1 Ce chapitre développe le propos de l’article : E. Zolesio, « “Chirurchiennes de garde” et humour “chirurchical”. Posture féminine de surenchère dans l’humour sexuel et scatologique », ¿Interrogations ?, n ° 8, juin 2009, p. 159-177.
2 E. Godeau, L’« esprit de corps ». Sexe et mort dans la formation des internes en médecine, Éditions de la MSH, 2007.
3 N. Elias, Mozart. Sociologie d’un génie, Paris, Le Seuil, p. 161.
4 F. Bacca, « Humour et éthique de vie dans les équipes de soins : pneumonie, réanimation, SAMU. Parcours ethnologique en milieu hospitalier », Humoresques, juin 2002, n ° 16, p. 109-119 ; N. Feuerhahn, « Sociabilité risible de l’horreur », Humoresques, juin 2001, n ° 14, p. 61-82 ; A. Monjaret, « Images érotiques dans les ateliers masculins hospitaliers : virilité et/ou corporatisme en crise », Mouvements, janvier-février 2004, n ° 31, p. 30-35 ; P. Moulin, « La construction de la sexualité chez les professionnels de santé et du travail social ou la normalisation des conduites professionnelles », Nouvelle revue de psychosociologie, 2007/2, n ° 4, p. 59-88.
5 Les seuls blocs opératoires où les vestiaires des hommes et des femmes étaient différenciés étaient dans des structures privées (cliniques, hôpitaux PS-PH). Toutefois la séparation au centre Douste n’a pas empêché un interne d’entrer sans frapper dans le vestiaire féminin où j’étais déjà déshabillée pour me préciser quelque chose qu’il avait oublié de me dire avant de nous séparer à l’entrée (la norme de la mixité des vestiaires semble donc totalement intégrée).
6 En relisant a posteriori ces premières notes de terrain, il devait s’agir d’un « pansement de G. G. », c’est-à-dire de gangrène gazeuse, une intervention peu légitime et très rapide (quinze minutes à peine ici).
7 P. Breuil-Genier, D. Sicart, « La situation professionnelle des conjoints de médecins », op. cit.
8 E. Godeau, L’« esprit de corps »…, op. cit.
9 R. K. Merton et al., The Student-Physician: Introductory Studies in the Sociology of Medical Education, Cambridge, Harvard University Press for the Common Wealth Fund, 1957; H. S. Becker et al., Boys in White, op. cit.; R. Fox, Essays in Medical Sociology, New-Brunswick & Oxford, Transaction Books, 1988 (1979), p. 51-77.
10 Avec toutefois une attention aux variations locales de chaque internat (l’internat parisien ayant la tradition la plus fortement ancrée) et à l’évolution de certaines pratiques dans le temps (par exemple le moindre recours aux prostituées aujourd’hui, attribué au mouvement de féminisation des études médicales).
11 Le site Internet « Le plaisir des dieux » donne accès à une riche galerie de photographies des salles de garde parisiennes [www.leplaisirdesdieux.com]. On pourra également consulter l’article qu’Emmanuelle Godeau y a consacré (E. Godeau, « Les fresques de salle de garde », Sociétés & Représentations, 2009/2, n ° 28, p. 15-30).
12 E. Godeau, L’« esprit de corps »…, op. cit., p. 143.
13 Ibid., p. 187.
14 Ibid., p. 156.
15 Ibid., p. 189.
16 Ibid., p. 197.
17 Ibid., p. 219.
18 A.-L. Penchaud, En quête d’un style. La socialisation des internes en psychiatrie, thèse de sociologie sous la dir. de F. Dubet, Bordeaux 2, 2007, p. 383-385.
19 M.-C. Pouchelle, L’hôpital ou le théâtre des opérations, op. cit.
20 Le chirurgien est de fait souvent associé au rôle de séducteur dans les œuvres de fiction, ce qui contribue à ancrer le « mythe » dans les mentalités. On peut penser notamment à la collection « Blanche » des éditions Harlequin dans laquelle on a recensé vingt et un titres comportant la mention du chirurgien, titres assez évocateurs pour la plupart : Un séduisant chirurgien, La fiancée du chirurgien, Le mariage du chirurgien, La passion interdite d’un chirurgien, Coup de foudre pour un chirurgien…
21 Certain(e) s d’ailleurs ne se prêtent à ces plaisanteries qu’au bloc opératoire ou que dans les cercles professionnels, sachant pertinemment le jugement auquel ils s’exposeraient dans des cercles profanes. Cela n’est pas sans rappeler ce que Norbert Elias disait au sujet de Mozart quant à sa pratique de l’humour coprophile : « Jeune homme, Mozart savait très exactement où l’on pouvait se permettre ce genre de plaisanteries et où on ne le pouvait pas ; il savait qu’elles étaient admises et appréciées dans les cercles inférieurs des serviteurs de cour bourgeois dont faisaient partie les musiciens, et, même là, uniquement entre personnes qui se connaissaient bien, qu’elles auraient été en revanche complètement déplacées dans les cercles supérieurs » (N. Elias, op. cit., p. 167).
