Variabilité contre différences : à la recherche de sens
p. 217-233
Texte intégral
1L’objectif de ce chapitre est de questionner le sens de la variabilité intra-individuelle et de ses connexions avec les différences interindividuelles. Une articulation entre ces deux niveaux n’est pas donnée comme une évidence dans la littérature. Dans ce chapitre, quelques points de vue généraux sont tout d’abord proposés à propos de la variabilité. Comme la diversité s’applique à la variabilité elle-même, il paraît nécessaire d’opérer des distinctions entre des variabilités intra-individuelles de natures différentes. La littérature propose à ce sujet des repères classificatoires. Leur conception n’est pas aisée et les difficultés existent surtout lorsqu’il s’agit de distinguer de façon opérationnelle ce qui, dans l’ensemble de la variabilité intra-individuelle, revient, par exemple, à la flexibilité, à la plasticité, à la vicariance ou au bruit. Pour ce qui concerne le problème de l’articulation des variabilités intra- et interindividuelles, une difficulté initiale réside dans le fait que ces variabilités tendent à être considérées dans la littérature comme conceptuellement distinctes. Il n’y a donc pas d’évidence imposant un cadre conceptuel commun aux deux niveaux d’étude. Si ces derniers sont distincts, cela ne doit toutefois pas signifier que les variabilités intra- et inter- soient nécessairement toujours déconnectées et un arrière-plan conceptuel permettant d’éclairer la variabilité intra- et ses articulations avec les différences entre les individus peut être conçu. Prenant le modèle de la vicariance pour bagage, on réinvestit le cadre conceptuel élaboré par Darwin (1859). On tente alors d’éclairer des connexions entre la variabilité intra- et interindividuelle à partir de mécanismes explicatifs de l’évolution du vivant. Les propositions demeurent cependant limitées car, concernant la variabilité intra-individuelle, passée la proposition selon laquelle la sélection par les conséquences s’est faite en faveur de gènes impliqués dans l’extension du répertoire des processus adaptatifs, les arguments théoriques restent rares dans la littérature. Néanmoins, on suppose que cette perspective théorique, efficace pour rendre compte d’universaux ainsi que de bon nombre de différences qu’explore la psychologie différentielle, est heuristique et donne sens à la variabilité intra-individuelle.
Variabilité intra-individuelle et différences stables
2La diversité des formes ou des comportements est une caractéristique remarquable du vivant. Du chaos apparent, l’approche scientifique s’efforce d’extraire des régularités ou des invariants et la diversité y est considérée essentiellement suivant trois niveaux : diversité au sein d’une espèce, diversité entre espèces, et diversité des écosystèmes. Il en va sensiblement de même à propos de l’étude des phénomènes psychologiques. En raison d’un nécessaire effort de généralisation, l’analyse au niveau d’une unité, l’individu, est plutôt délaissée. Une expérience sur un sujet unique peut apparaître alors à de nombreux chercheurs comme incompatible avec la recherche de lois générales. Des régularités intra-individuelles peuvent néanmoins être détectées, qui sont susceptibles d’une explication, et le déterminant privilégié par la recherche va concerner les mécanismes psychologiques responsables de ces régularités. Pour ce niveau d’analyse, le terme de variabilité se substitue dans la littérature à celui de diversité pour concerner essentiellement, dans un cadre de psychologie différentielle, une variabilité à court terme (Nesselroade, 1991a).
3Celle-ci est étudiée depuis longtemps et la recherche a porté sur une large variété de domaines. Un élément de conception très général emprunté et adapté de Reisse (2011) en propose un premier éclairage en considérant que le vivant correspond à un état de structuration donné de la matière formant un système ouvert qui communique, c’est-à-dire qui échange de l’énergie. Ces échanges produisent et entretiennent des déséquilibres qui permettent de maintenir l’intégrité du système. Les éléments d’un système vivant, tels que des neurones, sont eux-mêmes codés pour ne pas demeurer dans un état stationnaire. Le vivant génère de la nouveauté et la variabilité apparaît comme une condition de certaines stabilités (différents mécanismes assurant une même fonction) tout comme de la stabilité émerge de la diversité (un même mécanisme assurant différentes fonctions) : ainsi par exemple, toutes les cellules d’un organisme vivant complexe contiennent les mêmes gènes alors que certaines sont des cellules d’estomac et d’autres des neurones. Par analogie lointaine avec l’expérience commune, le maintien de la verticale à vélo est facilité pour peu que les roues du cycle soient en mouvement.
