Chapitre 5. Transformation et extension des pratiques
p. 221-254
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Texte intégral
1L'activité savante dont l'observatoire de Toulouse est le siège, de la Révolution à la chute du Second Empire, connaît des mutations importantes au regard de la pratique astronomique du siècle des Lumières.
2Il convient donc d'examiner l'activité observationnelle, de repérer les méthodes employées et de cerner les évolutions dans l'organisation du travail astronomique. Les changements dans les objets d'étude désormais cernés par les savants toulousains constituent un nouvel axe de recherche : la météorologie et le magnétisme font en effet leur apparition dans le champ des connaissances désormais produites à l'observatoire.
Fragments d'une activité astronomique
3À la différence du siècle des Lumières, il n'existe pas dans la période qui court de la Révolution à la fin du Second Empire de véritable communauté astronomique à Toulouse. Le collectif savant qui s'était mis en place au xviiie siècle et qui avait développé un ensemble de pratiques homogènes, disparaît au profit d'une succession de directeurs déployant chacun leurs propres méthodes. Il est donc plus difficile de repérer dans cette suite chaotique d'astronomes un socle commun de pratiques. Les archives sont, en outre et paradoxalement, beaucoup plus lapidaires qu'au siècle des Lumières. Nous ne disposons plus que des registres d'observations astronomiques du chevalier Pierre d'Aubuisson1. Celui de Vidal a disparu et les « observations d'étoiles, non réduites [de Frédéric Petit] ont été perdues2 ». Il est malgré tout possible de discerner quelques points communs dans les pratiques observationnelles des savants qui se succèdent à la tête de l'établissement toulousain. L'un d'eux concerne leurs ambitions affichées et leurs faibles concrétisations. Des mutations semblent également à l'œuvre dans l'apparition de thématiques particulièrement approfondies.
Des ambitions contrariées
4Comme un témoin des pratiques du siècle dernier, Antoine Darquier poursuit, au moins jusqu'en 1798, son travail d'observateur tel qu'il l'avait entrepris en 1748. Jérôme Lalande qui publie ses dernières recherches dans son Histoire Céleste parue en 1801, signale qu'il s'agit là d'« utiles observations3 ». L'astronome parisien assure qu'elles « se continuent4 » et espère bien les publier. Le savant toulousain présente, toujours de la même manière, le résultat de ses études qui concernent principalement les observations méridiennes de la Lune, des planètes ou du Soleil5. L'objectif d'une pratique accumulant ce type de travaux afin de perfectionner les tables est repris par les astronomes de la cité garonnaise du xixe siècle, dans leurs discours d'intention tout au moins.
5Jacques Vidal souligne en 1803, que les observateurs doivent notamment s'astreindre à examiner le « passage au méridien » de la Lune, avant de les transmettre « pour que les astronomes de premier ordre puissent ensuite les faire servir aux progrès de la science ainsi qu'à ceux de la géographie et de la navigation6 ».
6Les ambitions proclamées par le chevalier d'Aubuisson perpétuent ces objectifs assignés à l'observation. Il assure en 1810 que « malgré [s]es progrès [...] dans les derniers siècles, et l'exactitude de ses résultats ; [l'astronomie] offre encore de riches moissons ». Le directeur de l'observatoire soutient que la science des astres « en nous donnant les moyens de déterminer la position respective des différents points de la terre, nous fournit les éléments nécessaires à la construction des cartes de géographie, les unes intéressent plus particulièrement les marins ; d'autres les militaires ». Pierre d'Aubuisson insiste sur l'aide que peut apporter l'astronomie aux navigateurs : « elle vient [.] se placer à côté de [lui] pour lui montrer toutes les routes qu'il peut suivre pour se rendre en un point quelconque du globe et lui faire connaître la position des écueils qu'il doit éviter7 ».
7Marqué-Victor reprend en 1823, ces mêmes principes directeurs pour l'astronomie. Dans le cadre des « applications » de la science, il rappelle combien l'observation est utile au « pilote, obligé de connoître presque tout le ciel [et qui] ne se méprend jamais sur les principales constellations8 ».
8En 1846, Frédéric Petit explique au maire de Toulouse l'importance de la science des astres dans le paysage savant français. L'élève d'Arago assure qu'il s'agit là d'une discipline « d'utilité publique ». L'observateur de la cité garonnaise affirme que « l'Astronomie est d'une indispensable nécessité pour la navigation [et] par conséquent aussi pour le commerce, cette seconde mamelle des États9 ».
9L'histoire savante locale reste une référence dans les objets d'étude sélectionnés. Petit propose en 1850 de déterminer « la longueur du pendule à secondes ». Le point de départ de sa recherche est l'analyse fournie par « M. Darquier en 177810 ».
10La culture astronomique du siècle des Lumières est donc toujours présente dans les discours des observateurs toulousains de la première partie du xixe siècle. Les objets d'étude et les buts assignés sont identiques à ceux de Garipuy et Darquier. Les directeurs qui se succèdent à la tête de l'observatoire, de la Révolution à la chute du Second Empire, affichent leur intention de perpétuer une méthode observationnelle héritée du siècle précédent. En somme, les observations méridiennes et la perfection des tables constituent l'horizon idéal d'une pratique astronomique performante.
11Si les observateurs de la cité garonnaise proclament leur volonté de poursuivre cette tradition savante, l'examen de leurs productions et de leurs publications invitent à analyser l'écart qui peut exister entre ces intentions initiales et leur concrétisation.
12Vidal a certes publié en 1800 un « catalogue de 887 étoiles australes11 », mais il apparaît comme le seul véritable continuateur de l'œuvre compilatrice du siècle des Lumières. Pierre d'Aubuisson a publié huit articles sur l'astronomie dans les Mémoires de l'Académie des sciences de Toulouse : deux concernent les « avantages12 » et l'« histoire13 » de l'astronomie, deux autres traitent de l'usage des instruments14, et un autre évoque une méthode « sur les interpolations15 » dont les observateurs font usage. Enfin, trois mémoires évoquent les « moyens les plus avantageux de calculer l'angle horaire par la hauteur des astres16 », les « différents moyens de déterminer la latitude17 » et les « moyens les plus avantageux de calculer l'angle horaire par la hauteur des astres18 ».
13Les recherches de Frédéric Petit à l'observatoire de Toulouse, de 1838 à 1866, sont parues dans les Comptes Rendus de l'Académie des Sciences dont il était correspondant. Sur les 74 notes ou mémoires édités dans ces recueils, le directeur de l'établissement de la cité garonnaise, dix concernent l'astronomie classique, soit 13,5 % de ses travaux. Petit rend compte de l'éclipse de soleil du 28 juillet 185119 et du même phénomène survenu le 18 juillet 1860 à Briviesca en Espagne20. L'observateur toulousain rédige une note sur la « Réapparition de l'anneau de Saturne21 », expose l'examen de la « IIe Comète de 185822 » et donne son analyse de la « IIe Comète de 186 123 ». Il convient d'ajouter une « tentative d'observation [...] du passage de Mercure sur le Soleil24 » en 1861, ainsi qu'une « note sur la position astronomique du nouvel observatoire de Toulouse25 », au corpus de travaux soumis par Frédéric Petit à l'Académie des sciences de Paris. Une recherche importante du directeur de l'observatoire toulousain n'apparaît pas dans les recueils de l'institution parisienne : il s'agit de la détermination de la « latitude du nouvel observatoire26 », éditée par l'astronome lui-même, dans le volume d'Annales paru en 1863. Cette étude « repose sur 1608 observations, soit des étoiles circompolaires, soit des étoiles du midi27 » effectuées en 1847.
14La pratique astronomique de Frédéric Petit ne correspond pas aux ambitions proclamées en 1839 dans sa missive au maire de la ville. Il n'a pas mis en œuvre le réexamen de l'Histoire Céleste de Lalande et n'a pas tenté d'améliorer les tables astronomiques par un relevé quotidien des positions méridiennes de la Lune, du Soleil ou des planètes.
15Aucun des directeurs de l'observatoire de Toulouse n'a ébauché le programme observationnel qu'ils évoquaient et qui s'inspirait des travaux de Garipuy et Darquier au xviiie siècle.
16Les modalités de recrutement permettent, pour une part, de comprendre cet écart significatif entre les objectifs désignés et les études produites. Comme nous l'avons vu la compétence d'astronome n'est pas systématiquement réclamée lors de la nomination du directeur de l'observatoire. Ce sont les qualités de mathématicien qui sont le plus souvent demandées et cette inflexion disciplinaire conditionne en grande partie les travaux entrepris dans l'établissement astronomique.
17Alphonse Desplas souhaite créer à l'observatoire en 1830 « un Bureau de Calculs astronomiques ». Il assure que « chaque département pourra [lui] réclamer des calculs pour faire imprimer un calendrier où se trouveront l'heure exacte du coucher et du lever du Soleil, de la Lune et des planètes et les circonstances des Éclipses, calculées pour la Latitude et la longitude de son chef lieu28 ». Desplas soumet au Ministre un projet de circulaire qu'il compte envoyer aux préfets. Il y affirme qu'il est inadmissible « que M. les imprimeurs se contentent de copier dans la Connoissance des Temps des calculs qui ne sont exacts que pour Paris29 ». Le directeur de l'observatoire limite son activité à l'exercice calculatoire et au maniement des mathématiques. Il se défend de ne pas vouloir entreprendre d'observations en arguant du mauvais état chronique de l'édifice. Cependant, les compétences d'un Desplas mathématicien peu familier de la pratique astronomique permettent de mieux comprendre cette obstination à vouloir créer un « Bureau de calculs astronomiques30 ». Le maire de Toulouse a obtenu d'Alexis Bouvard du Bureau des Longitudes qu'il donne à Desplas « toutes les facilités pour [se] Perfectionner dans la pratique des observations31 », lors de sa nomination à la tête de l'observatoire de la cité garonnaise en 1825. L'astronome parisien ne semble pas avoir infléchi les méthodes de Desplas, ni étendu le champ des compétences de son élève. Cette période de formation n'a été en quelque sorte qu'une adaptation des capacités mathématiques du directeur à la discipline astronomique.
18Les compétences mathématiques, privilégiées au moment du recrutement, sont insuffisantes pour mettre en œuvre les programmes ambitieux que s'étaient fixés certains des directeurs. Nommé en 1809, Pierre d'Aubuisson, pourtant présenté comme un savant ayant « donné les preuves les plus marquées de zèle et de capacité pour l'astronomie32 », fait montre d'une certaine défiance à l'égard de la pratique observationnelle et préfère l'activité calculatoire. Dans sa Notice sur l'Astronomie, présentée à l'Académie en 1810, le chevalier d'Aubuisson assure que « la carrière ouverte à ceux qui veulent se livrer aux différentes espèces de calculs n'est pas moins vaste que celle que peuvent parcourir les observateurs33 ».
19L'analyse des deux recueils d'observations que ce directeur a laissés révèle une grande fébrilité dans la pratique quotidienne de l'astronomie. D'Aubuisson y consigne ses hésitations, ses maladresses et ses errements. Dans l'introduction du deuxième volume, il reconnaît qu'il manque de méthode « car il n'y a pas assés d'ordre dans le registre et souvent des circonstances essentielles ont été négligées34 ». Le directeur signale ses tentatives stériles et stigmatise lui-même son inexpérience. Le 1er mars 1813, il explique que « la comète découverte à Marseille a été cherchée pendant deux jours d'après la position observée à Marseille et d'après Le calcul fait pour connoître la position géocentrique ». D'Aubuisson avoue piteusement que ses recherches « ont été tout à fait infructueuses35 ». Il admet que les connaissances astronomiques élémentaires lui font défaut : le 23 février 1814, le savant cherche à repérer l'opposition de Saturne, sans y parvenir, « faute de connoître quelques étoiles36 » pour se situer dans le ciel. Les tables, ressources traditionnelles de l'astronome, ne lui sont d'aucune utilité. Une occultation d'étoile est annoncée pour le 10 février 1812. Le chevalier d'Aubuisson traque l'astre en question au voisinage de la Lune. En vain. « J'ai cherché dans la Connoissance des Tems cette étoile [...] et ne l'ai pas trouvée37 » écrit-il dans son registre.
20Le maniement des instruments, leur usage quotidien, illustrent l'impéritie de d'Aubuisson. En août 1810, il tente « de placer des fils d'araignée à la lunette des passages ». L'inspecteur général de l'Instruction Publique, « M. Pictet », lui donne « un moyen pour les placer sans difficultés et très bien ». Il reconnaît n'avoir « pu y réussir malgré les tentatives qu['il a] faites38 ». Peu habitué à manier les outils techniques, d'Aubuisson omet les réglages préparatoires. Il fait quelques tentatives en 1811, avec son cercle répétiteur, mais abandonne parce qu'il a « néglig[é] de serrer quelques vis39 ». Les registres d'observations du chevalier d'Aubuisson retranscrivent les hésitations et le peu d'habileté du directeur. Ils révèlent sa faible culture observationnelle et permettent de mieux cerner le décalage entre ses intentions et ses productions. D'Aubuisson, comme Desplas, envisage ses fonctions d'astronome à l'observatoire de Toulouse comme une application de ses qualités de mathématicien.
21Toutefois, cette inexpérience ne concerne pas tous les directeurs passés dans la cité garonnaise de la Révolution à l'avènement de la IIIe République et elle ne peut dans tous les cas suffire à expliquer ces projets contrariés ou jamais entrepris. Certains, comme Frédéric Petit, possèdent incontestablement les compétences pour mettre en œuvre les ambitieux programmes qu'ils se sont fixés. Les astronomes toulousains de la première partie du xixe siècle sont, quel que soit leur degré de compétence en astronomie, tous victimes d'une insuffisance des ressources humaines qui frappe l'observatoire pendant toute la période. Une lutte permanente les oppose aux différentes autorités politiques pour obtenir des aides ou des adjoints.
22Darquier, jusqu'à sa mort en 1802, perpétue la tradition d'un cercle d'élèves qui le seconde activement dans ses travaux astronomiques. Il écrit en 1798 que le « Cien Jérôme Hadancourt l'aîné, [s]on compatriote très-exercé dans les calculs astronomiques et très-bon observateur, [l'] a aidé dans le calcul de la comparaison des Tables avec les Observations40 ». Antoine Darquier forme également un nouvel élève envoyé par Lalande : Annes-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle41. Celui-ci se rend plusieurs fois à Toulouse et suit scrupuleusement les conseils de son maître toulousain42. Darquier voit en lui son successeur : « L'astronomie va, par votre moyen, dans cette province, renaître plus brillante que jamais43 », lui écrit-il pendant la Révolution. Ce système qui attache à un observateur fortuné des élèves et des calculateurs, disparaît avec Darquier.
