La bourgeoisie belge face à l’écroulement de l’Empire
p. 277-295
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Texte intégral
1En juillet 1809, à l’époque de la guerre franco-autrichienne, l’ancien législateur Van Wambeke jugeait, à l’intention du comte Réal, l’un des chefs de la police impériale, les dispositions des « propriétaires aisés non nobles », de son département, l’Escaut : « Cette classe a toujours été et est encore la plus paisible et la plus soumise. » Pas de satisfaction générale pour autant : « Nos négociants en toiles perdent excessivement par les événements d’Espagne et marchand qui perd ne rit pas. » Il fallait en être conscient : « Les négociants ont peu ou point d’esprit public. » Autrement dit leur opinion était fonction de leurs intérêts commerciaux du moment1. Ceci explique peut-être que dans le cadre de la correspondance préfectorale, l’esprit public ne fit longtemps l’objet que d’une rubrique parmi d’autres dans le cadre de comptes rendus administratifs espacés. Quiétude et optimisme superficiel caractérisent ces notes, succinctes et stéréotypées.
2Néanmoins, les ministères de l’Intérieur et de la Police engagèrent les préfets à les informer avec plus de régularité et de précision au sujet de l’esprit public, respectivement en novembre 1812 et janvier 1813. Le ministre de l’Intérieur Montalivet s’adressait aux administrateurs des départements dans un contexte marqué par la tentative de coup d’État du général Malet, fondée sur l’éloignement de l’empereur, et par les interrogations quant à la tournure des opérations militaires en Russie. Le mois suivant, la publication du fameux 29e bulletin de la Grande Armée révéla le désastre que la France venait d’y subir.
3Malheureusement, la perception du régime par les différentes catégories sociales, leurs sentiments à son égard, n’apparaissent guère comme des sujets spécifiques sous la plume des préfets. Et lorsque des remarques sont formulées à cet égard, elles concernent soit la noblesse d’Ancien Régime, mal disposée mais sans énergie et inoffensive à en croire les administrateurs de l’Ourthe et de Jemappes2, soit le peuple, irréfléchi, inapte à élaborer par lui-même un projet politique, mais influençable, susceptible d’être travaillé, manipulé, par les « malveillants » (une catégorie abstraite servant de principe explicatif) si les circonstances le permettaient.
4Relevons encore qu’une catégorie de propriétaires, les acquéreurs de biens nationaux, restait considérée comme les soutiens naturels d’un gouvernement qui garantissait leurs possessions. Les signes de la persistance de leur attachement envers le pouvoir et ceux de la relative confiance que celui-ci plaçait en eux sont fortuits mais nombreux. C’est le préfet de l’Ourthe, Micoud d’Umons, qui présente un propagateur de fausses nouvelles comme un énergumène parce qu’il s’agit d’un acquéreur3. C’est un certain Wouters auquel on reproche d’avoir exprimé le désir de voir les Français déguerpir et qui, arrêté, écrit au préfet des Deux-Nèthes : « Il faudrait être en démence pour que je souhaitasse le départ des Français dans le temps que tout notre avoir consiste en biens nationaux et qu’un changement d’état des choses nous plongerait dans la plus grande misère4. » C’est encore Van Hamme, organisateur d’importantes fraudes au détriment de l’octroi de Bruxelles, qui, emmené à Paris, propose de collaborer avec les autorités pour venir à bout de la fraude en échange de sa liberté et qui, pour preuve de son patriotisme, avance ses acquisitions de biens nationaux5. À la fin de 1813, s’adressant à plusieurs commissaires de police repliés en Belgique ou à proximité, le ministre de la police, Savary, désignera les acquéreurs comme des éléments de la population sur lesquels s’appuyer et desquels tirer des renseignements6.
5Les informations transmises vers Paris au sujet des bruits publics, des prévisions, des craintes ou des espoirs, étaient rarement situées socialement, leurs destinataires paraissant en mesure de déterminer leur distribution. Certains ont pu être spécifiques aux notables, par exemple lorsqu’ils reposaient sur des considérations stratégiques ou diplomatiques élaborées, beaucoup d’autres ont dû concerner l’ensemble de la population, tout en présentant des variations et des gradations selon les milieux. Au-delà de la prise en compte de ces rumeurs et de ces appréciations de la situation, nous pouvons aussi, et surtout, évaluer l’attitude des classes supérieures de la société lorsque, dans le difficile contexte de 1813, le gouvernement exigea d’elles davantage d’argent, et même le départ pour l’armée de certains de leurs enfants mobilisés au sein des régiments des gardes d’honneur. Enfin, nous verrons que finira tout de même par s’établir, dans la correspondance des autorités, une distinction explicite et constante entre le peuple et les notables au cours des derniers mois d’existence du régime, lorsque l’ordre public paraîtra menacé.
Après la défaite de Russie : un régime ébranlé mais exigeant
6La défaite subie en Russie, annoncée au milieu de décembre 1812, stupéfia et fut interprétée sans concessions. On disait, à juste titre, les pertes immenses et il ne paraissait pas certain que l’armée française, dont on croyait volontiers les chefs désunis, fût encore en état de s’opposer aux Russes. On parlait au début de 1813 de troubles survenus en Hollande et des révoltes qui touchaient l’Allemagne. On ne croyait guère en la fidélité des alliés de la France et le retournement contre elle de la Prusse, en mars, ne semble pas avoir consterné, tandis que la prise de distance de l’Autriche ne passait pas inaperçue, sans provoquer pour autant d’émotion. En mars et avril, les progrès des coalisés à travers l’Allemagne amenèrent à se demander si on ne les verrait pas très bientôt aux portes de la Belgique7.
7Mais surtout, aussitôt la nouvelle du désastre de Russie connue, on appréhenda les mesures que prendrait le gouvernement pour y faire face. On parla de vastes levées de conscrits, de l’augmentation des impôts, d’emprunt forcé, d’émission de papier-monnaie, de réquisitions massives de chevaux. De fait, 350 000 hommes furent appelés à l’armée en janvier 1813 (dont 100 000 gardes nationaux déjà sous les armes). Parallèlement, l’État veillait à l’accroissement de ses rentrées. En janvier par l’augmentation des droits sur les boissons et l’impulsion de dons patriotiques destinés à financer une grande levée de cavalerie, en mars par l’adoption d’une loi prévoyant la vente de biens appartenant aux communes, compensée par l’allocation à celles-ci d’une rente théoriquement équivalente aux revenus qu’elles en tiraient.
8Parmi ces dernières mesures, la levée de cavalerie était celle qui concernait le plus directement la bourgeoisie. D’après les instructions reçues du ministre de l’Intérieur, les préfets devaient obtenir des villes et cantons de leurs départements l’offre à l’empereur de cavaliers montés et équipés, suivant l’exemple que venait de donner la ville de Paris8. Les dons, destinés à reconstituer une cavalerie fort mal en point, devaient paraître spontanés et s’accompagner de l’envoi au monarque d’adresses de dévouement et de fidélité. Le gouvernement escomptait obtenir un nombre de cavaliers correspondant au moins, dans chaque département, à la proportion d’un pour 3 500 habitants. Le financement de la levée (achat des chevaux, de leur harnachement et de l’équipement du cavalier) devait être opéré en puisant dans les caisses municipales et si cela ne suffisait pas, ce qui fut habituellement le cas, en s’adressant directement aux contribuables.
