Une politique du pèlerinage ? Les sanctuaires catholiques du diocèse de Poitiers au XVIIe siècle
p. 27-44
Texte intégral
1Le 7 juillet 16151, l’Assemblée Générale du Clergé de France – qui est alors la plus haute et prestigieuse instance ecclésiastique du royaume – adopte à l’unanimité les clauses du concile de Trente2. L’événement est d’importance : cette décision intègre pour plusieurs siècles « l’esprit de la réforme catholique romaine » au patrimoine spirituel de l’Église gallicane3. En acceptant le texte conciliaire, l’organisation catholique française entend clairement montrer sa différence par rapport au protestantisme4, dont le poids institutionnel dans le pays ne cesse de se renforcer depuis le milieu du XVIe siècle et davantage encore depuis l’édit de Nantes (avril 1598)5. L’Église de France y réaffirme notamment son attachement à quelques croyances fondamentales et à des pratiques religieuses qui font l’identité du catholicisme : le purgatoire, les sept sacrements, l’importance des œuvres, la transsubstantiation, les indulgences ou encore le culte des saints et des reliques6. En validant les décisions tridentines, les autorités cléricales françaises continuent également de reconnaître la valeur des pèlerinages, qui ont toujours pour tout catholique une double signification7. Il s’agit d’abord, en tant que telle, d’une pratique religieuse très ancienne, et qui s’est énormément développée au cours du Moyen Âge8. Elle consiste dans l’accomplissement d’un voyage – plus ou moins lointain – effectué par un chrétien (appelé pèlerin) dans un sanctuaire conservant des reliques d’un saint ou les traces de son intervention considérée comme miraculeuse. Mais le pèlerinage a une seconde signification : il représente aussi une croyance particulière. Tout croyant est effectivement convaincu que se rendre et se recueillir dans ce genre de sanctuaire lui permet de prier le saint d’intercéder pour le salut de son âme. Selon la doctrine officielle, cela lui offre la possibilité d’obtenir des indulgences, c’est-à-dire de « raccourcir » substantiellement sa peine de purgatoire. Bien évidemment, un tel discours et de telles pratiques s’opposent frontalement aux dogmes et aux usages calvinistes, qui prévalent au même moment dans le royaume de France9.
2En tout cas, la réaffirmation de ce type de croyances au plus haut niveau de l’Église apostolique et romaine ne reste pas sans effet dans le diocèse de Poitiers. Dans le second tiers du XVIIe siècle, on voit effectivement s’activer ou se réactiver plusieurs lieux de pèlerinage poitevin : on en relève alors au moins six, tant et si bien que l’on peut se demander si leur apparition (ou réapparition) n’est pas le résultat d’une véritable volonté politico-religieuse. Afin d’être le plus complet possible, on se propose modestement ici d’essayer de répondre successivement aux trois questions suivantes. Tout d’abord, quel est exactement le contexte régional de créations (ou de restaurations) de ces sanctuaires pour pèlerins ? Où sont-ils exactement créés (ou réactivés) et par quelles autorités politiques ou religieuses ? Enfin, quels sont précisément les objectifs réels des fondations (ou refondations) de ces centres poitevins de pèlerinage ?
Un contexte provincial favorable à un renouveau catholique
3Dans la première moitié du XVIIe siècle, le Centre-Ouest français – et plus spécialement la province poitevine – présente un profil très particulier, qui semble plutôt propice à l’apparition ou réactivation de lieux de rassemblement pour pèlerins.
4Tout d’abord, le diocèse de Poitiers apparaît en pleine reconstruction sur le plan religieux. Si l’on se fie aux procès-verbaux de 123 visites d’établissements catholiques effectuées en 1634, les structures ecclésiales et l’encadrement du clergé laissent beaucoup à désirer10. Les bâtiments paroissiaux (églises, chapelles) semblent alors extrêmement détériorés : presque la moitié d’entre eux (53 sur 123) serait même à totalement reconstruire. Comme les curés en exercice sont souvent dans l’incapacité de loger au milieu de leurs ouailles (un tiers seulement des presbytères semble utilisable), la plupart ne réside pas sur place. Dans ces conditions, l’administration des sacrements catholiques se fait visiblement assez difficilement dans une grande majorité de communautés villageoises. Comment expliquer une situation aussi calamiteuse, et évidemment très dommageable au bon encadrement des fidèles ? La principale explication est à chercher dans l’histoire tourmentée de la province depuis le milieu du XVIe siècle11. Le diocèse de Poitiers est effectivement le théâtre privilégié de nombreuses opérations militaires : c’est le cas pendant les premières guerres de religion, notamment au cours des années 1562-1563, 1567-1568, 1568-1570 et 1574-157612. Plus récemment, la région a même servi de base arrière aux troupes royales pendant le siège de La Rochelle à la fin des années 162013. Cette longue période d’instabilité a évidemment de graves conséquences sur la vie religieuse locale : elle occasionne l’abandon de nombreux lieux de culte, voire parfois leur destruction par les partisans de l’Église concurrente. Dès lors, on comprend mieux la priorité des évêques poitevins une fois les troubles terminés : la remise en ordre et la restauration du diocèse. Telle est la mission première de la fin de l’épiscopat de Mgr Geoffroy de Saint-Belin (1577-1611), et surtout du ministère très marquant de Mgr Henri-Louis Chasteigner de La Rocheposay entre 1612 et 1651. C’est d’ailleurs sous l’action de ce dernier que le Poitou tourne vraiment la page des guerres de religion, et voit les premiers effets d’une politique toute inspirée de la Contre-Réforme catholique14.
5Il est vrai que le territoire diocésain abrite, en son sein, une forte minorité protestante depuis le milieu du siècle précédent. Le Poitou fait partie de cet ensemble de territoires que les historiens ont pris l’habitude d’appeler, depuis les travaux du pasteur Mours, le fameux « croissant huguenot français15 ». Dans la première moitié du XVIIe siècle, le diocèse de Poitiers compte en effet quelques dizaines de milliers de calvinistes, soit certainement plus de 10 % de l’ensemble de la population. Leur implantation géographique est très spécifique, puisqu’elle se concentre essentiellement dans deux types de secteurs. Les communautés huguenotes sont d’abord importantes dans plusieurs villes poitevines, où elles peuvent représenter entre le quart et la moitié des habitants : c’est le cas notamment à Niort, Châtellerault, Loudun, Thouars, Melle, Saint-Maixent, Civray, Lusignan ou Chauvigny16. Cependant, les réformés sont surtout nombreux dans les campagnes du quart Sud-Ouest du diocèse : ils paraissent même majoritaires dans les « pays » mellois et saint-maxentais, plus spécialement dans les paroisses du pentagone Couhé-Jazeneuil-Cherveux-Souché-Gournay17. Toutes ces populations calvinistes semblent, en outre, bien organisées et profitent encore pleinement des droits et libertés octroyés par l’édit de Nantes (avril 1598)18. Elles disposent alors d’une trentaine de lieux de culte, et d’autant de pasteurs sur les terres du diocèse de Poitiers. Ces églises protestantes sont rattachées administrativement – à quelques rares exceptions près – soit au colloque du Haut-Poitou, soit à celui du Moyen-Poitou19. Toutes ces institutions réformées fonctionnent d’ailleurs très correctement dans les premières décennies du XVIIe siècle : les assemblées se réunissent régulièrement en synode provincial dans la région (à Niort et à Saint-Maixent notamment), et un synode national se tient même à Loudun en 165920. Enfin, jusqu’à la fin des années 1620, il existe officiellement cinq places de sûreté protestantes (Thouars, Loudun, Châtellerault, Niort et Saint-Maixent) sur les terres dépendant de l’évêque de Poitiers. C’est dire la présence du « parti » calviniste dans ce secteur du Centre-Ouest français ! Dès lors, on comprend mieux la politique menée par Mgr Henri-Louis Chasteigner de La Rocheposay, qui s’emploie à lutter contre le protestantisme durant tout son épiscopat. Pour cela, il favorise l’implantation de nouvelles congrégations dans son diocèse, appuie les initiatives de la Compagnie du Saint-Sacrement très active à Poitiers21, et encourage toutes les missions religieuses dans sa circonscription22. Par bien des aspects, le Poitou est alors une zone de « frontière religieuse » dans laquelle s’affrontent – avec passion, et souvent avec violence – les tenants du catholicisme et les défenseurs de la Réforme23.
