L’évocation des formes théâtrales dans la correspondance d’Alain-Fournier
p. 237-254
Texte intégral
1Associer au nom d’Alain-Fournier le théâtre pourrait paraître insolite, tant il est vrai que l’auteur en question évoque immédiatement un roman unique, l’un de ceux les plus vendus au monde, devenu presque un mythe : Le Grand Meaulnes, récit à la fois tragique, policier, merveilleux, pour ne retenir que quelques aspects des multiples lectures qui ont été faites, d’un héros qui vit la quête impossible du retour au premier amour perdu, et plus généralement à l’Enfance, comme il l’avoue lui-même dans sa correspondance1. Cependant cette correspondance, active et passive, montre que la thématique fourniérienne a partie liée avec les formes théâtrales, et cela à plus d’un titre.
2Henri Alban Fournier naît en Sologne, à La-Chapelle-d’Angillon, le 3 octobre 1886, dans un milieu d’instituteurs. Ses études secondaires vont de Paris à Bourges, en passant par l’École navale de Brest, à laquelle il renonce. C’est en hypokhâgne, à Lakanal, qu’il rencontre Jacques Rivière, qui épousera sa sœur Isabelle. L’événement majeur de son existence se produit le 1er juin 1905. Il croise à Paris Yvonne de Quiévrecourt, qu’il suit, qu’il tentera de revoir, mais en vain puisqu’elle se marie l’année suivante. L’Yvonne de Galais du Grand Meaulnes est ainsi en train de naître. Fournier fait un séjour en Angleterre, échoue à Normale en 1907, fait son service militaire de 1907 à 1909, et entre comme chroniqueur littéraire à Paris-Journal en 1910. C’est à cette époque qu’il commence à publier ses poèmes en prose et à rencontrer des écrivains déterminants sur le plan humain et littéraire, notamment Péguy et Marguerite Audoux. Il fait aussi la connaissance de Gide et de Claudel. Le Grand Meaulnes paraît en novembre 1913, alors qu’une liaison avec l’actrice Madame Simone est déjà engagée depuis juin. Il s’agit de Pauline Benda, cousine de Julien Benda, et mariée à Claude Casimir-Périer, le fils de l’ancien président de la République, dont Alain-Fournier est précisément le secrétaire depuis 1912. Alors qu’il a mis en chantier deux œuvres, l’une romanesque (Colombe Blanchet2) et l’autre théâtrale (La Maison dans la forêt3), le romancier est mobilisé le 2 août 1914 et meurt le 22 septembre.
3La partie la plus abondante du corpus épistolaire d’Alain-Fournier est constituée de la correspondance échangée avec son condisciple et ami Jacques Rivière, deux tomes qui rassemblent quelque 1400 pages, rééditées dans la collection blanche4. Moins essentielles pour notre propos sont les Lettres au petit B.5, entendons René Bichet, un normalien qui meurt précocement d’une overdose de morphine en 1912 ; tout comme les lettres à sa famille et à quelques autres6, éditées dès 1986 par Alain Rivière, le neveu, disparu l’an dernier. Il reste un autre ensemble non négligeable, qui est la correspondance, retrouvée en partie, entre Fournier et Madame Simone, éditée par Claude Sicard en 19927. Nous ferons également, au passage, allusion à la correspondance inédite, notamment celle avec marguerite Audoux.
4L’évocation des formes théâtrales dans la correspondance constitue pour les épistoliers, et jacques Rivière et Alain-Fournier en particulier, à la fois un miroir et un tremplin, tout comme ce qui est évoqué de la pièce inachevée d’Alain-Fournier, La Maison dans la forêt. À bien y regarder, c’est toute la correspondance fourniérienne qui apparaît intrinsèquement comme un lieu théâtral par excellence.
L’évocation des formes théâtrales dans la correspondance : un miroir et un tremplin
Un miroir
5Ce que reflète avant tout la correspondance Fournier-Rivière, c’est l’immensité du champ culturel que tous deux partagent. Beaucoup de dramaturges sont cités, discutés, critiqués (citons dans le désordre : Shakespeare, Musset, Hugo, Ibsen, Gorki, Rostand, Lavedan…), mais, pour des raisons d’économie, nous retiendrons les deux auteurs qui tiennent le rôle principal : Maeterlinck (avec Pelléas et Mélisande) et Claudel, surtout dans le premier tome qui correspond à avril 1904-avril 1907 (les allusions et critiques théâtrales sont moins nombreuses, une fois les études terminées, et à une époque où la gestation du Grand Meaulnes et la première guerre mondiale focalisent l’intérêt). On notera que les deux auteurs qui s’imposent dans le premier tome, non seulement font l’objet de discussions passionnées, mais sont une référence constante. Le premier exemple est lié à l’actualité, lorsqu’Alain-Fournier écrit à son condisciple le 24 juin 1906 :
Jaurès me fait invinciblement penser […] au Tribun du peuple de Tête d’Or. Tous ces discours pour reculer l’échéance d’une petite réforme dangereuse et qu’on va escamoter : l’impôt sur le Revenu8.
6Le texte théâtral peut aussi lui-même être cité à des fins adaptées à la situation. C’est ainsi qu’Alain-Fournier, pour dire, le 22 juin 1913, son amour à Madame Simone, qui vient de devenir sa maîtresse, transcrit un passage tiré de la première version du Partage de Midi, où Mesa s’adresse à Ysé :
Comment est-ce qu’il faut vous appeler ! Une mère,
Parce que vous êtes bonne à avoir.
Et une sœur, et je tiens votre bras rond et féminin entre mes doigts.
Et une proie, et je frémis de vous sentir la plus faible, comme un gibier qui plie et que l’on tient par la nuque9.
