La sémantique du présent chez Camus

Crina-Magdalena Zarnescu

doi:10.4000/books.pur.54483

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La sémantique du présent chez Camus

Crina-Magdalena Zarnescu

p. 211-221

Extrait

Trajets interprétatifs

1Toute création artistique crée un temps fictif commun au créateur et au lecteur et rythme événements et faits selon une durée subjective. Dans une narration, la dimension temporelle semble encore plus importante que la détermination spatiale1 parce que c’est elle qui marque le tempo narratif, dicte les rapports entre les instances discursives et configure « un espace de texte que seule la lecture peut (re)convertir en durée2 ». Il y a toujours, entre le moment historique où l’événement a eu lieu et les marques temporelles du récit qui le raconte, un intervalle qui mènent Günther Müller, Gérard Genette et Paul Ricœur à parler d’un « pseudo-temps3 », une discordance, mais qui disparaît par l’acte de lecture. Ainsi, le lecteur fait coïncider du point de vue temporel histoire vraie et histoire racontée en les rapportant au moment de sa lecture. Cet isochronisme qui postule la contemporanéité des trois instances – auteur/narrateur/lecteur –, en dépit des déca

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1 Genette G., Figures III, Paris, Le Seuil, 1972, p. 228.

2 Ricœur P., Temps et récit, t. III, Paris, Le Seuil, 1985, p. 156.

3 Genette G., op. cit., p. 78.

4 Ricœur P., op. cit., p. 156.

5 Lessing G. E., Laocoon [1766], trad. Courtin, revue et corrigée, Paris, Hermann, 1990, p. 55-56.

6 OC I, 113, c’est nous qui soulignons.

7 Ricœur P., op. cit., p. 119-120.

8 Imbs P., L’Emploi des temps verbaux en français moderne, Essai de grammaire descriptive, Paris, Klincksieck, 1960, p. 30-32.

9 Rabatel A., « Les représentations de la parole intérieure », Langue française, vol. 132, n^o 1, 2001, p. 83.

10 Imbs P., op. cit., p. 35.

11 Genette G., op. cit., p. 78.

12 Ricœur P., op. cit., p. 121.

13 Ibid., p. 368.

14 Ricœur P., Temps et récit, t. II, op. cit., p. 120.

15 Ricœur P., Temps et récit, t. III, op. cit., p. 369.

16 Marchal B., La Religion de Mallarmé, Paris, José Corti, 1988, p. 552-53.

17 Benjamin W., Charles Baudelaire : A Lyric Poet in the Era of High Capitalism, traduit par H. Zorn, Londres, Verso, 1983, p. 145.

18 OC IV, 1205. C’est nous qui soulignons.

19 Riffaterre M., Sémiotique de la poésie, traduit de l’anglais par J.-J. Thomas, Paris, Le Seuil, 1983, p. 58.

20 Genette G., op. cit., p. 230.

21 Ricœur P., Temps et récit, t. II, op. cit., p. 16.

22 Dufrenne M., « Vie de l’art, l’art de la vie », Dictionnaire philosophique, I, Paris, PUF, 1989, p. 649.

23 « Voilà, n’est-ce pas, le plus beau des paysages négatifs ! Voyez, à notre gauche, ce tas de cendres qu’on appelle ici une dune, la digue grise à notre droite, la grève livide à nos pieds et, devant nous, la mer couleur de lessive faible, le vaste ciel où se reflètent les eaux blêmes » (OC III, 729).

24 OC III, 758, c’est nous qui soulignons. Une variante de ce passage donnait : « Depuis j’ai appris que la liberté c’est la solitude devant le bien et le mal, et le jugement. Il faut décider seul et se juger seul, et seul, accepter le jugement des autres. Au bout de toute liberté, il y a une sentence et voilà pourquoi la liberté est trop lourde à porter, surtout lorsqu’on a la fièvre ou qu’on connaît la peur. Pour qui est seul, sans dieu et sans maître, le poids des jours est terrible. Alors, faute de Dieu, vive le maître quel qu’il soit. Tous coupables, voilà la vraie démocratie. » Variante de La Chute, dans A. Camus, Théâtre, Récits, Nouvelles, Roger Quilliot (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1962, p. 2033.

25 Il s’agit uniquement du sujet rattaché au présent de l’indicatif.

26 C’est Camus lui-même qui définit son récit ainsi.

27 Voir Rabatel A., art. cit., p. 83.

28 Genette G., op. cit., p. 230.

29 Voir supra.

30 Voir supra, le « dialogue implicite ».

31 Il s’écarte de la route.

32 Voir « La fiction narrative en philosophie », Univers philosophique, tome I, A. Jacob (dir.), 1989, p. 864-870.

33 Descartes R., Méditations métaphysiques, « Préambules », I, Paris, Éd. Alquié, 1967, p. 45.

34 OC III, 765, c’est nous qui soulignons.

35 En présentant « La Femme adultère », Roger Quilliot analyse : « La lecture des Carnets éclairera le lecteur beaucoup mieux que je ne saurais le faire, sur ce sentiment de “solitude tragique” qui envahit Camus. Non seulement il [Camus] s’interroge sur la valeur et le sens de son œuvre, non seulement il se découvre envié, contesté, sans bien comprendre pourquoi, mais il en vient à douter du sens de son action et de son propre visage. » (Camus A., Théâtre, Récits, Nouvelles, R. Quilliot [éd.], Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1962, p. 2040.)

36 Le jeune Camus écrit cette phrase dans ses Carnets en janvier 1936 (OC II, 799). C’est nous qui soulignons.

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Référence numérique du chapitre

Zarnescu, C.-M. (2015). La sémantique du présent chez Camus. In S. Bastien, A. Prouteau, & A. Spiquel (éds.), Camus, l’artiste (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.54527

Zarnescu, Crina-Magdalena. « La sémantique du présent chez Camus ». In Camus, l’artiste, édité par Sophie Bastien, Anne Prouteau, et Agnès Spiquel. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2015. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.54527.

Zarnescu, Crina-Magdalena. « La sémantique du présent chez Camus ». Camus, l’artiste, édité par Sophie Bastien et al., Presses universitaires de Rennes, 2015, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.54527.

Référence numérique du livre

Bastien, S., Prouteau, A., & Spiquel, A. (éds.). (2015). Camus, l’artiste (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.54483

Bastien, Sophie, Anne Prouteau, et Agnès Spiquel, éd. Camus, l’artiste. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2015. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.54483.

Bastien, Sophie, et al., éditeurs. Camus, l’artiste. Presses universitaires de Rennes, 2015, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.54483.

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