6La région poitevine est enfin un territoire qui paraît beaucoup intéresser les plus hautes sphères politiques et religieuses dans la première moitié du XVIIe siècle. Cet intérêt – qui ne se dément pas jusqu’au début du règne personnel du roi Louis XIV – se perçoit alors à plusieurs séries de décisions ou d’événements. Tout d’abord, dès 1616, la généralité de Poitiers est l’une des premières de France à être dotée d’un « intendant de justice, police et finances24 » (seules les généralités de Lyon, Riom, Dijon et Montpellier la devancent, dans ce domaine, de quelques années25). L’installation précoce de ce commissaire royal – agent essentiel de l’absolutisme naissant, et aux compétences multiples – montre alors toute l’importance de la province pour la monarchie26. L’année suivante (1617), la Papauté montre tout autant d’intérêt pour cette région française, puisqu’elle érige le Poitou en « terre de mission » et le rattache directement au dicastère du Saint-Siège : il devient donc « prioritaire » pour toutes les entreprises missionnaires dans le royaume des successeurs de Clovis27. Parallèlement, les souverains français n’hésitent pas à passer quelques jours, voire à séjourner plus longtemps, en ces terres du Centre-Ouest lorsqu’ils le jugent nécessaire. C’est le cas de Henri IV en 1602, de Louis XIII en 1614, 1615, 1616, 1619, 1620 ou 1622, ou encore du jeune Louis XIV en 1650 et 165128. Dans les années 1620, l’Assemblée Générale du Clergé de France – qui est alors la plus éminente institution de l’Église gallicane29 – tient par ailleurs ses séances à deux reprises dans la ville de Poitiers. Elle y siège effectivement en 1621 au couvent des Augustins (9 juillet-2 août), puis en 1628 dans une salle de l’Évêché au moment de l’ultime guerre de religion contre les Rochelais (7 février-11 avril)30. Toutefois, l’événement institutionnel qui montre que le Poitou est alors l’une des grandes préoccupations du régime se déroule à la fin de l’année 163431. Cette année là, le Parlement de Paris se déplace en grande pompe dans la capitale poitevine, et tient durant plus de trois mois (entre septembre et décembre) des sessions extraordinaires appelées Grands Jours32. Durant leurs travaux, ces Grands Jours examinent les affaires laissées en suspens par les juges locaux, instruisent les plaintes que leur adressent certains justiciables, tout en promulguant un grand nombre d’arrêts en faveur de l’Église catholique et à l’encontre des protestants. À bien des égards, la tenue de ce tribunal extraordinaire peut être vue comme l’une des premières grandes manifestations de l’absolutisme royal, visant à rétablir l’ordre et à imposer la Réforme catholique dans la province33. Ces divers éléments conjoncturels (installation d’un intendant, Grands Jours, réunions de l’Assemblée Générale du Clergé, séjours des différents souverains) montrent, en tout cas, la très forte attention que portent les autorités du pays au territoire poitevin. Cela a évidemment des conséquences manifestes sur la vie politique, mais aussi religieuse du diocèse de Poitiers, les deux aspects étant encore très liés en ce Grand Siècle.
Un diocèse de Poitiers sur lequel se réactivent (ou se créent) plusieurs sanctuaires pour pèlerins
7Dans ce contexte régional assez particulier, on assiste à la « réactivation » – voire à la « création » – de plusieurs centres de pèlerinage dans le diocèse de Poitiers entre les années 1630 et les années 1660. Dans la plupart des cas, l’initiative en revient à une autorité politique ou religieuse, qui peut être locale et poitevine mais aussi parfois plus lointaine et prestigieuse. Même si les sources s’avèrent souvent incomplètes, il est possible de classer ces sanctuaires pour pèlerins, très schématiquement, en trois grandes catégories.
8Il y aurait, tout d’abord, ceux qui sont situés dans la ville même de Poitiers, capitale religieuse de la province. C’est le cas, au premier chef, de la collégiale sainte Radegonde (du nom de la reine des Francs du VIe siècle, épouse du roi Clotaire, et fondatrice de l’abbaye Sainte-Croix) qui est l’une des institutions ecclésiastiques les plus importantes du diocèse depuis les premiers siècles du Moyen Âge34. À partir du XIIIe siècle au moins, des pèlerins – attirés par les « miracles » qui seraient survenus en ces lieux – ont l’habitude de venir se recueillir devant le tombeau de Radegonde, installé dans la crypte de l’église35. La principale célébration en l’honneur de la sainte a alors lieu le 13 août, jour anniversaire de la mort de la reine. Or, le 27 mai 1562 (au début des guerres de religion), sa sépulture est profanée par des Gascons huguenots : ceux-ci rompent le couvercle du tombeau, puis font brûler une partie des ossements dans la nef36. On ne sait par quel prodige, une autre partie des restes de la sainte aurait néanmoins été sauvée par de « bons chrétiens », si bien que le sépulcre peut être reconstitué au mois de février 1566. Après cet épisode, le sanctuaire paraît cependant un peu moins attractif qu’auparavant, et cette situation semble durer jusqu’aux premières décennies du XVIIe siècle. En définitif, il faut attendre les années 1640 pour que l’église en question retrouve tout son lustre, grâce aux actions de plusieurs grands personnages. Ainsi, en 1642, l’évêque diocésain, Henri-Louis Chasteigner de la Rocheposay fonde la confrérie du tombeau de sainte Radegonde, afin de réorganiser au mieux le pèlerinage en ces lieux37. L’année suivante (1643), le docteur régent Jean Filleau, qui est alors l’un des plus influents juristes de la faculté de droit de Poitiers38, publie un ouvrage hagiographique sur la vie de Radegonde, ce qui constitue une excellente publicité pour le culte de la sainte39. Toutefois, c’est surtout la faveur de la famille royale, et plus spécialement de la reine mère Anne d’Autriche, qui donne au pèlerinage poitevin une autre dimension40. Au mois de novembre 1649, elle s’affilie avec ses deux fils (le jeune Louis XIV et son frère) à la confrérie de sainte Radegonde. L’année suivante, elle profite d’une escale à Poitiers (22 juillet 1650) pour faire pèlerinage au tombeau de la sainte. En 1653, elle finance l’aménagement de la crypte et de l’autel de l’église, et fait faire au sculpteur Nicolas Legendre une statue en marbre de la reine des Francs pour l’installer près de la sépulture. Cinq ans plus tard (septembre 1658), en remerciement d’un vœu qu’aurait exaucé la sainte (la guérison du roi Louis XIV, tombé malade lors d’une campagne militaire en Flandre), Anne d’Autriche accorde au chapitre Sainte-Radegonde un capital de 1 800 livres tournois. Enfin, en 1662, la reine mère octroie encore des ornements à l’église poitevine, si chère à son cœur. C’est dire la promotion dont bénéficie alors l’établissement : cela le réactive et lui permet certainement d’attirer en ses murs un plus grand nombre de pèlerins. Un autre grand sanctuaire connaît une évolution similaire à Poitiers à la même période : l’église collégiale de Saint-Hilaire le Grand qui ne relève alors que du Saint-Siège et a officiellement pour abbé le roi de France41. Ce prestigieux chapitre conserve depuis le Haut Moyen Âge les reliques du premier évêque de la cité pictave (Hilaire)42, qui est vénéré pour être le premier évangélisateur du Centre-Ouest français (avec Martin de Tours) et l’un des premiers savants de la « science de Dieu43 ». Durant la plus grande partie de l’époque médiévale, cet établissement est donc un centre de pèlerinage important, en particulier à l’occasion des fêtes annuelles organisées en l’honneur du saint le 13 janvier et le 26 juin44. Toutefois, le 27 mai 1562, l’église est pillée (le même jour que la collégiale Sainte-Radegonde) par une bande de jeunes protestants, et ses tombeaux profanés, si bien que Saint-Hilaire n’attire apparemment plus de pèlerins à la fin du XVIe et dans la première moitié du XVIIe siècle45. Par le plus heureux des hasards, on « redécouvre » opportunément des restes du premier évêque de Poitiers dans une tombe située derrière le maître-autel