L’approche des traits a-t-elle un avenir ?
p. 125-149
Remerciements
Je remercie très sincèrement Michel Huteau pour les remarques particulièrement instructives et constructives qu’il a formulées à la lecture d’une première version de ce texte.
Texte intégral
1La psychologie différentielle est à l’origine du développement de l’approche des traits, aussi bien dans les domaines cognitif que conatif2. Notre propos ici se limitera à la sphère conative et plus spécifiquement encore à l’étude de la personnalité. L’histoire de l’approche des traits n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, mais certains de ses fervents défenseurs semblent actuellement penser qu’avec le modèle en cinq facteurs, elle a atteint son apogée et affirment avec enthousiasme qu’il pourrait même y avoir assimilation entre ce modèle et psychologie de la personnalité. Nous nous proposons de nous interroger dans ce chapitre sur la pertinence de cette proposition. Après une présentation synthétique de la notion de trait3, ainsi que des principaux résultats relatifs au modèle en cinq facteurs, nous exposerons les arguments de James T. Lamiell et Peter C. M. Molenaar qui tous les deux remettent en cause les choix théoriques et méthodologiques d’une approche qui serait basée exclusivement sur l’étude des différences interindividuelles. Nous conclurons en montrant que l’approche des traits ne peut en aucun cas à elle seule représenter la psychologie de la personnalité et sur la nécessité de donner davantage de place dans ce domaine à des études idiographiques, c’est-à-dire centrées sur la personne.
Une brève introduction à l’approche des traits
Les origines de la notion de trait et ses caractéristiques
2La notion de trait a une longue histoire en psychologie, dès le début du XXe siècle de nombreuses publications lui sont consacrées (e.g., Allport & Allport, 1921). Nous ne reprendrons pas ici cet historique, mais le lecteur intéressé pourra par exemple se référer au chapitre de Winter et Barenbaum (1999) ou à celui de McAdams (1997). Nous nous appuierons pour en savoir plus sur cette notion sur quelques-unes des publications de Gordon W. Allport (1897-1967), psychologue probablement le plus influent dans le développement de la psychologie de la personnalité et particulièrement de l’approche des traits (Craik, Hogan, & Wolfe, 1993). Allport définit la personnalité comme renvoyant à « l’organisation dynamique interne à l’individu des systèmes psychophysiques qui déterminent son adaptation personnelle à son environnement » (Allport, 1937, p. 48). Selon lui, le trait, qui ne peut être qu’inféré, est à comprendre comme « un système neuropsychique généralisé et focalisé (propre à l’individu), avec la capacité de rendre de nombreux stimuli fonctionnellement équivalents et d’initier et guider des formes (équivalentes) de comportements adaptatifs et expressifs » (Allport, 1937, p. 295, notre traduction). Pour lui, les traits ont sans aucun doute possible une existence réelle et une visée explicative : « Les traits ne sont pas des créations dans l’esprit de l’observateur, ni ne sont des fictions verbales, ce sont des dispositions psycho-physiques réelles… » (Allport, 1937, p. 339). Par contre, il insiste beaucoup sur une distinction essentielle selon lui entre traits individuels (spécifiques à un individu donné, de l’ordre des dispositions personnelles) et traits communs (comparables d’un individu à l’autre, appelés « dimensions » dans le cadre de l’utilisation de l’analyse factorielle) (Allport, 1937). Pour Allport, seul le trait individuel correspond à la définition stricto sensu qu’il donne de la notion de trait, parce que notamment : « Les traits se développent et se généralisent en dispositions dynamiques uniques en fonction des expériences de chaque individu » (Allport, 1937, p. 299, notre traduction). Cependant, les traits individuels, qui ne peuvent être mesurés dans la population générale, n’offrent pas la possibilité de faire des comparaisons entre individus. De ce fait, ils ont été négligés par de nombreux psychologues, différentialistes notamment et non des moindres, comme Raymond B. Cattell (1905-1998) ou encore Hans J. Eysenck (1916-1997), pour ne citer que les plus célèbres. La notion de trait individuel a de ce fait quasi exclusivement été reprise par les cliniciens.
3Pour compléter cette définition, référons-nous à un article d’Allport intitulé « Qu’est-ce qu’un trait de personnalité ? », qu’il publie en 1931 et dans lequel il affirme – il utilise en effet de façon explicite l’expression « doctrine des traits », qu’il réutilise plus tard dans son célèbre ouvrage de 1937 (e.g., p. 339) – que (traduction personnelle) : 1/ un trait a plus qu’une existence nominale (les traits sont réels) ; 2/ le trait est plus généralisé qu’une habitude ; 3/ le trait est dynamique ou au moins déterminant pour le comportement ; 4/ l’existence d’un trait peut être établie empiriquement (nécessité d’obtenir des preuves de réactions répétées qui bien que pas nécessairement toujours de même type, semblent néanmoins être de façon consistante fonction du même déterminant sous-jacent) ou statistiquement (utilisation de techniques statistiques capables de déterminer le degré de cohérence parmi des réponses séparées) ; 5/ les traits ne sont que relativement indépendants les uns des autres ; 6/ un trait de personnalité, considéré sur un plan psychologique, n’est pas la même chose qu’une qualité morale ; 7/ les actes et mêmes les habitudes qui sont inconsistantes avec un trait ne sont pas des preuves de la non-existence de ce trait ; et 8/ un trait peut être appréhendé à partir de l’étude de la personnalité qui le possède (traits individuels), ou grâce à l’observation de sa distribution – supposée normale en raison de son origine en partie biologique – dans la population générale (traits communs mis en évidence par l’étude des différences individuelles). Allport (1937, p. 332-333) insiste cependant sur le fait que les traits dépendent également de déterminants culturels et rappelle que plus ces déterminants sont forts et moins il y a de chances d’obtenir une distribution normale.
4Dès ses débuts, l’approche des traits a subi des attaques (Allport, 1966), en particulier par les protagonistes des courants positivistes et situationnistes : risque de réification des traits souligné ; statut explicatif du concept de trait contesté4 ; variabilité individuelle comportementale d’une situation à l’autre – qui serait contraire à la notion de trait – pointée,… Face à ces critiques, Allport (1966) admet que certains aspects de ce champ théorique doivent être améliorés, mais que les traits restent des postulats indispensables en psychologie. Difficile en effet d’imaginer une psychologie de la personnalité sans la notion de trait tant elle lui est intimement associée (McAdams & Pals, 2006). Selon Pervin (1994), pourtant critique vis-à-vis de l’approche des traits contemporaine, les psychologues, quelle que soit leur orientation, ne peuvent qu’être d’accord avec l’idée selon laquelle les personnes possèdent des dispositions à se comporter de façon consistante (plus ou moins cependant selon les individus, certaines personnes étant plus prévisibles que d’autres (e.g., Bem & Allen, 1974)), a minima dans certaines classes de situations5, sinon le champ de la personnalité, voire même peut-être la psychologie, n’aurait pas de raison d’être !