23Les directeurs qui sont nommés à la direction de l'établissement astronomique toulousain doivent exercer seuls leurs activités.
24Le chevalier d'Aubuisson interpelle à ce sujet le préfet de la Haute-Garonne, en 1810, peu de temps après sa nomination :
Je pense que quelque soit le zèle d'une personne qui fait [s]es observations par goût ou par devoir, on ne pourra y compter constamment si cette personne se trouve seule chargée de cette besogne et qu'elle ne puisse se faire aider.
25Une organisation idéale du travail suppose la présence permanente d'un élève ou d'un aide qui seconde l'astronome et pour obvier à ces inconvénients qui perturbent la pratique, le savant propose de nommer un « secrétaire attaché à l'observatoire ou bien [...] un concierge intelligent44 ». Le directeur de l'établissement rappelle opportunément que Garipuy travaillait avec « un religieux45 », le jeune Dufourc. D'Aubuisson, qui réitère sa demande avec insistance, s'adresse au conseil municipal en 1820 pour réclamer une nouvelle fois un adjoint. Les édiles lui répondent sèchement que « son célèbre prédécesseur M. Vidal s'est passé jusqu'ici d'un aide astronome46 » et qu'il n'y a aucune raison de libérer des fonds pour créer cette fonction.
26Frédéric Petit, lorsqu'il arrive à Toulouse, ne cesse de se plaindre de cette absence de ressources humaines. Détaillant en 1850 le projet d'organisation du nouvel observatoire, l'astronome soutient que « le personnel sera bien encore insuffisant puisque je m'y trouve seul47 ». En 1858, l'ancien élève d'Arago reconnaît implicitement que le manque d'aide ne lui permet pas de réaliser les travaux qu'il avait envisagés. « Des recherches spéciales qui m'occupent depuis plusieurs années et l'absence de tout concours, à l'observatoire de Toulouse, ne me laissent guère le loisir, pour le moment, de suffire aux détails des divers travaux qu'un personnel convenable permet de suivre journellement dans les grands établissements astronomiques48 », explique-t-il dans une note adressée aux Astronomische Nachrichten en 1858.
27Petit tente bien sûr de mobiliser les autorités municipales sur cette question. En 1857, le Conseil nomme « un astronome adjoint à l'observatoire49 ». Bergeron est chargé de « seconder50 » le directeur dans ses recherches. On ignore si la nomination fut effective, car l'aide promise n'entra jamais en service et les édiles ne donnent aucune suite à cette vague tentative de créer une équipe savante dans l'établissement astronomique. Devant cette indifférence, Petit se contente de réclamer en 1861 une somme de « 200 francs qui pourra lui permettre d'économiser sur son temps de précieux moments en se faisant aider dans certains travaux de copie ou autres51 ».
28Les différents directeurs nommés à la tête de l'observatoire dans la première moitié du xixe siècle ne renoncent pourtant pas à s'entourer d'un personnel plus ou moins qualifié.
29Le chevalier d'Aubuisson recrute lui-même « Mr. Papy » qui l'assiste dans ses observations et ses calculs en 1811 et 1813. On ne connaît pas la formation de cet aide, ni les modalités de son éventuelle rémunération. Il loge à l'observatoire et d'Aubuisson plaide « pour lui auprès du grand Maître de l'Université ». Les relations entre le directeur et son aide se dégradent rapidement car Papy « s'est dispensé sous les plus légers prétextes de faire son devoir ». Il néglige les observations et d'Aubuisson assure que « sa conduite [lui] fait présumer que ce sera un très mauvais sujet dans la suite52 ».
30L'absence d'un personnel recruté par les autorités municipales comme le directeur contraint les astronomes à s'entourer d'aides peu fiables et volatiles.
31Frédéric Petit et Pierre-Adolphe Daguin utilisent les faibles ressources qui sont à leur disposition pour s'adjoindre ponctuellement les services du concierge attaché à l'observatoire. Le premier emploie « le Sieur Vallin » pendant trois semaines, afin qu'il le seconde dans la remise à neuf de « tous les instruments53 ». Daguin charge le concierge qui veille sur l'entrée de l'observatoire « de faire la lecture des instruments de météorologie aux heures où le professeur de la Faculté était nécessairement absent54 ». Le directeur fait ensuite appel à son propre fils, renouant ainsi avec l'enrôlement familial qui avait cours au siècle des Lumières55.
32L'intervention ponctuelle de membres du corps enseignant permet de pallier l'absence d'aides permanents.
33Jean-Louis Assiot, « professeur de physique à la faculté des sciences de Toulouse » assiste parfois Marqué-Victor, qui voit en lui un « observateur exact et judicieux56 ». Le Ministre de l'Intérieur accepte même qu'il remplace temporairement le chevalier Pierre d'Aubuisson en 1814, lorsque ce dernier doit se « rendre à la Guadeloupe57 ». Frédéric Petit signale en 1847 que lors de la détermination de la latitude du nouvel observatoire de Jolimont, « M. Mellez, jeune professeur de Mathématiques fort instruit et très-porté vers les études astronomiques, avait la bonté de lire les niveaux58 ».
34Les astronomes de la première partie du xixe siècle ne peuvent compter, comme leurs prédécesseurs, sur un cercle d'observateurs qui les aide dans leur pratique quotidienne de la science des astres. Si la présence d'élèves ou de calculateurs restait difficilement saisissable au siècle des Lumières, les ombres qui assistent parfois les directeurs au xixe siècle, sont encore davantage fantomatiques.
35Outre les difficultés liées à un recrutement trop axé sur les mathématiques, l'absence de personnel permet de mieux comprendre l'écart substantiel entre les intentions ambitieuses et la pratique astronomique des directeurs de l'observatoire de la fin de l'Ancien Régime à l'avènement de la IIIe République.
36La définition administrative de l'établissement savant, le recrutement d'un directeur à partir de la Révolution, contrastent singulièrement avec l'organisation des recherches observationnelles largement collégiales au xviiie siècle. Les astronomes, malgré les difficultés, n'abandonnent jamais l'idée de recourir à des aides ou à des assistants.
37Les conditions matérielles d'observation évoluent peu à peu et les directeurs modifient leurs méthodes de travail. Aux vastes programmes d'une surveillance constante du ciel et d'un intérêt pluriel pour les phénomènes astronomiques se substituent des thématiques approfondies, des objets célestes largement privilégiés.
Thématiques obsédantes
38Au-delà des ambitions déçues et des difficultés à exécuter les projets d'observations envisagés, la pratique astronomique à Toulouse dans la première partie du xixe siècle se caractérise par l'attachement particulier de certains directeurs à un objet d'étude précis. Jacques Vidal et Frédéric Petit ont chacun saisi un domaine de recherche qu'ils ont longuement approfondi et sur lequel ils ont beaucoup publié. Le premier s'est polarisé sur l'examen de Mercure au méridien et le second sur les météores. Nous examinerons pour ces deux astronomes les origines de ces recherches ainsi que les méthodes mises en œuvre dans leurs observations.
39Riquet de Bonrepos est le premier au xviiie siècle à examiner Mercure au méridien59. Darquier l'a imité avant que Vidal ne s'y intéresse. Ce n'est cependant qu'au début du xixe siècle que l'astronome de Mirepoix observe compulsivement cette planète. On peut penser que l'émulation astronomique qui régnait à Toulouse au siècle des Lumières a engagé Vidal à poursuivre ses premiers travaux. Sous la Révolution et l'Empire, ses publications concernant Mercure sont particulièrement abondantes. Il fait parvenir, entre 1795 et 1808, 34 notes à la Connaissance des Temps, éphéméride de référence aux mains de Jérôme Lalande. Douze d'entre elles rendent compte des positions de Mercure60. L'acharnement de Vidal à suivre cette planète est remarquable : du 2 février 1798 au 18 janvier 1799, il fournit une « suite de 140 observations de mercure61 ». Cette constance lui vaut l'admiration et la reconnaissance de Jérôme Lalande qui ne tarit pas d'éloges à son endroit. Dans son Histoire Céleste, l'astronome parisien évoque, en parlant de Vidal, « le grand et étonnant observateur de Mercure, véritable hermophile, à qui nous devons l'obligation de pouvoir dire que les observations de Mercure, si rares et si difficiles avant lui, sont actuellement aussi abondantes que celles des autres planètes et ne laissent plus rien à désirer ». Lalande ajoute avec dithyrambe que Vidal « en a fait à lui seul plus que tous les astronomes de l'univers, anciens et modernes réunis ensemble, et nous pouvons tous nous dispenser de nous en occuper62 ». Le célèbre observateur de la Capitale, impressionné par l'ardeur de son homologue mirapicien et par la prodigalité de ses travaux lui promet la plus grande gloire. Il écrit en 1800 que Vidal « qui voit Mercure tous les jours, et qui le voit même à quelques minutes du soleil », lui a fait parvenir « plus de cinq cents observations de Mercure.[...] Peut-être, à Mirepoix, on ne sait pas qu'il y a pareil homme dans l'enceinte de cette petite ville ; mais nous l'apprendrons à l'univers et à la postérité63 », jure l'astronome en conclusion.
40On peut s'interroger sur cette profusion d'observations centrées sur Mercure. Si Vidal ne s'exprime, semble-t-il, jamais à ce sujet, les remarques de Lalande nous permettent de formuler une hypothèse. L'examen méridien de Mercure est délaissé jusqu'au début du xixe siècle en raison de son extrême difficulté et les tables de cette planète sont peu fiables. Il s'agit donc d'un champ d'étude vierge dans lequel il est possible de s'illustrer et d'obtenir reconnaissance et notoriété savante. Vidal profite donc de cet espace de recherche qui s'ouvre à lui et y déploie toute son ardeur. Il parvient même à estimer la durée de rotation de Mercure sur elle-même. L'observateur assure que « le 14 nivôse [an VIII — 3 janvier 1799] Mercure fut bien visible au méridien, le 15, le ciel [lui] paraissant beau, [il] ne pu[t] pas la voir et néanmoins, [il] la revi[t] le 16 quoique le ciel ne fût pas plus pur que la veille64 ». Il conclut de ces observations que « Mercure a une face plus brillante que l'autre et que la durée de sa rotation est d'environ seize heures ou bien peut-être de quarante huit65 ».
41Examiner Mercure nécessite des précautions particulières, puisqu'« elle est presque toujours plongée dans les rayons du Soleil66 ». Et Vidal la « voit même à quelques minutes du Soleil67 ». L'astronome de Mirepoix a donc développé sa propre méthode d'observation, qu'il n'a jamais décrite. Son biographe assure qu'elle « exigeait le concours de deux personnes68 ». Guillaume Bigourdan croit savoir qu'il s'agissait de « placer un verre vert devant l'oculaire ». Il rapporte qu'« Arago indiqua à Wollaston, comme ayant été employé par Vidal l'usage d'un diaphragme placé en avant de l'objectif et à une assez grande distance69 ».
42En étudiant une thématique inédite, l'astronome de Mirepoix est contraint de mettre au point une technique personnelle et novatrice, de créer lui-même les procédures et les modes opératoires. Le flou sur la méthode employée suggère une volonté de discrétion de la part de Vidal. Ce dernier, qui maîtrise un secteur de la recherche astronomique et en tire une précieuse reconnaissance, n'a aucun intérêt à divulguer les procédés qui lui permettent de repérer Mercure. Dans un contexte de compétition accrue, l'hégémonie savante sur un domaine précis, encourage, à la charnière du xviiie et du xixe siècle, une certaine forme de secret dans les techniques d'observation. Cette attitude méfiante est à rapprocher du « craft secrecy70 » dont Pamela O. Long assure qu'il constituait un mode de protection particulièrement important pour les inventeurs au début de l'ère moderne.
43L'attachement de Frédéric Petit à l'étude des météores n'est pas moins important que le travail de Vidal sur Mercure. L'élève d'Arago a communiqué cinquante notes ou mémoires à l'Académie des sciences de Paris entre 1839 et 1866. Vingt-six concernent les bolides. Il s'agit donc pour le directeur de l'observatoire d'une thématique centrale dans ses travaux. Petit s'attache, tout au long de sa carrière, à déterminer la trajectoire de ces objets célestes fugaces, à cerner leur parcours et leur origine. Ce type d'observation n'est pas totalement original dans la première moitié du xixe siècle71 et l'astronome toulousain reconnaît bien volontiers ses filiations et ses influences. Lorsqu'il s'intéresse pour la première fois aux bolides, il avoue ignorer que Wilhelm Olbers72, Nathaniel Bowditch73 et Alphonse Quételet74 « eussent donné des formules pour calculer la hauteur de ces météores75 ». C'est à la lecture d'un mémoire de l'astronome belge Quételet, paru en 1839, qu'il découvre « une nouvelle méthode pour le calcul des bolides » et qu'il s'initie aux travaux de Bogulawski76. Le maître de Frédéric Petit, François Arago, permet à son élève de rencontrer Quételet à l'Académie des sciences de Paris. L'astronome de la cité garonnaise admet qu'une partie de sa méthode est proche de celle développée par le directeur de l'observatoire de Bruxelles et « que quelques-unes de [s]es premières formules ont beaucoup d'analogie avec celles de M. Quételet77 ». Cependant, Petit tient à se démarquer des études précédentes et à affirmer l'originalité de sa démarche. Fabien Locher assure que dans la décennie 1835-1845, Quételet « se consacre largement à "son" observatoire » bruxellois. Il promeut « le développement d'une "Physique du globe", expression qui regroupe pour lui, les études concernant les observations météorologiques, magnétiques et électriques, les météores physiques, l'étude des marées et des courants marins78 ». L'historien souligne en particulier l'intérêt du savant belge pour les étoiles filantes. Quételet cherche en effet à « dresser des catalogues exhaustifs de leurs apparitions79 » qui doivent permettre de repérer des retours périodiques. De son côté, Frédéric Petit martèle que les travaux antérieurs n'offrent qu'une vue partielle du problème et que sa recherche est « le premier travail complet qui ait été fait sur cette matière ». Si l'astronome toulousain met en avant les « points de ressemblance » qui peuvent exister entre ses études et celles de Quételet, c'est pour mieux mettre en valeur « les points de vue nouveaux et les développements nombreux80 » qu'il propose. L'observateur bruxellois considère les météores comme des objets strictement astronomiques. Fabien Locher remarque que « sa pensée paraît marquée par la persistance de la catégorie aristotélicienne du météore, impliquant notamment le refus d'une origine cosmique pour ces phénomènes81 ». Au contraire, Frédéric Petit prend soin de considérer les étoiles filantes comme des objets astronomiques. Il n'emploie que très rarement le terme « météore » et lui préfère celui de « bolide ». Son but est donc d'appliquer des méthodes propres à la science des astres pour discerner les trajectoires de ces phénomènes célestes. L'astronome toulousain assure en 1849 qu'il est parvenu « après quelques tâtonnements à une méthode à peu près uniquement fondée sur la trigonométrie sphérique82 ». Quelques années auparavant, Petit reconnaissait que « la théorie des météores lumineux » ne lui paraissait « devoir être encore qu'ébauchée ». Il ajoutait que « lorsqu'on s'en occupe avec un peu de suite, on aperçoit sans cesse des points de vue nouveaux » qui présentent toujours « un certain intérêt83 ».
