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L’adolescence dans le cours de l’existence humaine : enjeux développementaux et défis sociaux

p. 73-88


Texte intégral

Introduction

1Cette présentation se propose d’entreprendre une réflexion rapide sur la conception contemporaine de l’adolescence dans le cours de l’existence humaine et ceci à partir de trois mots-clés qui évoquent les principaux enjeux développementaux qui se posent à cette période de la vie : transition, transaction et contexte. La présentation identifie également les principaux défis qui se posent aujourd’hui en termes de santé publique, lorsqu’on pose un regard sur « l’état de santé » des adolescents dans les sociétés occidentales. Mais avant d’aborder ces questions, il a paru nécessaire d’entreprendre, une fois encore, une réflexion sur la notion de crise de l’adolescence. L’idée selon laquelle cette période est dominée par une inévitable crise dans le développement constitue sans doute le stéréotype le plus ancien mais aussi le plus tenace sur l’adolescence, car cette idée résiste toujours, malgré de multiples travaux qui ont démontré qu’une telle vision n’est pas fondée dans les faits et se révèle stérile lorsqu’il s’agit de poser un diagnostic ou mettre en place des programmes de prévention ou des plans d’intervention.

La crise de l’adolescence

2Depuis longtemps l’idée que l’adolescence constitue une période inévitablement marquée par des perturbations dans le cours du développement humain s’est imposée et la plupart de théories sur l’adolescence ont insisté sur le fait que l’accès à l’âge adulte passait nécessairement par une période de crise. L’idée selon laquelle l’adolescence constitue une période marquée par des conflits et des perturbations est ancrée de longue date dans les écrits. On en trouve les premières traces dans les propos de Jean-Jacques Rousseau lorsqu’il décrit en des termes dramatiques l’évolution psychologique de son Émile, lors de l’arrivée de la puberté :

Un changement dans l’humeur, des emportements fréquents, une continuelle agitation de l’esprit, rendent l’enfant presque indisciplinable. Il devient sourd à la voix qui le rendait docile ; c’est un lion dans sa fièvre ; il méconnaît son guide, il ne veut plus être gouverné (L’Émile, 1762, p. 246-247).

3Cette idée a été largement reprise par Stanley Hall qui publie aux États-Unis, en 1904, le premier ouvrage scientifique sur l’adolescence. Stanley Hall a formulé une théorie du développement humain en s’inspirant de la théorie biologique de la reproduction qui avait cours à la fin du XIXe siècle, selon laquelle le développement individuel reproduirait l’histoire de l’évolution de l’espèce humaine. Ainsi, l’enfance correspondrait à l’apparition de l’homme au cours de l’évolution, lorsque les premiers hominiens adoptent la station debout ; l’adolescence reproduirait la période de tumulte qui aurait précédé l’apparition de la civilisation, lorsque les forces primitives et sauvages se sont heurtées aux exigences de la vie sociale. L’instabilité, le jeu des passions contradictoires, le tumulte émotionnel et l’état de tension dominent cette période caractérisée par ce que Stanley Hall nomme « storm and stress », tempête et tension, termes qui, à ses yeux, traduisent le mieux les aléas de la vie émotionnelle à l’adolescence. Les idées de Stanley Hall vont dominer la conception de l’adolescence durant tout le XXe siècle ; elles vont inspirer les travaux anthropologiques que Margaret Mead va entreprendre sur l’adolescence à Samoa et en Nouvelle-Guinée ; en Europe, des auteurs comme Sprangler en Allemagne et Debesse en France vont revendiquer leur filiation aux idées de Stanley Hall.