Diversité de la variabilité intra-individuelle
4Différents auteurs depuis de nombreuses décennies (Cattell, 1957) ont proposé des distinctions au sein de l’ensemble de la variabilité intra-individuelle. Fiske & Rice (1955) cités par Ram, Rabbitt, Stollery & Nesselroade (2005), différencient une variabilité réactive ou adaptative qui est ordonnée, soit en cycles, soit en oscillations, de celle spontanée qui ne montre pas de lien systématique avec le temps. Les auteurs mentionnent une variabilité pure telle que la variabilité observée à l’occasion d’évaluations répétées où l’individu est exposé à chaque occasion au même stimulus ou à des stimuli qui ne sont pas distinguables objectivement dans une même situation totale. Se fondant sur ce type de distinctions, Ram et Gerstorf (2009) décomposent la variabilité intra-individuelle totale contenue dans une période donnée en deux parties appelées variabilité nette et variabilité structurée. La variabilité intra-individuelle nette (les positions des scores en fonction du temps sont interchangeables) est quantifiée par des mesures telles que l’écart type intra-individuel et est utilisée pour saisir les caractéristiques dynamiques des individus (flexibilité et labilité).
5Quant à la variabilité intra-individuelle temporellement structurée, elle est modélisée par exemple à l’aide de séries chronologiques. Les mesures répétées sont utilisées pour décrire et comprendre comment l’état d’un individu en une occasion t est relié ou détermine l’état à une occasion subséquente, t1, t2,… Cette variabilité refléterait des processus dynamiques (par exemple, l’adaptation). À partir de ces distinctions, Ram et Gerstorf (2009) visent à montrer que l’étude de la variabilité intra-individuelle permet d’accéder à des construits utilisés pour décrire la capacité des individus au changement (des caractéristiques dynamiques telle que la flexibilité conçue comme un trait) et à des patrons systématiques de changement qui décrivent des transformations comportementales (des processus dynamiques tels ceux de régulation, d’adaptation, d’homéostasie ou d’accommodation au sens piagétien).
6Des distinctions devenues classiques sont proposées par Nesselroade (1991b) : d’une part, les changements intra-individuels peuvent être ou non réversibles, et peuvent être ou non synchrones chez les individus (en référence à l’apprentissage, au développement). D’autre part, la variabilité intra-individuelle présente des changements qui peuvent être plus ou moins réversibles et qui peuvent être ou non synchrones chez les individus (des états, des humeurs). Les changements intra-individuels sont conçus comme des changements inscrits dans le long terme, alors que la variabilité intra-individuelle concerne des fluctuations éphémères ou à court terme.
L’inter- et l’intra- dos à dos
7Les méthodes de recherche corrélationnelle qui caractérisent la psychologie différentielle ont tout d’abord permis de satisfaire des objectifs prédictifs portant sur des populations ou des groupes d’individus. Par extension, l’étude de l’organisation des relations entre un grand nombre de variables mène à des structures multidimensionnelles décrites en particulier à propos de l’intelligence et de la personnalité. On suppose initialement qu’avec l’analyse factorielle il est possible de représenter tout autant la variabilité inter- qu’intra-individuelle dans la mesure où les données satisfont la propriété d’ergodicité. Lautrey (2003) indique que ce concept provient du domaine de la mécanique des fluides et de la thermodynamique, où il désigne une équivalence entre la structure de la variabilité entre des éléments à un moment t et celle entre les moments pour un même élément. On constate bien une sensibilité du modèle d’analyse factorielle aux différences de variabilité intra-individuelle. Ainsi, s’il n’y a pas de différences de variabilité intra-individuelle entre les individus, alors un seul facteur est suffisant pour représenter les données, ce qui n’est pas le cas dans un cas différent. On pourrait alors considérer que les construits identifiés par l’analyse corrélationnelle représentent des structures de différences interindividuelles qui seraient aussi des structures intra-individuelles reflétant le fonctionnement de l’individu, mais de multiples travaux indiquent qu’il n’en est rien.