7L’on peut ainsi parler, sans exagérer, d’une sorte d’innutrition, qui ajoute à la culture l’enthousiasme.
8Tout ce qui s’exprime, en effet, à travers ces références constantes, c’est une véritable adulation, qui peut presque prendre des formes comiques à l’image de ce passage d’une lettre d’Isabelle à son frère, le 26 mai 1908, où elle évoque Jacques Rivière, qu’elle commence à fréquenter (en l’appelant « M. Rivière »), et Guinle, l’un des condisciples :
M. Guinle sortant de chez nous dimanche soir avec M. Rivière le conduit jusque chez lui, et, arrivés, lui dit tout d’un coup : « Rivière, tu n’es pas fatigué ? – Non, pourquoi ? – Tu n’as pas mal au cœur ? – Non – Tu ne souffres pas de la tête ? – Mais pourquoi ? – Assieds-toi. » Monsieur Rivière s’assied, et M. Guinle lui crie, la main sur le bouton de la porte : « On joue Pelléas la semaine prochaine », et il se sauve en courant10.
9Tandis que Rivière écrit à son ami, le 13 avril 1906, que « Claudel est bien plus grand que Dante11 », Fournier écrit à Bichet, le 5 janvier 1907, que l’auteur de L’Otage est « le poète le plus purement et gigantesquement admirable, le chrétien le plus redoutable, le seul peut-être, du moment12 ». Et quelques mois plus tard, le 31 mars, Jacques écrit à Henri : « J’achève de relire Tête d’Or. Il faut que ce soit joué. Nous fonderons un théâtre pour y jouer Claudel, Claudel seul13. » Que ce soit donc sous la plume de Rivière ou de Fournier, cet adjectif seul, souligné par l’épistolier, dit une admiration et une ferveur inconditionnelles qui peuvent aller jusqu’à la communion.
10Le 18 avril 1909, Henri n’écrit-il pas en effet à Jacques :
J’ai écrit aussi une « Communion14 ». Claudel m’influence peut-être. Mais il n’y a pas d’influence dont j’aie moins peur et dont je puisse être plus fier.
L’autre soir, je me suis longtemps répété
… j’ai vu mes sœurs Praxèle et Félicité, j’ai vu ma sœur Cécile avec sa tête à demi coupée,
Enfants mystérieux, vierges prudentes, pleines de gloire et de simplicité15.
11Mais cette correspondance ne fait pas que refléter l’immense culture et l’enthousiasme de deux jeunes khâgneux pour qui la prose poétique de Claudel fait du dramaturge un véritable passeur, voire un prêtre de la littérature. L’ensemble du corpus qui évoque les formes théâtrales, dans la correspondance Fournier-Rivière comme dans les autres, sert également de révélateur à la personnalité des épistoliers.
Un tremplin
12La deuxième lettre écrite par Jacques à Henri laisse ainsi percer, à partir de l’évocation de Pelléas, une certaine image de la femme qui ferait bondir aujourd’hui plus d’une féministe :
J’ai donc vu Yvonne16 hier et je l’ai accompagnée au cours. Elle m’a remis Pelléas […]. J’ai essayé de lui faire sentir en quoi les procédés de Maeterlinck étaient admirablement poétiques et comment aussi sa conception du théâtre se rattachait à ses conceptions philosophiques. J’ai tâché d’être clair et simple et de ne pas pénétrer dans les profondes subtilités de Sagesse et Destinée17 ; je crois m’être fait comprendre. Mais les femmes sont étonnantes. Elles ont des sensations très vives, aussi vives que celles des hommes les plus distingués. Seulement elles n’arrivent pas à démêler d’où leur viennent ces sensations, ni pourquoi elles sont douces ou mélancoliques ou pénibles. […] Je ne sais pas si tu comprends bien ce que je veux dire. C’est un peu subtil ; mais très vrai, je crois, de toutes les femmes. […]
Je trouve qu’un des charmes de la femme c’est cette sorte d’étonnement ravi et presque puéril devant toutes les beautés qui viennent vers elles. […]
[J]e m’amuse à voir cette naïveté de sensations chez une femme très intelligente et très suffisamment instruite. Moi qui ai sur elle la supériorité de connaître beaucoup mieux Maeterlinck et par suite de pouvoir lui expliquer ce qu’il a d’admirable, je me délectais à lui dévoiler peu à peu toutes les raisons pour lesquelles elle aimait Pelléas18.
13Bref, le cerveau féminin, pour peu qu’il ait la chance d’entendre un peu de Pelléas et de provoquer l’émotion, s’arrête inéluctablement à ce stade et ne saurait prolonger ces sentiments ou ces sensations par l’analyse, et par conséquent encore moins par la synthèse… Or, ce constat et ces généralisations, très explicites, cette pseudo-différence entre l’homme et la femme, renvoient à ce qui va apparaître non moins clairement à propos des divergences entre les deux épistoliers. Alain-Fournier, en effet, revendique lui aussi dans cette correspondance, et vis-à-vis de Claudel en particulier, le droit de faire primer la sensation sur l’intellectualisation, voire, implicitement, à demeurer au stade du sensoriel et de l’affectif :
Car je suis fait ainsi : je puis, des années, avoir conçu les idées les plus claires, elles ne sont rien tant que je ne les ai pas senti passer, de mon intellect, à cette partie de moi où les choses sont plus obscures et impossibles à exprimer, sinon par l’énoncé difficile, conçu, surhumain, de tout leur détail19.
