Un pèlerinage contre-révolutionnaire ? Le culte aux prêtres déportés sur le littoral charentais (1860-1930)
p. 257-269
Texte intégral
1La mémoire contre-révolutionnaire, blanche, peut s’appuyer sur des pèlerinages ayant une dimension religieuse1 et se structurer autour de lieux spécifiques2. Des stèles, des chapelles expiatoires, des plaques commémoratives participent de la construction de cette mémoire3. Une géographie nationale des régions blanches a ainsi été dessinée4. L’Aunis et la Saintonge sont loin de constituer des pôles majeurs de cette géographie : La Rochelle se distingue comme base arrière des troupes de la République engagées contre les Vendéens. Pourtant un lieu symbolise cette culture blanche et contre-révolutionnaire sur le littoral charentais : les « pontons de Rochefort5 ».
2À partir de la fin de l’année 1793, les prêtres non-jureurs ou suspects sont regroupés dans des ports pour être embarqués ultérieurement. Rochefort en accueille la majorité. Ils sont répartis dans deux navires stationnant dans la rade de l’île d’Aix : 829 y sont enfermés, sans que les bateaux ne s’éloignent de l’estuaire de la Charente. Sur ce nombre, 547 décèdent et se retrouvent inhumés à l’île d’Aix et à l’île Madame6. D’autres sont emprisonnés à Brouage, à Saint-Martin dans l’île de Ré. De cet événement, naît plus d’un siècle plus tard le pèlerinage de l’île Madame7.
3Lancé sous le patronage de l’évêque de La Rochelle en 1910, il prend place dans un diocèse où il existe peu de pèlerinages, où aucun n’a une ampleur diocésaine, et encore moins nationale8. Bénéficiant d’un contexte favorable à la redécouverte des martyrs religieux de la Révolution française9, l’île Madame10 devient le principal pèlerinage diocésain et rayonne par-delà les limites de la Charente-Inférieure. La question majeure sera celle de l’articulation des pratiques pèlerines à un discours contre-révolutionnaire. Trois dimensions seront distinguées : la difficile mise en place d’un lieu de mémoire de la déportation ecclésiastique sur le littoral charentais ; les discours érudits et religieux de tonalité contre-révolutionnaire déployés autour de ce lieu et enfin, ce qui peut se dire et se faire de contre-révolutionnaire en ces lieux, une fois le geste pèlerin enclenché.
Un lieu de mémoire indécis
4La construction historiographique, à l’échelle locale, de la déportation ecclésiastique, apparaît des plus hésitantes et sa cristallisation dans l’embouchure de la Charente peu évidente. Ces hésitations expliquent les originalités prises par un pèlerinage à l’île Madame et à l’île d’Aix né tardivement, l’investissement clérical dans ce culte ainsi que les liens qui peuvent être alors tissés avec des personnalités monarchistes.
5À l’échelle nationale, une poignée de témoignages et de livres est imprimée dès les premières décennies du XIXe siècle. L’ensemble est dominé par les Martyrs de la Foi pendant la Révolution française de l’abbé Aimé Guillon parus en 182111. Cette publication a un écho local : un an plus tard, l’évêque, Mgr Paillou (1804-1826) adresse une lettre au ministre des Cultes à propos des « prêtres qui ont péri sur les vaisseaux de Rochefort » afin d’établir dans cette ville ou sur un autre point du diocèse « un Calvaire en l’honneur de ces Martyrs12 ». Dans une France soucieuse de réconciliation nationale et d’oubli des crimes révolutionnaires, le projet relatif « à une époque qu’il est toujours pénible de rappeler13 » a aussi peu de fortune que les Martyrs de la Foi de l’abbé Guillon, fermement critiqués dans les colonnes de l’Ami de la Religion et du Roi14.
6Au cours des décennies suivantes, le lieu principal de déportation et d’emprisonnement reste indécis dans la mémoire cléricale du diocèse. Quand il se rend à l’île d’Aix, lors de sa tournée pastorale de 1839, Mgr Villecourt (1836-1855) ne manque pas d’aller voir « la plaine où ont été déposés les restes de 600 prêtres fidèles, qui avaient été entassés sur des bâtiments vis-à-vis à la rade de l’île et qui périrent de faim, et par suite des privations et des mauvais traitements qu’on leur fit endurer15 ». Dans sa correspondance, il évoque aussi Saint-Martin-de-Ré, « où des centaines de prêtres furent entassés dans la citadelle16 ». Nulle mention n’est faite de Saint-Nazaire, il est vrai, paroisse délaissée. L’historiographie ecclésiastique du diocèse dominée au milieu du siècle par la touffue Histoire de l’Église santone et aunisienne de l’abbé Joseph Briand accorde, elle aussi, une part plus importante à l’île d’Aix qu’à l’île Madame. À propos de la première île, l’auteur, légitimiste, estime que « si [ils] viv[aient] dans les siècles de la foi ; aujourd’hui une basilique s’élèverait, majestueuse et riche, au milieu de cette île consacrée par la cendre des martyrs17 » et ajoute, un peu plus loin, que l’île d’Aix est l’« heureuse île des saints18 ».
7Le culte populaire se serait en revanche perpétué. Isidore Manseau, premier desservant de Saint-Nazaire à prendre fait et cause pour le culte des prêtres déportés, explique ainsi son intérêt pour la question :
« Je faisais, sur les bords de la mer, une de mes promenades solitaires et studieuses. C’était à l’heure du flux. J’en profitai pour prolonger ma récréation et traverser un chemin sablonneux qui découvre chaque fois que la mer baisse et conduit dans une île de l’embouchure de la Charente : j’étais dans l’île Madame.
