La conformité entre pairs à l’adolescence comment l’évaluer ? Quelle évolution avec l’âge ?
p. 55-71
Texte intégral
Introduction : l’adolescence, période d’affirmation de sa personnalité individuelle ou de conformité aux pairs ?
1Les représentations sociales de l’adolescence semblent structurées par des contradictions, qui ne tiennent sans doute pas uniquement à l’évolution de la population des adolescents eux-mêmes au gré des époques. Ainsi sont-ils couramment décrits comme exprimant avec force leur personnalité, recherchant même l’originalité, présentant des conduites extravagantes (par exemple, classiquement, Debesse, 1936), mais aussi comme conformistes par rapport à leurs pairs, obéissant à la « tyrannie de la majorité » (par exemple, récemment, Pasquier, 2005)1.
2Certes, il paraît raisonnable de considérer l’adolescence comme une période d’expression croissante de la personnalité individuelle. Au cours de l’adolescence progressent à la fois les capacités de jugement et les prérogatives reconnues par les adultes, les lois, conventions et habitudes. L’individu est davantage sollicité par différentes institutions (familiale, scolaire, de loisirs…) pour exprimer des choix, en particulier le concernant. Il dispose de plus en plus d’autonomie, et cela aujourd’hui plus qu’autrefois (Galland, 2001). Cette évolution ontogénétique au cours de la deuxième décennie suffit pour avancer l’idée courante selon laquelle l’adolescence serait une période qui offrirait davantage que l’enfance l’occasion à l’individu d’exprimer sa personnalité, notamment son identité personnelle, c’est-à-dire les valeurs, les préférences auxquelles il se sent intimement attaché, par lesquelles il se définit en tant que personne. L’adolescent, garçon ou fille, serait ainsi porté à se démarquer de ses pairs pour exprimer sa personnalité, affirmer son identité, confronter son point de vue aux leurs afin de faire progresser l’élaboration rationnelle de ses propres positions.
3Toutefois tout individu ne peut exprimer sa personnalité qu’en fonction des contraintes que les situations exercent sur lui. La personnalité interagit avec diverses expériences vécues par l’individu. Elle détermine en partie ces dernières et se développe sous leur influence. De même, les nombreuses données sur lesquelles s’appuie la conception interactionniste de la personnalité (Huteau, 1985 ; Shoda, Mischel, & Wright, 1993) amènent à conclure que les conduites d’un individu sont en général mieux expliquées si l’on prend en compte conjointement les caractéristiques de la situation et celles de la personnalité que l’une ou l’autre séparément. S’agissant des situations impliquant des pairs, on considère souvent que les jeunes adolescents, doutant d’eux-mêmes, seraient particulièrement conformistes les uns par rapport aux autres. Cette recherche de conformité de soi par rapport aux pairs viserait à rassurer l’individu quant à sa normalité et conditionnerait son acceptation par ses pairs. La conformité augmenterait durant la période d’amples transformations physiques, intellectuelles, émotionnelles et sociales qu’est la prime adolescence (Mallet, Meljac, Baudier & Cuisinier, 2003), puis elle diminuerait dans la seconde partie de l’adolescence, phase d’intégration psychologique et sociale de ces transformations multiples. L’augmentation de la conformité aux pairs durant la prime adolescence peut suggérer l’identification de soi à certains modèles collectifs et, du coup, une retenue dans l’expression de la personnalité individuelle. En somme, au cours de cette période, on apprendrait à affirmer sa personnalité conformément aux normes du groupe de pairs d’appartenance.
4Le but de la présente communication était d’examiner si la conformité de l’individu à ses pairs évolue en moyenne au cours de l’adolescence et, si oui, quelle est cette évolution, au vu des faits dont on dispose. Dans un premier temps, nous exposons les travaux classiquement cités à l’appui de la thèse selon laquelle la conformité de l’individu à ses pairs augmenterait au début de l’adolescence avant de diminuer dans la deuxième partie de l’adolescence. Les limites de ces recherches sont ensuite examinées et un éclairage sur le processus de développement de la conformité aux pairs est recherché dans les travaux se situant à différents niveaux de conduites : la supervision de soi, l’anxiété sociale, la focalisation sur soi et l’importance accordée aux marques de vêtements. Pour finir, une synthèse de ces différents travaux est présentée.
Faits et théorie classiquement cités à l’appui de la thèse d’un pic de la conformité entre pairs au début de l’adolescence
5Essentiellement deux études de psychologie du développement, régulièrement citées, ont apporté des arguments empiriques à l’appui de l’évolution ontogénétique en U inversé évoquée ci-dessus : celles de Costanzo et Shaw (1966) et Berndt (1979). Pour les auteurs de ces deux recherches, qui se réfèrent à Piaget (1932), l’augmentation de la conformité entre pairs au cours de la grande enfance et de la prime adolescence serait la conséquence de la capacité croissante à se décentrer pour se représenter les règles sociales, qui passaient auparavant inaperçues ou n’étaient pas conçues en tant que telles, parce qu’elles nécessitent d’être abstraites, inférées des expériences ou représentations concrètes.