4Dans un courant de pensée très différent, la psychanalyse a développé une vision de l’adolescence qui met fortement l’accent sur les perturbations, les conflits et la régression à des stades antérieurs du développement. Cette conception a été principalement formulée par Peter Blos (1967) et Anna Freud (1969). Cette dernière considère que l’accès à la génitalité qui coïncide avec la poussée pubertaire, détruit l’équilibre établi durant la période de latence et entraîne l’individu dans une situation de haute perturbation : angoisse, sentiments de culpabilité, agitation, opposition et comportements ouverts d’hostilité. On assisterait à l’adolescence, à un repli de l’égo et à la faillite de l’organisation du moi. Ces manifestations qui passeraient pour des signes d’états névrotiques sinon prépsychotiques à d’autres étapes de la vie, sont jugées comme normales et nécessaires pour que l’adolescent fasse le deuil des dépendances infantiles et accède à la maturité affective et sexuelle. Une seconde idée renforce la première : l’absence de crise serait suspecte aux yeux du clinicien car elle témoignerait d’une forme prématurée et immature de la consolidation du moi.

5Au cours des dernières décennies, une série de travaux ont progressivement remis en question et discrédité cette vision dramatique de l’adolescence. Deux groupes de travaux s’y sont employés : les études menées auprès de vastes échantillons composés d’adolescents « normaux » ou « tout-venant » et les études réalisées auprès de populations cliniques.

6Offer et Offer (1975) furent parmi les premiers à mettre en doute la présence d’une inévitable crise au cours de l’adolescence, au terme d’une étude longitudinale de sept ans, menée auprès d’une centaine de garçons sélectionnés au hasard dans la région de Chicago. Les participants ont été rencontrés annuellement entre 12 et 19 ans, lors d’entretiens intensifs, ils ont répondu à des questionnaires et complétés divers tests projectifs ; les parents et les enseignants ont également été rencontrés régulièrement. Les résultats furent particulièrement probants : ces jeunes avaient vécu d’importants changements et exprimaient des préoccupations nouvelles qui gravitaient autour de questions comme la sexualité, les rapports avec les parents, l’acceptation par les amis, mais cette expérience s’accompagnait rarement de perturbations, de problèmes émotionnels importants ou d’incapacités. La plupart des adolescents ont été en mesure de transiger avec les changements qui marquent cette période et ont pu accéder à une étape ultérieure du développement. Les auteurs constatent qu’un adolescent sur cinq seulement s’engage dans ce qu’ils nomment une « croissance tumultueuse » qui rejoint la description que faisait Anna Freud du développement normal ; toutefois ces derniers avaient déjà connu d’importantes difficultés au cours de l’enfance, particulièrement des difficultés relationnelles avec les parents et avec les pairs.

7Les travaux épidémiologiques réalisés par Rutter et ses collaborateurs (1980) auprès de l’ensemble des enfants et des adolescents de l’île de Wright en Angleterre, ont également contribué à mettre en question la notion de crise de l’adolescence. Rutter constate que les adolescents ne présentent pas plus de signes de perturbations psychologiques qu’à d’autres périodes de la vie ; le tumulte émotionnel et les manifestations d’opposition à l’égard des parents ou de l’autorité sont rares. Rutter estime, au terme de l’étude, que le concept de crise émotionnelle de l’adolescence relève plus de la fiction que des faits.

8Il faudrait citer ici de nombreux autres travaux réalisés aux États-Unis (Csikzentmthalyi et Larson, 1984 ; Petersen, 1985), en Europe (Rodriguez-Tomé, 1990 ; Jackson et Bosma, 1992) et au Québec (Cloutier et Legault, 1991) qui, chacun à sa manière, met sérieusement en doute que l’adolescence est nécessairement marquée par une série de perturbations.