8Il existe des arguments convaincants pour indiquer que l’analyse des différences interindividuelles ne permet pas de construire une connaissance de l’individu. Lamiel (2006) montre que l’approche corrélationnelle et l’analyse statistique, si elles expliquent quelque chose, n’expliquent cependant rien du comportement d’un individu donné et ni même ne permettent une connaissance probabiliste. La fracture entre les niveaux d’analyse inter- et intra- est également attestée par Borsboom, Mellenbergh et Van Heerden (2003) pour lesquels le facteur latent de l’analyse factorielle ne donne pas accès à une relation causale au niveau individuel. La position d’un individu sur une dimension représentée par un facteur de l’analyse factorielle est considérée comme une constante, ce qui implique que cette position ne peut covarier avec aucun processus intra-individuel et ne peut donc pas être invoquée comme une cause (Borsboom et al., 2003). Lorsque les régularités sont recherchées à un niveau d’analyse individuel avec des données recueillies en de multiples occasions, il apparaît par exemple, en référence au modèle à cinq facteurs de la personnalité, que ce dernier ne peut être retrouvé que pour une minorité de cas individuels (Borkenau & Ostendorf 1998). Les résultats de travaux tels que ceux de Molenaar, Huizenga et Nesselroade (2003) alimentent également une rupture, en montrant que les variations interindividuelles dans la population risquent de ne pas décrire tous les individus de cette population. Le « moyennage » de données d’un échantillon d’individus peut aboutir à une structure qui ne reflète pas les caractéristiques de l’un ou l’autre individu de l’échantillon. Prenant appui sur l’hypothèse d’ergodicité selon laquelle la valeur moyenne d’une grandeur calculée de manière statistique est égale à la moyenne d’un grand nombre de mesures prises dans le temps pour un même individu, la démonstration sans équivoque est faite que les structures factorielles qui résument les variations pour un groupe d’individus ne peuvent pas résumer ni expliquer les structures au niveau de chaque cas individuel. Un construit classificatoire (tel un modèle factoriel des aptitudes cognitives ou de la personnalité) permet de rendre compte de l’organisation d’un attribut ou d’une entité pour une population, mais ne peut pas être explicatif des dynamiques causales au niveau individuel. Selon Borsboom et al. (2003), il n’y a pas isomorphisme entre l’analyse inter et intra-individuelle. Les construits psychologiques assumeraient deux fonctions : l’une est une fonction de description et de classification, l’autre, d’explication. La taxonomie descriptive repose sur l’analyse des différences interindividuelles et la dynamique causale serait accessible par l’analyse de la variabilité intra-individuelle. Le sens attribuable à la variabilité intra-individuelle ne peut guère venir d’un transfert du cadre conceptuel de la variabilité interindividuelle (Lautrey, Mazoyer & van Geert, 2002).
9Des connexions entre structure (sous l’angle psychométrique) et processus sont toutefois considérées depuis longtemps à propos des aptitudes cognitives mais beaucoup moins en ce qui concerne la personnalité où la recherche paraît clivée en deux domaines. D’un côté il s’agit de l’étude de la structure de la personnalité (Digman, 1990) et de l’autre des processus de personnalité (Mischel & Shoda, 1998 ; Revelle, 1995). Divers auteurs expliquent que les analyses intra- et inter-, bien qu’elles puissent s’informer l’une l’autre, ne constituent pas moins des domaines de recherche qui sont conceptuellement distincts (Asendorpf, 2002 ; Revelle, 1995).
La variabilité intra-individuelle au fondement des différences interindividuelles
10Si les analyses des variabilités intra- et interindividuelles sont données pour conceptuellement différentes, cela ne doit toutefois pas signifier qu’elles soient toujours et nécessairement déconnectées. Ainsi, les dynamiques causales sur une dimension à un niveau intra-individuel devraient pouvoir permettre d’expliquer pourquoi les individus ont un statut donné sur la dimension. Si la variabilité intra-individuelle est un composant important des différences interindividuelles, elle doit pouvoir être évaluée, offrir une certaine stabilité dans le temps et être connectée à quelques autres variables ou construits psychologiques importants.
11Selon Nesselroade et Ram (2004), les études sur la variabilité intraindividuelle ont substantiellement enrichi les conceptions et les théories de la personnalité en permettant par exemple de distinguer plus clairement des dimensions stables de la personnalité de celles labiles. Les travaux contribuent également à l’intégration des approches idiographiques et nomothétiques. La revue de Nesselroade et Ram (2004) indique que des patrons de variabilité intra-individuelle peuvent refléter ceux de variabilité interindividuelle. Des différences de groupe, comme une variabilité interindividuelle plus importante chez les sujets âgés comparés à des groupes de jeunes, peuvent être en partie expliquées par une élévation de la variabilité intra-individuelle à mesure que l’âge augmente, et peuvent être utilisées pour prédire d’autres caractéristiques interindividuelles.
12L’étude de la variabilité intra-individuelle donne aussi la possibilité de décomposer et d’expliquer des sources de variance et ainsi peut donner une clé pour comprendre des processus développementaux. L’évaluation des changements intra-individuels fournit des moyens de capter et d’organiser des sources importantes de variance qui auraient été autrement incomprises et négligées (May, Hasher & Stoltzfus, 1993). Selon Cervone (2005), l’analyse intra-individuelle ne signifie pas un désintérêt pour les différences individuelles mais constitue bien plutôt une stratégie pour les comprendre, une stratégie « bottom-up » ou ascendante.