À peine étais-je arrivé sur cette terre dont j’étais loin de soupçonner la sainteté, que je vis à genoux près de la route, un homme de la campagne. Il priait...
Cet homme était de Sainte-Soulle, paroisse éloignée de huit lieues au moins. Il y avait dix-huit ans, me raconta-t-il, que son grand-père l’avait conduit au même endroit et lui avait recommandé d’avoir recours, dans ses peines, aux Saints de l’île Madame19. »
8Située au-delà de la Charente, à une dizaine de kilomètres au sud de La Rochelle, grosse bourgade du doyenné de La Jarrie, Sainte-Soulle se situe dans un environnement religieux sensiblement différent de celui de l’embouchure de la Charente. Tout au long du XIXe siècle, le doyenné de La Jarrie reste marqué par quelques familles de la noblesse légitimiste telles que les Green de Saint-Marsault, les Larocque-Latour ou les Montbron. De plus, la commune limitrophe de Dompierre-sur-Mer est l’un des ultimes foyers de présence de la Petite Église : l’abbé Doussin (1753-1843) y attirait de nombreux pèlerins vendéens20. Cet environnement mental explique, sans doute, la perpétuation de cette mémoire des prêtres déportés. Les marais du doyenné de Saint-Agnant dans lesquels se situent la paroisse de Saint-Nazaire et l’île Madame sont dans une autre configuration. Le diagnostic tardif, fait en 1913, résume bien la situation : le caractère des fidèles est fait ici « de mollesse, de scepticisme et d’indifférence21 » et on se borne à une pratique saisonnière. C’est là « un pays qui n’est point dévot22 ».
9L’idée d’un pèlerinage germe au milieu des années 1860 : l’« Œuvre de l’île Madame » est officiellement lancée en 186523, sous le patronage de Mgr Landriot (1856-1866). À Rome, l’initiative reçoit le soutien du cardinal Villecourt24 et éveille des échos dans de nombreux diocèses : Amiens, Angers, Besançon, Blois, Bordeaux, Coutances, Saint-Brieuc, Saint-Claude, Tours... Deux ans plus tard, Mgr Thomas (1867-1883) sollicite vainement du ministre de l’Intérieur la cession gratuite de la lande de l’île Madame où avaient été inhumés les prêtres25. L’abbé Manseau réussit à collecter près de 12 000 francs mais sans parvenir à acheter de terrain sur l’île. Son transfert à la cure de Saint-Martin-de-Ré en 1871 suspend le projet.
10Contemporaine du centenaire de la Révolution française, une autre initiative prenant pour site l’île d’Aix est lancée. Dans le comité, voisinent évêques et amiraux, soldats et députés26. Les soutiens laïques de l’œuvre dénotent ses soubassements contre-révolutionnaires et monarchistes : au niveau national, on retrouve le comte de Mun et à l’échelle locale le vicomte de Saint-Marsault et M. de Fleuriau, des chefs de file du parti monarchiste en Aunis27. L’île d’Aix est défendue par le desservant de l’île et l’abbé Dubois, un ecclésiastique qui se fait le « commis-voyageur » de la cause, multipliant prédications et publiant un ouvrage sur la déportation. La concurrence avec l’île Madame est patente : toujours vivant, I. Manseau s’oppose au projet, dit qu’il va enfin réussir à ériger un monument dans le premier site et surtout refuse de remettre l’argent déjà collecté en faveur du monument commémoratif pour un autre projet que le sien28. Les souscriptions sont loin d’être à la hauteur des espérances. Alors que l’église projetée coûterait 100 000 francs, l’œuvre ne recueille même pas 8 000 francs en février 189229. Le départ en mars 1892 de l’ecclésiastique à la tête de la paroisse de l’île d’Aix, l’abbé F.-H. Piau, paraît interrompre le processus.
11Sous la houlette du curé de Marennes, un pèlerinage à l’île d’Aix est relancé à partir de 190830. En 1910, il est complété par celui de l’île Madame qui prend progressivement le dessus. Cette relance du geste pèlerin dans les deux « îles des saints » n’est pas sans lien avec la séparation des Églises et de l’État et du nouvel intérêt que cet événement suscite pour les persécutions religieuses de l’époque révolutionnaire31. Localement, l’arrivée de Mgr Eyssautier (1906-1923) sur le siège de La Rochelle joue un rôle : entreprenant une opération de reconquête spirituelle32, l’évêque soutient le pèlerinage de son autorité. C’est lui qui recueille les « reliques des prêtres déportés durant la grande Révolution » réunies par l’abbé Manseau33. L’information canonique sur les prêtres déportés morts sur les côtes de la Charente-Inférieure débute également sous son épiscopat34.
12L’état spirituel de Saint-Nazaire, paroisse dont dépend l’île Madame est peu réjouissant : « indifférence absolue », d’après son desservant en 1913. La commune abrite 1 400 habitants et un seul homme fait alors ses pâques. La situation ne s’améliore pas dans l’entre-deux-guerres : aucune communion pascale masculine n’est enregistrée et seule une douzaine de femmes remplit cette obligation35. Cette situation n’est sans doute pas étrangère à l’investissement du curé de Saint-Nazaire dans l’œuvre de l’île Madame. Alors que les prêtres à la tête de la paroisse de l’île d’Aix connaissent une forte rotation36, leur confrère de Saint-Nazaire, l’abbé Pierre Bret (1866-1945), est en charge de la paroisse de Saint-Nazaire-sur-Charente de 1899 à sa mort en 1945.
