Chapitre 11. L’impossible mémoire républicaine
p. 145-158
Texte intégral
1À partir de 1908, le grand parti unitaire d’Unión republicana s’affaiblit de jour en jour. Le 20 septembre 1908, la mort de son chef, Nicolas Salmerón profite à Alexandre Lerroux qui a fondé en janvier le Parti Radical Republicain. Radical, antisyndicaliste, ouvriériste jusqu’à la démagogie, va-t’en-guerre et volontiers espagnoliste, ce dernier s’affiche en première ligne du combat antisolidaire. Les radicaux construisent un parti barcelonais anticatalaniste qui a l’oreille de la population récemment immigrée. On y trouve également une bonne partie de la petite bourgeoisie catalane. Cependant, les radicaux n’ont pas seulement à lutter contre les solidaires : à gauche, la constitution d’une nouvelle fédération syndicale, la Solidaridad obrera, constitue un autre danger. Certes, en 1909, Solidaridad obrera ne compte que 15 000 affiliés, soit 5 % des ouvriers, mais la renaissance du mouvement ouvrier ne tarde pas à porter ses fruits : en 1911 naît la Confédération nationale du travail, le grand syndicat anarchiste. Dans ces conditions, les années de Solidaritat catalana présentent une forte conflictualité politique à Barcelone : solidaires contre antisolidaires, radicaux contre anarchistes mais aussi, au sein de la coalition solidaire, nationalistes contre jeune Esquerra en voie d’affermissement. Le radicalisme tente alors de circonscrire la catalanisation des mémoires barcelonaises.
La riposte des républicains radicaux
2Face à la mémoire catalaniste, les républicains ne jouent pas la carte de la régionalisation. Leur premier réflexe est de promouvoir à Barcelone des cultes de dimension nationale espagnole. En mars 1905 par exemple, Fernando Giner de los Ríos qui conduit le groupe radical au conseil municipal soutient la participation de Barcelone aux hommages rendus à Cervantes. Selon lui, Barcelone ne pouvait manquer « de s’associer à la manifestation d’admiration que rend toute l’Espagne au plus génial de ses auteurs1 ». L’idée d’un monument à l’auteur du Quichotte reprend au fond la polémique sur la langue que déclancha le monument Verdaguer en 1902 ; mais en 1905, c’est un combat d’arrière-garde ! Relativement insensible à l’écho régénérationniste et patriotique des manifestations cervantines considérée par José Alvárez Junco comme un moment fort de l’affirmation du nationalisme espagnol après 1898, Barcelone laisse le projet de monument à l’abandon2. Le monument à Emilio Castelar est un autre exemple de riposte manquée. Le 20 février 1906, les radicaux proposent de participer à la souscription nationale pour un monument à Madrid. Mais le centralisme professé par celui qui fut le troisième président de la Première République en 1873 entre à coup sûr en contradiction avec le fédéralisme de l’Esquerra. Contrée par les régionalistes, la proposition est finalement adoptée au prix d’une contribution financière réduite au tiers3 ! Barcelone tend à se désolidariser des manifestations nationales qui ne coïncident plus avec ses mémoires locales : la tactique des radicaux est donc vouée à l’échec. Fort de ces leçons, Giner de los Ríos choisit d’attaquer la coalition solidaire en son point faible : la question cléricale. Car si les régionalistes sont proches de l’Église, l’Esquerra est sensible à l’anticléricalisme qui soude traditionnellement les républicains espagnols, exacerbé cette année-là par la séparation des églises et de l’État en France. Un débat houleux à propos d’une proposition de contribution au monument à Michel Servet, élevé à Vienne, en France, a lieu le 14 février 1907, puis en juillet 1909. Les régionalistes s’insurgent contre le caractère manifestement partisan de la proposition radicale. Leurs alliés républicains solidaires sont gênés4. Le coup porte et fragilise davantage la coalition solidaire mais pas assez pour relancer la politique de mémoire républicaine.
3Un paradoxe veut qu’à Barcelone, cité républicaine par excellence, la mémoire républicaine ne parvienne jamais à stabiliser ses lieux de mémoire. Pourtant, les occasions de se réunir entre républicains ne manquent pas : le 11 janvier rappelle la lutte acharnée des républicains à Sarrià, dans la banlieue barcelonaise, en 1874. Le 11 février commémore la proclamation de la Première République en 1873 ; le 14 juillet 1789, symbole devenu universel, continue d’être une référence fondamentale5. Le 29 septembre renvoie à la Gloriosa, en 1868. Le 29 novembre est l’anniversaire de la mort de Pi i Margall en 1901, tandis que le 20 septembre est celui de la disparition de Nicolas Salmerón, en 1908. Pas moins de six commémorations. Et pourtant, aucune ne s’impose réellement.