5L’attaque qui a sans doute laissé le plus de traces dans l’histoire de l’approche des traits est survenue un an après le décès d’Allport, avec en 1968 la parution du célèbre ouvrage de Walter Mischel « Personality and Assessment ». Dans cette publication, Mischel pointait, comme d’autres d’ailleurs l’avaient déjà fait avant lui, certains résultats jugés décevants dans la recherche sur l’évaluation de la personnalité. Il dénonçait également l’utilisation de méthodes d’évaluation contestables et des travaux basés sur des hypothèses qu’il jugeait fausses et qui ne pouvaient donc parvenir selon lui à mettre en évidence les résultats escomptés. Mischel notamment souhaitait montrer que la consistance trans-situationnelle observée dans le fonctionnement de la personnalité est faible dès lors qu’elle est appréhendée par l’intermédiaire de traits globaux, nomothétiques. Mischel ne remettait pas en cause dans son ouvrage l’existence de la personnalité et son rôle dans l’explication des conduites, ainsi que de nombreux psychologues de la personnalité l’ont interprété à l’époque, mais la façon de l’étudier (c’est-à-dire sans se soucier des dynamiques internes à l’individu). Il ne défendait pas non plus une approche situationniste, comme certains psychologues sociaux l’ont alors pensé. Il attirait néanmoins l’attention sur le fait de prendre en compte la situation dans l’explication des conduites, mais sans pour autant prétendre que les différences individuelles dans la personnalité étaient insignifiantes face au poids explicatif des variables situationnelles (Mischel, 2009). Récemment, Orom et Cervone (2009) ont procédé à une analyse de l’utilisation de certains termes clés (traits, consistance, sens/signification, processus cognitifs/dynamiques et idiosyncratique/idiographique) utilisés dans l’ouvrage de Mischel. Ils montrent ainsi qu’effectivement l’objectif principal de ce dernier n’était pas tant de montrer les limites de l’approche des traits que d’insister sur la nécessité d’avancer vers une science de la personnalité intégrative qui s’intéresserait à l’étude idiosyncrasique de l’individu en contexte (ce qui n’est évidemment pas sans rappeler l’objet d’étude de la psychologie clinique). À sa sortie, l’ouvrage de Mischel n’a cependant pas été lu de cette manière par la grande majorité des psychologues. L’ouvrage déclencha ce que l’on appela « la controverse (ou le débat) personne-situation » qui dura plusieurs décennies… Nous ne développerons pas ici les arguments des uns et des autres, de nombreux articles y faisant référence (Epstein & O’Brien, 1985 ; Fleeson & Noftle, 2009 ; Funder, 2006, 2009). Malgré les critiques subies, l’approche des traits résista plutôt bien, comme en témoigne le grand nombre de publications dans ce champ actuellement, autour notamment de l’approche en cinq facteurs (John & Srivastava, 1999).
L’avènement de l’approche en cinq facteurs de la description de la personnalité
6Suite aux travaux d’Allport et profitant du développement en plein essor au milieu du XXe siècle des techniques d’analyse factorielle (e.g., Guilford, 1954), particulièrement adaptées à la mise en évidence des différences individuelles, R.B. Cattell (1943a), puis peu de temps après H.J. Eysenck (1950), se sont donnés pour objectif de proposer une taxonomie descriptive des traits communs de personnalité, suivant en cela d’ailleurs les pratiques d’autres sciences (e.g., le tableau périodique des éléments chimiques de Mendeleïev). Bien qu’utilisant tous les deux l’analyse factorielle, leurs approches étaient différentes, hypothético-déductive pour Eysenck (utilisation de l’analyse factorielle pour mettre à l’épreuve des faits des hypothèses théoriques sur la structure des traits de personnalité), lexicale (voir définition plus bas) pour Cattell. Leurs modèles différaient également sans que l’un n’ait jamais vraiment pris l’ascendant sur l’autre : trois facteurs orthogonaux pour Eysenck, seize facteurs corrélés pour Cattell (Eysenck, 1991). Il faudra attendre le début des années 1990 pour voir émerger un relatif consensus (Digman, 1990 ; Goldberg, 1990, 1993 ; John, 1990) autour d’une taxonomie en cinq facteurs (Ouverture à l’expérience, Caractère consciencieux, Extraversion/introversion, Agréabilité et Névrosisme) que Goldberg surnomma « Big Five » en 1981. Des nuances et des désaccords subsistent néanmoins entre spécialistes notamment quant à la dénomination des cinq facteurs en question (McCrae & John, 1992). L’expression « Modèle en Cinq Facteurs » (MCF) est également très répandue, même si l’utilisation du terme « modèle » est contestée par certains en raison d’un manque de fondements théoriques solides (e.g., Block, 1995). Rappelons que la découverte d’une taxonomie des traits de personnalité en cinq facteurs avait déjà été répliquée à plusieurs reprises dès le milieu du XXe siècle (Fiske, 1949 ; Norman, 1963 ; Tupes & Christal, 1961/1992).
7Le MCF a pour origine l’approche lexicale, initiée par les travaux d’Allport et Odbert (1936), qui s’appuie sur le principe qu’étant donné que les traits de personnalité sont centraux dans les interactions humaines, tous les traits importants devraient être encodés dans le langage naturel (Cattell, 1943b). On suppose ensuite ici que l’analyse factorielle de la liste exhaustive des adjectifs traits utilisés dans le langage pour décrire autrui devrait permettre la découverte de la structure de la personnalité (les théoriciens des traits entendent par « structure » : « les configurations récurrentes d’inter-corrélations entre les traits qui attestent de leur validité convergente et discriminante. » (McCrae & Costa, 2006, p. 229)). Cette hypothèse cependant est contestée par plusieurs spécialistes de la personnalité (e.g., Block, 1995 ; McCrae & John, 1992 ; Pervin, 1994) qui attirent l’attention sur le fait que l’on ne peut assimiler ainsi les notions de trait linguistique (descriptif) et de trait scientifique (qui se doit d’être utile dans l’explication du fonctionnement de la personnalité et des conduites).
8L’approche lexicale n’est pas la seule qui prévale dans le développement du MCF, un autre courant très actif, représenté notamment par McCrae et Costa (1997), revendique une approche avec des fondements théoriques (ce qui n’est pas le cas de l’approche lexicale, athéorique par définition, purement descriptive) basée sur la construction d’un questionnaire6 et sur l’analyse de plusieurs inventaires de personnalité connus pré-existants (construits à partir de modèles théoriques). On retrouve avec cette approche les cinq mêmes grands traits fondamentaux de la personnalité déjà cités. McCrae et Costa formuleront en 1996 une Théorie des Cinq Facteurs (TCF), qu’ils compléteront en 1999, dans laquelle ils proposent un modèle de développement et de fonctionnement des traits fondamentaux de la personnalité (voir McCrae & Costa, 2006). Ce modèle fait l’hypothèse de processus dynamiques entre tendances fondamentales (les cinq traits du MCF, qui deviendraient selon les auteurs relativement stables à l’âge adulte et qui ne pourraient être modifiés que par des facteurs biologiques. L’environnement ne pourrait donc exercer une influence sur les traits que par l’intermédiaire de processus biologiques), adaptations caractéristiques (e.g., attitudes,…), biographie objective (e.g., réactions émotionnelles, comportements…), concept de soi et influences extérieures (environnement).