9En pratique, les classes aisées eurent à supporter l’essentiel de l’effort. On ouvrit des souscriptions mais sans que cela suffise toujours, de sorte que les autorités communales durent fréquemment répartir entre les citoyens les plus imposés des sommes à verser9. Dans la Lys par exemple, les souscriptions donnèrent de bons résultats dans les arrondissements de Bruges et de Furnes (ce qui n’exclut pas une répartition tacite), mais ce ne fut pas le cas dans ceux de Courtrai et d’Ypres où l’on finit par former des rôles10. Les villes et les cantons ne furent pas seuls à contribuer. Il y eut des initiatives individuelles, notamment de la part d’acquéreurs de biens nationaux ou d’anciens militaires. Plusieurs négociants se distinguèrent également. Citons parmi eux, Charles Delmotte, établi à Ostende, qui avait bénéficié de plusieurs licences permettant de commercer avec les îles britanniques et qui donna de quoi monter et équiper trois cavaliers. On ne pouvait lui reprocher de se montrer ingrat envers le gouvernement11. Au-delà, les fonctionnaires, les militaires, les magistrats, certaines catégories du clergé, eurent à manifester leur loyalisme. Il y eut aussi des dons inattendus comme ceux des notaires de l’arrondissement d’Eeklo (Escaut), du cercle littéraire de Verviers (Ourthe), ou des élèves du collège de Luxembourg qui se cotisèrent pour offrir un cavalier12.
10Mais délier les cordons de la bourse n’alla pas toujours de soi. À Louvain, des garnisaires furent placés chez plusieurs contribuables qui refusaient d’acquitter leur quote-part13. Dans la Lys, le préfet Soult dut rabrouer une vingtaine de contribuables de la ville de Tielt qui lui avaient adressé une pétition pour se plaindre de la répartition des dons, mais surtout il fallut amener à Bruges et y placer sous surveillance durant 24 heures « trois contribuables riches et influents de la ville d’Ostende dont l’exemple paralysait la bonne volonté des autres », mesure qui mit fin à tout retard de paiement dans cette ville portuaire où le gouvernement savait ne pas compter que des amis14. À Liège également, « quelques individus riches » se montrèrent récalcitrants15. À Meersen, dans la Meuse-inférieure, un « avertissement » fut affiché au bord de la route pour convaincre le maire de préserver la commune de toute charge et l’inviter à financer lui-même un cavalier, s’il tenait à ce qu’on en fournisse un16. Le préfet de Sambre-et-Meuse devait admettre un comportement très variable de ses administrés. Certains s’étaient empressés de payer, donnant même plus qu’attendu, mais d’autres avaient refusé d’acquitter leur quote-part, arguant notamment de la liberté théoriquement laissée à chacun de donner ou non17. Le préfet ne discernait cependant que des raisons économiques à cette absence d’élan.
11Il y eut apparemment des réticences au sein même de certains conseils municipaux. Selon P. Verhaegen, celui de Bruxelles n’était initialement disposé à faire peser sur la ville que le financement de soixante cavaliers. Ce n’est qu’à grand-peine, et malgré la menace de démission d’un conseiller, que le maire serait parvenu à porter ce nombre à cent18.
12En janvier, le commissaire général de police à Anvers, Bellemare, se montrait satisfait des dispositions des habitants peut-être pour mieux faire ressortir l’incapacité de la préfecture et de la mairie à en tirer parti19. À l’en croire, le maire Cornelissen n’hésitait d’ailleurs pas à critiquer les choix gouvernementaux. Ayant appris que Beauvais offrait quatre cavaliers, le peu enthousiaste Cornelissen aurait même imaginé pouvoir régler proportionnellement l’effort de sa ville. Bellemare en profitait pour confier au ministre de la Police, Savary : « Les quatre chevaux de Beauvais trottaient dans la tête de M. le maire. C’était à cet exemple qu’il s’attachait non pour offrir quatre chevaux, mais pour en offrir vingt d’après une règle de proportion qu’il s’était faite. Il s’en allait promenant partout l’échelle de son patriotisme et sa règle de proportion. » Outré par le comportement du maire, le général Arrighi de Casanova, alors à Anvers, aurait réagi en chargeant des personnes de confiance fréquentant les salons locaux d’y faire porter la conversation sur les cavaliers que la ville allait sans nul doute offrir « par escadrons ». Il aurait d’ailleurs personnellement pris part à ce travail d’orientation des esprits20. Nous ne savons pas si celui-ci eut quelque efficacité mais le conseil municipal vota en tout cas cent cavaliers. Le recouvrement des fonds s’étala cependant sur plusieurs mois, suite à des problèmes de répartition et à des contestations.
13Ces difficultés ne doivent cependant pas occulter l’essentiel, à savoir la réussite de la levée. Peut-être certains préfets ont-ils forcé le ton de leur correspondance par souci de montrer un patriotisme à la hauteur des circonstances, la sincérité de leur satisfaction ne fait cependant guère de doutes. Celle du préfet de l’Escaut, Houdetot, se manifesta par exemple lorsqu’il s’aperçut que les maires de l’arrondissement d’Audenarde, réunis en assemblée, annonçaient des offres allant très au-delà de ce que lui-même aurait osé suggérer21. Depuis Maastricht, le lendemain de la réunion du conseil municipal consacrée aux offres, le préfet Roggieri écrivait au ministre de l’Intérieur : « Tous, jusqu’aux plus froids de caractère se sont parfaitement bien montrés. La proposition d’offrir douze cavaliers montés, armés, et équipés n’a rencontré le moindre obstacle. Pour lever la somme nécessaire à cette dépense on a cru inutile de dresser aucun rôle ; on a compté sur le bon esprit des habitants et l’on ne s’est pas trompé. Dans moins d’une heure la moitié de la somme nécessaire a été couverte par des souscriptions vraiment libres et spontanées. » On achèverait de réunir les fonds nécessaires incessamment22. Le préfet de Jemappes ne manquait pas de tirer parti de la facilité des opérations pour confirmer le bon esprit et le dévouement de son département23. Dans les Forêts le zèle montré par les habitants était relevé par le commandant de la gendarmerie, un corps habituellement peu enclin aux louanges24.
14Pour en venir à l’essentiel, la réussite de la levée ressort des chiffres dont nous disposons. À l’échelle de l’Empire, le ministre de la Guerre attendait pouvoir renforcer l’armée de 12 000 cavaliers. Il en obtint au moins 16 459. Les neuf départements belges mirent en route pour leur part 1 641 hommes alors que, sur la base d’un pour 3 500 habitants, ils ne devaient en fournir qu’environ 95625. Dans l’Empire considéré dans son ensemble, le résultat des offres excéda de 37 % le minimum officieusement prescrit. Il apparaît que les neuf départements réunis firent fort bonne figure en la circonstance puisqu’ils fournirent un nombre de cavaliers dépassant d’environ 71 % cette limite26. Par département, cette proportion fut de 138 % dans les Deux-Nèthes, de 105 % dans la Dyle, de 94 % dans celui de Jemappes, de 72 % dans l’Escaut, de 57 % dans la Lys, de 53 % dans l’Ourthe, de 46 % dans la Meuse-inférieure, de 18 % dans les Forêts et de 9 % en Sambre-et-Meuse.
