Bourgeois et peuple dans les luttes révolutionnaires parisiennes
p. 171-184
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Texte intégral
1Je fais partie d’une génération qui a été formée à un usage relativement désinvolte du terme et du concept de bourgeoisie. Qu’il s’agisse des grandes synthèses inspirées par la pensée libérale et marxiste, ou des réflexions des historiens de la longue durée, les termes de bourgeois ou de bourgeoisie étaient employés dans un sens large, sans complexes, avec la possibilité de se déplacer à vol d’oiseau du bas Moyen Âge jusqu’à l’époque contemporaine, au prix d’une définition fort approximative sur le plan économique et social. C’était l’époque des grandes conceptualisations, certes un peu cavalières, qui visaient à saisir d’un seul coup d’œil de larges processus historiques, sans entrer dans les détails.
2Le bouleversement de ce cadre intervint avec la critique de l’interprétation de la Révolution Française conçue comme révolution bourgeoise qui, depuis Alfred Cobban, avait fait tache d’huile dans les années 1970. Une certaine méfiance, voire une sorte de crainte à l’égard du mot même de bourgeoisie, allait remplacer l’usage désinvolte d’autrefois : ce concept fut employé avec une parcimonie extrême, enfermé de plus en plus entre de rassurants guillemets.
3Le souvenir de ces synthèses d’autrefois, excessivement hâtives, sociologiquement vagues, et parfois même impropres, nous a donc conduits à la prudence ; si bien qu’aujourd’hui, même vis-à-vis de nos étudiants, de quelques générations plus jeunes, nous avons pris l’habitude d’adopter mille précautions. Nous parlons ainsi de couches moyennes, de couches marchandes, de milieux d’entrepreneurs : le recours à des métonymies ou à des périphrases, nous permet de n’assumer à ce sujet aucune responsabilité sur le plan conceptuel.
4Cette attitude n’a pas été négative ; elle a occasionné une réflexion plus approfondie sur la pertinence de ce qui était devenu un stéréotype, fixé une fois pour toutes et insuffisamment vérifié ou interrogé : un lieu commun, une sorte d’ustensile dans le travail courant de conceptualisation, dont l’historien faisait usage sans mesurer les risques que cela comportait. Notamment celui de produire une chaîne de corollaires qui, comme un apprenti sorcier, échappaient à la surveillance d’une vérification ponctuelle, jusqu’à engendrer des impropriétés ou des idées trompeuses. Cependant, pour réagir à ces procédés, somme toute abusifs, on est parvenu à la longue à une situation opposée, elle aussi peu féconde : la peur des mots produisait une hésitation systématique, une sorte de tabou qui empêchait de s’engager à fond sur ce terrain dans un effort de conceptualisation. Apparemment on ne savait plus quand et comment on pouvait légitimement parler de « bourgeoisie » au sens théorique et abstrait ou, en l’occurrence, de révolution bourgeoise. Bref, d’omniprésente qu’elle était, la bourgeoisie devenait en quelque sorte « introuvable ».
5Et pourtant, quand nous allons aux archives ainsi que dans notre travail concret d’historiens, nous rencontrons des personnes en chair et en os, des hommes concrets en action, dans le vif de leur activité professionnelle ou dans la pleine expression de leur tempérament, nous n’avons souvent aucune hésitation à reconnaître avec une relative certitude ceux qui nous semblent en gros des bourgeois ou tout au moins qu’on peut suspecter de l’être. Certes il n’y a rien de rigoureux dans ce procédé qui sert néanmoins à compenser, au moins partiellement, par des indices ou des approximations, le décalage paradoxal que la querelle historiographique a produit entre réalité historique empiriquement cernée, d’une part, et conceptualisation de l’autre.
6Déjà Labrousse, dans sa célèbre intervention au Congrès International de Sciences Historiques de Rome en 19501, bien avant que cet interdit ne tombe sur l’emploi courant de la notion de bourgeoisie, avait souligné les problèmes que comportait sa définition univoque et rigoureuse. Conscient des difficultés conceptuelles qui se manifestaient à ce sujet, il proposait une stratégie éminemment pragmatique pour ne pas se voir réduit à l’inertie.
« Définir le bourgeois ? Nous ne serions pas d’accord. Allons plutôt reconnaître sur place, dans ses sites, dans ses villes, cette espèce citadine, et de la mettre en observation. Il ne s’agit que d’une opération préalable, provisoire, conservatoire […] Des présomptions pourront suffire : une sorte de procédure de suspects. Je retiens tous mes suspects de bourgeoisie2. »
7Cette stratégie de compromis, enrichie, en cette occasion même, par un programme de recherche très vaste et articulé que Labrousse proposait aux chercheurs, permit de ne pas rester empêtrés ou paralysés sur le terrain des définitions, mais de procéder faute de mieux au travail de défrichement de fonds d’archives et d’accumuler des nouvelles données. Cette stratégie rappelait celle conçue un peu plus d’une décennie auparavant par Georges Lefebvre et exposée dans une esquisse de programme de recherche sur « la bourgeoisie française de la fin de l’Ancien Régime à la Restauration3 ». Cet appel aux chercheurs à l’occasion du 150e anniversaire de la Révolution, dans le cadre des travaux des sociétés savantes, contenait l’indication des fonds d’archives les plus aptes à un tel approfondissement.