6Effectivement, dans les interactions entre pairs le jeune adolescent se représente avec plus d’acuité que l’enfant de fin d’école primaire dans quelle mesure il est réellement apprécié par ses condisciples (Mallet, 1997 a). Suivant la conception d’inspiration piagétienne, cette capacité croissante à se représenter le point de vue des pairs amènerait le jeune adolescent à accorder de plus en plus de poids à leurs jugements et à leurs comportements dans la régulation de ses conduites. Une fois passée cette période d’acquisition des règles de conduites en société, l’adolescent affirmerait son individualité en replaçant son propre point de vue, personnel, comme un point de vue parmi l’ensemble des points de vue possibles ; un point de vue acceptable quand bien même il n’est pas identique à celui des autres, qui eux aussi, réciproquement, deviendraient conçus comme pouvant avoir des avis et des comportements diversifiés. Dans cette perspective, on peut considérer que le pic du conformisme au début de l’adolescence est une manifestation de « l’égocentrisme » au sens piagétien du terme. Le jeune adolescent dispose de nouveaux moyens de compréhension du point de vue d’autrui, moyens qu’il utilise exagérément, rendant excessivement prégnante cette autre perspective qu’il infère ainsi – avec plus ou moins de justesse – chez autrui.
7Costanzo et Shaw (1966) ont utilisé le paradigme classique mis au point par Asch (1955) et qui fait appel à une tâche de jugement perceptif. On projette devant les participants sur un écran trois stimuli qui sont identiques hormis leur longueur. Ils doivent dire lequel est de même longueur qu’un stimulus étalon également projeté. La tâche, répétée à plusieurs reprises avec des stimuli de longueurs différentes, est très facile ; dans la recherche rapportée par Costanzo et Shaw (1966), elle est réussie par tous les enfants de la classe d’âge la plus jeune. Dans les conditions expérimentales conçues par Ash (1955), cinq cabines sont installées en demi-cercle dans une pièce, avec au centre l’expérimentateur. Dans chacune des cabines les participants disposent sur un écran lumineux des réponses données par leurs camarades présents dans la salle. Les réponses supposées de ceux-ci sont en fait manipulées par l’expérimentateur et elles sont erronées. Le nombre d’erreurs commises par le participant, ainsi soumis à l’influence de ses pairs, constitue l’indice de sa tendance à se conformer à leurs jugements.
8Dans l’expérience rapportée par Costanzo et Shaw (1966), il y avait quatre groupes d’âge : 7-9, 11-13, 15-17 et 19-21 ans, condisciples dans la même école. Les résultats permettent de constater que la tendance à se conformer aux pairs augmente entre les deux premiers niveaux d’âge, puis diminue continûment entre les trois derniers. Le niveau atteint à 11-13 ans est en moyenne deux fois plus élevé que celui de 7-9 ans. À 19-21 ans, la conformité aux pairs est presque retombée au niveau de 7-9 ans. De plus, à la suite de l’expérience, on a interrogé les enfants et les adolescents. Tous ont remarqué un décalage plus ou moins grand entre certaines de leurs réponses et celles de leurs camarades. « Qui s’est trompé, eux ou toi ? », leur demande-t-on. Les attributions « internes » des erreurs culminent à 11-13 ans et elles présentent la même variation entre les quatre classes d’âge que la conformité aux pairs. Il y a là une piste pour interpréter l’évolution de cette dernière : si les jeunes adolescents de 11-13 ans se conforment plus que les autres classes d’âge à leurs pairs, ce serait parce qu’ils sont plus enclins à douter d’eux-mêmes, de la justesse de leur évaluation.
9Avec la même référence à Piaget (1932), Berndt (1979) a eu recours à des situations hypothétiques, dans lesquelles il a demandé aux participants d’imaginer quelle serait leur conduite. La tendance à se conformer aux pairs n’est pas évaluée au niveau d’un jugement perceptif mais au niveau de conduites sociales, parmi lesquelles Berndt distingue trois catégories : prosociales, antisociales et neutres. La conformité aux pairs est évaluée conjointement à la conformité aux parents – sauf pour les conduites antisociales, que les parents sont supposés ne pas chercher à encourager chez leurs enfants ou adolescents. S’agissant des situations hypothétiques destinées à mesurer la conformité aux pairs, elles mettent en scène des amis de l’enfant ou l’adolescent qui lui suggèrent d’accomplir un acte qu’il hésite à réaliser, tels que commettre un petit larcin dans un magasin, aller rendre visite à un camarade malade, aller jouer au foot alors qu’il s’apprêtait à aller au cinéma, selon que la conduite est respectivement antisociale, prosociale ou neutre. Quatre groupes d’âge, de 9, 12, 15 et 18 ans en moyenne, ont été comparés, représentant une période de développement plus réduite que dans la précédente étude.
10S’agissant de la conformité aux pairs, on constate que pour les trois catégories de comportement, elle est plus élevée dans les groupes de 12 et 15 ans que dans ceux de 9 et 18 ans. Mais cette évolution caractérise principalement les conduites antisociales et seulement dans une bien moindre mesure les deux autres catégories de conduites distinguées. Dans l’ensemble, on retrouve donc la même relation en U inversé entre âge et conformité aux pairs, que celle rapportée dans l’étude de Costanzo et Shaw (1966), même si elle est largement limitée aux conduites antisociales.
11De ces deux études, reposant sur la comparaison de moyennes de groupes d’âge différents, on retire l’idée d’un pic de conformité entre pairs au cours de la prime adolescence, conforme à l’hypothèse développée en référence à Piaget (1932).
