Le français, en contact avec les autres langues, un atout pour la francophonie1 ?
p. 83-107
Texte intégral
1[Xavier North]2 Dans les pays de l’espace francophone, le monolinguisme est l’exception. Dans la majorité des pays membres de la Francophonie, le français a un statut de langue officielle ou co-officielle, souvent en compagnie d’une langue tierce. Autrement dit, le multilinguisme est le paysage dominant et habituel. Pour cette raison, il infléchit naturellement les choix politiques des dirigeants appelés à légiférer en la matière. À l’heure où la Francophonie réfléchit à l’élaboration d’une politique de promotion du français, quels sont les choix possibles, les enjeux qui se dessinent à l’horizon ? Dans quelle mesure le français, en situation de bilinguisme ou de multilinguisme, peut-il être un atout pour la vie sociale ou les relations nationales et internationales dans la francophonie et hors de cet espace ? Comment la langue française joue-t-elle un rôle moteur dans l’évolution professionnelle des francophones, dans le dialogue culturel, éducatif et l’économie des sociétés ? Pourquoi choisir le français comme langue d’expression écrite ?
Une politique du français pour la Francophonie : enjeux et perspectives
2[Michel Robitaille]3 La question qui nous est posée aujourd’hui m’apparaît au cœur du défi actuel de la Francophonie et en phase aussi avec son actualité. En effet, lors du 14e Sommet de la Francophonie, qui s’est déroulé en octobre à Kinshasa, les Chefs d’État et de gouvernement ont été appelés à adopter une politique de promotion du français. Un groupe de travail, auquel était étroitement associé le Québec, s’est mis à pied d’œuvre. La question qui nous est soumise rappelle à sa façon toute la difficulté de l’exercice auquel se livre actuellement la Francophonie. Car le français n’est pas une réalité unifiée, saisissable d’un seul bloc.
Le contexte hétérogène du français
3La situation du français, telle qu’on peut l’observer au fil des ans, n’est surtout pas une réalité immuable, stationnaire. La situation du français aujourd’hui n’est pas comparable à celle de l’ACCT (Agence de coopération culturelle et technique) en 1970, ni même à ce qu’elle était en 1986 lors du Sommet inaugural de Versailles. À cette époque, la Francophonie affirmait rassembler les pays ayant « l’usage en commun du français ». Quelques années plus tard, au gré des élargissements successifs, cette formule apparaîtra impropre à décrire la réalité. En 1993, à Maurice, lors du 5e Sommet, on préférera recourir à la formule « le français en partage » pour bien montrer cette évolution du fait français parmi les membres.
4La question du français ne peut donc plus être appréhendée comme un phénomène homogène. En réalité, selon la région du monde où on l’observe, le français est en expansion (c’est le cas en Afrique, en France et au Québec, où l’on prévoit toutefois, selon tous les scénarios, « une lente érosion du poids démographique des francophones4 »), en état stationnaire (aux États-Unis et en Amérique latine) ou en recul (en Europe principalement, notamment parmi les élites internationales, dans les domaines économiques, diplomatiques et culturels).
5Quant aux pays francophones, ils ont une relation différenciée au français : 31 États membres de la Francophonie ont adopté le français comme langue officielle ou co-officielle, dont 15 comme langue unique (Bénin, Burkina Faso, Québec, Congo Brazzaville, RDC, FWB, France, Gabon, Guinée, Mali Niger, Monaco, etc.) ; 44 États membres ont adopté une autre langue que le français comme langue officielle ou co-officielle, dont 10 avec l’anglais et 3 avec l’anglais comme seule langue officielle (Maurice, Sainte-Lucie, Seychelles, Ghana). Langue identitaire pour les uns, langue de culture pour les autres, le français est le plus souvent langue véhiculaire dans un contexte plurilingue.
6Par conséquent, le multilinguisme est un état de fait en Francophonie et le monolinguisme y est presque partout l’exception. En Afrique, même au sein des États où le français est langue officielle unique, une multitude de langues nationales cohabitent sur le territoire : 221 en République démocratique du Congo, près d’une cinquantaine au Bénin et au Gabon, une quarantaine au Togo, une trentaine en Guinée, une vingtaine au Sénégal et au Niger. En Afrique francophone, seulement 10 % des populations s’expriment en français.
7Bref, le multilinguisme est le paysage dominant et habituel. Pour cette raison, une politique de promotion du français de la Francophonie devrait tendre à se conjuguer avec la défense d’autres langues en concurrence. Le multilinguisme infléchit naturellement les choix politiques des dirigeants appelés à légiférer en la matière.
8À l’heure où la Francophonie réfléchit à l’élaboration d’une politique de promotion du français, quels sont les choix possibles pour elle, les enjeux qui se dessinent à l’horizon ? Je me livrerai à quelques remarques personnelles qui ne présument évidemment en aucun cas des conclusions à venir de la Francophonie sur cette question.
Une nouvelle organisation mondiale des échanges linguistiques
9Une nouvelle organisation mondiale des échanges linguistiques est en cours. Le statut actuel du français, son influence et son rayonnement, en seront tôt ou tard modifiés. Cette nouvelle organisation emprunte quelques traits dominants. J’en évoquerai quelques-uns seulement.
10Premièrement, selon le modèle élaboré par le linguiste Louis-Jean Calvet5, il n’existe aujourd’hui qu’une langue « hypercentrale » ou mondiale (l’anglais), c’est-à-dire jouant un rôle significatif dans presque tous les pays du monde ; moins d’une dizaine de langues « supercentrales » (dont le français, l’espagnol, le chinois, le russe, le portugais, l’allemand) ayant des fonctions internationales ; plusieurs langues dites « centrales » (suédois, hollandais, finlandais, etc.), ainsi que les « langues périphériques ». Pour l’instant, le français jouit d’un statut enviable. Pourtant, rien n’est définitivement acquis.
11Deuxièmement, l’organisation linguistique du monde n’est pas statique. Elle obéit à un modèle selon lequel des rapports de concurrence et de conflit évoluent au fil du temps : le monde lusophone se limite à l’Amérique latine et à l’Afrique ; le russe est en déclin ; en Inde et en Afrique du Sud, l’emploi de l’anglais progresse aux dépens de l’hindi, langue nationale6 ; le chinois étend progressivement son champ d’influence. Dans la durée, la situation linguistique mondiale apparaît donc mobile et mouvante.
12Des évolutions démographiques régionales et sous-continentales se dessinent, qui sont parfois contraires à l’essor du français. Aux États-Unis, par exemple, l’espagnol « lutte » pour la deuxième position, en évitant toute confrontation avec l’anglais. D’ici quelques années, sur la scène mondiale, l’espagnol aura déclassé le français.
13Troisièmement, l’autorégulation linguistique menace la diversité. Le libre-échange et la libre communication, aujourd’hui la règle, sont normalement à l’avantage de la langue la plus puissante, mais cet avantage n’est pas de type linguistique : il tient à la démographie, à l’économie, à la géographie et à la puissance militaire.
14Quatrièmement, l’équilibre interne du français dans l’espace francophone est lui aussi appelé à subir une importante évolution. Les francophones européens représentent aujourd’hui environ 70 % de l’espace francophone, suivis par les francophones d’Afrique (20 %) et ceux d’Amérique (10 %)7. Au tournant du siècle, la centralité de l’espace francophone s’inversera en faveur du continent africain. Le rapport politique centre-périphérie, aujourd’hui encore à l’avantage de la France, basculera.
Les conséquences à venir des nouveaux rapports linguistiques en émergence
15Quelles sont les conséquences du nouvel ordre linguistique mondial en train d’apparaître ? Trois évolutions me paraissent particulièrement signifiantes.
