Présentation de l’ouvrage
p. 11-12
Texte intégral
1La question des rapports entre économie et démocratie se pose désormais, depuis ces dernières années, en des termes finalement très différents de ceux auxquels nous avaient accoutumés les débats classiques. Elle n’est plus tant de savoir comment trouver le bon dosage, le bon équilibre entre nécessités économiques, contraintes sociales et exigences démocratiques. Plus tragiquement, la question est celle de savoir dans quelle mesure l’imposition planétaire de la nouvelle norme économique – rentière et spéculative – au nom de la démocratie ne constitue pas une menace mortelle pour la survie de la démocratie et des valeurs humanistes du pluralisme. La démocratie au péril de l’économie ?
2D’où l’importance de prendre au sérieux les motivations qui ont présidé à la formation de PEKEA : rassembler à l’échelle mondiale les économistes qui ne se résignent pas à pratiquer une science sans conscience, et qui, au contraire, entendent en assumer toutes les implications éthiques et politiques, s’associer pour cela avec les représentants des autres sciences sociales, sociologie, anthropologie, histoire, philosophie etc. et avec tous ceux qui par leurs expériences pratiques tentent de faire advenir d’autres modalités du rapport à l’économie. Des modalités démocratiques et humanistes.
3Et cet ouvrage est issu des travaux d’un colloque organisé par ce réseau international pour construire un savoir politique et éthique sur les activités économiques (PEKEA = Political and Ethical Knowledge in Economic Activities) avec la collaboration du MAUSS (Mouvement AntiUtilitariste en Sciences Sociales). Les rencontres sur le thème « Démocratie et Économie » se sont déroulées du 4 au 6 novembre 2006 dans les locaux et avec le soutien de l’université de Rennes 2 et en particulier de plusieurs laboratoires de recherche : le LAS (Laboratoire d’Anthropologie et de Sociologie), le LESSOR (Laboratoire d’Économie et Sciences Sociales de Rennes) et le RESO (Rennes, Espaces Géographiques et Sociétés). Le fonctionnement des ateliers a été facilité par l’appui des étudiants de plusieurs Masters de cette université (MOESS) et aussi de l’université de Rennes 1 (APIA & IEPME) et de l’IEP de Rennes (ISUR).
4La réussite de ce colloque a tenu au soutien financier des collectivités locales – La Région Bretagne, le Département d’Ille et Vilaine, Rennes Métropole-et à la coopération de nombreux personnels et bénévoles que nous remercions bien sincèrement. Le cœur de cette réussite se situe dans l’intensité et la richesse des débats nourris par des participants venus d’une quinzaine de pays1 ; les participants comme les intervenants étaient au trois-quarts des chercheurs – pour la moitié des économistes de formation et pour les autres se répartissaient principalement entre sociologues, anthropologues, gestionnaires, géographes, philosophes, politistes – et pour un quart des citoyens impliqués dans la société civile – et aussi des élus.
5Nous avons construit cet ouvrage à partir d’une sélection de contributions initialement préparées en français pour ce colloque. Pour les lecteurs qui ne sont pas familiers de la démarche de PEKEA2, Marc Humbert ouvre le volume avec un Chapitre préliminaire qui remet cette démarche en perspective. En effet le projet en cours ne fait pas table rase du passé et n’est pas sans lien avec d’autres courants. En particulier il s’inscrit clairement dans la pensée française des économistes qui de Lucien Brocard à François Perroux, par exemple, ont cherché à contribuer à une approche humaine et sociale de l’économie. Il a également d’autres racines en Europe et même aux États-Unis, de Weber, de Veblen à J. K. Galbraith par exemple. Mais ces courants ont dû céder le devant de la scène à une économie anglo-saxonne qui se veut plus scientifique et qui en vient à paraître non seulement « lugubre » mais presque inhumaine à force de vouloir se réclamer des sciences de la nature et de s’affranchir des autres sciences humaines et sociales.
6Le rappel de ce que la démocratie est depuis longtemps au cœur d’une approche humaine et sociale de l’économie et aujourd’hui du projet de PEKEA étant fait, on peut se consacrer à la lecture des contributions qui ont été regroupées en deux parties, la première offre une discussion sur les cadrages théoriques, la seconde apporte une description critique de faits qui sont autant de tentatives ou d’expériences pour faire échapper la démocratie au péril de l’économie.
Notes de bas de page
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