8Cet effort de la part de deux des plus influents historiens français entre les années 1930 et 1960, visant à encourager la recherche empirique essentiellement sur la base des sources d’archives, avant même de se prononcer sur une définition achevée et certaine de la bourgeoisie au xviiie siècle, mérite d’être interprété. C’est une attitude qui me semble témoigner implicitement du malaise non seulement par rapport à une tradition historiographique, mais aussi à l’égard d’une philosophie de l’histoire qui avait pris l’habitude d’hypostasier une classe bourgeoise, sans éprouver le besoin de vérifier concrètement de quoi il s’agissait. Et pour ne pas retomber dans un excès d’attitude abstraite et théorique, aussi bien Lefebvre que Labrousse indiquaient une procédure pragmatique visant à affronter le problème avec les instruments typiques du métier d’historien. Il était donc question d’accumuler des éléments de connaissance sur l’activité économique, les niveaux de fortune, la position sociale, les stratégies familiales, le style de vie et les mœurs, pour commencer à comprendre concrètement de quoi on parlait au-delà des généralités des théories sociopolitiques. Il s’agissait de débrouiller une affaire complexe, caractérisée par un tissu social mixte où des éléments spécifiquement bourgeois se mêlaient à des composantes nobiliaires. Bien avant donc l’intervention critique d’Alfred Cobban ressortait, du chantier même de l’historiographie française sur le xviiie siècle et la Révolution, le besoin d’un approfondissement substantiel en la matière.
9Cette orientation pragmatique a donc prévalu parmi les historiens ; elle n’a pas pour autant découragé définitivement la prétention de fixer avec certitude absolue à partir de quand il est possible de parler de bourgeoisie en tant que classe, prétention qui tend à resurgir de temps en temps4. Cette aspiration, malgré le chemin parcouru par la recherche, me semble destinée à se révéler encore frustrée. En effet j’estime vaine et sans doute inutile la tentative de reconstruire une sorte de bourgeois à l’état pur avec date de naissance et coordonnées précises, pour servir dans nos recherches de paramètre officiel à toute société où on voudrait vérifier la présence d’une classe bourgeoise ; toute recherche dans ce but ne peut qu’échouer en nous renvoyant dans un vaste champ d’antinomies. « Une classe – pour citer toujours Labrousse – n’a jamais été un groupe homogène, ni total. Ce qui n’empêchera pas, ici, l’ensemble de la classe, née originairement du profit d’entreprise, de se sentir – dans cette société d’Ancien Régime qui ne prendra fin en Europe occidentale et centrale, qu’entre 1789 et le milieu du xixe siècle – face à d’autres classes ou à d’autres groupes sociaux, solidaire de certaines valeurs5. » Il s’agit d’une déclaration très prudente qui semblerait démontrer que, faute d’un « bourgeois de Sèvres » pur et paradigmatique, il convient de se débrouiller autrement et de se résigner à une certaine approximation avec, de toute façon, une certaine ductilité d’interprétation ; cela revient avant tout à envisager une bourgeoisie comme produit d’une période d’incubation variable ce qui implique nécessairement plus qu’un acte de naissance précis, une phase plus ou moins longue de transition.
10En ce qui concerne l’évaluation du rôle joué par la Révolution française dans cette transition, les choses se compliquent, car pendant très longtemps en effet, des questions d’ordre idéologiques interféraient avec ce sujet. Si autour du thème de la bourgeoisie, le débat se brouillait et l’enjeu se surchauffait, c’est qu’il comportait un verdict de légitimation ou de délégitimation des révolutions comme instrument de transformation des sociétés et comme voie d’accès au pouvoir d’une classe au détriment d’une autre. D’un côté, l’appareil marxiste se figeait dans la défense d’une philosophie de l’histoire toujours à la recherche de pièces à conviction tirées de la réalité historique ; dans le camp opposé, les dernières lueurs de la guerre froide animaient une campagne visant à démanteler cette interprétation, même si cela comportait un certain nombre d’exagérations avec le besoin, à but polémique, de caricaturer les positions des adversaires.