16D’abord, la perte du multilinguisme comme base des relations internationales (mais en même temps une opposition croissante à cette tendance), la contestation de l’égalité entre les peuples et une menace grandissante à la coexistence pacifique.
17Ensuite, l’accroissement de la prédominance socio-économique du monde anglo-saxon. Sur la base de l’hypothèse la plus prudente, on estime que, du fait du statut dominant de l’anglais à l’Union européenne, l’économie pour le Royaume-Uni équivaut annuellement à 2,2 M €. À la lumière de cette perte assumée par tous les autres membres, une conclusion s’impose selon l’économiste François Grin de l’université de Genève : « l’hégémonie est inefficace en termes d’allocation des ressources, et inéquitable en termes de distribution de ressources8 ».
18Enfin, troisième évolution, une rupture de l’ordre écolinguistique existant avec pour corollaire l’érosion de la diversité linguistique. Dans ce contexte, ni le français ni aucune autre langue ne sauraient chercher à imposer un nouvel unilinguisme. Le français langue internationale ne signifie pas le français langue universelle, rêve aventureux d’un autre siècle. L’imposition du français dans un espace linguistique national étranger serait absurde, contraire au principe de la diversité.
Les défis d’une politique de promotion du français en Francophonie
19Sur la base de ces constats, quels paramètres pourraient guider l’élaboration d’une politique du français en Francophonie ?
20Je crois que l’exemple anglo-saxon illustre clairement l’efficacité et la nécessité d’une politique linguistique délibérée, à long terme et ambitieuse, mettant à contribution l’ensemble des acteurs (le monde politique, culturel, économique, les institutions publiques, etc.). En cette matière, il faut le répéter avec insistance, le « laisser-faire » n’est pas une option viable.
21Il s’agit donc de mettre en œuvre une action programmée de grande ampleur, sur la scène internationale, en faveur du français et du multilinguisme, sachant que la dominance géopolitique d’une langue est directement dépendante des choix stratégiques opérés par les autorités politiques.
22Soyons clairs : l’objectif n’est nullement de désigner l’anglais ou le modèle américain comme des adversaires. En réalité « ce n’est pas la langue anglaise en tant que telle qui pose problème, mais l’hégémonie linguistique, quelle que soit la langue au profit de laquelle elle s’exerce9 ».
23Il est essentiel, aussi, de conduire une action concertée à l’échelle internationale. Seule la Francophonie possède la légitimité d’agir sur la scène internationale en faveur du français, a déclaré le Premier ministre du Québec lors du Sommet de Montreux. Elle est la seule organisation internationale à pouvoir exercer ce rôle, que personne ne lui conteste ou ne revendique à sa place.
24Il faut envisager une action multilatéralisée, menée conjointement et en cohérence avec les États membres tout en ne perdant pas de vue que la langue relève du domaine réservé des États et que chaque situation est unique.
25La Francophonie pourrait être l’un des acteurs à l’origine d’une gouvernance internationale en faveur du multilinguisme : l’avenir du français (son expansion et son influence) dépend de la capacité des autres grandes langues de communications internationales à exister au côté de l’anglais.
26Autre axe majeur que pourrait privilégier cette politique : faire de l’action culturelle et de la politique éducative des piliers de la compétitivité linguistique.
27L’influence à long terme du français dépendra en grande partie de sa capacité à endiguer les perceptions sociologiques négatives à son endroit, en particulier dans la jeunesse et à contrer le sentiment culturellement destructeur que l’omniprésence d’une langue unique constitue à la fois un progrès et une tendance irréversible. Cette perception est une conséquence des schémas culturels véhiculés par la mondialisation, notamment par la diffusion de certains modèles de consommation de masse. Contre cette « anomalie banalisée10 », certains États ont adopté des mesures défensives : l’Irak, en 2006, a remplacé l’anglais par le français comme langue seconde dans le dispositif universitaire du pays ; l’État du Bengale a réduit le statut de l’anglais à celui de langue non-officielle dans le cadre des transactions gouvernementales. Dans le but de protéger leur industrie musicale, Québec et la France ont imposé des quotas à la diffusion radiophonique.
28Quant aux politiques éducatives, comment ne pas voir qu’elles sont une composante essentielle des politiques linguistiques ? Car elles conditionnent les choix individuels et collectifs, à long terme, d’apprentissage. Enfin, l’autre dimension essentielle d’une politique francophone est d’intégrer l’enjeu du développement.
29La langue française doit rester, voire redevenir dans certains cas, la langue du développement international. Sinon, la reconstruction d’un pays comme Haïti, pour prendre ce seul exemple, risque de se faire dans une autre langue que le français.
30Pour être pleinement une langue de solidarité, le français doit venir en appui au développement des États dits fragiles ou les plus démunis. La zone africaine – mais pas seulement – est concernée au premier chef, d’abord parce qu’elle rassemble le bassin de locuteurs francophones potentiels, de loin le plus important numériquement. Ici, l’enjeu culturel rejoint l’enjeu économique, lui-même tributaire des choix politiques, car, sans la croissance des pays francophones en développement, le français a peu de chance de prospérer, en particulier en Afrique.
31La politique de promotion du français devra intégrer étroitement la problématique de l’enseignement et de la formation, dans des contextes où le français, quoique souvent largement répandu, voire langue officielle ou co-officielle dans de nombreux pays, est aussi et reste une langue étrangère, qui cohabite avec les langues premières. Un peu partout en Afrique sont lancées des opérations d’introduction des langues locales ou de certaines d’entre elles dans l’enseignement primaire, à côté du français. L’apprentissage du français (langue seconde) et des langues premières devrait être considéré comme partie intégrante d’une stratégie de développement.
32Le multilinguisme est-il un atout pour la Francophonie ? Oui, mais à condition de façonner un multilinguisme réel, c’est-à-dire une cohabitation pacifique et consentie des langues, une diglossie partagée, dans le cadre d’une politique éducative réellement au service du multilinguisme.
La place du français et des langues partenaires pour une gestion cohérente de la diversité linguistique en Francophonie
Problématique générale des langues en Francophonie
33[Julien Kilanga Musinde]11 La langue française est le lien fondateur de la Francophonie qui regroupe depuis ses origines l’ensemble des pays ayant cette langue en partage. Mais le français, dans son expansion n’est pas tombé sur une sorte de tabula rasa linguistique. Il est entré en contact avec d’autres langues dont les rapports méritent d’être définis et pris en compte dans l’action de la Francophonie. Par ce fait, la Francophonie dans son évolution a progressivement adapté sa fonction d’identité francophone à un objectif plus fondamental, celui du respect absolu des langues et des cultures des pays membres, avec comme toile de fond la diversité linguistique appuyée par le partenariat des langues de l’espace francophone. C’est ce fil conducteur qui sous-tend la commande des États et des instances à travers les sommets, les conférences des ministres et le Conseil permanent de la Francophonie.
34La Conférence générale de Port-Louis à Maurice en 1975 a donné une orientation linguistique précise à la Francophonie en recommandant la prise en compte de toute la multiplicité de significations de l’espace mondial du français et les langues mises en contact avec le français dans le strict respect des langues des pays membres.
35Le Sommet de Dakar en 1989 a mis au point le plan décennal d’aménagement linguistique de l’espace francophone qui visait le développement et la promotion des langues de la Francophonie et le renforcement de la complémentarité entre le français et les langues partenaires fondant cette opinion sur l’identité culturelle et linguistique comme instrument du progrès et condition du dialogue international. Ce plan n’a pas été mis à exécution mais réactualisé, il peut s’avérer utile et efficace.