13Certes, la fameuse croix de galets commence à se former, semble-t-il, avant sa venue, sur l’initiative d’un habitant, au début des années 189037 ; la part prise par l’abbé Bret dans le pèlerinage n’en demeure pas moins décisive à l’instar du Souvenir français qui conserve la mémoire des soldats morts pendant la guerre de 1870, son projet de monument à l’île Madame est pensé comme étant « l’œuvre du Souvenir sacerdotal38 ». Sa première initiative en ce domaine date de l’épiscopat de Mgr Le Camus (1901-1906) ; face à l’impossibilité d’acheter le terrain de l’île Madame, le projet est abandonné jusqu’en 190939. Cette année, il prend l’initiative de lancer une souscription pour que soit érigée sur « l’île des saints » une « belle croix de granit, assez élevée pour dominer la rade, témoignage durable de la piété catholique envers ces héroïques défenseurs de la plus sainte des causes40 ». Il n’hésite pas à signaler dans les colonnes de la Croix nationale la découverte d’ossements sur l’île Madame, ossements qu’il présume être ceux des martyrs déportés41. Au final, le calvaire n’est pas installé sur l’île Madame, mais en face d’elle, sur un terrain acheté à cet effet par un laïc de Rochefort42. Il est béni en 1910 par l’évêque43. L’année suivante, sont rajoutées deux statues représentant les apôtres Pierre et Paul. En 1912, est transformé en modeste oratoire à Notre-Dame des Martyrs un bâtiment situé à proximité de la Passe-aux-Bœufs, qui permet d’accéder à l’île Madame44. Un an plus tard, la famille de l’un des prêtres déportés prend en charge la construction d’un logement de gardien, d’une sacristie et d’une salle de réception ainsi que la mise en place de tableaux contenant les noms des prêtres inhumés dans les sables de l’île45. En 1916, un nouveau calvaire est inauguré à Port-des-Barques46. Ce n’est qu’en 1930 que le terrain de l’île Madame est revendu à un notable de Rochefort qui s’empresse de le transmettre au diocèse47. Les autorités diocésaines caressent l’espoir de la construction d’un édifice plus important, une basilique48 ; la conjoncture peut expliquer l’abandon du projet. Le succès – relatif – du pèlerinage est au rendez-vous : il y aurait 4 000 pèlerins en 1911, en 1924, en 1928 ; ce chiffre descend à 1 500-2 000 en 1925 et en 1930 ; les autres années, les pèlerins sont le plus souvent 3 000. L’acmé semble atteinte à la fin de l’épiscopat de Mgr Curien (1923-1937) : le pèlerinage attire 10 000 personnes au cours de l’été 1936 et 5 000 l’année suivante49.
14Les autres sites qui accueillirent des prêtres déportés ne sont pas négligés. En 1914, à Brouage, la grotte où, selon « une pieuse tradition », les prêtres déportés célébraient la messe, est bénite par l’évêque50 et en 1921 la bénédiction d’un nouvel autel dans l’église paroissiale donne l’occasion d’un véritable « pèlerinage en l’honneur des prêtres déportés dans la citadelle51 ». Dans l’île d’Aix, un calvaire est inauguré en 193352. Comment ces dispositifs pèlerins s’articulent-ils avec un discours historique portant sur l’œuvre religieuse de la Révolution ?
Une mémoire de papier contre-révolutionnaire
15Choisir d’écrire sur la déportation ecclésiastique sur les pontons de Rochefort ne se fait pas sans arrière-pensée idéologique : la « mémoire de papier53 » qui s’y déploie est irréductiblement hostile à l’œuvre de la Révolution perçue comme un seul bloc homogène et indivisible. En Charente-Inférieure, articles et ouvrages consacrés à l’épisode de la déportation ecclésiastique s’inscrivent pleinement dans cette école catholique, royaliste et traditionnaliste gravitant autour de la Revue des Questions historiques54. Elle est dominée par l’œuvre d’une poignée d’ecclésiastiques – I. Manseau (1836-1914), L.-M. Dubois (1848-1931), P. Lemonnier (1848-1924) et L. Poivert (1871-1934) – et par deux laïcs – Louis Audiat (1833-1903) et son fils Gabriel (1863-1920).
