Progrès agricole et entreprise seigneuriale : le concours annuel des fermiers du Séminaire de Québec (1882-1908)1
p. 297-309
Texte intégral
1Le 9 janvier 1881 se tenait à Saint-Joachim, au pied du Cap Tourmente, le tout premier souper des fermiers du Séminaire de Québec, sous l’égide de Mgr Benjamin Pâquet, procureur de l’institution fondée en 1663 par le premier évêque de Québec, François de Laval. En ce début d’année, vingt-six convives sont rassemblés, principalement les fermiers du Séminaire, le curé de Saint-Joachim et bien sûr Mgr Pâquet, prêtre responsable des fermes. Le repas, copieux, se compose de bœuf à l’étouffé avec des patates, de porc frais, dindons, canards, pâtés à la viande ainsi que de « bettes » et cornichons. Pour dessert, on sert des tartes aux pommes, des croquignoles, des raisins et des figues, de même que le gâteau des rois2. On ignore si la fève couronna un roi, mais on sait cependant que la fête marquait la création d’un concours entre les fermiers à gages du Séminaire, concours institué par Mgr Pâquet et qui, jusqu’en 1908, remettra des prix en argent à ceux qui auront le mieux atteint les objectifs fixés par l’institution en matière de rendement agricole. Ce concours constitue l’un des moyens employés par le Séminaire pour stimuler l’émulation de ses fermiers et contribuer au progrès agricole dans les fermes de son domaine seigneurial.
2Longtemps considérée comme archaïque et peu encline aux innovations, l’agriculture québécoise de la seconde moitié du xixe siècle, à l’instar des autres paysanneries occidentales, est confrontée à de multiples transformations (modes de cultures, techniques et outillages, spécialisation agricole…) ainsi qu’à la pression démographique entraînant un exode vers les villes et la Nouvelle-Angleterre. Les nombreux témoignages ou enquêtes pour susciter l’essor de l’agriculture québécoise parlent souvent de long apprentisage et de réticences, notamment face à la mécanisation synonyme aux yeux de plusieurs de source de chômage3. En 1850, le Rapport du Comité spécial sur l’état de l’agriculture du Bas-Canada faisait la recommandation à l’Assemblée d’adopter « des mesures susceptibles de sortir l’agriculture de son marasme et le cultivateur de sa routine4 ». On a beaucoup évoqué depuis le retard et l’archaïsme de l’agriculture québécoise, bien au-delà du Régime français. « L’habitant canadien […] est particulièrement traditionaliste et routinier », écrivent Fernand Ouellet et Jean Hamelin dans une étude sur les rendements agricoles jusqu’en 18505. L’adjectif routinier revient d’ailleurs sans arrêt6. L’irrationalité imputée aux agriculteurs québécois reste toutefois peu documentée, comme le soulignait Louise Dechêne : « Il ne suffit pas de constater que l’agriculture traditionnelle était routinière et inadéquate, encore faut-il savoir exactement ce qu’elle était, connaître la logique du système, la clé des résistances et aussi des progrès possibles7. » En matière de progrès, certains lieux, certaines personnes ou institutions apparaissent susceptibles de révéler l’évolution, à tout le moins dans une perspective régionale, voire micro-régionale.
3On sait que les grands propriétaires, laïcs ou ecclésiastiques, ont souvent joué un rôle d’innovation et d’agent d’influence au sein des paysanneries traditionnelles. Mieux renseignées des nouveautés en matière agronomique, plus à même de défrayer les coûts relatifs aux transformations techniques sur de vastes propriétés foncières, ces grands propriétaires pouvaient être vecteurs d’un changement considérable. Jean-Claude Farcy le note pour la Beauce du xixe siècle où « il est incontestable que les premières exploitations à suivre le progrès technique sont les grandes exploitations […] employant une main-d’œuvre nombreuse pour la moisson [et] ont le plus d’intérêt à mécaniser ces travaux8 ». Au Québec, « la diffusion ne se fait jamais autrement », prétend Louise Dechêne en parlant des propriétaires bourgeois montréalais disposant de capitaux importants et qui peuvent se permettre d’innover, en plus d’offrir de bons exemples aux cultivateurs des alentours9. Le Séminaire de Québec, seul établissement d’enseignement secondaire au lendemain de la Conquête, puis lieu de la première université francophone d’Amérique du nord, à compter de 1852, constitue de toute évidence un haut lieu du savoir dans le contexte québécois du xixe siècle, comme en témoignent les enseignements, les ouvrages et les professeurs formés en Europe ou aux États-Unis10. Par conséquent, il y a tout lieu de croire que le Séminaire, en tant que propriétaire « seigneurial » exploitant d’importantes fermes pour sa propre consommation, mais également dans un objectif lucratif, a servi d’intermédiaire et a contribué à la modernisation de l’agriculture du xixe siècle québécois, à tout le moins dans la région de Québec où se situe la seigneurie de Beaupré. En favorisant l’émulation de ses fermiers, le Séminaire fait preuve de son désir d’innover et de transformer ses fermes en propriétés dotées de méthodes agronomiques rationnelles et en entreprises rentables, comme en témoigne le système de points très structuré du concours des fermiers. L’étude des documents relatifs à ces concours, notamment les programmes annuels11, les rapports de l’inspecteur12, les lettres du procureur13, le Journal 14 et autres papiers du Séminaire 15 permettent d’en connaître toutes les étapes. Ce texte vise à mettre en lumière, par l’exemple de ce concours, l’action de cette institution religieuse dans l’essor de l’agriculture québécoise, ainsi que de rendre compte de ses objectifs et de son fonctionnement. Mais dans un premier temps, dressons un bref état du Séminaire comme propriétaire seigneurial et entrepreneur agricole à la fin du xixe siècle.
