1 Renaud de Montauban », édition critique du manuscrit Douce, éd. J. Thomas, Genève, Droz, « TLF », 1989, v. 272. Nous renverrons désormais au sigle de ce manuscrit, « D ».
2 On reconnaît là l’avertissement de saint Paul, « Celui qui résiste à l’autorité se rebelle contre l’ordre voulu par Dieu », Épître aux Romains, 13, 2.
3 Ses conseillers Simon et Gautier lui rappellent de leurs côtés qu’il tient son fief de Charlemagne et qu’il a le devoir d’auxilium : « estre devez ses hom,/De lui devez tenir » (D, 275-276) ; « Vos devez ses hom estre sanz nule fauseté,/De lui tiens Aigremont et tote s’ireté » (D, 645-646). Son propre frère Aymon déclare à Charles : « […] il est vos liges hon, si vos doit feelté :/De vos doit il tenir trestote s’erité/Et porter vos doit foi et tote loiauté. » (D, 836-838). Nous soulignons.
4 « La Chanson des Quatre fils Aymon », d’après le manuscrit La Vallière, éd. F. Castets, Montpellier, Coulet, 1909 ; réimpr., Genève, Slatkine, 1974. Nous renverrons désormais au sigle de ce manuscrit, « L ».
5 D, 13564-65. Pour une fine étude du mot amor dans un contexte vassalique, voir Haugeard Ph., « Harmonie politique et révolte et : nature fonction de l’amor dans la relation vassalique (Girart de Roussillon, Lancelot en prose) », dans Bien dire et Bien Aprandre, 25, 2007, p. 163-177.
6 « Tant est humilianz Renaus li conbatant » (L, 12889).
7 L, 1407-1440. Cette première scène ne se trouve pas dans le manuscrit Douce, où Beuves, sollicité par Ogier, pense aller faire amende honorable auprès de Charlemagne mais tombe d’emblée dans le guet-apens qui lui coûtera la vie. Cette conduite du récit en D, sans disculper entièrement Charlemagne, présente tout de même l’empereur sous un jour moins noir puisque la réconciliation est restée virtuelle. F. Castets juge cependant cette version « au point de vue moral comme au point de vue féodal […] moins satisfaisante, car l’empereur montre par trop de facilité à se réconcilier avec le meurtrier de son fils », « La Chanson des Quatre fils Aymon », d’après le manuscrit La Vallière, op. cit., note du vers 1701.
8 D, 2080-2127. Contrairement à L, la guerre avec Charlemagne suit ici la mort de Beuves et non celle de Lohier.
9 L, 8918-8956, D, 8521-8549.
10 L, 10906-10951, D, 9988-10042 ; L, 12788-127831, D, 10994-11060 ; L, 14042-14051, D, 12356-12364 ; D, 12817-12822, 12838-12839.
11 L, 12795.
12 L, 12206-122516 ; L, 12853-12866, D, 11061-11112.
13 L, 10197-10225, D, 9413-9433 ; L, 12995-13026 ; L, 14006-14016.
14 L, 11602-11608. En D, les barons proposent juste de surseoir à son exécution (D, 10402-10406).
15 L, 15091-15096.
16 D, 12878-12921. En L, ces derniers pourparlers se font grâce à des intermédiaires (L, 15160 - 15184).
17 L, 8477-8487, 8584-8598, D, 8218-8221, 8285-8293.
18 Outre les interventions réitérées de Roland et Naimes, il y encore celles de Salomon de Bretagne, (D 1171) ou du propre fils de Charlemagne, Charlot (D, 12826-12831).
19 « Et a ses mains croisies el nom de dame Dé » (L, 8926).
20 Voir encore : « A genoillons se mist devant Rollant le ber,/Si haut com Renaud est, li est au pié alez,/Plus de. xx. foiz li bese la jambe et le soller :/« Merci, sire Rollant, aiez de nos pitez ! » (D, 8525-8528) ; « De si haut com il est li est au pié chaüz :/« Merci, sire emperere, por l’amor de Jhesu !/Sire, quer consentez que nos soions voz druz […]./A genoillons estoit Renaud le fiz Aymon/Par devant Karllemaigne le roi de Meleon » (D, 10995-11002) ; « Devant les piez Kallon se vait agenoillier :/« Sire frans emperere, la merci vos en quier ! » (D, 12818-12819) ; « Lors vint a Karllemaigne, au pié li est alez,/Par le pié le saissi si l’avoit acolez./« Sire, dist il, merci, por l’amor Dameldé […] !/Se vostre mautalent nos estoit pardonez :/Vostre home en devendroie plevi et afiez » (D, 9981-9998) ; « Lors se leva Renaud qui ert a genoillon » (D, 12368).