36Le Sommet de Hanoï a cherché à replacer et à consolider la problématique des langues au cœur des préoccupations de la Francophonie en créant un cadre de mise en œuvre d’une politique cohérente et des actions partagées de coopération linguistique bénéficiant des suggestions, des opinions d’experts avisés, des priorités et des moyens d’actions pour la gestion des multilinguismes, de la promotion et de la diffusion de la langue française. C’est dans ce cadre que fut créée la Direction des langues et de l’écrit.
37La réunion des ministres de la Culture tenue à Cotonou en juin 2001 a préconisé la consolidation du rôle de la langue française et des langues partenaires en tant que vecteur d’éducation, de formation, d’information et d’expression des créateurs du monde francophone.
38Le Sommet de Beyrouth en 2002, consacré à la diversité culturelle et linguistique, autorise l’Organisation internationale de la Francophonie à centrer ses actions dans le domaine des langues aux aspects prioritaires, en fonction de leur visibilité, des effets d’entrainement et des partenariats qu’ils suscitent et peuvent mobiliser.
39Le Sommet de Ouagadougou, dans le cadre stratégique décennal, confie à la Francophonie la mission de promouvoir la langue française dans les institutions internationales et dans les grandes manifestations et la préservation de la diversité linguistique.
40La Conférence ministérielle de Madagascar à Tananarive de novembre 2005 conduit à la restructuration de l’Organisation en mettant en place une direction de la langue française et de la diversité culturelle et linguistique avec une division de la langue française et des langues partenaires qui prend en charge les questions des langues.
L’évolution de l’action de la Francophonie dans le domaine des langues
41Tout au long de son évolution et en application des diverses décisions relatives aux langues, prises par ces différentes instances francophones, l’Organisation internationale de la Francophonie a toujours essayé de faire refléter les besoins linguistiques exprimés par les pays membres dans les différentes programmations en s’efforçant de couvrir toutes les notions inhérentes à la Francophonie et toute la multiplicité de significations de l’espace linguistique mondial du français dans ses rapports avec les autres langues : le français comme langue de communication internationale, le français comme langue officielle (unique, conjointe ou complémentaire), le français comme langue véhiculaire dans des contextes multilingues, le français comme langue littéraire et culturelle, le français comme langue maternelle, le français comme langue étrangère d’enseignement scolaire à travers le monde.
Les langues dans les programmations de l’ACCT (Agence de Coopération culturelle et technique : 1970-1997)
42Les différents projets et programmes relatifs aux langues, gérés tantôt dans le cadre de la direction de la culture, tantôt dans le cadre de la direction de l’éducation, se sont fondés sur des structures spécialisées de partenariat et d’animation. Les plus importantes ont été le Centre international de recherche et d’étude en linguistique fondamentale et appliquée (CIRELFA), le Fonds international pour le développement des études sur les langues et les civilisations africaines (FIDELCA), le Réseau international de néologie et de terminologie (RINT) et le Réseau international des observatoires francophones et des industries des langues (RIOFIL).
43Le projet de création d’un premier instrument de coopération linguistique est né en décembre 1977, sous l’appellation de CIRELFA, lors de la cinquième Conférence de l’ACCT à Abidjan, sur l’initiative du Québec. Il avait pour mission de favoriser la mise en commun des efforts en aménagement linguistique des institutions de recherche linguistique existant dans nombre de pays membres. La nouvelle structure s’est consacrée au départ à la promotion globale de la recherche linguistique (recherche, diffusion de la documentation, aide à la publication). Par la suite, celle-ci se focalisa sur la thématique particulière de « langues et développement », préoccupation qui a effectivement conduit à la création de la collection bien connue du même nom à ce jour.
44Mais le fonctionnement du CIRELFA n’était pas sans problème. Son rattachement durable à l’ACCT dont le champ de compétence n’était plus la recherche scientifique et l’enseignement universitaire, devait fatalement aboutir à un sérieux réajustement de ses objectifs. Dans un esprit de conciliation, le CIRELFA corrigea son appellation, y supprimant les mots « recherche » et « étude » pour les remplacer par « réflexion » et « expertise ». Le nouveau Conseil international de réflexion et d’expertise né du CIRELFA, ne parvint pas à relever, avec les mêmes membres, le défi de la mutation qui demeura de pure forme, au moment où la Francophonie était engagée dans un processus de restructuration. En réalité, les universitaires, livrés à eux-mêmes, continuèrent surtout à être sensibles à la linguistique et non aux langues. L’expérience du CIRELFA touchait ainsi à sa fin sans épuiser pour autant les préoccupations qui avaient conduit à sa création. Ce vide avait amené l’ACCT à envisager la mise en place d’une autre structure qui entendait prendre en charge les efforts de préservation et de mise en valeur du patrimoine du Sud, physique et non physique dans leur globalité. Cette structure s’appela FIDELCA (Fonds international pour le développement des études sur les langues et les civilisations africaines). Dès sa genèse, ce fonds définissait en trois volets son champ de compétences : les études sur les langues et les littératures, les études sur les cultures et les civilisations, les études sur la société en développement. La plupart des projets de recherche financés furent effectivement axés sur les langues, la littérature et les civilisations. Malheureusement cette politique fut abandonnée au profit d’une autre en 1992. Le FIDELCA fut alors orienté exclusivement vers trois projets plus restreints : les métallurgies africaines (METAF), la communication pour la santé et l’alimentation (CSA) et, plus tard, les graphismes africains (à partir de 1995, après la suppression du projet CSA). Ce resserrement marqua son chant du cygne avant son évanouissement définitif avec la réduction puis la suppression du « patrimoine » des programmes de l’ACCT. Il faut noter que cette structure avait évacué très tôt la préoccupation de promotion linguistique, sans pourtant en supprimer la nécessité et l’urgence.
45Le RINT (Réseau international de néologie et de terminologie) est né d’une autre intuition. Il se proposait de favoriser l’élaboration et la diffusion des terminologies en langue française notamment dans les domaines de pointe. Il fut créé en 1986, à la suite du premier sommet. Ses statuts, adoptés le 4 octobre 1988, lui assignèrent pour objectif majeur de contribuer au développement de la terminologie en tant que discipline scientifique et de promouvoir la formation des terminologues dans l’ensemble des pays ayant en commun l’usage du français. Dès lors son mandat initial se mit à s’élargir au point de couvrir des domaines aussi vastes que le traitement avancé du français et le développement des langues du Sud. C’est cette structure qui mit au point, entre autres, le projet de création d’Offices des langues dans les pays du Sud, en vue d’une prise en charge plus structurée dans ces pays du problème des rapports entre les langues africaines, d’une part, et d’autre part, entre le français et ces dernières. Mais ces actions posaient le problème d’une plus grande implication des spécialistes des langues africaines, des africanistes du Sud et du Nord. En d’autres termes, la gestion du projet de création des Offices des langues imposait donc au RINT de collaborer étroitement avec le CIRELFA et le FIDELCA ou encore d’envisager une forme de rapprochement structurel entre ces organismes. Il fallait par ailleurs promouvoir la collaboration avec le monde des entreprises, consommateur en définitive des innovations terminologiques identifiées. À ce sujet, il existait un réseau international des observatoires dont les créations se sont étalées de 1987 à 1993, à la suite de la recommandation du Sommet de Paris. Ces structures nationales de concertation avaient pour objectif d’effectuer une veille technologique en rapport avec le développement de ces industries, de favoriser la concertation et la collaboration entre les administrations, les industries, les chercheurs et les universitaires et d’orienter les choix nationaux. La mise en réseau définitive de ces observatoires nationaux fut concrétisée de manière effective en 1994 à l’occasion de l’adoption de la forme dernière de leurs statuts lors de la rencontre de Neuchâtel en mai 1994. Le RINT et le RIOFIL se mirent à cheminer côte à côte, d’autant qu’ils étaient complémentaires.