du chapitre Saint-Georges du Puy en Auvergne au mois de juillet 165546. Dès qu’ils en ont connaissance, les chanoines poitevins envoient deux commissaires au Puy, afin d’avoir la possibilité de récupérer ces précieuses reliques47. Ces derniers sont soutenus, dans leur démarche, par le roi Louis XIV (institutionnellement leur abbé en titre) qui leur a délivré pour l’occasion des lettres de recommandation. Devant un tel ordre, l’évêque du Puy leur remet solennellement « l’humérus du bras gauche de saint Hilaire [...] ainsi qu’une partie du crâne noircie par le feu et à demi brûlée48 ». Pour fêter le « retour » des reliques du saint à Poitiers, une grande procession est organisée – en présence de tous les grands corps et autorités de la ville – à travers les rues de Poitiers à la fin du mois de novembre 165749. Dès lors, la collégiale redevient un vrai centre pour pèlerins, et cela jusqu’à la Révolution française50. Il semble, enfin, que l’on ait brièvement tenté de réactiver un troisième sanctuaire dans la cité pictave au milieu du XVIIe siècle en l’église Notre-Dame-la-Grande51. Au Moyen Âge, ce prestigieux établissement possède apparemment une image miraculeuse et une statue de la Vierge, qui attire un nombre substantiel de chrétiens52. Cette représentation mariale aurait malheureusement disparu à la fin mai 1562, lors du pillage de la ville par les huguenots... Or, quelques décennies plus tard, si l’on en croit le registre des délibérations capitulaires, un éminent notable – Antoine Citoys, professeur à la faculté de droit et « sénéchal de Richelieu53 » – remet le 29 avril 1646 aux chanoines de Notre-Dame « un livre couvert de cuir noir, contenant nombre de miracles qui sont autrefois arrivés en l’église de céans par les prières de la Vierge54 », et demande expressément à ce que ce document soit examiné par « M. [Jean] Filleau, avocat du Roi » et grande figure intellectuelle et religieuse de Poitiers55. L’objectif de l’opération parait clair : prouver le passé glorieux et « miraculeux » de la collégiale, afin d’y faire venir davantage de fidèles. Il semble pourtant que l’initiative d’Antoine Citoys n’aille alors pas plus loin... Notre-Dame-la-Grande ne devient donc pas un autre centre de pèlerinage, mais n’en reste pas moins un lieu religieux important de Poitiers, où se déroulent notamment les cérémonies commémorant le « Miracle des clefs » au mois d’avril de chaque année56.
9À côté de ces prestigieuses institutions, plusieurs petits sanctuaires ruraux paraissent se réactiver dans les campagnes poitevines dans le second tiers du XVIIe siècle. Même s’il est difficile de tous les identifier, ceux-ci se rencontrent alors dans plusieurs secteurs du diocèse. On relève, tout d’abord, un centre religieux de ce type en Montmorillonnais, au Sud-Est de Poitiers57. La petite bourgade de Plaisance-sur-Gartempe semble effectivement attirer, à partir du XIIIe siècle et jusqu’à la fin du Moyen Âge, de nombreux pèlerins58. Ces derniers, qui viennent essentiellement de la Marche, du Poitou et du Limousin, vont y prier aux pieds d’une petite statue de la Vierge. Certains souverains français y seraient même venus s’y recueillir au XIIIe siècle, comme les rois Louis VIII et Philippe IV. Comme beaucoup d’autres établissements ecclésiastiques, ce lieu de culte souffre énormément des guerres de religion dans la seconde moitié du XVIe siècle, et paraît encore en très mauvais état lors de la visite pastorale de 1634. Toutefois, même si on en ignore les raisons, la situation change très nettement dans les années suivantes. En effet, un témoignage de Pierre du Dorat daté de 1654 assure que le sanctuaire connaîtrait alors un renouveau spectaculaire : selon cet auteur, le « peuple circonvoisin » s’y presserait même « en grande affluence » pour prendre part aux processions et cérémonies qui y seraient organisées59. À une centaine de kilomètres de là, dans le Nord-Ouest du diocèse, se dresse un autre centre religieux dans la bourgade de Puy-Notre-Dame située en terres déjà angevines. Depuis au moins la fin du XIVe siècle, l’église du lieu y possède en effet une remarquable relique : « La sainte Ceinture de la Vierge60. » Cet objet, très vénéré à la fin du Moyen Âge, a la réputation d’assurer une heureuse délivrance aux femmes enceintes : elle aurait d’ailleurs permis à l’épouse de Charles VIII et à Anne de Bretagne d’enfanter dans de bonnes conditions. À l’instar de beaucoup d’autres établissements, le chapitre de Puy-Notre-Dame rencontre beaucoup de difficultés au XVIe siècle, mais réussit à conserver sa précieuse relique. Il connaît néanmoins une royale promotion, lorsque la reine de France, Anne d’Autriche, se fait apporter la « sainte Ceinture » en 1638, alors qu’elle est enceinte du jeune Louis XIV. La naissance du jeune prince qui s’effectue dans de bonnes conditions est, bien évidemment, une excellente publicité pour ce sanctuaire, qui retrouve dès lors le lustre qui était le sien à la fin de l’époque médiévale. Enfin, un dernier centre religieux semble connaître une évolution similaire dans le Sud-Ouest du diocèse de Poitiers : l’abbaye de Celles-sur-Belle, située entre les villes de Niort et Melle. Si l’on en croit l’étude érudite d’Alfred Largeault, cet établissement monacal posséderait depuis le haut Moyen Âge, une image de la Vierge, qui aurait suscité des « miracles » et un flux régulier de pèlerins à partir de la fin du XIe siècle61. Les passages de « gens de guerre » dans la seconde moitié du XVIe siècle sont néanmoins très dommageables à l’abbaye : celle-ci subit d’importants pillages en 1568 par les protestants62, et sa sainte image disparaît alors. Il semble que le pèlerinage n’y ait repris qu’au début des années 1630. L’initiative en revient aux Capucins : ceux-ci auraient réussi à y réinstaurer le culte marial afin de redonner espoir aux populations locales, alors frappées par une épouvantable épidémie de peste63.
10On relève, enfin, un dernier sanctuaire notable dans le diocèse de Poitiers : Notre-Dame de Pitié, située dans la paroisse de La Chapelle-Saint-Laurent en Gâtine poitevine64. Même s’il est – comme les précédents – installé en zone rurale, ce centre religieux semble présenter une originalité de taille : il paraît le seul à avoir été réellement créé au XVIIe siècle. Géographiquement, il est établi à soixante-dix kilomètres environ à l’Ouest de Poitiers, aux limites du diocèse voisin de La Rochelle, et à proximité – est-ce vraiment un hasard ? – du secteur protestant de Moncoutant65. Ce lieu de pèlerinage se développe à partir du milieu des années 1640, lorsque l’archiprêtre de Parthenay – du nom de Gabriel Voisine – décide de s’installer à La Chapelle-Saint-Laurent (et non plus, comme ses prédécesseurs, dans la cité parthenaisienne)66. Cet ecclésiastique semble, en effet, être à l’origine de l’essor et de l’attractivité d’une statue miraculeuse de la Vierge, découverte opportunément en ces lieux et exposée en la chapelle Notre-Dame-de-Pitié67. Dès 1650, une confrérie de la charité composée exclusivement de « dames et de demoiselles » y est fondée, afin de favoriser l’accueil des pèlerins, notamment des malades68. Très vite surtout, le pèlerinage est soutenu et encouragé par les évêques de Poitiers (Mgr de La Rocheposay, Mgr de Clérembault, Mgr Baglion de Saillant), mais aussi – plus surprenant – par les souverains pontifes de la seconde moitié du XVIIe siècle. Ainsi, en 1667, le pape Alexandre VII accorde, par un bref daté du 15 juillet, « une indulgence plénière et la rémission de tous les pêchés à tous et chacun des fidèles de l’un et l’autre sexe, qui [...] visiteront dévotement chaque année, en la fête de saint Laurent, depuis les premières vêpres jusqu’au soleil couché du même jour » ledit sanctuaire69. Le pape Innocent XI en fait de même le 25 janvier 1689, ainsi que son successeur Innocent XII le 20 juillet 1691. Cela montre l’importance non négligeable de ce sanctuaire, qui est sans doute le plus attractif du diocèse après ceux de Poitiers sous le règne de Louis XIV70.