44Défricheur d'un champ d'étude peu exploité par les autres astronomes, Frédéric Petit cherche à convaincre de la modestie de ses recherches au regard de l'immensité de la tâche à accomplir. Il écrit dans sa « Note sur un bolide observé le 2 avril 1852 », qu'il « ne désespère [...] pas parvenir à placer quelques jalons sur cette route hérissée d'obstacles, capables de décourager la ténacité la plus persévérante ». L'observateur toulousain espère au moins pouvoir « déblayer84 » cette voie encore inédite. Petit inscrit également ses recherches dans un cadre disciplinaire plus large et signale que « les météores lumineux paraissent destinés à jeter un grand jour sur plusieurs points de la physique céleste85 ».
45Non content de développer une méthode de calcul originale pour analyser la vitesse et la trajectoire des bolides, l'astronome de la cité garonnaise met lui-même au point la procédure de recueil et de traitement des données.
46Petit tente de récolter le plus grand nombre possible d'observations86. Il puise notamment ses informations dans les journaux. Le 11 février 1841, l'ancien élève d'Arago lit dans « l'Observateur des Pyrénées » que la durée de l'apparition du bolide paru deux jours plus tôt « fut de 2 secondes87 ». Les périodiques de vulgarisation sont une source de renseignements que ne néglige pas le directeur de l'observatoire de Toulouse. Il parvient en octobre 1857 à « rechercher quelles étaient les particularités les saillantes de la marche du météore88 » observé le 29 du même mois, « grâce aux indications fournies par la note du Cosmos89 » célèbre publication grand public de l'abbé Moigno90. Enfin les Comptes-Rendus de l'Académie des Sciences fournissent régulièrement des données précieuses à l'astronome toulousain. Le 19 août 1847, un météore traverse le ciel. Il est repéré à Paris et à Dieppe. Les renseignements dont dispose Petit sont insuffisants pour lui permettre de leur appliquer sa méthode. Il se félicite de trouver « quelques jours plus tard dans les Comptes-Rendus, une nouvelle observation parfaitement bien faîte et bien détaillée91 ». Le plus souvent le directeur de l'établissement astronomique de la cité garonnaise rassemble des témoignages épars. Il mobilise tout particulièrement son réseau de sociabilités personnelles. Les données relatives au météore du 3 juin 1842 lui sont transmises « par M. l'abbé Paytal, professeur de physique au grand séminaire92 » de Montpellier avec qui il prépare et examine l'éclipse de juillet 184293. De même, le 8 juillet 1850, le docteur Larrey qui enseigne à la Faculté de médecine de Toulouse transmet à son collègue astronome « une observation [.] faite avec beaucoup de soin94 » d'un météore aperçu dans la soirée. Le plus souvent toutefois, Frédéric Petit ne connaît pas personnellement les observateurs des bolides dont il reçoit les informations. Le rassemblement des données prend alors des voies détournées. Le bolide du 9 février 1841 a été vu à Agen par « M. de Saint-Amans », qui signale le phénomène à l'astronome parisien Jean-Baptiste Biot. Averti, Frédéric Petit écrit à Saint-Amans pour obtenir « des renseignements plus précis sur la hauteur angulaire95 ».
47C'est un étrange réseau de correspondants informels que l'observateur toulousain parvient peu à peu à tisser. L'ensemble est hétérogène et le plus souvent les relations nouées sont éphémères. Seul l'ancien sous-préfet du Blanc, « M. de la Tremblais » fournit « fréquemment de précieuses indications96 » sur les météores à Frédéric Petit. Ce dernier précise systématiquement les noms et qualités de ceux qui lui apportent des données. Dans son compte rendu concernant le « bolide du 5 juin 1850 », l'astronome de la cité garonnaise indique que la trajectoire du météore « fut relevée avec soin par M. Isidore Pierre, Professeur à la Faculté des sciences, M. Guiet, juge de paix à Montfort, et M. Charles Furet, architecte-ingénieur à Rouen97 ». La course du bolide apparu un mois plus tard lui est rapportée « par M. Abria, doyen de la faculté des sciences98 ». La mention de la profession, d'autant plus qu'elle se rapproche d'une activité savante ou qu'elle rattache l'informateur à l'élite sociale, ajoute au crédit des renseignements délivrés un supplément d'exactitude et de fiabilité.
48Toutefois, Petit est conscient de la relative imprécision de ces données sur le parcours des météores, leurs positions et leurs vitesses de déplacement. « Il est fort difficile pour un observateur isolé, souligne-t-il en 1842, d'apprécier exactement la véritable direction de la trajectoire que paraissent décrire les météores lumineux99. » L'astronome garonnais conçoit que « l'observateur, toujours pris à l'improviste, ne peut ordinairement disposer que de quelques secondes100 » insuffisantes pour relever des données sûres.
49Afin d'obvier à ces inévitables imprécisions, l'astronome de la cité garonnaise croise les informations qui lui parviennent. Il précise qu'« ordinairement un bolide est aperçu simultanément par plus de deux observateurs et cette circonstance quand elle a lieu, est très favorable, car elle permet de corriger assez exactement les erreurs que présentent toujours les observations de cette nature101 ». Examinant les renseignements qu'il a collectés sur le météore du 5 juin 1850, Frédéric Petit assure que les « observations de trois stations différentes » permettent de déterminer les éventuelles inexactitudes « avec un assez haut degré de probabilité102 ».
50Le directeur de l'observatoire de Toulouse compile donc le plus grand nombre d'informations sur les apparitions météorologiques, leurs positions et leurs déplacements. Il traite ensuite l'ensemble de ces indications plus ou moins précises pour les amener « au joug de sa méthode103 » et les transformer en données chiffrées.
51Petit reprend le récit de « M. Larivière » qui explique avoir vu un bolide le 21 mars 1846 partir « d'un point situé à 3 ou 4 degrés au-dessous de Sirius », puis s'avancer « lentement du Sud au Nord, en passant sous la constellation d'Orion », avant de disparaître « au nord-ouest à 7 ou 8 degrés au-dessus de l'horizon104 ». L'observateur de la cité garonnaise en déduit ensuite les ascensions droites et les déclinaisons des points de départ et d'arrivée du bolide. De là il tire une série de résultats qui lui permettent « de se rendre parfaitement compte de la marche du bolide105 ». Petit détermine notamment la distance de l'aérolithe à la Terre sa vitesse et son diamètre, avant de calculer « les éléments [.] de l'orbite décrite par le bolide autour de la terre106 ».
52Frédéric Petit met systématiquement en œuvre ce processus de formalisation des renseignements récoltés, de mise en chiffre des diverses indications rassemblées. L'astronome de la cité garonnaise n'hésite pas à mettre les observations qu'il reçoit à l'épreuve, afin de réduire leur imprécision. Il examine ainsi en 1844 les éléments rapportés par « M. Giraud et Delatramblais » sur un météore aperçu en octobre de la même année. Frédéric Petit fait subir aux observations des « modifications successives [...] pour satisfaire non seulement aux conditions mathématiques, mais [également] aux diverses circonstances physiques de ces observations107 ». Il fait en particulier varier, « dans des limites considérables les éléments qui paraissent plus sujets à des erreurs108 ». Le directeur de l'observatoire ne cherche nullement à décrire « la trajectoire réelle » du bolide, mais « celle qui peut forcer le plus l'exagération dans le sens défavorable au résultat que [s]es premiers essais [lui] avaient fait entrevoir109 ». En somme Petit étend le champ des trajectoires possibles, il module lui-même les erreurs supposées dans l'examen des parcours météoriques. Le calcul lui permet de combler les incertitudes observationnelles et de dessiner des déplacements potentiels.
53Les études publiées par l'ancien élève d'Arago sur le sujet aboutissent systématiquement à la même conclusion quant aux courbes qu'empruntent les météores : « une trajectoire hyperbolique autour de la terre, et des éléments elliptiques pour l'orbite que le bolide décrivait autour du soleil [.] avant que notre planète eût commencé à agir sur lui-même d'une manière sensible110 ». L'astronome toulousain assimile donc les météores à des « corps auxquels ont pourrait donner le nom de corps INTRASTELLAIRES, c'est à dire de corps d'un volume considérable, qui parcouraient l'espace en allant d'une étoile à l'autre, et qui en rencontrant notre système solaire ne feraient que le traverser pour revenir à la région des étoiles de laquelle ils étaient partis111 ». Les bolides passent donc à travers le système solaire et peuvent parfois se satelliser autour d'une planète, comme le météore vu le 5 janvier 1837, dont Petit assure qu'il est en orbite autour « de la terre112 ». Ces phénomènes célestes brillent « d'un vif éclat bien en dehors des limites attribuées généralement à notre atmosphère113 ». Le directeur de l'observatoire de Toulouse soutient « que l'on regardait naguère » les météores « comme de simples inflammations produites dans notre atmosphère », mais qu'ils « paraissent être appelés par les observations modernes à prendre rang parmi les phénomènes astronomiques, et à agrandir ainsi le domaine [du] système solaire114 ». Il était donc important pour Frédéric Petit de se distinguer de Quételet et de déplacer son objet d'étude de l'atmosphère à la voûte céleste.
54Même si l'origine cosmique des étoiles filantes est une thèse largement dominante115, l'astronome toulousain avance ses propositions avec précaution. Il assure en 1844 qu'il se garde de présenter ses hypothèses « avec une entière assurance », mais souhaite « réveiller le scrupule des observateurs116 », afin d'accroître les données qui permettront d'affiner les analyses.
55Au-delà des méthodes employées par Petit, il convient de remarquer que, de la même manière que Vidal au début du xixe siècle, l'ancien élève d'Arago s'est concentré sur un objet d'étude, et qu'il y a consacré la majeure partie de ses publications. Frédéric Petit, comme l'astronome mirapicien, met en œuvre ses propres méthodes et développe ses propres procédures. Vidal et Petit ont donc construit leurs outils techniques et conceptuels pour explorer de manière compulsive un champ d'étude encore vierge. Cependant à la différence de l'ancien protégé de Bonrepos, Frédéric Petit n'a pas recours au secret pour entourer ses modes opératoires. Il s'agit là d'une divergence notable qui marque une rupture dans la manière de conserver un domaine de recherche : l'opacité n'est plus permise et l'astronome se fait un devoir de ne laisser aucune ombre dans la présentation de ses travaux.
56Toutefois, malgré cette différence, les deux hommes illustrent une profonde inflexion dans la pratique astronomique toulousaine. Abandonnant l'observation polyvalente des savants du siècle précédent, ils se spécialisent dans un secteur particulier de la science des astres.
57En mai 1839, Frédéric Petit confie au maire de Toulouse : « Un astronome ne Peut guère, dans sa vie, Entreprendre qu'un grand travail astronomique autour duquel se groupe d'autres travaux secondaires qui ne lui survivront pas longtemps et qui sont du reste d'une faible importance pour la science117. »
58La conception du travail de l'observateur évolue donc dans la première moitié du xixe siècle. Elle s'accompagne également de l'irruption des « sciences humboldtiennes » dans le champ des compétences du directeur de l'observatoire de Toulouse.
Nouveaux champs de compétences
59L'observatoire de Toulouse au xixe siècle n'est plus un lieu exclusivement consacré aux activités astronomiques. L'atmosphère et le magnétisme terrestre occupent les directeurs qui se succèdent à la tête de l'établissement de la Révolution à la chute de Second Empire. Il convient d'analyser les modes d'appropriation de ces types de recherche, inédits jusqu'ici dans les observatoires de la cité garonnaise.
60Nous tenterons de comprendre les différents processus qui ont permis l'apparition de la météorologie et l'annexion du magnétisme terrestre au domaine de compétence des astronomes de la cité garonnaise.
61L'émergence de ces deux disciplines révèle également comment les observateurs assimilent des pratiques déjà répandues, mais absentes jusqu'ici de l'observatoire toulousain.
L'irruption de la météorologie
62Alfred Fierro rappelle que « depuis son ouverture, en 1670, l'Observatoire royal de Paris a suivi une politique à éclipses à l'égard de la météorologie118 ». Philippe de La Hire, les neveux de Cassini et Grandjean de Fouchy y ont, jusqu'à la Révolution, effectué des relevés météorologiques. Même si cette activité connaît de longues interruptions, elle s'impose malgré tout dans l'ensemble des pratiques de l'observatoire parisien.
63Dans les établissements astronomiques de la cité garonnaise, la météorologie est, comme nous l'avons vu, quasiment absente au siècle des Lumières119. Cette discipline ne s'impose comme une activité régulière au sein de l'observatoire qu'au début du xixe siècle, sous l'impulsion de Jean-Baptiste Lamarck. Ce dernier a consacré plusieurs articles à la météorologie, « dans le Journal de physique entre 1798 et 18 03120 ». Surtout, le naturaliste rédige onze Annuaires météorologiques entre 1799 et 1810, dans lesquels il présente « non pas des prédictions mais des probabilités sur le temps qu'il pourrait faire au cours de telle ou telle période121 ». Dans l'annuaire de 1802, Lamarck fait part de ses ambitions :
Je sentais de plus en plus la nécessité d'établir dans les différents points de l'étendue d'un grand pays une correspondance d'observations météorologiques détaillées et régulières, faites au moins trois fois par jour dans chacun des points et ensuite toutes ramenées à un point central pour y être mises en comparaison les unes avec les autres122.
