Le Bouc Emissaire dans La Fée Carabine de Daniel Pennac
p. 311-330
Texte intégral
1Dans les quatre romans de Daniel Pennac, qu'il appelle lui-même "le quatuor de Belleville"1, en hommage au Quatuor d'Alexandrie de Lawrence Durrell, revient le personnage principal de Benjamin Malaussène, "bouc émissaire professionnel"2. De Au Bonheur des Ogres3 à Monsieur Malaussène4 en passant par La Fée Carabine5 et La Petite marchande de prose6, ce personnage original, narrateur souvent accablé et véritable "anti-héros", se retrouve au centre de toute une série d'événements qui semblent le dépasser. Conçus comme des romans policiers, ce qu’ils sont vraiment, les quatre romans dépassent le genre et peuvent, par bien des côtés, s'apparenter à des "romans mythologiques", c'est-à-dire qu'ils utilisent la trame de grands mythes anciens. De même que, dans Au Bonheur des Ogres, on pouvait suivre le développement du mythe de l'Ogre, de même dans La Fée Carabine on pourra s'intéresser à celui du "bouc émissaire" comme le suggérait Daniel Pennac lui-même dans l'entretien cité ci-dessus.
2Le terme de "bouc émissaire" est totalement passé dans la langue courante avec le sens de "celui sur lequel on fait retomber les fautes des autres et qu'on accuse de tous les malheurs"7. Cette expression a son origine dans la Bible, dans Le Lévitique, où sont décrits les rites du "grand Jour des Expiations" : le grand prêtre "recevra deux boucs destinés à un sacrifice pour le péché [...]. Aaron prendra ces deux boucs et les placera devant Yahvé [...]. Il tirera les sorts pour les deux boucs attribuant un sort à Yahvé et l’autre à Azazel". Le premier sera sacrifié, "quant au bouc sur lequel est tombé le sort 'à Azazel', on le placera vivant devant Yahvé pour faire sur lui le rite de l'expiation, pour l’envoyer à Azazel dans le désert"8. C'était lui le "bouc émissaire". A la lecture de cette définition, on voit bien le principe de cette tradition : un être innocent est chargé du "péché" de la foule, la disparition du "bouc" entraînant celle du péché. Le Dictionnaire des symboles précise :
La tradition du bouc émissaire est quasi universelle ; elle se retrouve dans tous les continents et s'étend jusqu'au Japon. Elle représente cette tendance profonde de l'homme à projeter sa propre culpabilité sur un autre et à satisfaire ainsi sa propre conscience qui a toujours besoin d'un responsable, d'un châtiment, d'une victime9.
3On connaît par ailleurs le brillant travail de René Girard sur ce thème qu'il a longuement développé dans Le Bouc Emissaire10, faisant suite et en quelque sorte concluant sa réflexion sur "la violence et le sacré" : à certains moments de crises, lorsqu'une société, une foule, est menacée de perdre son identité, elle va se mettre à "persécuter" tout individu ou groupe d'individus qui lui paraît différent d'elle. En l'éjectant de son sein, elle aura l'impression de retrouver son unité perdue. "Bouc émissaire désigne simultanément l'innocence des victimes, la polarisation collective qui s'effectue contre elles et la finalité collective de cette polarisation"11. René Girard fait apparaître cette structure dans de nombreux mythes anciens, dans l'Evangile ou dans certains récits historiques.
4Cette analyse est connue de Daniel Pennac puisque c'est une citation de René Girard qui sert d'exergue au premier roman, Au Bonheur des Ogres : "[...] Les fidèles espèrent qu'il suffira au saint d'être là [...] pour qu'il soit frappé à leur place" (BO, 7). Ainsi est née la figure de Benjamin Malaussène qui va traverser les quatre romans. Notre étude portera sur le deuxième roman, La Fée Carabine, dans lequel on essaiera de dégager les divers aspects de ce thème. Partant de l'évidence, Ben "bouc émissaire" de métier, ici dans une maison d'édition, on cherchera ensuite à définir sa place dans l'intrigue policière où progressivement tous les soupçons semblent converger vers lui. On se demandera enfin quel rôle jouent profondément ce personnage et ce thème dans le roman.
I - Benjamin, bouc émissaire professionnel
5Dans La Fée Carabine comme dans Au Bonheur des Ogres, le narrateur, Benjamin Malaussène, dit Ben, est "frère de famille" : il est l'aîné de six enfants, (bientôt sept dans La Fée Carabine). La maman fait des petits et, à peine rétablie de l'accouchement, repart au bras d'un nouveau galant... pour revenir mettre au monde le bébé suivant. "Les papas sont portés disparus" (FC, 82). C'est donc Ben qui doit subvenir aux besoins de tout ce petit monde et, après avoir exercé divers métiers, lorsque débute le premier roman, il a été embauché au Magasin comme "contrôleur technique". Ce terme officiel cache la réalité plus prosaïque de "bouc émissaire professionnel". Ayant parfaitement réussi dans cet exercice et bien que s'étant fait renvoyer du Magasin à la fin de Au Bonheur des Ogres, il est sollicité par "la reine Zabo", directrice des Editions du Talion, pour remplir la même fonction dans une branche littéraire.
a - Rappel de "Au Bonheur des Ogres"
6Le thème du bouc émissaire formant un tout dans les deux premiers romans de Pennac, il nous a paru utile de rappeler rapidement comment il était décliné dans Au Bonheur des Ogres afin de voir ensuite la spécificité de son utilisation dans La Fée Carabine.