13À propos de la personnalité, la variabilité intra-individuelle peut refléter celle de l’environnement mais peut aussi résulter de processus stables de la personnalité et l’étude des processus intra-individuels devrait permettre d’avancer dans la compréhension de la cohérence de la personnalité. Le patron spécifique de variabilité peut apporter des informations importantes concernant les processus sous-jacents qui sont responsables des traits stables de personnalité. Le domaine le plus fréquemment évoqué concerne l’ajustement, le bien-être (Baird, Le & Lucas, 2006).
14Des éléments de réflexion à propos de l’articulation entre les niveaux inter et intra-peuvent pour partie être transférés du débat concernant celle entre le général et le différentiel (Lautrey, 1995), le différentiel pouvant alors être conçu comme secondaire à l’individuel. Ohlmann (2002) insiste ainsi sur la capacité d’accommodation du vivant complexe qui, ne disposant pas de solution a priori, a pour règle la variabilité. En l’absence de pression sélective, la variabilité est la règle et la sélection est donnée comme une force d’homogénéisation. L’individu sélectionne au sein de sa population de comportements ceux qui lui permettent de s’adapter au mieux, mais « sous la pression de contraintes extrêmes, cette variabilité intra-individuelle peut se muer en invariance » (Ohlmann, 2002, p. 128). Ainsi, selon le niveau de contrainte, une même population peut apparaître comme fonctionnant selon une loi générale ou selon une loi différentielle. C’est pourquoi « débattre de la nature différentielle (variabilité) ou générale (invariance) d’un phénomène est tout aussi risqué que de décider que la glace et l’eau sont des matières différentes. Il s’agit d’états dynamiques, transitoires et réversibles ». (Ohlmann, 2002, p. 134). Si les processus intra-individuels relèvent d’un ajustement, la variabilité intra-individuelle apparaît alors adaptative. Toutefois, toute la variabilité intra-individuelle ne semble pas pouvoir adopter cette signification générale.
Quel sens pour la variabilité intra-individuelle ?
15La variabilité intra-individuelle nécessiterait peut-être d’être interrogée en distinguant ce qui revient à la flexibilité, la plasticité, à la vicariance ou au bruit. Par exemple, une interprétation en termes d’incohérence peut être proposée concernant des situations pathologiques. Selon Russell, Moskowitz, Sookman, Paris, & Zuroff (2007), un groupe borderline comparativement à un groupe contrôle non clinique, tous deux observés sur une période d’une vingtaine de jours, montrent une variabilité plus importante des affects. Dans les travaux à propos du vieillissement, une augmentation des différences interindividuelles ainsi qu’intra-individuelles est notée. La variabilité intra-individuelle y prend le sens d’inconsistance (Hultsch & MacDonald, 2004 ; Li & Lindenberger, 1999). Elle serait une conséquence et l’agent de changements ontogénétiques (Lindenberg, Li & Brehmer, 2002). En général, une variabilité importante est associée à une réduction de la performance cognitive. Elle refléterait des changements neuropsychologiques liés à des dommages neurologiques et à la maladie, se traduisant par un bruit neurologique (Li & Lindenberger, 1999). Généralement les adultes âgés tendent à être plus inconsistants dans leurs performances que les jeunes adultes (Hultsch, Mac- Donald, Hunter, Maitland, & Dixon, 2002 ; West, Murphy, Armilio, Craik, & Stuss, 2002). Les personnes malades ou dysfonctionnelles ont tendance à être plus inconsistantes que les personnes en bonne santé ou fonctionnelles (Fuentes, Hunter, Strauss, & Hultsch, 2001), et les personnes ayant de faibles niveaux de performances sur des tâches cognitives ont tendance à être plus inconsistantes que les personnes ayant des niveaux élevés de performance (e. g., Hultsch et al., 2002). La variabilité intra-individuelle apparaît dans ce cas essentiellement aléatoire, et ce bruit neuronal serait au cœur d’un large éventail de phénomènes associés au vieillissement comportemental. Suivant Lindenberg, Li et Brehmer (2002), cette variabilité pourrait cependant ne pas être aléatoire mais résulter d’un recrutement compensatoire au sein du réseau neuronal de voies supplémentaires de traitement. Dans ce cadre, la variabilité intra-individuelle est susceptible d’interprétations différentes, par exemple selon la position des individus sur une dimension. Par ailleurs, le plus haut niveau d’habileté n’est quelquefois pas caractérisé par la stabilité (Schorer, Baker, Fath, & Jaitner, 2007). Les études sur les temps de réaction à travers la durée de vie, qui sont pour la plupart transversales, trouvent généralement une relation en U entre la variabilité intra-individuelle de temps de réaction et l’âge (Williams, Hultsch, Strauss, Hunter, & Tannock, 2005 ; Williams, Strauss, Hultsch, & Hunter, 2007). Une différence intergroupe selon le sexe est associée à l’effet et suggère une origine de la variabilité intra-individuelle. Les hommes apparaissent plus rapides et offrent des temps de réaction moins variables que