16L’abbé I. Manseau est le premier prêtre du diocèse à se dépenser par la plume sur ce sujet. Dès 1864, il publie une courte notice consacrée aux « prêtres déportés dans l’île Madame » dans l’Almanach paroissial55. L’année suivante, le naissant Bulletin religieux diocésain accueille sa série d’articles portant sur les « martyrs de l’île Madame ». Enfin, au milieu des années 1880, fort de recherches complémentaires, Manseau rédige ses prêtres et religieux déportés sur les côtes et dans les îles de la Charente-Inférieure qu’il ne limite pas à la déportation de 1794-1795 mais étend à celle du Directoire56. En 1890, l’abbé Louis-Marie Dubois publie son Rochefort et les pontons de l’île d’Aix57. Les deux ouvrages souffrent des mêmes défauts – nombreuses erreurs de noms, de lieux, de dates. De plus, l’étude de Dubois a « suivi d’un peu trop près » l’ouvrage de son prédécesseur : ils « ont le même plan, la même division, les mêmes chapitres58 ». Ces remarques acrimonieuses à l’égard de l’ouvrage de Dubois émanent de l’un des piliers de l’érudition régionale, Louis Audiat, qui ne ménage pas ses critiques à l’égard des clercs historiens59. C’est l’un des premiers érudits du département à s’intéresser à la question des prêtres déportés : en 1872, il se charge de l’édition de témoignages de prêtres déportés sur les Pontons60. Exemple même des abbés érudits, Pierre Lemonnier se dévoue corps et âme à la science historique : publiant dans la Revue des Questions historiques et dans des revues d’érudition locale, il se consacre avant tout à l’histoire de Rochefort et de la Révolution française en Charente-Inférieure61. Aumônier du lycée de Rochefort jusqu’à la séparation des Églises et de l’État62, il n’exerce jamais de ministère paroissial et ses longs loisirs sont dévolus à la recherche historique. Mgr Eyssautier lui confie l’enquête préparatoire du procès informatif en vue de la béatification des prêtres déportés63. À sa disparition, la tâche est reprise par le rédacteur en chef du Bulletin religieux, Léandre Poivert, qui est l’auteur de l’ensemble des brochures consacrées aux prêtres déportés et publiées avec l’assentiment des autorités diocésaines64 : elles se nourrissent tant des travaux de Pierre Lemonnier que de ceux, plus récents et d’ampleur nationale, de Jacques Hérissay65. La première brochure de L. Poivert est une claire réplique à l’œuvre de Gabriel Audiat, plus autonome à l’égard de l’autorité religieuse, plus critique. Ancien élève de l’École normale supérieure et professeur au lycée Janson-de-Sailly, il est le premier à parler de ce lieu comme d’un « reliquaire national66 » et participe financièrement à l’aménagement de l’oratoire en 191267. Il se situe dans la lignée de son père, indigné « contre le crime d’oubli séculaire commis à leur égard68 ». Si son intervention fut d’abord saluée positivement69, on ne tarde pas à critiquer « l’injustice acrimonieuse de ses appréciations sur le compte des évêques de la Rochelle et du clergé de Saintonge et d’Aunis70 » tandis que la Revue d’histoire de l’Église de France doit reconnaître que l’œuvre témoigne d’« une conviction ardente », d’« un style véhément » et d’« une langue savoureuse plutôt que châtiée71 ». Les relais locaux de ces travaux sont le Bulletin religieux, la Croix de Saintonge et d’Aunis et, de manière plus éphémère, le bulletin du doyenné de Saint-Agnant72 où sont fréquemment publiées des études de l’abbé Lemonnier.
17Dans l’ensemble de ces œuvres, la Révolution est connotée de manière négative. En 1890, le rapport présenté par l’abbé Dubois au Congrès des catholiques de l’Ouest est exemplaire :
« Il fut une époque où la France essaya de renier son passé et de recommencer sa vie nationale, sans rien garder de ses antiques croyances et de ses glorieux souvenirs...
Une date indique quand notre pays fit son rêve insensé. Inscrite avec des larmes et du sang, elle est connue de tous, et c’est 93.
Alors les hontes se mêlèrent aux gloires, les haines à l’amour, et si la France ne sombra pas, c’est que les chaines d’un César puissant et victorieux la rattachèrent violemment à ce passé qu’elle voulait renier73. »
18Des formules analogues se retrouvent fréquemment : l’Assemblée législative de 1792 a « un triste mandat » et les gardiens des prêtres déportés sont nécessairement choisis « parmi les plus abjects révolutionnaires74 » ; « la haine de l’Église, à toutes les époques, reste la substance même de la Révolution », écrit-on, encore, dans la Croix de Saintonge et d’Aunis en 191275. Ce discours se radicalise et se schématise progressivement dans les brochures de l’abbé Poivert. Les « Pourquoi cette Brochure » et « Pourquoi ce petit livre » ouvrant ses opuscules de 1914 et 1926 en témoignent. Dans le premier cas, il présente son travail comme « une œuvre de propagande » cherchant à « faire connaître les souffrances et la mort héroïque de nos Prêtres déportés » et à faire venir en pèlerinage « les âmes chrétiennes » à l’île Madame76. Douze ans plus tard, ton et objectifs changent : les martyrs des Pontons sont un « drame peu connu du grand public, parce que ceux qui ont intérêt à taire les crimes de la Révolution, pour en mieux exploiter les dangereuses utopies et les faux dogmes ont fait sur cette œuvre de honte et de sang la conspiration du silence » ; l’événement révèle une filiation « satanique » de la Révolution, cachant « un dessein plus profond, patiemment poursuivi, depuis la Réforme, par tous les tenants des doctrines philosophiques, calvinistes, jansénistes et gallicanes, celui de profiter des circonstances pour porter le dernier coup à l’éternel ennemi, le catholicisme romain77 ». En 1928, si on retrouve encore ces formules, l’abbé Poivert juge utile d’élargir son jugement sur la Révolution en expliquant que l’événement mit face à face « l’élite du clergé de France, subissant les pires tourments pour rester fidèle au Pape, à l’Église et à Dieu » et « une tourbe de scélérats, exécuteurs sans pitié des basses œuvres d’un parti politique qui a juré d’anéantir la religion en France78 ».
L’île Madame, un pèlerinage sans attache politique visible
19Par-delà cette rhétorique érudite et journalistique contre-révolutionnaire, comment les clercs usent du pèlerinage ? De quelle manière les sensibilités contre-révolutionnaires s’expriment-elles lorsqu’elles sont l’une des raisons de la venue en pèlerinage ?