9Le second courant de recherche s’est adressé à des groupes cliniques d’adolescents ayant fait l’objet d’un diagnostic psychiatrique et/ou d’un traitement. Les travaux de Wiener (1992) et ceux de Masterson (1982) sont les plus significatifs en la matière. Comparant un très grand nombre de dossiers psychiatriques, Weiner constate que le diagnostic de « trouble situationnel et transitoire » est abondamment utilisé dans le cas des patients adolescents, alors que ce diagnostic ne se retrouve que chez 5 % des patients adultes. Tout se passe, dit Weiner comme si les cliniciens évitaient les diagnostics « lourds » pour les adolescents, leur réservant le terrain des troubles transitoires reliés à des problèmes passagers dont ils devraient bientôt se sortir. Or comme le démontrent les études longitudinales menées par Masterson auprès d’adolescents ayant fait l’objet d’interventions psychiatriques, une telle vision est totalement illusoire. Rien ne peut légitimement fonder l’espoir que l’adolescent sortira spontanément de ses difficultés et l’usage abusif de crise transitoire de l’adolescence risque dangereusement de minimiser des problèmes réels, entraîner des erreurs graves de diagnostic et décourager des efforts de traitement, alors qu’une intervention thérapeutique serait indiquée.

L’adolescence dans le cours de l’existence humaine : une période de transition

10Dans son sens le plus large, le terme de transition fait appel à l’idée de passage d’un état à un autre, d’une évolution marquée par des changements tangibles et, de toute évidence, l’adolescence répond à une telle définition. C’est sans doute le terme de transition qui convient le mieux pour désigner le passage progressif de l’enfance à l’âge adulte, passage ponctué de multiples nouveautés qui surviennent dans le cours du développement. Le changement loge au cœur de l’adolescence et la deuxième décennie de l’existence humaine se caractérise par des transformations très significatives qui touchent tous les aspects du développement : la biologie, les réalités psychologiques et la vie sociale.

11Sur le plan biologique d’abord, l’éclosion de la puberté qui inaugure l’adolescence entraîne des changements majeurs sur le plan morphologique et physiologique. La morphologie corporelle se transforme rapidement lors de la poussée de la taille ; le poids double entre 10 et 20 ans. Mais ce sont surtout les transformations sexuelles qui vont profondément modifier le corps qui adopte rapidement ses caractéristiques sexuées évidentes pour soi et pour l’entourage. Les transformations sexuelles primaires qui concernent la maturation des organes génitaux, entraînent l’apparition des premières menstruations et la capacité d’éjaculation, alors que les multiples transformations sexuelles secondaires marquent les différences sexuelles : développement des seins, pilosité corporelle, pilosité faciale, mue de la voix, etc.

12L’adolescence se caractérise également par d’importantes nouveautés au niveau de la pensée et de la représentation de soi. Inherder et Piaget (1959) ont décrit minutieusement ces modifications cognitives et l’apparition de nouveaux modes de pensée et d’appréhension du réel. De multiples innovations caractérisent l’accès à la pensée formelle : capacité de formuler des hypothèses, accès à des formes nouvelles de la logique, augmentation considérable de la possibilité de combiner les éléments de la pensée, émergence de principes moraux appuyés sur des considérations interpersonnelles et sociales (Voir le chapitre de Lehalle dans ce volume). Tout cela va permettre des interrogations nouvelles sur soi, son avenir et sa place dans l’univers. La construction progressive de l’identité est le fruit de cette réflexion sur soi qui s’opère autour d’enjeux fondamentaux comme les engagements professionnels, la sexualité, les relations interpersonnelles, les systèmes de croyance et les valeurs. La construction de l’identité permettra au jeune adulte de se définir, d’adopter une vision du monde personnelle et se situer par rapport à autrui.

13Sur le plan social enfin, l’adolescence se caractérise par d’importantes modifications dans l’univers relationnel. On observe une mise à distance progressive des parents qui perdent leur statut de confidents privilégiés et de source principale de support qu’ils occupaient durant l’enfance, distance qui marque un creux à 15 ans et se restaure ensuite (Claes, 2003). La place accordée aux amis de même sexe évolue de manière radicalement opposée : relativement faible à 9 ans, l’importance des amis va connaître une montée spectaculaire pour atteindre un sommet à 15 ans et se résorber quelque peu à la suite. Le rôle du partenaire amoureux va progressivement s’affirmer, pour occuper la première place au début de l’âge adulte. L’univers social de l’enfance globalement aménagé autour des liens parentaux, va fortement se différencier au cours de l’adolescence, les relations avec les pairs deviennent centrales et préfigurent la hiérarchie des liens à l’âge adulte : les relations avec le partenaire amoureux occupent le premier rang, viennent ensuite les relations d’amitié puis les relations avec les parents (Collins, 1997).