11Quoi qu’il en soit, si l’on fait rapidement le bilan à l’échelle de la circonscription diocésaine : au moins six lieux de pèlerinage sont réactivés ou créés en moins de trois décennies, avec l’appui des instances royales (Anne d’Autriche, Louis XIV), de certaines autorités locales (chapitre Saint-Hilaire-le-Grand, universitaires...), du clergé (évêques, archiprêtre de Parthenay, Capucins, curé de Plaisance...) voire de la Papauté. Il existe donc un certain dynamisme, en la matière, en territoire poitevin71. Encore convient-il d’essayer d’en trouver les raisons.
Une politique du pèlerinage qui vise avant tout à contrer les progrès du protestantisme dans le Centre-Ouest
12Bien évidemment, il est important de tenter d’expliquer cette politique de « réactivation » (voire de « création ») de sanctuaires pour pèlerins, que semble connaître le Poitou dans le second tiers du XVIIe siècle. Cette politique – globalement assez cohérente à l’échelle du diocèse – paraît effectivement se fixer plusieurs objectifs, qui visent à s’opposer au protestantisme dans cette région si « stratégique » du Centre-Ouest français.
13En premier lieu, il s’agit de contribuer à ce que la ville même de Poitiers devienne une véritable « citadelle de la Contre-réforme catholique72 ». La cité des bords du Clain est alors une agglomération qui compte dans le royaume, en raison notamment de son emplacement géographique. Un mémoire de la fin du XVIe siècle exprime très bien cette réalité :
« La ville de Poitiers est le milieu, le commencement et la fin de tout ce qui peut bonnement importer à l’Estat depuis Orléans jusqu’en Bordelais. La dicte ville n’est point de moindre pois que Lyon73. »
14Il est vrai que la cité pictave est encore au XVIIe siècle une grande capitale régionale. On y trouve toutes les grandes administrations et services royaux : l’intendance de la généralité, un bureau des finances, une juridiction consulaire, le tribunal d’une vaste sénéchaussée et le second présidial en dignité du pays74. Elle abrite également en ses murs une grande université : sa faculté de droit est considérée comme l’une des plus prestigieuses du royaume, tandis sa faculté de théologie se spécialise alors dans la controverse anti-janséniste et anti-protestante75. La capitale du Poitou est, par ailleurs, une grande cité catholique, siège d’un évêché, de cinq puissants chapitres, de cinq abbayes, de trois prieurés, de vingt-quatre paroisses, d’un très grand collège tenu par la Compagnie de Jésus, sans oublier les trente ou quarante couvents et communautés religieuses76. Dans un tel environnement institutionnel et clérical, il semble important que Poitiers soit également dotée de sanctuaires de pèlerinage pour compléter ce tableau d’ensemble. Dès lors, on comprend les réactions des autorités religieuses de la ville dans les années 1640 et 1650 : elles n’hésitent pas une seconde à prendre toutes les dispositions pour « restaurer » Saint-Radegonde et Saint-Hilaire, lorsque l’occasion (intérêt d’Anne d’Autriche pour la sainte poitevine, découverte au Puy-en-Vellay de nouvelles reliques de Hilaire) se présente à elles... Une telle « réactivation » de centres pour pèlerins n’est pas spécifique à la capitale pictave : elle s’observe aussi, à la même époque, dans plusieurs autres grandes villes universitaires à proximité desquelles se trouvent d’importantes populations huguenotes. C’est le cas, en particulier, à Bordeaux, Montpellier, Aix-en-Provence ou Toulouse77.
15L’autre objectif de cette politique religieuse est, par ailleurs, de proposer plusieurs lieux de pèlerinage aux populations poitevines. Même s’il est hasardeux de croire à un plan préétabli de la part des instances cléricales, force est de constater que les six sanctuaires poitevins répertoriés quadrillent assez bien le territoire diocésain : Puy-Notre-Dame au Nord, Celles-sur-Belle et Notre-Dame-de-Pitié à l’Ouest, Sainte-Radegonde et Sainte-Hilaire-le-Grand de Poitiers au Centre, et enfin Notre-Dame de Plaisance au Sud-Est. Avec ces centres religieux créés ou nouvellement rétablis, les institutions diocésaines – alliées en la circonstance aux autorités royales – espèrent concurrencer au mieux leurs rivaux huguenots. Ces lieux pour pèlerins sont effectivement là pour tenter de convaincre les Poitevins, mais aussi les voyageurs de passage, du bien-fondé du dogme et des pratiques catholiques, apostoliques et romaines. Pour ce faire, l’Église n’hésite pas à y promouvoir un certain nombre d’actions miraculeuses, qui pourraient lui attirer davantage de fidèles78. Les sources n’ont malheureusement pas laissé beaucoup de traces des « miracles » enregistrés dans les sanctuaires poitevins. Tout d’abord, on en relève simplement trois en l’église Sainte-Radegonde de Poitiers. Ainsi, le « Père Barnabé, minime », la fille d’un certain « M. Bobe » et la fille de « M. de La Carelière » y auraient été miraculés entre 1643 et 1649, sans que l’on en connaisse exactement les détails79. Ils semblent un peu plus nombreux à Notre-Dame-de-Pitié à la fin du XVIIe siècle80. En 1696, une dénommée Marie-Anne Garnier y aurait guéri d’une « paralysie universelle ». L’année suivante, c’est au tour des enfants de Marie Robin d’y retrouver miraculeusement la parole, et au fils de Charles Chaisneau de recouvrer la santé alors que les médecins l’avaient condamné. Enfin, en 1700, la fille du même Charles Chaisneau aurait survécu à un terrible écroulement de maison, tandis qu’un certain Louis Benoist aurait bénéficié d’un « miracle de Dieu ». Il n’existe, en revanche, aucun autre témoignage d’actions miraculeuses dans les autres sanctuaires poitevins. On connaît néanmoins l’existence d’un dernier « miracle », mais qui n’est pas répertorié dans nos centres d’accueil pour pèlerins. Celui-ci serait, en effet, intervenu dans la petite paroisse de Pressac en pays civraisien, à une quarantaine de kilomètres au Sud de Poitiers le 2 avril 164381. Ce jour là, un incendie aurait pris dans l’autel après l’office dominical : on ne sait par quel prodige, le calice en étain aurait fondu en grande partie, mais l’hostie qu’il contenait n’aurait pas été endommagée82. Il n’en faut, en tout cas, pas davantage pour voir l’évêché aussitôt reconnaître le fait comme miraculeux !