4Paradoxalement, il reste peu de souvenirs actifs du Sexenio démocratique. Dans l’épopée républicaine barcelonaise, c’est la tradition du motín et de l’opposition à la monarchie libérale qui prévaut. En témoigne l’hommage au Xic des Barraquetes et au Palet de Rubí, les défenseurs de Sarrià contre les troupes de Martínez Campos en janvier 1874. La commémoration date des lendemains du coup d’État, bribe d’une mémoire républicaine de résistance appelée à disparaître rapidement sous la Restauration. On la voit resurgir momentanément sous l’impulsion des radicaux en janvier 19096. Depuis lors, l’anniversaire donne lieu chaque année à un rassemblement modeste au cimetière de Sarrià7. Il disparaît vite jusqu’à la Seconde République, sauf en 1917. La journée héroïque de Sarrià est l’unique commémoration républicaine proprement locale (quoique Sarrià n’intègre la capitale qu’en 1922). La tradition de la mémoire révolutionnaire explique également que le culte à la Gloriosa, le 29 septembre (1868), l’emporte largement sur le culte à la proclamation de la République, le 11 février (1873). En effet, la violence insurrectionnelle marque le souvenir de la Gloriosa dans les années 1880, davantage que la proclamation de la République, événement somme toute pacifique où l’élément populaire intervint peu. La préférence pour le 29 septembre s’explique aussi par la tendance bien connue de la culture républicaine à mythifier le peuple, comme le laisse entendre le culte du 14 juillet.
5Ainsi, les anniversaires républicains s’accommodent mal de la Première République, cette « République sans républicains », sans doute parce qu’il est difficile de glorifier un moment de rupture avec la monarchie à l’heure où les partis républicains ont depuis longtemps déjà accepté de jouer le jeu de la Restauration. Les discours enflammés de Lerroux à chaque 29 septembre sonnent creux, alors même que les radicaux servent de bouclier protecteur au gouvernement libéral de José Canalejas en 1910. Comme résume El Poble Català, on a désormais des « républicains sans République8 ». Qu’importe ! La Gloriosa continue de galvaniser les foules, de cristalliser les appétits de changements, d’annoncer idéalement les ruptures de demain. Et puis demeure une vieille certitude libérale : la Catalogne est la terre de prédilection du républicanisme espagnol parce que les Catalans ont toujours lutté pour la liberté.
Et pourquoi pas la Pepa ?
6L’ancienne conviction libérale, si profondément ancrée, devrait encourager le centenaire des Cortes de Cadix en 1912. L’initiative n’est pas barcelonaise : la Real Ordonanza du 16 août 1910 et la loi du 23 juillet 1910 ont créé deux commissions nationales chargées de coordonner les festivités avec l’aide des comités municipaux de Madrid et de Cadix. Peu d’écho auprès des autorités barcelonaises : on décide d’honorer les députés catalans aux Cortes de 1812 par une simple plaque commémorative inaugurée en septembre 1912. Le débat au sein du conseil municipal révèle une gêne républicaine devant les attaques du représentant traditionaliste qui estime qu’il n’y a pas lieu de fêter l’introduction du parlementarisme en Espagne. Les régionalistes hésitent à se rallier à la proposition : pour Francesc Carreras Candi, les Cortes de 1812 n’ont rien apporté de positif à la Catalogne à court terme. Pour son collègue Pere Muntañola, les députés catalans ont fait preuve de patriotisme catalan, même si la constitution a contribué à renforcer l’uniformité de l’Espagne9. Les républicains ont donc de la peine à se reconnaître dans l’anniversaire de la promulgation de la constitution gaditane, dès lors que la commémoration est promue par un régime qui leur paraît en renier l’esprit. Comment fêter les Cortes de 1812 alors que le roi a indéfiniment suspendu les Cortes en 1912, réduisant le parlementarisme à une vraie peau de chagrin ? Pour Giral Lafuerza, chroniqueur de La Publicidad, le principal quotidien républicain catalan, « Les Cortes [de 1812] ne devraient pas être célébrées. » Et de conclure de manière significative : « Si j’étais ministre de l’Instruction publique, je supprimerais le cours d’histoire de l’Espagne des écoles et des lycées […]. Ce défilé interminable de défaites honteuses et de faits qui font rougir n’est pas très édifiant10. » Derrière la commémoration de 1912 se dessine, selon El poble Català, « la comédie grossière du parlementarisme espagnol » qui n’est « [qu’]une vaine fiction politique, une apparence, une ombre, une tromperie11 ».
7En 1910, Gabriel Alomar avait déjà dressé ce constat d’échec : « [Dans ce centenaire,] on pourrait lire en résumé l’évidence de l’inadapatabilité espagnole pour la liberté. » Comment expliquer cette inaptitude congénitale s’interroge l’auteur ? Il existerait un écart infranchissable entre une race espagnole « théologique et africaine » et l’idéal de liberté et de civisme qui vient toujours en Espagne de l’étranger, d’outre-Pyrénées, et qui ne pénètre qu’une couche étroite de « bibliophiles ». À Barcelone, « le décalage persistant, indestructible, entre les minorités raffinées et aristocratiques et les majorités incultes et brutales » prend une coloration plus tragique qu’ailleurs12. Ce qui empêche les républicains d’honorer les Cortes de Cadix, c’est le profond pessimisme qui les taraude après l’insurrection populaire de la Semaine tragique en juillet 1909. Le crédo libéral de la Catalogne semble mort : plus qu’à l’actualité d’une démocratie d’apparence, l’anniversaire de 1812 renvoie les républicains à leurs propres incapacités à guider les masses vers l’émancipation libérale. En 1912 en Catalogne, le souvenir de la constitution de 1812 qui construisit en partie le libéralisme espagnol du xixe siècle s’est éteint : il faut donc trouver autre chose.