L’adolescence et les capacités de transaction

14La période de l’adolescence est dominée par des changements majeurs. Ces changements suscitent des préoccupations nouvelles et soulèvent des émotions inédites, souvent intenses, sans que cela n’entraîne des perturbations paralysantes ou des ruptures dans l’organisation de la personnalité. Offer et Offer (1975) ont constaté que la majorité des individus qu’ils ont suivis tout au cours de l’adolescence ont été en mesure de « transiger » avec les changements internes et externes de cette période car ils avaient développé, dès la petite enfance, de multiples moyens pour faire face aux changements qui marquent l’existence. Les capacités de transaction font appel à ces ressources dont disposent les individus en croissance pour faire face aux changements et intégrer les réalités nouvelles dans leur existence. Comme le souligne Coslin, les multiples changements somatiques et instinctuels de l’adolescence entraînent des transgressions envers l’ordre parental et les contraintes sociales, mais ces transgressions favorisent l’accès à de nouvelles relations avec soi et l’environnement. S’il y a transgression, il y a aussi transaction (Coslin, 2002).

15Les études épidémiologiques qui examinent l’état de santé mentale à l’adolescence débouchent sur des chiffres relativement constants : 20 % vont connaître un développement problématique et des difficultés qui risquent de limiter sérieusement leur vie sociale, professionnelle et relationnelle. Ces chiffres se retrouvent de façon constante dans diverses études menées dans les pays occidentaux qui tentent d’identifier la présence de symptômes auprès d’échantillons non cliniques d’adolescents « tout-venant ». Ainsi, 17 % d’adolescents présentent au moins un symptôme de trouble mental lors de l’enquête sur la santé mentale des jeunes Canadiens (1993). Des travaux menés sur la présence de symptômes de dépression à l’adolescence réalisés aux États-Unis, au Canada et en Allemagne débouchent sur des résultats similaires : 20 à 25 % présentent des signes de dépression qualifiés de modérés (Arnett, 2004). Les anticipations varient d’une étude à l’autre, mais, entre 4 et 6 % de l’ensemble des adolescents présentent des risques de troubles très sévères qui vont les disqualifier et les exclure de la vie sociale : troubles psychiatriques majeurs, criminalité, toxicomanie sévère (Lerner & Galambos, 1998 ; Burt, 2002).

16Pourquoi certains individus s’engagent-ils dans des trajectoires de vie problématiques ? Quand le changement est-il porteur de progrès vers la maturité adulte et quand le changement est-il porteur de stress, de détresse et de limitations dans le cours du développement ? Ces questions alimentent toute la réflexion contemporaine sur les facteurs de vulnérabilité ou de risque et les facteurs de protection ou de résilience. La notion de résilience fait appel aux capacités pour un individu en croissance de fonctionner adéquatement face à des situations de stress. La psychopathologie développementale est une discipline en émergence depuis une quinzaine d’années, qui vise précisément à saisir les facteurs de risque qui menacent la croissance des individus et identifier les facteurs de résilience qui assurent un développement adéquat dans des situations d’adversité psychosociale. Les travaux dans ce domaine sont très actifs aujourd’hui, autour de leaders comme Rutter (1987), Garmezi (1991) et Chichetti (1995). Grossman et al. (1992) regroupent les facteurs de protection à l’adolescence autour de deux thèmes principaux : les facteurs individuels et les facteurs familiaux. L’estime de soi positive et le lieu de contrôle interne constituent les facteurs individuels le plus souvent relevés dans les études. Il semble donc que les adolescents qui ont le sens de leur valeur personnelle et un sentiment de contrôle sur leur propre existence sont plus à même de faire face à l’adversité psychologique et sociale. Parmi les facteurs de l’environnement, le rôle primordial de la qualité des liens parentaux a été maintes fois souligné comme facteur de protection durant l’adolescence : l’affection et le support exercent un rôle protecteur face à la détresse psychologique, alors que l’encadrement parental agit comme facteur de protection contre la déviance et la consommation de drogue (Barrera et Li, 1996 ; Cummings et Cicchetti, 1990).

