout en étant sujette à une réévaluation périodique en fonction d’événements nouveaux affectant cette dernière. Dans un premier temps, nous examinerons les circonstances qui entourent les rencontres sociales au cours desquelles se construit l’intérêt pour le football, puis se définit le talent de footballeur, ensuite la méthode utilisée pour produire des matériaux empiriques, avant d’évoquer les diverses chaînes d’interdépendances au travers desquelles transitent et se transforment les jeunes footballeurs au cours de leur cheminement à l’intérieur de cet espace marchand.
Les carrières, les chaînes d’interdépendances sociales et leur imbrication
4Ce chapitre envisage les dynamiques sportives et migratoires à l’échelle de ceux qui en ont une expérience directe, c’est-à-dire au niveau d’hommes interdépendants observés dans leur singularité5. Nous en donnerons une intelligibilité en étudiant l’inscription des biographies de quelques footballeurs dans un enchaînement de processus sociaux dont la logique causale est de type séquentiel : « On n’a plus une cause présente, qui contient le passé et détermine le futur, mais des événements dont le sens et l’efficace évoluent au fil du processus6. » Sur cette base, le travail sociologique consiste à montrer que les actions accomplies dans une circonstance donnée ainsi que ceux qu’elles mettent en relation ne sont pas immuables : dès lors que ces derniers sont placés dans des situations qui présentent pour eux un caractère inédit, ils sont amenés à redéfinir ce qu’ils font et ce qu’ils sont.
5C’est ce que fait la théorie interactionniste des carrières7 et c’est en nous nous en inspirant que nous nous proposons d’analyser les parcours sociaux des footballeurs béninois. Rappelons qu’une carrière se présente comme une succession de changements d’états comportant deux dimensions : l’une, objective, désigne la séquence des positions occupées dans un système d’emplois ; l’autre, subjective, dénote la suite des perspectives suivant lesquelles les sujets interprètent tout ce qui leur arrive dans l’existence. Elle se construit donc par étapes, chaque transition les amenant à modifier leur façon de s’ajuster à autrui. L’importance cruciale du concept d’ajustement dans cette théorie est à souligner car il fait de la carrière la résultante des multiples interactions sociales que les gens ont au sein des groupes qu’ils fréquentent. Néanmoins, les travaux portant sur les carrières ne se bornent pas à examiner les interactions symboliques au moyen desquelles ceux-ci se communiquent mutuellement la signification qu’ils donnent à leur rencontre. Ils s’efforcent aussi de rapporter ces dernières à des cadres sociaux qui leur préexistent et leur survivent. Chez Becker8 et Masson9, il s’agit de facteurs correspondant aux propriétés sociales des sujets ou à des arrangements institutionnels. Quant à Grossetti10, il cherche à articuler le temps court des interactions à celui de séquences d’actions plus durables. Ce dernier travail fournit quelques idées directrices précieuses pour l’étude des dynamiques biographiques. Nous nous en inspirerons sans, pour autant, reprendre à l’identique les catégories de l’auteur. Celui-ci stipule, en premier lieu, que les chaînes d’interdépendances sociales dans lesquelles se fabrique le cours de nos vies sont d’envergure inégale. Ensuite, ces différents niveaux de dépendance réciproque s’articulent les uns aux autres selon des modalités variées. Enfin, les relations d’interdépendance, à quelque niveau que ce soit, sont traversées par de multiples logiques sociales (économie, politique, culture, etc.), qu’il revient à l’analyse de repérer.
6De même que le concept de parcours vise à combiner différents niveaux d’analyse de l’activité sociale, s’étageant du macro au micro, pour donner une intelligibilité sociologique aux existences humaines, la compréhension du déroulement d’une carrière nécessite de montrer comment les interactions symboliques sont raccordées à des chaînes d’interdépendances sociales de plus vaste ampleur. S’agissant du recrutement contre rémunération de joueurs de football par des clubs-employeurs, la rencontre entre offreurs et demandeurs de travail peut être facilitée ou, à l’inverse, contrariée par un faisceau de circonstances qui se situent, à des degrés divers, en surplomb de celle-ci. On montrera, par exemple, comment ces interactions s’encastrent dans des structures d’ordre économique, politique ou culturel, ou sont redevables de regroupements sportifs fournissant des occasions de mise en contact, ou bien sont raccordées à un réseau social formé par l’ensemble des liens d’interconnaissance réciproque qu’une personne entretient avec autrui.