Le Séminaire, la seigneurie de Beaupré et les fermes
4Depuis la fin du xviie siècle, le Séminaire de Québec est seigneur de Beaupré16, un fief immense couvrant 15 lieues de front sur la rive nord du Saint-Laurent, depuis la chute Montmorency, près de Québec, jusqu’à la rivière du Gouffre, dans la région de Charlevoix. L’abolition du régime seigneurial, en décembre 185417, ne constitue pas une rupture majeure dans les activités économiques et seigneuriales du Séminaire. La Loi de 1854 prévoit en effet le dédommagement des seigneurs par le rachat des rentes seigneuriales des censitaires, mais surtout, elle maintient la propriété entière des seigneurs sur le domaine non concédé. Dans la seigneurie de Beaupré, les terres domaniales occupent encore une superficie considérable au milieu du xixe siècle. En plus d’un vaste domaine forestier18, le Séminaire y possède plusieurs fermes dont l’histoire remonte au Régime français19. Elles constituent le garde-manger des prêtres et des élèves du Séminaire et une source de revenus pour l’institution. Ces fermes se concentrent essentiellement dans la paroisse de Saint-Joachim, à environ 50 km de Québec et sont exploitées soit en faire-valoir direct (par fermiers à gages), soit par l’entremise de baux à fermes. Le concours mis sur pied par Mgr Pâquet vise les fermes à gages de Saint-Joachim, soit les Grande-Ferme, Petite-Ferme, Ferme des Graves, Ferme de la Marsolette et Ferme Saint-Isidore (des Côteaux), là où dès les années 1620, Samuel de Champlain avait établi une ferme20. À celles-ci s’ajoutent quatre autres exploitations que le Séminaire a acquises au fil du temps, en dehors de sa seigneurie, mais dans une proximité relative de Québec, ce sont les fermes Maizerets21, Saint-Ignace22, Saint-Martin 23 et Sacré-Cœur24.
5En 1880, les fermes du Séminaire pratiquent toutes une agriculture extensive ; on ne retrouve que peu de pratiques spécialisées. À cet égard, la ferme des Côteaux à laquelle on a donné une vocation arboricole dès les années 1850 paraît l’exception, mais là également la polyculture a cours. Les fermes sont des entités indépendantes les unes des autres, n’ayant de compte à rendre qu’au procureur du Séminaire25. Elles sont exploitées par des « fermiers » engagés en vertu de contrats d’une année qui sont généralement reconduits automatiquement. Ces fermiers appartiennent parfois à des familles qui règnent de manière quasi dynastique depuis plusieurs générations : les Thomassin à la ferme des Graves, Fortin à la Grande-Ferme et à la ferme de la Marsolette, Guérin à la Petite-Ferme, Lortie à la ferme Saint-Ignace ou encore les Écossais Brown à la ferme des Côteaux. À Saint-Joachim, où sont regroupées la plupart des fermes, on doit noter la prééminence de la Petite-Ferme 26 qui constitue, aux dires mêmes du procureur du Séminaire, « la ferme-modèle du Séminaire, celle sur laquelle toutes les autres doivent prendre exemple. Par conséquent, tout doit s’y faire de manière à pouvoir servir de modèle, et cela sous tous les rapports27 ».
Mgr Benjamin Pâquet et la mise en place du concours des fermiers
6Dans la seconde moitié du xixe siècle, on assiste au Québec à la diffusion, sous diverses formes, des connaissances agricoles, sous l’impulsion d’un premier groupe d’agronomes formés à l’étranger. Différents moyens sont utilisés pour diffuser ce savoir aux agriculteurs : journaux, sociétés et cercles agricoles, écoles et manuels d’agriculture, conférences publiques, expositions agricoles, etc. Ces dernières sont souvent l’occasion de concours de toutes sortes où sont distribués prix et médailles. Ainsi, c’est en septembre 1853 que se tient la première exposition agricole provinciale, visitée par plus de 35 000 personnes28. C’est dans un contexte global d’efforts en vue d’améliorer l’agriculture québécoise que s’inscrit le concours mis sur pied par Mgr Pâquet au début des années 1880. Trois décennies après que le Comité spécial sur l’état de l’agriculture (1850) a déploré « l’état lamentable de l’agriculture », les pratiques demeurent inappropriées dans les fermes du Séminaire, du moins aux yeux du procureur qui institue un concours pour ses fermiers.
