1 À ce propos, je renvoie à l’ouvrage de Maupeu Ph., Pèlerins de vie humaine : autobiographie et allégorie narrative, de Guillaume de Diguleville à Octovien de Saint-Gelais, Paris, Champion, [Nouvelle Bibliothèque du Moyen Âge, 90] 2009.
2 Robert d’Anjou est le seul personnage contemporain que Boccace situe dans le triomphe de la Richesse – ou plutôt de la Cupidité – notamment dans le sous-groupe des nuovi farisei (chap. XIV, 26). Toutes les références et les citations du texte sont tirées de l’édition de Branca V., Boccaccio, Amorosa Visione (1974), réed. Milan, Oscar Mondadori, 2000.
3 Branca V. éd. cit., p. XLIX-LIX.
4 Contini G., « Un nodo della cultura medievale : la serie Roman de la Rose – Fiore – Divina Commedia », dans Id. Un’idea di Dante, Turin, Einaudi, 1976.
5 Il s’agit, on le rappelle, d’un poème allégorique et didactique mettant en scènes les personnifications de la Nature et de la Vertu qui lui expliquent la composition du monde. Le poème résume les connaissances de l’École de Chartres et « associe l’itinéraire autobiographique à l’exposé encyclopédique », cf. Maupeu Ph., op. cit., p. 465 n. 2 qui considère le Tesoretto comme une source de l’Avision Christine de Christine de Pizan.
6 Cf. Huot S., « Poetic Ambiguity and Reader Response in Boccacio’s Amorosa Visione », Modern Philology, 83/2 (1985), p. 109-122.
7 Cf. Imbert Ch., « Quelques rêves politique du trecento : Fazio degli Uberti, Bindo di Cione, Simone Serdini », Songes et songeurs (XIIIe -XVIIIe siècle), éd. Dauvois N. et Grosperrin J.-Ph., Laval, Presses de l’université Laval, 2003, p. 69-84.
8 Les traductions françaises sont personnelles.
9 Branca V., éd. cit., note p. 255.
10 Branca V., éd. cit., note p. 265.
11 Dans son Séjour d’Honneur (1489-1494) Octovien de Saint-Gelais propose également une variante de ce motif puisqu’il choisit un guide fallacieux, Sensualité, qui détourne délibérément le poète de la bonne voie. Son itinéraire sera pourtant redressé – l’originalité, hélas, ne va pas bien loin – par l’intervention de Grâce Divine, si bien qu’à la fin du voyage, il se fait réprimander par Foi et Espérance. Octovien De Saint-Gelais, Le Séjour d’honneur, éd. Duval F., Genève, Droz, 2002 [Textes littéraires français, 545].
12 Par rapport à la construction des tableaux proposés par Boccace, Vittore Branca suggère que la disposition des personnages autour d’une image allégorique peut avoir été inspirée par des sources iconographiques, notamment par les fresques de Giotto dans la basilique Saint-François d’Assise. Il faut aussi noter que Giotto avait réalisé un cycle de fresques consacrées aux hommes illustres de l’Antiquité biblique et mythologique au château angevin de Naples (Castelnuovo), château qui, à l’instar du château allégorique de l’AV, se trouve au bord de la mer. Il n’est pas inutile de souligner que le goût érudit, la fascination pour les grands hommes de l’Antiquité, mais aussi l’importance accordée à la renommée se situent également au fondement de l’ouvrage latin De casibus virorum illustrium, rédigé à partir des années 1355.
13 Cette petite rivière se retrouve aussi dans la Divine Comédie, au chant IV de l’Enfer. Dante la traverse sans difficulté pour rentrer dans le château des héros et des poètes de l’Antiquité : Venimmo al piè d’un nobile castello,/sette volte cerchiato d’alte mura,/difeso intorno d’un bel fiumicello (Inf. IV, 106-108).
14 Cf. Maupeu Ph., op. cit.
15 Pour éviter ce type de tournure, dans l’épître napolitaine, Boccace utilise même la double enclise du pronom personnel : credamolìllo. Cf. Manni P., Storia della lingua italiana. Il Trecento toscano, Bologna, Il Mulino, 2003, p. 264.
16 Cf. Cavagna Mattia, La Vision de Tondale. Les versions françaises de Jean de Vignay, David Aubert, Regnaud le Queux, Paris, Champion [Classiques Français du Moyen Âge, 159], 2008, p. 76.
17 La salle aux images se retrouve dans les romans de la tradition tristanienne et aussi dans la La Mort le roi Artu. Cette tradition se rattache à la technique de l’ekphrasis caractéristique des « romans antiques ». Cf., à ce propos, l’étude de Gontero V., Parures d’or et de gemmes. L’orfèvrerie dans les romans antiques du XIIe siècle (Le Roman de Thèbes, Le Roman d’Eneas, Le Roman de Troie de Benoît de Sainte Maure et Le Roman d’Alexandre d’Alexandre de Paris), Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2002.
18 L’AV constitue le modèle direct des célèbres Trionfi de Pétrarque (cf. note suivante). On notera que la House of Fame de Geoffrey Chaucer, poème inachevé daté autour de 1380, semble reprendre la tradition de la salle peinte avec les histoires des amants célèbres, mais récupère la dimension sérielle, propre à la tradition du triomphe inaugurée par Boccace. Cf. Child G. C., « Chaucer’s House of Fame and Boccaccio’s Amorosa Visione », Modern Language Notes, 10/6 (1895), p. 190-192. D’autre part, dans la littérature française de la fin du Moyen Âge, la célébration de l’autorité de l’écrivain est reprise par la tradition du cimetière poétique. Née sous forme de complainte funèbre avec Eustasche Deschamps, cette tradition connaît son essor au XVe siècle, notamment avec René d’Anjou et son Livre du Cuers d’amours espris (1457) et surtout avec Georges Chastelain et son Temple de Bocace (1463-1464) où notre écrivain, considéré avant tout comme noble historien, est élevé au rang de constructeur et gardien du temple de la renommé. Cf., à ce propos, Cerquiglini-Toulet J., « Portraits d’auteurs à la fin du Moyen Âge : tombeaux en majesté et épitaphes carnavalesques », Comptes rendus. Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2 (2002) p. 785-796.
19 Le personnage exemplaire est situé dans un contexte narratif et se prête à une interprétation morale, alors que le personnage emblématique est complètement soustrait de la narration et s’impose comme l’incarnation même d’une vertu. Le caractère statique de la tradition des emblèmes contribue à expliquer son succès dans le domaine de l’iconographie. Cf. à ce propos, le volume I Triumphi di Francesco Petrarca, Actes du colloque de Gargnano del Garda (1-3 oct. 1998) éd. Berra C., Milan, Istituto Editoriale Universitario, 1999, notamment les articles de Battaglia Ricci L., « Immaginario trionfale : Petrarca e la tradizione figurativa », p. 259-298 et de Cracolici S., « Esemplarità ed emblematica nel commento di Bernardo Ilicino ai Triumphi di Petrarca », p. 403-417. Cf. aussi mon article « La figure de Jules César chez Pétrarque dans les traditions italienne et française des Triomphes », dans La figure de Jules César au Moyen Âge et à la Renaissance, Actes du colloque de l’université de Paris 7, (29-30 oct. 2006), éd. Méniel B. et Ribémont B., Cahiers de Recherches Médiévales, 14 no spécial (2007), p. 73-83.