Limites de ce soutien empirique à l’appui d’un pic de la conformité entre pairs au cours de la prime adolescence
12Le type de conduite observée (jugement perceptif) dans la recherche de Costanzo et Shaw (1966) est très spécifique et nettement éloigné des conduites sociales entre pairs de la vie ordinaire auxquelles il serait hasardeux de la généraliser. En outre, la tentative de réplication de l’expérience de Costanzo et Shaw (1966), elle-même réalisée aux États-Unis, par Walker et Andrade (1996), trente ans plus tard en Australie, ne confirme pas l’étude initiale. Ces auteurs constatent au contraire une diminution de la conformité aux pairs entre les cinq groupes d’âge de 3-5, 6-8, 9-11, 12-14 et 15-17 ans. Costanzo (1970) avait pourtant répliqué sa propre expérience en en confirmant les résultats. La différence tient-elle à une transformation socio-historique des adolescents ? À une différence interculturelle entre les États-Unis et l’Australie ? Aux deux ?
13Quant à la recherche de Berndt (1979), dont la technique a été reprise dans diverses recherches (par exemple, Steinberg & Silverberg, 1986), sa limite tient au fait qu’on n’est pas sûr d’évaluer la conformité aux pairs mais, variable indistincte de la précédente, la propension à avoir des conduites antisociales, des conduites pro-sociales, ou certaines conduites neutres.
14Sur la base de ces résultats, on ne peut donc pas dire avec certitude ce qu’il en est en France à l’heure actuelle d’une hypothétique propension typique des jeunes adolescents à se conformer à leurs pairs. Il paraît théoriquement peu vraisemblable que la conformité aux pairs augmente à cette époque puis diminue ensuite pour toutes les conduites. La propension à modeler sa conduite sur celle que l’on se représente être la norme de son groupe d’appartenance est susceptible de varier selon que l’on se trouve physiquement parmi ce groupe ou pas, selon que l’on perçoit plus ou moins la conduite en question comme faisant l’objet d’une injonction normative de la part des pairs, selon qu’en elle l’individu pense plus ou moins exprimer sa subjectivité, etc.
15D’où l’intérêt d’une approche comme celle de Berndt (1979), distinguant trois domaines, ou plus récemment celle de Sim et Koh (2003), qui ont repris la technique de situations hypothétiques de Berndt en conceptualisant cette fois cinq domaines de susceptibilité à la pression des pairs, dont seuls les quatre suivants s’avèrent empiriquement différenciés par les adolescents : dans quelle mesure l’adolescent se conforme aux incitations de ses pairs pour s’investir dans la vie familiale, pour s’investir dans l’école, pour s’investir dans les activités entre pairs et pour commettre des délits mineurs (taguer un mur, par exemple). Toutefois, ces quatre domaines restent très généraux et demeure l’incertitude quant à ce qui est effectivement évalué : dans quelles proportions est-ce d’une part la conformité aux pairs et d’autre part la propension à avoir tel domaine de conduite indépendamment de toute incitation par les pairs ? Les deux variables sont confondues. Pour surmonter ce problème, Sim et Koh (2003) ont évalué, parallèlement à l’adaptation aux différentes situations hypothétiques sous pression des pairs, dans quelle mesure l’adolescent à tendance à s’adonner à chacun des quatre domaines d’activité, indépendamment de toute pression des pairs. L’indépendance recherchée ne paraît toutefois pas garantie si l’on considère que les évaluations des deux séries de variables ont été effectuées les unes à la suite des autres, favorisant ainsi une contamination des mesures entre elles. Toujours est-il que, quelle que soit cette réserve quant au perfectionnement de la mesure, les auteurs constatent que la seule évolution en U inversée entre les trois groupes d’âge de 13, 15 et 17 ans concerne les délits mineurs : en moyenne la propension à se laisser entraîner par des pairs amis à commettre des délits mineurs est légèrement plus élevée dans le groupe des adolescents de 15 ans que dans les deux autres. Il ne semble donc pas y avoir de processus général de conformité accrue aux pairs au début de l’adolescence. Cette augmentation, si elle se trouvait confirmée avec une méthode qui n’appelle pas les réserves évoquées ci-dessus, ne se produirait que pour certaines catégories de conduites, en l’occurrence certaines conduites antisociales que sont ces délits mineurs.
16On retrouve cette hypothèse, selon laquelle la conformité aux pairs augmenterait avec l’âge différemment selon les situations, et plus généralement l’idée qu’elle se manifesterait plus ou moins selon les situations, avec le construit de « supervision de soi » (traduction de « self-monitoring ») proposé par Snyder (1974). D’une manière générale, il s’agit de la propension à chercher à se mettre en valeur aux yeux d’autrui en se conformant aux attentes sociales qu’on perçoit dans la situation dans laquelle on se trouve, au détriment des valeurs dans lesquelles on pourrait fondamentalement se reconnaître. On peut donc considérer que, avec ce construit psychologique, on étudie une forme de conformité entre pairs, en l’occurrence la conformité aux modèles de conduite perçus par l’individu comme étant les plus à même d’accroître sa popularité dans un groupe de pairs spécifique. Or, pour Snyder, cette caractéristique individuelle se manifeste plus particulièrement dans certaines situations : celles qui offrent la possibilité de cultiver ses apparences publiques, de se présenter sous un jour favorable (pour une revue, voir Gangestad & Snyder, 2000). Les résultats des rares recherches dans lesquelles on a comparé le niveau de supervision de soi entre groupes d’âge différents sont divergents. Par exemple, Pletdger (1992) fait état d’une faible augmentation de la supervision de soi au cours de la période de 12 à 18 ans, alors que Lapsley, Jackson, Rice et Shadid (1988) constatent que le niveau est un peu plus bas vers 20 ans qu’à 12 ans (mais pas qu’à 10, 14 ou 16 ans). Les différences de définition et d’opérationnalisation du construit pourraient rendre compte de ces divergences.