7Procureur du Séminaire de Québec de 1879 à 1885, Mgr Benjamin Pâquet (1832-1900) a 47 ans lorsqu’il entre en fonction. Auparavant, il avait surtout été associé au volet pédagogique du Séminaire et de son prolongement, l’Université Laval. Formé à Rome, Mgr Pâquet enseigne à la faculté de théologie jusqu’en 1879 en plus d’en être le doyen à compter de 1871. On le considère comme un opposant acharné au projet d’établissement d’une université à Montréal, détachée de Laval, mais aussi à l’ultramontanisme radical de Mgr Bourget, évêque de Montréal. Ses biographes se sont très peu intéressés à la période au cours de laquelle il est en fonction comme procureur29. Pourtant, son action et son zèle en matière de développement agricole paraissent, du point de vue de l’histoire rurale et agricole, tout aussi intéressants que ses luttes en matière académique et doctrinale. En 188530, Mgr Pâquet est nommé directeur du Grand séminaire, puis l’année suivante, il deviendra recteur de l’université Laval jusqu’en 1893. Il meurt à Québec en février 1900 dans sa soixante-huitième année.
8C’est à la séance du Conseil tenue le 9 avril 1881 qu’est entérinée la création d’un concours agricole annuel entre les fermiers du Séminaire. Une courte note manuscrite indique qu’une somme de « cent piastres 31 » y sera consacrée32.
9La première édition de ce concours se tient au cours de l’année 1882, le temps d’en mettre en place les balises. On note ces lignes dans un manuscrit daté du 12 avril 1882 : « Le Séminaire a décidé l’année dernière de fonder trois prix pour un concours annuel entre les fermiers à gages du Séminaire33. » Ainsi, le programme du concours, daté du 15 avril 1882, est acheminé aux fermiers le lendemain. Ils seront tenus d’y prendre part, ce qui atteste d’une évidente volonté de contrôle sous couvert de franche compétition. Les prix « seront donnés au mérite absolu, c’est-à-dire que la ferme la plus petite ou la moins riche peut prétendre au premier prix, comme la plus grande et la plus fertile », peut-on lire dans le préambule du programme signé par Mgr Pâquet qui visait à rassurer les fermiers, inquiets de la « domination » naturelle de la Petite-Ferme34. Le premier prix est de 50 dollars, le deuxième de 30 dollars et le troisième de 20 dollars, pour une somme totale de 100 dollars. Pour avoir une chance d’obtenir ces prix, les fermiers devront se conformer à toute une série de critères (20) correspondant à des points spécifiques. Il reviendra à un « juge compétent pris en dehors des paroisses où se trouvent les fermiers du Séminaire » de visiter et d’examiner attentivement chacun des aspects évalués, puis de rendre rapport au procureur.
10En inaugurant ce concours, en 1882, Mgr Benjamin Pâquet démontre sans équivoque son ambition de faire des fermes du Séminaire des entreprises modernes en matière agronomique. L’examen approfondi des critères soumis à l’évaluation de l’inspecteur témoigne des préoccupations du procureur et, plus largement de celles des zélateurs de l’agriculture québécoise du xixe siècle. Les éléments évalués par le concours correspondent presque en tous points aux critiques faites depuis le commencement du xixe siècle à l’encontre des pratiques agricoles qui prévalent dans la province de Québec : méthodes de culture déficientes, labours superficiels, drainage inadéquat, outillage défectueux, manque d’engrais, mauvaises herbes, dégénérescence des races animales, absence de pâturages verts 35… Autant de critiques qui trouvent écho dans le programme élaboré par le Séminaire de Québec.
11À la première année du concours, vingt critères sont évalués pour un total possible de 240 points 36 (10 points pour les 18 premiers articles et 30 pour les deux derniers). Plusieurs articles sont relatifs à l’entretien général de la ferme et à sa mise en valeur :
- clôtures en bon ordre et en nombre suffisant ;
- fossés et rigoles en bon ordre et en nombre suffisant ;
- absence de roches ou mauvaises herbes dans les champs ;
- étables, écuries, granges commodes et bien tenues ;
porcherie et bergerie commodes et bien tenues.
12Ces articles constituent en quelque sorte un rappel des préoccupations décelées depuis fort longtemps chez les bailleurs d’exploitations agricoles dans les clauses des baux à ferme. D’autres articles mettent l’accent sur les techniques et le matériel agricole :
- engrais bien préparés et bien conservés ;
- instruments aratoires et voitures de travail commodes, en bon ordre et améliorés.
13Ces deux critères sont fondamentaux et les rapports de l’inspecteur y insistent constamment. D’ailleurs, dès la seconde année du concours, l’utilisation et la conservation des engrais vaudront 20 points plutôt que 1037. Un nombre important d’autres critères concerne les pratiques culturales privilégiées par le Séminaire et propices à l’amélioration des rendements agricoles :
- bons pâturages semés de mil, trèfle blanc et trèfle de Suède ;
- grande étendue de prairies formant au moins la moitié de la ferme et semées de mil et de trèfle rouge ;
- culture de plantes sarclées ou légumes ;
- culture de céréales38.