9Quels sont les arguments généralement avancés par les théoriciens des traits en faveur du MCF ? Ceux qui sont les plus souvent cités (McAdams & Pals, 2006), critiqués en partie par certains (e.g., Block, 1995 ; Pervin, 1994), sont tirés de travaux avançant que : 1/ les traits ont une base génétique (e.g., Bouchard, Lykken, McGue, Segal, & Tellegen, 1990 ; Rowe, 1982, 1997) et au moins certains d’entre eux entretiendraient des liens avec le fonctionnement du cerveau (e.g., Depue, Luciana, Arbisi, Collins, & Leon, 1994 ; Sutton & Davidson, 1997) ; 2/ ils sont stables dans le temps (Costa & McCrae, 1988) ; 3/ ils ont une utilité prédictive, notamment ils sont capables de prédire des tendances comportementales agrégées dans le temps et à travers les situations (Epstein, 1979 ; Fleeson, 2004 ; Funder, 2009). Ils prédisent en particulier des phénomènes importants comme la performance et le succès au travail7 (e.g., Barrick & Mount, 1991), la qualité des relations sociales, le bien-être psychologique et même la longévité (Ozer & Benet-Martinez, 2006 ; Roberts, Kuncel, Shiner, Caspi, & Goldberg, 2007). 4/ On retrouve de façon récurrente les cinq facteurs aussi bien dans les études menées dans une approche lexicale qu’à partir de l’analyse de questionnaires et 5/ le modèle est répliqué dans un grand nombre de cultures et de langues différentes, ce qui lui confèrerait une certaine universalité (McCrae & Costa, 1997, 2006). Costa et McCrae ont montré en effet que la structure en cinq facteurs se retrouve dans la plupart des pays et cultures dans lesquels les réponses à leur questionnaire, après traduction, ont été analysées (avec les mêmes différences liées au sexe (Costa, Terracciano & McCrae, 2001) et à l’âge (McCrae et al., 1999) d’une culture à une autre et un accord soi-autrui comparable entre cultures (McCrae et al., 2004)). À noter cependant, que ces résultats sont contestés par les défenseurs de l’approche lexicale. Ces derniers montrent en effet que lorsque ce sont les adjectifs traits propres à chaque pays qui sont analysés, on retrouve certes le plus souvent le MCF, mais pas toujours, le nombre de facteurs pouvant varier d’une étude à l’autre (Saucier & Goldberg, 2006).
10Malgré des désaccords tenaces, certains spécialistes des traits ne cachent pas leur enthousiasme vis-à-vis du MCF, comme en témoigne par exemple la citation suivante (McAdams & Pals, 2006, p. 204, notre traduction) : « On peut soutenir que la nouvelle psychologie des traits annoncée par le Big Five est la contribution la plus reconnaissable que la psychologie de la personnalité ait à offrir aujourd’hui à la psychologie en tant que discipline dans sa globalité et aux sciences comportementales et sociales ». Pervin dénonçait déjà en 1994 la tendance chez certains théoriciens des traits à assimiler un modèle spécifique des traits (le MCF) à ce qui serait « LA » théorie des traits (il n’y a pas « une », mais « des » théories des traits) et cette dernière au champ tout entier de la psychologie de la personnalité. La question se pose donc de savoir si cette « nouvelle psychologie des traits » mérite une telle ferveur, si elle répond vraiment aux attentes actuelles d’une psychologie de la personnalité digne de ce nom. Nous allons présenter dans la partie suivante les points de vue de Lamiell et de Molenaar sur la question. Ces deux psychologues, nous le verrons, défendent une approche idiographique dans le domaine de la personnalité, mais l’opérationnalisent différemment. Il existe en effet différentes approches idiographiques (Krauss, 2008). Lamiell, s’inspirant en cela de la notion de « trait individuel » d’Allport, préconise l’étude descriptive de cas uniques sans chercher nécessairement à en tirer des lois générales. Molenaar, quant à lui, insiste sur l’étude des variations intra-individuelles étudiées chez une seule personne ou auprès de plusieurs personnes évaluées individuellement au sein d’un groupe au cours du temps. Les méthodes et les hypothèses propres à chacune de ces deux lignées de travaux diffèrent de façon notable.
L’approche des traits répond-elle aux objectifs de la psychologie de la personnalité ?
La position radicale de J.T. Lamiell : l’abandon des méthodes corrélationnelles dans le cadre de l’étude scientifique de la personnalité
11Depuis le début des années 1980, Lamiell tente d’alerter de façon répétée les psychologues sur les limites de la méthode corrélationnelle dans le cadre de l’étude de la personnalité (Lamiell, 1981). Il s’appuie dans son argumentation (e.g., Lamiell, 2000) essentiellement sur les écrits relativement méconnus de William Stern (1871-1938). Ce psychologue et philosophe allemand, à qui l’on doit l’appellation « psychologie différentielle » avec la publication d’un ouvrage en allemand en 1900 intitulé (notre traduction) « À propos de la psychologie des différences individuelles : vers une psychologie différentielle », a été un des pionniers de la psychologie de la personnalité8. Stern admet sans difficulté que de nombreux aspects du fonctionnement psychologique humain sont communs à tous les individus et sont donc gouvernés par des lois générales, mais il insiste beaucoup sur l’existence des particularités humaines et des différences entre individus. Dans un autre ouvrage publié en 1911, Stern affirme que seules des études psychographiques (visant à faire le portrait des caractéristiques psychologiques d’un individu donné) et par extension des études comparatives visant à examiner les similarités et différences entre deux ou plusieurs personnes, peuvent permettre de recueillir des connaissances sur les individus. Il précise que les études corrélationnelles en sont quant à elles incapables, qu’elles se limitent à faire émerger des connaissances sur les attributs susceptibles de différencier les individus au sein d’une population donnée (Lamiell, 2010a).