14Seule différence avec les femmes, selon les préceptes de son ami Jacques : Alain-Fournier peut et sait analyser. Mais il partage avec la gent féminine cette prédilection pour ce qui est senti et son incapacité endémique à synthétiser. Cet aspect se confirme dans la suite de la même lettre :
Ainsi je ne trouve pas dans Claudel ce plaisir de l’intelligence que tu ressens à y découvrir les idées qui l’ont guidé. Il me semble à moi que ces idées ne sont rien en dehors de la vie qu’elles vivent dans le livre20.
15Et Alain-Fournier d’affirmer que les idées seules sont « froides et mortes comme le souvenir d’un souvenir21 », incompatibles avec la poésie qui, en l’occurrence, le tire et l’écrase…. Et il conclut d’une phrase dont l’évanescence, qui reproduit sa pensée, est accentuée par le noyau verbal à l’infinitif, qui achève le processus de désactualisation : « Donner la pensée telle qu’elle est née avec les plus lointains retentissements de l’âme22 ».
16Dans ce dialogue épistolaire des deux amis, Jacques affermit de même ses positions, et n’hésite pas, parfois, à écrire que c’est lui qui a raison, quitte à apparaître plus ou moins comme un mentor. Il use toutefois souvent de formules saisissantes qui l’exemptent de toute suspicion d’intellectualisme. Tel est le cas lorsqu’il écrit : « Tête d’Or ! Le nom même est symbolique. Le tort essentiel, c’est de croire que Dieu est au-dessus et qu’on ne parvient à lui qu’en quittant la terre23. » Ou encore, un peu plus loin, donnant un éclairage du titre général qu’est L’Arbre : « Qu’est-ce donc que Dieu ? Dieu n’est que la croissance de l’Arbre : il n’est que “le tirement assidu de tout le corps hors de la matière inanimée24.” »
17Si tous deux excellent ainsi dans la formulation – le point commun qui les unit est une belle écriture –, leurs différences fondamentales (peut-être, pour simplifier, celles qui existent entre le romancier-poète et le philosophe) présentent le double avantage de les rendre complémentaires et, par contraste, de confirmer l’attrait particulier d’Alain-Fournier pour une certaine forme de symbolisme.
18Ce symbolisme, à la fois le mouvement transhistorique et l’école de Moréas, circonscrite dans le temps, c’est celui dont les deux condisciples sont baignés, qui, les larmes aux yeux, écoutent à Lakanal leur professeur Francisque Vial leur réciter du Henri de Régnier. C’est cette école qui va donner naissance à la première production d’Alain-Fournier, intitulée Miracles. Mais comme le lui dira Gide à propos de La Partie de plaisir : « Il n’est plus temps d’écrire des poèmes en prose ! » Ce sera alors le long et difficultueux chemin vers Le Grand Meaulnes, dans lequel, comme le lui conseille Péguy, le jeune homme va « prendre terre »… et, tout en continuant de vouloir « connaître l’inconnaissable », va mêler les réalités terrestres aux rêves impossibles, ce en quoi il rejoint le Claudel vu par son ami (« Le tort essentiel, c’est de croire que Dieu est au-dessus et qu’on ne parvient à lui qu’en quittant la terre »).
19Le Grand Meaulnes, à cet égard, a plus d’un point commun avec Pelléas.
20L’importance de la mise en scène y est sensible. Pour se limiter à un exemple, le motif du Pierrot, qui sera présent dans la Fête étrange, l’est déjà, avec ses variations, dans la correspondance. Lorsque, par exemple, Alain-Fournier écrit à sa mère pendant son service militaire, le 23 septembre 1908, il évoque un spectacle où il donne à voir L’Homme qui tombe avec une précision dans les détails que l’on retrouvera cinq ans plus tard dans le roman25. Et, dans une lettre à Jacques Rivière datée du 9 septembre 1911, où Alain-Fournier évoque la note de son ami sur Petrouchka d’Igor Stravinsky, on sent le même attrait pour ce type de spectacle. Là encore, il s’inscrit en faux contre la façon de voir de Rivière :
[J]e ne vois pas du tout certaines choses comme toi. Ni « primesautier », ni « léger », ni « bondissant ». Mais bien plutôt lourd et compliqué et inquiétant. Inextricable et précis comme un rêve, comme les couloirs d’une ville inconnue où l’on s’enfonce la nuit. Et sur la dixième place on retrouve la même parade et le même tambour. Et dans la trentième chambre, une petite angoisse vous saisit. On a peur de ne plus trouver la porte pour sortir. Trois marionnettes entrent alors en crevant les murs et l’on se retrouve dans les coulisses de la Parade : c’est là qu’on apprend enfin la vérité sur la tragique histoire, et les amours mécaniques de Polichinelle26.
21La différence est sensible entre une lecture universitaire et l’approche d’un visionnaire qui a bien su déceler dans la scène de cirque et dans l’art des baladins la dimension cachée qui réapparaîtra dans Le Grand Meaulnes. Vision de poète autant que de romancier, qui évoque aussi bien le Verlaine des Fêtes galantes que l’Apollinaire de l’« arlequin trismégiste ». Dans l’article « Quelques Notes sur le Pierrot dans Le Grand Meaulnes d’Alain-Fournier », Peter Schulmannn montre bien la dimension cachée du motif, et en particulier dans la dernière partie, « Pierrot, symbole de l’imaginaire27 ».