8Il ne reste plus aux républicains qu’à exalter le mérite des hommes. Depuis 1887, la statue au général Prim est un point de ralliement républicain. Prim représente selon Joan Culla un idéal de « radicalisme et d’action », comme Abdó terrades13, el Xic des Barraquetes ou les Almogàvers.À partir de 1903, Lerroux exploite la tradition césariste de Prim pour alimenter un culte de la personnalité : « l’Empereur du Parallèle » s’impose comme chef charismatique et autoritaire. Le caudillisme, une ancienne caractéristique de la culture politique espagnole du xixe siècle, se trouve ainsi modernisée et adaptée à l’ère de la politique de masse.
9Une manifestation de masse spectaculaire a lieu par exemple autour de la statue le 29 septembre 1901. Ce jour-là, après la réunion des républicains aux Arènes (que Lerroux compare à la Bastille), une manifestation se dirige au son de La Marseillaise vers la place de Catalogne pour emprunter enfin la Ronda de Sant-pere. Là, entre les rues Girona et Bailén, un combat aux origines incertaines s’engage contre les forces de l’ordre. On déplore sept blessés dont deux policiers. Puis, le cortège se dirige vers le parc de la Citadelle jusqu’au monument à Prim où Lerroux tient un discours enflammé, appelant les républicains à l’insurrection armée14. Après cette « journée », le gouverneur civil n’autorise plus de célébration de la Gloriosa au grand jour et la statue à Prim est condamnée au silence. Il faut rappeler que l’incident suit de peu celui du 11 septembre 1901 causé par des nationalistes exaltés. La période est trouble ; on songe au changement de régime, aux solutions politiques radicales et c’est précisément là que se réactive le souvenir de Prim, symbole du coup d’État de 1868 qui renversa la monarchie. Mais cet horizon révolutionnaire est mythique car en 1901, les partis républicains s’intègrent globalement à la vie politique plutôt que de la rejeter. C’est pourquoi le monument à Prim ne peut être le lieu que de réactivations ponctuelles et occasionnelles qui ne servent qu’un certain culte à l’autorité et n’expriment qu’une aspiration confuse au renversement de l’ordre politique par la violence, particulièrement prisé des cercles radicaux mais de plus en plus éloigné des standards de la vie politique pratiquée par les autres courants républicains, fédéralistes ou progressistes. La figure de Prim n’aura jamais fait que l’union éphémère des républicains radicaux15 et pour s’unir, le mouvement républicain doit compter sur d’autres symboles.
1909-1912 : d’échecs en feux de paille
10La répression menée par le gouvernement Maura au lendemain de la Semaine tragique conduit à l’exécution de Francesc Ferrer i Guàrdia, fondateur de l’École Moderne et instigateur supposé de la rébellion. À gauche, ces événements hâtent la constitution d’un Bloc des Gauches autour du libéral Moret qui réussit à renverser le gouvernement Maura. Les radicaux qui entrent dans la composition du Bloc tâchent alors d’exploiter politiquement la Semaine tragique qu’ils n’avaient ni souhaitée, ni contrôlée, contrairement à ce qu’affirme la Lliga. L’exécution de Ferrer i Guàrdia est un immense scandale qui mobilise de nombreux manifestants à travers le monde. En 1910, le premier anniversaire de la mort du Dreyfus espagnol est donc pour Lerroux une occasion inespérée de capitaliser la rancœur populaire.
11L’origine des célébrations provient de la Sociedad de dependientes de carboneros de Barcelona qui émet le désir d’honorer le souvenir d’un des siens, Ramón Clemente García qui avait été fusillé à Montjuïc le 4 octobre 1909, une semaine avant Ferrer. La Publicidad reprend la nouvelle en faisant de Clemente García un innocent qui servit de justification pour exécuter Ferrer i Guàrdia16. Le 7 octobre, la Société prévient que personne ne sera autorisé à prendre la parole « vu que cet hommage n’a aucun caractère politique : il s’agit seulement de se souvenir de celui qui fut notre compagnon ». L’avertissement est vain car le dimanche suivant, de nombreuses entités politiques sont au rendez-vous, socialistes et radicales en majorité. Au cours des discours, la tension monte. Une fois l’hommage terminé, des manifestants se déplacent jusqu’à la tombe toute proche de Ferrer i Guàrdia. Là, les lerrouxistes empoignent les ouvriers qui leur refusent la parole. Des coups de feu sont tirés. La police embarque manu militari tous les combattants. Le soir, un communiqué signé par trois socialistes dénonce violemment les lerrouxistes qui auraient lâchement profité de leur supériorité numérique pour détourner le sens de la cérémonie.