12La pensée de Stern – peu lu notamment aux États-Unis, à l’exception notable de G. Allport qui y fait souvent référence dans ses écrits (Lamiell, 2010b) – se diffusera globalement peu au début du XXe siècle. C’est le paradigme néogaltonnien qui dominera et qui sera à l’origine du développement d’études corrélationnelles à grande échelle initiées notamment par Edward L. Thorndike (1874-1949), suivi très vite par ces psychologues différentialistes anglo-saxons très influents qu’étaient Louis L. Thurstone (1887-1955), Joy-P. Guilford (1897-1989) ou encore Raymond B. Cattell. Ces derniers, notamment en s’appuyant sur les travaux de Charles Spearman (1863-1945), vont contribuer à la diffusion massive des méthodes d’analyse factorielle qui deviendront quasiment incontournables dans l’identification des dimensions clés des différences de personnalité entre individus (Lamiell, 2013). Fait important pour comprendre les choix méthodologiques et théoriques de certains psychologues différentialistes à cette époque, Thorndike, dans un ouvrage publié en 1911, assimile l’étude de l’individualité à celle des différences individuelles. Il propose et impose finalement assez largement une approche basée sur les statistiques dans le cadre de l’étude scientifique de la personnalité. Vont commencer alors à coexister dans le champ de la psychologie différentielle française deux grands courants, l’un centré sur l’étude de l’individualité (associé par exemple aux noms d’Alfred Binet (1857-1911) ou plus tard de René Zazzo (1910-1995)) ; l’autre, centré sur l’étude des dimensions dans la lignée des travaux de Spearman (associé au nom notamment de Maurice Reuchlin). Cependant, l’utilisation de la notion de trait va peu à peu devenir dominante dans ce domaine et beaucoup de recherches vont tourner autour de questions comme celles : 1/ de la fidélité statistique des mesures de différences individuelles ; 2/ de la structure factorielle sous-jacente aux inter-corrélations entre multiples mesures de différences individuelles ; 3/ de la validité convergente et discriminante des traits ; 4/ du poids statistique des traits dans l’explication des différences entre individus dans différents types de comportements. À partir de là il y aura assimilation, plus ou moins consciente, chez de nombreux psychologues entre les deux types de connaissances évoqués plus haut (sur les attributs et sur les personnes), malgré les mises en garde de Stern à ce sujet (voir Lamiell, 2000). Pour ce dernier en effet, nos connaissances sur les attributs, grâce auxquels nous différencions les personnes, ne peuvent constituer des connaissances sur les individus qui ont été différenciés à partir de ces attributs (Lamiell, 2010a). Il est facile d’ailleurs selon Lamiell (2006) de montrer empiriquement, contrairement à l’idée largement répandue chez les spécialistes de l’approche des traits, que les coefficients de corrélation ou de régression calculés dans les études qui se focalisent sur les différences individuelles ne permettent en rien d’expliquer ou de prédire le comportement d’un individu spécifique dans une situation particulière. Pour Lamiell (2013) les connaissances statistiques agrégées produites par les études sur les différences individuelles constituent finalement des connaissances sur… personne !
13Lamiell (2013) pense cependant qu’il n’y a rien de problématique en soi, sur un plan conceptuel, dans l’utilisation de l’analyse factorielle comme méthode pour isoler les dimensions des différences individuelles au sein de populations données. Ce qui le dérange, c’est de constater que chez un certain nombre de psychologues des traits, on observe une tendance à réifier les dimensions en question. Beaucoup d’entre eux en effet tendent à considérer que ces dimensions sont des entités qui existent, en des quantités différentes, à l’intérieur des individus et oublient un peu vite qu’à la base elles ne sont que des constructions mathématiques destinées à faciliter les discussions sur les variations entre personnes à l’intérieur d’un groupe ou d’une population. En 2003, Lamiell (2013) invente le terme de « statisticisme » pour qualifier une façon de penser repérable chez certains psychologues qui semblent accorder une confiance quasi aveugle dans la capacité des concepts et méthodes statistiques à révéler les lois fondamentales du fonctionnement psychologique humain. Michell (2000, 2008) suggère aussi qu’il existe des aspects pathologiques dans le surinvestissement repérable chez certains chercheurs dans la quantification, mais lui se focalise sur des questions liées à la mesure, alors que Lamiell s’intéresse à l’interprétation des statistiques. Lamiell (2013) soulève en fait un problème d’ordre conceptuel qui découle du refus de certains spécialistes de la personnalité (c’est vrai aussi dans d’autres domaines) d’accorder leur pensée – et donc leurs pratiques scientifiques – avec le fait logique que les statistiques de population ne peuvent servir de base pour acquérir des connaissances empiriques sur les personnes. Allport (1937) pensait également que l’approche des traits communs ne permettait pas d’obtenir une représentation fidèle de la personnalité d’un individu donné, qu’il fallait prendre en compte les traits individuels qui lui sont propres pour ce faire. Mais Allport ne remettait pas en cause l’approche dominante basée sur l’étude des différences individuelles ; il la considérait seulement comme insuffisante, donc à compléter.
14Selon Lamiell (2010a), l’étude systématique des variables de différences individuelles – objet de la psychologie des traits – n’est en aucune manière équivalente à l’étude des personnes au cas par cas. La possibilité de pouvoir caractériser un individu donné à l’aide de dimensions est seulement supposée et non testée grâce aux méthodes utilisées par les psychologues des traits. Les coefficients de fidélité et de validité ne peuvent en effet vérifier cette hypothèse car ils ne sont pas interprétables au niveau individuel. Obtenir des coefficients de fidélité et de validité acceptables sur un plan psychométrique pour un trait donné n’autorise pas à considérer que ce dernier est pertinent pour l’ensemble des individus, il ne l’est que pour les individus en moyenne (Lamiell, 2000). À signaler enfin, que de façon cohérente avec son argumentation, Lamiell (2000) remet en cause également les pratiques d’évaluation couramment associées à l’approche des traits, qui reviennent à représenter l’individu comme une sorte de mosaïque de scores à des questionnaires.
15Lamiell (2006), mais pas seulement (e.g., Cervone, 2006 ; Valsiner, 2005), milite en faveur du développement d’une approche qu’il qualifie de « néowundtienne », c’est-à-dire une approche dans laquelle des recherches reposant sur des bases théoriques explicites, seraient menées sur des cas individuels. Cette approche pourrait selon lui faire renaître une véritable « science des personnes » propice à la découverte de lois générales de fonctionnement psychologique au sens de « commun à tous9 » et non au sens statistique de « en moyenne10 ». Pour Lamiell, la théorie des traits pourrait conserver sa place au sein de la psychologie scientifique au sens large, mais en aucun cas dans le champ d’une « science fondamentale des personnes ».
La nécessité d’un changement de paradigme selon P.C.M. Molenaar
16Molenaar publie en 2004 un manifeste pour une psychologie en tant que science idiographique. Il regrette un intérêt quasi exclusif au sein de notre discipline pour les variations interindividuelles (approche nomothétique) et dénonce le peu d’attention accordée à l’étude des variations intra-individuelles (voir aussi Nesselroade, 2004). Il argumente en faveur du développement d’une science idiographique qui offrirait la possibilité à la psychologie scientifique de se réapproprier son objet d’étude premier, à savoir : l’individu dans sa globalité, conçu comme un système unique de processus dynamiques en interaction. Molenaar (2004) s’attaque, comme le fait également Lamiell, à la croyance fortement ancrée selon laquelle les connaissances générales accumulées sur des populations (donc des connaissances à propos de l’individu « moyen » au sens statistique du terme) pourraient s’appliquer à chacune des personnes, prises individuellement, au sein de cette population.