22Mais, outre cet aspect intergénérique, il est d’autres liens avec le théâtre et en particulier avec Pelléas, intimement mêlé à l’étoffe même du Grand Meaulnes. Comme le rappelle Alain Rivière : « [N]’oublions pas que le nom donné lors de sa rencontre, à la jeune fille du Cours-la-Reine, c’est “Mélisande”28. » Il faut donc partir de cette équation, qui se vérifie bien dans la correspondance. Le romancier, en effet, insiste auprès de Bichet, de sa sœur Isabelle et de Jacques sur les liens profonds qui le relient à l’œuvre de Maeterlinck, principalement à travers la confusion, assortie d’angoisse et de douleur, du désir amoureux et du désir de mort. Le dimanche 6 septembre 1908, il écrit au « petit B. » : « Moi seul, je reste, éternel Clitandre, amoureux de ces mortes fanées, avec leur goût fade, dans la bouche, promeneur désolé dans les sentiers de feuilles pourries29. »
23On repense au « Je ne suis pas d’ici, je ne suis pas née là » de Mélisande et, surtout, à la descente du corps d’Yvonne dans les bras de François Seurel : « [S]es cheveux blonds aspirés m’entrent dans la bouche – des cheveux morts qui ont un goût de terre30. » En 1909, le romancier écrivait déjà à Jacques : « Je cherche la clef de ces évasions vers des pays désirés, et c’est peut-être la mort après tout31. »
24Les évocations théâtrales qui apparaissent dans la correspondance fourniérienne révèlent donc une intense communion de pensées, non seulement entre les correspondants, mais encore entre l’épistolier et les dramaturges retenus. Les références théâtrales sont aussi le prétexte à une réflexion qui dépasse la simple allusion en mettant en lumière les deux états d’esprit presque opposés, mais en tout cas complémentaires, de Jacques Rivière et d’Alain-Fournier. L’autre leçon est la persistance d’une thématique quasi obsessionnelle pour Fournier, dans une optique symboliste qui à la fois l’emprisonne et, in fine, le libère, donnant à son roman une polyvalence qui n’a cessé de nourrir la critique.
La Maison dans la forêt
25Cette première lecture de la correspondance à la lumière de l’évocation des formes théâtrales n’entre pas en contradiction avec ce qui est écrit à propos de La Maison dans la forêt, ébauche peu connue d’une pièce de théâtre d’Alain-Fournier. Son auteur devient en avril 1912 le secrétaire particulier de Claude Casimir Périer, et, l’année suivante, l’amant de sa femme. Curieusement, cette liaison prendra ses racines dans la fameuse « nuit du Sacre », la tumultueuse première du Sacre du Printemps à laquelle assistent Pauline Benda et Alain-Fournier. Le 30 mai 1913, lendemain de la première, Madame Simone écrit trois lignes qu’elle envoie par pneumatique à son jeune amant : « Mon ami, grâce à vous j’ai connu la sainte beauté du jour qui se lève. Mais pourquoi êtes-vous parti à l’aube32 ? »
26C’est le début d’un amour passionné dont rend bien compte la correspondance entre le romancier et la comédienne. On y trouve bien évidemment de nombreuses allusions à la vie théâtrale de l’époque, compte tenu de la profession exercée par Pauline, mais aussi les élans, les déclarations, les attentes et les souffrances d’un grand amour. Dans Vie et passion d’Alain-Fournier, Isabelle Rivière, la sœur du romancier, fait montre de son peu d’indulgence pour cette relation aggravée par la différence d’âge (Madame Simone a neuf ans de plus) et le milieu du spectacle, qui tacitement est toujours l’objet de la même suspicion et du même rejet qu’au XVIIe siècle, en particulier chez les catholiques traditionnels. Dans la biographie d’Isabelle Rivière transparaît toute sa possessivité vis-à-vis d’un frère à qui ne doit revenir qu’un seul amour, celui d’Yvonne de Quiévrecourt – seul amour possible, puisque inaccessible. Elle en vient même à une prosopopée qui prête à Alain-Fournier des propos qui peuvent surprendre quant à sa situation d’amoureux malheureux.
27En contrepartie, cet ouvrage apporte un certain nombre de renseignements. C’est Isabelle qui présente en effet la première l’œuvre théâtrale projetée et la part qu’y prend Simone, puisque celle-ci y voit un double intérêt : celui d’en faire une pièce à succès, à la fois pour elle, qui en serait l’actrice principale, et pour Alain-Fournier qui en serait l’auteur (et même implicitement le co-auteur, puisqu’elle désire contribuer à l’écriture). Ce désir n’est pas nouveau : déjà, le 12 juillet 1913, Henri confiait à Jacques Rivière : « Simone vient de faire avec moi le projet de mettre en pièce un des romans de Stevenson et de le faire jouer en Amérique comme on joue là-bas les pièces à succès, c’est-à-dire 3.000 fois – la fortune33 ! »
28L’acte I de La Maison dans la forêt présente les deux personnages masculins, Philippe, un chasseur, et Harold, un jeune homme qui, trompé par une jeune fille, a rejoint son compagnon depuis un mois dans un ancien couvent devenu maison forestière. Tandis que tous deux s’absentent pour poursuivre le gibier, arrivent Éléonore, une jeune fille venue là sur les indications d’une condisciple, et Saint-Pourçain, la sous-directrice de l’établissement, qui joue un peu le rôle de duègne revêche. Toutes deux se sont égarées alors que tout le pensionnat était de sortie. La jeune fille compte rester là pour échapper au fiancé que ses parents lui destinent. Les hommes reviennent et sentent une présence féminine qui les émeut. À l’acte II, les deux femmes occupent de nouveau les lieux, mais, entendant soudain les hommes revenir, se cachent mal, et le chasseur parvient à débusquer Saint-Pourçain, qui réussit à ne pas trahir la jeune fille. Survient le jeune homme, en colère contre le chasseur qu’il tient pour responsable, et vaguement conscient que se cache une jeune fille, celle qui l’attendrait. Il bondit dans l’escalier. Au dernier acte, il se blesse en la poursuivant, car elle a enlevé deux marches à l’escalier extérieur. Finalement, elle réapparaît et le soigne. Le dénouement laisserait entendre une double union.