ce n’est le cas pour les femmes (Deary & Der, 2005 ; Der & Deary, 2006). Une suggestion est que les différences selon le sexe dans la variabilité des temps de réaction peuvent être attribuables à l’effet des hormones sexuelles sur le cerveau (Dykiert, Der, Starr, & Deary, 2012), les œstrogènes ayant des effets différents dans le cerveau féminin et masculin (McEwen, 2001). Dans le cadre de la personnalité, la variabilité conçue en termes d’incohérence dans les réponses aux items de dispositifs par auto-évaluation serait associée à un faible concept de soi. À l’inverse, la consistance constituerait un indice favorable d’ajustement. Suivant les résultats proposés par Donahue, Robins, Roberts et John (1993), la différenciation du sens de soi est négativement liée à l’ajustement et au bienêtre. Les personnes se caractérisant par un haut niveau de différenciation disposeraient de capacités d’ajustement moindres. Les conséquences d’une variabilité intra-individuelle aléatoire peuvent néanmoins apparaître adaptatives (plasticité) en permettant l’exploration de l’espace des solutions (Alexandre, 2002). Il s’agit aussi de la labilité (Ram & Gerstorf, 2009) qui désigne la capacité d’un individu à changer selon les contextes. Ainsi par exemple, la labilité est liée négativement à l’intelligence générale et aux performances mnésiques (Ram, Rabbitt, Stollery, & Nesselroade, 2005), la labilité de l’affect et du bien-être psychologique est liée à la dépression (Gable & Nezlek, 1998).
16Conçue en termes de flexibilité, l’augmentation de la variabilité intra-individuelle se trouve connectée à des variables socialement désirables. Ainsi, un plus haut niveau de flexibilité est attendu chez les individus capables de traiter les problèmes les plus complexes en raison des ajustements continus aux caractéristiques des problèmes ou des situations. De la sorte, d’un pôle à l’autre d’une dimension impliquée comme un critère, la variabilité peut être stochastique ou adaptative et assurer une même fonction d’adaptation ou de désadaptation. Elle est plus sûrement adaptative lorsqu’elle reflète des variations des situations et manifeste la sensibilité de l’individu aux caractéristiques des situations. Une partie importante de la variabilité intra-individuelle peut être expliquée par les contraintes que génèrent les actions d’autres personnes dans la situation (Stewart & Nandkeolyar, 2007). La flexibilité fonctionnelle demeure néanmoins différentielle. Pauhlus & Martin (1988), par exemple, supposent que les individus qui apparaissent les plus variables disposent d’une palette comportementale plus large et se trouveraient davantage en capacité de s’ajuster à la diversité des situations que les personnes rigides.
17Ainsi, en psychologie du développement, la variabilité intra-peut apparaître comme un prédicteur du changement, ou au contraire comme le résultat de ce changement, et les variabilités avant et après une transition développementale peuvent être sans relation (Juhel, 2014). Par ailleurs, un aspect de la variabilité peut apparaître négativement lié à un autre. Ainsi, une augmentation de la flexibilité adaptative aux caractéristiques des problèmes conduit à un niveau de performance plus stable pour un même individu, ce qui touche un autre aspect de la variabilité. Elle peut également relever de processus de maintien de la stabilité en visant à restaurer une unité organisationnelle et fonctionnelle.
18La variabilité intra-individuelle peut encore résulter de redondance dans les stratégies cognitives, ce qui confère au système cognitif sa fiabilité et sa résistance aux dégradations. Le cadre conceptuel de la vicariance articule les différences interindividuelles et intra-individuelles à partir d’un modèle général qui concerne la hiérarchie d’évocabilité entre diverses stratégies cognitives pouvant assurer une même fonction. La variabilité comportementale, à la fois inter et intra-individuelle, serait donnée comme une absolue nécessité pour l’adaptation phylogénétique et ontogénétique.
Variabilités et psychologie évolutionniste
19Le modèle princeps de la vicariance a été proposé par Reuchlin (1978) et a comme ancrage théorique le cadre conceptuel général de la théorie de Darwin (1859). Toutefois, comme énoncé précédemment, on ne trouve guère de développement théorique dans la littérature expliquant des différences de variabilité intra-individuelle par le processus évolutif, outre la proposition selon laquelle la sélection par les conséquences s’est faite en faveur de gènes impliqués dans l’extension du répertoire des processus adaptatifs. À la différence de modèles classiques en psychologie, la perspective évolutionniste (Tooby & Cosmides, 1990) donne un critère très opérationnel de l’adaptation. Si un attribut affecte positivement le succès reproductif d’un individu, alors cet attribut tend à se répandre dans la population au fur et à mesure des générations. La variabilité comportementale peut être un de ces attributs et la sélection, autrement qu’une force d’homogénéisation, peut alors être conçue comme une source de variabilité.