64Ce vaste projet intervient dans un contexte politique favorable à la statistique. Marie-Noëlle Bourguet, dans son ouvrage sur « la statistique départementale à l'époque napoléonienne123 », a mis en évidence le renouvellement des méthodes de dénombrement administratif sous la Révolution et l'Empire. Poursuivant les travaux de Nicolas François de Neufchâteau au ministère de l'Intérieur, Antoine-Claude Chaptal propose, dans une circulaire du 9 avril 1801 « le plan achevé d'une statistique départementale124 » et fonde dans le même temps un bureau de la statistique125. L'objectif de l'entreprise est triple : « être le monument d'un passé révolu, la première coupe d'une politique et l'indice de base du contemporain126 ». Fabien Locher souligne que dans ce vaste « corpus de monographies départementales127 », les observations météorologiques « viennent servir de cadre "distant" aux catégories sociales128 ». Le programme de Lamarck est lui aussi fondé sur une méthode statistique visant à décrire l'état de l'atmosphère. Marie-Noëlle Bourguet remarque que Chaptal « entend mobiliser les compétences du naturaliste. C'est ainsi, indique l'historienne, qu'il encourage les recherches de Lamarck sur la météorologie, en faisant diffuser son questionnaire par le réseau des préfectures, afin que soient collectées sur tout le territoire les séries d'observations nécessaires à ses calculs129 ». L'entreprise climatologique lamarckienne bénéficie de l'engouement statistique qui saisit l'Empire et le naturaliste convainc Chaptal de centraliser les données recueillies dans les « bureaux de la Statistique de France ». Surtout, les travaux sont « exécutés conformément à [s]a direction et à [s]on plan de recherches130 ». En 1807, Lamarck imagine un « bureau central météorologique131 » qui institutionnaliserait définitivement le réseau qu'il tente de mettre en place sur le territoire français. Si la publication des Annuaires météorologiques se heurte, selon Alfred Fierro, « à une indifférence générale, voire au mépris132 », la récolte de données climatiques entreprise avec l'appui de l'administration napoléonienne, mobilise Jacques Vidal, le directeur de l'établissement astronomique toulousain sous l'Empire, qui s'associe au réseau d'observateurs qui se met alors en place. S'il n'a, semble-t-il, pas été contacté pour la statistique départementale, le directeur de l'observatoire de Toulouse s'est, en revanche, largement impliqué dans le programme de relevés météorologiques du savant parisien133.
65Jean-Baptiste Lamarck demande à Vidal de donner « toute attention » aux indications météorologiques qu'il lui enverra. Le naturaliste espère que l'astronome approuvera « [s]es efforts pour l'avancement d'une science intéressante qui est restée sans progrès, et qui a besoin d'être envisagée sous de nouveaux points de vue ». Il souhaite que le savant toulousain garde à l'esprit « combien il est nécessaire de s'attacher dans chaque observation à démêler ce qui se passe réellement alors ». Lamarck insiste en particulier, dans son premier courrier en 1802, sur l'étude « des vents supérieurs », dont un examen scrupuleux devrait être « bien avantageux à l'avancement de la météorologie134 ». Par la suite, le naturaliste parisien fait parvenir, par l'intermédiaire du préfet, sous les ordres du ministre de l'Intérieur, son « annuaire135 ». Jacques Vidal ne manque pas d'accuser réception de ce recueil indicatif qu'il lit « avec empressement136 ». L'astronome assure qu'« en faisant usage pendant le tems nécessaire », il tâchera « de remplir les intentions de son savant auteur137 ».
66Lamarck ne se contente pas de transmettre ses annuaires, il fait également parvenir un imprimé, « modèle d'un tableau138 » météorologique. Le projet du naturaliste se fonde sur cette organisation graphique particulière des données recueillies. Le tableau constitue le cœur de l'entreprise lamarckienne. Celle-ci accompagne la mutation complète de la méthode de description et de dénombrement qu'impose le régime impérial. Fabien Locher note que la Statistique départementale a permis, jusqu'à son achèvement en 1806, l'émergence d'« un nouveau modèle d'activité statistique [...] : celle d'une production de séries numériques sectorisées139 ». Bien qu'en marge du programme de déchiffrement napoléonien, Lamarck s'inscrit dans cette transformation profonde du mode de description, qui doit être « large et systématique140 ». Afin d'uniformiser et de standardiser la moisson des mesures, le savant parisien précise très clairement l'usage qu'il souhaite que ses correspondants fassent de son tableau. Il indique qu'il « contiendra les constitutions Boréale et Australe [.]. Les observations doivent être faites trois fois par jour et notées de la manière indiquée. Cet article est de rigueur141 » conclut sèchement Lamarck. Dans un premier temps, Jacques Vidal envoie ce modèle « à l'imprimeur qui en tirera quelques exemplaires142 ». Par la suite, le Ministère de l'Intérieur diffuse à travers la France des cadres vierges. Le directeur de l'observatoire de Toulouse reçoit ainsi, à la fin de l'année 1802, « une cinquantaine de tableaux en blanc143 ». L'administration, sous l'influence de Lamarck, organise graphiquement la collecte des données, structure la pratique et impose des contraintes précises aux observateurs.
67Outre les températures, la pression atmosphérique, le vent et la pluie, le Ministère de l'Intérieur réclame des informations sur les conséquences agricoles des événements climatiques, ainsi que des renseignements sur « les maladies qui ont régné dans le département144 » et plus particulièrement les épidémies qui prennent naissance dans les hospices et les prisons145. Cette rubrique reprend une « une forme de néo-hippocratisme "désincarné"146 », selon l'expression de Fabien Locher. L'historien remarque que cette tradition, qui associe les influences climatiques aux « constitutions physiques et morales de l'homme147 », a été totalement renouvelée au xviiie siècle148. Surtout, elle perdure jusque dans les années 1810 et imprègne largement « la statistique descriptive de l'État149 ». Pour la section médicale, Vidal fait appel « au secrétaire de la société médicale » de Toulouse. Celui-ci promet de récolter les diverses données nosologiques auprès « de ses confrères150 ». Le ministre de l'Intérieur précise explicitement ce qu'il attend des synthèses annuelles que le préfet doit fournir à ses services pour la statistique départementale : « Il convient [...] de tracer le tableau du département sous des rapports généraux, et véritablement statistiques afin que le gouvernement puisse juger si la prospérité de chaque partie de l'Empire est progressive, station-naire ou rétrograde151. » Les tableaux météorologiques de Lamarck apparaissent, dans le système bureaucratique centralisé de Napoléon, comme des dispositifs annexes de surveillance et de contrôle, des outils permettant, parallèlement à la statistique départementale, de maîtriser le territoire. Malgré tout, ce sont les services « de la statistique de l'Empire152 » qui se chargent de recueillir les séries de mesures climatiques et leurs différentes conséquences agricoles et médicales. Alain Desrosières revient sur la création de cette administration au début du xixe siècle en signalant que « les différentes façons de décrire et mettre en forme le monde social, qui avaient été débattues naguère dans les cercles de philosophes et en dehors de l'administration royale, peuvent désormais être mobilisées par ceux qui, notamment au Ministère de l'Intérieur, devaient à la fois parer au plus pressé et jeter les bases d'un modèle global de description de la société française153 ». Le projet lamarckien correspond parfaitement à cette volonté nouvelle « d'offrir à la société un reflet d'elle-même, à travers un réseau d'enquêtes commandées au Préfets, [qui] constitue la première orientation du nouveau "bureau de statistique de la République"154 ». Les tableaux réunissant les évolutions atmosphériques et leurs influences sur la population, participent à « ce travail d'homogénéisation et de codification d'un grand nombre d'aspects de la vie humaine ». L'Empire organise dans les départements cette entreprise « d'adunation » de Siéyès, comme « unification voulue des systèmes de références155 ».
68Le tableau météorologique met en chiffres les manifestations naturelles et y associe les conséquences agricoles, nosologiques et sociales. En somme, cette organisation graphique des données devient une nouvelle interface entre pratique savante et attente politique.
69Les exigences parisiennes ne sont pas sans gêner la vie savante de Vidal. Celui-ci explique en 1803 à la Société académique de la cité garonnaise qui reprend vie après la Révolution, que « les observations astronomiques qui constituent les premiers devoirs de [s]a place », lui laisseraient bien quelques instants pour assister aux réunions, « mais le gouvernement a jugé à propos de leur annexer de nombreuses observations météorologiques, qu'aucune sorte de temps ne laisse chaumer156 ». L'astronome décline ainsi la proposition qui lui était faite d'occuper la présidence de cette nouvelle Compagnie savante.
70Si, par hasard le directeur de l'observatoire se relâche et déroge aux consignes transmises, le pouvoir central ne manque pas de le morigéner sévèrement et de lui rappeler les règles qu'il doit impérativement suivre. Le 2 septembre 1809, le préfet de la Haute-Garonne note que « M. Vidal astronome qui adressait régulièrement [.] les tableaux de ses observations météorologiques, n'a fait aucun envoi depuis la fin du mois de juin dernier ». Cette interruption inquiète le représentant de l'État, et « pourrait contrarier les vues de S.E. le Ministre de l'Intérieur qui dans plusieurs circonstances a témoigné combien il attachait de prix à la collection complète de ces observations157 ».
71L'entreprise de codification des données atmosphériques à l'échelle nationale survit à la statistique départementale et se poursuit un temps après le départ de Jacques Vidal en 1809, alors que Pierre d'Aubuisson prend les fonctions de directeur de l'observatoire de Toulouse.
72Louis-Joseph Gay-Lussac est chargé en 1810, par le ministre de l'Intérieur, « de faire quelques corrections utiles dans les anciens tableaux158 ». Le physicien prend lui-même la plume pour fixer à l'astronome toulousain, les heures de relevés. Il explique notamment « que le lever du Soleil et deux heures après-midi étant les moments les plus favorables de la Journée pour le Thermomètre on doit aussi les préférer pour les autres instruments159 ». Fabien Locher souligne dans sa thèse, que ces prescriptions sont inspirées du « livre V du Traité de météorologie de Louis Cotte [...] sobrement intitulé "Méthode pour les observations météorologiques" ». L'ouvrage, paru en 1774, « fixe un cadre d'observation160 » et propose une méthodologie précise quant aux types de données à collecter et aux heures de recueillement. Les observatoires de Paris et de Toulouse adoptent « la pratique d'observation météorologique [.] préconisée par Cotte, la dimension naturaliste exclue161 ». Toutefois, pour les astronomes de la cité garonnaise, l'envoi de tableaux météorologiques cesse après 1812162. Si d'Aubuisson poursuit ses relevés météorologiques qu'il expose devant l'Académie des sciences, il n'y est plus contraint par l'administration.
73Les nouvelles exigences impériales introduisent, à Toulouse, la météorologie au cœur des activités de l'observatoire. Cette période apparaît comme la matrice des initiatives menées par les astronomes de la cité garonnaise qui se succèdent à la tête de l'établissement savant.
74Si l'impulsion politique disparaît, avant la fin même de l'Empire, les réflexes d'observation et les instruments rassemblés engagent les successeurs de Vidal et d'Aubuisson à poursuivre la pratique météorologique selon les modalités prescrites par Cotte. Tous détaillent le résultat de leurs observations devant la Compagnie toulousaine.
75Dans sa thèse sur la météorologie au xixe siècle, Fabien Locher met en évidence l'émergence « d'un nouveau régime de pratiques touchant à l'observation météorologique sédentaire », dans les années 1810. Ce régime « est caractérisé par une implantation urbaine, et ses observateurs recruteront essentiellement dans l'univers de l'astronomie et des sciences expérimentales. Cet essor est lié aux évolutions qui affectent, dans le premier quart du siècle, les procédures de mesure des hauteurs par le baromètre (ou l'hypsométrie)163 ». Cette pratique, stabilisée au xviie siècle164, connaît « au début du xixe siècle, une actualité nouvelle autour des travaux dus à Pierre Simon Laplace [...] et Louis-François Ramond de Carbonnières [...]. C'est à ce moment que va se structurer un nouveau régime de pratique météorologique sédentaire165 ». L'objectif de deux savants est de mettre au point « "la formule barométrique", c'est à dire [.] la relation algébrique liant pour deux stations données, le couple de leurs hauteurs au couple de leurs pressions moyennes166 ». L'auteur de l'Exposition du système du monde, propose une première méthode en 1796, mais c'est Ramond qui expose « un protocole hypsométrique complet, qui va de l'observation au calcul effectif des hauteurs167 » et qui « comporte [...] une section consacrée aux observations météorologiques sédentaires qui se révélera extrêmement influente ». Fabien Locher propose de qualifier ce régime de pratiques d'« "hypso-météorologique", pour rappeler son affiliation aux technologies de nivellement168 ». L'historien assure que ce corpus méthodologique est « structuré par un impératif de transparence des opérations, de correction des données, et une régularité horaire spécifique. Cette pratique se double généralement d'un traitement numérique des données d'observation qui va de moyennes simples à des calculs savants ». Fabien Locher soutient qu'« en terme de communauté d'observateurs, on assiste alors à la conversion ou à l'initiation de nouvelles séries d'observation relevant de ce nouveau régime ». Peu nombreux, les adeptes de l'hypso-météorologie, sont surtout des « acteurs impliqués conjointement dans des pratiques astronomiques169 ».
76L'observatoire de Toulouse, entre 1810 et 1870 n'échappe pas à ce vaste mouvement de redéfinition méthodologique et adopte rapidement les principales dispositions du nouveau régime de pratique. La nécessité d'une description en transparence des opérations des mesures est fréquemment soulignée par les observateurs de la cité garonnaise. En 1822, Pierre d'Aubuisson fixe quelques règles à suivre pour l'examen climatologique. Il s'agit d'abord « d'établir la position du lieu où les observations sont faites en fixant sa latitude, sa longitude son élévation au-dessus de la mer et au-dessus du niveau du terrain170 ». L'astronome toulousain juge également indispensable de « faire connaître le véritable état des instrumens171 ». Louis Ramond insiste, au début du xixe siècle, sur l'emploi d'heures fixes. L'observatoire de Paris examine ainsi l'atmosphère à « 9 heures du matin, 3 heures du soir et 9 heures du soir172 ».
77L'émergence des pratiques hypso-météorologiques s'accompagne également d'une « mise en réseau — même virtuelle — des observations sédentaires173 », note Fabien Locher.
78Les directeurs qui se succèdent à la tête de l'observatoire de Toulouse dans la première partie du xixe siècle, rêvent d'une organisation générale des relevés météorologiques étendue à tout le territoire et centralisée par les institutions parisiennes.
79Le chevalier d'Aubuisson regrette en 1823 que « l'idée qu'avait eue le gouvernement d'établir un système suivi d'observations météorologiques sur un grand nombre de points de la France174 » n'ait pas connu un plus grand succès en se pérennisant. Il appelle de ses vœux la réalisation d'un vaste réseau qui se structurerait « en multipliant et en perfectionnant les observations175 ». Quelques années auparavant, alors qu'il n'était pas encore directeur de l'observatoire de Toulouse, Marqué-Victor insistait lui aussi sur la nécessité de rassembler les résultats dispersés « dans un cadre qui puisse former le centre de réunion de toutes les recherches et le répertoire de toutes les moyennes obtenues176 ». Il assure que les « corps savants peuvent [.] imprimer au travail cette heureuse impulsion », en coordonnant les efforts, en déterminant « le nombre de stations [...], l'espèce et l'usage des instruments », et en fixant « le plan uniforme auquel tous les travaux particuliers doivent aboutir177 ».