15On a pu présenter l’ampleur des offres de cavaliers en Belgique comme le signe de l’existence d’un courant d’opinion aux yeux duquel la réunion à l’ensemble français était définitive, et relever qu’on y consentit un effort plus ample que dans le Centre, l’Ouest et le Midi de l’ancienne France27. Pour compléter ce point de vue, soulignons l’importance du facteur économique. La richesse des différentes villes et contrées a beaucoup influencé les résultats obtenus. Le critère de proportionnalité des offres par rapport à la population était donc fort imparfait et il ne servit d’ailleurs finalement qu’à établir des planchers au-dessous desquels il eût été mal venu de se situer.
16Insistons enfin, à la suite de R. Darquenne, sur le zèle des fonctionnaires impériaux sans lequel les offres de cavaliers n’auraient pu se solder par un net succès. Ils ont eux-mêmes donné sans broncher et, à l’échelon préfectoral et sous-préfectoral, ils ont efficacement rempli leur fonction d’encadrement et de stimulation. Complémentairement, les maires ont également joué un rôle essentiel. La correspondance préfectorale consacrée à la levée signale d’ailleurs bon nombre de sous-préfets et de maires méritants28. Les résistances rencontrées, auxquelles furent attribuées des raisons strictement économiques, ont été rapidement vaincues. Peut-être parce qu’elles étaient sans espoir, mais pour mieux dire parce qu’elles furent sporadiques et généralement inconsistantes.
17Les dons de 1813 témoignent finalement de la fidélité encore éprouvée par les fonctionnaires envers le régime impérial au début de cette année et de la docilité des classes aisées, que la participation à l’effort de guerre français n’a nullement révulsées.
La levée des gardes d’honneur
18Les victoires remportées par Napoléon en Allemagne durant le mois de mai 1813 (Lützen et Bautzen) montrèrent que l’Empire n’était pas à l’agonie. Elles réjouirent au moins une partie de la population des départements belges dans la mesure où on les interpréta comme des étapes rapprochant peut-être de la paix, vivement désirée et dont la possibilité sembla confirmée, début juin, par la conclusion de l’armistice de Pleiswitz et en juillet par le congrès de Prague.
19En avril, avaient été annoncés la mise en activité d’un peu plus de 16 000 gardes nationaux, le départ de 80 000 conscrits et la formation de quatre régiments de gardes d’honneur, que l’on espérait voir réunir 10 000 hommes, tirés des meilleures familles de l’Empire.
20Parmi les 3 600 gardes nationaux qui furent chargés de la protection d’Anvers, près de 2 500 furent tirés de cinq départements belges : les Deux-Nèthes, l’Escaut, la Dyle, la Lys et Jemappes. Le décret appelant les gardes à l’activité orientait lui-même les désignations vers les citoyens aisés. En pratique, la levée se traduisit pour ceux-ci par une nouvelle charge financière en prenant dans une large mesure le caractère d’une mobilisation de remplaçants, même si la rémunération de ceux-ci demeurait bien moindre que lorsqu’il s’agissait de rejoindre l’armée de ligne (les gardes ne devaient pas opérer hors de leur arrondissement maritime et le service était limité à six mois). Il fallut en outre s’acquitter d’une taxe d’équipement29.
21En constituant les régiments des gardes d’honneur, l’empereur procédait à une levée d’un type absolument extraordinaire. C’est en effet l’élite de la jeunesse nationale, telle que la concevait le pouvoir, qui était appelée sous les armes. L’objectif était double. Il y avait bien une préoccupation militaire. On renforçait l’armée de corps de cavalerie dont elle avait grand besoin après la campagne de Russie et ce gratuitement pour l’État puisque les familles importantes de l’Empire devaient financer elles-mêmes montures et équipements. On aurait pu se contenter de réclamer d’elles de l’argent et ne pas s’en prendre à leurs enfants mais l’on désirait en fait constituer une pépinière de cadres militaires socialement sélectionnés. Cette mobilisation comportait donc une dimension politique essentielle. Elle visait à renforcer les attaches des classes supérieures avec le régime30.
22Le sénatus-consulte du 3 avril et le décret du 5 donnaient à cette levée sa physionomie générale précisée à certains égards par la circulaire adressée le 9 avril par le ministre de l’Intérieur aux préfets. Étaient concernés par la levée les individus appartenant à une (ou à plusieurs) des catégories suivantes, ainsi, selon les cas, que leurs fils, neveux, petits-fils : les membres de la légion d’honneur, les membres de l’ordre de la réunion, les membres de la noblesse d’Empire, les membres des collèges électoraux de département et d’arrondissement, les membres des conseils généraux des départements et des arrondissements et des conseils municipaux des bonnes villes, les cinq cents les plus imposés des départements et dans chaque département, les cent plus imposés des villes, une partie du personnel des diverses régies, et certains militaires.
23Chaque département se vit assigner un contingent minimum à fournir obligatoirement mais devait tenter de réunir un contingent maximum, double du premier (on obtiendrait 10 000 hommes si on y parvenait partout). Des registres seraient ouverts pour permettre l’inscription des volontaires mais si le nombre de ceux-ci était insuffisant, les préfets procéderaient à des désignations. Tous ceux qui n’auraient pas à financer l’équipement d’un membre de leur famille pouvaient être appelés à alimenter un fonds commun destiné à monter, habiller et armer des gardes insuffisamment fortunés.
24La plus grande partie de l’argent nécessaire à la levée provint de cotisations obligatoires réparties par les préfets entre certains de leurs administrés. À l’échelle de l’Empire sept millions et demi de francs furent ainsi réunis, auxquels s’ajoutaient deux millions et demi provenant de dons. Le nombre de personnes sollicitées fut important. Dans la Dyle, par exemple, elles furent 328 à devoir verser ensemble environ 100 000 francs au fonds commun départemental (Les frais encourus par une partie des familles des 104 gardes s’élevèrent à un montant presque égal31). Il en résulta une vague de mécontentement et de protestations, préfets et sous-préfets recevant des plaintes par dizaines. À côté de lettres mesurées, d’autres étaient plus typées et allaient de la vitupération contre les malintentionnés qui avaient pu attirer l’attention sur l’intéressé jusqu’à la supplication en passant par l’étonnement et la mise en évidence d’un malentendu. Quelques-uns des imposés rappelaient leur contribution à la levée des cavaliers offerts au mois de janvier, manière de laisser entendre qu’on exagérait à leur égard. Plus clairement encore qu’à cette époque, on avait affaire à un impôt extraordinaire, qui, dans la plupart des départements, paraît avoir constitué un véritable fardeau pour une partie de ceux qui le supportèrent. Au point que Laussat, préfet de Jemappes, écrivait à Montalivet : « Les cris des personnes auxquelles j’ai demandé de l’argent sont encore plus aigus que ceux auxquelles j’ai enlevé leurs enfants32. »
25Le 23 avril le ministre de l’Intérieur avait expédié aux préfets une circulaire comportant divers éclaircissements, notamment au sujet de l’orientation de la levée :
« Si l’on considère l’esprit dans lequel doivent être faites les désignations, on voit que l’intention est d’amener dans les régiments des gardes d’honneur, d’abord les membres des familles qui sont plus particulièrement faites pour se dévouer au service du Prince, dans nos anciennes idées monarchiques, et qui jusqu’à ce moment se sont tenus éloignés ; ensuite, d’ouvrir la même carrière à d’autres familles devenues considérables depuis vingt ans ; enfin, de rappeler d’anciens militaires qui peuvent encore servir, et d’accorder la même faveur à des jeunes gens d’une bonne conduite, ayant reçu assez d’éducation pour se trouver avec les personnes désignées précédemment, mais n’ayant pas de moyens d’entrer dans un corps où il faut se monter et s’équiper. »
26Membres des familles de l’ancienne noblesse ou de la bourgeoisie triomphante, officiers sortis de l’armée et jeunes gens sans fortune mais éduqués devaient donc constituer les nouveaux régiments. Faut-il voir là un avatar sous forme militaire et contrainte du projet napoléonien de fusion de la société ancienne et de la nouvelle ? L’interprétation est tentante mais les textes ministériels ne mettent pas en exergue une volonté d’amalgame.