L’évolution de la conformité entre pairs éclairée par l’évolution de l’anxiété entre pairs
17On peut chercher à mieux comprendre comment évolue la conformité entre pairs à l’adolescence en examinant comment évolue l’anxiété sociale, qui est à la fois évitement d’autrui et anticipation d’un jugement négatif de sa part (Leary & Kowalski, 1995), pour autant qu’on accepte de supposer que celle-ci serait un déterminant de celle-là : on se conformerait aux normes d’un groupe à mesure qu’on en redouterait la réprobation. Cette démarche est d’autant plus fondée que l’évolution de l’anxiété sociale, comme nous allons le voir à présent, a été attribuée par certains auteurs au même facteur explicatif que l’évolution de la conformité entre pairs : le développement cognitif conceptualisé selon le système piagétien. Pour les mêmes raisons que le pic supposé de la conformité aux pairs au début de l’adolescence, l’anxiété sociale culminerait à cette époque.
18La revue de question narrative sur les relations entre pairs faite par Hartup (1983) résume la conception prévalant à cette époque. Selon ce spécialiste du développement des relations entre pairs, du fait des diverses transformations dont ils font l’expérience, les jeunes adolescents seraient mal à l’aise dans les situations de communication sociale, notamment entre pairs. L’idée d’un pic d’anxiété sociale au début de l’adolescence pouvait alors prendre appui sur les travaux d’Elkind (1967, 1985 ; Elkind & Bowen, 1972). En référence à Inhelder et Piaget (1955), Elkind (1967), faisait l’hypothèse d’une période d’égocentrisme (au sens piagétien du terme) se manifestant notamment par ce qu’il appelait des « comportements d’audience imaginaire », c’est-à-dire la tendance, dans les situations où l’on est exposé à autrui, à construire mentalement une audience imaginaire qui suscite un évitement comportemental.
19Le jeune adolescent, doté de nouveaux moyens pour se représenter les pensées d’autrui, aurait dans un premier temps du mal à « reconnaître la subjectivité de ses propres constructions mentales » (p. 222). Au cours de la phase initiale d’élaboration de la pensée formelle, l’individu aurait du mal à situer les représentations qu’il se fait des pensées d’autrui à son sujet par rapport à ses propres préoccupations concernant sa personne. Du coup, il aurait tendance à exagérer l’importance qu’autrui lui accorde et à se sentir mal à l’aise dans les situations publiques. C’est par l’expérience répétée de la confrontation de son point de vue à celui d’autrui, qu’il réaliserait progressivement que les autres personnes ne sont pas tant préoccupées par sa personne, ce qui l’amènerait de plus en plus au cours de la grande adolescence à une évaluation réaliste de la perspective des autres sur lui. Mais Elkind (1985) précise bien que ses spéculations sont néo-piagétiennes. Et si elles sont telles, c’est que la croyance exagérée du jeune adolescent selon laquelle autrui est centré sur lui ne résulte pas seulement d’un déséquilibre momentané entre l’assimilation et l’accommodation dans la représentation (de second ordre) des représentations que le sujet suppose que tel autrui a de lui. Cette croyance exagérée tient au fait que le jeune adolescent attribue à autrui les préoccupations qui sont effectivement les siennes, dont il fait l’expérience, et qui tiennent à ses transformations physiques, dont il a une perception directe, en particulier sensorielle (visuelle, tactile, auditive, olfactive) mais aussi cénesthésique et kinesthésique. C’est la conjonction de ces transformations corporelles et du progrès de la capacité à inférer les pensées d’autrui qui expliquerait, selon Elkind (1967, 1985), l’augmentation au cours de la prime adolescence et la diminution pendant la grande adolescence de l’anxiété sociale, conceptualisée en terme de comportement d’audience imaginaire.
20En fait, les études comparant l’intensité de l’anxiété sociale entre différents groupes d’âge s’échelonnant au long de l’école primaire et de l’enseignement secondaire, réalisées dans différents pays principalement à partir de la fin des années 1980, convergent dans le sens d’une diminution continue en moyenne tout au long de cette période (Demangeon, 1977 ; Mallet & Rodriguez-Tomé, 1999 ; Puklek & Vidmar, 2000). Concernant l’audience imaginaire proprement dite ou les différentes formes de conscience du soi exacerbée, les résultats sont moins unanimes (pour revue, voir Goossens, Seiffge-Krenke & Marcoen, 1992). Toutefois, pour la conscience exacerbée du soi public, qui consiste principalement en une focalisation du sujet sur son apparence physique et qui est corrélée positivement avec l’anxiété sociale, la tendance est à la diminution avec l’âge au cours de l’adolescence (Mallet & Rodriguez-Tomé, 1999). L’étude longitudinale nord-américaine de Rankin, Lane, Gibbons et Gerrard (2004), sur deux cohortes suivies respectivement entre 13 et 17 ans et 15 et 19 ans, confirme la diminution de la focalisation sur le soi public au cours de l’adolescence, même si dans le même temps la focalisation sur le soi privé, c’est-à-dire pour l’essentiel sur son propre mode de fonctionnement psychologique, augmente. Si l’on accepte le postulat selon lequel la conformité aux pairs résulterait entre autres de la crainte de leur réprobation, le développement de cette anxiété ne constitue pas l’indice d’une augmentation momentanée de la conformité aux pairs au début de l’adolescence.