7L'intrigue policière de La Fée Carabine ayant amené les enquêteurs à s'intéresser à un certain Malaussène, l'inspecteur Pastor prend connaissance d'un reportage "effectué à Paris six mois plus tôt, et concernant un employé du Magasin, à l'époque où cette énorme boutique était périodiquement secouée par des explosions de bombes" (FC, 115). C'est en effet le sujet du premier roman Au Bonheur des Ogres. "L'employé en question était un type sans âge et curieusement transparent qui répondait au nom de Benjamin Malaussène. Il était salarié par le Magasin pour y remplir la fonction de Bouc émissaire" (FC, 115) Lors de l'enquête, Ben lui-même a expliqué son rôle exact au commissaire Coudrier :
La fonction dite de Contrôle Technique est absolument fictive. Je ne contrôle rien du tout, car rien n'est contrôlable dans la profusion des marchands du temple [...]. Or donc, lorsqu'un client se pointe avec une plainte, je suis appelé au bureau des Réclamations où je reçois une engueulade absolument terrifiante. Mon boulot consiste à subir cette tornade d'humiliations, avec un air si contrit, [...] si profondément désespéré, qu'en règle générale le client retire sa plainte pour ne pas avoir mon suicide sur la conscience. [...] Je suis payé pour ça. Assez bien d'ailleurs. (BO, 80)
8Voilà donc le métier de Ben. Mais des bombes éclatent dans le Magasin et, curieusement, cela se produit à chaque fois à proximité de l'endroit où il se trouve. Les employés du Magasin, tels la foule12 décrite par René Girard, chargent Ben de la responsabilité de ces attentats et le rossent sévèrement en pleine nuit. Le commissaire Coudrier commente ainsi les faits : "Vous faites un curieux métier, Monsieur Malaussène, qui attire nécessairement les coups, tôt ou tard" (BO, 148). Puis il ajoute : "Voyez-vous, le bouc émissaire n'est pas seulement celui qui, le cas échéant, paye pour les autres. Il est surtout, et avant tout, un principe d'explication. [...] Pour certains de vos collègues, en tant que Bouc émissaire, vous êtes le poseur de bombes, pour la seule raison qu'ils ont besoin d'une cause, que cela les rassure" (BO, 149).
9Cette pensée est partagée par la police pour qui il est "le suspect favori" (BO, 253), et, de façon plus étonnante et un peu différente, par les criminels eux-mêmes. Ceux-ci, "une jolie bande de six [vieux] ogres" (BO, 281), ayant créé pendant la guerre, dans l'enceinte même du Magasin alors fermé, une "secte instantanée, jouissive et meurtrière" (BO, 281) ont trouvé une manière originale de se suicider "en se faisant sauter aux yeux de tous, sur les lieux mêmes où ils avaient vécu le plus intensément" (BO, 282). Et pour ce faire, ils avaient besoin de la présence de Ben qui devient, dans leur esprit détraqué, l'incarnation d'un saint, "voire [d'un] Christ" (BO, 252). Selon le chef de cette bande, "l'élimination du mal absolu devait avoir lieu sous les yeux de son symétrique, le bien intégral, le Bouc émissaire, symbole de l'innocence persécutée" (BO, 253).
10La fin du roman montre que leur perversion ira beaucoup plus loin puisqu'une mise en scène machiavélique va faire du saint l'assassin du dernier ogre. Le commissaire Coudrier explique à Ben la situation :
Mon pauvre garçon, [...] avec votre façon de prendre sur vos épaules tous les péchés du Commerce, de pleurer les larmes de la clientèle, d'engendrer la haine chez toutes les mauvaises consciences du Magasin, [...] vous vous êtes imposé à nos ogres comme un saint ! Dès lors, ils ont voulu votre peau, plus que ça : votre auréole ! Compromettre un saint authentique, le convaincre d'assassinat [...], c'était une jolie tentation pour ces vieux diablotins. (BO, 282-283)
11En partant d'une idée originale mais simple, le métier de bouc émissaire dans un grand magasin, Pennac forge la structure du premier roman de cette série.
b - Les Editions du Talion et la Reine Zabo
12Au début du deuxième roman, La Fée Carabine, Benjamin est toujours bouc émissaire, mais cette fois aux Editions du Talion. On notera au passage, dans ce nom de "Talion", l'allusion biblique à "la loi [hébraïque] selon laquelle une offense doit être réparée par une peine équivalente"13, loi qui est tout à fait l'opposé du principe du bouc émissaire. De même qu'autrefois le grand-prêtre choisissait le bouc du sacrifice, ici c'est la "Reine Zabo", "grande prêtresse des Editions du Talion" (FC, 23), qui a embauché Benjamin. Elle le lui rappelle dès le début du roman : "Malaussène, je vous ai engagé comme bouc émissaire Vous êtes payé pour vous faire engueuler à ma place" (FC, 24).