Terrain et méthode
7S’il avait été possible d’accéder à une base de données indiquant la nationalité des footballeurs étrangers exerçant leur activité en France contre rémunération, cela n’aurait pas aidé à régler deux problèmes méthodologiques majeurs. En premier lieu, elle n’aurait pas permis de séparer les « migrants avec la balle11 », qui seuls nous intéressent ici, des footballeurs africains n’ayant jamais vécu dans leur pays et de ceux qui ont commencé à vivre de ce sport après s’être installés en Europe. En second lieu, elle aurait probablement omis de répertorier ceux qui sont tentés de dissimuler leur situation parce qu’elle est en contradiction avec la loi des pays d’arrivée ou attentatoire à leur dignité, tels ces nombreux adolescents africains que des réseaux migratoires font venir en Europe pour leur faire passer des essais et qu’ils abandonnent parfois à la rue, sans argent et sans papiers, quand il apparaît qu’ils ne parviendront pas à les placer dans un club contre monnaie sonnante et trébuchante.
8Faute de disposer d’une telle liste, nous nous sommes concentrés sur la singularité du football béninois, qui est d’occuper un rang très bas dans la hiérarchie mondiale (équipe nationale classée au 99e rang en janvier 2009, aucun résultat distinctif dans une compétition continentale) et d’être très peu connecté au centre économique du football marchand (un seul agent de joueurs rattaché à la Fédération béninoise de football (FBF) en 2008, deux structures fonctionnant comme des centres de formation destinés à exporter leurs meilleurs éléments). Nous avons voulu savoir comment, dans ces conditions, se fabriquaient les carrières sportives conduisant de jeunes footballeurs à quitter le Bénin pour la France.
9Une enquête a été menée à cette fin en avril et en mai 2009 auprès de joueurs béninois partis gagner leur vie en France grâce au football, après avoir évolué en première division au Bénin. Elle a été diligentée par un étudiant béninois de 26 ans, installé dans l’hexagone depuis peu, dont le travail a été facilité par les affinités qu’il entretenait avec les personnes qu’il a contactées du fait de son âge, de sa situation de migrant, de sa fréquentation de nombreux footballeurs du championnat béninois, côtoyés à l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation physique et sportive de Porto-Novo et, plus largement, de références culturelles communes. L’échantillon constitué est de type « boule de neige » : l’enquêteur a obtenu d’un ami journaliste les coordonnées d’un joueur béninois ayant exercé en France dernièrement, lequel lui a fourni les numéros de téléphone de deux joueurs évoluant alors dans l’hexagone, ces derniers ayant fait de même, et ainsi de suite. Tous les sujets sollicités ont accueilli avec bienveillance sa requête au point que certains n’ont pas hésité à l’appeler pour connaître la date de son passage. Ils étaient contents de savoir que quelqu’un s’intéressait à leur sort et impatients de pouvoir lui raconter aussi bien leurs exploits que leurs mésaventures. En effet, lors de ces entrevues, ils n’ont pas hésité à « vider leur sac » comme s’ils attendaient cette occasion depuis longtemps. Avec certains d’entre eux, la sympathie mutuelle qui est née de cette rencontre les a conduits à prolonger leurs relations au-delà du moment de l’entretien, ce qui a facilité les prises de contact ultérieures nécessitées par l’enquête.
10À partir d’une liste de dix joueurs installés en France, l’enquêteur a mené des interviews auprès de six d’entre eux, tous francophones et exerçant leur activité en région parisienne ou dans l’ouest de la France. Leur profil est, à maints égards, hétérogène. Ils ont entre 22 et 31 ans. Leur durée de séjour en France au moment de l’enquête varie entre deux et onze ans. Seuls trois d’entre eux sont sous contrat, sachant que le rang que leur équipe occupe dans la hiérarchie sportive court du 3e échelon au 7e échelon qui correspond à un bon niveau régional. Leur point commun durant le second semestre 2009 est de ne pas pouvoir accéder à un poste de titulaire dans une équipe haut placée (ligue 1, ligue 2).
D’une carrière sportive à une carrière migratoire
11Par la suite, nous allons, pour chacune des étapes de la carrière sportive de ces joueurs, faire un gros plan sur quelques-unes des situations qui leur ont permis de rencontrer des gens ayant joué un rôle important dans la reconnaissance de leurs talents et/ou l’obtention des revenus en découlant ou dans l’affrontement des difficultés qui ont entravé cette quête de gratifications sportives et de gains financiers.
Le goût pour le football : genèse, confirmation et affermissement
12La genèse du goût pour le football et sa confirmation se font à travers les multiples interactions que les enfants ont avec leurs pairs dans leur quartier. Elles se produisent à la faveur d’occasions diverses : outre celles offertes par les retransmissions télévisées des matchs de football, il faut compter avec les challenges mis en place dans une conjoncture électorale par les dirigeants de circonscriptions administratives. D’autres découlent des stratégies élaborées par des firmes ou des particuliers pour promouvoir leurs intérêts économiques ou des initiatives des enfants qui organisent durant les vacances leurs propres tournois. S’y ajoutent les matchs du championnat scolaire, auxquels les chefs d’établissement prêtent une attention particulière compte tenu des bénéfices qu’une bonne performance de leurs élèves peut apporter à la réputation de leur institution.