Diversité et sélection
20Le développement de nouvelles caractéristiques et de nouveaux attributs se produit dans un premier cas à partir de mutations et de recombinaison de gènes. La mutation aléatoire de l’un des nucléotides de la séquence qui forme un gène est le moteur fondamental pour générer la diversité. Un taux de mutation appliqué à un nucléotide est extrêmement bas, mais sur le nombre considérable de nucléotides, ce taux se révèle élevé au niveau du chromosome (Page, 2011). Comparativement à une reproduction asexuée, la reproduction sexuelle accélère les possibilités de variation en augmentant à la fois la robustesse, la mémoire génétique mais aussi la probabilité de diffusion d’un attribut « adapté ». Un autre facteur de diversité est la ségrégation géographique des individus d’une population. De façon liée, il s’agit également de la petitesse d’une sous-population car la probabilité qu’apparaissent des caractéristiques improbables est plus élevée dans ce cas que lorsque la population est importante. Il s’agit aussi de l’hypothèse de mutation neutre, qui peut être un résidu du chemin évolutif, dont l’effet est neutre dans un écosystème donné, mais peut faciliter une plus grande recherche de réponses adaptées dans un autre. Il s’agit aussi de processus de coévolution, une espèce évoluant en fonction de l’évolution d’une autre espèce, en particulier s’il existe entre elles une relation de type « proie vs. prédateur ».
Phylogenèse et différences interindividuelles
21Des processus de coévolution permettent de rendre compte de différences entre les individus au sein d’une même espèce. Des stratégies comportementales caractérisées par la psychopathie et marquées par la tricherie, l’exploitation, la tromperie (Cosmides & Tobby, 2008) peuvent être maintenues au sein d’une population, quoique de façon minoritaire. À mesure qu’augmente la fréquence des tricheurs relativement aux coopérateurs, le succès moyen de la stratégie de tricherie décline puisqu’il y a de moins en moins de coopérateurs à flouer. La sélection dépendante de la fréquence est une forme de « sélection par équilibrage » qui est une classe des forces de l’évolution pouvant expliquer plusieurs formes de la personnalité et de différences individuelles (Buss & Hawley, 2011). Il y a quelques raisons de penser que les différences individuelles et la personnalité sont à la fois créées et maintenues par les forces de la sélection et non simplement éliminées dans la course sélective. Les travaux en psychologie évolutionniste ne s’attachent essentiellement qu’à découvrir les origines évolutionnistes des différences individuelles stables. Buss (2011), au contraire, retourne cette perspective et considère la psychologie évolutionniste de la personnalité au travers de la lentille des adaptations qui concerneraient la détection de différences interindividuelles. Dans ce cadre, la recherche doit identifier les dimensions et les traces pertinentes mobilisées pour la détection des différences. Les traits du Big Five suggèrent qu’ils concernent des domaines de problème d’une généralité assez élevée. La facette d’anxiété de la stabilité émotionnelle, par exemple, doit être pertinente en vue de résoudre des problèmes adaptatifs qui requièrent une vigilance face aux menaces. La facette de colère de l’hostilité, au contraire, peut être utile en vue de former des coalitions agressives. La détection de la dépendance peut être importante lorsqu’il s’agit de former des alliances, des relations amicales, des relations de couple, de parenté ou des relations hiérarchiques. La détection de disposition à la fidélité sexuelle peut être centrale pour les relations de couple à long-terme et moins importante pour les relations amicales.