46Ont été réalisés au cours de cette période des projets de coopération linguistique de première génération (1978-1983) et de deuxième génération (entre 1984 et 1989) :
- Lexique thématique en Afrique (LETAC)
- Promotion des langues manding et peul en Afrique de l’Ouest (MAPE)
- Atlas linguistique de l’Afrique centrale (ALAC)
- Atlas et études sociolinguistiques en Afrique de l’Ouest (ASOL)
- Langues nationales et média (MEDIA)
- Dynamiques des langues et sociétés (DYLAN)
- Lexiques spécialisés (Lexis)
- Dictionnaires monolingues (DIMO)
- Descriptions systématiques des langues nationales (DELAN)
- Esquisses linguistiques (ESLI)
- Didactique des langues nationales (DIDACT)
- Réseau d’échanges documentaires informatisés (REDI)
47Comme on le voit, les différents organismes de partenariat, CIRELFA, RINT, RIOFIL, ont été des cadres d’action qui ont mené à des résultats non négligeables : la formation d’équipes nationales de chercheurs compétents et leur mise en réseaux, la création et le soutien aux organismes spécialisés francophones dans le domaine des langues, la publication de divers documents et outils de référence en français et en langues nationales, le renforcement de partenariat avec des organismes internationaux comme l’UNESCO.
48Mais ces organismes et structures présentaient toutefois, dans l’ensemble, quelques problèmes : ils ne développaient aucune synergie entre eux, alors que celle-ci était utile, voire indispensable.
49Composés pour l’essentiel de chercheurs et d’universitaires, ils s’accommodaient mal des exigences pragmatiques de l’ACCT et leur substituaient volontiers une productivité scientifique.
50Le partenariat entre le français et les langues locales ne se réduit pas à l’instrumentalisation des secondes sur le modèle du premier ou à leur traitement technologique assisté ou à leur valorisation par le biais d’outils calqués sur ceux qui sont disponibles pour le français.
51Durant toute cette période, les questions de langues étaient tantôt liées à la direction de la culture, tantôt relevaient de la direction de l’éducation. Il est certes vrai que la langue est une composante de la culture mais elle n’est pas la culture. De même, pendant cette période, malgré le détachement progressif de l’ACCT du champ de la recherche et de l’enseignement universitaire dans le domaine des langues, les universitaires qui agissent en experts continuèrent à être sensibles à la linguistique et non aux langues. Mais, face à l’immensité du problème des langues et malgré la faiblesse des moyens qui lui sont consacrés, la Francophonie s’est trouvée dans l’obligation non seulement de répondre aux nombreuses et pressantes demandes des multiples partenaires mais aussi de réajuster constamment sa politique linguistique, de renouveler ses actions et ses mécanismes en matière de coopération linguistique.
52Le risque d’uniformisation culturelle et linguistique, le nécessaire développement des langues, ont imposé à la Francophonie d’engager des mesures fortes de revitalisation et d’expansion de sa vision et de ses objectifs de développement et d’étude du français et des langues partenaires en vue de créer des conditions linguistiques optimales permettant l’accès de tous les francophones aux informations les plus diverses par le réseautage des experts et de spécialistes.
53De ce fait, le besoin de création d’une nouvelle structure de gestion de la politique linguistique de l’Organisation internationale de la Francophonie s’est fait sentir.
Les langues dans la programmation de l’AIF (1998-2005)
54La mise en place d’une direction des langues et de l’écrit, suite à la recommandation du Sommet de Hanoi en 1998, visait à consolider la problématique des langues au cœur des préoccupations de la Francophonie. Cette direction devait agir en tant qu’organe chargé de l’administration et de la gestion des actions linguistiques de l’Agence en promouvant une collaboration efficace et structurée entre ceux qui, linguistes ou non, sont confrontés directement ou indirectement aux besoins des pays membres. En somme, cette nouvelle direction avait pour mission de concrétiser l’esprit du Sommet de Dakar et de s’entourer d’un réseau d’experts et d’opérateurs de terrain pour réfléchir à la politique linguistique de la Francophonie et pour mettre en œuvre cette politique. Elle a œuvré en tant que service de conseil et de programmation fondé sur une connaissance réelle du tissu linguistique des pays membres, en tant que service de réflexion, d’expertise et d’appui aux opérations sur le terrain, et en tant que service de production, de formation et d’information en matière de langues. Elle a développé son programme essentiellement sur les axes principaux suivants dont le contenu a progressivement varié au cours de son évolution :
- La langue française dans le monde : sa promotion, son enseignement mais aussi son rayonnement dans les organisations et les rencontres internationales y compris la collaboration avec les centres de français, langue étrangère.
- Développement et mise en œuvre d’une politique d’enseignement du français grâce au réseau de centres régionaux d’enseignement du français, grâce à l’enseignement à distance ainsi que grâce aux moyens de communication et à un plan d’urgence pour la relance du français dans les organisations
- Les langues partenaires : soutien à la politique d’aménagement linguistique des États, coordination pour une approche régionale de la question des langues.
- L’enrichissement et la modernisation du français et des langues partenaires en vue de leur utilisation optimale dans les médias ; et soutien aux travaux de terminologie en français et dans les langues nationales.
- La promotion d’une langue passant par sa création littéraire, la Direction des langues et de l’écrit devait aussi s’occuper de la mise en œuvre d’une politique de production éditoriale au Sud, de la promotion et de la distribution du livre francophone à travers le soutien à la littérature pour la jeunesse.
55La concrétisation de ces axes d’action nécessitait une collaboration efficace et structurée entre experts et opérateurs de terrain du monde francophone, confrontés directement ou indirectement aux besoins linguistiques des pays. Il était question de donner une plate-forme commune d’intégration et de coordination efficace des secteurs et des acteurs à différents niveaux, susceptibles à la fois de poursuivre l’action opérationnelle sur le terrain et la réflexion prospective en matière linguistique francophone. La matérialisation de la plate-forme s’est faite à travers l’organisation du domaine linguistique en réseaux spécialisés et le maillage des solidarités entre les pays pour favoriser l’émergence d’un espace de coopération linguistique multidimensionnel. Trois réseaux thématiques correspondant aux axes d’actions de la direction, chapeautés par un Conseil international francophone des langues ont été mis en place au cours des réunions d’experts.
- Le réseau international du français dans le monde (RIFRAM) regroupant les organismes spécialisés du Nord ; les associations et des spécialistes du Sud devaient s’occuper du développement de la promotion, de la diffusion et de l’enseignement du français. Le réseau international des langues africaines et créoles (RILAC) regroupant les centres nationaux de linguistique et de langues partenaires du Sud, des africanistes et créolistes du Nord. Le RILAC a été mis en place en fin décembre 1999 lors de la réunion de concertation tenue à Libreville au Gabon.
- Le réseau international francophone d’aménagement linguistique (RIFAL) regroupant le RINT et le RIOFIL (voir réunion constitutive tenue en juillet 1999 à Rabat au Maroc). Le RIFAL s’occupe des langues, particulièrement des rapports entre le français et les langues partenaires.
- Le Conseil international francophone des langues (CIFLA) auquel une première réunion de concertation a été consacrée en mai 1999 à Paris, constitue un centre de convergence des trois réseaux. En tant qu’instrument de conseil et d’expertise auprès de l’AIF, il regroupe les responsables des réseaux et de hautes personnalités scientifiques francophones.
56La mise en œuvre des différentes programmations entre 1998 et 2005 s’est opérée dans le cadre de cette nouvelle politique linguistique du partenariat francophone.