17Pour démontrer que cette croyance est en général fausse, il va s’appuyer sur les théorèmes mathématiques ergodiques11 classiques (Molenaar & Campbell, 2009). On peut se poser par exemple la question de savoir dans quelles conditions on trouvera les mêmes résultats avec une analyse factorielle de données transversales provenant de multiples individus chez qui de multiples variables ont été mesurées à un seul moment dans le temps (technique R) et avec une analyse factorielle de données longitudinales fournies par une seule personne chez qui de multiples variables ont été mesurées à plusieurs reprises dans le temps (technique P ; voir Cattell, 1952). Selon les théorèmes classiques ergodiques, les résultats seront les mêmes seulement si les données obéissent à deux conditions rigoureuses : 1/ le même modèle statistique doit s’appliquer aux données de tous les individus dans la population (condition d’homogénéité de la population). Par exemple, si l’on fait une analyse factorielle sur les items d’un questionnaire d’anxiété et que l’on obtient un seul facteur d’anxiété générale, la condition d’homogénéité de l’ergodicité implique que le nombre de facteurs et les saturations obtenus doivent être les mêmes pour toutes les personnes étudiées au cas par cas. À titre d’exemple, des analyses factorielles intra-individuelles technique P effectuées par Molenaar et Campbell (2009) sur les données initialement recueillies par Borkenau et Ostendorf (1998) dans le cadre d’une étude sur le Big-Five (90 mesures répétées des cinq facteurs pour chacun des 22 participants à l’étude) montrent que le processus de personnalité ainsi modélisé viole la condition d’homogénéité (obtention d’un nombre de facteurs différent d’un individu à l’autre et saturations également différentes) et que par conséquent la structure interindividuelle du Big-Five ne peut être généralisée au niveau individuel. 2/ Les données doivent être stationnaires (condition de stationnarité), c’est-à-dire doivent avoir des caractéristiques statistiques invariantes à travers le temps, par exemple des moyennes et variances constantes au cours du temps. Il est évident que les processus développementaux ne peuvent satisfaire à cette deuxième condition puisque par définition ils possèdent des caractéristiques statistiques qui changent avec le temps. Ce sera le cas également de nombreux processus étudiés en psychologie, par nature spécifiques à la personne : processus de traitement de l’information, perceptifs, émotionnels,… Si ces conditions (ou seulement l’une des deux) ne sont pas remplies, le processus psychologique étudié est non ergodique et sa structure de variation interindividuelle diffèrera de sa structure de variation intra-individuelle. Molenaar (2005) souligne que c’est le type de variation (inter-ou intra-individuelle) qui est la cible principale des théorèmes classiques ergodiques et non les modèles statistiques choisis pour analyser cette variation. Cependant, les techniques d’analyses utilisées devront s’adapter au type de processus psychologiques à modéliser. Par exemple, l’analyse factorielle technique P ne peut être sélectionnée que pour modéliser des processus sans relations décalées dans le temps (dépendances sérielles), si de telles relations existent, il faut lui préférer l’analyse factorielle dynamique (Molenaar, 1985). Mais Molenaar considère ces différences de modèles statistiques comme accessoires à côté de la dichotomie fondamentale qui est de savoir si les données renvoient à des variations inter-ou intra-individuelles.
18Molenaar insiste beaucoup sur la nécessité d’adopter des techniques statistiques adaptées à l’analyse des variations intra-individuelles, qui ne se focalisent que sur ces variations. Cette condition est nécessaire selon lui pour disposer d’évaluations psychométriques valides et fidèles au niveau de l’individu et pour être capable de prédire des trajectoires comportementales individuelles. Pour cet auteur (Molenaar, 2005), certaines des analyses statistiques longitudinales considérées par certains comme relevant d’une approche idiographique (e.g., Curran & Wirth, 2004 ; Rogosa, 2004), sont en fait des techniques qui se focalisent in fine sur la structure des variations interindividuelles. C’est le cas par exemple des modèles de courbes de croissance (Adler & Scher, 1994 ; Rogosa, Brandt & Zimowski, 1982) qui s’apparentent selon Molenaar à la « technique T » de Cattell (1952) (données longitudinales fournies par de nombreuses personnes chez qui une seule variable a été mesurée à plusieurs reprises dans le temps) et qui donc en fait se focalisent sur la structure des variations interindividuelles. Molenaar affirme que seules les méthodes axées sur l’analyse de cas individuels combinées à des techniques statistiques basées sur l’analyse de séries temporelles à sujet unique peuvent réellement répondre aux attentes d’une approche idiographique (Molenaar & Valsiner, 2005).
19L’approche nomothétique est très dominante dans la psychologie scientifique actuelle. Elle est également à la base de la théorie standard des tests à partir de laquelle la plupart des tests psychologiques sont construits, normés et validés. Molenaar et Valsiner (2005) questionnent la pertinence de cette pratique acceptée depuis de nombreuses décennies quand les tests et questionnaires ainsi obtenus sont appliqués ensuite dans le conseil, l’évaluation et la prédiction individuels… La fidélité d’un test qui est déterminée sur la base de l’analyse de variations interindividuelles ne s’applique pas à l’évaluation individuelle. Un test peut avoir une fidélité élevée dans une population donnée, mais avoir une fidélité très faible pour l’évaluation d’individus particuliers issus de cette population. Selon Molenaar (2005), la théorie classique des tests ne devrait pas s’appliquer aux processus non ergodiques, il rappelle d’ailleurs qu’initialement la définition du score vrai proposée en 1968 par Lord et Novick ne s’appliquait qu’aux variations intra-individuelles.
20D’après Molenaar et Campbell (2009), la plupart des processus psychologiques sont de nature non ergodique (c’est-à-dire obéissent à des modèles dynamiques spécifiques à la personne et/ou ont des caractéristiques statistiques non stationnaires) et nécessitent donc d’être étudiés dans un premier temps à un niveau intra-individuel. Ce n’est qu’après avoir obtenu un nombre suffisant de modèles de séries temporelles répliquées caractérisant les structures des variations intra-individuelles chez différentes personnes uniques, que l’on pourra essayer de détecter des sous-groupes homogènes d’individus en termes de fonctionnement psychologique au moyen de méthodes d’analyses statistiques classiques des variations interindividuelles. La tâche peut sembler énorme (Von Eye, 2004), mais c’est seulement à ce stade que la généralisation nomothétique à une plus large population est envisageable (Molenaar, 2007). La psychologie scientifique doit, selon Molenaar (2005), tenir compte impérativement à la fois des points de vue idiographique et nomothétique. Cette nouvelle façon de penser la recherche en psychologie (aussi bien d’ailleurs dans les domaines conatif que cognitif) implique donc un changement fondamental méthodologique et statistique et s’apparente selon Molenaar et Campbell (2009) à un changement de paradigme Kuhnien. On retrouve également cette volonté de changement méthodologique assez radical chez de nombreux autres psychologues (e.g., Kunnen & Bosma, 2006 ; Nesselroade, 2004 ; Thum, 2004 ; Toomela, 2007).