13Ces occasions d’interaction autour du football s’inscrivent dans des structures historiquement fondées pendant la domination française et qui lui ont survécu : il s’agit de l’importance accordée au sport par la puissance coloniale aux dépens des jeux de tradition autochtone, la valeur éminente qui lui était reconnue de prime abord ayant été reprise à leur compte par les groupes dirigeants après l’indépendance. Elles sont également fonction des faits de morphologique sociale : ces occasions sont en effet plus répandues en ville et les petits urbains peuvent plus facilement les saisir que s’ils habitaient à la campagne, leurs homologues ruraux étant, en proportion, bien plus nombreux qu’eux à travailler pendant leur scolarité ou après l’avoir rapidement arrêtée12.
14Jusque-là, les enfants trouvent dans le football une excitation plaisante qui n’est pas assujettie à l’issue du match. Ceux qui les encouragent à persévérer dans cette activité se rangent parmi les autruis significatifs13, à savoir les gens de leur entourage proche auxquels ils sont affectivement attachés et qui les impressionnent favorablement au point de chercher à les imiter (frères, père, amis d’école ou de quartier). Ceci change une fois qu’ils adhèrent à un club civil puis accèdent à l’équipe senior. Le premier événement survient à des âges variés, suivant le moment où ils arrêtent leur scolarité, à la faveur d’occasions sportives diverses ou d’une connexion à un dirigeant sportif via le réseau familial ou le réseau lié au sport scolaire. Le second dépend d’un facteur structurel relevant de la morphologie sociale, celle-ci étant fondée sur l’opposition entre le nord et le centre, ruraux et agricoles, et la bande sud du pays, densément urbanisée, où sont concentrés l’essentiel des activités économiques, les quelques infrastructures sportives et les équipes les plus cotées. En conséquence, pour ceux initialement domiciliés au nord cette promotion coïncide avec une première migration vers le sud.
15Désormais, les gens qui contribuent à fortifier leur passion du football sont ceux auxquels ils sont fonctionnellement liés dans la sphère sportive : coéquipiers, entraîneurs et, ce qui était déjà présent dans le sport scolaire, cet autrui impersonnel qui officialise les scores et les classements, distribue les titres et les trophées, à savoir l’institution sportive. Les avis flatteurs que ces derniers donnent sur leurs performances, leur présence dans les palmarès officiels ainsi que leur identification à leur nouveau groupe d’appartenance achèvent de les séparer des quidams du football de quartier. Les perspectives qu’ils portent sur eux-mêmes et sur leur activité en sont bouleversées en raison de la conscience croissante qu’ils ont de leur talent sportif et de la place de plus en plus importante que le football occupe dans leur vie.
Des premières consécrations sportives en Afrique au projet migratoire
16Le recrutement dans une équipe de première division constitue la première consécration de leurs nouvelles ambitions. Par la suite, leur transfert, entre 16 et 19 ans, dans une équipe de premier plan du championnat béninois amorce d’importants changements dans leur existence. Ils sont désormais convaincus de faire partie de l’élite du football béninois. Cela les emplit de fierté et conforte leurs rêves de grandeur sportive, d’autant que certains d’entre eux sont en contact avec des amis qui ont réussi à intégrer un club européen. Ainsi, au moment même où l’un d’eux accepte de quitter la Côte d’Ivoire, à 17 ans, pour rejoindre l’un des clubs les plus en vue du Bénin, lequel lui offre un gros salaire en comparaison de ce que perçoivent la plupart des autres joueurs du championnat, et des conditions matérielles avantageuses, des camarades qu’il a côtoyés durant plusieurs années en centre de formation sont appelés en Europe. La comparaison de sa situation, encore modeste, à la leur, ne manque pas d’élever le niveau de ses aspirations :
« Vu que moi j’ai grandi en Côte d’Ivoire, dans les centres de formation dont celui de Jean-Marc Guillou, d’où sont partis Kolo Touré14, Aruna Dindané15, Bakari Koné16 et autres, c’est à ce moment-là que j’ai vraiment eu l’envie de faire une carrière professionnelle puisque bon, tous ceux-là sont des amis. »
17Inutile de s’attarder sur la valeur exemplaire que représente aux yeux des joueurs restés en Afrique le parcours de ces jeunes migrants avec la balle. Outre le prestige sportif que leur confère leur parcours européen, l’image de l’aisance matérielle qu’ils donnent, lors de leurs retours périodiques au pays, éveille chez leurs pairs le désir de partir à leur tour pour jouir du même standing.