11Régine Robin intervenait dans ce débat avec une position qu’il me semble encore important de rappeler6 : face à une distorsion de l’interprétation marxiste – aussi bien de la part de ceux qui se référaient au marxisme que de leurs opposants – elle insistait sur le fait que la Révolution ne scellait pas un passage mécanique et instantané du féodalisme au capitalisme, ni non plus de la domination de l’aristocratie à celle d’une classe bourgeoise : il fallait bel et bien envisager une période plus ou moins longue de transition dont les temps et les termes ne sont pas à fixer en fonction d’un schéma théorique préconçu et à l’intérieur de laquelle les définitions trop rigides et contraignantes de bourgeoisie s’estompaient forcément.
12Dans ce cadre nécessairement plus complexe et nuancé, on peut revenir à la question du rôle spécifiquement joué par la Révolution française par rapport à la formation d’une classe bourgeoise. À ce sujet les points de vue peuvent aussi diverger ; on peut même approuver Colin Lucas lorsqu’il estimait, il y a déjà fort longtemps, qu’à certains égards « the Revolution made the bourgeoisie even if it was not made by the bourgeoisie7 ». Cependant on peut difficilement méconnaître que ce phénomène représente globalement un puissant accélérateur pour un tel processus ; non pas parce que la Révolution produirait d’emblée une classe toute prête, comme Minerve sort toute armée du crâne de Jupiter, mais pour le rôle qu’elle joue dans le processus de prise de conscience de soi de la bourgeoisie et dans la définition, l’élaboration et la perception de son identité.
13Mis à part tout argument polémique employé pour ternir ou minimiser la place occupée par la Révolution dans cet itinéraire, des phénomènes complexes comme la genèse d’une conscience de classe ou la formation d’un sens d’appartenance sociale se frayent un chemin lentement et pas toujours de manière transparente. Il n’y a même pas une logique rigoureuse et séquentielle dans ce type de processus qui ne se reflète pas non plus symétriquement dans le discours des protagonistes : leur langage peut donner une image des phénomènes en cours qui n’est pas nécessairement fidèle voire qui est déformée.
14Je suis persuadé – ainsi que bien d’autres historiens – que dans ce processus un rôle fondamental revient à la politique. Mais la politique révolutionnaire ne se borne pas à la simple prise du pouvoir du Tiers État, ce qui relèverait somme toute de l’évidence ; je ne pense pas non plus qu’il s’agisse du couronnement de l’itinéraire d’une classe qui aurait achevé sa montée enlevant définitivement le pouvoir à ses concurrents. On peut aisément soutenir qu’à la veille de la Révolution, la bourgeoisie – et en particulier la bourgeoisie parisienne dont il est question ici – est une entité sociale encore hybride, à la fois du point de vue économique et social et du point de vue idéologique ; la question qui se pose est alors de savoir non pas quand les couches qui la composent donnent une classe « bourgeoise » à part entière, autonome par rapport à la noblesse, ni de savoir jusqu’à quel point la noblesse peut être intégrée concrètement à des pratiques bourgeoises. Il importe plutôt de comprendre quand se dégage chez les bourgeois d’Ancien Régime, la conscience d’être un sujet politique autonome, à savoir à partir de quand une diversité sociale – vraie ou supposée, peu importe – est délibérément assumée et revendiquée pour devenir le fondement, l’enseigne même d’un nouveau sujet politique. S’agissant d’une formation composite, constituée de figures socialement hétéroclites, il s’agit de savoir quelle physionomie sociale, parmi les divers possibles, les acteurs sociaux choisissent pour fonder leur identité et pour se proposer comme sujet politique. Le Tiers État parisien, par exemple, est du point de vue économique et social un rassemblement très diversifié : d’une part subalterne au modèle nobiliaire, mais d’autre part déjà relativement autonome. Le problème est de savoir quelle identité faire valoir au moment où il se propose de jouer un rôle dans la vie publique. Il en est de même pour la noblesse, dont on connaît le caractère socialement contradictoire. L’enjeu est de choisir quelle image de soi adopter et afficher quand il est question de se rallier à la Révolution ou de la refuser et au nom de quels intérêts effectuer ce choix. Peu importe si tel secteur de la noblesse s’avère bien plus dynamique par rapport à tel autre secteur du Tiers État, à partir du moment où, face au choix politique, on décide de se ranger du côte de la défense du statu quo. Il en est de même pour les couches populaires qui prennent souvent conscience de leur identité sociale et de leur autonomie potentielle au cours même des luttes politiques, revendicatives ou salariales. Ces choix d’identité peuvent s’avérer sociologiquement cohérents et légitimes ou, au contraire, arbitraires et même mystifiants du point de vue de l’objectivité du rôle économique : plus que la réalité factuelle ce qui importe ici c’est la conscience de soi, à savoir à partir de quelle identité économique et sociale on prétend façonner son identité politique.
15Ce long préambule m’a paru nécessaire pour en venir plus clairement à mon propos qui porte ici sur le cas parisien. Je partage l’opinion répandue que les comportements politiques s’avèrent déterminants en vue de la définition d’une classe8. Mais sous la Révolution cela ne se constate pas simplement dans l’aspiration à occuper des postes de direction au niveau politique ou administratif. Au contraire, il importe de comprendre, de quelle façon, dans quelle stratégie et dans le cadre de quel processus identitaire ou de quelle auto-représentation ce phénomène a lieu.