27À la même époque, le préfet de la Meuse-inférieure, Roggieri, expliquait à Montalivet sa conception du recrutement. Il envisageait de se tourner d’abord vers « les familles les plus marquantes », « les familles aisées de bons bourgeois », « les fils des bonnes familles déchues de leur ancienne fortune et conservant encore un rang et une certaine influence dans la société », « les anciens militaires et leurs fils ». Si cela ne suffisait pas, et alors seulement, il recourrait aux (autres) familles présentes dans les collèges et conseils en veillant à choisir les individus ayant reçu la meilleure éducation33. Dans une lettre datée du 31 août le préfet de l’Escaut citait avec une parfaite netteté les critères de sélection des gardes tels qu’il les avait compris : la naissance, la fortune, l’éducation34. Les deux premiers étaient substituables l’un à l’autre alors que le troisième était théoriquement indispensable. Les préfets ont fréquemment tenu à assurer Montalivet de ce que la composition de leurs contingents était irréprochable. Ainsi Jourdan, en charge des Forêts écrivait-il le 1er juin : « J’ai épuisé la noblesse, la haute bourgeoisie, à défaut je ne suis jamais descendu au-dessous de l’état de notaire et d’honorable fabricant. J’ai été inflexible pour la bonne éducation, les bonnes mœurs35. »
28Au total, la Belgique mit en route 778 gardes sur un total de 9 500 environ. Parmi eux 36 % étaient des volontaires, alors que cette proportion fut largement supérieure à l’échelle de l’Empire (58 % parmi les 87 départements récemment étudiés par Georges Housset36). La moyenne belge occulte cependant une différence marquée entre les départements wallons et flamands, la part des volontaires étant très réduite dans plusieurs de ces derniers.
29Il convient de montrer de la prudence à l’égard de la qualification de « volontaire », tant elle pouvait sembler préférable à celle de « désigné » aux yeux de ceux auxquels les préfets ne laissaient de toute manière aucun espoir d’échapper au service. À vrai dire cependant, en Belgique, la correspondance d’un seul de ces derniers, celui de l’Ourthe, Micoud d’Umons, révèle des efforts destinés à convaincre de se porter volontaire. À l’inverse, son collègue des Deux-Nèthes, Savoye-Rollin, ne chercha aucunement à séduire. Il exposait à Montalivet des choix tranchés : « Les plus grands propriétaires, les plus influents, ceux qui n’ont donné aucun gage de leurs sentiments à Sa Majesté, ceux qui n’en ont donné que d’équivoques, tels sont les individus qui ont particulièrement fixé mon attention, qu’il importe surtout de choisir dans les départements réunis, et qu’il faut même préférer aux enrôlés volontaires, sauf à compter ceux-ci en sus du contingent. » Dans un autre rapport il expliquait s’être servi de la levée afin d’épurer Anvers de ses jeunes hommes les moins fiables37.
30Aux yeux de certains, les régiments des gardes d’honneur ne manquaient pas d’attrait. Il est vrai que les membres de ces unités, que l’on voulait prestigieuses, étaient appelés à devenir ultérieurement officiers. Il y eut donc des enthousiastes. Aussi des déçus, de jeunes hommes non retenus parce qu’ils appartenaient à des familles trop modestes.
31Ce sont cependant les plaintes qui dominèrent, souvent formulées par les pères des désignés et motivées par la non-appartenance aux catégories concernées, l’état de santé ou l’activité professionnelle. Certaines aboutirent, mais la majorité d’entre elles furent jugées sans fondement. La mauvaise volonté touchait jusqu’à des individus qui, selon les autorités, auraient dû donner l’exemple de par la position qu’ils occupaient. Le procureur Claes de Hasselt, dans la Meuse-inférieure, en fournit un bel exemple. Il s’adressait à Montalivet pour préserver ses fils dont deux avaient fait des études de droit (mais n’exerçaient pas la profession d’avocat) tandis que le troisième avait obtenu une licence pour produire du sucre de betterave (dont à vrai dire il ne faisait rien). Au sujet de la désignation d’un des trois jeunes gens comme garde d’honneur, le préfet Roggieri expliquait au ministre de l’Intérieur :
« Je ne pouvais la négliger sans faire crier hautement tout le public de Hasselt. Ce public a trouvé fort extraordinaire qu’un procureur impérial qui doit toute sa fortune à la Révolution et toute sa considération à sa place se soit montré si peu disposé à seconder les vues du gouvernement, qu’ayant trois fils tous trois de l’âge requis pour les gardes d’honneur, il ne se soit pas fait un devoir d’en présenter un volontairement pour servir auprès de la personne de Sa Majesté et que loin de là il ait osé prétendre les faire exempter tous trois sous le frivole prétexte de titres et de licences38. »
32La désignation d’un des trois jeunes gens (Guillaume, licencié en droit) fut donc confirmée.
33On peut admettre la combativité de la plupart des gardes volontaires et constater l’obéissance des désignés. Parmi les familles de ces derniers le mécontentement fut toutefois très profond et propre à se convertir en une hostilité dont les préfets furent les premières cibles mais qui n’épargna évidemment pas le régime impérial lui-même. Partout, annonçait le commissaire général Bellemare, la levée suscitait émoi, agitation, clameurs et intrigues39.
34Dans les Deux-Nèthes, où la dimension politique de la mobilisation fut plus claire que partout ailleurs, les réactions furent particulièrement vives comme le relatait Savoye-Rollin :
« La levée des gardes d’honneur ayant frappé sur la première classe de la société, elle y a excité une sorte de fureur. On eut formellement désobéi si je n’avais été constamment ferme et sévère. On m’a élevé toutes les chicanes imaginables. On était soutenu par les autorités locales qui soufflaient le feu en dessous. On a eu l’air de se moquer de mes ordres jusqu’au moment des départs. Quand on a vu qu’il fallait partir, la rage a redoublé, elle s’est exaltée contre moi avec une violence, avec une licence d’expression qui passe toutes les bornes. »
35Certains Anversois fuyaient ostensiblement le préfet, dont l’épouse, récemment arrivée, eut elle aussi à souffrir de la situation, beaucoup de femmes de la bonne société locale gardant leurs distances envers elle40.