20Scrutons tout d’abord la prédication faite à l’occasion du pèlerinage d’août. En 1928, le sermon prononcé par l’évêque d’Angoulême, Mgr Arlet, est exemplaire des sujets sur lesquels porte peu ou prou la prédication ici développée : austérité chrétienne, fidélité à l’Église et au pape, surnaturelle espérance79. La parole ici portée se veut avant tout religieuse ; se rajoutent parfois des appels en faveur des vocations ou de la formation des prêtres. Lors de sa venue en 1912, Mgr Bonnefoy précise qu’il ne veut « pas faire d’allusion politique. La politique est trop au-dessous de la charité chrétienne pour jamais arriver jusqu’à elle80 ». Cette ligne de conduite semble suivie par la plupart de ses successeurs invités à s’exprimer à l’île Madame, à quelques exceptions notables. En 1924, nouvellement arrivé dans son diocèse, Mgr Curien, établit un « parallèle entre les prêtres sous la Terreur et ceux auxquels la Séparation de 1905 appliquait la guillotine sèche81 » ; en 1929, l’évêque de Moulins estime qu’il « n’y a pas une révolution qui manque de s’attaquer aux prêtres » et prend l’exemple de la révolution russe et de la politique menée par l’État mexicain à ce moment-là82. Cette faible politisation du pèlerinage n’empêche pas une condamnation ferme de la Révolution et de ses origines. Mgr Sagot du Vauroux, en 1913, compte parmi les bourreaux, « non pas ceux qui ne furent [...] que de vils instruments de torture, mais ceux-là même, Diderot, Voltaire et J.-J. Rousseau, qui les avaient suscités par leurs infâmes écrits83 ». La Grande Guerre et son souvenir donnent l’occasion aux évêques de transformer l’île Madame en tribune de l’Union sacrée. En 1916, la prédication de Mgr Eyssautier court sur « ces morts qui appellent » et il implore leur intercession en faveur de la patrie84. Onze ans plus tard, l’évêque de Verdun fait de la même manière un parallèle entre les morts de Verdun et les prêtres déportés85. Pour autant, cela signifie-t-il acceptation de la République ? Les commentaires que s’attire la prédication du chanoine Dufayet, en 1921, au temps de la Chambre Bleu Horizon, dénotent la fragilité des sentiments républicains d’une partie de l’opinion catholique :
« Après avoir magnifié les martyrs de l’île Madame, avec une entraînante éloquence, il rappela que, chaque fois que l’un d’entre eux rendait le dernier soupir, on lui jetait comme un dernier outrage le cri de : Vive la République !
“Aujourd’hui, ajouta-t-il, prêtres, laïques de toutes confessions, libre penseurs, ont confondu leurs souffrances et mêlé leur sang sur les champs de bataille de la dernière guerre, et Vive la République ! ne saurait plus être que le cri de ralliement de tous les bons Français.”
Sans cesser de rendre hommage à la noble pensée qui a dicté cette affirmation très vibrante, nous ne pouvons nous défendre d’entrouvrir timidement une parenthèse.
Ce qui fut sous la Révolution une clameur de haine contre le clergé réfractaire à la Constitution civile, est-il vraiment devenu le symbole de l’union et de la fraternité entre tous les citoyens ; et ne serait-ce pas encore au cri de : Vive la République ! que la persécution religieuse, tenue en réserve par les sectaires de notre époque, reprendrait de nouvelles forces86 ? »
21Qu’en est-il des « groupements catholiques » ? S’ils sont signalés épisodiquement à la veille de la Grande Guerre87, ils ne paraissent plus présents après celle-ci : ils figurent vainement parmi les souhaits des organisateurs en 1920 et en 192188. Au début du mouvement des pèlerinages prenant pour destination l’île d’Aix et l’île Madame, des « pèlerinages sacerdotaux » sont à noter. Il y en a un en 1919 à l’île Madame, avant la reprise effective du pèlerinage l’année suivante89. Le pèlerinage de l’île d’Aix lancé une première fois en 1890 draine des prêtres des diocèses d’Angoulême, de Laval, de Poitiers, de Saint-Brieuc90. Relancé en 1908, sur les 300 pèlerins qui y accourent, trente-cinq sont des prêtres91. La proportion demeure forte ensuite. Une quarantaine de prêtres sont présents au pèlerinage de 192492. De même, les congrégations et ordres religieux jouent un rôle majeur : l’offrande des Lazaristes et des Frères des Écoles chrétiennes est décisive en 1910 pour que soit édifié le calvaire93. À partir de 1928, les ordres religieux dont des membres sont morts ici se font représenter lors du pèlerinage94.
22Les initiatives laïques sont plus difficilement repérables. Plusieurs découvrent l’île Madame grâce à leur amitié avec Gabriel Audiat : c’est le cas de Georges Gourdon, rédacteur en chef des rochefortaises et très lues Tablettes des deux Charentes95 ; à la fin des années 1920, un professeur d’Angoulême signale qu’« ancien élève de M. Gabriel Audiat », il fut « initié par lui au martyre des prêtres envoyés [...] pendant la Révolution96 ». À la veille du pèlerinage organisé en 1920, le chroniqueur de la Croix de Saintonge et d’Aunis souligne la persistance de la venue de « groupes pieux » au « petit cimetière de l’île Madame97 ». Les jeunes sont particulièrement signalés : des élèves de l’institution Notre-Dame-de-Recouvrance (Saintes) viennent à la fin de 191198. Des troupes scoutes campent à Port-des-Barques et leurs aumôniers ne manquent pas de souligner le caractère édifiant de l’histoire des prêtres morts pour leur foi99. À l’échelle diocésaine, les groupements de nature politique entretiennent un rapport contrasté avec l’île Madame. La section départementale de la Fédération nationale catholique, l’Union des catholiques d’Aunis et de Saintonge, privilégie des rassemblements de masse dans l’ancienne et centrale cité épiscopale de Saintes100. Les militants d’Action française paraissent, en revanche nourrir une plus grande sensi-bilité à l’égard du culte aux prêtres déportés. On retrouve par exemple Joseph Thirion, ancien rédacteur en chef du Nouvelliste de Bordeaux et sympathisant d’Action française parmi les personnalités invitées en 1914 à Brouage101. En 1924, Charles Millon, le vice-président de la section rochelaise d’Action française et directeur de la Gazette d’Aunis, publie une série d’articles incitant les catholiques de La Rochelle et des environs à se rendre plus massivement à l’île Madame102. L’implication de la Gazette d’Aunis et de Charles Millon en faveur de la cause des prêtres déportés paraît plus discrète après 1927 ; il est vrai que l’abbé Poivert qui porte « l’œuvre de propagande » de l’île Madame rédige dans les colonnes du Bulletin religieux de multiples articles condamnant l’insoumission des ligueurs d’Action française et devient l’une des cibles des rédacteurs de la Gazette d’Aunis.