57Pour la langue française, ce programme s’est, au fil des années, constitué en un ensemble de dispositifs selon une stratégie articulée en trois axes majeurs :
58Le développement et la mise en œuvre d’une politique d’enseignement du français se sont faits grâce au réseau de centres régionaux d’enseignement du français, grâce à l’enseignement à distance ainsi que grâce aux moyens actuels de communication. Ce programme qui n’a fonctionné à la direction des langues et de l’écrit qu’au cours du programme biennal (1998-1999) a été transféré à la Direction de l’éducation. Dès lors, la Direction s’est au cours des autres programmes de deux ans, occupée de la promotion du français dans les organisations internationales dans le cadre du plan d’urgence de relance du français dans les organisations internationales. Il s’agit particulièrement de la formation linguistique des fonctionnaires de l’ONU, du projet des jeunes experts francophones, de la formation à la fonction publique internationale, l’appui à la présence des francophones dans les grandes manifestations, l’appui à l’environnement francophone dans la vie internationale par l’aide apportée à la traduction et à l’interprétation (FATI). Depuis 2003, est mis en place le projet « le français dans les institutions de l’Union européenne » qui prend une expansion considérable à partir de 2004, dans les grandes manifestations particulièrement aux jeux olympiques et, depuis 2005, dans les organisations africaines. Le français dans la vie internationale a fait l’objet d’une évaluation dont les conclusions ont fortement marqué la configuration actuelle des projets relatifs au français en Francophonie.
59Pour les langues partenaires, la nécessité d’une prise en charge plus importante et plus rationnelle de la langue et des langues a conduit à l’adoption, à partir de 1998, d’une politique linguistique basée sur le partenariat, avec les linguistes et les écrivains, mais aussi avec les autres opérateurs institutionnels, publics et privés, impliqués et intéressés par le biais des réseaux nouvellement créés. Dans ce contexte, quatre axes ont été retenus : l’aide aux politiques linguistiques, le développement des langues partenaires du Sud, la promotion du partenariat linguistique, le soutien à l’aménagement interne des langues. Cet axe a fini au fil des temps par se réduire aux actions suivantes :
- Soutien à la formulation des grandes orientations de politique linguistique par la mise en place des structures de prise en charge des plurilinguismes nationaux (Commissions nationales des langues)
- Soutien à l’équipement des langues et à l’articulation des langues nationales et du français dans les milieux socioculturels.
- Promotion et revalorisation des langues africaines et créoles.
60Dans le domaine de l’édition, le programme de soutien à la publication pour la jeunesse tombe en 2003. Il ne reste plus que le projet de promotion du livre francophone et de la formation aux métiers du livre par le Centre africain de formation à l’édition et à la diffusion, le Bureau international de l’édition française et l’Association internationale des libraires francophones. Le programme des manuels scolaires est transféré à la direction de l’éducation. La mise en place de cette direction des langues a eu le mérite certain d’enrichir les expériences et les acquis antérieurs, de préciser et de mettre en œuvre une politique cohérente et des actions partagées de coopération linguistique. Elle a bénéficié, grâce aux réseaux, des suggestions et des opinions des experts avisés, des priorités et des moyens d’action pour la gestion des multilinguismes et de la diversité linguistique.
61Elle a entrepris, en collaboration avec les institutions et les autres acteurs de terrain, une action concertée en faveur du développement et de l’enrichissement du français et surtout l’instauration d’un véritable partenariat francophone par l’organisation du domaine linguistique en réseaux spécialisés et le maillage des solidarités entre pays pour favoriser l’émergence d’un espace de coopération linguistique multidimensionnel. Mais le transfert vers la Direction de l’éducation de certains de ses programmes, notamment l’enseignement du français, langue étrangère ou seconde, l’enseignement du français en milieu multilingue, le projet de manuels scolaires, a progressivement vidé la direction de son contenu qui conduira à la réduction de cette direction au rang d’une Division dans le mouvement de la réforme décidé à Tananarive en novembre 2005.
La programmation de l’OIF (2006-2009)
62La programmation de la Francophonie, adoptée à la Conférence ministérielle de Tananarive de novembre 2005 et revue, après la réforme, se base sur le plan stratégique décennal adopté par le Sommet de Ouagadougou. Celui-ci stipule, dans sa mission A, relative à la promotion de la langue française et à la diversité culturelle et linguistique, ce qui suit :
La Francophonie veille au renforcement du français comme outil de communication et vecteur culturel, et par extension, comme langue de communication internationale, d’enseignement et de support à un dynamisme intellectuel, scientifique et culturel novateur. Elle associe cette action à son engagement en faveur du plurilinguisme. Au plan national, la promotion de la langue française s’inscrit dans une problématique de cohabitation du français avec d’autres langues partenaires ou internationales, et ce dans la plupart des pays membres. Le maintien de l’importance relative du statut du français constitue un impératif qui ne peut être relevé sans le développement d’une solidarité et la mise en commun des moyens et ressources entre les porteurs de l’engagement francophone au sein de leurs sociétés respectives. La Francophonie a déjà joué un rôle de pionnier pour la reconnaissance de la diversité culturelle et le dialogue des cultures. Il lui faut donner les moyens de faire face aux tendances uniformisatrices de la mondialisation et de favoriser le maintien et l’essor de la diversité culturelle12.
63En ce qui concerne les deux objectifs stratégiques retenus pour cette mission à savoir « renforcer l’usage et assurer la promotion de la langue française » et « préserver et mettre en valeur la diversité culturelle et linguistique », les actions suivantes ont été suggérées :
- Renforcer l’usage du français dans les institutions internationales et les grandes manifestations ;
- Faire de la langue française un vecteur d’expression de la modernité en favorisant la pratique du français en tant que langue scientifique et technique, en renforçant la présence du français dans les technologies de l’information et de la communication, notamment pour améliorer la diffusion de la connaissance, en favorisant l’apprentissage du français aussi bien dans les systèmes éducatifs formels, y compris universitaires, que par l’utilisation des médias et des technologies de l’information ;
- Promouvoir la diversité culturelle et la pluralité linguistique dans l’usage des technologies de l’information et participer activement à l’édification d’une société de l’information équitable tenant compte du besoin de solidarité numérique ;
- Accroître la collaboration avec les autres aires linguistiques partenaires.
64Toute la programmation du domaine des langues de la période 2006-2009 devrait avoir ces principes comme cadre de référence. Les actions relatives aux langues se réalisent au sein de la Direction de la langue française et de la diversité culturelle et linguistique particulièrement dans la Division de la langue française et des langues partenaires. Le domaine « langue française et langues partenaires » fait référence aux notions « langue française et langues partenaires ». La langue est à la fois orale et écrite. La promotion d’une langue est fonction de sa production écrite. La définition des contours de ces notions permet de mettre en exergue les axes d’actions susceptibles de figurer dans la programmation quadriennale (2006-2009). Il s’agit de la langue française des langues partenaires et du domaine du livre. Au regard de toutes ces considérations, il se dégage trois axes d’action de la Francophonie dans le domaine des langues.
- Le programme « la langue française dans les organisations et les institutions internationales. »
Cet axe d’action compte deux grands projets : le français dans les institutions de l’Union européenne et le français dans les organisations multilatérales africaines. Il faut noter que « le français dans les grandes manifestations », explicitement mentionné dans le cadre stratégique décennal, n’était pas prévu dans les projets retenus par les instances. Il a été récupéré plus tard. - « Dialogue du français avec les langues partenaires et les autres espaces linguistiques »
La Francophonie, pour consolider le partenariat du français avec les différentes langues nationales prévoit trois axes d’action dans ce secteur : l’aménagement du français et des langues africaines et créoles, la coopération avec les trois espaces linguistiques et le Fonds d’aide à la traduction et l’interprétation. - Promotion des auteurs et des littératures francophones. Trois activités importantes sont prévues dans le cadre de ce projet : la participation des professionnels du livre des pays francophones en développement aux salons et foires du livre et aux manifestations littéraires francophones, organisations des prix littéraires (Prix des Cinq Continents de la Francophonie, Prix du jeune écrivain francophone, Prix de la traduction IBN Khaldoun et Léopold Sédar Senghor organisé en partenariat avec l’ALECSO, Prix Alioune Diop) et l’appui aux professionnels du livre par des actions de formation (CAFED, AILF et BIEF).