12L’anniversaire du 13 octobre approche, date de l’exécution de Ferrer. La veille, le gouverneur civil interdit la manifestation prévue au centre-ville mais pas les hommages individuels. L’Association des étudiants convoque alors ses membres place de Catalogne. Par groupe de trois (pour ne pas enfreindre l’interdiction), les étudiants descendent la Rambla pour acheter les fleurs nécessaires, puis se dirigent au Cimetière de Montjuïc en tramway. La Publicidad compte ce jour-là quarante-cinq couronnes déposées sur la tombe de Ferrer. Les députés radicaux et les conseillers municipaux lerrouxistes sont tous présents à l’hommage. On ne note aucun socialiste, aucun syndicaliste ou ouvrier. L’acte se déroule sans incident17. Cette journée démontre qu’il existe une rivalité entre les comités ouvriers et les lerrouxistes. Les radicaux ont tenté de s’approprier une initiative populaire plus ou moins orchestrée par les socialistes mais la manœuvre a échoué : ils ne parviennent ni à capitaliser l’émotion ouvrière ni à greffer le culte de Ferrer sur celui de Clemente García. Les ouvriers se désintéressent de « l’affaire Ferrer » qui ne dénonce pas tant le principe de l’exécution qu’elle se choque de la mort d’un membre reconnu de l’intelligentsia barcelonaise. En somme, les républicains radicaux échouent à faire de Ferrer i Guàrdia un martyr. Par la suite, ils ne se soucient d’ailleurs même plus de cet anniversaire18.
13La raison de ce désintérêt est qu’ils ont enfourché une fois encore la question cléricale à la faveur des mesures antécléricales que le chef de gouvernement Canalejas a prises. À Barcelone, l’écho du débat national se cristallise autour du culte à Michel Servet que la majorité républicaine souhaiterait voir se développer au point le plus élevé de la montagne de Collserola qui domine la capitale. Mais existe là, depuis le 28 décembre 1902, un temple dédié au Sacré Cœur que les Barcelonais appellent le Tibidabo. Cet édifice a été consacré au culte quelques jours avant la Semaine tragique, en juillet 1909. Comme le Sacré-Cœur à Paris érigé après la Commune, le temple expiatoire des péchés de Barcelone semble une insulte insupportable aux républicains. Pour les radicaux, c’est une cible toute désignée : le 19 avril 1910, trois conseillers radicaux relancent l’idée d’un monument au « martyr de l’intolérence religieuse », Michel Servet. Pendant toute l’année 1910, la pression ne se relâche pas19. Le 27 juin 1911, le radical Vinaixa propose d’élever au point le plus élevé de la montagne de Collserola une statue grandiose à Michel Servet qui dépasse en hauteur le temple du tibidabo. Il s’insurge contre le fait que l’Église domine symboliquement Barcelone. Les régionalistes s’opposent de front à la fureur laïque des républicains pour une fois tous unis. En décembre 1911, la commission monumentale se réunit pour la première fois. Et puis, plus rien ! Le projet de monument à Servet n’est qu’un feu de paille de plus de la mémoire républicaine barcelonaise20.
Un seul espoir, Pi i Margall [Ill. 19]
14Les premières années du siècle voient disparaître la génération des républicains « historiques » : Figueras en 1882, Castelar, Ruiz Zorilla en 1895, Pi i Margall en 1901, Salmerón en 1908. Le champ est désormais libre pour les commémorer. Si le monument à Castelar ne fut qu’un contre-feu allumé pour contenir l’incendie créé par Solidaritat, le mausolée à Salmerón est l’une de ces Arlésiennes dont est peuplé le monde des monuments barcelonais21. Les tentatives concernant Vallès i Ribot ou Sol i Ortega sont sans avenir22. Reste l’incontournable culte à Pi i Margall qui possède la vertu unique de rassembler toutes les factions républicaines de Barcelone.
15On se souvient qu’au temps de Solidaritat, le projet constitua la plate-forme politique de l’Esquerra et profita de la neutralité bienveillante de ses alliés régionalistes. Après 1909, le projet avorte logiquement lorsque sombre Solidaritat. Mais l’évolution des conditions politiques des années postérieures joue en faveur du monument à Pi i Margall pour fédérer une nouvelle union républicaine. En effet, plusieurs faits plaident dans ce sens : la poussée électorale régionaliste aux municipales de novembre 1913, l’évolution interne du radicalisme au profit d’un ton modéré et embourgeoisé, l’urgence de combattre l’abstentionnisme ouvrier. Une entente électorale est conclue en février 1914 entre radicaux et Esquerra par le pacte de Sant-Gervasi. La pose de la première pierre du monument à Pi i Margall, le 19 septembre 1915, scelle l’accord.