23Au terme de ce parcours exploratoire dans l’histoire du culte aux prêtres morts sur les pontons de Rochefort, il appert que l’investissement contre-révolutionnaire du littoral charentais se réalise selon des modalités et une réussite sensiblement différentes de celles de la Vendée voisine. L’environnement religieux ne s’y prête pas et la place que l’événement occupe dans la mémoire collective en-dehors des cercles catholiques et monarchistes reste minime jusqu’à la réactivation mémorielle opérée au lendemain de la séparation des Églises et de l’État vécue et perçue comme un nouvel avatar des persécutions révolutionnaires. Le discours historique ou religieux développé conçoit l’ensemble des mesures révolutionnaires comme un seul bloc, sans fissure. Si elle s’appuie sur une érudition locale attirée par la décade révolutionnaire – mais peu bienveillante –, la mémoire contre-révolutionnaire alors reconstruite est faiblement réappropriée par des personnalités de premier plan à l’échelle locale103. En outre, l’investissement du lieu par des mouvements politiques, peu ou prou, d’inspiration contre-révolutionnaire, reste là aussi très minime, ce qui n’empêche pas la persistance d’un discours légitimant le culte de demeurer très fermement hostile à la Révolution française. La lente disjonction de ce discours et du pèlerinage constitue une phase restant encore à examiner.
Notes de bas de page
1 Pour un exemple, Chopelin P., « Le monument des Brotteaux à Lyon : construction et dilution d’une mémoire blanche de la Terreur », B. Dumons et H. Multon (dir.), Blancs et contre-révolutionnaires en Europe. Espaces, réseaux, cultures et mémoires, fin XVIIIe-début XXe siècles. France, Italie, Espagne, Portugal, Rome, École française de Rome, 2011, p. 177-198.
2 e. g. Martin J.-C., La Vendée de la mémoire, 1800-1980, Paris, éd. du Seuil, 1989.
3 Dumons B. et Multon H., « Introduction », B. Dumons et H. Multon (dir.), op. cit., p. 1-25.
4 Multon H., « Géographies et mémoires de la culture politique blanche dans la France du XIXe siècle », El Carlismo en su tiempo. Geografias della contrarrevolucion. I jornadas de estudio del Carlismo, Pampelune, Gobierno de Navarra, 2008, p. 129-144.
5 Il est signalé à ce titre par Dumons B. et Multon H., « Introduction », art. cit.
6 Chiffres établis par Poivert L., La déportation ecclésiastique de l’an II (novembre 1793-avril 1795) sur les Pontons de Rochefort, La Rochelle, Imprimerie rochelaise, 1934, 63 p. et repris par les publications postérieures.
7 La meilleure synthèse sur le sujet reste : Blomme Y., Les Prêtres déportés sur les Pontons de Rochefort, Saint-Jean-d’Angély, Bordessoules, 1994.
8 Champ N., « Les pèlerinages de la Charente-Inférieure au xixe siècle (1801-1914) entre restauration et création », A.Vauchez (dir.), Le pèlerinage de l’Antiquité à nos jours, Paris, éd. du CTHS, 2012, p. 175-192.
9 Sorrel C., « Béatification (causes de) », J.-Cl.Martin (dir.), Dictionnaire de la Contre-Révolution, Paris, Perrin, 2011, p. 87-89.
10 L’île Madame dépend aujourd’hui de la commune de Port-des-Barques, qui s’est séparée en 1947 de Saint-Nazaire.
11 Guillon A., Les Martyrs de la Foi pendant la Révolution française ou martyrologe des pontifes, prêtres, religieux, religieuses, laïcs de l’un et l’autre sexe, qui périrent alors pour la foi, Paris, Germain Mathiot libraire, 1821, 4 vol.
12 Citée par Lemonnier P., Martyrologe de la Déportation ecclésiastique à Rochefort-sur-mer (1794-1795), Rochefort, Société anonyme de l’imprimerie Ch. Thèze, 1917, p. XII-XIII.
13 Lemonnier P., Martyrologe... op. cit., p. XIII.
14 Dans la série des recensions publiées dans ce journal, cf., en particulier : L’Ami de la Religion et du Roi, 14 février 1821, p. 1-6.
15 Arch. dép. Char.-Mar., 1 J 573*. 21 mai 1839.
16 Arch. dioc. La Rochelle, 3 Z 16/1 *. Minute de la lettre au supérieur général des Pères Maristes, 13 février 1843.
17 Briand J., Histoire de l’Église santone et aunisienne depuis ses origines jusqu’à nos jours, t. 3, La Rochelle, F. Boutet imprimeur-libraire, 1843, p. 129.