65L’action qui consiste à « favoriser l’apprentissage du français aussi bien dans les systèmes éducatifs formels… » placée dans la mission A se réalise à la direction de l’éducation.
66Le cadre stratégique décennal prévoit pour l’enseignement universitaire, qui reviendrait à l’AUF, « l’apprentissage du français dans les structures universitaires ».
67La programmation de l’AUF13 dans le domaine de la promotion du français et de la diversité culturelle et linguistique a pour objectif
d’apporter un soutien aux étudiants, enseignants et chercheurs des départements de français, des centres de langues et des filières universitaires francophones, pour développer l’enseignement et la recherche sur le français et en français, mais aussi sur les liens avec les langues partenaires et la communication interculturelle dans le développement.
68Ces actions de recherche se réalisent au sein des réseaux des chercheurs issus des universités membres dont les objectifs ne sont pas les mêmes que ceux des réseaux de l’OIF qui réunissent non seulement des experts mais aussi des opérateurs de terrain et des institutions des pays membres de l’OIF. Il se pose dès lors deux questions fondamentales pour la gestion de la politique des langues en Francophonie :
- Quelle structure de la Francophonie est habilitée à gérer la question des langues ?
- Comment organiser le partenariat francophone des langues pour une gestion cohérente de la langue française et de la diversité linguistique ?
69Les constats dégagés à partir des analyses que nous venons de faire permettent de fournir quelques propositions en réponse à ces deux questions préoccupantes.
Propositions de partenariat francophone pour une gestion cohérente de la langue française et de la diversité linguistique
Constats
70À ses origines, l’Organisation internationale de la Francophonie a largement recouru à l’expertise des universitaires pour aborder le champ de la recherche dans le domaine des langues. Cet aspect a laissé ses marques dans les actions linguistiques de l’OIF. Mais celle-ci s’en est progressivement détachée pour laisser le champ de la recherche et de l’enseignement universitaire à l’Agence universitaire dont le champ d’action a pour objectif de soutenir les étudiants, les enseignants et les chercheurs alors que l’OIF, quant à elle, s’appuie sur les organisations de la société civile et des opérateurs de terrain pour réaliser, en matière de langues, des actions de promotion, d’information, de sensibilisation et d’animation au sein des pays membres.
71À l’interne, la gestion de la langue française et de la diversité linguistique a été tantôt confiée à la Direction de la Culture, tantôt à la Direction de l’éducation, tantôt aux deux à la fois jusqu’à la création d’une Direction des langues en 1998. Depuis 2006, les questions relatives au français et aux langues partenaires sont confiées à une Division fonctionnant au sein de la Direction de la langue française et de la diversité culturelle et linguistique.
72Il est vrai que la culture s’exprime en langues mais la langue n’est pas la culture. On peut paraphraser Delacroix qui, parlant des rapports entre langage et pensée, a dit « la pensée fait le langage en se faisant par le langage ». Pourquoi ne dirait-on pas que la langue fait la culture en se faisant par la culture ? Bien qu’elles aient des points de convergences, les deux ne peuvent pas se confondre. La langue est un moyen par excellence de transmission de connaissance et de structuration du savoir. La réussite d’un système éducatif est fonction de la maîtrise de la langue d’enseignement car la langue exerce une influence déterminante sur le développement cognitif et affectif de l’enfant impliquant toute la personne dans son intelligence, son comportement pour le relier à son environnement. Sous cet angle, la langue intéresse en aval l’éducation mais elle n’est pas l’objectif premier de l’éducation. Mais l’enseignement ne concerne pas seulement la langue, il s’intéresse aussi à d’autres disciplines14. Il y a tout un travail sur la langue qui doit se faire en amont et qui devrait être réalisé par des experts pour la rendre apte à remplir les fonctions qu’on lui assigne non seulement dans le domaine de l’éducation mais aussi dans tous les contextes socioculturels. C’est en fonction des convergences partielles qu’on a souvent balloté les langues entre les deux structures avec le risque de voir tomber un pan des actions essentielles qui auraient dû être abordées de manière plus approfondie et même plus cohérente. C’est pourquoi, pour des raisons de cohérence et de diminution des moyens, il devient essentiel, de tirer davantage parti de toutes les ressources linguistiques disponibles (humaines, logistiques, centres nationaux et régionaux des langues, offices et observatoires des langues…) à tous les niveaux (local, national, international) en les rationalisant et en les rentabilisant au bénéfice de toute la Francophonie.
73À partir de toutes ces considérations, deux propositions d’organisation du partenariat francophone pour une gestion cohérente de la diversité linguistique sont possibles :
Proposition no 1 :
74L’idéal serait de créer une direction des langues à laquelle on devrait confier une mission précise, celle d’organiser le partenariat francophone pour la gestion de la diversité linguistique. Le contenu des axes d’action reprendrait tous les programmes relatifs à la langue française dans toutes ses dimensions (enseignement, promotion, enrichissement, observation, création littéraire) et la diversité linguistique (langues partenaires, aires linguistiques, aménagement des langues), disséminés dans les différentes directions. C’est d’ailleurs cette proposition qui est prise en compte dans la nouvelle configuration des directions de l’OIF.
Proposition no 2 :
75Faute de revenir à une direction des langues, créer une division dénommée « Division de la langue française et de la diversité linguistique ». Cette entité se chargerait de la coordination de toutes les actions relatives au français et à la diversité linguistique dans le champ propre à l’OIF. Le français dans le monde regrouperait :
- L’enseignement du français, langue maternelle, langue seconde, en milieu multilingue, en collaboration avec les centres régionaux d’enseignement du français, la Fédération internationale des professeurs de français et les autres acteurs de terrain membres des réseaux,
- L’observation du français dans le monde qui se réaliserait grâce au réseau « le français dans le monde »,
- Le français des affaires : le français dans le monde du travail et dans les entreprises,
- La promotion du français dans les organisations internationales et les grandes manifestations,
- Le dialogue du français avec les langues partenaires et les autres espaces linguistiques.
- La promotion des auteurs et des littératures francophones,
- La formation aux métiers du livre, notamment le livre scolaire et le livre pour la jeunesse.
76Dans la mise en œuvre de tous ces projets, on s’appuierait sur les réseaux composés des acteurs de terrain notamment les services des langues des pays membres, les Offices des langues, les observatoires de langues, les institutions des langues et les conseils des langues. Pour cela, il faudrait mettre au point des structures de réseaux d’opérateurs et d’organismes linguistiques de terrain à composition légère pour des raisons de resserrement et de cohérence afin de tirer davantage parti de toutes les ressources humaines et matérielles présentes dans le monde francophone. Ceci a l’avantage de maîtriser le tissu concret de la politique des langues sur le terrain et d’assurer la visibilité de l’action de la Francophonie dans les pays membres.
77Il faut bien circonscrire le champ d’action de l’OIF qui, pour elle, relève des actions de terrain, de promotion, d’information et d’animation dans le domaine des langues et celui de l’AUF qui est la recherche (à ne pas confondre avec une réflexion qui sous-tend une action) et l’enseignement universitaire.
Choisir la langue de l’autre
Écrire dans la langue de l’autre
78[H. Walter]15 De nombreux écrivains de renommée mondiale ont choisi d’écrire dans une langue qui n’était pas la leur à l’origine et qui a parfois été acquise longtemps après l’enfance. L’exemple le plus abondamment évoqué est celui de Joseph Conrad, qui écrivait en anglais mais dont la langue d’origine était le polonais. Mais la langue française a très souvent été choisie par des auteurs dont la langue était autre.
