Introduction
p. 7-10
Texte intégral
1En mai 2011, le colloque annuel du Réseau Interuniversitaire de Psychologie du Développement et de l’Éducation (le RIPSYDEV) était organisé à Rennes par l’équipe de psychologie du développement et de l’éducation du Centre de Recherche en Psychologie, Cognition et Communication (CRPCC, EA1285). C’est sous l’angle de la variabilité dans le développement ou plus exactement des variabilités qu’il fût décidé de centrer la thématique principale du colloque. Une telle focalisation sur les trajectoires de développements différents a sonné comme une évidence. Effectivement il a paru nécessaire, pour s’inscrire dans les évolutions actuelles de la discipline de privilégier une réflexion sur les trajectoires de développement qui se singularisent, ceci en rassemblant des communications qui tout en relevant clairement du champ de la psychologie du développement privilégiaient corrélativement une approche différentielle. S’interroger sur la signification des indices de variabilités qui sont le plus fréquemment passés sous silence ou au mieux relevés mais en tous les cas trop rarement expliqués dans le plus grand nombre des études appartenant au champ de la psychologie du développement a fédéré l’ensemble du colloque.
2Le succès obtenu témoigne de la nécessité, de la richesse et donc de la pertinence de privilégier la prise en compte des différences individuelles dans le développement humain. C’est ainsi qu’il a permis de réunir de nombreux chercheurs tant dans le domaine du développement cognitif que du développement social ; tant dans le cadre du développement typique que du développement atypique. Les études présentées lors de ces journées témoignent toutes à leur manière de la pertinence qu’il y a à privilégier une approche interdisciplinaire centrée sur les évolutions théoriques et méthodologiques issues, pour une part au moins, de la psychologie différentielle.
3C’est ainsi que cet ouvrage rend compte de la diversité de la recherche conjuguant ces deux approches ainsi que des avancées les plus récentes permises par cette interdisciplinarité. Les travaux présentés ici apportent une contribution originale et heuristique, et ce tant du point de vue théorique que du point de vue méthodologique. Ainsi c’est la centration des travaux de recherche sur l’analyse fonctionnelle, organisationnelle ou développementale des variabilités (inter ou intra-individuelles) dans différents domaines du développement, tout au long de la vie, qui fédère les recherches présentées dans cet ouvrage qui pour plus de clarté se subdivise en deux parties.
4La première partie intitulée « Cognition, cognition sociale et variabilités » regroupe des études portant sur l’étude des variabilités intra-individuelles ou interindividuelles dans le développement typique.
5Jacques Juhel introduit cette première partie en présentant les enjeux théoriques et méthodologiques propres à l’étude des invariants différentiels dans les variations développementales. L’auteur présente les modélisations possibles du développement et propose une évolution des stratégies de recherche consistant à prendre l’individu comme unité d’analyse.
6Les deux chapitres suivants abordent la question des manifestations de l’identité sexuée des enfants d’âge préscolaire. Yoan Mieyaa et Veronique Rouyer présentent l’étayage théorique de leur problématique de recherche centrée sur les liens entre des processus de construction identitaire et des expériences scolaires différenciées. Stéphanie Barbu, Guénaël Cabanes et Gaïd Le Maner-Idrissi quant à eux présentent une étude portant sur la dynamique développementale des différences sexuées entre 2 et 6 ans. Les résultats mettent en évidence une évolution développementale des jeux qui se structurent et se socialisent progressivement laissant cependant apparaître des différences interindividuelles indexées pour une part au moins sur la catégorie sexe d’appartenance.
7Les quatrième et cinquième chapitres portent sur la construction de l’identité à travers l’étude de la conscience de soi (Paola Molina et Monica Marotta) et de la représentation de soi (Gaëlle Lefer, Agnès Florin et Philippe Guimard). L’étude de Paola Molina et Monica Marotta se centre plus spécifiquement sur les variabilités inter-individuelles et intra-individuelles dans la réponse de l’enfant à l’épreuve de reconnaissance de soi dans le miroir. Les résultats mettent en évidence des variabilités interindividuelles dans l’âge de reconnaissance qui varie entre 17 et 27 mois et des variabilités intra-individuelles dans la trajectoire développementale d’acquisition. Gaëlle Lefer, Agnès Florin et Philippe Guimard présentent une étude portant sur l’évolution du contenu des sois possibles chez des enfants de 8 à 9 ans et ses effets dans le domaine scolaire (perception de compétence, attitudes envers l’école et compétences scolaires). Les résultats mettent en évidence le fait que les enfants de 8 et 9 ans sont capables de se projeter dans le futur et de prioriser leurs objectifs. Cette projection évolue dans le temps et a des effets sur des compétences scolaires spécifiques.