18En évoluant dans l’une des meilleures équipes du pays, ces jeunes joueurs s’ouvrent très vite les portes de la sélection nationale. Ils y sont appelés soit l’année même de leur arrivée dans ces clubs cotés, soit la saison suivante. C’est un tournant dans leur carrière, même pour ceux qui ont déjà connu le niveau international en club, car le fait d’être régulièrement sélectionnés leur donne accès à de meilleures conditions de vie. En effet, ce n’est qu’à l’occasion des regroupements de l’équipe nationale que la plupart de ceux qui jouent au pays peuvent bénéficier de conditions propices à la réalisation d’efforts physiques intenses : bien se nourrir en quantité et en qualité, habiter un logement salubre, avoir accès convenablement aux soins, disposer d’infrastructures sportives de qualité. Cette expérience connaît des prolongements bénéfiques car un appel dans la sélection du Bénin est récompensé par des primes qui permettent d’améliorer l’ordinaire et de se constituer une petite épargne. Une fois encore, les ressources liées à ces occasions dépendent de structures politiques qui ont perduré après l’indépendance, sachant que l’intervention financière du nouvel État africain au profit du sport a été dirigée, depuis, vers un éventail limité de spécialités – parmi lesquelles le football a été privilégié en raison de sa popularité – dans l’espoir de provoquer l’éclosion d’une élite contribuant, par ses performances, au rayonnement du pays17.
19En outre, le fait d’être appelé en équipe nationale constitue en lui-même une ressource indispensable pour qui veut tenter sa chance à l’étranger. En effet, en gagnant le droit de porter le maillot du Bénin, ces jeunes joueurs initient ou renforcent leur connexion aux circuits transnationaux du football qui, depuis une quinzaine d’années, ont considérablement intensifié leur activité en Afrique après que des bouleversements réglementaires facilitant la circulation des joueurs dans l’espace international du football marchand soient intervenus sur les deux continents et que l’organisation capitaliste du marché du travail sportif en soit sortie renforcée18. Outre le fait qu’ils les rapprochent de leurs compatriotes qui jouent en Europe, les matchs avec la sélection béninoise sont des occasions propices pour se signaler aux clubs étrangers à la recherche de jeunes espoirs qu’ils n’auront pas à former, et pour nouer des contacts avec leurs représentants. Cette expérience internationale a un retentissement considérable sur la manière dont ceux-ci envisagent leur avenir. Désormais, ils sont totalement engagés dans une carrière de footballeur migrant n’ayant d’autre horizon que le départ vers l’Europe, comme cela ressort de l’extrait suivant :
« Moi après la CAN [Coupe d’Afrique des Nations] déjà, je n’avais plus envie de rester au Bénin. Surtout avec l’histoire de R. [club de ligue 1], ça m’a vraiment encouragé. C’est vrai que tous les footballeurs rêvent de partir jouer en Europe mais, moi, quand les dirigeants de R. ont contacté mon club, je me suis dit : “Bah c’est parce que j’ai les atouts nécessaires”, et c’est là que je me suis vraiment décidé. »
20Il reste encore à concrétiser ce projet migratoire. Or, les rencontres sportives entre nations ne se traduisent pas forcément par une offre d’embauche et, même quand cela survient, les joueurs ne maîtrisent guère la négociation engagée avec leur employeur potentiel. De multiples autres protagonistes sont susceptibles de s’immiscer dans cette tractation. Ainsi, l’espoir qui les anime est parfois douché par les stratégies que déploient les dirigeants sportifs au Bénin pour que ces transferts satisfassent au mieux leurs intérêts. La conclusion d’un accord entre les footballeurs béninois et les clubs français peut, en effet, être retardée ou même empêchée par la FBF qui y oppose son veto tant que les premiers n’ont pas été sélectionnés dans l’équipe A du Bénin, ceci afin d’éviter qu’un autre pays les enrôle dans son équipe nationale. De même, les dirigeants des clubs béninois peuvent être tentés de réclamer à leurs interlocuteurs européens des compensations financières que ces derniers jugent à ce point prohibitives qu’ils décident de rompre les discussions.