14Le concours est ainsi une occasion de réitérer aux fermiers l’importance de l’introduction des plantes fourragères et des cultures sarclées pour assurer la productivité de la terre à long terme. Le Séminaire précise les quantités de graines de mil et de trèfle qui doivent être semées. Une notice, à la fin du programme, précise que ceux
« […] qui désirent semer de la graine de mil et de trèfle ce printemps pourront en recevoir gratuitement du Séminaire. Il faudrait demander aussitôt que possible la quantité que l’on désire semer. Les graines de mil et de trèfl e se sèment avec avantage dans les chaumes aussitôt que la neige est fondue ; il n’est pas nécessaire de herser, les pluies du printemps les enterrent suffisamment39 ».
15D’autres critères sont spécifiquement relatifs à l’élevage qui a cours dans toutes les fermes du Séminaire, notamment en vue de fournir le lait et le beurre. Ainsi, l’inspecteur devra évaluer :
- le troupeau de vaches [aussi beau que possible et aussi nombreux que peut le comporter l’étendue et la richesse de la ferme] ;
- le troupeau de moutons ;
- les chevaux, bœufs de travail 40 et de boucherie ;
- le troupeau de cochons ;
- le poulailler et la laiterie.
16Sur ce dernier aspect, on précise que les poules devraient être en nombre suffisant, mais également de « bonnes races », ce qui témoigne d’une volonté d’amélioration de la volaille. En ce qui concerne les autres animaux, vaches, porcs, moutons…, on se contente de préciser que le troupeau devrait être « aussi beau que possible »… Toujours en lien avec le bétail, le critère 19° évalue la production du beurre. Enfin, deux critères sont plus précisément en rapport avec la rentabilité de la ferme pour le Séminaire :
- personnel proportionné aux travaux (l’inspecteur devra s’assurer que les engagés le sont à bon escient et que le Séminaire ne défraie pas de gages inutiles) ;
- revenu proportionnel à la valeur de la ferme. Ce dernier point, de même que le beurre, est évalué directement par le procureur.
17Dès la seconde année du concours (1883), le procureur procède à quelques réajustements des critères d’évaluation. Certains éléments mériteront davantage de points, affirmant par là même l’importance qu’ils revêtent aux yeux de l’instigateur du concours. Ainsi, en plus de l’engrais (20 points plutôt que 10), les fermiers pourront obtenir jusqu’à 20 points pour la qualité des pâturages, 15 pour l’étendue des prairies, 20 pour la culture des plantes sarclées et légumes, 20 pour le troupeau de vaches, 15 pour les porcs, 15 pour le personnel proportionnel aux travaux. Enfin, on remplace le critère « beurre » (19) par la quantité de lait fourni (20 points) et on ajoute un critère qui sera jugé par le Séminaire et qui n’est pas dénué d’intérêt bien qu’il n’évalue en rien le mérite agricole :
1821° conduite morale du fermier et des différents employés de la ferme : « les fermiers sont responsables de la conduite de leurs employés », précise le procureur. Ce dernier élément, fondamental pour les hommes de religion que sont les prêtres du Séminaire, pourra mériter 30 points. Puis, en 1884, toujours sous l’autorité de Mgr Pâquet, on remplacera le troisième critère (roches et mauvaises herbes) par la culture du lin « en quantité suffisante pour les besoins de la ferme41 ». En cette période où les agriculteurs acquièrent de plus en plus de vêtements et accessoires manufacturés, le Séminaire insiste sur les qualités globales attendues du fermier et de sa famille, y incluant la culture du lin et la confection de vêtements par la fermière, attestant d’un idéal d’autoconsommation encore fortement présent, même chez les promoteurs d’une modernisation des modes de cultures. L’inspecteur fera d’ailleurs l’éloge de certaines des fermières qui réussissaient, en plus de tout le travail sur la ferme, à confectionner un nombre impressionnant de produits pendant la saison morte42. D’ailleurs, on ajoutera en 1888 une « gratification » de 5 points pour toute amélioration notable non prévue au programme et laissée au jugement de l’inspecteur. Les « étoffes » confectionnées par les fermières sont fréquemment considérées pour cette « gratification additionnelle », ou encore les travaux dans le verger à la ferme des Côteaux, etc. Un dernier critère d’importance sera ajouté par le nouveau procureur en 1888, il s’agit du « livre des recettes et des dépenses bien tenu » (10 points)43. C’est à partir de ces critères que l’inspecteur devra procéder à l’évaluation de chacune des fermes lors de sa tournée estivale.
