1 « Vengét m’en sui, mais n’i ad traïsun » v. 3778, La Chanson de Roland, éd. Segre C., trad. Tyssens M., glossaire par Guidot B., Genève, Droz, 2003 (TLF 968).
2 Martin J.-P., Lignereux M., La Chanson de Roland, Neuilly, Atlande, 2003, p. 107. Voir aussi Vallecalle J.-Cl. : « la victoire, seule, dit le droit d’une manière définitive et incontestable ». Messages et ambassades dans l’épopée médiévale française, Paris, H. Champion, 2006 (NBMA 82), p. 302. Les doutes sur la pertinence du verdict sont exceptionnels et mal fondés. Dans Le Bâtard de Bouillon, un personnage estime que si Tancrède a vaincu Eracle qui l’accusait d’avoir empoisonné Godefroy, c’est qu’il était plus fort et plus habile : « Mais Tangrés le vainquit car il estoit plus grant/Et si savoit de guerre ; chius n’en savoit noiant » (v. 6493-6494). Ce soupçon aura des conséquences catastrophiques : l’exécution de Tancrède par la duchesse Ide de Boulogne sera le prélude à la perte de la Terre Sainte. Pour des cas équivoques, voir Cazauran N., « Duels judiciaires dans deux “proses” : le triomphe des parjures dans Ogier le Danois et Meurvin », Romania, 108, 1987, p. 79-96.
3 Aspremont, présentation, édition et traduction par Suard F., Paris, Champion, 2008 (CCMA 23), p. 58. Voir, dans ce volume, l’étude approfondie que Philippe Haugeard consacre à cet épisode.
4 « Icist ne pot plus soufrir l’escremie :/S’il se garirent, ne fu par felonnie,/Mais l’an lor pot torner a couardie./Se vos meïsmes fussiez a l’anvaïe,/S’eüsiez fait ainsi grant estoutie. » (5948-5952).
5 Macaire est un nom usuel de traître (voir Moisan), qui figure aussi dans Florence de Rome. Quant au lignage de Ganelon, il fournit une source inépuisable de traîtres dans les chansons de geste, et notamment dans le petit cycle de Nanteuil (Bérenger, fils de Ganelon, et ses parents dans Aye d’Avignon, Macaire, mari de la sœur de Ganelon et son fils Hervieu dans Gui de Nanteuil). Voir aussi Mauquaret, « ung traïtre puant » (v. 1087, 1438…) dans la Chanson du Chevalier au Cygne et de Godefroid de Bouillon (désormais : CCGB).
6 Sur les possibles raisons qui font de Lausanne un repaire de traîtres, voir Corbellari A., « Lausanne-Genève aller retour : du chat de Lausanne à la chanson d’Aiol », Vox Romanica, 62, 2003, p. 114-126. On notera que Gonbaut est le nom d’un traître dans le Jourdain de Blaye en alexandrins, comme dans Lion de Bourges (Gombaut/Gombert). Ghombaut est aussi le nom d’un des persécuteurs de l’héroïne dans le remaniement du XIVe siècle de Florence de Rome. Il se nommait Clarembaut dans la version du XIIIe siècle, nom déjà perçu comme symptomatique, à en croire Florence (« Par foi, ce dist Florence, tu ais non de larron » v. 4990), sans doute par référence à Clarembaut de Mascon, parent de Ganelon qui aide Pinabel à s’armer dans les versions rimées du Roland (voir Moisan).
7 Voir encore, par exemple, le cas de Garnier dans Lion de Bourges (v. 13505-13537).
8 « Le félon, l’empereur et le paladin : la Chanson de Roland, un “monument” pour la jeunesse ? », Grands textes du Moyen Âge à l’usage des petits, textes réunis par Cazanave C. et Houssais Y., Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2010, p. 52.
9 Butor dans Dieudonné de Hongrie, Macaire dans Florence de Rome, Gaufroi dans Baudouin de Sebourc, Fernagus, puis Melsior dans Theséus de Cologne…
10 CCGB, Belle Hélène, Lion de Bourges, Florent et Octavien. Il s’agit d’une mère adoptive dans Lion de Bourges.
11 Dans le CCGB, Matabrune est brûlée vive, mais Oriant laisse le soin à son fils, Elyas, de prononcer et d’exécuter la sentence.
12 La situation évoque Huon de Bordeaux qui ignore, lui aussi, l’identité de sa victime (« Je ne savoie quel homme avoie ocis », éd. Ruelle P., Bruxelles, 1960, v. 1646 ; « Que je ne soz queil homme j’o[i]ocis », éd. Kibler W., Suard F., Paris v. 1675). Voir, dans ce volume, la contribution de Catherine Jones.
13 Huon de Bordeaux. Version en alexandrins (BN fonds français 1451). Édition partielle [vers1-3020]. Thèse de doctorat de 3e cycle, sous la direction de Rossi M., Aix-en-Provence, université de Provence, 1978, p. lxvi-lxvii.