21Dans tous les cas, les migrants présents dans l’équipe du Bénin exercent à l’égard des internationaux novices une fonction de tête de pont en matière d’information. Ce sont eux qui les renseignent sur le fonctionnement du marché du travail sportif en Europe et leur livrent des « tuyaux » sur des opportunités de recrutement. Il leur arrive même de jouer le rôle d’entremetteur comme l’illustre le cas suivant :
« C’est surtout à la CAN 2008 au Ghana que j’ai su qu’ils [les dirigeants du club L.] me suivaient vraiment parce que S. [joueur en contrat avec L.] m’a dit qu’ils m’envoyaient des félicitations pour mes prestations, donc moi je me suis dit : “Effectivement, ils me suivent.” À chaque sélection quand on venait au Bénin, il me disait tout. Il me disait : “C’est sérieux, les gars te suivent vraiment, ils sont vraiment intéressés.” Sinon, mon manager a aussi appuyé la chose en discutant avec eux et avec l’aide de S., ça s’est arrangé. »
22La sélection en équipe nationale ne produit pas toujours un résultat aussi favorable. Elle leur permet toutefois de se signaler à leur réseau de relations sportives en tant que joueurs aptes au départ et, par suite, d’être avertis quand des clubs européens ou des centres africains organisent dans la sous-région des journées de détection qui font office de gares de triage conduisant une poignée d’entre eux sur les pelouses du vieux continent.
23En définitive, leurs conditions d’insertion socio-économique, à leur arrivée en Europe, dépendent de leur degré de connexion à un canal migratoire de ce genre dès leur mise en mouvement au départ de l’Afrique. Ainsi, ceux qui sont invités par un club européen bénéficient d’une totale prise en charge de leur déplacement le temps que dure leur mise à l’essai, de quelques semaines à quelques mois. En revanche, ceux qui, en désespoir de cause, partent à l’aventure avec pour seuls atouts une lettre d’invitation délivrée par un agent de joueur lointain et un visa de séjour de trois mois doivent non seulement supporter tous les frais découlant du voyage mais s’exposent à un risque maximum puisque, dès le départ, ils ne bénéficient d’aucune protection contre les aléas de toutes sortes liés à leur séjour en Europe.
Les incertitudes pesant sur le déroulement d’une carrière sportive en France
24Débarqués en France, entre 19 et 22 ans, ces joueurs connaissent des parcours sportifs marqués par l’insécurité économique, caractéristique des clubs de troisième zone où ils sont souvent relégués. À vrai dire, les plus exposés sont ceux qui sont connectés de manière relativement lâche aux circuits économiques transnationaux de sorte qu’ils ne sont pas du tout assurés de trouver un point de chute une fois arrivés à destination.
25Lorsqu’il s’avère, sur place, que personne ne les attend, ils se tirent de ce mauvais pas en mobilisant le réseau d’amis qu’ils se sont constitués au sein de la sélection nationale ou en club au Bénin. Auprès d’eux, ils trouvent aussitôt un point de chute afin d’éviter le pire. Ils reçoivent de leur part une assistance durable, en parcourant l’hexagone pendant près d’un an pour se réfugier une fois chez l’un, une fois chez l’autre. Cette aide ne se borne pas à leur assurer de quoi subsister. Leur entourage les met en contact avec des clubs susceptibles de les recruter ou de leur fournir un petit job, et il leur permet de régulariser leur situation administrative alors que l’absence de titre de séjour réduit fortement leurs chances de s’insérer sur le marché du travail sportif. Malgré tous ces déboires, le souvenir des sacrifices consentis pour faire ce voyage et leur désir de ne pas tomber dans la misère qui les guette au pays les dissuadent de rentrer au Bénin, comme le dit l’un d’eux :
« Je ne dis pas qu’ici aussi c’est facile pour moi [il pleurera un peu plus tard en évoquant les humiliations subies en France19] mais c’est nettement mieux qu’au Bénin. Là-bas, c’est vraiment pire. Tu te lèves le matin et tu ne sais même pas si tu vas manger le soir ou pas. Tu réfléchis entre acheter une paire de godasses et manger quoi. Tu réfléchis tout le temps, tu fais des calculs tous les jours. »
26La description que son compagnon d’infortune fait du parcours sportif qu’il a effectué en France met en exergue l’effet que produit l’enchaînement d’événements défavorables. En restant longtemps sans jouer, il devient difficile d’être appelé en équipe nationale, ce qui le prive d’occasions de se signaler auprès des recruteurs ou des intermédiaires travaillant pour les clubs français. En l’absence d’une prise en charge par un agent de joueur branché sur un circuit transnational, ce jeune footballeur s’en remet au réseau qu’a tissé en France le père d’un de ses coéquipiers de la sélection nationale. Mais cette solution lui procure un éventail très limité de contacts, circonscrits dans un espace géographique et sportif relativement étroit. En définitive, elle conduit le premier dans une région voisine, où il signe un contrat avec un club situé au 4e niveau national, tandis que le second se place à proximité de la ville où il a trouvé asile dans un club de 7e niveau évoluant en division régionale.