Le fonctionnement du concours
Les visites annuelles de l’inspecteur des fermes
19Par les rapports qu’ils ont soigneusement rédigés 44 annuellement, par les sommes facturées au Séminaire45, on connaît les inspecteurs qui ont œuvré au service du concours des fermiers pendant le quart de siècle de son existence. Seulement deux hommes se sont succédé à cette fonction, ce qui rend leurs observations d’autant plus intéressantes qu’ils en sont venus à bien connaître chacun des fermiers chez qui ils logeaient annuellement pendant leur visite et à entretenir avec eux un rapport de confiance. En revenant d’année en année dans les mêmes fermes, l’inspecteur était à même de constater l’évolution ou la stagnation des fermes et l’intérêt porté à ses remarques et conseils par les fermiers. Tel qu’indiqué au premier programme du concours, l’inspecteur devait être compétent et impartial, puisque originaire d’une paroisse autre que celles où se trouvaient les fermes. Le premier à occuper cette fonction fut Charles-Alphonse Letellier, domicilié rue Saint-Laurent à Montréal. Pendant quatorze ans, il visitera tous les étés les différentes fermes. Puis, entre 1897 et 1908, un nouvel inspecteur le remplacera : Théodule Paquet, agriculteur de Saint-Nicolas sur la rive sud de Québec.
20L’inspecteur Letellier, venu à Québec en bateau depuis Montréal, puis encore par voie d’eau de Québec à Sainte-Anne-de-Beaupré (paroisse voisine de Saint-Joachim), met entre 15 et 20 jours annuellement pour visiter les 7 ou 8 fermes du Séminaire. Ces visites débutent généralement entre le milieu et la fin de juillet pour se terminer au début du mois d’août, au cœur de la saison végétative. Le plus souvent, il entreprend sa tournée par les fermes les plus près de Québec (Maizerets, Saint-Ignace) ou encore celles du nord de la région (Sacré-Cœur, Saint-Martin) pour se déplacer ensuite à Saint-Joachim où se trouvent la plupart des fermes, au cœur de la seigneurie de Beaupré, face à l’extrémité orientale de l’île d’Orléans.
« Je suis heureux d’avoir pu constater qu’il y a un assez bon progrès chez quelques fermiers : il y en a encore qui, pour je ne sais quelle raison, n’ont pas progressé de la même manière. Il y a une bonne amélioration dans le bétail et on commence à comprendre l’avantage d’avoir de bonnes races d’animaux46. »
21Ainsi débute le premier rapport de l’inspecteur des fermes engagé par le Séminaire. Celui-ci consigne dans un petit carnet les résultats et commentaires relatifs à chacun des critères soumis à l’évaluation par le procureur. L’écriture soignée et les remarques étoffées de l’inspecteur Letellier permettent de connaître en détail l’état des fermes concourantes. Malgré un programme uniforme pour l’ensemble des fermes, l’inspecteur n’est pas sans tenir compte des spécificités de chacune, notamment de leur situation géographique et topographique ou encore de certaines spécialisations. Par exemple, la ferme des Côteaux possède un verger important, mais aucun point n’est prévu à cet effet dans le programme. Il est également sensible aux difficultés auxquelles est confronté le fermier de la ferme Saint-Martin, où la saison végétative est encore plus réduite qu’ailleurs en raison de l’altitude et où le sol est rocailleux47. Néanmoins, l’uniformité du programme montre bien que le Séminaire considère normal que toutes ses fermes soient de petites entreprises non spécialisées. Au contraire, tel fermier qui ferait l’élevage bovin à plus grande échelle sans avoir de porcs ou de moutons sur son exploitation serait, selon les normes du concours, pénalisé. Toutefois, on verra que dans la réalité, certaines fermes tendent à axer leur production pour répondre à des besoins spécifiques du Séminaire, acquérant du même coup un début de spécialisation. Néanmoins, le Séminaire ne l’encourage pas systématiquement, et ce sont parfois les fermiers eux-mêmes qui prêchent en ce sens. Ainsi, on apprend, à l’occasion d’un différend entre le Séminaire et l’un de ses fermiers, en 1884-1885, que Napoléon Dorion verrait d’un bon œil une spécialisation accrue de la ferme Maizerets où l’élevage porcin à grande échelle contribuerait à une meilleure rentabilité, à l’instar, plaide-t-il, du lait à la ferme Saint-Ignace ou du fromage dans celles de Saint-Joachim48.
22Les fermiers ont tout intérêt à tenir compte des remarques de l’inspecteur, au risque d’être semoncés par le Séminaire, voire même d’être remerciés, comme nous le confirme le Conseil du Séminaire à sa séance du 19 janvier 1905 à l’égard du fermier des Graves : « Il n’aurait pas le talent nécessaire pour conduire convenablement les affaires et cela au témoignage réitéré de l’inspecteur des fermes49. » Il est intéressant de noter que l’inspecteur joue aussi un rôle d’éducateur en matière de comptabilité agricole. Bien que ce critère n’apparaisse formellement qu’au concours de 1888, dès le début, l’inspecteur, sans doute à la requête du procureur, évalue la tenue des livres de comptes des fermes. Ses commentaires attestent bien de la disparité culturelle qui existe parmi les fermiers du Séminaire, se manifestant dans la tenue de livres. Letellier mentionne, en parlant de Louis Racine et de son épouse, qui tiennent l’exploitation de Saint-Martin, au cœur des montagnes : « Le livre de compte n’est pas en bonne forme, mais le fermier et son épouse ne savent ni lire ni écrire50. » Ces fermiers isolés et analphabètes, aux prises avec des terres peu fertiles ne seront plus à l’emploi du Séminaire l’année suivante, s’étant vraisemblablement démis devant la tâche colossale que représentait l’exploitation de cette ferme. Au terme de sa visite, l’inspecteur remet son rapport au procureur qui fera le suivi requis auprès des fermiers.