13Ici aussi le titre officiel est beaucoup plus flatteur. Ben est, en théorie, "Directeur littéraire", profession qui impressionne le commissaire Cercaire, en train de l'interroger, au point qu'il passe du tutoiement au vouvoiement. Et Ben de penser en lui-même : "Quelle tête il ferait [...] s'il savait que le titre prestigieux de "directeur littéraire" cache chez moi l'activité rampante de Bouc émissaire ? " (FC, 87).
c - Un exemple : le manuscrit de Ponthard-Delmaire
14Benjamin va avoir rapidement l'occasion d'exercer ses talents : les Editions du Talion sont en effet chargées d'éditer le livre de l'architecte Ponthard-Delmaire et c'est Ben qui est allé chercher le manuscrit.
- Pourquoi moi, Majesté ?
- Parce que s'il y a quelque chose qui merde dans la publication de son livre, Malaussène, c'est vous qui vous ferez engueuler. Autant que Ponthard connaisse tout de suite votre jolie tête de bouc (FC, 45)
15... Et "la tuile du siècle" (FC, 169) leur tombe dessus. Le manuscrit de l'architecte a brûlé avec la maquette que l'on portait à l'imprimerie. La Reine Zabo prévient Ben : "C'est le moment où jamais d’utiliser vos talents de bouc émissaire" (FC, 169). Lui, il traduit intérieurement : "Il va falloir que j'aille [...] me prendre une avoine pour une connerie que je n'ai pas faite moi-même" (FC, 169). Sa patronne, qui ne manque pas d'imagination, lui donne ses consignes :
"Alors, vous allez prendre votre nouveau-né [= la dernière petite soeur] sous un bras, votre chien épileptique sous l'autre, vous allez habiller votre Sainte Famille de guenilles, et [...] vous irez vous traîner à genoux chez Ponthard-Delmaire auprès de qui vous ferez si bien votre travail de bouc émissaire que, pris de pitié, il nous accordera le mois de sursis qui nous est indispensable. [...] Pleurez de façon convaincante, soyez un bon bouc" (FC, 171).
16On voit bien ici comment fonctionne le mécanisme du "bouc émissaire" : Ben est à la fois fictivement, puisqu'il est payé pour cela, et réellement, parce qu'il est furieux de faire ce travail qu'il maudit sans cesse, chargé de tous les "péchés" et de toutes les erreurs des Editions du Talion. En tant que tel, il est pitoyable et c'est précisément ce qu'on attend de lui : qu’il inspire de la pitié au client mécontent.
17Le jour dit, Benjamin, qui n'a tout de même pas pris sa "Sainte Famille" avec lui, se retrouve derrière la porte de Ponthard-Delmaire d'où il lance un "avis à tous les apprentis boucs émissaires : "un bon bouc doit aller au-devant de l'engueulade" (FC, 267). Là, il répète son rôle :
Je me lève et [...] le dos préalablement voûté, la bajoue subtilement tombante, le regard en écharpe, la lèvre inférieure tremblotante, et les doigts agités, je m'avance vers le bureau de Ponthard-Delmaire dans le but de lui avouer que son merveilleux ouvrage ne sortira pas à la date escomptée. (FC, 267).
18La transformation est saisissante et on comprend qu'il soit si "curieusement transparent" sur les photos.
19Il va aller pleurer auprès de l'architecte : "C'est ma faute à moi tout seul, [...] je suis impardonnable, [...] s'il fait du foin je serai viré, ce qui réduira les miens à la mendicité" (FC, 268). Sa première tactique, c'est donc l'appel à la pitié du client pour que celui-ci lui évite l'expulsion, sort traditionnel réservé au bouc émissaire. Si cela n'a pas d'effet, Ben sort "la seconde face de [son] disque professionnel [...] : oui, vous avez raison de m'enfoncer, je n'ai jamais rien valu, cognez plus fort" (FC, 268). Non seulement le "bouc" est pitoyable mais en plus il est méprisable. "En général, quand la première face ne marche pas, la seconde désarme l'adversaire, il vous lâche enfin de peur de trop vous plaire en vous massacrant" (FC, 268).
20Le scénario semble parfaitement rodé et on ne voit pas comment Ponthard-Delmaire résisterait à un tableau aussi désolant et n'accorderait pas le mois de délai réclamé par les Editions du Talion.
21Bouc émissaire, Ben l'est donc professionnellement et peut exercer ce métier dans le Commerce aussi bien que dans l'Edition ; sa visite chez l'architecte montre qu'il en possède parfaitement la technique. Mais dans ce roman, contrairement au précédent, Benjamin n'aura pas à mettre son talent à exécution. Pour employer son langage, on pourrait dire qu'il est "sauvé par le gong", car une nouvelle affaire policière, celle qui anime La Fée Carabine vient faire irruption dans sa vie quotidienne.
II - Benjamin, bouc émissaire de l’intrigue policière
22La Fée Carabine est avant tout un roman policier avec son lot de meurtres : ici, l'assassinat de vieilles dames ; d'événements mystérieux : la disparition de Julie Corrençon, journaliste et compagne de Ben, ou révoltants comme la découverte de vieillards drogués. C'est que l'action se passe à Belleville, quartier cosmopolite, et, dès la première partie du roman, c'est la violence de la ville qui éclate.
23Comme le montre l'analyse de René Girard dans Le Bouc Emissaire, cette violence aveugle cherche une victime particulièrement innocente qu'elle rendra coupable de tous les maux. Irrésistiblement, c'est Benjamin qui semble réunir, bien malgré lui cette fois, toutes les caractéristiques de cette victime idéale.