29C’est le 16 janvier 1914, à la suite d’une soirée avec Simone, qu’Alain-Fournier esquisse d’un seul trait ces trois actes. Ce rêve de théâtre est vite abandonné au profit d’une autre ébauche, celle d’un roman qui n’aura pas davantage le temps d’aboutir, mais dont les brouillons ont cependant été édités, Colombe Blanchet. Le 26 juin 1914, l’écrivain écrit à sa sœur : « La pièce provisoirement interrompue, en pleine fièvre, je me suis mis à force au roman34. »
30À la lumière de ces données biographiques et épistolaires, La Maison dans la forêt pourrait apparaître comme l’esquisse d’une pochade sans intérêt. Il n’en est rien, comme le montre la postface éclairante que propose Yvette Mousson dans le Bulletin des Amis de Jacques Rivière et d’Alain-Fournier consacré à cette pièce. La critique trouve en effet l’expression d’une même quête dans la biographie, le roman, le projet théâtral et la correspondance :
[S]ous le masque du conte enfantin [qu’est La Maison dans la forêt], on retrouve l’interrogation centrale qui hante l’œuvre et la Correspondance d’Alain-Fournier. Ce qui fera l’essence même de son art est admirablement pressenti par le futur auteur du Grand Meaulnes dans cette lettre que, de la Chapelle d’Angillon, il adressait à Jacques Rivière le 28 septembre 1910 :
De mon livre, je n’ai guère que trois chapitres de mis au net, ils sont tous les trois sur elle, mais toute l’émotion cachée qu’ils recèlent leur vient d’une autre présence. Vous comprenez, mon livre, c’est l’histoire de Keats : Certains d’entre nous ont rencontré Antigone dans une autre existence, et aucun amour humain ne les saurait satisfaire35.
Ainsi, Harold, meurtri par une expérience douloureuse, pressent-il dans l’invisible présence qui hante le logis forestier la promesse de quelque absolu dont l’approche à la fois le fascine et le tourmente36.
[…]
Pour Harold, en proie au délire où l’a plongé sa chute, Éléonore n’est qu’une image de pureté dont il ne se sent pas digne :
À l’instant où je l’ai vue, je me disais : si nette, si fraîche, si vaillante. Voilà la vérité. Voilà le bonheur. Hélas elle est partie, elle s’est enfuie, je me suis blessé. Elle était trop pure pour moi. Je ne l’atteindrai jamais. Elle est perdue pour moi.
Dans ces paroles de Meaulnes et d’Harold, on devine comme un écho de la confidence qu’Henri Fournier, en 1906, un an après la rencontre du Cours la Reine, faisait à son ami Jacques Rivière ; le jeune homme comprend que l’attente et le désir qui avaient comme suscité l’apparition de la jeune fille n’existent plus : le temps a passé et l’obscur sentiment d’une faute mystérieuse ne permet plus « l’éclosion […] de l’événement merveilleux37 ». « Il m’aurait fallu longtemps remonter la route, sur des hauteurs oubliées et perdues, pour retrouver ce désir38 ».
Ainsi La Maison dans la forêt porte-t-elle l’empreinte de tout ce passé qui l’a précédée ; l’intrigue à la fois policière et poétique qui s’y noue39 semble n’être là que pour laisser entrevoir un tourment plus profond ; la nostalgie d’une perfection, perdue ou rêvée, habite Harold et colore d’une arrière-teinte douloureuse la charmante poésie que promettait d’être la pièce40.
31Yvette Mousson insiste sur le dénominateur commun qui apparaît dans tous les genres pratiqués par l’auteur du Grand Meaulnes, à savoir cette soif d’absolu et d’ailleurs qui peut prendre pour objet le passé, l’Enfance ou la femme aimée, ce nevermore entretenu par l’idéal inaccessible de pureté sans lequel le roman ne pourrait fonctionner. Tout est dit dans Le Grand Meaulnes si l’on se réfère au passage du chapitre intitulé « La grande nouvelle », où François Seurel, qui a retrouvé Yvonne de Galais, pense apporter le bonheur et l’espérance à son ami. Mais Meaulnes dévoile son fond véritable, qui correspond à la poétique du roman, en affirmant :
[J]’en suis persuadé maintenant, lorsque j’avais découvert le Domaine sans nom, j’étais à une hauteur, à un degré de perfection et de pureté que je n’atteindrai jamais plus. Dans la mort seulement, comme je te l’écrivais un jour, je retrouverai peutêtre la beauté de ce temps-là41.
32La lettre écrite à François, qu’évoque Meaulnes, ne diffère guère de celles envoyées par Alain-Fournier à jacques Rivière ou René Bichet dans la tonalité de Pelléas… Lettres pathétiques, tragiques au sens premier, comiques parfois, qui amènent à considérer la correspondance fourniérienne elle-même comme lieu théâtral par excellence.