14 Déjà présente dans Les Chétifs (v. 2476), cette assimilation du texte épique au sermon se retrouve dans la Chanson du Chevalier au Cygne et de Godefroi de Bouillon (v. 12694) et dans Baudouin de Sebourc (v. 4923). Pour l’auteur de cette dernière chanson, E. R. Labande reconnaît le bienfondé de cette prétention : « Quel habile sermonneur ! et comme il sait bien faire concurrence, par l’adroit entrelacement de la farce et de l’édification, aux moines dont c’est le métier de sermonner. » (Étude sur Baudouin de Sebourc, Paris, Droz, 1940, p. 159).
15 Article « péché » de l’Encyclopœdia Universalis (XII, 662).
16 « Et espoir ses peciés encore espanira » (v. 12695).
17 Florence de Rome, Paris, SATF, 2 vol. , 1907-1909, I p. 241, II p. 292. Voir, sur ce texte, la contribution d’Emmanuelle Poulain-Gautret.
18 Il s’agit du frère de Richart de Chaumont, qui remplace ce dernier après sa mort et gagne ainsi son surnom.
19 Voir de même : « Pardonnons l’un a l’autre car qui ne pardonra/Ja Dieux ly tous poissans pardon ne ly fera » (CCGB v. 8533-8534).
20 Texte cité par F. Suard d’après Les faitz et prouesses du noble et vaillant chevalier Jourdain de Blave … Paris, Michel le Noir, 1520 (BnF Rés. Y2 155) : « Le personnage de Charlemagne dans les proses épiques imprimées », Charlemagne et l’épopée romane. Actes du viie congrès international de la Société Rencesvals [Liège 28 août-4 septembre 1976], Paris, Les Belles Lettres [Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’université de Liège, Fascicule ccxxv], 1978, p. 271-280 ; texte cité p. 276.
21 « L’épopée française tardive (XIVe-XVe siècle) », Études de philologie romane et d’histoire littéraire offertes à Jules Horrent, éd. D’Heur J.-M. et Cherubini N., Liège, 1980, p. 449-460.
22 Dans la chanson perdue de Lohier et Malart dont ne subsiste qu’un court fragment, mais qui est connue par une adaptation en prose allemande faite pour la princesse élisabeth de Nassau-Sarrebruck, Lohier est banni par son père, Charlemagne, pour avoir offensé les barons français en séduisant leurs femmes et leurs filles. Dans la suite du récit, les barons se vengeront en attirant le jeune homme dans un guet-apens et en l’émasculant.
23 Coupable d’avoir cru les mensonges de sa mère, l’empereur Othevien décide de renoncer aux « biens mondains » (v. 11910) et de partir « en esseil », mais son épouse, Florimonde, arguant de ce qu’ils ont été unis pour le meilleur et pour le pire (v. 11934), le convainc de la laisser l’accompagner. Même décision de la part de Dieudonné et de Supplante qui se retirent dans un ermitage (Dieudonné de Hongrie, v. 14866-15084). Lion de Bourges se fait ermite après la mort de son épouse, Florantine (v. 26849-26916). Il quittera toutefois sa retraite pour aider ses fils, avant de disparaître à jamais, probablement en Féerie.
24 Même sermon encore, placé cette fois dans la bouche de l’envoyé de Dieu que représente le Blanc Chevalier : « Peschief de luxeure est devant Dieu trop blaméz » (Lion de Bourges, v. 10470). On notera que la confession est rarement mise en scène dans ces chansons, sinon de manière parodique dans Baudouin de Sebourc où le héros, déguisé en moine, confesse son ancienne maîtresse. Tout passe par une relation directe à Dieu ou par le relais de ses émissaires autorisés (ange, Blanc Lion, Blanc Chevalier…).
25 Voir Raventós Barangé A., « L’expiation de la naissance illégitime dans Los siete infantes de Lara et Le Bâtard de Bouillon », Crimes et châtiments dans la chanson de geste, s. la d. de Ribémont B., Paris, Klincksieck, 2008, p. 235-292.
26 Le Dictionnaire de Théologie catholique précise bien que, s’il convient impérativement d’informer le confesseur d’éventuelles circonstances aggravantes ou de celles qui changent la nature du péché (mutantes speciem), les circonstances minuentes sont à tout prendre secondaires et ne doivent être mentionnées que si leur omission peut entraîner une erreur d’appréciation de la part du confesseur (article « [circonstances] aggravantes »).
27 C’est le cas de la perfide Ostrisse dans Les Enfances Garin de Monglane : « Et la mauvaise vielle plaine de traÿson/Ains ne vaut a sa mort oÿr confession,/Ainchois rendy son arme Burgibus et Noiron,/Point n’ot de repentanche. » (v. 5014-5017).