Phylogenèse et différences intra-individuelles
22Diverses explications évolutionnistes sont proposées à propos des traits de personnalité, ce qui rend compte des différences interindividuelles. La situation est différente concernant les différences de profil de personnalité. Sur ce point, on retient les propositions de Nettle (2011) qui éclairent une articulation entre les différences inter et intra-individuelles. On observe que les caractéristiques phénotypiques tendent à covarier. Pourquoi ? Peut-être que la sélection ne porte pas sur les traits eux-mêmes mais sur la corrélation génétique entre des traits. Une explication évolutionniste des liens entre diverses composantes de la personnalité peut être proposée en ce sens (Nettle, 2011). En référence au modèle du Big Five, la dimension d’extraversion offre des composants distincts (ambition, affirmation de soi, tendance à l’exploration et à la compétition, sociabilité, motivation sexuelle). Il est possible que certains types d’écologie avantagent les niveaux les plus élevés (ou bas) sur l’ensemble des composants de l’extraversion. La conjonction de la motivation sexuelle avec la recherche d’un statut social élevé, l’ambition, la tendance à la compétition, l’énergie, la sociabilité, doit augmenter le gain en termes de succès reproductif d’une façon plus notable que si les niveaux sur ces composants se distribuaient de façon indépendante. Un individu qui rechercherait un statut social sans être bien disposé à dépenser de l’énergie pour la création et le maintien d’alliances au sein d’un petit groupe serait susceptible de se heurter à des difficultés dans l’atteinte de son objectif. Il est possible, par exemple, que le nomadisme et les environnements nouveaux favorisent à la fois la sociabilité, l’affirmation de soi, la motivation sexuelle, un haut niveau d’activité physique alors que le sédentarisme et les structures sociales établies n’en favoriseraient aucune. Le névrosisme engage des composants concernant la vigilance aux dangers à la fois physiques et sociaux. Une fonction majeure du groupe chez les mammifères est l’évitement des prédateurs et la sensibilité aux prédateurs est l’analogue le plus proche du névrosisme dans la littérature à propos de personnalités animales. Aussi, le coût à ne pas être dans un groupe social augmente avec celle de la présence de prédateurs dans l’environnement. Ainsi il fait sens que l’anxiété liée à l’exclusion sociale soit liée à la vulnérabilité perçue aux dangers physiques. Le caractère consciencieux est associé à la planification, la rigidité, l’inflexibilité, l’attention aux détails, ce qui apporte des avantages dans l’environnement moderne lorsqu’il s’agit par exemple d’atteindre un haut niveau de qualification ou de diplôme. Toutefois, il y a des situations, dans des contextes ancestraux telles qu’une chasse opportune et ne pouvant donc pas être planifiée, où la capacité à répondre spontanément sans besoin d’une réflexion étendue et sans attention aux détails peut apporter un avantage. À propos de l’agréabilité, les principaux composants évoqués sont la coopération, la théorie de l’esprit et la conformité aux normes sociales. Au sein d’une organisation sociale, il est important que les membres coopérateurs puissent détecter (théorie de l’esprit) l’existence d’un tricheur susceptible de contrevenir à un contrat social (règle de réciprocité) auquel les membres du groupe portent nécessairement une attention particulière. Un individu qui s’engagerait dans un style de vie solitaire pourrait sans désavantage réduire sa dépense énergétique par l’économie du fonctionnement des processus mentaux requis pour l’estimation d’états mentaux et de traitement des normes sociales. Avec le trait d’ouverture, les composants d’intellect et d’imagination sont également en synergie adaptative. Un individu caractérisé par une position haute sur une dimension d’imagination bénéficiera d’autant mieux de cette position qu’elle s’accompagnera d’une position haute sur la dimension d’intellect.
Conclusion
23La réflexion proposée dans ce chapitre prolonge celle de communications (Thiébaut, 2013, Thiébaut, Bernard, Blanc, Barthélémy, & Adrien, 2012) lors des Journées Internationales de Psychologie Différentielle et attire l’attention sur des hypothèses inspirées de la perspective évolutionniste pour rendre plus compréhensibles des différences interindividuelles de variabilité intra-individuelle. Dans un cas (Thiébaut et al., 2012), une connexion entre les variabilités inter et intra-individuelles est considérée dans le cadre du développement cognitif et socio-émotionnel d’enfants avec autisme. Pour l’étude, l’hypothèse explicative de l’hétérogénéité des profils de développement concernant diverses fonctions psychologiques s’appuie sur des propositions de Cosmides & Tobby (2000). Suivant une perspective évolutionniste, l’esprit ou le cerveau offre une organisation modulaire. La multiplicité de modules ou de microprogrammes relativement indépendants crée un problème adaptatif. Les réponses de différents microprogrammes peuvent en effet interférer et entrer en conflit. Pour éviter cela, l’esprit doit être équipé de programmes surordonnés qui outrepassent certains programmes quand d’autres sont activés. Un programme sur-ordonné apparaît nécessaire pour coordonner de multiples microprogrammes. Les émotions seraient ce type de programme. Elles sont ainsi conçues comme des adaptations à un problème d’orchestration de microprogrammes (Cosmides & Tobby, 2000). En conséquence, si les émotions sont un programme sur-ordonné d’orchestration, alors une dégradation du fonctionnement émotionnel (différence interindividuelle) doit se traduire par une instabilité générale du fonctionnement de l’esprit (variabilité intra-individuelle). Par contre, une dégradation qui concernerait un composant assez