36À Mons, ce qu’écrivait Laussat confirme les remous provoqués. Le préfet de Jemappes se disait parfaitement conscient d’avoir porté la désolation parmi ses administrés et allait finalement jusqu’à faire sentir une désapprobation personnelle envers certains aspects de la mesure, apparemment inévitables malgré la latitude d’action dont il bénéficia comme ses collègues :
« La garde d’honneur surtout a donné aux classes les plus notables une vive humeur qui s’est exhalée en ma présence par des réflexions et des plaintes amères et loin de moi par des propos de mécontentement. Des familles qui la plupart avaient dépensé 5 et 6 mille francs à faire remplacer leurs enfants dans la conscription ne devaient pas aujourd’hui se les voir enlever de sang-froid. »
37Il y avait pourtant une cinquantaine de volontaires et la plupart des désignés avaient « cédé après coup de bonne grâce à la nécessité », ce qui nous ramène au décalage possible entre l’attitude des jeunes gens, les sentiments de leurs familles et derrière elles de toute une couche sociale 41
38La levée des gardes d’honneur non seulement accabla les familles directement concernées, mais elle nourrit les craintes pour l’avenir de nombreuses autres. Des bruits ne tardèrent pas à se répandre, en effet, selon lesquels le gouvernement allait prochainement constituer des régiments de gardes d’honneur à pied42. Le sénatus-consulte du 3 avril représentait en fait un précédent très inquiétant pour toutes les familles, y compris celles laissées pour l’heure en paix. Des appréhensions se développèrent également quant au sort des jeunes gens partis. On parlait notamment de rixes fréquentes entre gardes d’honneurs et soldats de la garde impériale, lesquels auraient nourri une vive animosité à leur égard. On évoquait des duels quotidiens. On n’excluait pas non plus la dissolution des nouvelles unités au cas où elles ne donneraient pas satisfaction et la dispersion de leurs soldats dans des régiments de ligne. C’était une perspective peu réaliste mais qui rejoignait d’autres craintes, plus répandues, quant à l’existence réservée aux jeunes gens à la caserne : on les réveillait à quatre heures du matin, on les nourrissait mal, on avait l’inconvenance de les faire manger à la gamelle, on les faisait dormir deux par lit (ce qui était l’usage à la vérité parmi les simples soldats), y compris avec des gens de rien, avec des cordonniers, avec des laquais 43
39Il y eut dès le départ parmi les gardes des éléments acquis à Napoléon et d’autres foncièrement hostiles. Il paraît cependant possible que beaucoup d’indifférents, éventuellement contrariés d’abord d’avoir à servir, aient fini par s’identifier à l’armée impériale. Les gardes se seraient par ailleurs bien comportés sur le champ de bataille, à Hanau, en octobre 1813, puis surtout durant la campagne de France. Mais ceci ne peut être interprété pour tous comme un signe irréfutable d’adhésion à l’Empire. La crainte de démériter, le désir de se distinguer, l’esprit de corps, ont pu aussi jouer un rôle.
40Si le sens politique précis de la levée des gardes d’honneur est susceptible d’interprétations, tout comme l’on peut discuter de leurs sentiments propres, l’effet produit sur les classes supérieures ne fait pas de doute. Pasquier n’exagère peut-être pas lorsqu’il assure dans ses mémoires qu’aucune décision de Napoléon ne fit davantage souhaiter sa chute44. En envoyant ses enfants à l’armée, celui-ci battait en brèche un privilège de fait de la bourgeoisie.
L’heure des gardes bourgeoises
41En août 1813, la reprise de la guerre en Allemagne provoqua un profond dépit. On perçut que l’entrée en lice de l’Autriche modifiait considérablement le rapport des forces et rendait improbable un coup de boutoir français achevant tout. La victoire remportée à Dresde par Napoléon, fin août, ne fit pas sensation longtemps, suivie qu’elle fut par la nouvelle des échecs subis par ses lieutenants, peu avant ou peu après, à Gross-Beeren, sur la Katzbach, à Kulm et à Dennewitz. Lorsqu’on connut, début novembre, l’issue de la bataille de Leipzig, on l’interpréta comme un tournant décisif, comme un événement dont la France ne se remettrait peut-être pas. Au milieu du mois on annonça une grande levée de 300 000 conscrits, succédant à la mobilisation de 280 000 autres décidée en octobre, ainsi qu’une augmentation de l’impôt sur le sel et des droits d’octroi, tandis que les principaux impôts directs étaient majorés, les uns de 30 %, les autres de 100 %. Tout cela au moment où la Hollande donnait l’exemple de la rébellion et chassait les Français. C’est dans ces circonstances que certains des préfets en poste en Belgique mirent en garde contre le risque de troubles voire d’une révolte. La désobéissance des conscrits atteignit des sommets, et, durant quinze jours, les autorités perdirent d’ailleurs le contrôle d’une grosse moitié des campagnes du département de la Lys, parcourues par des bandes de déserteurs et de réfractaires. L’ordre y fut à peu près rétabli par une colonne mobile, mais il ne fallut pas moins renoncer à la levée des 300 000 hommes en Belgique (comme en Rhénanie et dans l’ouest de l’ancienne France).
42En décembre, la passivité de la population lors de la pénétration de la cavalerie des coalisés dans les Deux-Nèthes, ainsi que l’arrivée du 1er corps de la Grande Armée, commandé par le général Maison et chargé de couvrir Anvers, rendit plus de sérénité aux préfets. Ce n’est en définitive qu’en février 1814 que la Belgique fut évacuée, Maison se repliant à travers la Flandre et le Hainaut avec quelques milliers d’hommes, après avoir laissé une forte garnison à Anvers.
43Au cours des trois derniers mois du régime français en Belgique, la rentrée des impôts tant directs qu’indirects (les droits réunis) se trouva perturbée. Les montants versés ne paraissent pas pour autant avoir été négligeables, tandis que de lourdes réquisitions étaient menées à bien. La mauvaise volonté ambiante nécessita fréquemment de faire accompagner les percepteurs de détachements militaires, dans les campagnes surtout, mais des effectifs réduits y suffirent. Il n’y eut habituellement qu’à montrer quelques uniformes pour se faire obéir. Dans le département de Jemappes, au 14 janvier 1814, sur le million de francs auquel s’élevait le montant départemental des centimes extraordinaires, 600 000 étaient rentrés. Or leur paiement était plus difficile à obtenir que celui des contributions habituelles 45.
44Au cours de cette période, la préoccupation principale de la bourgeoisie fut de s’assurer que le changement possible, et même probable, de régime s’opérerait sans dommages. Face au risque des saccages qui pourraient accompagner celui-ci, les propriétaires aspiraient à la constitution d’une force armée de sûreté. Plusieurs préfets virent de leur côté des avantages à entériner, autoriser, favoriser ou provoquer la formation de gardes bourgeoises. Le recrutement de celles-ci fut évidemment sélectif. Dans l’Escaut elles étaient constituées « d’hommes connus pour leur attachement au gouvernement ou intéressés au maintien de l’ordre par leur fortune ou leurs emplois46 ». À Liège, « uniquement par des particuliers qui ont quelque chose à perdre47 ». Dans la Dyle, par « les habitants honnêtes et propriétaires », par « les propriétaires intéressés à empêcher les désordres et les pillages48 ».