16Ce jour-là, la mobilisation républicaine est sans précédent, comme au temps des « défilés mémorables de Solidarité » commente La Publicidad. 44 municipalités catalanes, 6 journaux, 99 associations culturelles et politiques dont 55 radicales sont présents. toutefois, deux cortèges différents se forment : tandis que l’officiel part de la place Sant-Jaume, celui des Radicaux part de la Maison du Peuple, rue Aragó23. Le climat d’entente qui prévaut au départ n’empêche pourtant pas les frictions : au cours de la cérémonie, les radicaux qui chantent La Marseillaise s’affrontent aux membres du CADCI et aux républicains-nationalistes qui entonnent Els Segadors. Les insultes fusent de part et d’autre : « ¡Viva España !, ¡Viva Francia y Bélgica !, ¡Viva la integridad de la patria española !, ¡Mueren los separatistas ! » contre « ¡Viva la república catalana ! » Les bagarres surviennent, les coups de feu et les blessés24. Le lendemain, une polémique s’ensuit : La Veu de Catalunya, l’organe de la Lliga, a beau jeu de souligner « l’union contre-nature » des familles républicaines et de souligner l’ambiguïté du culte à Pi i Margall.
17Deux ans plus tard, en 1917, l’échec du culte à Pi i Margall se confirme. Désormais, la Lliga domine la vie politique et les autorités locales, toutes nationalistes, ne soutiennent plus l’entreprise. La Commission exécutive du monument ne peut donc compter que sur elle-même. Le 14 avril 1917, l’inauguration partielle du monument à Pi i Margall tourne au fiasco. Le président de la Commission exécutive refuse que l’on joue La Marseillaise, ce que l’hebdomadaire radical El progreso interprète comme une bêtise. Selon La Veu et le journal socialiste La Lucha, la foule entonne alors l’Internationale pour contrer les radicaux. Pour El Poble Català, d’obédience républicaine-nationaliste, les radicaux chantent La Marseillaise sans que les entités régionalistes ne répondent. Pour El Correo Catalán, quotidien traditionaliste, les radicaux qui applaudissent à tout rompre devant le consulat de Russie s’affrontent à des passants qui criaient « Vive l’Allemagne ! ». Pour Solidaridad obrera, quotidien anarchiste, c’est la police qui charge les manifestants. En fin de compte, l’histoire de l’inauguration manquée du monument à Pi i Margall souligne l’incapacité de l’Esquerra à imposer une troisième voie entre radicalisme et nationalisme. La Diada Pi i Margall n’est pas ce « jour de trêve aux différences qui nous divisent » qu’appelle de ses vœux Día Gráfico25. Selon El Correo Catalán, la raison en est que « Pi i Margall n’a pas pris dans le peuple26 ». Dans les années qui suivent, aucune commémoration n’a lieu autour du monument en plâtre. Lorsqu’en novembre 1924 la dictature interdit la célébration du centenaire de la naissance de Pi i Margall, les républicains ne manifestent pratiquement pas. En effet, le culte n’a pas pris.
Un monument en décalage avec son époque
18La raison de cet échec vient de la faiblesse intrinsèque du mythe pimargalien. Pour les républicains-nationalistes, Pi doit représenter la synthèse des idées républicaines et catalanistes. La Catalogne est considérée comme une terre de prédilection de la doctrine fédérale pimargalienne. toni Xiberta, dans La Publicidad, compare la Catalogne à un nouveau Prométhée qui doit apporter le feu fédéraliste aux autres peuples d’Espagne, afin que « ces mêmes régions, aujourd’hui endormies mais demain réveillées, collaborent à l’œuvre libératrice [de la Catalogne]27 ». Cette interprétation ne convient pas plus au parti radical assagi de 1917 qu’au lerrouxisme du début du siècle. Mais les variations idéologiques constantes du parti radical ne permettent pas pour autant de dégager une autre lecture du monument : quand Pere Sala juge que la statue sera pour les générations futures « une leçon de choses », il se garde d’indiquer le sens de cette leçon28. Au contraire, la Lliga, si étroitement associée à l’aventure du monument à son origine, s’en est définitivement écartée. En réponse au pacte républicain de Sant-Gervasi, elle se sert du rejet de Pi i Margall pour sceller un pacte électoral avec les traditionalistes, ce qui lui assure l’hégémonie politique jusqu’en 1919. En définitive, le culte à Pi i Margall semble davantage avoir servi à l’union politique des droites qu’à celle des gauches.
19On peut légitimement se demander si le monument n’a pas lui-même contribué à cet état de choses. Lorsque le 20 septembre 1915, le sculpteur Miquel Blay explique à la presse son œuvre, il la compare à un forum romain qui rassemblerait tous les Catalans autour de l’idéologie de Pi. Pour concrétiser dans la pierre les théories pimargalliennes, l’auteur fait un effort didactique remarquable. Le monument comprend trois éléments principaux : deux colonnes doriques qui symbolisent les bases du système fédéral, la région et la commune, un pilastre représentant la nation fédérale et au sommet duquel on trouve un bronze figurant « la Nation illuminée par le Génie du Progrès » et enfin, un buste de Pi i Margall, en marbre de Carrare. À la base du piédestal, se tiennent la Liberté et la Justice. Toutes sortes de figures décoratives complètent ces éléments centraux. Sur les côtés, les pactes entre les régions espagnoles : à droite, la Castille symbolisée par une paysanne portant une gerbe de blé de la Meseta, et la Catalogne qui « invite sa sœur à vivre les temps présents en lui montrant les attributs de l’industrie, du commerce et de la navigation ». À gauche, le Midi offre une corbeille de fruits et de fleurs aux provinces du nord riches de leurs minéraux et de leur industrie sidérurgique. Derrière le pilastre, l’Histoire écrit sur un livre les leçons du passé et de l’avenir. La base du monument est constituée par les blasons des anciens royaumes d’Espagne29.