21 Payen J.-Ch., Le motif du repentir dans la littérature médiévame (des origines à 1230) ; Genève, Droz, 1967, p. 196.
22 Voir aussi : « Merci, fait [il], frans rois : guerroier ne ruis mes » (L, 12799) ; « Sire, ce dist Renaus, encor merci criom./Por icel Diex de gloire qui vint à passion/Pardones nos vostre ire, si feres ke frans hom » (L, 14042-14044).
23 Par exemple en D, laisses 237, 238, 239 et 240.
24 « Ne me degne servir », s’est plaint Charlemagne, « Orgueilloz est vers moi et si se fet trop fier,/Car contre Guitequin ne me volt il aidier. » (D, 91-93).
25 « Del vengement de li nos covient a penser » (D, 1643).
26 « Quant en la terre Karles commencent a entrer,/Botent le feu partot si la font alumer,/Iglise ne chapele n’i laissent a verser,/Ocient et confondent quant qu’il puent trover ; » (D, 1657-1660).
27 Ce point est par ailleurs clairement condamné : « Mal a fait l’emperere qui tote France apent,/Qui traïson a faite issi vilainement » (D, 1465-66).
28 Lohier a qualifié Beuves de « Fius a putain, traïtres » (L, 604). Renaud de son côté rappelle l’insulte : « Traïtor m’apela, donc il fist grant outrage/Et quant je l’entendi, tel duel oi et rage/La teste li copai o le brant de Cartage » (D, 1323-25).
29 On le voit bien avec Daire le Roux dans le Roman de Thèbes ou avec Bernier dans Raoul de Cambrai qui, eux, poussent délibérément leur suzerain à ce geste irrémédiable d’exfestucatio de façon à rompre, en toute légalité, le lien vassalique ; sur cet épisode du Roman de Thèbes, voir Ribémont B., « à propos d’un épisode du Roman de Thèbes : la “Dairéide” ou la trahison et le jugement de Daire le Roux », Revue des Langues Romanes, 108, 2008, 2, p. 507, 526.
30 Cinq autres manuscrits corroborent cette version, O : « Quant li rois a oï qu’il le va menachant,/Il hauce son gant destre s’en feri maintenant/Si que le sanc vermel a la terre en descent. » (v. 91-93) ; V : « Sous le nes le fiert Karlle d’un de ses gans parez/Qe le sanc en fila sor le nou del baudrez. » (v. 427-428) ; L : « Il a levé son gant, Renaud feru en a/Si que li sans vermeus a la terre cola. » (v. 234-235) ; N : « Il hauce le poing destre si le fiert abandon » (v. 168) ; C : « Il hauche le puing destre si le fiert abandon » (v. 181). Mais rien de tel dans les manuscrits P, A, Z et M. Cependant, même dans les quatre autres versions où il s’en abstient, le geste est évoqué sous la forme d’une imminence contrecarrée : « A poi que ne vos vois de ma paume doner ! » (D, 2188) ; à moins qu’il ne soit présenté après-coup comme ayant bel et bien été réalisé : « Lors me feri li rois de son gant sor le nés/Si que li sans en fu a la terre volé » (D, 2792-2793). Cf. Thomas J., L’épisode ardennais de « Renaud de Montauban », édition synoptique des versions rimées, Bruges, De Tempel, 1962, t. II et III.
31 On pourrait encore ajouter que lors de son premier serment de fidélité à l’empereur, Renaud s’était donné les moyens juridiques de se disculper en usant d’une conditionnelle restrictive : « Et je vos servirai a ennor et en foi,/Et ja ne troverez nul jor forfet en moi/S’il ne muet devers vos, par la foi que vos doi. » (D, 927-929).
32 « Molt a duré la guerre, li. XX. ans sunt passé », souligne Naimes lors d’une de ses intercessions en faveur de Renaud (L, 10201). Voir aussi D, 11070 : « La guerre a bien duré. XV. anz en.i. tenant. »
33 On sait qu’une nuée providentielle dans tous les sens du terme empêchera le duel de se conclure et de trancher la question une fois pour toutes.
34 Voir également « Ja sevent bien de voir li petit et li grant/Qu’avez tort vers Renaud celui de Montaubant » (D, 11068-11069).
35 Dès le début, Renaud avait clairement exposé sa situation au roi de Gascogne en lui faisant comprendre qu’il lui faudrait peut-être le défendre contre Charlemagne : « Mes nos ne volon mie que vous nos retenez/Se encontre Karlon bien ne nos garandez » (D, 3947-3948).
36 « K’il me vienne socorre, k’il est me [s] liges hom/Et ne prene pa [s] garde à ma grant mesprison (L, 8480-8481).
37 « Se vos onques l’amastes ne sa gente seror,/Que vos le socores, por Deu li glorios./Ne prenes mie garde à sa grant mesprison,/Car Jhesus fu traïs de [J] udas le felon/Puis pardona la mort, et Longis fist pardon/Ki le feri el cors d’une lance à bandon. » (L, 8589-8594). Cf. D, 8291-8293.