80Malgré ces appels réitérés en faveur d'une organisation météorologique centralisée, Toulouse est exclue de l'entreprise menée par Le Verrier. L'astronome parisien à la suite de la tempête en Mer Noire, qui causa « la perte de trente huit navires et de trois vaisseaux de guerre » français, impose l'idée d'un « réseau de météorologie télégraphique devant servir à prévoir le temps et à éviter que se renouvellent de semblables catastrophes178 ». Petit explique en 1863, que les « observations météorologiques » dans les vingt-quatre stations françaises et dans les grandes capitales européennes « sont faites par les employés du télégraphe ». Le directeur de l'établissement toulousain a été prié « par M. Le Verrier de déposer les baromètres et les thermomètres dans les bureaux télégraphiques de Cahors [et] de Montauban179 ». Petit regrette que l'astronome parisien n'ait pas « cru devoir demander des observations au bureau télégraphique de Toulouse, alors qu'il y a dans cette ville un observatoire, qui faute d'employé des télégraphes attaché à l'établissement [est] dépourvu des moyens de correspondre directement avec de l'Observatoire de Paris180 ». Cette mise à l'écart du vaste réseau en train de se former, n'empêche pas Frédéric Petit de faire partie des correspondants mobilisés par l'astronome belge Adolphe Quételet pour des campagnes d'observations météorologiques simultanées. Fabien Locher souligne que « le réseau Quételet s'inscrit dans la continuité de la tradition hypso-météorologique, et il met en œuvre une pratique d'observation savante et urbaine, liée à l'univers de l'astronomie, de la physique et de la géodésie ». Dans les lettres qu'il adresse à ses correspondants, le savant bruxellois « recommande simplement d'observer le baromètre et le thermomètre toutes les heures à dates fixes : il s'adresse à des observateurs qui opèrent déjà dans le cadre d'une pratique hypso-météorologique et il n'a pas à préciser par exemple, qu'il faut relever l'indication du thermomètre attaché pour pouvoir ultérieurement effectuer des réductions à 0°C181 ».
81Un ultime trait caractérise les savants convertis aux régimes de pratique définis par Ramond : la recherche de la postérité qui ne peut s'obtenir « qu'au prix de leur seule abnégation182 ». La reconnaissance ne sera possible que si les observations sont intégralement publiées, sans aucune rupture dans le corpus. Les astronomes toulousains de la première partie du xixe siècle développent donc une multitude d'arguments pour justifier leur souci d'établir des séries météorologiques continues.
82D'Aubuisson remarque que « l'on ne peut faire que très-peu d'usage des tableaux météorologiques, dressés souvent avec de grands soins, par des particuliers, même de ceux insérés dans les Recueils académiques et les Journaux périodiques, quoique ces tableaux soient très multipliés : le plus souvent ce ne sont que des premiers essais, qui, n'ayant pas été continués, sont restés trop imparfaits pour être employés avec utilité183 ».
83Pierre-Adolphe Daguin, à la fin du Second Empire, est pénétré de la même volonté de maintenir une permanence des observations et du recueil des données. Alors qu'il quitte la direction de l'établissement toulousain en 1870, le physicien « continua jusqu'en 1877, grâce à une petite station installée par lui rue Saint-Joseph, dans le jardin de son habitation, ses observations météorologiques qui établissent une continuité et permettent des comparaisons avec celles faîtes de nouveau à partir de novembre 1872 à l'observatoire184 ».
84Le régime hypso-météorologique domine les pratiques savantes et les astronomes toulousains du début du xixe siècle dans leurs recherches climatologiques. Marqué-Victor en particulier, soutient avec conviction les thèses de Laplace qui, dans sa Mécanique céleste consacre un chapitre aux « oscillations de l'atmosphère185 ». De la même manière que pour les marées océaniques, le physicien utilise « l'équation mécanique rendant compte de l'action des forces gravitationnelles combinées du Soleil et de la Lune sur l'océan186 » et suggère l'existence des fluctuations identiques pour la pression atmosphérique. En fervent partisan de Laplace, Marqué-Victor s'interroge sur les liens qui pourraient exister entre l'astre lunaire et le climat. « Il ne faut pas perdre de vue que les causes des variations atmosphériques Étant très multipliées, il serait fort difficile, peut-être impossible de déterminer celles qu'on attribue au Soleil et à la Lune », assure le physicien. Il reconnaît que la tentation est grande d'appliquer « les lois de l'attraction » qui expliquent les marées, « à la cause des oscillations de l'atmosphère ». Marqué-Victor estime que « la correspondance des mouvements de la lune avec ceux de l'océan, son action combinée avec celle du Soleil, d'accord avec le retour périodique des marais [.] sont autant de faits qui satisfont en apparence, à toutes les conditions du problème ». L'ensemble de ces considérations ne lui « permettent pas de croire que l'action de la lune soit entièrement nulle sur l'atmosphère qui environne le globe187 ».
85Au-delà de l'adhésion à une méthode particulière d'observations météorologiques, les astronomes toulousains tentent de trouver une utilité sociale et économique à leurs recherches climatologiques. Il ne s'agit plus, comme pour les compilations de données recueillies par Lamarck, de brosser un tableau figé des événements atmosphériques, mais au contraire d'inscrire les relevés et les mesures dans des processus dynamiques d'actions et d'applications concrètes.
86Pierre d'Aubuisson soutient que, soigneusement cultivée, l'étude de l'atmosphère fournirait « au gouvernement [...], les documents nécessaires pour connaître si l'intempérie des saisons, qui est l'objet de sa sollicitude est due à la perte des grandes forêts ». Les multiples interactions des phénomènes climatiques avec l'environnement naturel légitiment une plus grande attention portée aux recherches en météorologie.
87L'économie rurale constitue également un domaine de mise en pratique idéal pour une science vouée à suivre les évolutions du climat. D'Aubuisson prétend que la prochaine distinction des différents états de l'atmosphère devrait « fournir les moyens de corriger par des systèmes de culture appropriés, les vices de ceux qui souvent trompent les espérances des cultivateurs188 ».
88Les prétentions affichées par Frédéric Petit sont bien plus importantes encore. Dans un long mémoire, rédigé en 1860, dans lequel l'astronome synthétise près de vingt ans d'examen climatique, il assure, sans parler de prédiction, que « les phénomènes météorologiques sont soumis [.] dans leur ensemble à une certaine périodicité ». Il explique ainsi « qu'à un certain nombre d'années froides ou pluvieuses [.] doivent succéder des années de moins en moins humides, de moins en moins rigoureuses jusqu'à des époques de très grande sécheresse ou de très grande chaleur, à partir desquelles on devra marcher de nouveau graduellement vers d'autres époques de très grande humidité ». Petit fait remarquer qu'une meilleure appréciation de ces rythmes cycliques « serait d'une utilité incontestable », en particulier pour « les agriculteurs [...] [qui] pourraient en tirer parti en modifiant leurs assolements de manière à multiplier les plantes fourragères dans les années humides et à réserver les céréales pour d'autres années ». Le directeur de l'observatoire de la cité garonnaise ne s'arrête pas à la gestion des productions agraires, il rappelle également que « la question des aqueducs », particulièrement « importante pour toutes les grandes villes », doit, elle aussi, « tirer [.] de précieux documents des recherches météorologiques ». Le calcul des dimensions des « conduits souterrains qui doivent servir à l'écoulement de l'eau », ne peut faire l'économie d'une évaluation précise des « masses liquides qui doivent [y] passer » en relevant les « quantités de pluies » dans la région. De la même manière, l'élaboration d'« un système général d'irrigation pour une vaste étendue de pays », doit s'appuyer sur « les quantités de pluie qui tombent moyennement dans ce pays et les limites extrêmes que les quantités peuvent atteindre189 ».
89On mesure donc combien la gamme des applications possibles à la récolte et à la diffusion des données météorologiques est étendue. L'usage social des résultats météorologiques est constamment désigné dès qu'il s'agit de montrer l'intérêt de telles recherches.
90La place de l'analyse climatologique est considérable au sein de l'observatoire, dans la première partie du xixe siècle. Le recrutement de certains directeurs, dont les domaines de compétence sont très proches de la météorologie, renforce l'intégration de cette science au sein de l'observatoire. Marqué-Victor, nommé en 1825, et Pierre-Adolphe Daguin en 1866, sont tous les deux physiciens et étudient déjà, avant même leur prise de fonction, les phénomènes climatiques. Le premier prétend en 1824 que l'établissement toulousain ne peut « être que secondaire en astronomie », mais qu'en revanche, il « devait être mis en première ligne sous le rapport météorologique190 ». Le second est appelé à la direction de l'observatoire alors que le maire décide, en attendant d'investir dans d'indispensables réparations, de n'y faire exécuter que « des observations météorologiques191 ».
91Le choix de ces observateurs, dont l'activité est centrée sur l'étude atmosphérique, inverse l'ordre des pratiques au sein de l'institution savante le temps de leurs directions respectives, et impose encore davantage la météorologie dans le domaine de compétence des astronomes.
92Toutefois, d'autres directeurs de l'établissement savant garonnais, pratiquant l'astronomie et la météorologie, refusent fermement d'assimiler les deux activités et prennent soin de montrer en quoi elles sont différentes. Ainsi Frédéric Petit soutient que « la multiplicité, la complication, le peu de stabilité des causes qui produisent ou qui modifient les phénomènes météorologiques, ne permettront sans doute jamais de soumettre ces phénomènes à des lois régulières comme celles de l'astronomie192 ». L'observateur de la cité garonnaise sépare ainsi l'analyse climatique de la science des astres. L'impossibilité d'établir des règles prédictives pour la première ne permet pas de l'assimiler aux modes de recherche de la seconde qui reposent sur la prévision de phénomènes récurrents et cycliques.
93Le magnétisme terrestre intègre lui aussi le corpus des savoirs questionnés par les astronomes toulousains. Le cheminement de ce domaine d'étude illustre à nouveau la perméabilité des observateurs de la cité garonnaise aux fluctuations thématiques qui travaillent la communauté savante française dans la première partie du xixe siècle.
Le magnétisme terrestre : de l'appropriation au désintérêt
94John Cawood a brossé un tableau historique de l'émergence du magnétisme terrestre dans la science française à la fin du xviiie siècle et au début du xixe siècle. L'historien souligne combien l'irruption de la balance de torsion de Charles Coulomb à l'observatoire de Paris et les travaux de Cassini sur la déclinaison de l'aiguille aimantée193 ont structuré dans cette période, les recherches sur le géomagnétisme. Il montre également le rôle décisif du Bureau des Longitudes dans l'introduction du magnétisme terrestre au sein des pratiques de l'observatoire : « The Bureau des Longitudes is an institutional example of the connection of geomagnetism and geophysics in general with the much older science of astronomy. This connection is a point worth pursuing since, in Britain at least, it has been claimed that what at first sight appears to be a revival of Baconianism in the massive data accumulation sciences such as earth-magnetism was merely the influence astronomy as an example194 ». C'est donc dans un contexte savant particulièrement favorable au développement du magnétisme terrestre qu'Alexander von Humboldt arrive à Paris en 1798. Il rencontre l'astronome Jean-Charles de Borda qui le persuade « to make magnestism a priority on the geophysical expedition that he was planning195 ». John Cawood insiste sur l'influence considérable du naturaliste allemand sur les scientifiques français avec lesquels il collabore dans la pratique de l'observation géomagnétique. Biot, Gay-Lussac et surtout Arago, incité par le savant berlinois développent une multitude d'expériences et de mesures magnétiques. John Cawood remarque qu'« Humboldt hoped to learn something of the "laws" of its horary and secular variation. This type of measurement was later to be taken up at the Paris Observatory by Arago196 ». Ainsi, l'établissement astronomique parisien intègre non seulement ce nouveau champ de recherche aux pratiques déployées en son sein, « but from 1817 onwards Arago was reponsible for a massive increase in the measurements made there, and it became the premier magnetic station197 ». Jusqu'en 1835, Humboldt crée en France une véritable « school of science198 », fondée sur la compilation de données et l'accumulation de mesures. Dans ce premier tiers du xixe siècle, les astronomes toulousains incorporent le magnétisme terrestre à leurs pratiques quotidiennes. John Cawood soutient que le « terrestrial magnetism had to envolve in an astronomical context for a variety of practical reasons both internal and external to that discipline ». L'historien assure notamment que les méthodes employées dans l'étude du magnétisme terrestre sont très proches de celles utilisées en astronomie : « The elements and their variations, displayed relatively small changes from place to place and time to time, so that some optical means of determination was needed199. »
95Jacques Vidal et Marqué-Victor dans le premier tiers du xixe siècle, évoquent eux aussi ces liens entre le magnétisme et la science des astres. Ils tentent également de souligner les continuités avec la météorologie. Leurs tactiques discursives visent finalement à montrer une continuité disciplinaire avec les territoires savants qu'ils arpentent quotidiennement.
96Vidal assure dans un mémoire rédigé en 1809, que « la déclinaison de l'aiguille est généralement comprise au nombre des objets qui concernent la météorologie200 ». Quelques années plus tard, Marqué-Victor, alors à la tête de l'observatoire de la cité garonnaise, explique devant l'Académie des sciences que son travail sur « l'aiguille aimantée » n'est qu'une « extension de celui qu['il a] appliqué aux observations météorologiques ». Marqué-Victor rappelle les convictions de Biot sur les influences « que le Soleil, la Lune et les astres exercent [...] sur ces phénomènes, selon leurs positions et leur distance de l'aiguille aimantée201 ». Il inscrit donc le magnétisme terrestre dans une double tradition météorologique et astronomique qui scelle son rattachement aux objets étudiés au sein de l'observatoire.
97Cette main mise des astronomes toulousains de la première partie du xixe siècle sur le magnétisme terrestre ne se limite pas à quelques stratégies discursives, elle s'impose également dans l'élaboration de méthodes spécifiques.
98Le recueillement des données est intimement lié aux questionnements et aux problématiques qui sous-tendent la démarche de chaque observateur.