22 L’économinette (équivalent féminin de l’économe*) a un rôle symbolique important (E. Godeau, L’« esprit de corps…, op. cit.) et est nécessairement impliquée dans les festivités de la vie de l’internat qu’elle est amenée à présider de par sa fonction. Tout comme son équivalent masculin, l’économinette est tenue par la tradition de se dénuder devant l’assemblée des carabins et de chanter les paillardes, véritable florilège érotico-pornographique. Aucune candidate n’ignore ces rites coutumiers.
23 T. J. Curry, « Fraternal Bonding in the Locker Room: A Profeminist Analysis of Talk About Competition and Women », Sociology of Sport Journal, 1991, vol. 8, p. 119-135.
24 P. Bourdieu, Ce que parler veut dire, op. cit., p. 87.
25 « Il est à peine besoin de rappeler que la censure primordiale, celle qui concerne les choses sexuelles – et plus généralement corporelles – s’impose avec une rigueur spéciale aux femmes (ou, bel effet de marché, en présence des femmes) » (P. Bourdieu, Ce que parler veut dire, op. cit., p. 91).
26 A. Saouter, Être rugby. Jeux du masculin et du féminin, Paris, Éditions de la MSH, 2000.
27 Katia Sorin rapporte également que dans l’armée les hommes peuvent avoir des propos très crus sur les femmes lorsqu’ils racontent leurs soirées et qu’ils ne s’arrêtent pas pour autant devant la présence féminine (K. Sorin, Femmes en armes, une place introuvable ?, op. cit., p. 168). La planche de la bande dessinée du chirurgien ORL Charles Masson intitulée « La carapace » illustre bien également cette réalité chirurgicale (C. Masson, Bonne santé, Paris, Casterman, 2005).
28 Y. Faure, « Anesthésistes et chirurgiens, l’arrangement des sexes comme renfort symbolique… », op. cit.
29 Pendant une opération, les IBODE occupent soit la fonction d’instrumentiste (l’infirmière est alors habillée en stérile, aux côtés du chirurgien, et lui tend les instruments opératoires posés sur la table d’instrumentation à sa demande) soit celle d’infirmière dite « circulante » (celle-ci n’est pas en tenue stérile, elle est en retrait de la salle opératoire et gère l’approvisionnement en compresses, en fil, en Bétadine, etc. de l’instrumentiste).
30 K. Sorin, op. cit., p. 171.
31 M. Rosende, Parcours féminins et masculins de spécialisation en médecine, Genève, Seismo, 2008, p. 193.
32 R. Pfefferkorn, « Des femmes chez les sapeurs-pompiers », Cahiers du genre, 2006, n ° 40, p. 220.
33 Allusion à deux jeux de mots qu’elle a faits avant, incidemment, en cours d’entretien : 1) Au sujet des sujets classiques des conférences d’internat : « Donc phlébite, thrombose veineuse, c’est vraiment… le truc vraiment, embolie pulmonaire, mais c’est un peu dans la même… veine, si j’ose dire (rire) ! » 2) Parlant des coexternes que la chirurgie rebutait : « Je crois qu’le bloc… ça bloque (rire). »
34 P. Bourdieu, La domination masculine, op. cit., p. 60.
35 Ibid., p. 96.
36 Rappelons que seul(e) s les plus investi(e) s dans la vie de la salle de garde ont le privilège d’être « enterré(e) s » lors d’une cérémonie donnant généralement lieu à des débordements festifs. Si Louise Allibert ne l’a pas été, c’est qu’elle a opéré en urgence cette nuit-là.
37 On l’a pourtant entendue faire des plaisanteries assez osées dans les vestiaires du bloc opératoire.
38 La question vient de ce que l’on a entendu des récits de scènes improbables se déroulant dans les services, généralement en soirée, lors d’enterrements de chefs de clinique.
39 E. Godeau, L’« esprit de corps », op. cit.
40 G. Pruvost, « Les coulisses d’une profession. L’exemple de la police nationale », séminaire du GRS, séance du vendredi 14 mars 2008, p. 11-12. Encore faudrait-il préciser qu’il ne s’agit sans doute pas de n’importe quelle culture populaire.