typiquement cognitif ne devrait pas être liée à la variabilité de l’efficience sur une palette diversifiée de fonctions. De telles relations hypothétiques sont bien observées, mais outre le caractère approximatif des indicateurs considérés, elles ne le sont que pour un sous-échantillon de garçons et pas pour le groupe féminin. On observe pour ce dernier un schéma doublement inverse. Il existe une relation positive entre les indices assez typiquement cognitifs et les indices d’hétérogénéité des profils individuels cognitifs et socio émotionnels. L’argument théorique en amont de l’hypothèse ne permet pas de rendre compte de la différence selon le sexe. D’autres arguments sont donc nécessaires et, sans quitter des références évolutionnistes, la distinction proposée par Baron-Cohen (1995) qui est représentée par le modèle « Empathie-Système » peut éclairer des différences selon le sexe. Le modèle se propose initialement de rendre compte de la distinction au sein du spectre de l’autisme entre des aspects sociaux et non sociaux. La déficience sur le module empathie serait initiale et impacterait diverses fonctions cognitives au cours du développement. Le modèle « Empathie-Système » éclaire des décalages qui peuvent être observés au niveau de l’individu, mais il apparaît moins efficace pour rendre compte de l’hétérogénéité interne à un domaine par exemple. Un point de vue évolutionniste concernant les troubles autistiques, tel que celui de Reser (2011), peut être exporté pour rendre intelligibles d’autres différences plus classiques. L’auteur considère que l’autisme dérive d’une adaptation au style de vie solitaire du chasseur-cueilleur, sachant que ce style de vie devait être fort courant pour nos ancêtres très lointains. Cette conception pose toutefois une difficulté pour concilier la stabilité que suggère une modalité adaptative avec l’hétérogénéité constatée dans l’autisme. Par contre, cette conception donne une origine à quelques traits classiques de personnalité et, en supposant une sélection non pas sur les traits mais sur la corrélation génétique entre des traits, pourrait rendre compte d’articulations entre les niveaux intra- et interindividuels.
24C’est sur la base de ce type d’idée qu’on explore une liaison entre une préférence pour un domaine d’activité et le niveau de différenciation du profil d’intérêt (Thiébaut, 2013). On suppose que diverses formes d’adaptation coexistent dans la population, qui sont les traces de changements de l’environnement (telles que les variations de la densité de la population humaine). Le point de vue donne une origine à quelques traits classiques de personnalité. Dans l’étude, on suppose qu’une préférence pour un contexte solitaire ou d’indépendance associe une préférence qui peut être assez exclusive pour un domaine d’activités caractérisées par la diversité (polyvalence nécessaire à l’auto-suffisance). À l’inverse et en considérant que le contexte social est une source importance de différenciation qui conduit à des spécialisations des individus, la préférence pour une situation sociale ou une situation d’interdépendance associe une attirance pour des activités uniformes et spécialisées distribuées sur divers domaines d’activités sociales.
25L’articulation des niveaux inter- et intra-individuels rejoint pour partie un débat ancien qui peut mener aujourd’hui à des tentatives d’intégration des approches idiographiques et nomothétiques. Si l’on se propose de construire une connaissance de l’individu, l’approche nomothétique n’occuperait pas la meilleure position, en raison, pour une part, d’une démarche descendante. Les structures qui représentent l’entité qu’est le groupe n’apparaissent généralement guère adéquates au niveau individuel, sauf en cas d’homogénéité entre les individus du groupe. Un isomorphisme entre les résultats de l’analyse inter et intra-individuelle n’est guère observé. L’analyse des différences interindividuelles peut mener à l’identification de structures conçues à base de traits, alors que l’analyse de la variabilité intra-individuelle serait plus adéquate pour renseigner sur des processus. Avec la recherche de lois générales, les observations répétées pour un sujet unique nécessitent de nombreuses réplications en vue de montrer ce qu’il y a de commun aux individus. Une articulation entre les niveaux inter et intra-individuels peut alors être conçue en supposant que la dynamique causale inférée au niveau individuel permette de rendre compte de la position de l’individu sur un trait. Une part de la variabilité intra peut être connectée à une différence interindividuelle stable sachant que des variabilités de nature différente sont à distinguer. La classification peut être d’apparence formelle selon que la variabilité est observée sur le court ou long terme, selon qu’elle est réversible, synchrone ou non. Une classification véhiculant des significations plus évidentes peut distinguer des dynamiques selon qu’elles sont conçues comme des traits ou des processus d’adaptation. D’une autre façon encore, on affirmera que toute la variabilité intra-individuelle n’est pas flexibilité, plasticité, vicariance ou bruit. D’une meilleure compréhension de la variabilité intra-individuelle et de ses connexions avec le niveau interindividuel pourrait être attendu un effet sur la façon de décrire cette variabilité, car selon la proposition de Lautrey, Mazoyer et van Geert (2002, p. 19), « on ne voit vraiment bien que ce que l’on peut comprendre ». La question n’est toutefois guère celle de l’antériorité d’une description sur l’explication ou de l’explication sur la description, mais davantage sur la distinction même et la question se porte alors sur les boucles d’échanges entre des niveaux différents de description tels ceux du quoi, du comment et du pourquoi.
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