Adolescence et contexte social

17Les grandes théories du développement humain qui ont été élaborées au cours du siècle dernier se sont efforcées de retracer les étapes de la croissance dans divers domaines : le développement psychosexuel, la pensée logique, la construction de l’identité ou le développement du jugement moral. Toutes ces théories ont cherché à saisir les principes universels qui régissent le cours de la croissance humaine, en négligeant le rôle des contextes sociaux particuliers sur le cours du développement. La parution de l’ouvrage de Bronfenbrenner (1979) « The ecology of human development » constitue un point tournant dans la psychologie du développement, en démontrant que le développement individuel s’opère au sein d’un contexte social qui va favoriser ou limiter les capacités de croissance. Le modèle proposé par Bronfenbrenner tente de comprendre de quelle manière l’individu en croissance s’insère progressivement dans les multiples systèmes sociaux et comment l’interpénétration de ces différents systèmes affecte le cours du développement. Même si cette théorie n’est pas sans soulever d’importantes questions sur le caractère opérationnel de plusieurs des concepts de base (Thomas, 1992 ; Durkin 1995) les travaux de Bronfenbrenner ont ouvert la réflexion sur l’influence des divers niveaux de l’organisation sociale sur le développement de l’individu. Ceci s’avère d’une particulière acuité lorsqu’on songe au rôle des conditions économiques sur le développement et la nécessité d’adopter des actions concertées et mobiliser les diverses instances sociales, la famille, l’école et les pouvoirs publics, pour contrer les effets dévastateurs de la pauvreté sur la croissance des enfants et des adolescents. Parmi les facteurs d’adversité chronique, la pauvreté constitue en effet la dimension la plus pénalisante sur le développement durant l’enfance et l’adolescence (Conger, Conger, Matthews & Elder, 1999).

18Les premiers travaux qui ont examiné le rôle de l’environnement social sur divers aspects du développement des adolescents ont étudié l’effet du contexte comme une variable structurante et globale, en s’attachant à tester l’effet de certaines dimensions comme le statut socioéconomique, la composition familiale ou l’appartenance à un groupe de pairs distinctif, à l’aide de statistiques comparatives. Les travaux de Bronfenbrenner ont ouvert des perspectives nouvelles, notamment à partir du concept de mésosystème qui fait appel aux interrelations qu’entretiennent deux systèmes de base. S’agissant des adolescents, on pense à des débats centraux comme le rôle respectif de la famille et des pairs sur des dimensions telles que, par exemple, les aspirations scolaires ou la consommation de drogues. Les deux systèmes peuvent se rejoindre, partager les mêmes valeurs et les mêmes aspirations, mais on peut concevoir un autre cas de figure où, au contraire, les conceptions des parents et du groupe des pairs s’opposent sur de multiples plans, créant des discordances, des sources de tension et de conflits.

19Le déploiement de nouvelles modalités d’analyses des données, notamment les analyses par équations structurales, ont favorisé la mise en place d’études qui cherchent à saisir la complexité des facteurs en jeu, à travers des modèles qui rendent compte du jeu des variables les plus déterminantes au sein d’un contexte donné. On peut citer ici, à titre d’exemple, les travaux qui cherchent à cerner le rôle des conflits entre parents et adolescents au sein des familles intactes et les familles séparées (Hetherington & Stanley-Hagan, 1995), les valeurs des groupes de pairs et les aspirations scolaires (Brown, 1990) ou l’effet de divers environnements scolaires sur les risques de décrochage scolaire (Janosz, Georges & Parent, 1998).