16Si la Révolution en France est un moment important dans la prise de conscience de soi de la bourgeoisie, cette prise de conscience passe en bonne partie par la politique et se manifeste dès le début sous une forme politisée de perception de soi. Cela se fait non pas simplement au niveau des idées, en continuité avec la pensée des Lumières, mais sur le plan concret, dans les réponses données à chaud à certaines questions posées par l’accélération politique que la Révolution entraîne. La façon concrète dont les couches bourgeoises apprennent à louvoyer au milieu des luttes révolutionnaires en tant que sujet politique, représente une sorte de bildungsreise, un authentique voyage de formation.
17La Révolution sollicite en effet de façon directe et souvent dramatique des choix et oblige les individus à se dévoiler ; elle offre toutefois une vaste gamme de comportements politiques possibles qui peuvent plus ou moins refléter les intérêts des individus sur le plan économique et social. Il y a des gradations différentes dans la façon de suivre les événements et d’y adhérer. Dans ce cadre la relation particulière qu’on cherche à établir avec le peuple trouve sa place. Ce que je voudrais essayer de démontrer et qui me semble ressortir de mes recherches sur les luttes révolutionnaires à Paris, est que dans le processus souvent difficile et tortueux qui mène à la formation de la bourgeoisie et en particulier d’une conscience de classe, un rôle décisif est joué par le rapport entre élites « bourgeoises » et couches populaires. Il y a là toute une expérience de direction politique qui sert à cerner et à structurer une nouvelle identité.
18De ce point de vue, l’objet de mes recherches, un quartier populaire de Paris, représente un bon terrain de réflexion. Il s’agit en effet d’un échantillon urbain où il n’y a pas d’osmose entre élites nobiliaires et « bourgeoises », pour la simple raison que la noblesse y est pratiquement absente. Au niveau local celle-ci ne représente donc pas une alternative au rôle de premier plan joué par le Tiers État, qui peut assumer la direction politique en fait sans concurrents.
19Le problème qui se pose tout de suite dans ce cadre aux élites bourgeoises, est celui de ne pas perdre le contact avec le peuple et d’empêcher ainsi l’essor d’une radicalité populaire difficile à maîtriser. Dans ce contexte, il ne s’agit pas d’une simple expérimentation de la politique, mais de la première articulation d’une pratique hégémonique qui représente en elle-même une étape fondamentale dans l’itinéraire de formation de la bourgeoisie. Il n’est pas simplement question d’avoir accès à l’appareil juridique et administratif de l’État, de rester donc dans le cadre de la société politique, mais de savoir se mettre en relation d’abord avec la société civile dans sa dimension la plus large afin d’obtenir l’adhésion nécessaire pour l’emporter contre ses adversaires.
20La bourgeoisie parisienne manifeste à cet égard une considérable souplesse et une bonne dose de pragmatisme. Dans un combat politique où elle part défavorisée par rapport aux ordres privilégiés, elle doit immédiatement, pour des raisons à la fois tactiques et stratégiques, avoir une attitude « annexionniste » et non pas sélective et repliée sur elle-même. Le but est celui de créer un front le plus large possible d’alliés pour éroder le potentiel hégémonique de ses ennemis. Dans ce but, le Tiers État a bientôt recours à un discours universaliste pour démontrer concrètement l’intérêt des différentes couches de la société à se rallier et se placer sous ses drapeaux. Cette rhétorique, adoptée à chaud, se révèle pour l’heure utile et efficace, mais elle va à la longue devenir une sorte d’habitude destinée à entraîner par inertie des conséquences largement imprévues. Difficile de connaître la part jouée dans cette attitude par la formation culturelle des hommes du Tiers et celle jouée en revanche par l’improvisation. Toujours est-il que la réponse à une nécessité initialement tactique parvient à poser la question de l’hégémonie politique et permet aux hommes de la bourgeoisie parisienne d’en faire un premier apprentissage. Lorsque les luttes politiques deviendront plus aiguës et les formes d’opposition et de résistance au cours révolutionnaire augmenteront, cette expérience sera destinée à s’approfondir et à se poser dans toute sa complexité.
21La pratique de l’hégémonie dans l’histoire de la bourgeoisie parisienne n’est donc pas inscrite dans la culture politique prérévolutionnaire des élites, elle n’est pas non plus le produit d’un débat abstrait sur le périmètre qu’il convient de donner à la cité, mais ressort effectivement des luttes révolutionnaires où ce problème se pose de façon extrêmement concrète. Elle se fonde sur une capacité d’établir une relation large avec les différents secteurs de la société civile et sur la disponibilité à élargir le front révolutionnaire jusqu’à inclure un partenaire potentiellement dangereux comme le peuple. Cela ne va pas sans difficultés car dans ce but il faut abandonner des réserves fort enracinées ; si l’on songe à la méfiance généralisée, et partagée encore au xviiie siècle par les milieux éclairés, face au problème de l’acculturation populaire dans la crainte de détourner les classes travailleuses de leurs activités, on peut imaginer les réserves à l’égard d’une activité politique en ce qui concerne ces mêmes secteurs de la société.