L’approche idiographique est-elle déjà présente dans la psychologie de la personnalité contemporaine ?
La nécessité d’étudier l’individu dans sa globalité : une idée plutôt reconnue et bien acceptée
21De nombreux psychologues, avec des orientations théoriques d’ailleurs différentes, soulignent les limites de l’approche des traits et la nécessité de renforcer la recherche idiographique, centrée sur la personne, afin d’être en mesure d’améliorer la compréhension de la dynamique du fonctionnement de la personnalité (e.g., Baird, Le, & Lucas, 2006 ; Block, 1995 ; Digman, 1990 ; Epstein, 1994, 2007 ; Fiske, 1994 ; Morf, 2002 ; Pervin, 1994). En effet, comme nous l’avons déjà évoqué, même si les constructs utilisés pour classer les différences psychologiques entre individus ont bien une valeur prédictive au niveau de la population, on ne peut en déduire qu’ils correspondent à des entités mentales présentes chez chaque individu. Borsboom, Mellenbergh et Van Heerden (2003) montrent qu’effectivement rien ne permet de supposer que les variables latentes, qui résument des différences individuelles dans la population, correspondent à des structures causales qui seraient localisées dans le cerveau de chaque personne ; le croire renverrait, selon eux, à un « acte de foi ». Pour ces auteurs, les traits communs tels que ceux du Big-Five ne devraient en aucun cas être conceptualisés en tant qu’explication de conduites individuelles. Pour être en mesure de le faire, il est nécessaire de se tourner vers des stratégies de mesure et d’évaluations idiographiques (Grice, 2004 ; Grice, Jackson, & McDaniel, 2006 ; Hamaker, Nesselroade, & Molenaar, 2007 ; Molenaar, 2004). Cette volonté de placer l’individu au centre des recherches dans le domaine de la personnalité n’est pas récente. Nous allons illustrer notre propos à l’aide de deux exemples, peut-être parmi les plus représentatifs dans ce champ, issus de contextes théoriques différents. Signalons, que nous aurions pu également présenter d’autres modèles théoriques tels que ceux par exemple proposés par Block (2002) ou encore par Carver & Scheier (2000).
L’approche développementale « orientée sur la personne »
22Commençons par la présentation de l’approche développementale dite « orientée sur la personne » (par opposition à une approche « orientée sur les variables ») associée notamment au nom du psychologue suédois David Magnusson, qui depuis plusieurs décennies appelle également avec insistance à un retour vers l’étude de la personne dans sa globalité (1988). Cette approche est à l’origine d’un modèle « holistique, intégré, du fonctionnement et du développement humain » (Bergman, Magnusson & El-Khouri, 2003 ; Bergman & Andersson, 2010 ; Cairns, Bergman & Kagan, 1998). Pour Magnusson et Törestad (1993, p. 428, traduction personnelle) la recherche sur la personnalité devrait en effet se consacrer : « à l’étude de comment et pourquoi l’individu pense, ressent et réagit comme il le fait, c’est-à-dire devrait se situer dans une perspective où l’individu est considéré comme un organisme entier, intégré ». En résumé, ce modèle théorique repose sur trois propositions de base (Magnusson, 1995, p. 24-29, notre traduction) : 1/ « L’individu fonctionne et se développe comme un organisme total, intégré ». Cette proposition s’inspire en particulier fortement des travaux sur les modèles dynamiques non linéaires (e.g., Van Geert, 1994). 2/ « L’individu fonctionne et se développe dans un processus continu d’interactions réciproques avec son environnement ». Les travaux de Bronfenbrenner (1977) relatifs à l’analyse de l’environnement et de son fonctionnement à différents niveaux d’organisation dans le processus d’interaction personne-environnement sont ici très présents. 3/ « À chaque moment spécifique, le fonctionnement humain est déterminé par un processus continu d’interactions réciproques entre d’une part du côté de l’individu des facteurs mentaux, des facteurs biologiques et des comportements et d’autre part des facteurs situationnels. De la même manière, l’individu se développe dans un processus continu d’interactions réciproques entre facteurs psychologiques, biologiques et environnementaux ». Cette dernière proposition intègre des idées et des résultats en provenance de disciplines telles que la biologie ou la neuropsychologie. En résumé, dans cette approche interactionniste qui vient d’être brièvement décrite, l’individu constitue l’unité de base d’observation et l’on cherche à caractériser, à un niveau d’analyse donné, les individus par des configurations de facteurs fonctionnels qui leur sont propres. Plusieurs techniques statistiques sont utilisées dans cette optique : analyse factorielle multivariée technique P, technique du Q-sort, analyse en profils latents…
L’approche sociocognitive de l’étude de l’architecture de la personnalité
23L’autre exemple que nous présenterons, qui s’inscrit dans une approche sociocognitive de l’étude de la personnalité (Caprara & Cervone, 2000 ; Cervone, 2004, 2005, 2006 ; Cervone & Shoda, 1999), a pour ambition de favoriser le développement d’une « science de la personnalité » (Cervone & Mischel, 2002) ayant pour objectif de comprendre « les sous-systèmes et processus partiels qui constituent collectivement l’architecture mentale et émotionnelle de la personne » (Mischel, 2004). Mischel et Shoda publient en 1995 un article qui sera ensuite très souvent cité, dans lequel ils militent pour l’intégration des approches dimensionnelle et sociocognitive en une théorie unifiée de la personnalité. Pour ces auteurs, une théorie complète de la personnalité doit être en mesure de pouvoir identifier les dispositions stables qui caractérisent des individus différents ; mais elle doit également pouvoir spécifier les processus psychologiques intra-individuels qui sont à la base de ces dispositions (Mischel & Shoda, 1998). Ces auteurs proposent dans ce cadre un méta-modèle « systémique cognitivo-affectif de la personnalité » (appelé aussi modèle CAPS : « Cognitive-Affective Personality System »). À signaler que Cervone (2004) proposera dans la même lignée de travaux un modèle théorique également centré sur l’individu, mais plus opérationnel et spécifique que celui de Mischel et Shoda : le « modèle intra-individuel de l’architecture de la personnalité en termes de connaissances et d’évaluations » ou modèle KAPA (« Knowledge and Appraisal Personality Architecture ») (pour une présentation de ce modèle en français, voir Cervone, 2006). Contrairement au méta-modèle CAPS, le modèle KAPA offre la possibilité de faire des prédictions au niveau individuel et peut donc être testé empiriquement (e.g., Cervone, 2004 ; Orom & Cervone, 2009).