20Il faudrait également citer les travaux qui s’attachent à examiner l’impact du quartier de résidence sur différents problèmes et plus particulièrement les comportements socialement déviants et la consommation de drogue (Leventhal & Brooks-Gunn, 2000). Certains de ces travaux ont pu démontrer, par exemple, que le fait de déménager et quitter un quartier « chaud » entraîne une réduction de la déviance. Ces recherches sont complexes et s’appuient sur des échantillons importants. Ici aussi les perspectives actuelles tentent de dépasser l’analyse des effets directs, pour aborder des variables modératrices comme, par exemple, le rôle protecteur des pratiques éducatives parentales auprès d’adolescents vivant dans des environnements sociaux problématiques (Ceballo & McLoyd, 2002).

Les vulnérabilités et les principaux risques

21L’adolescence est la période la plus saine de la vie et c’est au cours de la seconde décennie de l’existence humaine que les taux de morbidité et de mortalité sont au plus bas. Un certain nombre de problèmes menacent toutefois l’intégrité physique et psychologique des adolescents aujourd’hui. Ces problèmes peuvent être regroupés autour de quatre thèmes principaux (Lerner & Galambos, 1998 ; Cloutier, 1998 ; Arnett, 2004).

La sexualité

22Il y a d’abord les problèmes qui gravitent autour de la sexualité « non protégée ». Toutes les études menées sur les pratiques sexuelles des adolescents indiquent que, depuis les années 1970, le nombre de garçons et de filles ayant eu au moins une relation sexuelle complète, n’a cessé de progresser (Arnett, 2004). L’engagement dans la vie sexuelle est de plus en plus précoce et les relations plus fréquentes. Les chiffres varient selon les pays, mais les enquêtes menées tant en Amérique du Nord qu’en Europe, laissent voir qu’au terme de l’adolescence, vers 18 ans, près de 50 % des filles et des garçons ont eu au moins une relation sexuelle complète (Galambos & Kolaric, 1994 ; Gooseens, 1994). Les enquêtes montrent que la plupart des adolescents utilisent des moyens contraceptifs lors de relations sexuelles, mais une proportion importante n’utilise jamais ou rarement des moyens adéquats et se révèle « à risque ». Ces risques sont de trois ordres : grossesse non désirée, avortement et danger de contracter des maladies sexuellement transmissibles. Les taux de grossesses adolescentes et d’avortements varient fortement selon les pays. Singh et Darroch (2000) rapportent parmi un groupe de 1 000 femmes âgées de 15 à 19 ans, 12,2 de grossesses adolescentes en Hollande, 14,1 en Belgique, mais 45,4 au Canada et 83.6 aux États-Unis. Le taux d’avortement suit la même ligne : pour un groupe de 1 000 femmes âgées de 15 à 19 ans, les chiffres sont de 4,0 en Hollande, 5,0 en Belgique, 21,2 au Canada et 29,2 aux États-Unis. Les maladies sexuellement transmises constituent une autre source de préoccupation car on observe une augmentation de ces maladies parmi le groupe de 15 à 20 ans, plus particulièrement la chlamydia, la gonorrhée et l’herpès (Panchaud et al., 2000). Le taux de SIDA a connu une régression au cours des années 1990 dans les pays occidentaux et cela semble dû entr’autre aux campagnes systématiques d’éducation sexuelle auprès des adolescents (Singh et Darroch, 2000).