24Et le processus se met en marche inexorablement. Petit à petit, toutes les pistes des enquêtes policières mènent à lui, tous les soupçons l'accablent et le pauvre "bouc" va se trouver en bien mauvaise posture.
a - La ville et la violence
25Les neuf premiers chapitres se passent en une nuit et sont réunis sous le titre "La ville, une nuit" (FC, 11). Dans cette nuit, c'est la violence qui se manifeste.
26Dans Belleville, depuis un mois, des vieilles dames sont égorgées et, en cette fin de journée, un jeune policier blond est tué à bout portant par une grand-mère en charentaises. La police boucle le quartier car le commissaire Cercaire veut trouver l'assassin de son jeune inspecteur. "On dirait que, dans cette nuit coupante, Belleville règle tous les comptes de son histoire avec la Loi. Les matraques pourfendent les impasses. Rades et fourgons jouent les vases communiquants. C'est la valse du dealer, c'est la course à l'Arabe" (FC, 44). La ville est personnifiée autour de ces scènes de désordre et de confusion : "La ville égorgeait les vieilles dames... La ville faisait exploser les jeunes têtes blondes..." (FC, 41).
27Ce quartier multiculturel de Belleville est un monde qui perd ses repères, la transformation de la ville par des architectes tels que Ponthard-Delmaire dissout son identité. La société connaît une crise qui ressemble bien à celles qui sont décrites par René Girard :
Quelles que soient, en effet, leurs causes véritables, les crises qui déclenchent les grandes persécutions sont toujours vécues plus ou moins de la même façon par ceux qui les subissent. L'impression la plus vive est invariablement celle d'une perte radicale du social lui-même, la fin des règles et des "différences" qui définissent les ordres culturels14.
28C'est sans doute ce que ressent le Commissaire divisionnaire Cercaire lorsqu'il rend hommage "à l'inspecteur Vanini, tombé cette nuit, victime de la ville" (FC, 55). Et il jure de le venger.
b - Une victime idéale
29Pour arrêter cette escalade de la violence, il faut aussi que cesse l'engrenage de la vengeance. Le système judiciaire devrait s'y substituer mais il semble ici impuissant à remplir cette fonction. La communauté menacée va alors chercher à sacrifier une victime totalement étrangère aux faits, innocente et incapable de se venger : "C'est la communauté entière que le sacrifice protège de sa propre violence, [il la] détourne vers des victimes qui lui sont extérieures"15.
30Dès le début du roman, la Reine Zabo prédit à Benjamin ce sort de victime idéale :
N'imaginez pas que vous cessez d'être Bouc Emissaire parce que vous prenez des vacances ! Bouc, vous l'êtes jusque dans la moelle de vos os. Tenez, si en ce moment même on cherche le responsable d'une grosse connerie dans la ville, vous avez toutes les chances d'être désigné !" (FC, 24).
31Et le chapitre suivant enchaîne : "Justement...". Justement, la deuxième partie du roman s'appelle "Le bouc" (FC, 73), et l'on s'aperçoit rapidement que Ben cumule ce que René Girard nomme "les signes de sélection victimaire"'16. Pour n'en retenir que quelques-uns, on peut parler de son innocence de victime puisque, dans un moment de révolte, il s'en prend à Dieu lui-même, "Celui qui, s'il existe, prouve que le fumier est bien [...] à l'origine du monde, et qui, s'il n'existe pas, innocence donc, est plus utile encore, Bouc comme moi, Bouc Emissaire à l'origine de rien mais responsable de tout" (FC, 145).
32L'auteur, qui ne manque pas d'humour, a flanqué son "bouc" humain d'un chien invraisemblable, Julius, qui a la caractéristique principale de sentir horriblement mauvais : "Il pue tellement, ce chien, que son odeur refuse de le suivre : elle le précède" (FC, 48). En outre, il est épileptique et, comme dans Au Bonheur des Ogres, il entre en crise lorsqu'il "voit", ou "sent" peut-être, un malheur. Ainsi, dans cette fameuse nuit de violence sur Belleville, bien que Ben soit assez inquiet de ne pas avoir de nouvelles de son amie Julie, croise une voiture lancée à pleine vitesse et une sorte de manteau en tombe. Le chien se met alors à hurler, "une longue plainte féminine [...] ; dans la nuit rousse de la ville, mon chien [est] en pleine crise d'épilepsie" (FC, 49). Cela durera "aussi longtemps que la vision qui a provoqué cette crise s'accrochera à sa rétine" (FC, 50). Le chien a vu juste puisque c'est le manteau de Julie qui vient d'être éjecté, les occupants de la voiture ayant au préalable basculé la jeune femme, nue et quasiment morte, par-dessus le parapet du Pont-Neuf.
33Parmi la famille assez originale de Benjamin, une autre personne possède des dons étonnants : il s'agit de sa soeur Thérèse, "raide comme le Savoir. [...] C'est le degré zéro du charme. Elle trafique dans une magie que je réprouve" (FC, 21), mais elle devine l’avenir. Nous rejoignons là de nombreux mythes analysés par Gilbert Durand dans Les Structures Anthropologiques de l'Imaginaire, à propos desquels il dit : "Il est remarquable [...] que les mythes que nous venons de citer lient toujours sacrifice et prédiction. [...] Par le sacrifice, l'homme acquiert des 'droits' sur le destin"17.