La scène épistolaire
33L’épistolier en personne peut se substituer à l’un des paramètres théâtraux. Il peut, par exemple, devenir lui-même acteur au sens propre. C’est le cas de la jeune Isabelle qui écrit à son frère en 1904 (elle a quinze ans) de son collège de Moulins, où les élèves, bénéficiant de trois jours de vacances exceptionnelles, ont organisé une représentation du troisième acte des Femmes savantes, et d’une féerie sur La Belle au bois dormant. Isabelle est déguisée en avocate (un dessin est inséré dans la lettre) et sa description du bal doit faire un peu rêver l’amateur de pierrots : « [J]’ai dansé avec des bébés, des pierrettes, des pages, des marguerites, le prince, Vadius, Armande avec une traîne à n’en plus finir42. »
34Isabelle semble ainsi aimer tenir des rôles. Elle écrira l’année suivante qu’elle fait la lecture du Malade imaginaire à Maman-Barthe, leur grand-mère43. Le frère, quant à lui, est plus spectateur-éveilleur, voire metteur en scène, qu’acteur. Il se plaît en effet, et excelle, à peindre des scènes vivantes, grâce à ses talents de conteur. Alors que le jeune homme est au Borda de Brest – la lettre à ses parents est du 17 décembre 1901 –, sa description de la bénédiction du Saint-Sacrement dans une église du Conquet en est un bon exemple :
Dans cette vieille église, aux décorations bizarres et bariolées, tandis que toutes ces bretonnes laides, aux habits encore plus bizarres, chantaient dans cette langue si ancienne, […] on se serait cru tombé dans un temple d’une déesse sanguinaire adorée par quelque peuplade sauvage44.
35Le 25 juillet 1905, Alain-Fournier envoie d’Angleterre cette autre singulière évocation d’un dimanche anglais et de ses singuliers prêcheurs ambulants :
[I]l y a quatre ou cinq femmes, des enfants, trois ou quatre hommes qui chantent des cantiques ; des passants, ceux qui veulent (c’est toujours, ici : ceux qui veulent) s’arrêtent et chantent avec eux. Les chants finis, un des hommes se détache, plutôt pauvre et ignorant, et pendant trois quarts d’heure fait un sermon en pleine rue, son chapeau sur la tête, dans le cercle des badauds ou plutôt des fidèles qui ne bouge pas – un sermon terrifiant que je comprends d’un bout à l’autre parce qu’il hurle, va lentement et emploie souvent le vieux facile langage de la Bible – un sermon où cette phrase, en leitmotiv, revient :
« How shall we escape! » il hurle: « How shall we escape! If we neglect the great Salvation ! How shall we escape ! » – Et successivement il nous compare à des hommes endormis dans une maison en feu, dans une barque en péril, etc., etc., tout cela violent, hurlé… How shall we escape ! ! Et les passants qui ne veulent pas s’arrêter passent comme si de rien n’était. […] Je vous ferai quand je reviendrai une imitation du laïus du clergyman, cela vous amusera. J’ai eu toute la soirée dans la tête : How shall we escape !
Dans la rue, on vous donne tout d’un coup, si vous la voulez, une brochure édifiante et terrible, toute pleine de sales bêtes et de figures de péchés.
Mieux que ça, dans le métropolitain, au plafond, entre des réclames d’allumettes et de poudre de riz, j’ai découvert avec stupeur qu’il y avait, dans chaque wagon, un cadre d’affiche réservé à deux versets de la Bible ou des Évangiles… « Le Pécheur. Le Malin. La Miséricorde infinie, etc. » On lit, si on veut45.
36Alain-Fournier épistolier fait montre d’un art consommé de la mise en scène textuelle, qui finit par prendre le lecteur, c’est-à-dire, dans cette double énonciation, le destinateur et nous-mêmes. Il n’est pas avare de moyens théâtraux, à commencer par le fameux comique de répétition…
37Le second aspect, indissociable du tragique, est cette mise à distance de l’humour, dont Alain-Fournier est incontestablement capable. Autant il peut en paraître dénué lorsqu’il revient à sa thématique obsessionnelle, à sa recherche de l’impossible, autant il peut être capable de quitter la scène et de se quitter lui-même. Fin 1911, début 1912, son amie Marguerite Audoux, en réponse à une lettre non retrouvée, lui écrit de Toulouse, alors qu’elle est elle aussi dans une situation amoureuse critique. Mais son jeune ami a su lui faire oublier ses soucis :
Il faut que je vous écrive tout de suite Monsieur Du Bougon pour vous dire que votre lettre m’a fait rire aux larmes. Je ne pouvais plus m’arrêter et j’en avais mal au ventre. Je riais comme ça, toute seule dans ma chambre, et je vous assure que cela a duré longtemps. Il est vrai que j’avais du rire en retard depuis plusieurs mois. Mais c’est égal, votre manière de présenter J D. Humphries46 est tout à fait extraordinaire, et je vous retiens comme traducteur pour l’avenir47.
38Toujours dans cette tonalité comique, la lettre peut être à elle seule une petite pièce de théâtre, telle cette gaffe monumentale que Fournier raconte à Jacques Copeau en juin 1910 en lui écrivant de Paris-Journal où il est chroniqueur : il raconte comment il a laissé échapper, dans une conversation avec Charles Morice, que Copeau préparait une pièce sur les frères Karamazov. Or, Charles Morice travaillait exactement au même projet…
39Sa lettre écrite d’Angleterre est exemplaire d’une veine comique assez récurrente, en particulier dans la correspondance avec Jacques et avec sa famille, à qui Henri réservait particulièrement cet aspect diurne de lui-même. Elle permet aussi de constater chez l’épistolier un autre talent, lié également à l’univers théâtral, qui est de mettre le projecteur sur le décor et de conférer ainsi au monde extérieur un statut d’actant. Cela est particulièrement sensible, pour passer du registre comique au tragique, dans la lettre qu’Henri adresse à Jacques le 21 septembre 1909, alors qu’il vient d’apprendre que l’amour de sa vie, Yvonne de Quiévrecourt, vient d’être mère :
Mon cher Jacques,
Toute la joie du retour, ce matin, a sombré dans cette nouvelle que je pressentais : Elle est plus perdue pour moi que si elle était morte. Je ne la retrouverai pas dans ce monde48.