22Cependant, la disponibilité à annexer les couches plébéiennes à la cité ne doit pas être vue, à l’instar d’Augustin Cochin, comme simple volonté de manipulation de l’opinion publique dans la lutte pour accaparer le pouvoir. Cette vision, au moins dans le cas parisien, empêche de comprendre la complexité et la portée d’une expérience. Même quand l’avantage qu’on peut tirer en faisant intervenir la force populaire dans la lutte politique sera clair aux yeux de tous, la relation qui se noue avec ces secteurs ne sera jamais exclusivement instrumentale, mais elle s’insère souvent dans une stratégie plus complexe où les élites bourgeoises sont conscientes d’avoir un rôle à jouer.
23J’estime qu’à Paris les hommes issus du Tiers État sont confrontés au niveau local à une alternative cruciale : suivre essentiellement leurs intérêts économiques et/ou professionnels ou adopter un point de vue plus général et prendre en charge les problèmes et les attentes des autres secteurs de la société jusqu’à endosser les revendications populaires. Ce dernier choix comporte inévitablement une procédure d’abstraction et d’aliénation par rapport à leur statut personnel qui peut représenter un saut dans le vide.
24La perte d’un ancrage précis par rapport à des intérêts spécifiques afin d’adopter une vision plus générale, peut impliquer une fuite en avant à caractère radical, voire même une tendance vers la surenchère. Ce danger est compensé néanmoins par la possibilité de suivre les événements, de maintenir le contact avec une société en révolution et, en l’occurrence, d’être mieux placés pour contenir tout éventuel débordement.
25Entre les deux extrêmes d’une alternative qui oppose une attitude particulariste à une prise de responsabilité générale, il y a bien sûr une grande variété de possibilités intermédiaires qui représentent autant de choix dont la bourgeoisie parisienne fait l’expérience. Il y a là toute une étude à faire sur les comportements politiques envisagés spécifiquement sous ce biais que j’ai entamée au niveau local et que je compte développer.
26On peut se borner ici à présenter quelques illustrations. Le cas par exemple de ces notables de quartier qui étaient déjà bel et bien à l’œuvre avant la Révolution vers la fin de l’Ancien Régime et que j’ai appelé, par analogie avec la campagne, des « coqs de quartier ». Il s’agit d’une élite d’individus qu’on ressent comme des bourgeois et qui se mettent en lumière dans la vie publique ; ils occupent des menues charges administratives ou des charges honorifiques qui scellent leur rôle de prééminence au niveau local. C’est cette élite qu’a étudiée David Garrioch au fil du xviiie siècle, dans une analyse fort suggestive qui rend compte des transformations dans la longue durée sous le biais notamment des stratégies familiales9.
27Ces hommes ont souvent les idées claires ; au moment de la Révolution, ils se laissent difficilement entraîner aveuglément dans une aventure. Ils ne renoncent pas pour autant à suivre le cours des événements, à se proclamer révolutionnaires et à chercher à promouvoir leur hégémonie.
28Un des cas les plus intéressants que j’ai rencontré est celui d’un tanneur du faubourg Saint-Marcel, Jean-Antoine Rubigny de Berteval dont j’ai suivi les péripéties entre la fin de l’Ancien Régime et la Révolution10. Il s’agit d’un entrepreneur aisé qui ne cesse de vouloir jouer un rôle et de se prononcer tous azimuts sur les questions qui touchent à la réalité non seulement parisienne, mais nationale, notamment en ce qui concerne les manufactures et le commerce. Rubigny assigne à la Révolution la tâche de remédier aux dégâts faits par l’administration d’Ancien Régime et de relever le sort de la tannerie française ; mais il n’y a chez lui aucune concession au radicalisme ou au populisme. Les hommes comme Rubigny savent adapter les événements à leurs intérêts et y trouver leur profit, que ce soit grâce à une nouvelle législation sur le commerce ou aux nouveaux besoins de l’armée dont ils deviennent les fournisseurs.