Le choix du français
79Parmi ces derniers, ce sont, par exemple, Nancy Huston, dont la première langue était l’anglais, Eugène Ionesco ou Emil M. Cioran, dont la première langue était le roumain, Jorge Semprun ou Hector Bianciotti, qui avaient parlé l’espagnol avant d’apprendre le français, Samuel Beckett, qui était né à Dublin, et donc de langue irlandaise et anglaise, ou encore Andreï Makine, dont la première langue était le russe.
80On pourrait multiplier sans peine les exemples d’auteurs qui ont délaissé leur langue d’origine dans leurs écrits, mais je voudrais m’en tenir à quelques-uns des écrivains qui se sont exprimés sur leur propre perception de cette langue française qu’ils ont choisie pour leurs publications.
81Je m’appuierai sur les propos recueillis par Aleksandra Kroh, dans L’avenir du bilinguisme16, où l’on peut constater que le bilinguisme s’avère évidemment indissociable de l’origine de ce choix. Aleksandra Kroh est elle-même de langue polonaise mais son ouvrage est écrit en français. Elle y relate les conversations qu’elle a suscitées avec neuf auteurs ayant choisi le français dans leur œuvre écrite et qui sont, selon elle, des « virtuoses du bilinguisme ».
Les raisons et les effets de ce choix
82Pour Nancy Huston, anglophone de naissance, mais qui a souvent écrit en français, « la langue étrangère a été une bouée de sauvetage… », elle l’a aidée à survivre après la mort de sa mère. C’était, dit-elle, comme si « la langue avait remplacé la mère ». Elle ajoutait qu’elle avait même connu une véritable euphorie à se découvrir « autre » grâce à cette langue étrangère17.
83C’est dans une tout autre perspective que s’inscrit Rachid Boudjedra, Algérien, qui déclare :
C’est l’histoire qui nous a rendus bilingues, c’est l’histoire qui a décidé pour nous. Nous n’avons pas choisi le français, nous l’avons subi. Il n’y a aucune comparaison possible de mon bilinguisme avec le bilinguisme de Ionesco ou de Beckett qui ont vraiment, librement, choisi le français18.
84Une telle constatation n’est pas celle de Salah Stétié, le grand poète libanais, médiateur infatigable entre la culture arabe et la culture occidentale, qui voue une véritable passion à cette langue française : il la considère en quelque sorte comme un cadeau et il en parle comme d’un « endroit chaud, où il se sent vraiment chez lui19 ».
85On peut enfin être surpris – et agréablement surpris – en apprenant ce que Gao Xingjian, de langue chinoise, et auteur de La montagne de l’âme, pense de la grammaire française, pourtant réputée comme difficile : « La grammaire française est tellement stricte que si on la suit bien, il n’y a pas de problème. Il est facile d’avoir une écriture correcte en français20. »
86À la réflexion, il est vrai que je connais beaucoup de personnes de langue étrangère parlant et écrivant le français à la perfection, alors qu’il est extrêmement rare de rencontrer un excellent anglophone dont l’anglais n’est pas la langue de naissance.
Éloge du bilinguisme
87En forçant à peine la note, on peut prétendre que ces quelques témoignages apportent la preuve vivante de l’enrichissement de soi que constitue le bilinguisme.
88Mais c’est sans doute dans un livre – plus ou moins autobiographique – d’Alexis Alexakis, paru en 200221, que les effets du bilinguisme individuel prennent toute leur valeur car on y apprend comment le bilinguisme peut aussi prédisposer à l’ouverture vers d’autres langues. Le héros de ce récit ressemble à l’auteur comme un frère car, comme lui, il navigue depuis trente ans entre sa langue maternelle, le grec, et une langue apprise à l’école, le français.
89L’originalité du propos est ici que le héros éprouve un beau jour, sans raison apparente, le désir irrésistible d’apprendre une troisième langue, beaucoup plus exotique : le sango, qui est la langue véhiculaire de Centrafrique.
90Cette aventure intellectuelle insolite lui apporte une première révélation tout à fait banale, et dont il s’étonne d’avoir mis aussi longtemps à en prendre conscience : il ne s’était jamais rendu compte que, pour lui, chaque chose avait deux noms, l’un en grec, l’autre en français22.
91Cette découverte n’était sans doute que la constatation d’une évidence, mais attendons la fin : entrer dans cette troisième langue, si différente à la fois de sa langue maternelle et du français, lui permet de ressentir une émotion singulière, car cela le transporte trente ans en arrière, à l’époque où il apprenait sa première langue étrangère, le français, ce qui lui fait dire que « l’apprentissage d’une langue ressemble à une cure de jouvence ». Chaque nouveau mot de sango appris, chaque nouvelle expression comprise lui apportent un plaisir juvénile qui le replonge dans le passé et qui l’invite aussi à réfléchir sur sa propre langue maternelle, le grec.
Choisir le français dans les sciences
92Pour terminer, je voudrais ajouter l’avis d’un grand astrophysicien d’origine vietnamienne, de nationalité américaine, qui est actuellement professeur d’astrophysique aux États-Unis, où il vit depuis plus de quarante ans, Trin Xuan Thuan. Voici ses propres paroles :
c’est dans la langue de Molière que je me sens le plus à l’aise quand il s’agit d’exprimer des idées dans un livre […]. Ma fréquentation des classiques français du temps du lycée de Saïgon […] m’a rendu amoureux de cette langue claire, toute en nuances et au vocabulaire d’une richesse infinie. Pour moi c’est la langue littéraire par excellence. J’étais conscient que les sujets que j’aborderais dans mon ouvrage seraient parfois ardus, et j’étais persuadé qu’écrire en français me permettrait d’y introduire un brin de poésie pour adoucir le langage parfois ardu de la science.
93Et Xuan Thuan ajoute :
Quant à l’anglais, il reste pour moi une langue scientifique, dont je me sers pour rédiger mes articles de recherche. J’ai encore moins de prétentions littéraires envers ma langue natale, le vietnamien. Je le parle en famille, mais les longues années d’absence, loin du sol d’origine, m’empêchent de l’écrire de manière aussi maîtrisée que je le voudrais23.
Le choix ultime
94Ces différents exemples montrent qu’en comparant constamment les façons de dire d’une langue étrangère à celles que l’on pratique depuis toujours sans même y prendre garde, on se rend vraiment compte des spécificités de chacune, même si, en fin de compte, ce n’est pas la langue de naissance qui est choisie pour s’exprimer par écrit, mais le français, « une langue pour réussir ».
Notes de bas de page
1 Synthèse suggérée par les échanges entre les intervenants au cours de la table ronde qui a eu lieu le samedi 28 avril, à Liré, au château de La Turmelière à 17 heures sous la présidence de M. Xavier North, Délégué général à la langue française et aux langues de France.
2 Xavier North, ancien élève de l’École normale supérieure et agrégé de Lettres, a été attaché culturel à New-York (1980-1984). De retour à Paris, il est chargé des relations internationales au Centre Georges-Pompidou (1984-1986), avant de devenir conseiller technique au Cabinet du Secrétaire d’État chargé des relations culturelles internationales. En 1990, il est nommé conseiller culturel à Rome, avant de diriger, de 1995 à 1998, la mission de préfiguration du palais du cinéma. Il a également été commissaire général de la saison culturelle israélienne en France, en 1998. Entre 1999 et 2002, il repart dans le réseau culturel extérieur avec la double fonction de conseiller culturel à Londres et de directeur de l’Institut français du Royaume-Uni. Dans le cadre de ses précédentes fonctions de directeur de la coopération culturelle et du français au Quai d’Orsay, M. North a défendu une stratégie offensive de promotion de la langue française dans le monde, en prenant soin de la décliner différemment selon les régions et les problématiques qui leur sont propres.