45En Hainaut, Laussat ne montra pas d’emblée d’enthousiasme à faire patrouiller certains de ses administrés, car pareille mesure laissait augurer la disparition prochaine de l’autorité française. C’est après la prise de Breda par l’ennemi, qu’il céda, par réalisme, à la pression des notables, comme il l’expliquait à Montalivet le 16 décembre :
« J’ai été assailli pour laisser établir une garde urbaine. J’ai résisté assez longtemps. Je ne me dissimulais pas que cette garde urbaine était un moyen de transition imaginé pour passer, avec le moins de désordre possible, d’une domination à une autre. Cependant comme la nombreuse classe des prolétaires, qui ne cherche que le trouble et le pillage, parlait sans trop se gêner des maisons sur lesquelles elle se porterait, il m’a paru qu’il n’y aurait pas de mal à prendre une attitude qui, dans tous les cas, lui en imposât49. »
46Au milieu de décembre, un détachement de cavalerie alliée s’aventura dans la Dyle, jusqu’à Louvain, occupée toute la journée du 18. Le 13 janvier une offensive sans lendemain amenait les Prussiens aux portes d’Anvers, où ils demeurèrent deux jours. Le premier de ces événements provoqua des rassemblements populaires à Bruxelles et à Tirlemont, le second à Gand, suite à une évacuation prématurée d’une partie des administrations. L’attrait du pillage avait dans les trois cas causé l’émeute (à Bruxelles la fabrique de tabac fut en particulier visée). La prompte et efficace répression de ces mouvements fut menée principalement ou exclusivement par la garde bourgeoise50. À Bruxelles, à peine l’alerte passée le conseiller municipal Barthélémy écrivait à de Celles, jusqu’en novembre préfet du Zuyderzée : « Savez-vous que nous avons à présent 3 000 fusiliers, en un mot tous les notables de la ville sans distinction ? » Dans ces mêmes circonstances Laussat appelait dans le journal du département de Jemappes à la cohésion des propriétaires face aux tentations de ceux qui ne possédaient pas :
« On ne saurait trop recommander aux propriétaires de ce département de conserver le calme, d’examiner avant de croire, de se bien mettre dans l’esprit qu’il n’y a pas d’armée ennemie entre leur pays et la Hollande, de tenir soigneusement leur propriété sous leurs mains s’ils ne veulent pas la compromettre, et de se resserrer avec une contenance tranquille les uns contre les autres, pour en imposer aux gens qui, n’ayant rien, pourraient être tentés d’abuser d’un moment de désordre51. »
47À la fin de décembre 1813 l’empereur envoya dans les divisions militaires des commissaires extraordinaires, sénateurs ou conseillers d’État, afin de galvaniser la résistance face à l’invasion, d’accélérer les levées de conscrits et l’approvisionnement des places. Nul ne résuma peut-être plus clairement la finalité de l’armement de la bourgeoisie que le commissaire extraordinaire Pontécoulant à son retour à Bruxelles le 9 janvier 1814 après qu’il ait parcouru les départements sur lesquels s’étendait son autorité. Il avait en effet profité de son rapide périple pour régulariser les gardes bourgeoises, institution très salutaire. Afin de rassurer le ministre de l’Intérieur, il lui indiquait notamment : « Il y a ou il va y avoir de ces gardes bourgeoises de ces armements des propriétaires contre les prolétaires et la canaille dans toutes les villes et bourgs, et même dans la plupart des villages de la 24e division52, et par là je me regarde comme certain d’y voir maintenir l’ordre et la sûreté publique et privée53. »
48Les citoyens en armes ne représentaient évidemment qu’un moyen d’assurer l’ordre. Cela fut souligné de toutes parts, notamment lorsque fut connu le décret du 17 décembre prévoyant l’organisation de cohortes de la garde nationale pour la garde des places et le maintien de la tranquillité publique dans 184 villes de l’Empire. L’application de ce décret reviendrait à transformer la nature des gardes en activité, ce qui s’avérerait impraticable, voire dangereux, comme l’expliquait à Montalivet le préfet de la Dyle, Houdetot :
« Le peuple et les gens turbulents veulent le désordre, le pillage et l’ennemi. Ceux qui possèdent craignent le désordre et le pillage, ils s’arment pour défendre leurs propriétés, mais ne veulent point combattre l’ennemi. Vouloir les y contraindre ou seulement en donner l’inquiétude, c’est en faire aussi des ennemis et nous ôter le seul contrepoids opposé aux mouvements populaires54. »
49Si on a d’une part à l’esprit les difficultés rencontrées pour faire partir les conscrits et, dans la plupart des cas, l’impossibilité de militariser, même superficiellement, les gardes bourgeoises pour en faire des cohortes de la garde nationale, mais qu’on n’oublie pas d’autre part la rentrée effective des réquisitions et, partiellement, des impôts, le diagnostic posé le 4 janvier 1814 à l’intention de Montalivet par Pontécoulant paraît équilibré :
« Au reste je crois pouvoir assurer V. Exc. que les dispositions des gens influents du pays sont bonnes, qu’ils ne feront rien contre nous, qu’ils feront même beaucoup pour nous, passivement ; que les contributions seront payées, les fournitures pour les approvisionnements des places effectuées, les chevaux fournis, enfin tout ce qui sera demandé, excepté des hommes ; et des hommes il n’en faut pas demander, car ils seraient bien certainement contre nous, si l’on voulait les mettre en grandes masses en mouvement55. »
50Les autorités se félicitèrent fréquemment de l’attitude des propriétaires. Ils n’avaient évidemment aucune intention de s’opposer aux coalisés, mais, quels que fussent leurs sentiments, accélérer le départ des Français n’entrait pour rien dans leurs projets et ils assuraient au total une utile fonction de police alors que l’instabilité de la situation et l’accentuation de la crise économique étaient censées activer la propension du peuple au désordre. En dehors de celles causées par la conscription, les confrontations effectives qui marquèrent les dernières semaines de la domination française présentèrent un caractère social : les démunis espéraient tirer parti des circonstances pour se livrer au pillage et trouvaient en face d’eux gendarmes et gardes bourgeois, une convergence d’intérêts tactique rapprochant encore les notables et le régime.
51La correspondance des autorités à la veille de l’écroulement du régime recèle par ailleurs quelques indications révélant les dispositions propres à certaines villes ou régions. En novembre 1813, Micoud d’Umons confirmait des appréciations précédentes quant à la sympathie dont bénéficiait la France parmi les Liégeois. En janvier 1814, la léthargie, l’absence de combativité, qu’il constatait autour de lui, fruits du découragement et du pragmatisme, l’emplissaient de dépit, mais il ne décrivait pas pour autant une contrée hostile, et se disait encore satisfait de Verviers, c’est-à-dire d’une ville drapière de première importance en expansion économique sous le régime français56.
52Le 8 décembre, son collègue de Jemappes, Laussat, indiquait à Montalivet que le repli ennemi à Neuss, sur le Rhin, ramenait la tranquillité, avant de poursuivre : « Cependant, il règne une certaine effervescence, quoique le nombre des hommes bien pensants et attachés à l’ordre actuel des choses domine, au moins par l’influence. » Quelques jours plus tard, le préfet se livrait à l’intention de Savary à une analyse sommaire des dispositions à Mons selon trois catégories sociales : « La haute classe de cette ville n’aime pas le gouvernement et le laisse percer aujourd’hui avec plus de liberté en s’isolant et en se mettant à l’aise dans des conciliabules particuliers. La classe moyenne est fort bonne et je la regarde comme attachée à l’Empereur. La basse classe est, comme partout, mauvaise et il s’y manifeste des gens qui cherchent à l’exciter. » Au milieu de janvier 1814, Laussat ne relevait plus l’existence de soutiens potentiels au sein de la population, même socialement circonscrits, mais indiquait toutefois à Savary que l’esprit public était dans son département « moins mauvais que dans le reste de la Belgique ». A la même époque Pontécoulant se montrait plus positif et mandait au ministre de l’Intérieur : « L’esprit du département de Jemappes est bon et la tranquillité y règne : il est presque français. Ce sera le dernier à recevoir les mauvaises impressions57. » La dernière semaine de janvier 1814 fut cependant marquée par une agitation particulière en Hainaut, la région étant demeurée tout ce temps ouverte par l’est aux incursions de la cavalerie alliée.