99En 1796, Vidal écrit à son ami Jean-Baptiste Mercadier, ingénieur en chef du département de l'Ariège. Il lui explique « qu'il serait possible de représenter sur une carte l'état magnétique de la France entière pour une époque déterminée en recueillant des observations de cette espèce faite dans chaque chef-lieu de département202 ». Vidal pense qu'un « tableau de l'état magnétique d'un territoire assez vaste », serait « un objet très satisfaisant203 ». Gilles Palsky a montré comment la cartographie d'inventaire s'oppose à la cartographie thématique. Cette dernière traduit non pas la situation en un lieu, mais « une connaissance à propos de l'espace204 ». Edmund Halley, le premier, a publié, après un long périple sur les mers à la fin du xviie siècle, « une carte [pour l'année 1700] sur laquelle il relie les points de même déclinaison magnétique traçant pour la première fois des lignes isogoniques205 ». Outre la déclinaison, les cartes magnétiques relèvent, à partir du xixe siècle l'inclinaison magnétique et la constante horizontale206. Vidal espère que son correspondant l'aidera à convaincre les autres ingénieurs répartis sur le territoire de l'importance de « cette collection d'observations207 ». Le directeur de l'observatoire souhaite donc, dans un premier temps, établir un bilan statique de la situation magnétique. La cartographie est pour lui le meilleur point de départ de ses recherches et il doit, pour mener à bien son projet, mobiliser de nombreux observateurs en France. On ignore si cette ambitieuse entreprise savante a été mise en œuvre. En 1809, Vidal propose d'aborder la question du magnétisme terrestre selon une nouvelle perspective. Il s'appuie cette fois sur des données recueillies à Paris pendant une très longue période. L'astronome souhaite alors « en soumettre les variations à une règle telle qu'on en put prévoir les circonstances, comme on prévoit celles des éclipses de Soleil et de Lune208 ». Le raisonnement proposé reprend les grandes lignes des pratiques astronomiques héritées du xviiie siècle et toujours en vigueur. Il s'agit, dans la masse des informations accumulées, de repérer des régularités, de les mettre en équations et d'en tirer une loi prédictive, de la même manière que les lois astronomiques permettent de fixer à l'avance le cours des astres. Cette méthode rejoint celle élaborée par François Arago. John Cawood souligne que « from the mass of data produced by his investigation, Arago sought simple laws of variation of the magnetic elements209 ». Le programme esquissé par Marqué-Victor en 1823 n'est guère différent. Le directeur de l'établissement savant écrit qu'il « importe [.] de recueillir avec soin les observations, de multiplier les expériences, de classer les faits pour découvrir et assigner les rapports qui existent entre eux ». Il tente « de connaître les mouvements généraux » de l'aiguille aimantée et s'engage à suivre simultanément la « marche respective de l'inclinaison et de la déclinaison » pour « essayer de découvrir ce qu'il y a de commun dans les loix auxquelles elles sont soumises210 ».
100Vidal et Marqué-Victor ont donc adopté la même méthode dans leur approche du magnétisme terrestre en s'inspirant des pratiques astronomiques. Leurs attitudes respectives à l'égard des spéculations plus conceptuelles permettent de saisir les mutations rapides du champ scientifique français autour du magnétisme dans le premier tiers du xixe siècle.
101Lorsque Vidal s'en empare au tout début du xixe siècle, il s'agit d'un objet d'étude encore peu théorisé, sur lequel il peut donc émettre des hypothèses hardies et audacieuses. L'astronome écrit « que l'on pourrait supposer, pour expliquer la théorie des variations de l'aiguille, qu'il existe dans le sein de la terre, un aimant soixante-quatre fois moins gros qu'elle, presque à son centre, mais sensiblement à côté, et doué d'un mouvement par lequel ses pôles décrivent uniformément des cercles, dont ils parcourent la circonférence entière dans quatre siècles et demi211 ». Cette proposition est en fait très proche de celle formulée par Humphry Davy en 1808, qui soutient que les courants électromagnétiques parcourant le globe terrestre proviennent d'un noyau métallique central212.
102Une vingtaine d'années plus tard, les expériences de Biot et Gay-Lussac213, menées entre-temps, sont une référence incontournable que Marqué-Victor s'empresse de citer dans « sa notice sur l'aiguille aimantée ». Les deux physiciens ont montré, lors d'une expédition en aérostat, « que l'intensité de l'action magnétique s'éloigne de la surface de la terre ». Il est donc probable, selon l'astronome toulousain, « que cette diminution soit la loi générale des attractions magnétiques, c'est à dire la raison inverse du carré de la distance : elle doit aussi s'étendre indéfiniment dans l'espace ». Marqué-Victor propose, dans la continuité de ces expériences, d'affiner la comparaison entre les variations journalières de la déclinaison magnétique à Paris et celles observées à Toulouse. Dans la capitale « le maximum de déclinaison diurne paroit avoir lieu de midi à trois heures ». L'aiguille, redevenue immobile, « se remet ensuite en mouvement pour se rapprocher du méridien terrestre jusque vers les 8 h du soir et se rétablit à peu près stationnaire pendant la nuit ». Le directeur de l'observatoire remarque en examinant ses propres mesures faites dans la cité garonnaise « que le mouvement général se rapporte assez exactement à celui qui est observé à Paris, [et] que le maximum de déclinaison diurne, se manifeste avant trois heures du soir214 ».
103Jusqu'en 1830, les hypothèses théoriques développées par les astronomes toulousains Vidal et Marqué-Victor dans le domaine du magnétisme terrestre témoignent de l'incontestable vigueur de ce champ de recherche dans la science française.
104Le départ d'Humboldt pour l'Allemagne en 1827, marque le déclin des études géomagnétiques à Paris mais aussi en province. Friedrich Gauss « at the meeting of the Gesellschaft Deutscher Naturforscher und Aertze [...]strenghtenedhis interest in terrestrial magnetism215 ». Gauss établit, avec le physicien allemand Weber, une vaste « Magnetische Verein216 », qui met en œuvre des campagnes d'observations simultanées, qui combinent « the organisation of magnetic observations with apowerful theoretical framework of interpretation217 ». M. Dorriës a mis en évidence entre 1836 et 1840, un transfert de savoir-faire entre l'Allemagne et l'Angleterre dans le domaine des mesures géomagnétiques218. John Cawood, quant à lui, souligne le rôle prépondérant des savants britanniques comme Edward Sabine, Humphrey Lloyd et John Herschel, au sein de la British Association for the Advancement of Science, pour l'analyse du magnétisme terrestre outre-Manche219. Les savants français ne participent à aucune de ces campagnes d'observations magnétiques et sont exclus de ce renouvellement méthodologique privilégiant des observations de précision plutôt qu'une étude globale des composantes magnétiques. Fabien Locher voit dans ce retrait « un signe de dépit : l'Observatoire [de Paris] va en effet perdre, dans ces années 1835-1840, le leadership qui était le sien dans le champ magnétique terrestre depuis 1810220 ». Après le départ d'Humboldt en 1828, Arago se désintéresse de ce secteur d'étude et l'établissement astronomique toulousain dirigé par un de ses élèves à partir de 1839, suit globalement ce mouvement général de reflux en ce qui concerne les analyses géomagnétiques.
105Frédéric Petit ne tente pas de souligner une éventuelle continuité entre ses travaux astronomiques ou météorologiques et les recherches magnétiques qu'il mène. Il assure, dans un mémoire publié en 1862, que « des demandes » lui sont « adressées journellement sur la déclinaison et sur l'inclinaison magnétiques à l'Observatoire de Toulouse » et que « plusieurs publications périodiques (calendriers ou autres) », qui délivrent déjà des données astronomiques et météorologiques élémentaires, font circuler « des valeurs erronées » qui pourraient lui être attribuées à tort. C'est pourquoi il expose « diverses déterminations obtenues à cet égard depuis 1842221 ». Sa principale motivation est donc d'éviter que des informations erronées ne circulent dans la presse toulousaine.
106Les ambitions de Frédéric Petit restent profondément marquées par l'approche humboldtienne qui peut être assimilée à une véritable « passion for data222 », selon l'expression de John Cawood. L'astronome toulousain constitue un large corpus de mesures de l'inclinaison et de la déclinaison magnétiques à l'observatoire de Toulouse, « afin que chacun puisse, au besoin, déduire du rapprochement et de la variation annuelle qui en résulte, soit les interpolations, soit même les extrapolations auxquelles, à défaut de mesures directes, certaines recherches pourraient obliger de recourir223 ».
107Récapitulant l'ensemble des données recueillies entre 1842 et 1862, il remarque une diminution régulière de l'inclinaison magnétique qui s'interrompt entre 1856 et 1858, pour reprendre ensuite. Les résultats qu'obtient Frédéric Petit ne fournissent pas à ses yeux une marche assez régulière, ni une évolution cohérente. Il s'interroge dès 1858 sur ce qui lui semble être une aberration : « la modification annuelle de l'inclinaison magnétique aurait-elle changé de signe depuis 1855 ? Cela ne me paraît guère probable puisqu'un pareil changement n'as pas encore été signalé que je sache par d'autres observateurs224 ». Ce qui trouble le directeur de l'établissement astronomique toulousain, c'est que les résultats ne sont régis par aucune loi discernable et qu'ils défient la régularité attendue. L'astronome se perd en conjectures : il invoque « le voisinage du chemin de fer [...] qui n'est qu'à 500 ou 600 mètres de l'Observatoire », puis de vagues « causes perturbatrices variables225 ». Peu satisfait par ces hypothèses, Petit redouble d'ardeur et entreprend « à la fin de 1861 et au commencement de 1862, un très grand nombre de déterminations nouvelles ». Afin de fournir des résultats plus sûrs, il affine sa méthode de travail et cherche si les perturbations qu'il note ne proviennent pas des « masses considérables de fer qui ont été introduites dernièrement dans les constructions ». Malgré tous ces efforts, il constate « que l'action des fers est peu considérable226 ». L'ancien élève d'Arago consent tout juste à prédire que le mouvement, dans les années à venir, devrait « se manifester [.] par une marche assez lente et croissant graduellement227 ».
108La pratique magnétique de Frédéric Petit reste donc ancrée dans les années 1810-1830 et ignore totalement les recherches menées en Allemagne et en Angleterre depuis le départ d'Humboldt. L'apathie des études géomagnétiques parisiennes décrite par John Cawood, se confirme donc en province. Les astronomes toulousains ont, dans un premier temps, pris part à l'essor de cette nouvelle discipline incorporée aux pratiques de l'observatoire. Puis, après les années 1830, le désintérêt d'Arago pour ce secteur de recherche, désormais aux mains des savants allemands et britanniques, se traduit, pour la cité garonnaise, par un net retrait dans les analyses géomagnétiques, encore sous l'influence d'Humboldt.
109La météorologie comme le magnétisme terrestre font donc leur entrée dans l'espace savant toulousain au début du xixe siècle. L'astronomie et l'étude des phénomènes célestes ne sont plus les seuls sujets de préoccupation des observateurs de la cité garonnaise. De manière plus générale encore, leurs activités quotidiennes diffèrent de celles des astronomes du siècle des Lumières.
Notes de bas de page
1 AMT, 7Z 1B, Hors format, Pierre d'Aubuisson, Registre pour les observations Astronomiques et Météorologique faites à l'observatoire de Toulouse, année 1810 et sous la même cote : Pierre d'Aubuisson, Observations astronomiques et météorologiques faites à Toulouse depuis le 23 décembre 1813.
2 Emmanuel Davoust, « Histoire de l'Observatoire de Toulouse de Jolimont », Pulsar, n° 718, janvier-février 1997, p. 15. Seuls subsistent des fragments de registres.
3 A. Darquier, « Observations astronomiques faites à Toulouse dans les années 1791-1798 », art. cité, p. 394.
4 Ibid., p. 462.
5 Sur la période 1791-1798, on compte 500 observations méridiennes de la Lune, des planètes et du Soleil sur 612 observations au total, soit 81,7 % des travaux effectués.
6 ADHG, 5T 10, Jacques Vidal, Du point de vue sous lequel doit être envisagé un observatoire en particulier celui de Toulouse. Copie d'un document remis au préfet de la Haute-Garonne, 20 février 1803.
7 AAST, 8008812, Pierre d'Aubuisson, Notice sur l'astronomie, lue à l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse le 2 août 1810.
8 AAST, 8008922, Marqué-Victor, Notice sur l'usage d'une lunette parallactique, lue en séance le 22 mai 1823.
9 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, 31 mars 1846.
10 Frédéric Petit, « Détermination de la longueur du pendule à secondes et de l'intensité de la pesanteur à l'Observatoire de Toulouse », Mémoire de l'Académie Nationale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 3e série, T. VI, 1850, p. 166.
11 Jacques Vidal, « Catalogue de 887 étoiles australes observées à Mirepoix, et réduites au 12 nivôse an VII », Connoissance des tems à l'usage des astronomes et des navigateurs pour l'an XI de l'ère de la République, an VIII [1799-1800], p. 264-292.
12 P. d'Aubuisson, « Considérations sur les avantages de l'astronomie », Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. I, 1827, p. 78-79.
13 P. d'Aubuisson, « Notice sur l'astronomie », Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. I, 1827, p. 79-80.
14 P. d'Aubuisson, « Mémoire sur le cercle répétiteur », Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. I, 1827, p. 87-88 et « Notice sur le sextant », Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. I, 1827, p. 88.
15 P. d'Aubuisson, « Mémoires sur les interpolations », Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. I, 1827, p. 86-87.
16 P. d'Aubuisson, « Des moyens les plus avantageux de calculer l'angle horaire par la hauteur des astres », Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. I, 1827, p. 80-82.
17 P d'Aubuisson, « Parmi les différents moyens de déterminer la latitude quels sont ceux qui méritent la préférence », Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. I, 1827, p. 82-84.
18 P. d'Aubuisson, « Examen des moyens les plus avantageux de se procurer la longitude d'un lieu », Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. I, 1827, p. 84-86.
19 F. Petit, « Éclipse de Soleil du 28 juillet 1851 », Compte rendu de l'Académie des Sciences, T. XXXIII, séance du 18 août 1851, p. 201-202.
20 F. Petit, « Observations de l'éclipse du 18 juillet faîtes à Briviesca », Compte rendu de l'Académie des Sciences, T. LI, séance du 10 septembre 1860, p. 389-394.
21 F. Petit, « Réapparition de l'anneau de Saturne. Observations faîtes à Toulouse », ibid., T. XXVIII, séance du 12 février 1849, p. 232-233.
22 F. Petit, « Observations faîtes à Toulouse de la IIe Comète de 1858 », ibid., T. XLVI, séance du 29 mars 1858, p. 608-610.
23 F. Petit, « Sur la IIe Comète de 1861 », Ibid., T. LIII, séance du 18 novembre 1861, p. 902-903.
24 F. Petit, « Tentatives d'observation à Toulouse du passage de Mercure sur le Soleil », ibid., p. 904.
25 F. Petit, « Note sur la position astronomique du nouvel observatoire de Toulouse », ibid., T. XIX, séance du 30 septembre 1844, p. 631-633.
26 F. Petit, « Latitude du nouvel observatoire », Annales de l'Observatoire de Toulouse, T. I, 1863, p. 19.
27 Ibid., p. 20.
28 AN, F17 3763, Lettre d'Alphonse Desplas au Ministre de l'Intérieur le Comte de Montbel.
29 Ibid., Modèle d'une circulaire d'Alphonse Desplas aux préfets, 1er janvier 1830.
30 Ibid., Lettre d'Alphonse Desplas au Ministre de l'Intérieur le Comte de Montbel.
31 AMT, 2D 169, Registre des correspondances du Maire de Toulouse, lettre n° 1016 du Maire de Toulouse à Alexis Bouvard, 30 juillet 1825.