Le rôle du procureur du Séminaire
23Si l’évaluation des pratiques en vigueur dans les fermes est entre les mains de l’inspecteur, c’est au procureur que revient la gestion des rapports avec les fermiers, à la suite des visites annuelles. Qui plus est, plusieurs fois dans l’année, le procureur visite les fermes du Séminaire. Ainsi apprend-on que, le 31 mars 1882, Mgr Pâquet part pour Saint-Joachim y visiter les sucreries et ce malgré un gros rhume 51… Ou encore, en mars 1883, le même va à Saint-Joachim pour les fromageries52. À l’occasion, il profite de ces visites pour « prendre une petite vacance53 ». L’action du procureur nous est connue aussi grâce à de la correspondance adressée ou reçue des fermiers54. Cependant, en ce qui concerne directement le concours des fermiers, le rôle du procureur, outre sa mise en place et divers ajustements au fil des ans, consiste essentiellement à prodiguer des conseils et des recommandations aux fermiers, dans la foulée du rapport annuel que l’inspecteur lui remet à la fin de l’été. Le procureur met un temps assez long pour étudier le rapport si l’on en croit le moment où il rédige ses lettres aux fermiers, en général durant l’hiver. De plus, comme il juge personnellement quelques-uns des critères du concours, il doit compléter lui-même l’évaluation et faire le cumul des points de chacune des fermes. Alors, il félicite les uns, les informant par la même occasion des prix qui leur seront conférés, ou semonce les autres, surtout lorsque l’inspecteur fait les mêmes constats d’année en année.
24À compter de 1890, Mgr Gagnon, qui a succédé à Mgr Pâquet depuis 5 ans, rehausse les exigences du Séminaire à l’endroit des fermiers, dans une optique cœrcitive. Le concours est maintenu, mais le programme mentionne dès lors : « De plus, pour mériter un prix, il faudra montrer un surplus des recettes sur les dépenses, proportionné à la valeur de la ferme comme terrain. » Or, cette année-là, un seul prix sera remis au fermier de la Petite-Ferme, Isidore L’Heureux (1er prix), alors que la Grande-Ferme et la ferme Saint-Ignace (qui se classent en deuxième et troisième place), ne reçoivent pas de prix en argent, en raison de revenus nets jugés insuffisants… La situation se répétera en 1891 et en 1892.
25L’année suivant l’arrêt du concours, le Séminaire demande aux agronomes du Département fédéral de l’agriculture de produire un rapport sur l’état de ses fermes. En date du 24 décembre 1909, celui-ci est sans pitié à l’endroit du Séminaire de Québec. Dans l’introduction du rapport on peut lire :
« Le mode d’exploitation de ces fermes nous paraît entièrement défectueux et incapable d’assurer un rendement rémunérateur. Le système extensif de culture, en honneur actuellement, et qui réduit au minimum les façons culturales, a pu, pour certaines raisons, paraître recommandable autrefois ; mais devant les moyens puissants dont l’agriculture dispose pour mettre la terre en valeur, et avec la main-d’œuvre à bon marché qui s’offre dans la région, ce système n’a plus de raison d’être. Étant donné l’augmentation énorme de la valeur des terrains, il nous paraît non seulement suranné, mais ruineux55. »
26Au-delà de l’avis de ces experts, il demeure bien difficile d’évaluer le succès ou l’échec de cette initiative mise en place par le Séminaire de Québec en 1881 et qui fut maintenue jusqu’en 1908. Certes, l’étude approfondie des rapports annuels de l’inspecteur permet de cibler diverses transformations et adaptations dans les fermes au cours de ce quart de siècle, notamment en ce qui concerne le drainage des terres, l’utilisation et le soin porté aux engrais, la clôture des terres, les races animales, etc. Mais comment savoir dans quelle mesure ces changements sont le fruit du concours ? On note dans toutes les fermes le maintien d’une agriculture extensive et ce, bien souvent, contre l’avis même des fermiers qui paraissent à cet égard parfois plus innovateurs que les prêtres du Séminaire56. À cet égard, il faut reconnaître que l’objectif d’une rentabilité à court terme des fermes, réaffirmé dans les critères mêmes du concours, représente un certain obstacle à la modernisation des méthodes agricoles. Les nouvelles pratiques nécessitent des investissements, souvent considérables, qui ne rapportent pas nécessairement des dividendes rapides. Ce manque de vision à long terme, imputable au maintien de « pratiques surannées », a paru flagrant aux yeux des agronomes fédéraux en 1909. En étudiant les autres volets de la « politique » agricole du Séminaire pendant la seconde moitié du xixe siècle, dont la création d’une ferme-modèle (1851) ou les tentatives de spécialisations (arboriculture, vignes, etc.)57, on constate plus souvent des échecs que des réussites. Le Séminaire aura sans doute contribué à faire sortir les fermiers de leur « routine », mais le concours n’aura pas suffi à les faire entrer véritablement dans la modernité agricole.