27La suite de son parcours illustre une autre difficulté à laquelle n’échappent pas ceux qui sont convoyés par leur futur employeur. En effet, pour attirer sur soi l’attention des clubs évoluant en ligue professionnelle, il faut jouer régulièrement dans la meilleure équipe de son club. Inversement, quand on est durablement confiné dans l’équipe réserve ou fréquemment assigné au rôle de remplaçant, le risque d’être évincé du marché du travail devient important. Changer de club devient alors une nécessité pour « retrouver du temps de jeu ». Qu’il résulte d’une décision unilatérale ou d’un accord entre les deux parties, ce genre de mobilité est amplement subi et alors lourd de menaces car il s’accompagne d’un risque indéniable de rétrogradation à la fois marchande et sportive. Récupéré au bout de plusieurs mois d’inactivité par une équipe jouant au même niveau de compétition (4e), il y connaît à nouveau les mêmes difficultés. C’est aussi une opportunité pour se relancer comme l’illustre le cas suivant. Prêté à l’âge de 21 ans à une équipe évoluant dans le championnat du niveau inférieur, faute d’avoir pu convaincre de ses capacités sportives le club de ligue 1 qui l’avait recruté, K. accède alors à une place de titulaire et évite ainsi une dégradation de sa situation économico-sportive.
28La blessure sérieuse qui contraint à l’inactivité sportive pendant de longs mois est un autre événement qui expose les migrants avec la balle à ce risque. Ses conséquences sont d’autant plus graves que ceux qui en sont victimes sont placés dans une insécurité statutaire : la durée de leur contrat, de un, deux ou trois ans, les protège peu contre ces imprévus. Cette incapacité temporaire, quand elle survient à des moments cruciaux de leur carrière, est à même d’infléchir considérablement leur devenir. Recruté par un club de Ligue 1, à l’âge de 19 ans, après avoir été repéré par un entraîneur béninois y officiant, G. signe un contrat d’espoir d’une durée d’un an. Bien qu’il joue les matchs avec l’équipe réserve, très vite on lui demande de s’entraîner avec les professionnels de ligue 1. Mais une blessure qu’il cache, par peur d’être renvoyé, le handicape de plus en plus jusqu’au jour où il doit se résoudre à déclarer son mal pour justifier ses contre-performances et la nécessité de s’arrêter.
29En l’occurrence, c’est la conviction d’être arrivé au seuil de la réussite sportive, et l’importance capitale qu’elle revêt en termes de réalisation de soi, qui le conduit à accepter de mettre en jeu sa santé, comme le raconte le principal intéressé :
« J’ai fait deux matchs avec la CFA et, comme par malheur, j’ai eu une grosse pubalgie. Quand ça a commencé, moi je ne savais pas, c’était la première fois que j’avais cette blessure-là, et je l’ai super mal gérée. J’étais venu pour jouer et réussir, donc je l’ai cachée au staff parce que j’avais peur qu’on me vire à cause de ça […]. Chaque fois j’avais très mal, j’allais courir et je serrais les dents, et mes performances diminuaient. Je n’arrivais plus à bien courir ni à bien frapper et tout le monde me demandait ce qui se passait […]. Je jouais tant bien que mal les matchs en CFA, et c’était tellement difficile pour moi que je me suis retrouvé à jouer avec l’équipe 3 […]. À un moment, je n’en pouvais plus, quand je marchais j’avais mal, quand je toussais j’avais mal. Je me suis dit qu’il était temps que j’en parle sinon j’allais finir par crever dans ce pays. Ha ha ha ! »
30À la fin de la saison, son contrat n’est pas reconduit. Dès lors, son parcours bifurque car il n’a plus jamais l’opportunité d’être approché par un club de ce niveau. Il doit se contenter de championnats moins cotés, où une nouvelle blessure l’empêche de finaliser un accord avec un club de 3e niveau national ayant pour ambition d’accéder à la ligue 2. Ces deux bifurcations l’éloignent des championnats les plus convoités, d’autant qu’après ce second coup dur, qui l’atteint vers 25 ans, il n’est plus appelé en sélection nationale. Ce cas montre combien les interactions sont enchâssées dans des chaînes d’interdépendances qui en orientent le cours : un recrutement est lié, en amont, à une affinité culturelle, une rapide mise au ban résulte de la segmentation du marché du travail qui conduit les clubs aux finances limitées à reporter les risques sur les joueurs ordinaires, l’absence en sélection nationale prive ceux-ci d’occasions d’être mis en contact avec des réseaux de transfert transnationaux, etc.