L’importance accordée aux marques de vêtements comme manifestation du souci de conformité
21Ainsi, lorsqu’on analyse de près les données empiriques disponibles, en dépit des arguments théoriques (principalement en référence à Piaget) qui ont été avancés à l’appui de la thèse d’une période passagère de conformité aux pairs, de doute sur soi et d’anxiété sociale au début de l’adolescence, force est de constater que cette thèse ne repose pas sur des faits solidement établis. Il est vraisemblable que l’hypothétique augmentation de la conformité aux pairs du début de l’adolescence ne se manifeste pas dans tous les domaines et que ces domaines varient selon les époques ou les milieux culturels. Si l’on accepte la spéculation néo-piagétienne proposée par Elkind (1967, 1985), il semble que, si un souci de conformité de soi aux pairs se manifeste au début de l’adolescence, il devrait être en rapport avec les transformations pubertaires tout autant qu’avec ce qu’on pourrait appeler les préludes déséquilibrant de la pensée formelle – autrement dit « l’égocentrisme ». Avant d’entreprendre une recherche qui examinerait les rapports entre développement pubertaire, développement de la pensée sur les pensées d’autrui et développement de la conformité aux pairs, il nous a paru nécessaire de nous interroger sur la nature des conduites par lesquelles est théoriquement susceptible de s’exprimer le souci de conformité de son apparence corporelle aux normes en vigueur parmi les pairs au début de l’adolescence.
22Parmi les institutions qui définissent les modèles identitaires d’adolescent véhiculés socialement et culturellement normés, parallèlement à l’école, la famille et la médecine, la société marchande nous paraît jouer un rôle dont le poids ne saurait être minimisé. Les modèles utilisés par les adolescents comme normes sociales ne nous semblent pas tant inventés par eux que consommés en tant que tels par eux, sous la forme matérielle des produits auxquels ils sont exposés et qu’on cherche à leur vendre, à grand renfort d’études de marché de la cible particulière que constituent les adolescents. Se conformer à certains standards reconnus comme tels par les pairs ne signifie pas que ces standards auraient été inventés ou même seulement choisis par la classe d’âge considérée. La tendance des groupes d’adolescents, comme n’importe quel groupe, à se conformer à des standards, qu’ils ont ou non choisis mais qui leur servent de référence identificatoire collective, peut d’ailleurs être utilisée par les commerçants, en particulier avec le « marketing viral » (Levin & Linn, 2003).
23Au départ de la recherche rapportée par Brami et Mallet (soumis), il nous semblait que l’hypothétique besoin passagèrement accru de conformité à des modèles externes reconnus par les pairs pouvait s’exprimer à l’égard des vêtements et plus spécifiquement des vêtements de marque. Une partie des transformations de la prime adolescence porte sur l’apparence physique et ces transformations sont largement exposées au regard d’autrui. Les descripteurs utilisés par les adolescents pour identifier leur clique d’appartenance (petit groupe informel d’affiliation entre pairs) et les cliques de leurs pairs familiers font largement référence à l’apparence vestimentaire (Brown, 1989 ; Pasquier, 2005). On pouvait donc penser qu’au début de l’adolescence se manifesterait un souci accru de se procurer des standards officiellement estampillés – des vêtements de marque – comme moyen d’attester de la conformité de son apparence visuelle aux normes valorisées par les pairs.
24L’idée de départ était que les marques de vêtement permettent aux individus d’exprimer leur adhésion à des groupes de référence et d’appartenance, même si ces groupes ne sont pas nécessairement clairement conceptualisés en tant que tels par les individus. Une marque se présente, par définition, comme une identité mise en avant, reconnue par la société marchande, qui les crée et les commercialise, et valorisée par des campagnes de marketing qui l’associe à des images et symboles connotés positivement. Une importance particulièrement grande serait accordée aux marques de vêtement au début de l’adolescence du fait qu’elles offrent un moyen simple de certification de la conformité de soi à des modèles plébiscités par les pairs et, en amont, par la société marchande – des adultes. Dans la recherche citée ci-dessus (Brami & Mallet, soumis), l’importance accordée subjectivement aux marques de vêtement était définie plus précisément comme le poids que la marque prend dans la désirabilité d’un vêtement, dans l’envie de le posséder, c’est-à-dire de l’intégrer à soi. Les conduites par lesquelles était supposé s’exprimer ce facteur individuel étaient notamment la présence d’une marque comme critère dans le choix d’un vêtement lors de son achat et l’importance de la visibilité ostensible de la marque sur le vêtement.
25Un questionnaire a été construit afin d’évaluer l’importance subjectivement accordée aux marques de vêtement et l’importance que le sujet pensait que ses pairs leur accordaient, dans différentes circonstances. Pour ce faire, une série de situations hypothétiques a été utilisée, comme par exemple : « Imagine qu’en passant devant une vitrine, tu remarques un vêtement qui te plaît. En le regardant de plus prêt, tu t’aperçois qu’il n’a pas de marque. Ce vêtement t’intéresse-t-il toujours autant ? » Autre exemple : « Quand tu penses à des vêtements que tu aimerais avoir, penses-tu à leur marque ? » Une série d’items analogues mais évoquant des situations et conduites différentes avait été conçue pour évaluer l’importance que le sujet pensait que ses pairs accordaient aux marques de vêtement. Les participants répondaient sur une échelle allant de « jamais » à « toujours ». Il s’agissait d’enfants et adolescents représentant les niveaux scolaires de CM1, 5ème, 3ème et 1ère (c’est-à-dire approximativement âgés de 10, 13, 15 et 17 ans).