8Les deux derniers chapitres de cette première partie portent sur la cognition : métamémoire et formation de concepts non-verbaux. Camille Gavoille, Stéphanie Caillies et Florence Labrell étudient ainsi le développement de la mémoire déclarative d’enfants d’âge préscolaire en appréhendant les précurseurs cognitifs (langage, théories de l’esprit et mémoire épisodique) favorisant son développement précoce. Le chapitre de Thierry Plaie conclut cette première partie de l’ouvrage en présentant une étude expérimentale avec des adultes, jeunes et âgés. L’objectif de l’étude présentée vise à dégager des profils de vieillissement normal par l’étude des variations intragroupes et des changements stratégiques interitems. Les résultats mettent en évidence le fait que les jeunes adultes oscillent entre des stratégies synthétique et analytique ou entre les stratégies analytique et globale alors que les adultes âgés alternent entre la stratégie analytique et la stratégie globale. Des perspectives de recherche sont proposées par l’auteur en discussion.
9La deuxième partie de l’ouvrage intitulée « Handicaps, apprentissage et variabilités » regroupe des recherches récentes dans le domaine du développement atypique ou des apprentissages (langagiers, scolaires etc.).
10Carole Tardif introduit cette seconde partie en ciblant l’étude des variabilités relatives aux désordres du spectre autistique. À travers la description de recherches récentes sur les désordres du spectre autistique, l’auteur met l’accent sur l’intérêt d’une démarche de recherche permettant l’enrichissement réciproque de la recherche fondamentale et des pratiques professionnelles.
11Les trois chapitres suivants présentent des recherches récentes auprès d’enfants porteurs de handicaps et montrent l’intérêt des méthodologies développementales pour tester différents types de variabilités. Le premier chapitre de cette seconde partie porte sur l’évaluation de la qualité de vie des enfants handicapés scolarisés en école maternelle par leurs pairs. Dans ce chapitre, Émilie Chanoni, Daniel Mellier Katia Rovira et Philippe Brun proposent deux nouvelles méthodologies d’auto et d’hétéro-évaluation de la qualité de vie scolaire d’enfants typiques et handicapés âgés de 4 à 6 ans. Les deuxième et troisième chapitres étudient les interactions des enfants sourds. Barbara Le Driant, Clovis Levrez, Pauline Franja et Béatrice Bourdin étudient le développement de l’attention conjointe chez l’enfant sourd entre 10 et 30 mois. Les auteurs présentent et discutent des données longitudinales de 2 enfants atteints d’une surdité sévère à profonde. Julie Briec, Cyrille Perchec, Gaïd Le Maner-Idrissi et Françoise Bariaud analysent, corrélativement, au cours d’une séance d’échanges conversationnels, l’élaboration progressive de l’ajustement au sein de la dyade mère/enfant (niveau micro) et la manière dont la dynamique des ajustements évolue au cours du temps (niveau macro).
12Les quatre chapitres suivants concernent des enfants au développement typique et traitent des compétences pragmatiques, de l’autorégulation comportementale dans les apprentissages scolaires et de la flexibilité cognitive. Plus spécifiquement le chapitre de Rovira et Tremblay porte sur la compréhension des intentions (taquineries) chez le jeune enfant de 6 à 36 mois. Le chapitre de Virginie Laval, Cécile Laval et Elsa Eme examine la compréhension des expressions idiomatiques dans une perspective développementale chez des enfants de 6 ans et de 9 ans. Blandine Hubert, Sylvie Crusson-Pondeville, Philippe Guimard et Isabelle Nocus étudient l’autorégulation comportementale dans les apprentissages scolaires en maternelle et les variations en fonction du niveau scolaire et du sexe. Le dernier chapitre de cette seconde partie porte sur la flexibilité cognitive. Afef Hagi et Véronique Goussé évaluent ainsi les différentes composantes des fonctions exécutives chez des enfants bilingues précoces italien-arabe.
13Nous remercions vivement les auteurs pour leur contribution ainsi que l’université Rennes 2, Rennes Métropole et la région Bretagne pour leur soutien.
Auteurs
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