29Cependant il ne s’agit pas d’un cas de simple opportunisme. Rubigny représente un secteur de la bourgeoisie parisienne nullement dépourvu d’un plus large dessein hégémonique. Déjà à la veille de la Révolution, il avait essayé de se faire admettre à l’Assemblée des Notables pour plaider en faveur de la cause des tanneurs de France. Sous la Révolution, il ne cesse d’être le porte-parole de ses confrères. Mais ce qui l’intéresse est notamment la réalisation d’une société administrée par le talent et la modération, en mesure de soutenir en particulier l’entreprise et les activités économiques
30Il ne se laisse pas séduire par le langage universaliste et maximaliste, mais il n’exprime pas non plus un particularisme borné : au contraire il prétend représenter le point de vue de la collectivité et estime que son intérêt personnel d’Homo œconomicus coïncide en fait avec l’intérêt général. Ce sont d’après lui les hommes issus des manufactures et du commerce les plus aptes à gouverner, la sanior pars : « Gens de bonne vie et mœurs – suggère-t-il aux électeurs parisiens en 1791 – enfin des personnes d’esprit et d’intelligence qui ont beaucoup de connaissance dans l’ordre politique et social11. » Dans cette auto-candidature des hommes issus du négoce et de l’industrie à diriger la société, il y a la volonté non pas de revendiquer des intérêts particuliers, mais d’élever le particulier au général et de démontrer que le bien de la collectivité passe nécessairement par celui de sa classe la plus industrieuse. L’expérience révolutionnaire, une époque de transition accélérée, apprend à ces hommes, qui à la veille de 1789 représentent une sorte d’ » armée de réserve » prête à assumer des tâches de gouvernement, une certaine dose de mimétisme et l’importance du fait de syntoniser leur statut social au rôle politique qu’ils prétendent jouer : il y a là un important entraînement, fonctionnel à l’exercice du pouvoir.
31Si Rubigny représente un exemple issu du monde de la production, il y a d’autres voies par lesquelles des couches bourgeoises acquièrent une perspective générale relevant d’un projet hégémonique. Un exemple nous est fourni par la bataille menée à Paris pour l’extension de la démocratie politique contre le système censitaire et le marc d’argent instauré lors de la convocation des États Généraux. Or, sur ce plan, les voix qui se lèvent, ne sont pas celles des exclus en vue d’abolir le barrage censitaire et voir reconnu à part entière leur droit de citoyens ; ce sont surtout les districts parisiens qui se battent sur ce front et, en particulier ceux dont la composition sociale est plutôt élevée. C’est le cas, par exemple, du district de Saint-Étiennedu-Mont que j’ai eu l’occasion d’étudier de près, l’un des promoteurs de l’adresse présentée sur ce sujet à la Commune de Paris, le 8 février 1790 par 27 districts de la capitale12. Ce district était fréquenté à l’époque par un public provenant essentiellement des professions juridiques et intellectuelles. Le texte de ce document, extrêmement incisif, ne laisse pas de doutes et attaque le privilège de l’éligibilité réservé aux propriétaires comme contraire aux droits de l’homme ; de même il s’en prend à la distinction inconstitutionnelle entre citoyens actifs et passifs. Ce sont donc des hommes influents du Tiers État, des bourgeois à coup sûr, ceux qui se chargent d’avancer ces revendications pour l’élargissement de la pleine citoyenneté à des couches moins fortunées, sans égard aux inconvénients spécifiques qui pourraient en dériver.
32C’est par ce biais que les bourgeois du district de Saint-Étienne-du-Mont parviennent à adopter un point de vue général comme préalable même à l’exercice d’une hégémonie politique élargie. L’attaque portée contre le régime censitaire vise notamment son inconséquence logique, autant qu’idéologique, par rapport aux principes qui avaient été posés. Dans ces griefs apparaît ainsi la volonté sincère et somme toute courageuse de développer de façon cohérente les présupposés de la démocratie, sans un calcul précis des conséquences.
33Cet élan du district est destiné à se poursuivre bien au-delà de 1789 et à créer une sorte de réflexe conditionné en défense de la démocratie de base contre toute menace d’empiètement de la part des organes du pouvoir municipal ; on retrouvera cette même attitude lorsque ce district se transformera en section de Sainte-Geneviève et ensuite en section du Panthéon-Français. C’est comme si l’acte constitutif de l’entrée en politique du Tiers était lié ici à une sauvegarde cohérente de la démocratie, même si cela pouvait aller au détriment d’un contrôle plus strict et aisé de la participation politique. On pourrait penser à un travail inconscient d’apprenti sorcier ; mais il ne faut pas sous-estimer l’importance que, par ailleurs, cette expérience comporte en tant que prise de responsabilité politique.
34Se poser la question de savoir qui annexer ou exclure de la politique, signifie en avoir déjà le contrôle ou se prédisposer à l’exercer. Il ne faut pas oublier que ce n’est qu’en 89 que les hommes du Tiers État acquièrent pour la première fois cette possibilité. Exclus qu’ils étaient auparavant, ils deviennent soudainement ceux à qui il revient de décider le périmètre de la cité ; et non pas seulement du point de vue théorique, mais comme acte politique concret. Ils se portent ainsi garants de l’égalité politique qu’ils ont instaurée et trouvent ainsi une légitimation à leur rôle de direction, par rapport à d’autres couches sociales.