53Le 3 février 1814, deux jours après avoir quitté sa préfecture, Desmousseaux, rappelait, depuis Lille, qu’à Gand les impôts avaient été payés et les réquisitions fournies jusqu’au bout et sans opposition, et il ajoutait : « Cette soumission bien rare dans de telles circonstances est due à la soumission des habitants dont la grande masse est française dans le cœur, au bon exemple que les communes rurales ont reçu du chef-lieu et enfin au zèle et au profond dévouement du maire de Gand58. » Nul doute qu’il soit ici question des « bons habitants » de cette ville, car le peuple, lui, privé de travail, paraissait turbulent et suscitait de l’inquiétude.
54Il apparaît donc qu’au milieu d’une Belgique à la fin de 1813 globalement hostile au pouvoir français, vaincu et antipathique à force d’exigences, c’est au sujet de villes et de régions économiquement développées que l’on rencontre encore des appréciations nuancées ou positives, dont certaines concernent clairement la bourgeoisie.
L’adaptation aux circonstances
55En Belgique, les militaires représentent le seul groupe social au sein duquel l’identification à la France a pu ne pas être marginale. En dehors de cela, seuls quelques acquéreurs de biens nationaux, quelques industriels ou quelques fonctionnaires se considéraient peut-être sincèrement Français. Après 20 ans d’annexion à peine, il pouvait difficilement en être autrement. Au temps de la croissance économique et des victoires napoléoniennes, on n’avait pas éprouvé le besoin de prendre des distances par rapport à la France. La crise de 1810-1811, puis, surtout, les défaites militaires, résultat des choix de l’empereur, taxé d’entêtement et décidément incontrôlable, modifièrent les choses. En 1813 c’est tout naturellement qu’on marqua de l’éloignement envers un pays auquel rien ne liait viscéralement. La bourgeoisie ne s’opposa pas pour autant au régime et, malgré une mauvaise humeur croissante, fournit une large part de l’effort financier exigé d’elle sans faire trop de difficultés. Même la levée des gardes d’honneur, dont l’effet moral négatif est certain, ne provoqua pas de rupture décisive avec les autorités. Lorsque la guerre approcha finalement des départements belges, la bourgeoisie locale demeura neutre dans l’affrontement entre la France et l’Europe et se montra surtout préoccupée d’assurer une transition sans heurts. Elle était lasse des inconvénients du régime français finissant mais se contenta d’attendre l’arrivée des alliés. Sous le poids des difficultés du moment peut-être sous-estima-t-elle d’ailleurs les conséquences immédiates de la séparation d’avec la France. Seuls ses éléments économiquement les plus dynamiques, et les plus exposés, paraissent s’être inquiétés. C’est vrai en particulier des industriels du secteur cotonnier gantois que la perspective d’affronter la redoutable concurrence britannique ne pouvait laisser indifférents.
56Politiquement, l’agonie du régime vit le réveil de sympathies envers l’Autriche. L’ancienne domination faisait office d’âge d’or où les charges étaient moindres et la tranquillité mieux assurée. En janvier 1814, par le recours à des agents actifs en Belgique, Guillaume d’Orange tenta de précipiter l’union belgo-hollandaise ou du moins de l’imposer comme perspective probable et souhaitable. Les classes populaires, le clergé et la majorité de la noblesse ne furent en rien séduits. C’est principalement au sein de la bourgeoisie qu’il se fit des partisans et ce, largement, en tant qu’héritier du régime français. Guillaume apparaissait en effet comme le garant des acquis de la Révolution face aux prétentions des nostalgiques de l’Ancien Régime. Encore conviendrait-il de préciser l’ampleur et les contours de ce ralliement partiel.
57Au fond, la caractéristique la plus évidente du comportement de la bourgeoisie fut le pragmatisme. Elle avait accepté le régime français mais s’en détacha facilement le moment venu, tout en évitant la confrontation avec le pouvoir. Elle s’adapta aux événements sans guère chercher à les devancer. Même au lendemain de Leipzig elle n’élabora pas de projet politique de substitution à la domination française. Elle se conforma ensuite à l’union belgo-hollandaise, moins mauvaise des solutions pour certains dans les circonstances de 1814, sans avoir pourtant sérieusement redouté un retour à la société d’autrefois. Elle savait qu’aucun gouvernant ne pourrait lui tourner le dos et ne crut pas un instant que sa position sociale put être remise en cause.
Notes de bas de page
1 Arch. nat., F7 8378, 6 juillet 1809. Le conseiller d’État Réal était chargé du premier arrondissement de police, formé de 51 départements de l’ouest et du nord de l’Empire.
2 Arch. nat., F1c III, Ourthe, 6, Micoud d’Umons à Montalivet, 30 janvier 1813, 23 février 1813 ; F7 8067, le même au ministre de la Police, Savary, 23 février 1813 ; F1c III, Jemappes, 4, Laussat à Montalivet, 3 mars 1813.
3 Arch. État Liège, Fonds français, 329, le préfet de l’Ourthe à Réal, 8 décembre 1813 (minute).
4 Arch. État Anvers, Administration provinciale, A 126/1, 17 décembre 1813.
5 Arch. nat., F7 8377, échange de correspondance entre diverses autorités ; voir notamment la lettre du préfet de la Dyle à Réal du 24 mai 1813.
6 H. Colenbrander, Gedenkstukken der algeemene geschiedenis van Nederland van 1795 tot 1840, t.VI (Inlijving en opstand), La Haye, 1911, p. 730-732, Savary au Commissaire général Marivault, 9 décembre 1813 (circulaire).
7 Pour plus de détails on verra J. Olcina, L’opinion publique en Belgique entre 1812 et 1814. Les Belges face à l’écroulement de l’Empire, Paris IV, thèse de doctorat, 2004.
8 Voir surtout : Arch. nat., F1a 29 janvier, circulaire confidentielle de Montalivet aux préfets, 16 janvier 1813. Parmi les travaux : R. Darquenne, « La conscription dans le département de Jemappes (1798-1813). Bilan démographique et médico-social », dans Annales du cercle archéologique de Mons, t. LXII, 1970, p. 133-139 ; J.-F. Lebrun, L’économie militaire impériale à l’épreuve de la Vie coalition, Clermont-Ferrand, 1992, p. 395-396, 420-421.
9 La proportion des contribuables concernés a dû être variable selon les lieux. Nous savons peu de choses à ce sujet. Signalons cependant qu’à Ostende le financement de la levée pesa sur 69 personnes (Arch. nat., F7 3778, bulletin de police du 23 février 1813).
10 Arch. nat., F1c III, Lys, 5, le préfet Soult à Montalivet, 4 mars 1813.
11 Arch. nat., F7 3778, bulletin de police du 27 janvier 1813.
12 Arch. nat., F9 102, 116, et 104, les préfets de l’Escaut, de l’Ourthe et des Forêts au ministre de l’Intérieur, respectivement les 5 février, 2 février et 23 janvier 1813.