24Le CAPS est « une métathéorie de la personne en tant que système organisé et cohérent » (Cervone, 2006). Selon ce modèle, l’individu encode les caractéristiques psychologiques des situations auxquelles il est confronté grâce à une configuration complexe de structures et processus intra-personnels, appelés unités cognitivo-affectives (e.g., des attentes, des croyances, des valeurs,…). Les individus diffèrent à la fois au niveau de l’accessibilité et de la disponibilité de ces unités cognitivo-affectives quand ils sont confrontés à une situation donnée et au niveau de l’organisation des relations entre ces unités (structure propre à chaque individu – dépendante de son histoire d’apprentissage sociocognitif et de déterminants biologiques – qui tend à se stabiliser à l’âge adulte). C’est ce qui explique que leurs réponses comportementales respectives face à une même situation ne seront pas forcément les mêmes, certains manifesteront plus de comportements agressifs que d’autres par exemple face à une même situation (différences interindividuelles). Par ailleurs, pour un individu donné, au cours du temps, en passant d’une classe de situations psychologiques à une autre (par exemple, une situation d’interactions avec des amis à une situation d’interactions avec des inconnus), ce ne seront pas systématiquement toujours les mêmes unités au sein du système de personnalité qui seront activées ou inhibées (la signification psychologique des situations rencontrées peut évoluer pour l’individu) et par conséquent la réponse comportementale ciblée (par exemple le niveau d’agressivité manifesté) pourra changer au cours du temps (variabilité intra-individuelle). On suppose dans ce cadre métathéorique que ces profils de variabilité comportementale intra-individuelle d’une classe de situations à une autre – ou profils « si [classes de situations], alors [classes de comportements] » – diffèrent d’un individu à l’autre et constituent des « signatures comportementales » relativement stables caractérisant chaque individu. Il s’agit donc là en fait d’une approche conditionnelle des traits (Wright & Mischel, 1987 ; Thorne, 1989). Des travaux montrent qu’il est effectivement possible de mettre en évidence ces signatures comportementales empiriquement et qu’elles sont, comme attendu théoriquement, relativement stables dans le temps (Caldwell, Cervone, & Rubin, 2008 ; Fournier, Moskowitz, & Zuroff, 2008, 2009 ; Furr, 2009 ; Leikas, Lönnqvist, & Verkasalo, 2012 ; Shoda, Mischel, & Wright, 1994 ; Van Mechelen, 2009). Ce dernier point a son importance, il est nécessaire en effet de montrer que cette variabilité comportementale intra-individuelle ne constitue pas que de l’erreur de mesure, qu’elle a psychologiquement du sens (Fleeson, 2001 ; Funder, 2009).
Une piste possible pour faire évoluer les outils d’évaluation de la personnalité
25Nous avons souligné au cours de ce chapitre que notamment Lamiell et Molenaar questionnent la théorie classique des tests et la pertinence des outils d’évaluation de dimensions issues d’une approche basée sur l’étude des différences entre individus pour des évaluations individuelles. Des psychologues suisses, Capel et Rosé (2006), défenseurs « d’une psychométrie clinique », remettent en question également certaines pratiques dans le domaine de l’évaluation de la personnalité12. Les auteurs préconisent une technique de construction d’échelles d’attitudes appelée « méthode fonctionnelle », qui existe depuis les années 1970 suite aux travaux de Francis Gendre et ses collaborateurs, ayant pour ambition de fournir une alternative aux mesures standardisées classiquement utilisées dans ce domaine. Cette méthode offre l’intérêt notamment en partant d’une analyse individuelle, clinique, d’obtenir des « mesures absolues » qu’il est possible d’utiliser aussi bien pour effectuer des comparaisons interindividuelles que des analyses intra-individuelles. Divers tests13 ont été construits dans ce cadre fournissant pour chaque personne un score absolu et un score relatif (standardisé). Capel et Rosé insistent cependant sur le fait qu’étant donné que l’objectif premier de l’évaluation est de mieux connaître une personne, les scores standardisés ne sont pas les plus appropriés car ils ne permettent pas une véritable évaluation personnalisée. Ce qui compte en effet selon eux c’est de pouvoir décrire l’importance relative des traits les uns par rapport aux autres pour un individu donné grâce aux mesures absolues, plus que la comparaison des scores obtenus à ceux d’une population de référence (étalonnages de plus, souvent obsolètes, basés sur de faibles échantillonnages…).
Conclusion
26On a vu qu’avec Stern (Lamiell, 2010a) ou Allport (1937) l’étude de la personnalité concernait clairement avant tout l’étude de la personne dans sa globalité. Mais avec le développement massif de l’utilisation de l’analyse factorielle, l’étude de la personnalité a fini par être assimilée par beaucoup à l’étude des variables de différences entre individus (Wiggins, 1997). L’approche des traits présente un certain nombre de limites, elle constitue essentiellement une « psychologie de l’inconnu (stranger) » (McAdams, 1995) et ne peut à l’évidence représenter à elle seule le domaine de l’étude scientifique de la personnalité (Epstein, 1994 ; Lamiell, 2000 ; Pervin, 1994). Comme Lamiell et Molenaar le montrent, les approches taxonomiques ou descriptives proposent des modèles inter-sujets qui ne peuvent être utilisés pour comprendre les processus intra-sujets (voir aussi Borsboom, Mellenbergh, & van Heerden, 2003). Nos connaissances à propos des variables de différences individuelles ne peuvent constituer des connaissances sur les individus (Lamiell, 1997). Pour autant, nombre de psychologues pensent que l’approche des traits doit continuer à constituer un des piliers de la psychologie de la personnalité (e.g., Morf, 2002). Allport (1937) défendait aussi l’idée de complémentarité entre traits individuels et traits communs. Pour lui, les deux types de traits méritent d’être étudiés, même s’il jugeait les premiers comme étant plus fondamentaux (Allport, 1931, 1962). Cantor dans une publication déjà ancienne (1990) différenciait deux traditions d’étude scientifique de la personnalité, une axée sur la description des individus (l’approche des traits) et l’autre à visée explicative (l’approche sociocognitive). Mischel et Shoda (1995, 1998) ont proposé de ne plus considérer ces deux lignées de travaux comme étant en compétition mais de les intégrer en un même système de personnalité. Cet appel à un rapprochement entre ces deux approches n’est pas isolé (e.g., Winter, John, Stewart, Klohnen, & Duncan, 1998 ; Roberts, 2009). La notion même de trait d’ailleurs quand elle est définie comme renvoyant à : « des patterns relativement durables de pensées, sentiments et comportements qui reflètent la tendance à répondre de certaines manières dans certaines circonstances. » (Roberts, 2009, p. 140, notre traduction) est tout à fait compatible avec la notion de trait conditionnel proposée par Wright et Mischel en 1987 (Johnson, 1999 ; Roberts, 2009). Finalement, peu d’éléments, au moins sur un plan théorique, semblent s’opposer a priori aux appels répétés pour un développement accru dans le domaine de la personnalité de recherches centrées sur l’individu. Des modèles théoriques de fonctionnement individuel existent déjà, certains spécialistes des traits s’y essayent également (voir la TCF de McCrae & Costa, 2006) et de plus en plus de psychologues sont convaincus de cette nécessité, déjà clairement énoncée par Stern au moment de la naissance de la psychologie différentielle.