35Dans une époque de transition rapide et traumatique, les chances d’affirmer sa capacité hégémonique, dépendent de la hardiesse dont les protagonistes sociaux savent faire preuve. Certains secteurs de la société se démontrent résolument disponibles à changer de peau et à adopter une nouvelle identité. D’autres au contraire sont réticents ou hésitants et, face au changement et à ses inconnues, se replient sur de vieilles identités, et se retranchent dans des réseaux traditionnels de solidarité. D’autres secteurs encore, une fois remportés les bénéfices attendus, s’efforcent d’arrêter le processus et d’empêcher toute évolution ultérieure. Dans l’acte d’assumer un point de vue général plus abstrait en dépit de la rentabilité particulière que celui-ci comporte, il y a certainement le risque d’une dangereuse fuite en avant. Les élites bourgeoises au pouvoir seront poussées par une sorte de force d’inertie à se mesurer aux revendications populaires et en l’occurrence à les endosser dans un parcours qui devient de plus en plus politique, voire idéologique. Il s’agit néanmoins d’un investissement à moyen terme qui permet de manier un certain nombre de variables pour ensuite pouvoir les maîtriser.
36C’est donc au sein du Tiers – où il y a moins de privilèges hérités de l’Ancien Régime à défendre – qu’on repère le dynamisme utile à une projection en avant ; cette capacité de projection représente déjà le noyau d’une primauté sociale et politique destinée à se consolider dans les décennies suivantes. Une place primordiale dans ce processus revient à l’expérimentation d’un nouveau rapport avec les couches populaires proprement dites.
37Dans le faubourg Saint-Marcel – la réalité que j’ai pu étudier – les premières élites bourgeoises qui s’imposent dès 1789, résistent longtemps à la tête d’un quartier populaire potentiellement explosif, en fonction d’une remarquable capacité de médiation entre le général et le particulier : cette attitude reflète vraisemblablement une prise de responsabilité par rapport aux tâches de direction politique qu’on leur a confiées. C’est cette capacité – que je n’hésiterais pas à qualifier encore une fois d’hégémonique – qui permet la survie d’un lien, quoique souvent précaire et difficile, au moins jusqu’au 20 juin 1792. Et même par la suite, lorsque la digue est brisée et que le flot de la radicalisation populaire déferle, certains relais résistent encore : la réaction des élites locales n’est pas seulement celle de quitter la scène et de s’éclipser pour attendre que la tempête passe.
38Un exemple paradigmatique de ce comportement nous est donné par Antoine-Joseph Thorillon. Homme de loi, ci-devant procureur au Châtelet, habitant rue des Fossés St Marcel, il s’était distingué, même avant la Révolution, par des écrits à thème juridique ou économique. Politiquement actif dans le faubourg Saint-Marcel, il avait parcouru toutes les étapes du cursus honorum au niveau local : président du district de Saint-Marcel, puis électeur, il avait été nommé à la Commune par la section des Gobelins ; devenu juge de paix de cette même section, il était parvenu à se faire élire en 1791 à l’Assemblée Législative. C’était là sans doute l’occasion pour s’affranchir des liens avec son quartier et prendre son essor vers la politique nationale. Au contraire, Thorillon demeure lié au faubourg et pas seulement en qualité de membre du bureau de charité de la paroisse Saint-Marcel. Lors des violentes émeutes de janvier-février 1792 contre la hausse du prix du sucre, dont le faubourg Saint-Marcel avait été un des points les plus virulents, Thorillon intervint en défense de ses concitoyens arrêtés, pour en obtenir la libération. Il ne perd donc pas le contact avec ceux qui lui avaient accordé leur confiance. En mars 1792, en pleine campagne contre les sociétés populaires, il prend la parole à l’Assemblée Nationale pour défendre celles dont le but était d’ » instruire la classe laborieuse » et le modèle lui était fourni justement par celle de la section des Gobelins. Certes Thorillon, foncièrement modéré, critiquait les pratiques radicales qui commençaient à se développer dans certaines de ces sociétés : en particulier la violence verbale, les motions incendiaires, l’exaspération des tensions politiques et l’effort de conditionner l’opinion publique par l’invective, les dénonciations et les motions incendiaires.
39La situation devait se radicaliser davantage et Thorillon réapparaît pour essayer d’apaiser à nouveau ses concitoyens au moment de l’insurrection du 20 juin 1792 et pour dissuader le rassemblement en armes de sa section. Voilà encore un effort pour maintenir un lien avec la réalité locale, grâce à un prestige personnel acquis tout au cours de la Révolution. Cela n’empêchera pas que Thorillon soit inquiété et dénoncé au cours de l’an II pour ses positions modérées, sans pour autant qu’on ait pu formuler contre lui des accusations spécifiquement fondées.