Conclusion
31Les mobilités sportives qui jalonnent le parcours de ces jeunes gens ne sont donc pas le fait d’individus à l’état pur auxquels se réfère l’idéal d’autonomie, mais d’êtres sociaux susceptibles de se transformer dans le cours des interactions qu’ils ont les uns avec les autres. Effectivement, les contacts d’où ils tirent des ressources ou des motifs pour émigrer, et via lesquels ils subissent des contraintes les conduisant à revoir leurs ambitions ou à reprendre leurs pérégrinations, ne se déroulent pas dans un vide social. Comme l’indiquent les coordonnateurs de cet ouvrage dans leur introduction à propos de nos contemporains, les rencontres qui nourrissent ici les aspirations à l’autonomie de ces jeunes béninois et qui guident, ensuite, leurs choix de migrer vers les championnats européens, sont tributaires de ce qu’aucuns nomment la mondialisation : elles ont, en tout cas, à voir avec la densification, l’extension et la complexification du maillage des interdépendances sociales façonnant l’espace international du football marchand. Ces changements ont suivi l’alignement du droit du sport sur les règles édictées par l’Union européenne, dont le périmètre d’application a été, en l’espèce, fortement élargi. En quelques années (1995-2003), les obstacles réglementaires entravant la circulation des footballeurs entre l’Afrique et l’Europe ont été allégés. Les structures économiques du football marchand en ont été modifiées : leur caractère capitaliste s’est durci, ce qui n’a eu de cesse d’accroître les inégalités de revenus entre les clubs et entre les joueurs. Les instances européennes du football et les clubs employeurs sont loin d’être étrangers à cette pente. En réussissant à développer de manière considérable les recettes commerciales tirées des grandes compétitions qu’elles contrôlent, les premières ont pu gonfler les dotations offertes aux clubs y participant, que les plus prestigieux d’entre eux se sont accaparés. Quant à l’immense majorité des seconds, ils ont cherché à réduire les coûts du travail et à assouplir les contraintes salariales qui leur ont été imposées en organisant de véritables canaux migratoires via la mise en place de réseaux de transfert transnationaux et la création d’occasions de recrutement dans les pays abritant une main-d’œuvre bon marché20.
32Vues d’Afrique de l’Ouest, ces stratégies ont entraîné une véritable inflation des images cathodiques de football, donnant une plus grande visibilité aux joueurs vedettes originaires de cette région, et une multiplication des places offertes par les clubs européens aux joueurs de ces lointains horizons. Il faut noter que la conjonction de ces deux événements n’aurait pu provoquer un engouement populaire si elle ne s’était pas accompagnée de la montée en puissance du culte de la singularisation par la performance, à laquelle quelques virtuoses incarnant le modèle du champion prêtent leurs visages. C’est seulement en intégrant cette condition que l’on peut prétendre que cette profusion de sollicitations et l’impression de relative ouverture des possibles qu’elle a générée expliquent comment ces jeunes béninois ont pu placer autant d’espoirs dans une carrière de footballeur professionnel réalisée loin de chez eux et le peu de chances objectives qu’ils ont de pouvoir les exaucer. Si l’on se réfère aux réflexions de Norbert Elias21 sur les sociétés d’individus, on observe ici des jeunes gens tenter de s’insérer dans une société transnationale22 qui autorise une identification à des groupes de référence débordant les cadres étroits et rigides à l’intérieur desquels se mouvaient les communautés d’antan, dans la mesure où les positions sociales y dépendent moins du statut que la naissance vous fixe durablement que du talent individuel que l’on est capable d’acquérir. Mais, en même temps, elle accroît les risques de frustration car la logique sur laquelle elle repose, mêlant recherche à court terme du rendement sportif et lutte contre l’inflation des coûts, pousse à un renouvellement rapide des recrues, qui est facilité par l’abondante réserve de main-d’œuvre dont les clubs disposent dans les pays pauvres.