20Une conclusion s’impose : le projet de Blay est laborieux. D’une part, le foisonnement d’allégories abstraites rend sa lecture malaisée. L’œuvre de Blay n’a pas la limpidité du monument au Dr Robert. D’autre part, des aspects importants de la doctrine ou du mythe sont mis de côté : l’austérité et l’honnêteté légendaire de Pi i Margall, son œuvre de président de la République, son œuvre d’historien et de critique d’art, sa pensée sociale, le mythe d’une Catalogne terre de prédilection du fédéralisme. La conception d’ensemble s’éloigne sensiblement de l’idéologie de son principal promoteur : l’Esquerra. La « leçon de choses » risque fort de tomber à plat. On notera finalement que l’esthétique du monument est classique, en décalage complet avec les courants dominants de la statuaire catalane des années 1910. Ce rendez-vous manqué explique que le monument à Pi i Margall replonge dans l’oubli pour treize ans.
21Combattue à gauche, récusée à droite, la figure de Pi i Margall ne parvient pas à constituer un point de référence unanime. Le projet de monument au patricien républicain devient une pierre d’achoppement du républicanisme barcelonais alors qu’il était censé en être la clé de voûte. Sa construction, indéfiniment retardée, est à l’image d’une république qu’en 1915, on ne voit plus venir. Il n’est pas faux d’affirmer que de premières pierres en kermesses, de veillées funèbres en inaugurations virtuelles, les républicains se retrouvent autour de vides, de véritables trous de mémoire. Et s’il fallait trouver une image aux mémoires républicaines barcelonaises, on ne choisirait pas mieux que celle de ce monument à Pi qui les unit parfois et les divise souvent.
Divisions politiques…
22Comment expliquer le paradoxe d’une force politique majoritaire (jusqu’en 1914) mais incapable d’imposer à l’espace urbain les repères stables de son identité ? Il y a des raisons conjoncturelles qui tiennent à la politique menée par les radicaux à la municipalité30. À partir de 1910 notamment, le poids considérable du groupe est amoindri par les scandales qui le touchent, notamment de corruption massive. De fait, la marge de manœuvre des radicaux est plus réduite qu’il n’y paraît. Cependant, les causes structurelles l’emportent. La division du mouvement républicain est fondamentale car il existe une méfiance mutuelle entre les radicaux et les républicains nationalistes. En 1914, le rapprochement entre républicains nationalistes et républicains radicaux n’est que le fruit de calculs électoraux qui n’effacent pas le contentieux politique entre les deux grandes formations républicaines de Barcelone. D’un côté, l’Esquerra manifeste du mépris envers le nationalisme espagnol ; de l’autre, les radicaux de Lerroux professent un espagnolisme qui recoupe le sentiment d’appartenance de son électorat populaire. Comme Joan Cullà a montré, la scission recouvre largement une opposition sociale entre une moyenne bourgeoisie urbaine et catalanisée et des classes populaires récemment immigrées et mal à l’aise dans la nouvelle culture nationale31.
23Le déchirement entre républicains est aussi de nature culturelle : les radicaux refusent le modernisme et s’attachent à des formes de pensée et à des valeurs périmées. Les lerrouxistes se moquent de l’identification du catalanisme au modernisme, méprisant une grande partie de la modernité artistique, intellectuelle et sociale de leur temps. L’attitude révèle l’incompréhension totale des couches subalternes envers les modes de vie et la culture des classes dominantes. La culture lerrouxiste est « une culture des années 80, tonitruante, antimoderne parce que c’est une culture plébéienne, une culture du menu peuple urbain et transmise aux secteurs prolétariens et petits-bourgeois32 ». Au-delà, c’est le rapport au passé qui diffère. Enracinée dans une culture forgée pour l’essentiel au milieu du xixe siècle et au cours du Sexenio, la mémoire radicale a un passé dont elle vit et s’inspire. Sans jamais parler de tradition car seule la valeur du progrès compte, les républicains se souviennent sans cesse des faits et des héros de leur geste particulière. Ils célèbrent jalousement des événements glorieux encore présents à la mémoire de certains participants. Les républicains nationalistes, eux, comme les autres catalanistes, ne se réfèrent qu’à des traditions médiévales, des personnages lointains et des faits symboliques dont personne n’a plus le souvenir depuis longtemps. Ils en appellent constamment à la résurrection d’un passé révolu mais ils construisent une culture qui choisit la modernité comme trait distinctif. Au total, le républicanisme radical a un passé auquel il veut demeurer fidèle mais il se trouve prisonnier de formes de mémoire figées. Le catalanisme, lui, n’a pas de passé mais des traditions inventées.