34Benjamin accumule les signes victimaires, une innocence quasi divine et une famille un peu trop bizarre. L'humour de Pennac les transforme en une sorte de parodie : peu crédibles sur un plan réaliste, ces signes restent pourtant symboliquement cohérents. Innocente mais marquée par le destin, voici donc la victime vers qui, de page en page, convergent tous les soupçons
c - Benjamin soupçonné de tous les crimes
35Ben, inconscient de ce qui se trame autour de lui, mène une vie bien remplie entre son travail, ses frères et soeurs à élever et sa mère enceinte. Il a, en outre, accepté de s'occuper des grands-pères en cure de désintoxication de drogue que Julie lui a confiés. Il veut bien cacher des photos compromettantes pour son ami Hadouch, où l'on voit le jeune inspecteur blond matraquer sévèrement des Arabes au cours d'une "ratonade". Pour se distraire, Benjamin joue aux échecs avec son vieil ami Stojil, un révolutionnaire serbo-croate assagi, qui promène les vieilles dames du quartier, le dimanche, dans son autobus, leur faisant ainsi retrouver leur jeunesse et aussi, ce que Ben ignore, les entraînant à l'autodéfense, "la Résistance active à l'Eternité" (FC, 203), dans les souterrains de Belleville.
36Lors d'une fête organisée par la municipalité pour honorer l'un des grands-pères, Ben s'aperçoit qu'une jeune "infirmière" brune a donné au vieil homme un drôle de cadeau : un sachet d'amphétamines. Sa seule participation active dans le roman sera d'essayer de piéger cette pseudo-infirmière : il lui fixe un rendez-vous, mais c'est une autre, une vraie cette fois qui vient et, le comble pour un "bouc" censé être dangereusement lubrique, il manque de se faire violer par elle... Sa conclusion est très désabusée : cette brunette n'avait "rien à voir avec la Mairie qui a ses propres infirmières lesquelles ne droguent pas l'administré, mais le violent" (FC, 141).
37Le résultat est que tous les policiers travaillant sur des affaires différentes au départ, l'assassinat des vieilles dames, le meurtre du jeune inspecteur, le trafic de drogue et la disparition de Julie, trouvent Ben au coeur de leur enquête. Le commissaire Cercaire confie à l'inspecteur Pastor : "Figure-toi que Malaussène utilise les vieux pour se procurer des amphétamines aux frais de la municipalité" (FC, 141). Un autre inspecteur, Van Thian, qui travaille avec Pastor et enquête sur les meurtres des vieilles dames, en a aussi entendu parler. "Pastor se demanda en passant s'il y avait un seul flic à Paris qui ne connût pas le nom de Malaussène" (FC, 154). Il se trouve que Ponthard-Delmaire, l'architecte, est mêlé au trafic de drogue concernant les vieillards, ce qui ne va pas arranger les affaires de Benjamin. Pastor présente au commissaire Coudrier toutes ces "fortes présomptions" sur "un certain Malaussène" : "une sorte de maniaque de la persécution qui aimait jouer le rôle de bouc émissaire". Or, celui-ci est lié à Julie Corrençon qui a été droguée et "dépontée'', il est soupçonné de trafiquer dans la drogue et peut-être même d'estourbir les vieilles dames de Belleville" (FC, 181). Le commissaire s'exclame : "Eh bien, dites-moi, Pastor : tentative de meurtre, trafic de drogue, assassinats réitérés, en fait de soupçons, ce n'est pas un suspect que vous tenez là, c'est une anthologie" (FC, 182).
38La Reine Zabo avait raison : Benjamin peut être impliqué dans toutes les énigmes policières présentes dans le roman.
39Si Benjamin acceptait, quoiqu'à contre-coeur, de faire le bouc émissaire professionnel et bien payé, il n'a pas vu que la violence qui travaille Belleville a trouvé en lui une victime idéale qui le désigne tout naturellement à la machine policière qui est en route. Mais là encore, comme dans son travail, la main exécutrice est arrêtée avant le massacre final : le sacrifice n'aura pas lieu, Ben sera sauvé.
III - Quel rôle joue vraiment Benjamin ?
40A ce point de l'étude, on ne peut s'empêcher de se poser la question : qui est vraiment Benjamin Malaussène ? A quoi correspond ce rôle de bouc émissaire qu'on lui fait généreusement jouer dans le roman ? Est-il, comme le pense sa patronne, bouc émissaire de nature ? N'est-il pas finalement manipulé par ceux qui l'approchent ? Et que représente-t-il pour Daniel Pennac, l'auteur et, partant, pour le lecteur ?
a - Bouc émissaire de nature
41Lorsque la Reine Zabo a embauché Benjamin dans Au Bonheur des Ogres, elle lui a reproché de s'être fait renvoyer du Magasin : "C'est une sottise, Monsieur Malaussène, vous êtes fait pour ce métier et pour aucun autre Bouc Emissaire : c'est un état, chez vous" (BO, 269). Elle y revient dans La Fée Carabine lorsqu'il renâcle pour aller chez Ponthard-Delmaire : "Vous êtes fait pour ce genre de combat : la victoire en chialant, tel est votre génie. [...] Vous êtes bouc émissaire [...] flanquez-vous ça dans le crâne" (FC, 217). "Vous comprenez parfaitement ce que je veux dire, sans quoi vous ne seriez pas ici [...] à faire ce boulot pourri de bouc après vous être fait virer du Magasin où vous faisiez le même travail !" Ben proteste qu'il en a assez "de [se] faire engueuler" mais qu'il est obligé d'accepter parce qu'il a "une famille à nourrir".