33Or, comme l’illustrent les cas des six joueurs béninois examinés dans ce chapitre, les footballeurs africains sont, en général, peu armés pour surmonter ces difficultés. À leur arrivée en France, leur statut de travailleur est le plus souvent précaire, même pour les mieux lotis. Leur position sociale est alors objectivement subalterne. Toutefois, leur devenir n’est pas entièrement dicté par la position initiale qu’ils occupent dans le football européen. Dans un espace économique où les rapports entre employeurs et employés reposent sur une sélectivité très forte et une instabilité qui ne l’est pas moins, chaque joueur de football doit sans cesse faire la preuve, de match en match, de ses capacités professionnelles, puisqu’elles sont toujours susceptibles d’être questionnées par son entraîneur. En conséquence, les parcours des uns et des autres dépendent aussi des événements qui surviennent dans l’exercice de leur métier au fil des ans. Les destinées divergentes de deux joueurs recrutés ensemble dans le même club français, alors installé en ligue 2, ne sauraient offrir meilleure illustration. D’un côté, M. se retrouve sans contrat au bout de trois ans. Il doit alors affronter une période d’inactivité de plusieurs mois qui le conduit, après un bref passage dans les Émirats, à se replier dans une équipe de 5e niveau, où son avenir professionnel est loin d’être assuré. D’un autre côté, son compatriote S. rejoint au bout de deux ans un club de ligue 1 de second rang, d’où il est débauché par une des équipes les plus en vue du championnat français, avant de faire les beaux jours d’un club appartenant à l’élite du football anglais. Ainsi, l’accumulation rapide de prestations interprétées par les clubs employeurs comme autant de signaux attestant de leur talent leur offre un tremplin pour entamer une carrière ascendante, alors que l’occurrence précoce d’une baisse de performance mettant en cause leur compétence, menace de dévaluer durablement leur cote sportive. En effet, ils ne jouissent pas, à ce moment-là, d’un prestige suffisant pour convaincre leur employeur de les garder et ne sont pas assez branchés sur les circuits de recrutement pour attirer vers eux un afflux d’offres de la part des clubs concurrents. Aussi, à la migration voulue vers les championnats européens se substitue une mobilité dans leur pays d’accueil, à laquelle ils sont contraints s’ils veulent conserver quelques chances d’améliorer leur sort ou, pire, d’éviter d’être exclus du marché du travail sportif.
Notes de bas de page
1 Tshimanga E., Le commerce et la traite des footballeurs africains et sud-américains en Europe, Paris, L’Harmattan, 2001.
2 Ehrenberg A., Le culte de la performance, Paris, Calmann-Lévy, 1991.
3 Brohm J.-M., Sociologie politique du sport, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1992.
4 Defrance J., L’excellence corporelle, Rennes, PUR, 1987.
5 Elias N., Qu’est-ce que la sociologie ?, La Tour d’Aigues, Éditions de l’Aube, 1991.
6 De Coninck F. et Godard F., « L’approche biographique à l’épreuve de l’interprétation. Les formes temporelles de la causalité », Revue française de sociologie, 1, 1990, p. 23-54.
7 Becker H., Outsiders. Études de sociologie de la déviance, Paris, A.-M. Métailié, 1985. Hughes E., « The making of physician: general statement of ideas and problems », Human Organization, 4, 1955, p. 21-25.
8 Ibid.
9 Masson P., « Élèves, parents d’élèves et agents scolaires dans le processus d’orientation », Revue française de sociologie, vol. 38, 1997, p. 119-142.
10 Grossetti M., Sociologie de l’imprévisible, Paris, PUF, 2004.
11 Lanfranchi P. et Taylor M., Moving with the ball. The migration of professional footballers, New York, Berg Publishers, 2001.
12 42 % des enfants ruraux de 5 à 17 ans travaillent contre 18 % de ceux des villes, lautre-quotidien.com du 26-11-2009.
13 Mead G. H., L’esprit, le soi et la société, Paris, PUF, 1963.
14 Kolo Touré est transféré depuis la Côte d’Ivoire à l’âge de 21 ans à Arsenal, un club anglais très réputé où il joue toujours à l’époque de l’entretien.
15 Aruna Dindané, joueur ivoirien recruté à 20 ans en première division belge, est transféré d’abord en ligue 1, puis dans une équipe du championnat anglais, le plus coté d’Europe, où il joue encore au moment de l’enquête.
16 Le footballeur ivoirien, Bakari Koné, est appelé par un club français de ligue 2 à 22 ans, qu’il quitte trois ans plus tard au profit de l’Olympique de Marseille avec qui il devient vice-champion de France.
17 Chifflet P. et Gouda S., « Sport et politique nationale au Bénin de 1975 à 1990 », STAPS, no 28, 1992, p. 71-81.
18 Poli R. et Dietschy P., « Le football africain entre immobilisme et extraversion », Politique africaine, no 102, 2006, p. 173-187.
19 Le bon déroulement d’un entretien reposant sur la confiance, il aurait été malséant de relancer l’intéressé sur ce sujet après qu’il ait déclaré avec insistance à l’enquêteur que, en cette matière, « on ne peut pas tout dire ».
20 Poli R., Le marché des footballeurs, réseaux et circuits dans l’économie globale, Bern, Peter Lang, 2010.
21 Elias N., La société des individus, Paris, Arthème Fayard, 1991.
22 Faist T., « Transnationalization in international migration: implications for the study of citizenship and culture », Ethnic and racial studies, 23(2), p. 189-222, 2000.
Auteurs
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