24Il y a là un paradoxe républicain qui veut que la frange radicale, la plus révolutionnaire, soit également la plus passéiste. Un article de La Publicidad s’en étonne :
« Par un fait absurde qui ne s’explique pas, par l’un des rares paradoxes de la vie, se sont toujours les révolutionnaires et les éléments progressistes qui célèbrent le plus d’anniversaires : la commémoration de la Commune, la prise de la Bastille, la Révolution de Septembre, la proclamation de la République, l’expulsion des frères [des couvents], le Premier Mai, les exécutions, les soulèvements, les révoltes. Tout un monde de souvenirs. Que les traditionalistes vivent de souvenirs, eux qui ont le regard tourné vers le passé, on peut le comprendre. Mais il est difficile de comprendre que les hommes qui aspirent à rénover les choses et qui combattent pour détruire les droits acquis et les abus consentis veuillent vivre de souvenirs et célèbrent constamment des anniversaires, des centenaires, des dates, des faits et des épopées passées33. »
25En effet, la culture républicaine est hantée par le souvenir : tertulias, conférences, hommages de toutes sortes, « veillées nécrologiques », banquets d’anniversaire, etc. L’activité fébrile des centres républicains témoigne de cette culture de la fête et de la mémoire. Mais ces commémorations dépassent rarement les murs du casino, de la fraternité ou de la maison du peuple. Elles demeurent confinées dans les cercles étroits de la sociabilité républicaine, sans jamais conquérir l’espace public des statues, des cimetières et des plaques commémoratives. Avec Angel Duarte, on peut avancer l’hypothèse que les républicains ne comptent pas la commémoration au nombre des outils privilégiés de mobilisation populaire. Le 11 février, le 29 septembre ne prennent pas solidement, moins en tout cas que ces innombrables manifestations privées qui sont le fondement de l’expérience républicaine. La difficulté à investir l’espace public urbain de manière ordonnée et régulière demeure une constance tout au long du xxe siècle, malgré la rénovation du républicanisme. On a constaté qu’en 1915 comme en 1901, les commémorations républicaines se terminent dans le sang et le désordre public si bien, qu’à tort ou à raison, les lerrouxistes sont toujours assimilés par la presse conservatrice à des fauteurs de trouble. Comme dit La Publicidad, les radicaux n’ont pas compris que « les anniversaires ne sont pas des dates propices à la révolution » car « la célébration des anniversaires, c’est le culte de la tradition », tandis que « les révolutions sociales sont le pôle opposé à la tradition34 ». Les radicaux préfèrent le vote et l’insurrection à la commémoration, comme toute leur culture les y pousse. Fondamentalement pour eux, occuper la rue, c’est toujours s’insurger35. Ils préfèrent à la commémoration des formes d’actions collectives plus compréhensibles au monde ouvrier comme la manifestation ou la grève : on pense évidemment aux cortèges du Premier Mai dont la fonction d’intégration n’est plus à démontrer36. En Espagne, comme l’a montré Jean-Louis Guereña, le Premier Mai a vite détrôné la fête patriotique du lendemain, le Dos de Mayo, et a empêché l’identification des classes ouvrières à la nation. Finalement, pour les républicains, la revendication des huit heures est plus structurante que le souvenir de la Première République.
26Il existe une contradiction de fond entre le mode d’expression du républicanisme et la commémoration telle qu’elle se construit en ce début de siècle. L’acte du souvenir peut en soi porter une signification subversive, – c’est le cas des cérémonies du Onze septembre dont on a déjà parlé –, mais il s’agit toujours d’un rituel de rébellion qui ne débouche pas sur la remise en cause de l’ordre social. Comme une sollicitation inconsciente à l’avènement d’un ordre de mémoire différent, la cérémonie catalaniste agit en définitive au bénéfice d’un ordre structurel restauré et purifié, le temps d’une inversion comme au carnaval. La commémoration peut au mieux mimer la subversion mais jamais la faire advenir. Quant aux républicains, en dépit de leur intégration politique, ils conservent majoritairement une culture de l’émeute difficilement compatible avec le rituel de mise en ordre symbolique qu’est, dans son essence, une cérémonie du souvenir.
27Chez les républicains, deux attitudes prévalent. Les républicains nationalistes ne se sont pas seulement rangés à la politique de mémoire catalaniste ; ils en ont épousé une certaine manière de se référer au passé en utilisant des statues, des noms de rues et des commémorations policées. Les républicains radicaux, proches des classes populaires, maîtrisent mal cette grammaire du souvenir : ils possèdent leur propre mémoire, bien vivante, mais confinée à leurs espaces de sociabilité. Ils ne participent pas encore du jeu subtil des politiques de mémoire. La fracture qui divise les républicains ne sépare pas seulement deux formes d’identifications nationales de plus en plus antagonistes entre Catalogne et Espagne. Elle sépare aussi deux manières de se référer au passé : celle des classes moyennes qui se projettent dans l’espace public à coup de cérémonies et de monuments et celle des classes populaires qui demeure close et intime, en un mot, dominée.