26On a d’abord constaté que, quels que soient l’âge et le sexe des participants, la tendance à accorder de l’importance aux marques de vêtements présente une forte stabilité individuelle inter-situationnelle, en l’occurrence d’un item du questionnaire à l’autre : quel que soit le contexte, certains individus accordent plus d’importance que d’autres aux marques de vêtements. Ces différences interindividuelles peuvent être considérées comme une manifestation des différences de besoin de conformité à des modèles externes.
27Les garçons tendent à accorder en moyenne plus d’importance que les filles aux marques de vêtements. Cette différence peut être attribuée à la normativité plus forte qui caractérise les groupes de garçons comparativement à ceux de filles à l’adolescence (Savin-Williams, 1979). C’est parce qu’ils ont davantage besoin de manifester leur adhésion aux normes valorisées par leurs pairs de même sexe que les garçons accorderaient plus d’importance que les filles aux marques de vêtement.
28C’est dans le groupe d’âge des élèves de 5ème que la différence de sexe est la plus forte. En fait, eux seuls obtiennent un niveau significativement plus élevé que l’ensemble des quatre groupes d’âge de filles. Autrement dit, si l’on interprète ces différences entre groupes d’âge en terme de développement, la seule évolution avec l’âge est une légère et passagère augmentation au début de l’adolescence, uniquement chez les garçons. Les classes de 6ème et de 5ème correspondent à une période d’intense activité d’appropriation des rôles sociaux d’adolescents, qui nécessite une prise de distance par rapport aux normes comportementales de l’enfance. On peut supposer qu’au cours de cette période, il peut être utile de se tenir au plus près des nouvelles normes, dont on n’est pas encore très sûr d’avoir une représentation exacte et précise. Si ce recours à une manifestation sociale facile de son adhésion aux standards valorisés par le groupe n’augmente que chez les garçons, cela peut être attribué à la plus forte normativité des groupes de garçons évoquée ci-dessus.
29On constate par ailleurs que l’importance que l’individu accorde aux marques de vêtement est proportionnelle à l’importance qu’il croit que ses pairs leur accordent. La solidarité entre cette dimension attributive et la dimension subjective de l’importance accordée aux marques de vêtement va dans le sens de l’idée selon laquelle le port de certaines marques de vêtement constitue une manière d’afficher son adhésion à des références identificatoires perçues comme valorisées par les pairs. Il convient toutefois de noter qu’accorder de l’importance aux marques de vêtement peut être considéré, certes comme une manifestation de conformité à des standards valorisés par les pairs, mais aussi comme une manière d’affirmer sa personnalité – au sens de l’identité – en arborant des indices visibles fonctionnant comme références identificatoires, à la richesse symbolique variable. Pour aller plus loin dans l’analyse de la fonction psychologique de cette valeur accordée aux marques de vêtement, il conviendrait de prendre en compte le contenu des marques valorisées subjectivement par l’adolescent et celui des marques plébiscitées par ses pairs familiers.
Conclusion : adhésion à des identités collectives et expression de la personnalité individuelle
30La tendance de l’individu à se conformer à ses pairs, à se soumettre à leurs pressions, est un objet de recherche traditionnel de la psychologie de l’adolescence, le plus souvent étudié au cours de ces vingt dernières années du point de vue des corrélats, causes et conséquences, plutôt que de son évolution ontogénétique. On peut voir dans cette orientation des recherches l’expression d’une préoccupation sociétale : que l’individu, à un âge auquel il échappe progressivement à la tutelle de ses parents, ne soit pas emporté loin de ces influences positives hors du « droit chemin », vers des marges. C’est le thème des « mauvaises fréquentations » et, plus anciennement, du risque de dissolution de la personnalité individuelle sous les effets de la suggestion des pairs (par exemple, Baldwin, 1897). Pourtant, la soumission à la pression des pairs ne va pas nécessairement à l’encontre de l’ajustement de l’adolescent aux attentes de la société à son égard. Cela dépend des particularités du groupe de pairs exerçant la pression et l’on sait que, d’une manière générale, il n’y a pas de conflit de valeurs entre adolescents et parents (Mallet, Meljac, Baudier & Cuisinier, 2003).
31Si l’on essaie de synthétiser les recherches citées dans les pages qui précèdent, on constate que la mesure de la conformité aux pairs pose des problèmes de validité. Par exemple, nous l’avons noté plus haut, il n’est point aisé d’évaluer la susceptibilité de l’individu aux pressions exercées sur lui par ses pairs en faveur d’une conduite spécifique, indépendamment de la propension de l’individu à avoir de lui-même cette conduite. Les résultats obtenus à partir des situations d’observation de jugements perceptifs en laboratoire peuvent quant à eux difficilement être généralisés aux conduites sociales dans les conditions de vie habituelles.