42- "Famille, mon oeil !", répond Zabo. "Il y a trente-six façons de nourrir une famille ; à commencer par ne pas la nourrir du tout" (FC, 218). Le directeur du personnel du Magasin n'est pas loin de penser la même chose : "Nous n'avons jamais utilisé ce Malaussène comme Bouc Emissaire. Il remplissait chez nous la fonction de Contrôle Technique, et on ne devait qu'à son caractère cette manie abjecte de pleurer devant la clientèle" (FC, 139).
43A la lecture de ce roman, il est certain que l'on peut se demander si Ben est un saint, comme le pense Risson, un des grands-pères : "Ce Malaussène est un saint authentique, Monsieur l'Inspecteur". [...] "Il raconta comment Malaussène et les enfants les avaient soignés, et guéris, comment cette incroyable famille leur avait redonné la raison et le goût de la vie" (FC, 244), ou un benêt, constamment dépassé par les événements, une sorte d'antihéros, de "ceux qui font n'importe quoi" (FC, 132) devant l'adversité. "J'ai perdu les pédales, moi" (FC, 224), avoue-t-il plus loin.
44En tant que personnage de roman, à part être bouc émissaire, il faut bien reconnaître qu'il n'a pas une très grande consistance.
b - Bouc émissaire manipulé ?
45Il semble bien, en effet qu'il soit manipulé, d'abord par sa patronne, la Reine Zabo, qui fait figure, dans ce roman, de "Fée Carabosse" ("laide et méchante", dit le dictionnaire), mais surtout par les inspecteurs de police, particulièrement par le plus étonnant d'entre eux : l'inspecteur Pastor.
46On pourrait dire que le véritable héros du roman, c'est lui. Si Ben est le bouc à sacrifier, Jean-Baptiste Pastor est "le berger", celui qui, avec "sa sagesse intuitive et expérimentale" "symbolise la veille. Sa fonction est un constant exercice de vigilance. Il est éveillé et il voit"18, ce qui, pour un policier, est une bonne qualité, ses nombreuses nuits blanches en étant sans doute l'expression symbolique. Vis-à vis de Benjamin, il va avoir une attitude très ambiguë. Alors que Ben ne comprend rien, Pastor découvre progressivement les fils de l'intrigue, qui mènent tous au pauvre "bouc". En même temps, il acquiert la certitude que celui-ci est innocent, met un nom sur les véritables coupables et, pourtant, dans le chapitre 30, il semble prêt à le "vendre" au commissaire Cercaire : "Je vous apporte Malaussène, mouillable jusqu'au cou dans tous les domaines, [...] assassin de Vanini, tueur de vieilles, drogueur de vieux : le bouc émissaire rêvé. En plus, on en fera un heureux, il paraît que ce rôle est dans sa nature profonde" (FC, 236)
47Cette sorte de marché va permettre à Pastor de recueillir les aveux des coupables et de sauver Benjamin des deux sacrifices qui le menacent, éditorial et policier. La violence physique qui atteint d'autres personnages du roman (Julie, Hadouch, l'inspecteur Van Thian) épargnera Ben. Comme bouc émissaire, il n'aura finalement été qu'un leurre.
c - Benjamin, bouc émissaire de l'auteur ou du lecteur ?
48Lors des conversations cultivées et feutrées entre le commissaire Coudrier et l'inspecteur Pastor, est évoquée la notion d'"archétype" Ils pensent que Cercaire, l’autre commissaire, est "l’archétype du flic de terrain" ou que Julie est celui du "reporter-baroudeur-idéaliste". Et Pastor ajoute : "un archétype, c'est une sorte de mystère. [...] Tant d'évidences accumulées sur une même personne finissent par lui faire perdre sa réalité, elle devient aussi mystérieuse qu'une image" (FC, 119). Le lecteur se demande si Benjamin ne serait pas, lui, l'"archétype" du bouc émissaire. Daniel Pennac le reconnaît, dans un entretien publié par Lire à propos de la "compassion" : "Malaussène, c'est sa fonction, il est empathique, il est le bouc émissaire idéal". Il s'interroge : "Qu'est-ce qu'un personnage ? A l'origine c'est une idée, un comportement qui, en se condensant, devient de la vie"19.
49Cela permet de comprendre ce que peut représenter Benjamin pour son auteur. Au départ, c'est un thème littéraire intéressant Dans un entretien avec Christine Ferniot, Pennac développe les règles qu'il s’est imposées pour l’écriture de ses romans :
Toujours raconter. Et transgresser les figures obligées. Par exemple, il y avait traditionnellement dans le héros du roman noir de la solitude. Du coup, je l’ai flanqué d’une famille nombreuse. Si c’est un enquêteur, il va chercher de l’innocence avérée et si c’est un coupable, de l'innocence approuvée. Et moi, j'ai créé un bouc émissaire, c'est-à-dire de l'innocence qui revendique de la culpabilité. Une espèce d'inversion des stéréotypes20.