Les conduites de consommation et d’addiction

23L’initiation à la cigarette se fait tôt : entre 10 et 12 ans et vers 13 ans beaucoup d’adolescents fument 10 cigarettes par jour, alors que le seuil de dépendance se situe à 5 cigarettes. Le taux d’adolescents qui fument la cigarette a peu évolué au fil des dernières années et reste relativement élevé dans les pays occidentaux, où il se situe entre 30 et 50 % (Hurrelmann & Settertobulte, 1994). Ces taux sont particulièrement élevés dans les pays d’Europe de l’Est et dans les pays méditerranéens (Martinez et al., 1994). Les campagnes de lutte contre le tabagisme qui ont entraîné une réduction de la consommation du tabac auprès des populations adultes se révèlent pourtant inefficaces auprès des adolescents, particulièrement auprès des filles. Les données récentes indiquent des changements préoccupants dans les habitudes des adolescents en matière de consommation d’alcool. L’augmentation des adolescents qui consomment régulièrement de l’alcool est constatée dans la plupart des pays d’Europe, particulièrement en Europe du Nord (OSM, 2005). Au Québec, parmi tous les groupes d’âge, les jeunes de 15 à 17 ans sont les seuls à connaître une progression constante de la proportion de buveurs actuels (Institut National de Santé Publique, 2005). Certaines conduites au cours desquelles les jeunes ingurgitent une grande quantité d’alcool sont préoccupantes, particulièrement à cause des risques d’accidents que cela fait courir. La consommation de cannabis par les adolescents est devenue banale dans les pays occidentaux et l’on a pu constater, au fil des années, une augmentation des consommateurs réguliers et des gros consommateurs aux États-Unis (Monitoring the Future, 2000), au Canada (Galambos & Kolaric, 1994) et en France (Choquet, 2004). Ici encore les chiffres varient entre les pays. Le niveau de consommation de drogues est plus prononcé en Amérique du Nord qu’en Europe, mais partout on constate une augmentation de consommation des drogues illicites depuis les années 1980 (Silbereisen et al., 1995). Le nombre d’adolescents qui consomment des drogues dures, cocaïne et héroïne, est heureusement très réduit, mais cette consommation est également en progrès, particulièrement auprès des populations à risque : délinquants et jeunes de la rue (Allan, Leadbeater & Aber, 1994). Toutes les formes de consommation, qu’il s’agisse d’alcool ou de drogues, sont toutefois plus importantes au début de l’âge adulte que durant l’adolescence (Arnett, 2004).

Les conduites d’opposition et de marginalisation

24Il faut relever ici toutes les formes de troubles de la conduite qui se caractérisent par la présence de comportements perturbateurs et oppositionnels qui défient des normes sociales. Cela va des manifestations mineures comme les formes d’opposition à l’égard de l’autorité, ou le vandalisme, jusqu’aux formes affichées de délinquance criminelle comme le vol qualifié et toutes les expressions de violence et d’agression. Moffit (1997) a identifié deux formes d’engagement dans les conduites déviantes. La première forme dite transitoire caractérise les diverses conduites de transgression dans lesquelles s’engagent la plupart des adolescents. En effet, 80 % des adolescents reconnaissent avoir commis des actes déviants comme manquer des cours, fumer un joint, traîner dans des endroits publics, etc. Ces expériences commencent vers 13 ans et vont généralement se résorber à la fin de l’adolescence. En revanche, la délinquance persistante commence tôt, dès 8 ou 9 ans lors de vols domestiques et de mensonges, elle s’engage rapidement au début de l’adolescence dans des actes criminels sévères comme le vol avec effraction ou la violence envers les personnes et ce type de délinquance se poursuit tout au cours de l’âge adulte. Cette forme de conduites délinquantes criminelles ne se retrouve qu’auprès de 3 % de la population adolescente générale et regroupe 20 % de la population clinique, mais ce groupe offre le plus de visibilité et est responsable de coûts sociaux extrêmement élevés. Il faut enfin relever de nouveaux phénomènes de marginalisation qui ne concernaient jusqu’à récemment que les adultes, mais qui sont en sont en émergence, comme celui des « jeunes de la rue », fugueurs ou itinérants, qui constituent un groupe à haut risque sur le plan de la santé mentale et physique.