27Molenaar cependant va plus loin dans ses propos, il n’espère pas seulement une prise de conscience collective en faveur de l’étude de l’individu dans sa globalité, d’autres l’avaient déjà fait avant lui, il attire surtout l’attention sur certains problèmes méthodologiques qui se posent avec les études centrées sur la personne. En effet, bon nombre des processus étudiés en psychologie sont de nature non ergodique et devraient donc impérativement être analysés au niveau individuel à l’aide de techniques statistiques sophistiquées bien spécifiques (diverses techniques d’analyse de séries temporelles). La tâche n’est pas aisée, mais c’est sans doute le prix à payer pour faire avancer la recherche dans ce domaine. Molenaar ne rejette absolument pas une approche basée sur les différences interindividuelles en vue d’une généralisation nomothétique, probablement indispensable14, à la condition que celle-ci soit subordonnée à la précédente (ce qui impliquerait une reconceptualisation de la notion de trait). À noter que cette façon de procéder n’est pas sans rappeler certaines des propositions du cadre de travail méta-théorique de Mischel et Shoda (1995).
28En bref, le domaine de l’étude scientifique de la personnalité, dominé actuellement par la recherche nomothétique, est probablement arrivé à un tournant de son histoire qui nécessite des bouleversements certains. Lamiell et Molenaar appellent à un changement de paradigme replaçant l’individu au centre des recherches dans ce domaine. Les changements espérés ne se feront pas du jour au lendemain en raison notamment des contraintes théoriques (de nombreuses théories psychologiques sont encore de nature statique), méthodologiques (par exemple maîtriser des effets d’apprentissage qui peuvent poser problème dans certains cas), pratiques (c’est souvent compliqué de recueillir un grand nombre de mesures répétées chez une même personne) et statistiques (techniques appropriées qui peuvent sembler difficiles d’accès et encore peu diffusées) qu’ils impliquent inévitablement (Tuerlinckx, 2004). Mais en gardant à l’esprit la complémentarité possible entre approches idiographique et nomothétique, chacun, y compris les spécialistes de l’approche des traits, devrait pouvoir y trouver matière à enrichissement.
Bibliographie
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Notes de bas de page
2 Terme relatif à « l’orientation des conduites, c’est-à-dire des activités finalisées et organisées » (Reuchlin, 1990, p. 11), recouvrant donc, selon Maurice Reuchlin, les domaines de la personnalité, des affects et de la motivation.
3 Il sera question ici de la notion de trait en tant que dimension descriptive obtenue dans le cadre de l’utilisation de l’analyse factorielle.
4 « Expliquer » que certains individus se plaignent davantage de douleurs que d’autres parce qu’ils ont un score élevé en névrosisme reviendrait par analogie à expliquer que tel modèle de voiture tombe davantage en panne que d’autres parce qu’il a un score faible en « robustesse » (ce n’est pas la « robustesse » de la voiture que le garagiste réparera en cas de panne…). La question en effet peut se poser de la qualité de « l’explication », pour le moins superficielle, fournie ainsi pour la compréhension du phénomène étudié (voir aussi Cervone, 2006).
5 Voir par exemple les travaux d’Endler, Parker, Bagby & Cox (1991) qui définissent quatre types d’anxiété relatifs à quatre classes de situations (évaluation sociale, danger physique, situations ambiguës et situations quotidiennes routinières).
6 Le NEO-PI, devenu NEO-PI-R (traduit en français par Rolland et Petot en 1998 et édité aux ECPA) après l’ajout d’items mesurant en plus les dimensions Caractère Consciencieux et Agréabilité, non prises en compte initialement par Costa et McCrae
7 La validité externe critérielle des inventaires de personnalité dans ce cadre est souvent jugée insuffisante, cependant la rigueur méthodologique de certaines méta-analyses dont les résultats sont à l’origine de ces critiques peut être questionnée (e.g., Hogan, De Fruyt, & Rolland, 2006). Dans les études correctement menées (prenant la précaution notamment d’associer à chaque trait de personnalité des critères professionnels théoriquement pertinents), les traits de personnalité prédisent presque aussi bien la performance au travail que les aptitudes cognitives (e.g., Hogan & Hogan, 2003).
8 Stern, très influencé par les travaux d’Alfred Binet, s’est intéressé également au domaine de l’intelligence ; il est en particulier à l’origine du concept de quotient intellectuel.
9 C’est en ce sens que Wilhelm Windelband (philosophe allemand à qui l’on doit la distinction idiographique-nomothétique (1848-1915)) utilisait le terme « nomothétique » (Lamiell, 1997).
10 Connaissances obtenues grâce à la méthode corrélationnelle, relatives par conséquent à un individu moyen et qui ne s’appliquent donc à personne en particulier. C’est en fait en ce sens qu’Allport utilisait, lui, le terme « nomothétique ».
11 L’ergodicité s’intéresse à la question fondamentale suivante pour la psychologie scientifique : quand on dispose d’un ensemble de variables, dans quelles conditions une analyse de la variation interindividuelle (dans laquelle l’information est moyennée sur les individus) produira-t-elle les mêmes résultats qu’une analyse de la variation intra-individuelle ?
12 Ils remettent en question en particulier la pratique courante consistant à évaluer les aptitudes et les attitudes (personnalité, intérêts, valeurs…) en suivant le même modèle. Pourtant, dans le premier cas on cherche à mesurer des performances objectivement quantifiables, tandis que dans le second, on est confronté à des réponses subjectives. Ce constat implique, selon les auteurs, que les réponses à des inventaires d’attitudes ne devraient pas être traitées de manière paramétrique comme il est pertinent de le faire dans le domaine des aptitudes.
13 À signaler que plusieurs tests existent (personnalité (L.A.B.E.L.), intérêts professionnels (LIVAP/LIMET), valeurs personnelles et professionnelles (I.V.P.G.),…) et sont utilisés en Suisse romande depuis plusieurs années (voir le site : www.geca-psytest.com).
14 Peut-on décrire un individu sans faire référence à d’autres individus, au moins implicitement ?
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