3 Michel Robitaille, administrateur d’État, compte plus de 30 ans d’expérience en matière d’affaires internationales, tant au Québec qu’à l’étranger. Le 4 octobre 2010, M. Robitaille a pris ses fonctions de délégué général du Québec à Paris, devenant ainsi le chef de poste de la plus importante représentation du réseau diplomatique québécois. Il est également le représentant personnel du premier ministre pour la Francophonie. Avant d’occuper ce poste dans la capitale française, il fut nommé, en 2008, premier président-directeur général du Centre de la francophonie des Amériques par le gouvernement du Québec. De 2002 à 2007, il a été délégué général du Québec à New York et, de 1999 à 2002, directeur général du Bureau des missions, où il a organisé une quinzaine de missions commerciales d’envergure, dirigées par le premier ministre du Québec. M. Robitaille a exercé plusieurs fonctions dans le réseau des représentations du Québec à l’étranger. Il fut en poste à deux reprises à Bruxelles où il a occupé les fonctions d’attaché culturel puis de directeur des Affaires publiques, de la Coopération et de la Culture. Il a aussi œuvré à titre de directeur des Affaires publiques et de la Culture à la Délégation du Québec à Los Angeles, de 1982 à 1987, et comme conseiller à la culture et aux affaires publiques au Bureau du gouvernement du Québec en Louisiane de 1977 à 1978. Michel Robitaille a également occupé différents postes au ministère des Relations internationales, dont ceux de chef du pupitre Nouvelle-Angleterre et de directeur États-Unis de 1997 à 1999. Pendant trois ans, de 1988 à 1991, il a été directeur général de l’Association Québec-France et, pendant dix ans, soit de 1987 à 1997, directeur de l’Institut d’été de français à Québec de l’université de la Colombie-Britannique.
4 Marc Termote, Nouvelles perspectives démolinguistiques du Québec et de la région de Montréal 2001-2051, gouvernement du Québec, 2008, p. 112.
5 Louis-Jean Calvet, Pour une écologie des langues du monde, Paris, Plon, 1999.
6 Robert Phillipson, « L’anglais global : mythe ou réalité ? », Colloque « Le français et la montée des pays émergents », Paris, 22 juin 2011.
7 François Grin, « Valeur du français et gouvernance linguistique mondiale », Colloque « Le français et la montée des pays émergents », Paris, 22 juin 2011.
8 François Grin, L’Enseignement des langues étrangères comme politique publique, Rapport n ° 19, Haut conseil de l’évaluation de l’éducation, Paris, septembre 2005.
9 François Grin, Ibid., p. 65.
10 Claude Hagège, Contre la pensée unique, Odile Jacob, Paris, 2012, p. 79.
11 Julien Kilanga Musinde, professeur titulaire à la Faculté des Lettres, langue et sciences humaines de l’université d’Angers, est responsable de la filière « didactique des langues pour le français langue étrangère » depuis septembre 2011. Il a été professeur (1985-2004) et recteur (1990-1997) à l’université de Lubumbashi avant de devenir directeur des langues et de l’écrit à l’Agence intergouvernementale de la Francophonie (2004-2006), puis chef de la division de la langue française et des langues partenaires à l’Organisation internationale de la Francophonie (2006-2010) à Paris. Il a publié plusieurs ouvrages notamment, deux romans – Retour de manivelle (Paris, Riveneuve, 2008, 125 p.) et Jardin secret (Paris, Acoria, 2010, 135 p.), des essais comme Langue française en Francophonie. Pratiques et réflexions (Paris, L’Harmattan, 2009, 196 p.), Le français en milieu multilingue congolais. Structure et méthodologie d’enseignement (Paris, L’Harmattan, 2009, 160 p.), Mondialisation, cultures et développement, (Paris, Maisonneuve et Larose, 2005, 380 p.) et quatre recueils de poèmes dont le plus récent en français et en grec Au creux de mon être (Paris, Éditions du Cygne, 2010, 112 p.) qui a obtenu une médaille « dialogue de cultures » de l’Association des mots d’or de la Francophonie.
12 Déclaration de Ouagadougou. Cadre stratégique décennal de la Francophonie, p. 13.
13 Voir Programme « Langue française, diversité culturelle et linguistique » dans la brochure Agence universitaire de la Francophonie, juillet 2007, p. 8-9.
14 Voir à ce sujet le secteur « éducation » dans l’organigramme de l’UNESCO sur le site [www.UNESCO.org].
15 Henriette Walter, professeur honoraire de linguistique à l’université de Haute-Bretagne, est présidente de la Société Internationale de Linguistique Fonctionnelle, membre du Conseil international de la langue française, membre du Conseil supérieur de la langue française et officier de la Légion d’Honneur. Ses activités de recherche la conduisent en outre à mener des enquêtes sur le terrain et à rédiger des ouvrages de linguistique, soit très spécialisés, soit destinés à un public plus vaste. Pour illustration, voici quelques titres : Le Français dans tous les sens, (Robert Laffont), Des mots sans-culottes (Robert Laffont), L’Aventure des langues en Occident (Robert Laffont), L’Aventure des mots français venus d’ailleurs (Robert Laffont), Le Français d’ici, de là, de là-bas (J. C. Lattès), Honni soit qui mal y pense, ou l’incroyable histoire d’amour entre le français et l’anglais (Robert Laffont), Aventures et mésaventures des langues de France (Nantes, Éd. du temps, 2008). Elle a également publié en collaboration avec Philippe Blanchet, Dictionnaire du français régional de Haute-Bretagne (Bonneton) et, avec Pierre Avenas, L’Étonnante histoire des noms de mammifères ou De la musaraigne étrusque à la baleine bleue (Robert Laffont), La Mystérieuse histoire des noms des oiseaux, du minuscule roitelet à l’albatros géant (Robert Laffont 2007) ou encore avec Bassam Baraké Arabesques. L’Aventure de la langue arabe en Occident (Paris, Robert Laffont et Éditions du temps, 2006) et, avec Gérard Walter, le Dictionnaire des mots d’origine étrangère (Larousse) et Les sciences racontées à ma petite-fille (Paris, Robert Laffont, 2009, 276 p.). Depuis trente-cinq ans, elle organise tous les ans un colloque international de linguistique, en France et à l’étranger. En 2009, dans le cadre de l’année de la France au Brésil, elle a été nommée commissaire de l’exposition « O francês no Brasil dans tous les sens / em todos os sentidos », qui s’est déroulée à São Paulo, dans le Musée de la langue portugaise, du 11 mai au 20 septembre 2009. Elle vient de publier en 2011, avec Pierre Avenas, La Fabuleuse Histoire du nom des poissons. Du tout petit poisson-clown au très gros requin blanc.
16 Aleksandra Kroh, L’Aventure du bilinguisme, Paris, L’Harmattan, 2000, 204 p.
17 Cité par Aleksandra Kroh, ibid., p. 34-35.
18 Cité par Aleksandra Kroh ibid., p. 67.
19 Cité par Aleksandra Kroh, ibid., p. 71.
20 Cité par Aleksandra Kroh, ibid., p. 87.
21 Alexis Alexakis, Les Mots étrangers, Paris, Stock, 2002, 321 p.
22 Alexis Alexakis, ibid., p. 53.
23 Trinh Xuan Thuan, Le Cosmos et le lotus, Paris, Albin Michel, 2011, 263 p., p. 114.
Auteurs
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Comparer l’étranger
Enjeux du comparatisme en littérature
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2007
Lignes et lignages dans la littérature arthurienne
Christine Ferlampin-Acher et Denis Hüe (dir.)
2007