40Thorillon n’était pas un radical, il n’était pas non plus un contre-révolutionnaire, comme on le prétendait. Au contraire il avait sincèrement cru en la Révolution et s’était grandement exposé.
41Et après Thermidor, malgré le traitement qu’il avait dû essuyer il ne se laissera pas gagner, comme le feront bien d’autres, à un esprit de revanche à l’égard des hommes qui avaient régi sa section sous la Terreur. Au contraire, encore une fois, il agissait avec modération, demandant qu’aucune mesure collective ne fût adoptée contre le ci-devant comité révolutionnaire qui pourtant l’avait dénoncé. Au lieu de s’écarter de la communauté locale, il y resta lié, convaincu de l’importance du fait qu’elle puisse se reconstituer après les grands bouleversements qui l’avaient traversée : le but est encore une fois celui de concilier perspective générale et point de vue particulier. Il donnait ainsi une preuve éloquente de réalisme et de maturité politique, sans se laisser emporter par les passions et démontrant une capacité de faire face à la situation telle qu’elle se présentait concrètement.
42Ce cas nous ramène à l’une des grandes questions de l’histoire révolutionnaire : le rapport entre avant-gardes politiques et mouvements de masse qui devient à Paris un enjeu fondamental entre le début de 1793 et la fin de l’an II. D’habitude ce rapport est étudié en fonction de l’histoire politique de la Révolution et de la lutte entre factions, ou du point de vue des couches populaires, pour déterminer leur rôle dans le processus révolutionnaire ; ce que j’ai voulu souligner ici est plutôt le rôle fondateur que la façon spécifique de se mettre en relation avec le peuple joue dans l’histoire de la bourgeoise parisienne même, dans son itinéraire de formation, voire dans la prise de conscience de soi. À ce sujet j’ai cherché à proposer quelques exemples qui me semblaient significatifs. L’inventaire des comportements sur ce terrain est extrêmement riche et varié ; il existe une pluralité de stratégies fondées sur d’anciennes ou de nouvelles solidarités. Il y aurait à ce sujet toute une étude à faire, non pas à partir des théories politiques, mais sur la base de la réalité concrète et au cœur de sa dramatique évolution. La bourgeoisie parisienne s’avère particulièrement marquée par une sorte de proximité de la politique qui conditionne et stimule son engagement. Dans ce contexte, la capacité d’entrer en relation avec « l’autre que soi » et l’expérience concrète de cette relation avec les différents secteurs de la société permettent à la bourgeoisie de se refléter en de multiples miroirs ; les images qui lui sont renvoyées sont très importantes pour la construction d’une identité, car elles lui permettent de préciser quelle physionomie laisser prévaloir et adopter.
Notes de bas de page
1 E. Labrousse, Voies nouvelles vers une histoire de la bourgeoisie occidentale aux xviiie et xixe siècles (1700-1850), dans Relazioni del X Congresso Internazionale di Scienze Storiche, vol. 4 : Storia moderna, Firenze, Sansoni, 1955, p. 365-396.
2 Ibidem, p. 367
3 « La bourgeoisie française de la fin de l’Ancien Régime à la Restauration », dans Commission de recherche et de publication des documents relatifs à la vie économique de la Révolution Française, Melun, Imp., administrative, 1938, p. 3-5 ; republié dans Assemblée générale de la commission centrale et des comités départementaux, vol. 1, Besançon, 1942.
4 C’est le cas à mon sens du récent ouvrage de S. Maza, The Myth of the French Bourgeoisie. An Essay on the Social Imaginary 1750-1850, Cambridge MA-London, Harvard University Press, 2003.
5 E. Labrousse, op. cit. p. 369.
6 R. Robin, « La natura dello Stato alla fine dell’ » ancien régime ». Formazione sociale, stato e transizione », dans Studi Storici, 14, 1973, p. 642-669.
7 C. Lucas, « Nobles, Bourgeois and the origins of the French Revolution », dans Past and Present, 1973 republié dans D. Johnson (ed.), French Society and Revolution, Cambridge, Cambridge University Press, 1976, p. 130.
8 D. Garrioch, The formation of the Parisian Bourgeoisie (1690-1830), Cambridge-London, Cambridge University Press, 1996, p. 7.
9 D. Garrioch, op. cit., 1996.
10 H. Burstin, « Rubigny de Berteval : un tanneur parisien pendant la Révolution », dans Histoire, Économie et Société, 12, 1993, n° 1, p. 29-39.
11 Arch. nat., B1 11, Motion en forme d’adresse à Messieurs les Électeurs de la Ville de Paris par De Rubigny, citoyen de cette capitale, ancien électeur de 1789, 7 novembre 1791.
12 S. Lacroix, Actes de la Commune de Paris, Paris, Cerf, Noblet & Quantin, 1894-1914, 1re série, t. 3, p. 620-621.
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