18 Briand J., op. cit., p. 131.
19 Cité par Lemonnier P., Martyrologe... op. cit., p. XV.
20 Choinard H. et Tauzin É., Dompierre-sur-Mer et ses environs, Paris, Res Universis, 1990, p. 112 (1re éd. 1896).
21 Croix de Saintonge et d’Aunis (par la suite abrégée en : CSA), 31 août 1913.
22 Le Réveil et son supplément, janvier 1912.
23 Bulletin religieux du diocèse de La Rochelle-Saintes (par la suite abrégé en : BR), t. 2, p. 39.
24 BR, t. 2, p. 106.
25 Dudon P., « Témoins de la foi. Ceux des pontons de Rochefort », Études, 20 mars 1932, p. 691-692.
26 Dudon P., art. cit., p. 692.
27 BR, 24 janvier 1891, p. 353.
28 Arch. dioc. La Rochelle, 7 G I 19. Lettres de l’abbé Manseau à l’amiral Maudet, 6 février 1889 et 20 février 1891 et à l’archiprêtre de Rochefort, 5 mars 1891.
29 Arch. dioc. La Rochelle, 7 G I 19. Comptabilité financière. Sommes recueillies au 10 février 1892.
30 De 1908 à 1910, la presse religieuse se fait l’écho d’un pèlerinage organisé.
31 Cf. Boutry P., « La canonisation des martyrs de la Révolution. Hagiographie et histoire », Communio, 1989, no 3-4, 1989, p. 164-172.
32 Cf. Bon J.-P., Le diocèse de La Rochelle-Saintes sous l’épiscopat de Mgr Eyssautier (1906-1923). Réorganisation et orientations pastorales au lendemain de la Séparation des Églises et de l’État, thèse de doctorat en histoire, université de Strasbourg 3, 1999.
33 BR, 7 septembre 1907, p. 117.
34 BR, 18 mai 1912, p. 562-564.
35 Renseignements extraits des formulaires conservés pour Saint-Nazaire (Arch. dioc. La Rochelle, 3 F 3, 5, 8 et 9).
36 L’unique ministère paroissial de l’abbé Bret à Saint-Nazaire correspond à celui de huit autres prêtres à l’île d’Aix.
37 Le Réveil cantonal, décembre 1911.
38 Arch. dioc. La Rochelle, 7 G I 17. Lettre circulaire de P. Bret, fin 1911.
39 Arch. dioc. La Rochelle, 7 G I 17. Lettre de P. Bret à L. Poivert, 30 septembre 1928.
40 La Croix, 15 octobre 1909, p. 5.
41 La Croix, 18 mars 1914, p. 4.
42 Le Réveil cantonal, août 1910.
43 CSA, 28 août 1910.
44 BR, 17 août 1912, p. 77-80 ; Le Figaro, 22 juillet 1912, p. 4
45 Le Réveil, mai 1913.
46 BR, 9 août 1919, p. 47.
47 CSA, 23 août 1931; Dudon P., art. cit., p. 692.
48 CSA, 14 août 1932.
49 Pour chaque année citée, sauf pour 1936 (Le Figaro, 12 août 1936, p. 3), les chiffres sont tirés des comptes-rendus publiés par la Croix de Saintonge et d’Aunis (27 août 1911, 24 août 1924, 16 août 1925, 26 août 1928, 31 août 1930, 15 août 1937).
50 CSA, 31 mai 1914.
51 CSA, 24 juillet 1921.
52 CSA, 30 juillet 1933.
53 La formule renvoie à Ploux F., Une mémoire de papier. Les historiens de village et le culte des petites patries rurales à l’époque contemporaine (1830-1930), Rennes, PUR, 2011.
54 Cf. Carbonell C.-O., Histoire et historiens. Une mutation idéologique des historiens français, 1865-1885, Toulouse, Privat, 1976.
55 Almanach paroissial pour l’année 1865 [...] dans le diocèse de La Rochelle, p. 59-71.
56 Manseau I., Les prêtres et religieux déportés sur les côtes et dans les îles de la Charente-Inférieure, Lille, Desclée de Drouwer, 1886, XIX-455 p. et IV-499 p.
57 Dubois L.-M., Rochefort et les pontons de l’île d’Aix, Nantes, Librairie catholique Libaros, 1890, 327 p.
58 Bulletin de la Société des Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis [par la suite abrégée en : BSAHSA], 1891, p. 133.
59 Cf. Glénisson J., « Louis Audiat », BSAHSA, nlle série, t. 1, 1976, p. 16-27 ; Jeune S., « Un Saintais érudit, bibliothécaire et homme d’action, Louis Audiat (1833-1903) », Revue française d’histoire du livre, 1996, n ° 92-93, p. 393-404.
60 Les pontons de Rochefort, 1793. (Relation de ce qu’ont souffert les prêtres conduits à la rade de l’isle d’Aix, à la fin de l’année 1793 et au commencement de 1794, suivie de plusieurs catalogues utiles, par les abbés Antoine Lequin et Claude Dumonet), Paris, [1872]. Cette publication est saluée dans le Bulletin religieux (BR, 5 septembre 1872, p. 163-165 et 12 octobre 1872, p. 169-170).