32Les recherches rapportées ci-dessus indiquent que la conformité aux pairs, évaluée avec le paradigme imaginé par Asch, augmente durant la grande enfance et le tout début de l’adolescence puis diminue dans la deuxième moitié de l’adolescence (Costanzo & Shaw, 1966) ou diminue continûment au cours de toute cette période (Walker & Andrade, 1996). La conformité aux pairs pour les conduites antisociales semble augmenter un peu au début de l’adolescence, si l’on se fonde sur la recherche de Berndt (1979), mais la procédure utilisée appelle des réserves, que ne permet pas de lever la sophistication apportée par Sim et Koh (2003). La supervision de soi, forme de conformité aux pairs visant à se mettre en valeur en fonction des standards de la situation présente, ne fait pas apparaître un patron de développement clairement établi. Quant à la focalisation sur le soi public ou l’anxiété sociale, pour autant qu’on accepte de voir en elles des facteurs ou des indices indirects de la conformité aux pairs, elles diminuent tout au long de la grande enfance et de l’adolescence, témoignant d’une aisance sociale en moyenne toujours plus grande au cours de cette période.
33Enfin, on a cherché à évaluer la conformité entre pairs au niveau d’autres manifestations comportementales que celles considérées jusqu’à présent, même si elles sont très spécifiques et ne prétendent pas refléter une caractéristique individuelle générale. L’importance accordée subjectivement aux marques de vêtement, considérées comme des références identificatoires à la fois normatives et en quelque sorte « prêtes à porter », augmente légèrement au début de l’adolescence chez les garçons uniquement. C’est le seul indice empirique acceptable d’une augmentation momentanée de la conformité aux pairs dans des situations de la vie courante au début de l’adolescence, et il est à prendre avec circonspection compte tenu que cette augmentation est faible.
34La conformité aux pairs peut s’exprimer à travers des conduites diversifiées, son évolution est susceptible de varier selon les spécificités de ces dernières, et il paraît vain d’invoquer un même processus qui leur serait sous-jacent et suffirait à rendre compte de leur développement. En outre, la recherche de processus de développement moyens, ignorant les différences interindividuelles, qui a occupé les recherches sur le développement de la conformité aux pairs analysées ci-dessus peut occulter les processus de développement réels. Dans l’avenir, distinguer différents profils individuels de développement lorsque cela est possible apparaît souhaitable, afin de décrire avec plus d’acuité comment évoluent les différentes manifestations de la conformité de l’adolescent à ses pairs et d’identifier les causes de ces différentes voies de développement.
35Les groupes de pairs qui ont valeur de référence normative changent au cours de l’adolescence, suivant le même processus de diversification progressive qui caractérise au cours de cette période les autrui significatifs et les images sociales de soi qui leur sont associées (Rodriguez-Tomé, 1972). La valeur de norme extérieure est de moins en moins exclusivement attribuée aux seuls groupes d’appartenance, mais aussi aux groupes de référence, qui en général les subsument et auxquels les adolescents peuvent éventuellement associer certaines marques de vêtement comme autant d’emblèmes de modes de vie voire de valeurs.
36L’adhésion à tel groupe de référence ou le ralliement à tel ou tel groupe d’appartenance n’impliquent pas pour l’individu, à l’adolescence ou à d’autres époques de la vie, le renoncement à l’expression de sa personnalité. Lorsque l’identification de l’individu à ces groupes est conditionnelle et réfléchie plutôt qu’absolue et aveugle, elle constitue un soutien au développement de son identité personnelle sans aliéner sa personnalité. Entre conformité aux pairs et expression de sa personnalité, il n’y a pas nécessairement contradiction, pour autant que ces deux caractéristiques individuelles ne sont pas extrêmes. Or, en l’état actuel des connaissances, rien ne permet d’affirmer que l’adolescence soit systématiquement l’âge où culminerait la conformité de l’individu à ses pairs, comme certaines recherches, classiques et rituellement citées (par exemple, Mallet 1997 b) ont longtemps conduit à le croire.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Cette bibliographie a été enrichie de toutes les références bibliographiques automatiquement générées par Bilbo en utilisant Crossref.
Bibliographie
Baldwin J.-M. (1897). Le développement mental chez l’enfant et dans la race. Paris : Alcan. (Première édition en 1895.)
10.1037/0012-1649.15.6.608 :Berndt, T.-J. (1979). Developmental changes in conformity to peers and parents. Developmental Psychology, 15, 608-616.
Brami, F., & Mallet, P. (soumis). L’importance accordée par les adolescents aux marques de vêtement : évaluation, variations selon l’âge et le sexe, relations avec d’autres caractéristiques individuelles.
Brown (1989). The role of peer group in adolescents’ adjustment to secondary school. In T. J. Berndt & G. W. Ladd (Eds.) Peer relationships and child development (p. 188-215). New York: Wiley & Sons.
10.1037/h0028983 :Costanzo, P.-R. (1970). Conformity development as a function of self-blame. Journal of Personality and Social Psychology, 14, 366-374.
10.2307/1126618 :Costanzo, P.-R., & Shaw, M.-E. (1966). Conformity as a function of age level. Child Development, 37, 967-975.
Debesse, M. (1936). La crise d’originalité juvénile. Paris : PUF.
Demangeon, M. (1977). Évolution de la personnalité à l’adolescence. L’Orientation Scolaire et Professionnelle, 6, 137-160.
10.2307/1127100 :Elkind, D. (1967). Egocentrism in adolescence. Child Development, 38, 1025-1034.
10.1016/0273-2297(85)90010-3 :Elkind, D. (1985). Egocentrism redux. Developmental Review, 5, 218-226.