Le temps est très doux. Le soleil qui entre dans mon appartement abandonné depuis deux semaines est comme apaisé. Un calme affreux m’arrive avec les bruits lointains de cet après-midi. La peine que j’endure n’a pas de révolte ni de crise, mais c’est la plus profonde de ma vie.
Aidé par la grande fatigue accumulée les jours passés, j’ai dormi. Au réveil, accablé sur mon lit, j’ai écouté longuement un bourdonnement qui venait par ma fenêtre, des jardins de l’hôpital, de l’autre côté du mur. Dans la petite ville silencieuse et vieille49, des gens s’étaient réunis là pour prier. Une voix belle de religieuses, sans doute, mais comme lassée et déprise de la terre, répétait sans fin : « Maintenant et à l’heure de notre mort, ainsi soit-il… et à l’heure de notre mort, ainsi soit-il… » Je ne sais ce qui m’a retenu d’aller prier avec eux50.
40Ici, le leitmotiv de la prière n’a plus sa fonction comique, mais s’insère dans un cadre plus grave qui renvoie à la thématique fourniérienne de l’ennui, aux sens modernes et ancien, à l’oisiveté passagère et au tourment qui ne quitte pas l’écrivain. Quant aux religieuses, dans leur habit qui les emprisonne, elles renvoient aussi à la quête de l’inaccessible, à une religion sensuelle où l’interdit préserve la pureté. Tous ces motifs prennent ainsi place dans une thématique plus large, celle du double, de l’ici et de l’ailleurs, de l’immanence et de la transcendance, de l’immobilisme et du dynamisme, autant de forces contraires qui, conjuguées, permettent à l’œuvre entière, correspondances comprises, de fonctionner. À cet égard, l’attrait emblématique pour les religieuses se retrouve dans l’article qu’Alain-Fournier écrit dans la NRF sur le Marie-Claire de Marguerite Audoux. Il y évoque deux figures séduisantes, la sœur Marie-Aimée, qui tombe enceinte des œuvres de l’aumônier et avoue elle-même « ne plus compter parmi les lys », et sœur Désirée-des-Anges « dont je sais », écrit Alain-Fournier, « que certains jeunes disent : “Il n’est pas une femme au monde que nous eussions désiré davantage rencontrer”. Elle meurt, à vingt ans, pendant une nuit du mois de mai, après avoir arraché son costume de nuit en criant : “Ouvrez les fenêtres, c’est aujourd’hui qu’il vient51 !” » Dans la lettre qui évoque la terrible nouvelle qu’Yvonne va devenir mère, les oxymores ont cette même fonction neutralisante, qu’il s’agisse du soleil apaisé, du calme affreux, et même de la voix des religieuses, comme silencieuse puisque déprise de la terre.
41La correspondance offre bien ce même visage et ce même paysage que ceux rencontrés dans les autres genres pratiqués par Alain-Fournier, poème en prose, roman et théâtre. Cette correspondance apparaît elle-même, d’une part, comme le théâtre où se bousculent, en un échange interactif, maintes références culturelles, génératrices d’échanges et d’idées fécondes. D’autre part, dans un mouvement inverse, les motifs du Pierrot, de l’Homme qui tombe (métaphore d’une pureté inaccessible, sans doute), de la Maison dans la forêt et de tout ce qui demeure inaccessible neutralisent l’univers fourniérien tout en demeurant sa condition d’existence. Le non-événement est ainsi l’indispensable socle de l’événement. Mais un événement jamais réalisé, toujours à venir. La dernière lettre qu’Henri écrit à la fois à Pauline et à ses parents, le 19 septembre 1914, trois jours avant sa mort, se conclut ainsi : « Je ne sais quel petit bonhomme m’a fait penser longuement ce midi, au beau petit Innocent de l’Arlésienne52. » Tout un symbole que ce dernier mot qui sort de la plume de l’épistolier.
Notes de bas de page
1 « Mon credo en art et en littérature : l’enfance. Arriver à la rendre sans puérilité, avec sa profondeur qui touche les mystères. Mon livre futur sera peut-être un éternel va-et-vient insensible du rêve à la réalité, “Rêve” entendu comme l’immense et imprécise vie enfantine planant au-dessus de l’autre et sans cesse mise en rumeur par les échos de l’autre. » (Jacques Rivière - Alain-Fournier, Correspondance 1904-1914, nouvelle édition revue et complétée par Alain Rivière et Pierre de Gaulmyn, Gallimard, 1991, t. I (avril 1904-avril 1907), p. 481.)
2 Alain-Fournier, Colombe Blanchet, esquisses d’un second roman, inédit, édition critique de Gabriella Manca, Le cherche midi éditeur, coll. « Amor fati », 2003.
3 La Maison dans la forêt, ébauche théâtrale d’Alain-Fournier, Bulletin des Amis de Jacques Rivière et d’Alain-Fournier, vingt-cinquième année, no 91, 2e trimestre 1999, p. 9-27 (on lira avec intérêt l’excellente postface d’Yvette Mousson, p. 28-54). L’argument a également été présenté dans la biographie d’Isabelle Rivière, Vie et passion d’Alain-Fournier, Jaspard, Polus & Cie, Monaco, 1963, p. 297-301 ; et enfin dans une « première édition », limitée à quatre-vingt-cinq exemplaires, illustrée à la main par Jean-Pierre Rémon et réalisée en 1985 par les soins de Jean-Marie Lester.
4 Jacques Rivière - Alain-Fournier, Correspondance, t. I (avril 1904-avril 1907) et t. II (juin 1907-juillet 1914), nouvelle édition revue et complétée par Alain Rivière et Pierre de Gaulmyn, Gallimard, 1991.