Notes de bas de page
1 AA, Exp 639, 1905, « Conmemoración del tercer centenario del Quijote ». AA, CMP 14/03/1905 ; 25/05/1905 et 24/06/1909.
2 AA, CMP 24/09/1909. Voir aussi Eric Storm, 1997.
3 AA, 20/02/1906 ; 13/03/1906 ; 22/03/1906.
4 AA, CMP 14/02/1907 et 20/07/1909.
5 Il s’agit de La Marseillaise que Clavé a composé en 1871. Le centenaire de 1889, notamment, a été célébré à Barcelone non seulement par les cercles républicains, mais plus largement encore par les libre-penseurs, les loges maçonniques, les groupes ouvriers, les établissements laïcs et même certaines mouvances anarchistes. Peu de traces en restent. Pour autant, ce serait une erreur que de négliger le poids symbolique de la Marseillaise qui sonne longtemps aux oreilles barcelonaises comme un hymne révolutionnaire. Voir Angel Duarte, 1987, p. 76.
6 AA, CMP, 28/01/1909.
7 PU, 10/09/1910 et 18/10/1910, « Notas políticas », p. 1.
8 PC, 11/02/1909, « La commemoració de la República », p. 1.
9 AA, CMP, 05/09/1912 ; 13/09/1912 ; 26/09/1912. PU, 17/09/1912, « La conmemoración de 1812 », p. 1.
10 27/09/1910, Giral Lafuerza, « Divagaciones », PU, p. 1.
11 PC, 17/09/1912.
12 PC, 03/08/1910, Gabriel Alomar, « En els incis d’un centenari », p. 1.
13 Abdó Terradas (1812-1856) fut un républicain convaincu. Il fonda la Société Patriotique en 1840 à Barcelone. Maire de Figueres, il fut emprisonné en 1842 pour avoir refusé de prêter serment à Espartero. Exilé à Perpignan, il écrivit un fameux Plan de la révolution. De retour à Figueres, il fut assigné à résidence une première fois à Sigüenza en 1844. Il s’échappa à Paris où il lança, le 1er juillet 1848, un appel à l’insurrection républicaine. À nouveau élu maire de Figueres après la révolution de 1854, son activité militante attira les foudres du général Zapatero qui l’exila à Cadix où il mourut rapidement. Clavé a dédié à ce personnage haut en couleur le chant La Revolución.
14 NU, 29/09/1901, « La revolución de septiembre. El 33 aniversario », p. 1.
15 Pendant la période solidaire, le jeune Parti radical tente de ranimer le souvenir du général Prim pour affirmer sa présence et sa force : le 7 juin 1908 par exemple, cinquantième anniversaire de la bataille de Wad-Ras gagnée par Prim sur les Marocains, dix mille radicaux rendent hommage à Prim lors d’une expédition organisée à Reus. Mais à Barcelone, c’est un échec. Voir AA, CMP 04/06/1908.
16 PU, 04/10/1910, « Un aniversario », p. 2. PU, 5/10/1910, « Notas política », p. 1.
17 PU, 10/10/1910, p. 4 ; 12/10/1910, p. 1 ; 13/10/1910, « El proceso Ferrer », p. 1 et « A la memoria de Ferrer », p. 2 ; 14/10/1910, « Ferrer está enterrado en el Cementerio Libre », p. 1.
18 A Dip, LI 2415, session du 14/07/1914.
19 AA, CMP, 19/04/1910, 20/04/1911 et 22/06/1911 ; 27/06/1911 ; 17/08/1911 et 07/09/1911.
20 A Dip, Exp 4805, 1911, Ll21, Reg 137.
21 A Dip, Ll 2415, 28/10/1912. PU, 22/09/1910, 21/09/1911, 24/19/1912 p. 1 et 2, 20/09/1913, 22/09/1913, 29/09/1913.
22 AA, CMP, 08/08/1912 et 26/08/1913.
23 PU, 20/08/1915, « El monumento a Pi i Margall. Cataluña entera rindió ayer homenaje al maestro », p. 1.
24 DdBCN, 20/09/1915, p11902 et LV, 20/09/1915, p. 2, « El monumento a Pi i Margall », 21/09/1915, p. 2.
25 Joan Roca i Roca, « Barcelona y Pi i Margall », publié par la Commission exécutive du monument, 1917, 16 p.
26 CC, 01/05/1915.
27 PU, 19/08/1915, Tona Xibata, « Nuevo Prometeo », p. 2.
28 Ed, 29/04/1917, Pedro Sala, « Una piedra que hablará », p. 1.
29 Album-Record a Pi i Margall, 1917.
30 Santiago Izquierdo Ballester, 2006.
31 Joan Cullà, 1986, p. 155.
32 Joan-Luís Marfany, 1995, p. 52.
33 PU, 29/07/1912, « Aniversarios », p. 1.
34 PU, 29/07/1912, op. cit.
35 Angel Duarte, « La esperanza republicana », in Rafael Cruz, Manuel Pérez Ledesma 1997, p. 187 sq.
36 Miguel Rodriguez, 1990.
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