10.1037/0012-1649.15.1.38 :Elkind, D., & Bowen, R. (1979). Imaginary audience behavior in children and adolescents, Child Development, 15, 38-44.
Galland, O. (2001). Adolescence, post-adolescence, jeunesse : retour sur quelques interprétations. Revue Française de Sociologie, 42, 611-640.
10.1037/0033-2909.126.4.530 :Gangestad, S. W., & Snyder, M. (2000). Self-monitoring : Appraisal and reappraisal. Psychological Bulletin, 126, 530-555.
Goossens, L., Seiffge-Krenke, I., & Marcoen, A. (1992). The many faces of adolescent egocentrism - Two european replications. Journal of Adolescent Research, 7, 43-58.
Hartup, W. (1983). Peer relations. In E.-M. Hetherington (Ed.), & P. H. Mussen (Series Ed.), Handbook of child psychology: vol. 4. Socialization, personality, and social development (p. 103-196). New York, Wiley.
Huerre, P., Pagan-Reymond, M., & Reymond, J.-M. (2003). L’adolescence n’existe pas. Paris : Odile Jacob. (Première édition en 1990).
10.3917/puf.hutea.1985.01 :Huteau, M. (1985). Les conceptions cognitives de la personnalité. Paris : PUF.
Inhelder, B., & Piaget, J. (1955). De la logique de l’enfant à la logique de l’adolescent. Paris: PUF.
Lapsley, D.-K., Jackson, S., Rice, K., & Shadid, G.-E. (1988). Self-monitoring and the « new look » at the imaginary audience and personal fable: An ego-developmental analysis. Journal of Adolescent Research, 3, 17-31.
Leary, M.-R., & Kowalski, R.-M. (1995). Social anxiety. New York: Guilford.
Levin, D.-E., & Linn, S. (2003). The commercialization of childhood: Understanding the problem and finding the solutions. In T. Kasser & A. D. Kanner (Eds.), Psychology and consumer culture: The struggle for a good life in a materialistic world (p. 213-232). Washington: APA Books.
Mallet, P. (1997 a). Individual diferences in strategies used by early adolescents in coping with social anxiety. Communication orale à la « VIIIth European Conference on Developmental Psychology », September 3-7, Rennes, France.
Mallet, P. (1997 b). Se découvrir entre amis, s’affirmer parmi ses pairs. Les relations entre pairs au cours de l’adolescence. In H. Rodriguez-Tomé, S. Jackson, & F. Bariaud (Eds.), Regards actuels sur l’adolescence (p. 109-146). Paris : PUF.
Mallet, P., Meljac, C., Baudier, A., & Cuisinier, F. (2003). Psychologie du développement. Enfance et adolescence. Paris: Belin.
Mallet, P. & Rodriguez-Tomé, G. (1999). Social anxiety with peers in 9-to14-year-olds. Developmental process and relations with self-consciousness and perceived peer acceptance. European Journal of Psychology of Education, 14, 387-402.
10.3917/autre.pasqu.2005.01 :Pasquier, D. (2005). Cultures lycéennes. La tyrannie de la majorité. Paris : Autrement.
Piaget, J. (1932). Le jugement moral chez l’enfant. Paris : PUF.
Pletger, L.-M. (1992). Development of self-monitoring behavior from early to late adolescence. Adolescence, 27, 329-338.
Puklek, M., & Vidmar, G. (2000). Social anxiety in Slovene adolescents: Psychometric properties of a new measure, age differences and relations with selfconsciousness and perceived incompetence. European Review of Applied Psychology, 50, 249-258.
Rankin, J.-L., Lane, D.-J., Gibbons, F.-X., & Gerrard, M. (2004). Adolescent selfconsciousness: Longitudinal age changes and gender differences in two cohorts. Journal of Research on Adolescence, 14, 1-21.
Rodriguez-Tomé (1972). Le Moi et l’Autre dans la conscience de l’adolescent. Paris: Delachaux et Niestlé.
10.2307/1129316 :Savin-Williams, R.-C. (1979). Dominance hierarchies in group of early adolescents. Child Development, 50, 923-935.
10.1037/0022-3514.65.5.1023 :Shoda, Y., Mischel, W., & Wright, J.-C. (1993). The role of situational demands and cognitive competencies in behavior organization and personality coherence. Journal of Personality and Social Psychology, 65, 1023-1035.
Sim, T.-N., & Koh, S.-F. (2003). A domain conceptualization of adolescent susceptibility to peer pressure. Journal of Research on Adolescence, 13, 57-80.
10.2307/1130361 :Steinberg, L., & Silverberg, S.-B. (1986). The vicissitude of autonomy in early adolescence. Child Development, 57, 841-851.
10.1037/h0037039 :Snyder, M. (1974). Self-monitoring expressive behavior. Journal of Personality and Social Psychology, 30, 526-537.
Walker, M.-B., & Andrade, M.-G. (1996). Conformity in the Ash task as a function of age. The Journal of Social Psychology, 136, 367-372.
Notes de bas de page
1 Sur l’évolution sociohistorique de l’adolescence, voir Huerre, Pagan-Reymond et Reymond (2003).
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Adolescences d'aujourd'hui
Ce livre est cité par
- Bariaud, Françoise. (2012) Introduction : L’essor de la psychologie de l’adolescence. Enfance, 2012. DOI: 10.4074/S0013754512003023
Adolescences d'aujourd'hui
Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://0-freemium-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/oebooks
Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org
Référence numérique du livre
Format
1 / 3