27Au fil du xxe siècle, le Séminaire se départira progressivement de l’ensemble de ses fermes, mettant un terme à ses entreprises agricoles dont les origines remontaient au commencement du Régime français. La vénérable institution, depuis les hauteurs de Québec, demeure cependant en possession de son immense « domaine seigneurial » forestier sur la côte de Beaupré où elle souhaite, dans les prochaines années, développer l’industrie éolienne. Signe des temps et de l’évidente capacité d’adaptation d’une institution religieuse trois fois centenaire.
Notes de bas de page
1 Ce texte a été rédigé dans le cadre d’une recherche postdoctorale effectuée à l’université de Montréal, subventionnée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) et rendu possible grâce au support financier du Fonds de recherche de l’Université Laurentienne – programme de publication. Je tiens à remercier Christian Dessureault pour ses commentaires judicieux pendant la durée de cette recherche et en particulier en ce qui concerne le présent texte.
2 Musée de la civilisation, fonds d’archives du Séminaire de Québec (dorénavant ASQ), M-25, Cahier de Mgr Benjamin Pâquet.
3 Claude Blouin, « La mécanisation de l’agriculture entre 1830 et 1890 », Normand Séguin (dir.), Agriculture et colonisation au Québec, Montréal, Boréal Express, 1980, p. 94.
4 Ibid.
5 Fernand Ouellet et Jean Hamelin, « Les rendements agricoles dans les seigneuries et les cantons du Québec : 1760-1850 », Claude Galarneau et Elzéar Lavoie (dir.), France et Canada français du xvie au xxe siècle, Québec, Presses de l’université Laval, 1966, p. 88.
6 Ibid., p. 87, 88, 94…
7 Louise Dechêne, « Observations sur l’agriculture du Bas-Canada au début du xixe siècle », Joseph Goy et Jean-Pierre Wallot (dir.), Évolution et éclatement du monde rural. France-Québec xviie-xxe siècle, Paris/Montréal, Écoles des hautes études en sciences sociales/Presses de l’université de Montréal, 1986, p. 189.
8 Jean-Claude Farcy, « Le monde rural face au changement technique : le cas de la Beauce au xixe siècle », Histoire, Économie et Société, 1983, n° 1, p. 173.
9 L. Dechêne, « Observations sur l’agriculture… », art. cit., p. 195.
10 Noël Baillargeon, Le Séminaire de Québec de 1800 à 1850, Sainte-Foy, Presses de l’université Laval, 1994, p. 309-332.
11 Les programmes des concours sont disponibles pour les années suivantes : 1882, 1883, 1884, 1885, 1888, 1890, 1899 et 1902. Ce sont de petits fascicules de 4 pages pliées ; on les retrouve épars dans les documents du Séminaire relatifs aux fermes, par exemple : ASQ, Séminaire 70, n° 50a, 50c, 50d, 50l ; ASQ, S-295, S-299, S-300 et Séminaire 100, n° 41e.
12 Deux hommes ont occupé la fonction d’inspecteur des fermes du Séminaire de Québec entre 1882 et 1908. Ils ont laissé au total 7 petits cahiers manuscrits dans lesquels ils ont consigné en détail les évaluations de chacune des fermes annuellement, en précisant les points accordés et les causes des points retranchés. Ces cahiers représentent une source inestimable d’information : ASQ, S-293 à S-300.
13 Jusqu’en 1885, Mgr Pâquet consignait dans un petit cahier le brouillon des lettres qu’il rédigeait annuellement aux fermiers pour leur faire part des résultats du concours et des recommandations de l’inspecteur. ASQ, M-25.
14 ASQ, Journal SEM. Il s’agit du grand livre dans lequel étaient consignées toutes les activités relatives au Séminaire, en ordre chronologique. On retrouve à diverses dates des renseignements concernant les fermes et les concours.
15 Lettres, factures, comptabilités, circulaires, etc.
16 Le Séminaire de Québec possède d’autres seigneuries, dont l’île-aux-Coudres et la vaste seigneurie de l’île Jésus dans la région de Montréal (aujourd’hui la ville de Laval).
17 S.C., 1854-1855, 1re session, c. 3, Acte pour l’abolition des droits et devoirs féodaux dans le Bas-Canada (18 décembre 1854).
18 Aujourd’hui encore, la « seigneurie » de Beaupré « est la plus grande propriété forestière privée d’un seul tenant au Canada. D’une superficie de près de 1 600 km2, [elle] s’étend de la route 175, dans la région de Stoneham, jusqu’à la rivière du Gouffre à Saint-Urbain ». Source : Groupe Boralex (octobre 2005).
19 Pour l’histoire du Séminaire et de ses fermes : N. Baillargeon, Le séminaire de Québec… op. cit.
20 Jean-Charles Chapais, « Three Centuries of Agriculture », Canada and its Provinces XVI, The Province of Québec, II, Toronto, Edimburg éd., 1914, p. 506.