16La « remise en marche » de ces sanctuaires poitevins vise enfin un dernier objectif : elle s’inscrit dans une politique plus large de lutte acharnée contre le protestantisme, qui semble aller crescendo entre le début du règne de Louis XIII et la fin de celui de Louis XIV. En effet, pour les autorités catholiques, mais aussi royales, la lutte anti-calviniste paraît prioritaire dans cette région du Centre-Ouest. Cela se vérifie par toute une série d’événements et de décisions, qui rythment l’histoire du XVIIe siècle. Tout d’abord, dès 1616, le Poitou est érigé – on l’a déjà évoqué – en « terre de mission » par Rome et directement rattaché à un dicastère du Saint-Siège, puis en 1623 à la congrégation de la propagande83. Dans les années suivantes, le Poitou est l’une des premières contrées françaises à faire l’objet de campagnes missionnaires, de la part des Capucins d’abord, puis d’autres congrégations comme les Augustins, les Carmes, ou les Lazaristes, très bien implantés dans la région84. Parallèlement, le territoire diocésain voit se multiplier les fondations de couvents et de communautés religieuses tout au long du XVIIe siècle. Même si ce courant de « pieuse invasion » s’observe alors dans toutes les provinces du royaume, il paraît particulièrement spectaculaire et important dans le diocèse de Poitiers. Ainsi, entre les années 1610 et 1700, au moins 42 nouveaux couvents féminins et sans doute autant de masculins se créent dans les villes et bourgades de la circonscription poitevine85. En tout cas, un tel élan de fondations a une explication : beaucoup de ces nouveaux établissements ont pour mission première de lutter « sur le terrain » contre le protestantisme, encore très présent sur ces terres poitevines86. En outre, au début des années 1640 – et ce n’est sans doute pas un hasard –, Poitiers est l’une des premières villes importantes du royaume à voir s’implanter en ses murs la fameuse Compagnie du Saint-Sacrement87. Cette association, qui s’adresse plutôt aux élites urbaines et intellectuelles, a également pour principal objet d’« extirper l’hérésie » huguenote du territoire français88. Le principal animateur de la Compagnie n’y est autre que Jean Filleau – déjà évoqué – avocat du Roi au présidial et docteur régent de la faculté de droit89. Or, celui-ci se montre particulièrement actif localement : très influent, il use de tout son poids auprès des autorités religieuses (notamment l’évêque Chasteigner de la Rocheposay) et judiciaires (il prend part aux Grands Jours de 1634) afin que celles-ci prennent des mesures à l’encontre de la minorité calviniste90. De façon à « réprimer avec soin les entreprises [des] hérétiques », il s’emploie même à « recueillir tous les édits, déclarations, et arrêts donnés en la matière » pour les insérer dans un « recueil qu’il a fait des règlements intervenus contre les malicieuses entreprises des religionnaires ». Son ouvrage paraît finalement en 1668 sous le titre de Décisions catholiques, ou recueil général des arrêts rendus en toutes les cours souveraines de France, en exécution ou interprétation des édits qui concernent l’exercice de la religion prétendue réformée : il semble d’ailleurs utilisé par les autorités royales comme un instrument d’ordre législatif pour persécuter calvinistes dans les années suivantes. Enfin, un dernier type de mesures marque la politique anti-protestante menée dans la province au XVIIe siècle. Le Poitou est effectivement la première région française à « expérimenter » la terrible technique de conversion par les dragonnades dans les années 168091. Une première campagne s’y opère, avec succès du point de vue catholique en 1681 (38 000 abjurations environ), puis une seconde avec des résultats tout aussi probants en 1685 (au moins 25 000 conversions)92. Ainsi, si l’on se risque à un bilan sur l’ensemble du siècle, la province poitevine semble occuper la première position pour toutes les initiatives et expérimentations contre les religionnaires. Pourquoi une telle priorité ? Peut-être tout simplement parce que le Poitou représente la partie la plus septentrionale – et la plus proche de Paris – de ce que l’on a l’habitude d’appeler le « croissant huguenot » français. Dans l’esprit des autorités, pour conduire efficacement cette lutte contre les protestants français, il convient de commencer d’abord par la région de Poitiers. La réactivation des sanctuaires poitevins du diocèse entre les années 1630 et 1660 ne semble donc être, en définitive, qu’un des éléments de cette politique plus large de reconquête catholique.
Dates | Sanctuaires concernés | Bénéficiaires du « miracle » | Natures du « miracle » |
Pâque 1643 | Sainte-Radegonde de Poitiers | Le Père Barnabé, minime | |
Mars 1648 | Sainte-Radegonde de Poitiers | La fille de M. Bobe | |
Août 1649 | Sainte-Radegonde de Poitiers | La fille de M. de la Carelière | |
1696 | Notre-Dame-de-Pitié | Marie Anne Garnier | Guérison d’une paralysie universelle |
Août 1697 | Notre-Dame-de-Pitié | Les enfants de Marie Robin : André Jousset et Jean Jousset | Recouvrance de la parole (ils n’avaient pas parlé jusqu’à 6/7 ans) |
Août 1697 | Notre-Dame-de-Pitié | Le fils de Charles Chaisneau : Charles Alexis Chaisneau | Guérison alors que les médecins l’avaient condamné |
1700 | Notre-Dame-de-Pitié | La fille de Charles Chaisneau | Elle survit à l’écroulement d’un mur et est opportunémént sauvée par une femme de passage |
Août 1700 | Notre-Dame-de-Pitié | Louis Benoist |
Conclusion
17Au terme de cette rapide présentation, il s’avère nécessaire de tirer quelques enseignements d’ordre général sur ces lieux de pèlerinage poitevins du XVIIe siècle.
18Tout d’abord, il est important d’essayer de répondre à la question initiale de cet essai : les autorités royales et ecclésiastiques ont-elles mené une véritable politique du pèlerinage entre les années 1630 et 1660 ? Même si la réponse à cette interrogation mérite beaucoup de prudence, il semble bien que l’État français (Anne d’Autriche, Louis XIV) et les responsables cléricaux du moment (les évêques de Poitiers, les Capucins...) aient souvent agi de concert pour favoriser la restauration, voire la création, de nouveaux sanctuaires pour pèlerins. On ne peut d’ailleurs qu’être étonné – mais est-ce vraiment si surprenant ? – de la localisation équilibrée de ces centres religieux, qui se répartissent plutôt bien entre les différents secteurs du diocèse. Par ailleurs, la remise en ordre de ces lieux de culte s’inscrit parfaitement dans une politique plus générale d’opposition au protestantisme, qui se révèle prioritaire dans le Centre-Ouest français tout au long de ce Grand siècle.
19Malgré la volonté des autorités de les voir prospérer, ces sanctuaires ne semblent pas connaître une audience toujours très importante au XVIIe siècle. Certes, à l’occasion, des observateurs de passage s’étonnent de la grande ferveur qui règne en ces lieux. C’est le cas, par exemple, du jeune Écossais John Lauder visiblement très impressionné par « la foule » qui se rend le 14 août 1665 en l’église de Sainte-Radegonde sur le tombeau de la reine des Francs93. Pourtant, ces centres poitevins attirent apparemment beaucoup moins de pèlerins que le Mont-Saint-Michel, Chartres, Rocamadour, La Sainte-Baume ou Le Puy, qui sont alors des grands lieux de rassemblement nationaux94. Ils ont même moins de succès que d’autres pèlerinages de dimension régionale, comme certaines églises et chapelles de Lille95, Notre-Dame des Lumières en Lubéron96, Notre-Dame de Verdelais en « pays » bordelais97, Notre-Dame d’Auray en Sud-Bretagne98, ou encore Notre-Dame des Ardilliers à Saumur99. Beaucoup de Poitevins semblent d’ailleurs fréquenter ce dernier sanctuaire des bords de Loire, très proche du Poitou : on y relève effectivement pas moins de 20 « miraculés » pictaves parmi les 124 enregistrés entre 1594 et 1713100.
20Après la Révocation de l’édit de Nantes, comme dans la plupart des autres régions de France, ces centres poitevins pour pèlerins semblent rencontrer plus de difficultés. Sans la concurrence protestante et avec la diffusion des idées des Lumières, les pèlerinages rencontrent effectivement moins de ferveur qu’au cours des décennies précédentes, même si ils se maintiennent – bon an mal an – jusqu’à la Révolution française101.
Notes de bas de page
1 Je tiens à remercier Jérôme Grévy, Jacques Marcadé, Olivier Jeanne-Rose, Régis Rech, Pierre Quernez, Didier Poton et Élise Bernier pour l’aide qu’ils ont pu m’apporter dans la réalisation de ce travail.
2 Pierre Blet, Le Clergé de France et la Monarchie. Étude sur les Assemblées Générales du Clergé de 1615 à 1666, Rome, 1959, t. I, p. 112-133.
3 Ibidem, p. 132.
4 Élisabeth Labrousse, Robert Sauzet, « La lente mise en place de la réforme tridentine (1598-1661) », dans Histoire de la France religieuse (dir. Jacques Le Goffet René Rémond), t. II, Du Christianisme flamboyant à l’aube des Lumières, Paris, 1988, p. 321-473, en particulier p. 369-374.