Le suicide

25Le suicide des jeunes constitue une préoccupation majeure dans beaucoup de pays occidentaux. Dans de nombreux pays, on a pu constater une progression spectaculaire du nombre de suicide au cours de la seconde moitié du XXe siècle qui aurait doublé entre 1960 et 1990 (Diekstra et al., 1995). Le suicide est la seconde cause de mortalité auprès du groupe de 15 à 25 ans, après les accidents divers, particulièrement les accidents de la route. Même si le taux de suicide est sensiblement plus élevé dans le groupe des jeunes adultes âgés de 20 ans et plus que parmi les adolescents, l’augmentation de l’incidence du suicide chez les 15-20 ans constitue une source de préoccupation majeure dans de nombreux pays. La Finlande et la Hongrie enregistrent les taux les plus élevés en Europe, mais la France, la Belgique, la Suisse et le Québec comptent parmi les pays ayant des taux de mortalité par suicide élevés parmi la population des garçons âgés entre 15 et 25 ans.

26Lorsqu’on examine tous ces facteurs de risque, force est de reconnaître que les garçons se révèlent plus vulnérables que les filles. Les risques de déviance, de marginalisation et de mortalité sont beaucoup plus élevés chez les garçons. Le taux de suicide des garçons est six ou sept fois plus élevé que celui des filles ; la fréquence de mortalité due aux accidents est aussi très significativement plus élevée chez les garçons. Les filles ne sont pas exemptes de problèmes, mais la psychopathologie adolescente différencie les sexes de façon spectaculaire : surreprésentation des troubles dits « intériorisés » chez les filles, sous forme de dépression et de troubles anxieux, surreprésentation des problèmes « extériorisés » comme les conduites antisociales, la délinquance ou les formes d’agression dans le cas des garçons (Braconnier, Chiland, Choquet & Pomarède, 1995 ; Breton et al., 2000). Les tentatives de suicide sont quatre fois plus élevées dans le cas de filles, alors que les suicides accomplis sont beaucoup plus fréquents dans le cas des garçons. C’est que ces derniers utilisent des moyens létaux plus radicaux, pendaison ou armes à feu, alors que les premières optent pour des intoxications médicamenteuses plus facilement réversibles.

Conclusions

27La psychologie contemporaine de l’adolescence s’est clairement démarquée d’une position qui mettait l’accent sur la présence d’une inévitable crise dans le développement, marquée par des perturbations internes et externes, des ruptures ou des régressions dans la croissance et le tumulte émotionnel. Aujourd’hui, on conçoit l’adolescence comme une période de transition, marquée par une série de changements biologiques, psychologiques et sociaux qui imposent des ajustements et des réaménagements, afin d’intégrer les changements et accéder à la maturité adulte. La majorité des adolescents seront en mesure de faire face aux changements importants qui marquent cette période, car ils disposent des ressources personnelles et bénéficient d’un entourage familial et social adéquat. Toutefois une proportion importante de jeunes va connaître un développement problématique qui risque d’hypothéquer sérieusement leur avenir adulte. Les différentes enquêtes s’accordent pour convenir que 20 % des adolescents entrent dans ce groupe. Ces chiffres sont considérables, puisqu’une anticipation démographique indique, par exemple, que plus de deux millions de jeunes français âgés entre 10 et 20 ans font partie de cette catégorie préoccupante.

28Il y a derrières ces diverses formes d’inadaptation un dénominateur commun qui relève des difficultés d’intégrer les normes sociales et cela se traduit par une marginalisation progressive face à la vie collective. Deux tendances se profilent à l’arrière-plan de ce processus de marginalisation. Il y a les jeunes issus des groupes minoritaires marqués par la pauvreté ou l’exclusion sociale ; le contexte de vie de ces jeunes se révèle très pénalisant et beaucoup n’auront pas accès aux ressources indispensables pour faire face aux exigences multiples qui se posent à l’adolescence, précipitant ainsi l’aliénation scolaire et plus tard la rupture sociale. Il y a aussi des faillites personnelles de jeunes qui, malgré un environnement favorable, présentent des vulnérabilités à la déviance ou à la psychopathologie. Tout ceci interpelle toute la société, particulièrement les autorités responsables de la santé publique et toute personne qui œuvre dans le domaine de l’éducation et de l’intervention psychologique et sociale auprès des jeunes.

Bibliographie

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