21 La ferme Maizerets était connue auparavant sous le nom de Ferme de la Canardière ; le Séminaire l’a acquise dès 1704. Le domaine, la vaste résidence ainsi que les bâtiments sont, depuis 1979, la propriété de la ville de Québec et constituent un centre de plein-air au cœur de la ville.
22 Acquise aux enchères en 1863, la ferme Saint-Ignace se trouvait à Beauport, à l’emplacement actuel de la paroisse Saint-Ignace-de-Loyola, qui fut érigée au gré du démembrement de la ferme au xxe siècle (église, parc, cimetière, lotissements…).
23 La ferme Saint-Martin, au nord de la région de Québec, était la plus septentrionale des fermes du Séminaire et cessera ses exploitations notamment en raison des difficultés relatives au sol peu propice à l’agriculture.
24 Située à l’Ancienne-Lorette, au nord-ouest de Québec.
25 Notons toutefois que le fermier de la Petite-Ferme porte le titre de contremaître des fermiers de Saint-Joachim. ASQ, M-25, « Instructions pour le contre-maître à St-Joachim ».
26 Son nom « Petite-Ferme » ne doit pas prêter à confusion, elle est de loin la plus grande en superficie (727 arpents en superficie en plus de 600 arpents de grèves). De son côté, la « Grande-Ferme » ne compte que 252 arpents…
27 ASQ, M-25, « Instructions pour le contre-maître à St-Joachim ».
28 Jean Hamelin et Yves Roby, « Les transformations de l’agriculture », Histoire économique du Québec, 1851-1896, Montréal, Fides, 1971, p. 186-189.
29 Sonia Chassé, « Benjamin Pâquet », Dictionnaire biographique du Canada, tome XII, Sainte-Foy/ Toronto, université Laval/Toronto University Press, 1990, p. 893-896.
30 Ferdinand-Cléophas Gagnon lui succède alors comme procureur du Séminaire.
31 Cent dollars.
32 ASQ, Manuscrit 13.2 (9 avril 1881).
33 ASQ, Manuscrit 33, p. 140 et document annexé.
34 ASQ, Séminaire 70, n° 50c.
35 F. Ouellet et J. Hamelin, « Les rendements agricoles… », art. cit., p. 101-102.
36 ASQ, Séminaire 70, n° 50c.
37 ASQ, Séminaire 70, n° 50d.
38 Notons que l’importance accordée aux engrais (critère 5) atteste également d’une préoccupation en matière d’amélioration des cultures.
39 ASQ, Séminaire 70, n° 50c, p. 4.
40 Témoignant du maintien de l’utilisation de bœufs pour les travaux agricoles en cette période tardive du xixe siècle.
41 ASQ, Séminaire 70, n° 50L.
42 C’est le cas, en particulier, de madame L’Heureux, à la Petite-Ferme. Notons cependant que les fermières, en dépit de leur rôle essentiel sur l’exploitation, ne sont pas conviées lors des soupers annuels des fermiers.
43 ASQ, S-300, p. 3.
44 Il manque seulement le rapport pour la première année du concours (1882), ainsi que pour la période 1885-1887. Pour ces dernières années, on peut néanmoins connaître la teneur partielle des commentaires de l’inspecteur grâce au carnet des lettres du procureur, l’abbé Gagnon, aux fermiers.
45 ASQ, Séminaire 382, n° 192 à 196.
46 ASQ, S-292, rapport de l’inspecteur des fermes (1883), p. 92-93.
47 Voir par exemple le commentaire de Charles Letellier à propos de l’absence de fossés à la ferme Saint-Martin. Il donne néanmoins 8 sur 10 au fermier considérant que « le terrain est très difficile […] beaucoup de pierre se découvre à chaque labour », ASQ, S-292.
48 ASQ, Séminaire 81, n° 6e, lettre de Napoléon Dorion au conseil du Séminaire (5 janvier 1885).
49 ASQ, Journal SEM, vol. 7, p. 209 (19 janvier 1905).
50 ASQ, S-293 (rapport 1883), ferme Saint-Martin.
51 ASQ, Journal SEM, vol. 3, p. 135 (31 mars 1882).
52 ASQ, Journal SEM, vol. 3, p. 239 (27 mars 1883).
53 ASQ, Journal SEM, vol. 3 (19 septembre, 14 octobre et 23 octobre 1882), p. 239.
54 À titre d’exemple : ASQ, Université, 305, n° 31 (6 janvier 1884). Le procureur envoie aux fermiers des renseignements au sujet de la plantation des vignes qu’il a achetées.
55 ASQ, Séminaire 569, n° 8, Rapport sur l’état des fermes du Séminaire de Québec (24 décembre 1909).
56 Par exemple : ASQ, Séminaire 570, n° 13a, Explications demandées par M. Odilon Gosselin et données par Eugène Lortie, fermier de Maizerets (c.1910)
57 Voir : Honorius Provost, La ferme des Côteaux, une ferme typique de Saint-Joachim, Québec, Séminaire de Québec, 1982, 34 p. ; Paul-Louis Martin, Les fruits du Québec. Histoire et traditions des douceurs de la table, Sillery, Septentrion, 2002, p. 63-68 (sur la ferme des Côteaux).
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008