61 Parmi ses publications, signalons : Étude historique. Rochefort-sur-Mer (1789-1802)... La Rochelle, Imprimerie rochelaise, 1901, 121 p. ; « Le clergé de la Charente-Inférieure pendant la Révolution », BSAHSA, t. XXV, 1905, p. 322-338, t. XXVI, 1906, p. 99-116, t. XXVII, 1907, p. 36-54, 163-170, 269-276, 330-337 et 361-387 ; « La propriété foncière et la vente des biens ecclésiastiques dans la Charente-Inférieure », Revue des Questions historiques, t. XXXV, 1906, p. 136-152 ; « Reconstitution du clergé de la Charente-Inférieure avant le Concordat », BSAHSA, t. XXIX, 1909, p. 234-245 ; « L’organisation du clergé en 1803 dans le département de la Charente-Inférieure », ibid., t. XXX, 1910, p. 52-60, 123-134 et 199-204 ; Le tribunal révolutionnaire de Rochefort, La Rochelle, Impr. nouvelle Noël Texier, 1912, 130 p. ; « Les journées des 21 et 22 mars 1793 à La Rochelle », BSAHSA, t. XXXII, 1912, p. 201-211 ; « La fin de la déportation ecclésiastique dans les îles de Ré et d’Oléron, 1802 », ibid., t. XXXIII, 1913, p. 5-18.
62 CSA, 13 octobre 1907.
63 C’est dans cette perspective que sont publiés : Lemonnier P., La Déportation ecclésiastique à Rochefort (1794-1795) d’après les documents officiels, La Rochelle, Impr. Noël Texier (Société des Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis), 1916, 270 p. ; Les prêtres déportés et l’Eucharistie d’après les mémoires des survivants, Rochefort, Impr. A. Thoyon-Thèze, 1929, 64 p. (1re éd. : 1916) ; Martyrologe... op. cit.
64 [Poivert L.], Histoire populaire des prêtres déportés en Charente-Inférieure. 1793-1795, Cognac, Impressions Ch. Collas & Cie [1914], 64 p. ; Poivert L., Les Martyrs des Pontons, 1794-1795. Rochefort, l’île Madame, Brouage, La Rochelle, F. Pijollet, 1926, 64 p. ; Les Martyrs des Pontons (1794-1795), Paris, Bonne Presse, 1928, 187 p. ; La déportation ecclésiastique de l’an II (novembre 1793-avril 1795) sur les Pontons de Rochefort, La Rochelle, Imprimerie rochelaise, 1934, 63 p.
65 Hérissay J., Les Pontons de Rochefort : 1792-1795. Les prêtres pendant la Terreur, Paris, Perrin et Cie, 1925, 452 p.
66 Aubray G. [pseudonyme de Gabriel Audiat], Un reliquaire national. Les six cents prêtres martyrs des îles de la Charente (1793-1795), Paris, Librairie des catéchismes, 1912, 70 p.
67 CSA, 22 septembre 1912.
68 Le Réveil, juin 1912.
69 CSA, 17 septembre 1911.
70 [Poivert L.], Histoire populaire... op. cit., p. 3.
71 RHEF, t. IV, 1913, no 22, p. 472.
72 Le Réveil et son supplément. Le Bon Semeur. Bulletin cantonal de Saint-Agnant..., 1909-1914. Il ne paraît pas renaître après la Première Guerre mondiale.
73 BR, 17 janvier 1891, p. 338.
74 « Œuvre de Notre-Dame-des-Martyrs », BR, 26 octobre 1889, p. 189 et 191.
75 CSA, 4 août 1912.
76 [Poivert L.], Histoire populaire... op. cit., p. 3 et 4.
77 Poivert L., Les Martyrs des Pontons... op. cit., p. 3-4.
78 Poivert L., Les Martyrs des Pontons (1794-1795), op. cit., p. 5.
79 BR, 25 août 1928, p. 58.
80 Le Réveil cantonal, septembre 1912.
81 CSA, 24 août 1924.
82 CSA, 25 août 1929
83 CSA, 24 août 1913.
84 La Croix, 8 juillet 1916, p. 2.
85 CSA, 21 août 1927.
86 CSA, 28 août 1921. Le Bulletin religieux ne souffle mot du contenu de l’allocution du chanoine Dufayet.
87 CSA, 12 juillet 1914.
88 BR, 24 juillet 1920, p. 32 ; CSA, 24 juillet 1921.
89 BR, 9 août 1919, p. 45-47.
90 BR, 6 septembre 1890, p. 112.
91 BR, 26 septembre 1908, p. 153.
92 CSA, 10 août 1924.
93 Arch. dioc. La Rochelle, 7 G I 17. Lettre de P. Bret à L. Poivert, 30 septembre 1928.
94 CSA, 26 août 1928.
95 Le Réveil cantonal, juin 1912.
96 Arch. dioc. La Rochelle, 7 G I 17. Lettre de Paul Lagrange ( ?) à L. Poivert, 19 mars 1929.
97 CSA, 5 juin 1920.
98 Le Réveil cantonal, décembre 1911.
99 e. g. : Fristot M., « Les Pontons de Rochefort ». Jacques-Pierre Poitevin, 1744-1794, confesseur de la foi, Leiden, 1998, p. 13-14.
100 Les sondages réalisés dans la presse politique de droite pendant l’entre-deux-guerres n’a pas permis de repérer la venue d’une délégation de l’UCAS à l’île Madame. L’historique du mouvement n’en signale pas non plus. Cf. Dix ans d’Union catholique en Aunis et Saintonge (1925-1935), La Rochelle, Secrétariat de l’UCAS, 1935, 69 p.
101 CSA, 31 mai 1914.
102 Gazette d’Aunis, 20 juillet et 13 août 1924.
103 C’est une différence par rapport au Doubs étudié par J.-L. Mayaud, dans : « Pour une généalogie de la mémoire contre-révolutionnaire : la petite Vendée du Doubs », J.-C. Martin (dir.), Religion et Révolution, Paris, Anthropos, 1994, p. 215-227.
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