32 ADHG, 5T 10, Lettre du Grand maître de l'Université Impériale de Toulouse au préfet du département de la Haute-Garonne, 5 juillet 1809.
33 AAST, 8008812, Pierre d'Aubuisson, Notice sur l'astronomie, lue en séance le 2 août 1810.
34 AMT, 7Z 1B, Hors format, Pierre d'Aubuisson, Observations astronomiques et météorologiques faîtes à Toulouse depuis le 23 décembre 1813, f° 1.
35 AMT, 7Z 1B, Hors format, Pierre d'Aubuisson, Registre pour les observations Astronomiques et Météorologiques faîtes à l'observatoire de Toulouse, année 1810, f° 169.
36 AMT, 7Z 1B, Hors format, Pierre d'Aubuisson, Observations astronomiques et météorologiques faîtes à Toulouse depuis le 23 décembre 1813, f° 5.
37 AMT, 7Z 1B, Hors format, Pierre d'Aubuisson, Registre pour les observations Astronomiques et Météorologiques faîtes à l'observatoire de Toulouse, année 1810, f° 104.
38 Ibid., f 10.
39 AMT, 7Z 1B, Hors format, Pierre d'Aubuisson, Observations astronomiques et météorologiques faîtes à Toulouse depuis le 23 décembre 1813, f° 28.
40 A. Darquier, Observations astronomiques faîtes à Toulouse dans les années 1791-1798, Paris : Imprimerie de la République, an VIII [1800], p. 1.
41 Sur Duc-La-Chapelle, voir : C. Forestier, « Notice sur Annes-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », Annuaire du Tarn, 1848, p. 1-49 ; Maurice Souleil, Un académicien d'autrefois : l'astronome Duc-Lachapelle, Montauban : G. Forestié, 1910, 16 p. ; Simone Dumont, Solange Grillot, « L'astronomie d'amateur en France de 1789 à 1830. Deux exemples », L'astronomie, juin 1989, p. 277-284.
42 Son troisième volume d'observations astronomiques reprend en exergue les indications de Darquier sur les observations de la Lune : Bibliothèque municipale de Montauban, Duc-La-Chapelle, Observations astronomiques, T. III, 1796-1798, page de garde.
43 Cité par l'Abbé Duc-La-Chapelle, « Notice sur Annes-Jean-Pascal-Chrysostôme Duc-La-Chapelle », art. cité, p. 10.
44 ADHG, 5T 9, Lettre de Pierre d'Aubuisson au préfet de la Haute-Garonne, 28 avril 1810.
45 Ibid., 4 mai 1810.
46 AMT, 1D 37, Registre des délibérations du Conseil Municipal de Toulouse (1817-1821), séance du 5 décembre 1820, f° 434.
47 F Petit, « Untersuchungen über die Bahn einer 6ten Juli 1850, zu Toulouse und Bordeaux beobachteten Feuerkugel nebst Nachrichten über die neue Sternwarte in Toulouse », Astronomische Nachrichten, n° 834, 1853, p. 287.
48 F. Petit, « Schreiben », Astronomische Nachrichten, n° 1134, 1858, p. 88.
49 AMT, 2D 190, Registre des correspondances du Maire de Toulouse (1857-1859), lettre n° 172 du Maire de Toulouse à M. Bergeron, 13 mai 1857.
50 Ibid., lettre n° 173 du Maire de Toulouse à Frédéric Petit, 13 mai 1857.
51 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, 9 avril 1861.
52 AMT, 7Z 1B, Hors format, Pierre d'Aubuisson, Observations astronomiques et météorologiques faîtes à Toulouse depuis le 23 décembre 1813, f° 208.
53 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, 9 avril 1861.
54 Jules Brunhes, « Éloge de M. Daguin », art. cité, p. 59.
55 Annuaire de la Haute-Garonne, année 1869, Toulouse, 1869, p. 245 et Annuaire de la Haute-Garonne, année 1870. Toulouse, 1870, p. 247.
56 Marqué-Victor, « Thermomètre », Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. I, 1827, p. 121.
57 ADHG, 5T 10, Lettre du Ministre de l'Intérieur au Maire de Toulouse, 9 décembre 1814.
58 F. Petit, « Détermination de la latitude du nouvel observatoire de Toulouse et de l'influence que la chaîne des Pyrénées exerce sur cet élément », Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 3e série, T. II, 1847, p. 258.
59 A. Darquier, Observations astronomiques faîtes à Toulouse, op. cit., p. xi.
60 J. Vidal, « Extrait des observations faîtes à l'Observatoire national de Toulouse en Thermidor an VIII, où se trouvent la digression de Mercure aphélie, et la conjonction supérieure de Vénus », Connoissance des tems à l'usage des astronomes et des navigateurs pour l'an XI de l'ère de la République française, an IX, p. 462-464 ; J. Vidal, « Observations de Mercure à Toulouse », Connoissance des tems à l'usage des astronomes et des navigateurs pour l'an IV de l'ère de la République française, 1795, p. 199-200 ; J. Vidal, « Observations de Mercure faîtes à Mirepoix », Connoissance des tems à l'usage des astronomes et des navigateurs pour l'an X de l'ère de la République française, an VII, p. 329-332 ; J. Vidal, « Observations de Mercure faîtes à Mirepoix, première période dans le cours de l'année VI », Connoissance des tems à l'usage des astronomes et des navigateurs pour l'an X de l'ère de la République française, an VII, p. 352-360 ; J. Vidal, « Observations de Mercure faîtes à Toulouse », Connoissance des tems à l'usage des astronomes et des navigateurs pour l'an VI de l'ère de la République française, an VII [1797], p. 367-369 ; J. Vidal, « Observations de Mercure faîtes à Mirepoix, dans les mois de Mars, Avril, et Mai 1797 », Connoissance des tems à l'usage des astronomes et des navigateurs pour l'an VIII de l'ère de la République française, p. 357-360 ; J. Vidal, « Observations de Mercure faîtes à Mirepoix », Connoissance des tems à l'usage des astronomes et des navigateurs pour l'an X de l'ère de la République française, p. 329-332 ; J. Vidal, « Observations de Mercure faîtes à Toulouse », Connoissance des tems à l'usage des astronomes et des navigateurs pour l'an XIV de l'ère de la République française, p. 378.
61 J. Vidal, « Observations de Mercure faîtes à Mirepoix, première période dans le cours de l'année VI », art. cité, p. 360.
62 J. Lalande, Bibliographie astronomique, op. cit., p. 800.
63 Ibid., p. 829.
64 J. Vidal, « Observations de Mercure faîtes à Mirepoix, première période dans le cours de l'année VI », art. cité, p. 360.
65 Ibid., p. 369. C'est finalement Johan Hieronymous Schröter (1745-1816) qui détermina peu après la durée de rotation qui est de 58,6 jours terrestres. Voir G. Bigourdan, « Histoire de l'astronomie à Toulouse de l'origine à la fondation de l'observatoire actuel », art. cité, p. A 19.
66 « Éloge de Jacques Vidal », Histoire et Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. I, 1827, p. 296.
67 J. Lalande, Bibliographie astronomique, op. cit., p. 829.
68 « Éloge de Jacques Vidal », art. cité, p. 296.
69 G. Bigourdan, « Histoire de l'astronomie à Toulouse de l'origine à la fondation de l'observatoire actuel », art. cité, p. A 20.
70 Pamela O. Long, « Invention, Authorship, "Intellectual Property", and the Origin of Patents : Notes toward a Conceptual History », Technology and Culture, vol. 32 (4), 1991, p. 879.
71 Sur les météores et les bolides, voir David W. Hughes, « The history of meteors and meteor showers », Vistas in Astronomy, vol. 26, part. 4, 1982, p. 325-345.
72 Wilhelm Olbers (1758-1840). Cet astronome allemand est notamment l'auteur d'une méthode destinée à calculer des orbites de comètes.
73 Originaire de Salem, Nathaniel Bowditch (1773-1838) s'est illustré par l'étude d'une météorite tombée le 14 décembre 1807 dans le Connecticut.
74 Alphonse Quételet (1796-1874) fonde l'observatoire de Bruxelles en 1828, dont il devient le directeur. Il a proposé de nombreux mémoires sur les étoiles filantes.
75 F. Petit, « Méthode pour déterminer la parallaxe et le mouvement des bolides », Mémoires de l'Académie Nationale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 3e série, T. V, 1849, p. 53.
76 Ibid., p. 54. L'astronome allemand Palon von Bogulawsky (1781-1851) a publié de nombreux travaux sur les météorites en affirmant que leur origine était cosmique et non terrestre.
77 Ibid., p. 54-55.
78 F. Locher, Le Nombre et le Temps, op. cit., f° 141.
79 Ibid., f° 142.
80 F. Petit, « Méthode pour déterminer la parallaxe et le mouvement des bolides », art. cité, p. 55.
81 F. Locher, Le Nombre et le Temps, op. cit., f° 141.
82 F. Petit, « Méthode pour déterminer la parallaxe et le mouvement des bolides », art. cité, p. 53
83 F. Petit, « Mémoire sur le bolide du 27 octobre et sur une conséquence remarquable qui paraît résulter de son apparition », Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 3e série, T. I, 1844, p. 303.
84 F. Petit, « Notes sur un bolide observé le 2 avril 1852 », Compte Rendu de l'Académie des Sciences, T. XXXV, séance du 8 novembre 1852, p. 679.
85 F. Petit, « Notice sur un bolide observé le 19 août 1847 à Paris, et à la Chapelle près Dieppe », Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 3e série, T. IV, 1848, p. 103.
86 Quételet procède de la même façon pour constituer son catalogue exhaustif (F. Locher, Le Nombre et le Temps, op. cit., f 142).
87 F. Petit, « Sur la parallaxe de quelques nouveaux bolides », Compte Rendu de l'Académie des Sciences, T. XIX, séance du 21 octobre 1844, p. 783.
88 F. Petit, « Note sur le bolide du 29 octobre 1857 », Compte Rendu de l'Académie des Sciences, T. XLVIII, séance du 10 janvier 1859, p. 92.
89 Ibid., p. 91-92.
90 Daniel Raichvarg, Jean Jacques, Savants et ignorants. Une histoire de la vulgarisation des sciences, Paris : Le Seuil, 2003, Points Sciences, p. 72-74.
91 F. Petit, « Notice sur un bolide observé le 19 août 1847 à Paris, et à la Chapelle près Dieppe », art. cité, p. 108.
92 F. Petit, « Sur la hauteur et la vitesse du météore lumineux du 3 juin 1842 », Compte Rendu de l'Académie des Sciences, T. XVI, séance du 27 février 1843, p. 486.
93 AOP, Z 122, Frédéric Petit, Observation de l'éclipse du 8 juillet [1842], Montpellier, f ? 14-15.
94 F Petit, « Observation de deux bolides faites à Toulouse le 6 et le 8 juillet 1850 », Compte Rendu de l'Académie des Sciences, T. XXXI, séance du 22 juillet 1850, p. 74.
95 F. Petit, « Sur la parallaxe de quelques nouveaux bolides », art. cité, p. 783.
96 F. Petit, « Parallaxes et vitesses de deux nouveaux bolides », Compte Rendu de l'Académie des Sciences, T. LIV, séance du 13 janvier 1862, p. 111.
97 F. Petit, « Mémoire sur le bolide du 5 juin 1850 », Mémoires de l'Académie Impériale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 4e série, T. III, 1853, p. 327.
98 F. Petit, « Mémoire sur la parallaxe et le mouvement du bolide du 6 juillet 1850 », Mémoire de l'Académie Nationale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 4e série, T. II, 1850, p. 80.
99 F. Petit, « Sur la hauteur du météore du 9 juin 1841 », Compte Rendu à l'Académie des Sciences, T. XIV, séance du 24 janvier 18842, p. 157.
100 F. Petit, « Mémoire sur le bolide du 5 juin 1850 », art. cité, p. 327.
101 F. Petit, « Méthode pour déterminer la parallaxe et le mouvement des bolides », art. cité, p. 64.
102 F. Petit, « Mémoire sur le bolide du 5 juin 1850 », art. cité, p. 327.
103 A. Gatien-Arnoult, « Éloge de M. Frédéric Petit », art. cité, p. 655.
104 F. Petit, « Sur le bolide du 21 mars 1846, et sur les conséquences qui semblerait devoir résulter de son apparition », Compte Rendu de l'Académie des Sciences, T. XXIII, séance du 12 octobre 1846, p. 704.
105 Ibid., p. 705.
106 Ibid., p. 706-707.
107 F. Petit, « Mémoire sur le bolide du 27 octobre et sur une conséquence remarquable qui paraît résulter de son apparition », art. cité, p. 308.
108 Ibid., p. 308-309.
109 Ibid., p. 309.
110 F. Petit, « Note sur les bolides du 24 décembre 1850 et du 2 avril 1843 », Mémoires de l'Académie Impériale de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 4e série, T. V, 1955 p. 135.
111 F. Petit, « Mémoire sur le bolide du 27 octobre et sur une conséquence remarquable qui paraît résulter de son apparition », art. cité, p. 304-305. Petit assure qu'il conviendrait d'effectuer une « analyse chimique » des aérolithes qui fournirait « des renseignements sur la matière même des régions stellaires » (ibid., p. 305).
112 F Petit, « Recherches analytiques pour la trajectoire et la parallaxe des bolides », Compte rendu de l'Académie des Sciences, T. XXXII, séance du 7 avril 1851, p. 490.
113 F. Petit, « Parallaxes et vitesse de deux nouveaux bolides », Compte Rendu de l'Académie des Sciences, T. LIV, séance du 13 janvier 1862, p. 111.
114 F Petit, « Note sur les rapports qui existent entre les époques des apparitions d'étoiles filantes et les températures terrestres observées à Toulouse », Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 3e série, T. II, 1846, p. 47.
115 F. Locher, Le Nombre et le Temps, op. cit., f° 143.
116 F. Petit, « Mémoire sur le bolide du 27 octobre et sur une conséquence remarquable qui paraît résulter de son apparition », art. cité, p. 305.
117 AMT, 4D 95, Lettre de Frédéric Petit au Maire de Toulouse, 13 mai 1839.
118 Alfred Fierro, Histoire de la météorologie, Paris : Denoël, 1991, Mutations, p. 83.
119 Les différents observatoires toulousains du xviiie siècle n'ont pas été associés aux relevés météorologiques engagés par les sociétés d'agriculture et de médecine qui relèvent « d'une collecte mixte, à la fois "savante" et para-étatique » (F. Locher, Le Nombre et le Temps, op. cit., f° 48).