5 Didier Poton, Patrick Cabanel, Les protestants français du XVIe au XXe siècle, Paris, 1994, p. 20-33.
6 Marc Vénard, « L’Église catholique », dans Histoire du christianisme des origines à nos jours (dir. Jean-Marie Mayeur, Charles Piétri, André Vauchez, Marc Vénard), t. VIII, Le temps des confessions (1530-1620/1630), Desclée, 1992, p. 223-279, en particulier p. 235-246.
7 Jean Chélini, Henry Branthomme, Les chemins de Dieu. Histoire des pèlerinages chrétiens des origines à nos jours, Paris, 1982, p. 242-258.
8 Pierre-André Sigal, Les marcheurs de Dieu. Pèlerinages et pèlerins au Moyen Âge, Paris, 1974.
9 René Taveneaux, Le catholicisme dans la France classique (1610-1715), Paris, 1980, t. II, p. 379-389.
10 Daniel Hickey, « Le rôle de l’État dans la Réforme catholique : une inspection du diocèse de Poitiers lors des Grands Jours de 1634 », Revue historique, 2002, no 624, p. 939-961.
11 Jacques Péret, « Vitalité et turbulences (1515-1660) » dans Histoire du Poitou et des pays charentais (dir. Jean Combes), Clermont-Ferrand, 2001, p. 241-282, en particulier p. 268-274 ; Gérard Blier, La guerre en Poitou-Charentes Ve-XXe siècles, Le Croît Vif, Saintes, 2011, p. 53-72.
12 Nicolas Le Roux, Les guerres de religion 1559-1629, Éditions Belin, 2009, voir notamment p. 79, p. 109, p. 151, p. 169.
13 Présence militaire en Poitou-Charentes des origines à nos jours, Saint-Jean d’Angély, 1986, p. 47-59.
14 Marcelle Formon, « Henri-Louis Chasteigner de la Rocheposay, évêque de Poitiers (1612-1651) », Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1955, p. 165-231.
15 Samuel Mours, Les Églises réformées en France, Librairie protestante, 1958, p. 51 ; Didier Poton, Patrick Cabanel, Les protestants français du XVIe au XXe siècle, Paris, Nathan, 1994, p. 33.
16 Didier Poton, « Géographie du protestantisme et réseau urbain dans le Centre-Ouest à l’époque moderne (XVIe-XVIIe siècles) », dans Les réseaux urbains du Centre-Ouest Atlantique de l’Antiquité à nos jours (dir. Philippe Guignet et Jean Hiernard), Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, Poitiers, 1996, p. 213-227, en particulier p. 214-217.
17 André Benoist, Les populations rurales du Moyen Poitou Protestant de 1640 à 1789, thèse de 3e cycle, Poitiers, 1983, t. IV, p. 859.
18 Pierre Dez, Histoire des protestants et des Églises réformées du Poitou, La Rochelle, 1936, t. I, p. 229-241.
19 Patrick Cabanel, Histoire des protestants en France XVIe-XXIe siècle, Paris, 2012, p. 359.
20 Didier Poton, « Géographie du protestantisme et réseau urbain dans le Centre-Ouest à l’époque moderne (XVIe-XVIIe siècles) », dans Les réseaux urbains du Centre-Ouest Atlantique de l’Antiquité à nos jours (dir. Philippe Guignet et Jean Hiernard), Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, Poitiers, 1996, p. 217-222.
21 Marcelle Formon, « La Compagnie du Saint-Sacrement à Poitiers », Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1953, p. 526-543.
22 Jacques Marcadé, « Le XVIIe siècle : un triomphe difficile », dans Histoire du diocèse de Poitiers (dir. Robert Favreau), Paris, 1988, p. 134-155, en particulier p. 144-145.
23 Didier Poton, Fabrice Vigier, « Espaces et frontières religieuses du Centre Ouest aux XVIIIe et XVIIIe siècles », dans Les Cahiers du GERHICO, no 2, septembre 2001, p. 99-112.
24 Jean-Marie Augustin, Histoire du Poitou-Charentes. Des provinces à la Région, Geste Éditions, 2011, p. 197-200, en particulier p. 198.
25 Robert Bonney, Political change in France under Richelieu and Mazarin 1624-1661, Oxford, 1978, p. 31.
26 Alfred Barbier, « Les intendants et les commissaires royaux en Poitou de Henri III à Louis XIV », Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1902, p. 293-637.
27 Louis Pérouas, « La mission de Poitou des capucins pendant le premier quart du XVIIe siècle », Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1964, p. 349-362, en particulier p. 353.
28 Joseph Salvini, « La vie quotidienne de Louis XIII à Poitiers », Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1968, p. 367-384 ; Jean-Pierre Andrault, Poitiers à l’âge baroque 1594-1652. Une capitale de province et son corps de ville, Poitiers, Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 2003, p. 45-49.
29 Marcel Marion, Dictionnaire des institutions de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1923, p. 103-107 ; Roland Mousnier, Les institutions de la France sous la monarchie absolue 1598-1789, Paris, 1974, t. I, p. 282-298 ; Pierre Blet, « Assemblées du Clergé », dans Dictionnaire du Grand Siècle (dir. François Bluche), Paris, 1990, p. 123-125.
30 Pierre Blet, Le Clergé de France et la Monarchie. Étude sur les Assemblées Générales du Clergé de 1615 à 1666, Rome, 1959, t. I, p. 244-249 et p. 282-288.
31 Hervé Drévillon, Les rois absolus 1629-1715, Éditions Belin, 2011, p. 158-159.
32 Didier Veillon, « Un aspect de la criminalité au XVIIe siècle : les Grands Jours de Poitiers de 1634 », dans Journées régionales d’Histoire de la Justice, Poitiers, 1999, p. 223-239.
33 Joël Cornette, La mélancolie du pouvoir. Omer Talon et le procès de la raison d’État, Librairie Arthème Fayard, 1998, p. 117-250, en particulier p. 215-227.
34 Dictionnaire des Églises de France, t. IIIc, Poitou, Saintonge, Angoumois, Éditions Robert Laffont, 1967, p. 136-138 ; Marie-Thérèse Camus, Robert Favreau, Églises de Poitiers, Collection Trésors Poitevins, 2006, p. 38-49.
35 Robert Favreau (dir.), Poitiers. Sainte-Radegonde, Association des Amis de sainte Radegonde, 1999, p. 10-13.
36 Abbé Em. Briand, Histoire de sainte Radegonde, reine de France et des sanctuaires et pèlerinages en son honneur, Paris et Poitiers, 1898, p. 290-301 ; Gaston Dez, Histoire de Poitiers, Poitiers, Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1969, p. 97.
37 Jacques Marcadé, « Le culte de sainte Radegonde. Les XVIIe et XVIIIe siècles », dans Poitiers. Sainte-Radegonde (dir. Robert Favreau), Association des Amis de sainte Radegonde, 1999, p. 14-17, en particulier p. 14.
38 Fabrice Vigier, « Jean Filleau, docteur régent et doyen de la faculté de droit (1600-1682) », Dictionnaire de l’université de Poitiers (dir. Joël Dalançon), Geste Éditions, 2012, p. 183-185.
39 Jean Filleau, La preuve historique des litanies de la grande reyne de France saincte Radegonde, contenant par abrégé les actions miraculeuses de sa vie, tirées des historiens français, Poitiers, 1643.
40 L’étude de référence sur les liens entre Anne d’Autriche et sainte Radegonde est l’article suivant : Joseph Salvini, « Anne d’Autriche et sainte Radegonde. Aperçu sur la vie spirituelle d’Anne d’Autriche », Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1964, p. 331-343.
41 Dictionnaire des Églises de France, t. IIIc, Poitou, Saintonge, Angoumois, Éditions Robert Laffont, 1967, p. 138-139 ; Marie-Thérèse Camus, Robert Favreau, Églises de Poitiers, Collection Trésors Poitevins, 2006, p. 92-107.
42 Robert Favreau, « Culte et mémoire de saint Hilaire », dans Hilaire de Poitiers. Paroles d’un pasteur (dir. Robert Favreau), Collection Trésors Poitevins, 2007, p. 101-115.
