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Introduction

p. 179-180

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Index géographique : France


Texte intégral

1La formation de l’avocat constitue une étape importante de sa carrière. Le stage est une période cruciale, à la fois pour le novice qui envisage d’intégrer le tableau et pour le barreau qui doit se poser la question de l’encadrement et du contenu de l’apprentissage. Le stagiaire dispose de plusieurs années de mise à l’épreuve, au cours desquelles il doit notamment apprendre les règles déontologiques de la profession, se former à la plaidoirie, se familiariser avec la procédure, et donc devenir progressivement l’avocat qui sera admis à intégrer le tableau. Pourtant, malgré son statut de stagiaire, le novice est avant tout avocat et, malgré quelques restrictions1, un professionnel indépendant comme tout autre inscrit. Dans quelle mesure le conseil de l’ordre peut-il alors proposer une formation sérieuse et approfondie au sein de laquelle il lui faut exercer un réel contrôle sans pour autant bafouer le principe d’indépendance de l’avocat ? Le dilemme se situe en ces termes.

2Dans les premières décennies du xxe siècle, le barreau décide de dispenser une formation principalement théorique (conférences sur la déontologie, sur le fonctionnement de l’institution), impose au stagiaire la charge des commissions d’office, et se réserve le droit de faire respecter strictement les lois et le règlement intérieur. Par contre, le barreau laisse les conditions d’exercice de la profession à la responsabilité du stagiaire qui trouve un local, choisit son « patron » et un cabinet au sein duquel il apprendra la pratique, et recherche les moyens de financer les années durant lesquelles le métier lui permet très difficilement de vivre. Le mouvement de professionnalisation, les mutations des contentieux, les bouleversements sociaux, amènent à la remise en question progressive du stage. Notre objectif ne consiste pas à examiner les conditions et les raisons des entrées ou sorties du stage mais l’encadrement et le contenu de la formation pour comprendre quand, pourquoi et comment le stage fait l’objet de discussions et de réformes entre la fin du xixe siècle et les années soixante-dix.

3Étant donné que le stagiaire est un avocat à part entière et que les années de stage connaissent un nombre important de démissions, il nous a ensuite paru nécessaire de réfléchir au rapport qui existe entre l’avocat et sa « carrière ». Deux questions principales guident notre raisonnement à ce sujet. Premièrement, il nous intéresse de savoir si l’exercice de la profession d’avocat à Nantes constitue une finalité en soi ou bien simplement une étape d’une carrière professionnelle plus large. L’étude croisée de la durée des carrières et des raisons de fin de carrière permet d’apporter des éléments de réponse. En second lieu, nous focalisons notre intérêt sur l’exercice de la profession afin de mettre en évidence des logiques de carrière. Dans quelle mesure est-il possible de « faire carrière » au barreau de Nantes ? Une « évolution hiérarchique » est-elle possible ? Les origines socioprofessionnelles, déterminantes dans le cadre du recrutement, le sont-elles également pour la conduite d’une carrière au barreau ?

Notes de bas de page

1 Comme par exemple le fait de ne pas voter au cours des élections du bâtonnier et du conseil, ne pas siéger au conseil de l’ordre ou ne pas plaider la première année (à partir de 1930).

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