120 Yves Delange, « Les phénomènes de l'atmosphère et la météorologie de Lamarck », in Goulven Laurent (dir.), Jean-Baptiste Lamarck 1744-1829, Paris : Éditions du CTHS, 1997, p. 125.
121 Ibid., p. 127.
122 Jean-Baptiste Lamarck, Annuaire météorologique pour l'an X de l'ère de la République française, cité par Yves Delange, Jean-Baptiste Lamarck. Biographie, Paris : Actes Sud, 2002, p. 139.
123 Marie-Noëlle Bourguet, Déchiffrer la France. La statistique départementale à l'époque napoléonienne, Paris : Éditions des archives contemporaines, 1988, Ordres sociaux, 476 p.
124 Ibid., p. 68.
125 Ibid., p. 88-106.
126 Ibid., p. 71.
127 F. Locher, Le Nombre et le Temps, op. cit., f 48.
128 Ibid., f 49.
129 M.-N. Bourguet, Déchiffrer la France, op. cit., p. 104.
130 J.-B. Lamarck, Annuaire météorologique pour l'an X de l'ère de la République française, cité par Yves Delange, op. cit., p. 139.
131 A. Fierro, Histoire de la météorologie, op. cit., p. 94.
132 Ibid., p. 93.
133 Marie-Noëlle Bourguet a pourtant indiqué que « pour chacune des grandes rubriques de son enquête, Chaptal désigne un groupe d'informateurs ou de collaborateurs particuliers [...]. L'appel, tout d'abord, aux professeurs et aux érudits, aux sociétés agricoles et savantes, renoue avec la tradition du siècle précédent, celle des concours académiques provinciaux [...]. Plus spécialisé, mais fidèle encore à l'esprit des Lumières, vient ensuite l'appel à quelques professions — médecins et physiciens, par exemple, comme aussi les ingénieurs des Ponts-et-Chaussées : il s'agit, là, d'utiliser les compétences techniques, acquises dans l'exercice d'un métier » (M.-N. Bourguet, Déchiffrer la France, op. cit., p. 175-176). Les archives que nous avons dépouillées ne montrent pas que Vidal ait participé à la statistique départementale.
134 ADHG, 5T 10, Lettre de Jean-Baptiste Lamarck à Jacques Vidal, 26 nivôse an XI [13 janvier 1802].
135 ADHG, 1L 1021 34-35, Lettre du Ministre de l'Intérieur au préfet de la Haute-Garonne, 29 vendémiaire an XI.
136 ADHG, 5T 6, Lettre de Jacques Vidal au préfet de la Haute-Garonne, 8 germinal an XI.
137 ADHG, 5T 10, Lettre de Jacques Vidal au préfet de la Haute-Garonne, 26 mars 1808.
138 ADHG, 5T 6, Jean-Baptiste Lamarck, Modèle de tableau météorologique, an X.
139 F. Locher, Le Nombre et le Temps, op. cit., f° 51.
140 M.-N. Bourguet, Déchiffrer la France, op. cit., p. 85.
141 ADHG, 5T 6, Jean-Baptiste Lamarck, Modèle de tableau météorologique, an X.
142 ADGH, 5T 6, Lettre de Jacques Vidal au préfet de la Haute-Garonne, 10 floréal an X.
143 Ibid., 1er nivôse an XI.
144 ADHG, 5T 8, Minute de la préfecture de la Haute-Garonne, 14 avril 1809.
145 Ibid., Compte rendu de la préfecture de la Haute-Garonne, 1808.
146 F. Locher, Le Nombre et le Temps, op. cit., f° 49.
147 Ibid., f° 40.
148 Voir : Jean Meyer, « L'enquête de l'Académie de médecine sur les épidémies 1774-1794 », Annales E.S.C., 21e année, juillet-août 1966, p. 729-749.
149 F. Locher, Le Nombre et le Temps, op. cit., f 49.
150 ADHG, 5T 6, Lettre de Jacques Vidal au préfet de la Haute-Garonne, 10 germinal an XII.
151 ADHG, 5T 8, Lettre du Ministre de l'Intérieur au préfet de la Haute-Garonne, 25 juin 1806.
152 Ibid., Lettre du Directeur de la Statistique de l'Empire au préfet de la Haute-Garonne, 24 août 1809.
153 Alain Desrosières, La politique des grands nombres. Histoire de la raison statistique, Paris : La Découverte, 2000, p. 46-47.
154 Ibid., p. 48.
155 Ibid., p. 45.
156 AMT, 2R 5, Procès verbaux des séances de la Société académique connue sous le nom de Lycée et d'Athénée de Toulouse, 1797-1806, séance du 16 nivôse an XI, f° 200.
157 ADHG, 5T 8, Minute de la préfecture de la Haute-Garonne, 2 septembre 1809.
158 ADHG, 5T 9, Copie d'une lettre du préfet de la Haute-Garonne à Pierre d'Aubuisson, 27 avril 1810.
159 ADHG, 5T 9, Lettre de Louis-Joseph Gay-Lussac au Ministre de l'Intérieur, s.d. [1810]. Sur les travaux météorologiques de Gay-Lussac, voir : Maurice Crosland, Gay-Lussac. Savant et bourgeois, Paris : Belin, 1991, Un savant, une époque, p. 184-185.
160 F. Locher, Le Nombre et le Temps, op. cit., f° 54. Louis Cotte, Traité de météorologie, Paris : Imprimerie Royale, 1774, p. 517-572.
161 Ibid., p. 56-57.
162 La dernière lettre que nous avons pu repérer concernant l'envoi de « tableaux météorologiques » est datée du 4 août 1812 (ADHG, 5T 9, Lettre de d'Aubuisson au préfet de la Haute-Garonne, 4 août 1812). Alfred Fierro assure que « le service de statistique météorologique » est « supprimé dès 1809 » (A. Fierro, Histoire de la météorologie, op. cit., p. 94-95). Il est possible que les départements aient pendant une courte durée, poursuivi l'entreprise engagée initialement par le ministre de l'Intérieur.
163 F. Locher, Le Nombre et le Temps, op. cit., f°58.
164 T. S. Feldmann, « Applied Mathematics and Quantification of Experimental Physics. The example of barometric hypsometry », Historical Studies in the Physical Science, vol. 15, n° 2, 1985, p. 127-197.
165 F. Locher, Le Nombre et le Temps, op. cit., ff° 58-59.
166 Ibid., p. 59.
167 Ibid., p. 60. Voir : Louis François Ramon de Carbonnières, Mémoires sur la formule barométrique de la Mécanique céleste, et les dispositions de l'atmosphère qui en modifient les propriétés, Clermont-Ferrand : Landriot, 1811, p. 163-262.
168 Ibid., p. 61.
169 Ibid., p. 68.
170 Pierre d'Aubuisson, « Météorologie », Journal des propriétaires ruraux pour le Midi de la France, T. XIX, 1823, p. 194-195.
171 Ibid., p. 195.
172 F. Locher, Le Nombre et le Temps, op. cit., f° 64.
173 Ibid., f 74.
174 Pierre d'Aubuisson, « Météorologie », art. cité, p. 194.
175 Ibid., p. 194.
176 AAST, 8006433, Marqué-Victor, Observations sur la météorologie, lues en séance le 8 juin 1809. À cette date, Marqué-Victor semble ignorer le réseau mis en place par Lamarck.
177 Ibid.
178 A. Fierro, Histoire de la météorologie, op. cit., p. 125.
179 Mémoires de l'Académie Impériale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, Bulletin des séances, 6e série, T. I, 1863, p. 597.
180 Ibid., p. 597-598.
181 F. Locher, Le Nombre et le Temps, op. cit., f° 126.
182 Ibid., f° 74.
183 Pierre D'Aubuisson, « Météorologie », art. cité, p. 193.
184 Ulysse Lala, « L'enseignement supérieur de la physique à Toulouse pendant un demi-siècle (1832-1882) », art. cité, p. 300-301.
185 Pierre Simon Laplace, Mécanique céleste, T. IV, Paris : Imprimerie Crapelet, 1805, p. 310-314.
186 F. Locher, Le Nombre et le Temps, op. cit., f° 66.
187 AAST, 8006433, Marqué-Victor, Observations sur la météorologie, lues en séance le 8 juin 1809.
188 P. d'Aubuisson, « Météorologie », art. cité, p. 192.
189 AMT, 7Z 233, Frédéric Petit, Résultats principaux des observations météorologiques faîtes à l'Observatoire de Toulouse, de 1839 à 1860 inclusivement, s.d. [1860].
190 Marqué-Victor, « Restauration de l'Observatoire », Histoire et Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. II, 1830, p. 37.
191 J. Brunhes, « Éloge de M. Daguin », art. cité, p. 59.
192 F. Petit, « Note sur les observations météorologiques faîtes à l'Observatoire de Toulouse », Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 3e série, T. III, 1847, p. 39.
193 John Cawood, « Terrestrial Magnetism and the Development of International Collaboration in the Early Nineteenth Century », Annals of Science, vol. 34, n° 6, novembre 1977, p. 555-556.
194 Ibid., p. 558.
195 Ibid., p. 560.
196 Ibid., p. 565.
197 Ibid., p. 576.
198 Ibid., p. 586.
199 Ibid., p. 559.
200 ADHG, 5T 8, Jacques Vidal, Hypothèse géométrique qui soumet au calcul les variations de l'aiguille aimantée qui ont lieu à Paris, 1809. Vidal a publié une partie de ses recherches dans le Journal du département des Bouches-du-Rhône. L'astronome toulousain a également laissé un « Mémoire sur une manière d'observer la déclinaison de l'aimant, en tenant compte de la variation diurne », Histoire & Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. I, 1827, p. 134-136. Nous nous appuyons sur le texte rédigé en 1809, au dos d'une feuille récapitulative d'observations météorologiques.
201 AAST, 8006434, Marqué-Victor, Notices sur l'aiguille aimantée, lue en séance le 9 janvier 1823.
202 Lettre de Jacques Vidal à Jean-Baptiste Mercadier datée du 14 prairial an IV (4 juin 1796), citée par E. Paloque, « Quelques lettres inédites de l'astronome toulousain Vidal », Annales de l'Observatoire et météorologique de Toulouse, 2e série, T. XV, 1941, p. 288.
203 Lettre de Jacques Vidal à Jean-Baptiste Mercadier datée du 12 pluviôse an V (1er février 1797), ibid., p. 289.
204 Gilles Palsky, Des chiffres et des cartes : naissance et développement de la cartographie quantitative française au xix esiècle, Paris : CTHS, 1996, p. 33.
205 Patricia Radelet De Grave, « Les mathématiques au secours d'une résolution magnétique de la longitude », in Vincent Jullien (dir.), Le calcul des longitudes. Un enjeu pour les mathématiques, l'astronomie, la mesure du temps et la navigation, Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2002, p. 213. Voir également Edmund Halley, « A theory of the variation of the Magnetic Compass by the most Ingenious M. Edmund Halley », Philosophical Transactions, vol. XIV, 1683, p. 197.
206 Voir J. Cawood, « The Magnetic Crusade : Science and Politics in Early Victorian Britain », ISIS, vol. 70, n° 254, décembre 1979, p. 495 infra.
207 Lettre de Jacques Vidal à Jean-Baptiste Mercadier datée du 14 prairial an IV (4 juin 1796), ibid., p. 288.
208 ADHG, 5T 8, J. Vidal, Hypothèse géométrique qui soumet au calcul les variations de l'aiguille aimantée qui ont lieu à Paris, 1809.
209 J. Cawood, « Terrestrial Magnetism and the Development of international Collaboration in the Early Nineteenth Century », art. cité, p. 576.
210 AAST, 8006434, Marqué-Victor, Notice sur l'aiguille aimantée, lue en séance le 9 janvier 1823.
211 J. Vidal, « Mémoire sur une manière d'observer exactement la déclinaison de l'aimant en tenant compte de la variation diurne », Histoire & Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, T. i, 1827, p. 136.
212 Humphry Davy, « On some new phenomena of chemical changes produced by electricity », Philosophical Transactions of the Royal Society of London, vol. 98, 1808, p. 1-44.
213 Voir Jean-Baptiste Biot, Alexander von Humboldt, « Sur les variations du magnétisme terrestre à différentes latitudes », Journal de Physique, Chimie, Histoire Naturelle et Arts, T. LIX, 1804, p. 429-450, et Louis Joseph Gay-Lussac, Alexander von Humboldt, « Observations sur l'intensité et l'inclinaison des forces magnétiques faîtes en France, en Suisse, en Italie et en Allemagne », Mémoires de la Société d'Arcueil, T. i, 1807, p. 1-22.
214 AAST, 8006434, Marqué-Victor, Notice sur l'aiguille aimantée, lue en séance le 9 janvier 1823.
215 J. Cawood, « Terrestrial Magnetism and the Development of international Collaboration in the Early Nineteenth Century », art. cité, p. 583.
216 G. D. Garland, « The contributions of Carl Friedrich Gauss to geomagnetism », Historia mathematica, vol. 8, n° 1, 1979, p. 5-29.
217 J. Cawood, « Terrestrial Magnetism and the Development of international Collaboration in the Early Nineteenth Century », art. cité, p. 584.
218 M. Dorriës, « La standardisation de la balance de torsion dans les projets européens le magnétisme terrestre », in C. Blondel, M. Dorriës, Restaging Coulomb : usages, controverses et réplications autour de la balance de torsion, Florence : L.S. Olschki, 1994, p. 121-150.
219 J. Cawood, « The Magnetic Crusade : Science and Politics in Early Victorian Britain », art. cité, p. 493-518.
220 F Locher, Le Nombre et le Temps, op. cit., f° 121.
221 F. Petit, « Notes sur le décroissement annuel de l'inclinaison et de la déclinaison magnétiques à l'Observatoire de Toulouse », Mémoires de l'Académie Impériales des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 5e série, T. VI, 1862, p. 43.
222 J. Cawood, « Terrestrial Magnetism and the Development of International Collaboration in the Early Nineteenth Century », art. cité, p. 586.
223 F. Petit, « Notes sur le décroissement annuel de l'inclinaison et de la déclinaison magnétiques à l'Observatoire de Toulouse », art. cité, p. 43.
224 F. Petit, « Note sur l'inclinaison et la déclinaison magnétiques de l'Observatoire de Toulouse », Compte Rendu de l'Académie des Sciences, séance du 22 février 1858, T. XLVI, p. 396.
225 F. Petit, « Notes sur le décroissement annuel de l'inclinaison et de la déclinaison magnétiques à l'Observatoire de Toulouse », art. cité, p. 45.
226 Ibid., p. 46.
227 Ibid., p. 47.
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