5 Alain-Fournier, Lettres au petit B., édition revue et augmentée avec une préface d’Alain Rivière, Fayard, 1986.
6 Alain-Fournier, Lettres à sa famille et à quelques autres, nouvelle édition, avec un avant-propos d’Alain Rivière, Fayard, 1991.
7 Alain-Fournier - Madame Simone, Correspondance (1912-1914), édition établie, préfacée et annotée par Claude Sicard, Fayard, 1992.
8 Jacques Rivière - Alain-Fournier, op. cit., t. I, p. 435.
9 Alain-Fournier - Madame Simone, op. cit., p. 112.
10 Lettres à sa famille et à quelques autres, éd. cit., p. 360.
11 Jacques Rivière - Alain-Fournier, op. cit., t. I, p. 371.
12 Lettres au petit B., éd. cit., p. 55.
13 Jacques Rivière - Alain-Fournier, op. cit., t. I, p. 691.
14 Écrit dont nous n’avons pas retrouvé la trace.
15 Jacques Rivière - Alain-Fournier, op. cit., t. II, p. 279. Les paroles citées sont celles de Violaine, au moment de mourir, à l’acte IV de La Jeune Fille Violaine de Claudel (d’après la note de l’éditeur).
16 Il s’agit, non pas d’Yvonne de Quiévrecourt dont Alain-Fournier ne s’éprendra que l’année suivante, mais d’une jeune étudiante de Bourg-la-Reine qui prenait souvent le même train que les élèves de Lakanal. Il n’y eut entre Henri et elle qu’un flirt sans conséquence et un échange de lettres.
17 La Sagesse et la Destinée (1898) est un essai philosophique de Maeterlinck.
18 Jacques Rivière - Alain-Fournier, op. cit., t. I, p. 28-29 (juillet 1904).
19 Ibid., p. 375 (21 avril 1906).
20 Ibid.
21 Ibid., p. 376.
22 Ibid.
23 Ibid., p. 297 (fin février 1906).
24 Ibid.
25 Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes [1913], édition du centenaire de la naissance de l’auteur, établie par Alain Rivière et Daniel Leuwers, Classiques Garnier, 1986, IIe partie, ch. VII, p. 267 sq.
26 Jacques Rivière - Alain-Fournier, op. cit., t. I, p. 450.
27 Peter Schulmann, « Quelques Notes sur le Pierrot dans Le Grand Meaulnes d’Alain-Fournier », Bulletin des Amis de Jacques Rivière et d’Alain-Fournier, dix-septième année, no 58, 1er trimestre 1991, p. 5-17 (15-17 pour la troisième et dernière partie).
28 Alain Rivière, « Introduction à Pelléas et Mélisande et Le Grand Meaulnes par Sylvie Sauvage », Bulletin des Amis de Jacques Rivière et d’Alain-Fournier, dix-huitième année, no 64-65, 3e et 4e trimestre 1992, p. 10.
29 Lettres au petit B., éd. cit., p. 109.
30 Le Grand Meaulnes, éd. cit., IIIe partie, ch. XII, Le fardeau, p. 358.
31 Jacques Rivière - Alain-Fournier, op. cit., t. II, p. 311 (vendredi 18 juin 1909).
32 Alain-Fournier - Madame Simone, op. cit., p. 93.
33 Jacques Rivière - Alain-Fournier, op. cit., t. II, p. 510.
34 Lettres à sa famille…, éd. cit., p. 528.
35 Jacques Rivière - Alain-Fournier, op. cit., t. II, p. 413. « Henri Fournier confond ici Keats et Shelley. Il cite en réalité une lettre de celui-ci à son ami John Gisborne (22 octobre 1821). Voir Robert Gibson, The land without a name: Alain-Fournier and his World, Londres, Paul Elck, 1975, p. 315, n. 23. » (Note de l’éditeur, ibid., p. 414.)
36 Yvette Mousson, postface à La Maison dans la forêt - Ébauche théâtrale d’Alain-Fournier, Bulletin des amis de Jacques Rivière et d’Alain-Fournier, vingt-cinquième année, no 91, 2e trimestre 1999, p. 51.
37 Correspondance Jacques Rivière - Alain-Fournier (note d’Yvette Mousson).
38 Ibid., t. I, p. 413 (lettre du 27 mai 1906).
39 Dans l’un des scénarios de La Maison dans la forêt, Alain-Fournier s’était donné pour directive : « le continuel passage de l’angoisse policière à la poésie ». Cité par Isabelle Rivière, dans Vie et passion d’Alain-Fournier, p. 304. (Note d’Yvette Mousson.)
40 Yvette Mousson, art. cit., p. 52-53.
41 Le Grand Meaulnes, éd. cit., p. 315-316.
42 Lettres à sa famille…, éd. cit., p. 65.
43 Ibid., p. 141 (La Chapelle, 1er août 1905).
44 Ibid., p. 39.
45 Ibid., p. 126-127.
46 John D. Humphries est juge à la Cour d’Atlanta, en Géorgie. L’Américain a contacté les deux écrivains, qu’il admire, dans le but d’apprendre le français.
47 Fonds Alain-Fournier. Bibliothèque municipale de Bourges. Lettre autographe signée. La date « 1913 », proposée par Isabelle Rivière, est à corriger.
48 Il la reverra à Rochefort en 1913.
49 Il est en train de faire des grandes manœuvres militaires à Mirande, dans le Gers.
50 Jacque Rivière - Alain-Fournier, op. cit., t. II, p. 337.
51 Alain-Fournier, « Marie-Claire, par Marguerite Audoux (La Grande Revue) », Gallimard, « La Nouvelle Revue française », 1er novembre 1910, p. 616-619.
52 Alain-Fournier - Madame Simone, op. cit., p. 299.
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