50Le "bouc émissaire", fruit d'une contrainte littéraire, est en même temps un très bon ressort dramatique pour un roman policier, et la lecture de tous les romans de Pennac, y compris ses livres pour les enfants comme la récente série des Kamo21, montre son talent remarquable pour inventer une intrigue originale et garder le suspense d'un bout à l'autre de l'histoire.
51De plus, ce personnage est tout de même le narrateur, les chapitres où il parle sont écrits au présent et en langue familière, ce que Pennac appelle les "monologues malausséniens", l'"inattendu" relevant "plus du poétique que du romanesque" avec "des mots et des idées qui peuvent naître de nécessités thématiques, mais aussi rythmiques, sonores"22. Ces monologues contrastent avec le récit policier écrit au passé-simple et imparfait du subjonctif, dans une langue beaucoup plus littéraire ; en les lisant, le lecteur peut supposer que Benjamin est aussi le porte-parole de l'auteur. Dans un autre entretien, Pennac expliquait que "dans une première version de Au Bonheur des Ogres, Malaussène était marié à une femme qui voulait tuer tous les révisionnistes. [...] En décidant de présenter Malaussène comme bouc émissaire professionnel, j'ai opéré une sorte de désengagement engagé"23. Porte-parole de l'auteur, il défend ses idées et ses valeurs (amitié, solidarité, tolérance, justice...) avec une "parole" très riche, mais sans rien vouloir démontrer ni imposer. "L'histoire de Malaussène raconte le conflit perpétuel de l'affectif et du social. Avec une préférence affichée..."24.
52C'est donc au lecteur de prendre parti. Pennac lui-même le suggère :
Malaussène, c'est qui on veut, c'est un ectoplasme25 dans lequel chacun peut se reconnaître, soit comme bouc émissaire, soit comme père idéal, soit comme membre d'une famille élective... Parce que tous ces désirs latents, toutes ces fonctions diffuses relèvent de l'expérience et du grand désir communs26.
53Archétype de la fonction ou thème littéraire, c'est alors que Benjamin devient vraiment le bouc émissaire du lecteur : ce dernier peut le charger, s'il le veut, de ses désirs ou de ses angoisses.
54Chacun peut alors passer de l'autre côté du miroir pour entrer dans la création littéraire : on devine la naissance d'un personnage à partir d'un "archétype", la manière dont il prend vie, mais aussi, grâce à ce thème très approprié du bouc émissaire, on découvre comment l'auteur, puis le lecteur l'enrichissent à leur tour, répondant ainsi à la définition de Michel Tournier : "Un livre n’a pas un auteur, mais un nombre indéfini d'auteurs Car à celui qui l'a écrit s'ajoutent de plein droit dans l'acte créateur l'ensemble de ceux qui l'ont lu"27.
55Le thème du bouc émissaire dans La Fée Carabine, est donc personnifié par Benjamin Malaussène. Partant de sa profession, qui est de prendre sur lui la culpabilité de ses employeurs afin d'inspirer de la pitié aux clients mécontents, il se retrouve donc aussi, malgré lui et sans qu'il en sache rien, accusé de tous les meurtres et crapuleries du roman-policier qui en compte un certain nombre.
56Dans le schéma traditionnel de ce thème, le bouc finit toujours par être expulsé pour que disparaisse la culpabilité de la foule qui l'a persécuté. Ici le processus s'arrête avant la fin, comme dans la Bible, lorsque Abraham, sur le point de sacrifier son fils, voit sa main retenue par celle de l'ange. Le sacrifice n'aura pas lieu. Si l'on se réfère à l'analyse de René Girard dans La Violence et le Sacré, on peut peut-être avancer l'idée que l'ère des substitutions de victimes, l'innocent prenant la place du coupable pour que s'arrête l'engrenage de la vengeance, est terminée, le système judiciaire ayant pris le relais28, ce système étant le fondement du roman policier.
57Dans La Fée Carabine, le bouc ne sera pas sacrifié ni même expulsé. Ce ne sera pas nécessaire, en effet, car un autre processus de répétition, apparenté à la structure cyclique, apparaît dans le dernier chapitre (bien qu'il soit déjà annoncé avant) : il s'agit de l'organisation des événements en récit, le roman, puis de la répétition du récit lui-même, fondement du mythe. C’est l'ex-inspecteur Van Thian qui prend le relais du narrateur et, devant les enfants rassemblés et attentifs, il commence : "C'était l'hiver sur Belleville..." (FC, 308), reprenant les premiers mots du roman et obéissant à l'ordre que Thérèse, celle qui parle d'avenir, lui a donné : "Mourir ou raconter" (FC, 306).
Bibliographie
BIBLIOGRAPHIE
Oeuvres :
Daniel PENNAC,
Au Bonheur des Ogres, Gallimard, (Folio no 1972), 1985.
La Fée Carabine, Gallimard, (Folio no 2043), 1987.
La Petite marchande de prose, Gallimard, (Folio no 2342), 1989.
Monsieur Malaussène, Gallimard, 1995.