43 Hilaire est le premier évêque de Poitiers et aurait exercé son ministère entre 350 et 368 : Jean Hiernard, « La ville antique », dans Histoire de Poitiers (dir. Robert Favreau), Toulouse, 1985, p. 60-62 ; Georges Pon, « Les origines du christianisme », dans Histoire du diocèse de Poitiers (dir. Robert Favreau), Paris, 1988, p. 7-13.
44 Robert Favreau, « La vie religieuse des fidèles XIVe-XVe siècles », dans Histoire du diocèse de Poitiers (dir. Robert Favreau), Paris, 1988, p. 103-105.
45 M. de Longuemar, « Essai historique sur l’église collégiale de Saint-Hilaire le Grand de Poitiers », Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1856, p. 366-369.
46 Abbé Achard, « Les reliques de saint Georges, premier évêque de Velay, et de saint Hilaire, évêque de Poitiers », Congrès archéologique de France, LXXIe session tenue au Puy en 1904 par la Société française d’archéologie, Paris et Caen, 1905, p. 244-269, en particulier p. 248-250.
47 Miraculeuses découvertes des précieuses reliques de S. Hilaire évesque de Poictiers, en l’église S. Georges du Puy en Vellay. Avec la concession qui en a esté faicte par Monseigneur l’évesque du Puy [Henri de Maupas du Tour] et chapitre de ladite église de S. Georges, à l’église de Sainct Hilaire de Poictiers, Poitiers, 1657 [Médiathèque François Mitterrand de Poitiers, CP8-Saint-Hilaire].
48 Nicias Gaillard, « Dissertation sur les reliques de saint Hilaire », Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1836, p. 264-300, en particulier p. 290-291.
49 M. Bricault de Verneuil, « Journal d’Antoine Denesde, marchand ferron à Poitiers, et de Marie Barré sa femme (1628-1687) », Archives historiques du Poitou, Poitiers, 1885, t. XV, p. 180-182.
50 M. L.-F.-M. Belin de la Liborlière, Vieux souvenirs de Poitiers d’avant 1789, Poitiers, 1983, p. 31-36 ; Xavier Claveau, La communauté des chanoines de l’église collégiale de Saint-Hilaire-le-Grand de Poitiers (1762-1790), mémoire de maîtrise (direction Jacques Marcadé), Poitiers, 1993, p. 7-8.
51 Dictionnaire des Églises de France, t. IIIc, Poitou, Saintonge, Angoumois, Éditions Robert Laffont, 1967, p. 134-136 ; Robert Favreau, « Notre-Dame-la-Grande dans son quartier, au cœur de la ville », dans Notre-Dame-la-Grande. Poitiers, Aubin imprimeur, 1995, p. 12-27 ; Marie-Thérèse Camus, Robert Favreau, Églises de Poitiers, Collection Trésors Poitevins, 2006, p. 50-69.
52 Alfred Largeault, Histoire de l’abbaye de Celles-sur-Belle, Paris, Res Universis, 1991, p. 20-21.
53 H. Beauchet-Filleau et Ch. de Chergé, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, Poitiers, 1895, t. II, p. 499.
54 Archives Départementales de la Vienne, G 1309, délibération capitulaire du chapitre Notre-Damela-Grande de Poitiers du 25 avril 1646.
55 Antoine Coutelle, Croire, lire et paraître : les pratiques culturelles des élites urbaines à Poitiers au XVIIe siècle, Université Paris 13, thèse de doctorat d’histoire moderne (sous la direction de Robert Muchembled), 2007, t. II, p. 506-518.
56 Gérasime Lecointre-Dupont, « Sur le miracle des clefs et sur les processions du lundi de pâques », Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1845, p. 215-262.
57 Toujours en Montmorillonnais, la chapelle de Persac semble également avoir accueilli des pèlerins, au Moyen Âge et encore à l’époque moderne. On manque néanmoins d’informations très précises sur la chronologie de l’activité de ce sanctuaire : voir Baron Gr. d’Huart, « Persac et la châtellenie de Calais. Études historiques sur la Marche de Poitou », Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1887, p. 67-486, en particulier p. 83-112.
58 Alfred Largeault, op. cit., p. 21-22.
59 Abbé Joseph Ranger, « Le sanctuaire de Plaisance-sur-Gartempe », Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1927, p. 764-776, en particulier p. 772-773.
60 Alfred Largeault, op. cit., p. 22.
61 Ibid., op. cit., p. 14-15.
62 Celles-sur-Belle et son canton. Deux-Sèvres, Geste Éditions, 2006, p. 21.
63 Alfred Largeault, op. cit., p. 120.
64 Sur ce sanctuaire, on évitera de se référer à l’ouvrage suivant, hagiographique et surtout peu fiable : Abbé L. Albarel, Histoire du pèlerinage de Notre-Dame-de-Pitié en Poitou, Poitiers, 1866.
65 Louis Pérouas, Le diocèse de La Rochelle de 1648 à 1724. Sociologie et pastorale, Paris, EHESS, 1964, p. 498.
66 Malgré son ancienneté, l’étude de Bénoni Drochon est la plus sérieuse sur Notre-Dame-de-Pitié : Abbé A. Bénoni Drochon, Notice historique sur Notre-Dame-de-Pitié, Poitiers, 1881.
67 Ibid., op. cit., p. 19-27.
68 Ibid., op. cit., p. 43-54.
69 Ibid., op. cit., p. 67-68.
70 Abbé A. Bénoni Drochon, op. cit., p. 69-70.
71 À titre de comparaison, le nombre de sanctuaires ruraux semble beaucoup plus élevé dans le diocèse voisin de La Rochelle : l’historien Louis Pérouas en relève une quarantaine dans la première moitié du XVIIe siècle, qui lui paraissent néanmoins peu attractifs en pèlerins : voir Louis Pérouas, op. cit., p. 169-171.
72 Nous reprenons ici l’expression utilisée par l’historien Alain Lottin pour la ville de Lille à la même époque : Alain Lottin, Lille, citadelle de la Contre-réforme ? (1598-1668), Les Éditions de Beffrois, 1984.
73 Mémoire de 1579 cité dans : Jacques Péret, « Vitalité et turbulences (1515-1660) », dans Histoire du Poitou et des pays charentais (dir. Jean Combes), Éditions De Borée, Clermont Ferrand, 2001, p. 268.
74 Gaston Dez, Histoire de Poitiers, Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, Poitiers, 1969, p. 110-113.
75 Louis Coulon, L’Ulysse françois ou le voyage de France, de Flandre et de Savoye, Paris, 1643, p. 422-423 ; Fabrice Vigier, « Une grande université de province ? L’université de Poitiers aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles », dans Dictionnaire de l’université de Poitiers (dir. Joël Dalançon), Geste Éditions, 2012, p. 439-491, en particulier p. 470-477.
76 Dom Beaunier et Dom Besse, Abbayes et prieurés de l’ancienne France. Recueil historique des archevêchés, évêchés, abbayes et prieurés de France, Paris, 1910, t. III, p. 215-278 ; Charles Dugast-Matifeux, État du Poitou sous Louis XIV, Poitiers, 1976, p. 37-54.
77 Raymond Darricau et Jean-Bernard Marquette, « La Réforme catholique (1600-1719) », dans Histoire du diocèse de Bordeaux (dir. Bernard Guillemain), Paris, 1974, p. 114-147, en particulier p. 144-146 ; Philippe Loupès, L’apogée du catholicisme bordelais 1600-1789, Éditions Mollat, 2001, p. 253-262 ; Mireille Laget et Xavier Azéma, « Le siècle de la Contre-réforme », dans Histoire du diocèse de Montpellier (dir. Gérard Cholvy), Paris, 1976, p. 132-156, en particulier p. 154-155 ; André Bourde, « Le XVIIe siècle », dans Histoire du diocèse d’Aix-en-Provence (dir. Jean-Rémy Palanque), Paris, 1975, p. 90-122, en particulier p. 113-116 ; Georges Baccrabère, « Le renouveau catholique (fin XVIe-1715) », dans Histoire du diocèse de Toulouse (dir. Philippe Wolff), Paris, 1983, p. 120-143, en particulier p. 128-129 et p. 132-133.