13 J.-B. Hous, Leuvense Kroniek, (1780-1829), publiée par J. de Kempeneer, Heverlee, 1964, p. 191.
14 Arch. nat., F1c III, Lys, 5, 4 mars 1813.
15 Arch. nat., F1c III, Ourthe, 6, 22 mars 1813.
16 Arch. nat., F7 8386, le préfet Roggieri à Réal, 27 février 1813.
17 Arch. nat., F9 120, Pérès à Montalivet, 12 février 1813.
18 P. Verhaegen, La Belgique sous la domination française., Bruxelles, t. V, 1929, p. 13-14 (réed. en 1981).
19 Arch. nat., F7 7014, bulletin destiné à Savary, 18 janvier 1813.
20 Arch. nat., F7 7014, Bellemare à Savary, 18, 21 et 22 janvier 1813.
21 Arch. nat., F9 102, Houdetot à Montalivet, 25 janvier 1813.
22 Arch. nat., F9 113, 20 janvier 1813.
23 Arch. nat., F9 107, 19, 20 et 31 janvier 1813.
24 Service Historique de l’Armée de Terre, C10 112 : rapport probablement destiné au premier inspecteur général de la gendarmerie, le maréchal Moncey.
25 R. Darquenne, « La conscription dans le département de Jemappes… », op. cit., p. 133-139.
26 Le montant des dons s’éleva dans l’Escaut à 368 000 F pour 313 cavaliers. Anvers déboursa 118 000 F pour en fournir 100 (Arch. nat., F1c III, Escaut, 4, 20 août 1813 ; F9 114, 18 avril 1813).
27 R. Devleeshouwer, « La Belgique annexée à la France (1799-1814) », dans R. Devleeshouwer et J. Droz (dir.), Les pays sous domination française (1799-1814), Paris, 1968, p. 25.
28 Outre les documents de la série F9 aux Archives Nationales, on pourra voir Arch. État Bruges, Département de la Lys, 3594, commentaires des sous-préfets sur le comportement des principaux maires.
29 G. Carrot, La garde nationale, 1789-1871, Une force publique ambiguë, Paris, 2001, p. 195-196 ; J. Waquet, « La garde nationale active et sa place dans la politique militaire et financière du Premier Empire et des Cent Jours (An XIV-1815), dans Revue internationale d’histoire militaire, n° 37, 1977, p. 37 et 47 ; Arch. nat., F9 600, Savoye-Rollin à Montalivet, 31 mai 1813 ; F9 991, le même au même, 21 août 1813 ; F9 352, le général Rampon commandant des deux régiments de gardes nationaux d’Anvers à Montalivet, juin 1813.
30 G. Housset, La garde d’honneur de 1813-1814. Histoire du corps et de ses soldats, Paris, École Pratique des Hautes Études, thèse de doctorat, 2003.
31 Arch. gén. Royaume Belgique, Préfecture de la Dyle, 411. D’après la liste des gardes d’honneur transmise par Houdetot à Montalivet le 30 juin 1813, le fonds commun aurait pourvu à l’équipement de 54 des 107 gardes cités (et pour moitié dans 2 autres cas). Arch. nat., F9 943.
32 Arch. nat., F9 962, 23 juin 1813.
33 Arch. nat., F9 985, Roggieri à Montalivet, 20 et 22 avril 1813.
34 Arch. nat., F9 947, Desmousseaux à Montalivet.
35 Arch. nat., F9 951.
36 Les chiffres fournis par cet auteur permettent de situer la part des volontaires à 65 % parmi les anciens français (54 départements pris en compte) et à 48 % parmi les nouveaux (33 départements étudiés). La part plus faible des volontaires dans les territoires annexés doit être appréciée sans omettre l’influence des préoccupations politiques sur la composition de certains contingents.
37 Arch. nat., F9 991, 29 avril et 4 mai 1813.
38 Arch. nat., F9 985, 3 juin 1813.
39 Arch. nat., F7 7014, Bellemare à Savary, Bruges le 15 mai 1813.
40 Arch. nat., F1c III, Deux-Nèthes, 5, 8 juin 1813 ; F9 991, Savoye-Rollin à Montalivet, 21 août. Voir aussi Arch. nat., F7 7014, Bellemare à Savary, 15 mai, 18 juin et 24 juillet.
41 Arch. nat., F1c III, Jemappes, 4, 8 juin 1813.
42 Arch. nat., F1c III, Deux-Nèthes, 5, 8 juin 1813 ; Jemappes, 4, 8 juin Sambre-et-Meuse, 6, 1er juillet.
43 Arch. nat., Idem et F7 7014, Bellemare à Savary, 31 mai 1813 ; F1c III, Deux-Nèthes, 5, 10 juillet ; Sambre-et-Meuse, 6, 31 juillet ; F9 997, Micoud d’Umons à Montalivet, 20 mai.
44 Pasquier, Mémoires, Paris, 1893, t. II, p. 60 (éd. ultérieure : 1964). Voir aussi les Mémoires de la comtesse de Boigne, née d’Osmond. Récits d’une tante, Paris, 1999, p. 303 (1re éd. : 1907-1908).
45 Arch. nat., F7 7026, à Montalivet.
46 Arch. nat., F7 9826, Desmousseaux à Réal 24 novembre 1813 ; F1c III, Escaut, 5, 25 novembre.
47 Arch. nat., F1c III, Ourthe, 6, 23 novembre 1813.
48 Arch. nat., F7 8377, à Réal, 24 novembre 1813 ; F1c III, Dyle, 4, 17 décembre.
49 Arch. nat., F1c III, Jemappes, 3.
50 Arch. nat., F7 8377, Barthélémy à de Celles, précédemment préfet du Zuyderzée, 17, 18 et 19 décembre 1813 ; F1c III, Dyle 4, le préfet de la Dyle, Houdetot, à Montalivet, 19 décembre ; F7 8377, le même à Réal, 25 décembre ; F7 8378 et F7 7026, le préfet de l’Escaut Desmousseaux à Savary et à Montalivet, 17 janvier 1814.
51 Journal du département de Jemmape, 19 décembre 1813.
52 La division était formée des départements suivants : Jemappes, Dyle, Escaut, Deux-Nèthes et Bouches-de-l’Escaut. Pontécoulant ne se rendit pas dans ce dernier département (chef-lieu : Middelbourg).
53 Arch. nat., F7 7026, Pontécoulant à Montalivet, Bruxelles le 10 janvier 1814. L. Benaerts (prés.), Les commissaires extraordinaires de Napoléon Ier en 1814 d’après leur correspondance inédite, Paris, 1915, p. 213.
54 Arch. nat., F7 7026.
55 Arch. nat., F7 7026 (L. Benaerts, Les commissaires extraordinaires…, p. 211).
56 Arch. nat., F1C III, Ourthe, 6, à Montalivet, 19 novembre 1813 et 10 janvier 1814.
57 Arch. nat., F7 7026, Pontécoulant à Montalivet, Bruxelles, 4 et 25 janvier 1814, Laussat au même, 14 janvier ; F1c III, Jemappes, 4, 8 décembre 1813 ; F7 8380, Laussat à Savary, 11 décembre 1813 et 14 janvier 1814.
58 Arch. nat., F7 7026.
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