Kamo : L'Agence Babel
L'évasion de Kamo
Kamo et moi
L'Idée du siècle, Gallimard, (lecture junior)
Comme un roman, Gallimard, (1992). [essai sur la lecture]
Ouvrages de référence :
La Bible : Le Lévitique
Dictionnaire Larousse (3 vol), 1970.
Jean CHEVALIER,
Alain GHEERBRANT,
Dictionnaire des symboles, mythes, rêves [...], Laffont, (Bouquins), édition 1982.
René GIRARD,
Le Bouc Emissaire, Grasset, (Le livre de poche, Biblio essais, no 4029), 1982.
La Violence et le Sacré, Grasset, (Pluriel no 8461), 1972.
Gilbert DURAND,
Les Structures Anthropologiques de l'Imaginaire, Paris, Dunod, 11ème édition, 1992.
Michel TOURNIER,
Le Vol du vampire, Paris, Mercure de France, 1981.
Articles de journaux :
(parus lors de la publication de Comme un roman) :
Télérama 2195, 5 février 1992.
Le Magazine Littéraire, Mars 1992, entretien avec D. Pennac : "La Liberté de lire".
L'Express, 2 juillet 1992, entretien avec D. Pennac : "N'ayez pas peur des livres"
Télérama. Juillet 1992, chronique de D. Pennac : "Les livres de leur vie".
Lire, décembre 1992, analyse et entretien avec D. Pennac : "Le Phénomène Pennac".
(parus lors de la publication de Monsieur Malaussène) :
Le Point, 26 avril 1995.
L’Express, 1er mai 1995.
Lire, mai 1995, entretien avec D. Pennac.
Le Figaro Madame, mai 1995.
Le Figaro Magazine, mai 1995
Le Magazine Littéraire, mai 1995. (résumé des quatre romans sous le titre : Le Bouc Emissaire).
Télérama, 3 mai 1995.
Ecrivains, no 1, octobre-novembre 1995.
Notes de bas de page
1 Lire, décembre 1992, interview de Catherine Argand.
2 Ibid.
3 Daniel Pennac, Au Bonheur des Ogres. Gallimard, folio no 1972, 1985. Les références à cet ouvrage se feront selon le sigle BO.
4 Daniel Pennac, Monsieur Malaussène, Gallimard, 1995.
5 Daniel Pennac, La Fée Carabine, Gallimard, folio no 2043, 1987. Les références à cet ouvrage se feront selon le sigle FC.
6 Daniel Pennac, La Petite marchande de prose, Gallimard, folio no 2342, 1989.
7 Dictionnaire Larousse (3 vol.), 1970.
8 La Bible, Le Lévitique, 16, 5 à 10.
9 Jean Chevalier, Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, mythes, rêves [...], Laffont (Bouquins) édition 1982, p. 140.
10 René Girard Le Bouc Emissaire, Grasset. Le Livre de poche. Biblio essais no 4029. 1982.
11 Ibid, p. 62.
12 Ibid, p. 26 : "La foule tend toujours vers la persécution. [...] Elle cherche donc une cause accessible et qui assouvisse son appétit de violence".
13 Dictionnaire Larousse.
14 R. Girard, Le Bouc Emissaire, op. cit., p. 22.
15 René Girard, La Violence et le Sacré, Grasset (Pluriel no 8461), 1972, p. 18.
16 R. Girard, Le Bouc Emissaire, op. cit., p. 39.
17 Gilbert Durand, Les Structures Anthropologiques de l'Imaginaire, Paris, Dunod, 11ème édition 1992 p. 357-358.
18 Dictionnaire des symboles, op. cit., p. 117.
19 Lire, entretien avec Marianne Payot, mai 1995, p. 33-34.
20 Ecrivains, no 1. octobre-novembre 1995, entretien de Daniel Pennac avec Christine Ferniot, p. 12.
21 Daniel Pennac, Kamo et moi, L'Idée du siècle, Gallimard, (lecture junior no 13 et 21).
22 Ecrivains, op. cit., p. 13.
23 Lire, entretien avec Catherine Argand, décembre 1992.
24 Ecrivains, op. cit., p. 13.
25 "Personne faible, molle, silencieuse, qu'on ne remarque pas". Dictionnaire Larousse.
26 Lire, décembre 1992.
27 Michel Tournier, Le Vol du vampire. Paris, Mercure de France, 1981, p. 10.
28 René Girard, La Violence et le Sacré, op. cit. : "La vengeance constitue donc un processus infini, interminable", p. 28. "C'est le système judiciaire qui écarte la menace de vengeance", p. 29.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Figures du marginal dans la littérature française et francophone
Cahier XXIX
Arlette Bouloumié (dir.)
2003
Particularités physiques et marginalité dans la littérature
Cahier XXXI
Arlette Bouloumié (dir.)
2005
Libres variations sur le sacré dans la littérature du xxe siècle
Cahier XXXV
Arlette Bouloumié (dir.)
2013
Bestiaires
Mélanges en l'honneur d'Arlette Bouloumié – Cahier XXXVI
Frédérique Le Nan et Isabelle Trivisani-Moreau (dir.)
2014
Traces du végétal
Isabelle Trivisani-Moreau, Aude-Nuscia Taïbi et Cristiana Oghina-Pavie (dir.)
2015
Figures mythiques féminines dans la littérature contemporaine
Cahier XXVIII
Arlette Bouloumié (dir.)
2002