78 Sur les fonctions du « miracle » et ses liens avec le pèlerinage au XVIIe siècle, nous renvoyons aux études suivantes : Hervé Barbin et Jean-Pierre Duteil, « Miracle et pèlerinage au XVIIe siècle », Revue d’histoire de l’Église de France, no 167, juillet-décembre 1975, p. 246-256 ; Willem Frijhoff, « La fonction du miracle dans une minorité catholique : les Provinces-Unies au XVIIe siècle », Revue d’histoire de la Spiritualité, no 48, 1972, p. 151-178 ; Jean Delumeau, « Les miracles », dans Un chemin d’histoire. Chrétienté et christianisation, Paris, 1981, p. 188-208.
79 M. Bricault de Verneuil, « Journal d’Antoine Denesde, marchand ferron à Poitiers, et de Marie Barré sa femme (1628-1687) », Archives historiques du Poitou, Poitiers, 1885, t. XV, p. 114 ; Jacques Marcadé, « Le culte de sainte Radegonde. Les XVIIe et XVIIIe siècles », dans Poitiers. Sainte-Radegonde (dir. Robert Favreau), Association des Amis de sainte Radegonde, 1999, p. 15.
80 Abbé A. Bénoni Drochon, op. cit., p. 74-77.
81 M. Bricault de Verneuil, op. cit., p. 120-121. Il est à noter que cette paroisse de Pressac se trouve dans une région du diocèse sans aucun sanctuaire pour pèlerins à proximité. Peut-être doit-on voir dans la reconnaissance de ce « miracle » par l’évêché une tentative pour combler ce manque. En effet, si on ajoutait le site de Pressac aux autres centres religieux (Puy-Notre-Dame, Notre-Damede-Pitié, Celles-sur-Belle, Sainte-Radegonde de Poitiers, Saint-Hilaire-le-Grand de Poitiers, Notre-Dame de Plaisance), tous les secteurs du diocèse de Poitiers seraient très bien pourvus en lieux officiels de pèlerinage.
82 Abbé Auber, Histoire de la cathédrale de Poitiers, Paris, 1849, t. II, p. 343-345.
83 Louis Pérouas, « La mission de Poitou des Capucins pendant le premier quart du XVIIe siècle », Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1964, p. 349-362, en particulier p. 353 ; Jacques Marcadé, « Le XVIIe siècle. Le triomphe difficile », Histoire du diocèse de Poitiers (dir. Robert Favreau), Paris, 1988, p. 135-155, en particulier p. 144-145.
84 Marcelle Formon, « Henri-Louis Chasteigner de la Rocheposay, évêque de Poitiers (1612-1651) », Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1955, p. 165-231, en particulier p. 220-226 ; Jacques Marcadé, « Le XVIIe siècle. Le triomphe difficile », Histoire du diocèse de Poitiers (dir. Robert Favreau), Paris, 1988, p. 148-149.
85 Jacques Marcadé, « Les religieuses dans le cloître sous l’Ancien Régime » dans Les congrégations féminines dans le diocèse de Poitiers VIe-XIXe siècles (dir. Jacques Marcadé), Les Amis de sainte Radegonde, Poitiers, 2005, p. 33-48 ; Fabrice Vigier, « Les religieuses poitevines dans le monde sous l’Ancien Régime », dans Les congrégations féminines dans le diocèse de Poitiers VIe-XIXe siècles (dir. Jacques Marcadé), Les Amis de sainte Radegonde, Poitiers, 2005, p. 49-79 ; Jacques Péret, « Vitalité et turbulences (1515-1660) », dans Histoire du Poitou et des pays charentais (dir. Jean Combes), Éditions de Borée, 2001, p. 276-278.
86 Pour une analyse plus complète de cet élan de fondations religieuses, nous renvoyons à notre étude : Fabrice Vigier, « Les religieuses poitevines dans le monde sous l’Ancien Régime », dans Les congrégations féminines dans le diocèse de Poitiers VIe-XIXe siècles (dir. Jacques Marcadé), Les Amis de sainte Radegonde, Poitiers, 2005, en particulier p. 67 à 79.
87 Macelle Formon, « La compagnie du Saint-Sacrement à Poitiers », Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1953, p. 526-543.
88 Alain Tallon, La Compagnie du Saint-Sacrement (1629-1667). Spiritualité et société, Paris, 1990.
89 Voir notes 37 et 38.
90 André Benoist, « Jean Filleau, avocat du Roi au Présidial, et l’activisme anti-protestant dans la sénéchaussée de Poitiers (1632-1682) », dans Catholiques et Protestants dans l’Ouest de la France du XVIe siècle à nos jours (dir. Didier Poton et André Benoist), Poitiers, Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 2006, p. 91-115.
91 Janine Garrisson, L’Édit de Nantes et sa révocation. Histoire d’une intolérance, Points Histoire, 1985, p. 153 ; Didier Poton, Patrick Cabanel, Les protestants français du XVIe au XXe siècle, Paris, 1994, p. 40-41 ; Patrick Cabanel, Histoire des protestants en France (XVIe-XXIe siècle), Paris, 2012, p. 600-606.
92 Jacques Marcadé, Protestants poitevins de la Révocation à la Révolution, Geste Éditions, 1998, p. 23-36 ; Yves Krumenacker, Les protestants du Poitou au XVIIIe siècle (1681-1789), Paris, 1998, p. 62-121.
93 Jean Plattard, Un étudiant écossais en France en 1665-1666. Journal de voyage de Sir John Lauder, Paris, 1935, p. 41-43.
94 François Lebrun, « L’enracinement (1670-1770) », dans Histoire des catholiques en France (dir. François Lebrun), Pluriel, 1985, p. 218-224.
95 Henri Platelle, Les chrétiens face au miracle. Lille au XVIIe siècle, Paris, 1968.
96 Bernard Cousin, Notre-Dame des Lumières. Trois siècles de dévotion populaire en Lubéron, Paris, 1981.
97 De Rouvray, Histoire du pèlerinage de Notre-Dame de Verdelais, Paris, 1953 ; Philippe de Bercegol, Notre-Dame de Verdelais. Légendes et réalités, Les dossiers d’Aquitaine, 2004.
98 Jean Delumeau, « Les miracles de Sainte-Anne d’Auray », dans La mort des pays de cocagne, Paris, 1976, p. 170-184 ; Georges Provost, La fête et le sacré. Pardons et pèlerinages en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1998.
99 Jacques Ploquin, « Le pèlerinage de Notre-Dame des Ardilliers », Bulletin de la Société des Lettres, Sciences et Arts du Saumurois, février 1983, no 132, p. 26-45.
100 Jean de Viguerie, Notre-Dame des Ardilliers à Saumur. Le pèlerinage de Loire, Paris, 1986, p. 162-165. Les 20 « miraculés » poitevins du sanctuaire de Notre-Dame des Ardilliers sont, dans l’ordre chronologique : Philippe Marchand de Mirebeau (1594) ; Jean Lévêque de Niort (1594) ; François Lallemand, maréchal à Niort (1595) ; Jeanne Guillon de Mirebeau (1598) ; Jeanne Bourron (1598) ; Mathurine Boutin de Poitiers (1599) ; André Armand de Poitiers (1600) ; Jean Armandet, procureur au Siège royal, de Niort (1601) ; Pierre Joussant, avocat au présidial, de Poitiers (1602) ; François Barbois de Poitiers (1619) ; Renée Minée, religieuse fontevriste, de Fontevraud (1629) ; Marguerite Pommier de Poitiers (1630) ; Antoine de Villiers, écuyer Sr de la Porte Bouton, de Niort (1630) ; Catherine Courtinier, religieuse de Notre-Dame de Poitiers (1638) ; Thérèse de Brillac, religieuse de Notre-Dame de Poitiers (1642) ; Catherine Forin, laboureur à bras, de Niort (1654) ; Père Pagerie de Poitiers (1654) ; Marie Le Brun de Poitiers (1676) ; Jeanne Trichet de Poitiers (1697) ; Catherine [...] de Bressuire (1697) ; Élisabeth Hortense Dujon de Loudun (1712).
101 Jean Chélini, Henry Branthomme, Les chemins de Dieu. Histoire des pèlerinages chrétiens des origines à nos jours, Hachette, 1982, p. 259-292.
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