De la négation absolue à la révolte : la théorie camusienne illustrée par la poétique des Fleurs du mal

Aurélie Van de Wiele

doi:10.4000/books.pur.54483

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De la négation absolue à la révolte : la théorie camusienne illustrée par la poétique des Fleurs du mal

Aurélie Van de Wiele

p. 257-265

Extrait

1Dans son essai L’Homme révolté (1951), Camus distingue deux types de révolte : la révolte métaphysique et la révolte historique. Je m’intéresserai ici à la première, que le penseur définit comme « la revendication motivée d’une unité heureuse, contre la souffrance de vivre et de mourir » (OC III, 81). En littérature, Camus prend pour exemple de cette réaction la poésie surréaliste, inspirée de la voyance rimbaldienne. En amont de la révolte métaphysique, il pose l’attitude de « négation absolue » (90). Cette réaction initiale de l’individu face au mal-être métaphysique est tournée vers Dieu : il s’agit de provoquer et de rejeter le guide divin qui a abandonné l’humanité à sa tourmente existentielle. Dans cette attitude vide et nihiliste, l’individu ne cherche qu’à défier insolemment le Dieu déchu en adhérant systématiquement aux valeurs contraires à la morale judéo-chrétienne, semblant dire : « Puisque Dieu revendique ce qu’il y a de bien en l’homme, il faut tourner ce bien e

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1 Camus A., Discours de Suède, « Conférence du 14 décembre 1957 », OC IV, 262.

2 Baudelaire C., « L’Irrémédiable », Les Fleurs du mal, 1857, Œuvres complètes, vol. 1, éd. Claude Pichois, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1975, p. 80, v. 40.

3 Ibid., v. 38-40.

4 Baudelaire C., Projets d’un épilogue pour l’édition de 1861 [II], Les Fleurs du mal, op. cit., p. 192, v. 34.

5 Id., Le Peintre de la vie moderne, 1863, Œuvres complètes, vol. 2, éd. Claude Pichois, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1975, p. 694-695.

6 Id., Fusées, 1887, Œuvres complètes, vol. 2, op. cit., p. 658 et 657.

7 Id., Projets de préfaces [I], Les Fleurs du mal, op. cit., p. 181.

8 Id., « Le Soleil », Les Fleurs du mal, op. cit., p. 83, v. 18.

9 Gautier T., « Préface », Les Fleurs du mal, par C. Baudelaire, [1868], Paris, Calmann Levy, 1896, p. 22.

10 Rimbaud A., « Alchimie du verbe », [1873], Œuvres complètes, éd. Rolland de Renéville et Jules Mouquet, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1954, p. 232.

11 Dans « Alchimie du verbe », il s’agit de relations entre les lettres et les couleurs (p. 233).

12 Rimbaud A., « Lettre à Paul Demeny », 15 mai 1871, Œuvres complètes, op. cit., p. 273.

13 Baudelaire C., Mon cœur mis à nu, [1887], Œuvres complètes, vol. 1, op. cit., p. 696.

14 Id., « Correspondances », Les Fleurs du mal, op. cit., p. 11, v. 8.

15 Milat C., « Baudelaire, ou la dualité de l’artiste à la poursuite de l’unité primordiale », Revue d’histoire littéraire de la France, vol. 97, n^o 4, juillet-août 1997, p. 573.

16 Baudelaire C., « Le Rêve parisien », Les Fleurs du mal, op. cit., p. 101, v. 1.

17 Ibid., v. 7-8.

18 Ibid., v. 10-11.

19 Ibid., v. 4.

20 Pour une étude plus approfondie des effets bénéfiques de la poétique baudelairienne sur le mal-être existentiel, voir mon article « Le Poète baudelairien : un homme révolté ? Réflexion sur l’esthétique du mal comme révolte métaphysique », Nineteenth-Century French Studies, vol. 43, n^o 1-2, 2014, p. XXX

21 Baudelaire, Notes nouvelles sur Edgar Poe, [1857], Œuvres complètes. vol. 2, op. cit., p. 330.

22 Id., « L’Albatros », Les Fleurs du mal, op. cit., p. 9-10.

23 Il faut tout de même noter que Baudelaire évoque l’ivresse comme moyen pour l’individu commun d’accéder à la perception bienfaitrice d’ordinaire réservée au poète, affirmant que le vin permet « le développement poétique excessif de l’homme » (Les Paradis artificiels, [1861], Œuvres complètes, vol. 1, op. cit., p. 397). Cette idée se retrouve dans le poème « Le Vin des chiffonniers », par exemple. Cependant pour Baudelaire, la vision à laquelle accède le « non-poète » n’est qu’une illusion, un pis-aller cachant ses tourments. Seul l’artiste possède ce don de voyance qui lui permet de changer sa condition métaphysique, alors que « la troupe des humains, la bande des ilotes, simule les grimaces de la jouissance […] » par l’usage de produits enivrants (Les Paradis artificiels, op. cit., p. 441).

24 Baudelaire C., « Au Lecteur », Les Fleurs du mal, op. cit., p. 6, v. 40.

25 Id., « Une charogne », Les Fleurs du mal, op. cit., p. 31, v. 21-24.

26 Ibid., v. 13-16.

Camus, l'artiste

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Référence numérique du chapitre

Wiele, A. V. de. (2015). De la négation absolue à la révolte : la théorie camusienne illustrée par la poétique des Fleurs du mal. In S. Bastien, A. Prouteau, & A. Spiquel (éds.), Camus, l’artiste (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.54536

Wiele, Aurélie Van de. « De la négation absolue à la révolte : la théorie camusienne illustrée par la poétique des Fleurs du mal ». In Camus, l’artiste, édité par Sophie Bastien, Anne Prouteau, et Agnès Spiquel. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2015. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.54536.

Wiele, Aurélie Van de. « De la négation absolue à la révolte : la théorie camusienne illustrée par la poétique des Fleurs du mal ». Camus, l’artiste, édité par Sophie Bastien et al., Presses universitaires de Rennes, 2015, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.54536.

Référence numérique du livre

Bastien, S., Prouteau, A., & Spiquel, A. (éds.). (2015). Camus, l’artiste (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.54483

Bastien, Sophie, Anne Prouteau, et Agnès Spiquel, éd. Camus, l’artiste. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2015. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.54483.

Bastien, Sophie, et al., éditeurs. Camus, l’artiste. Presses universitaires de Rennes, 2015, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.54483.

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