Réflexions sur une absence : clergé paroissial et comices agricoles en Haute-Bretagne au xixe siècle
p. 273-284
Texte intégral
1Deux traits caractérisent sans doute la Bretagne du xixe siècle aux yeux des observateurs. Le premier est celui d’une société profondément rurale et, par là même, essentiellement agricole. En 1846 par exemple, l’Ille-et-Vilaine compte encore plus de 83 % de ruraux et, en 1882, la population agricole représente, selon les départements, de 60 à 75 % des actifs, statistiques sans rapport avec ce que l’on peut observer alors dans la plupart des régions françaises où la moyenne est inférieure à 50 %.
2Cette société rurale apparaît, par ailleurs, comme profondément marquée par la religion, comme dominée aussi par un clergé paroissial tout puissant – peut-être même plus encore qu’au siècle précédent dans la mesure notamment où sa position semble s’être renforcée après la Révolution. Si la ci-devant province n’est pas monolithique pour autant, les lignes de partage entre « Blancs » et « Bleus » ne sont que marginalement religieuses : ici, ce sont moins en effet cléricalisme et anticléricalisme qui s’opposent que les différentes visions d’un catholicisme se déclinant – M. Lagrée l’a bien montré – selon différentes nuances du « blanc » au « bleu »1.
3Ces deux caractéristiques pourraient, de prime abord, laisser penser à un probable investissement du clergé breton en matière d’agriculture, et ce d’autant qu’il s’était montré, au xviiie siècle notamment, particulièrement concerné par cette question. Les exemples ne manquent pas : au-delà des multiples notations en marge des registres paroissiaux concernant les récoltes – et notamment les plus mauvaises –, cet intérêt pour la chose agricole se révèle à l’analyse de la composition des bibliothèques de certains, à celle de leur discours2, à l’aune de leurs pratiques enfin. En la matière, la part réservée au clergé paroissial dans la Société d’agriculture de Bretagne créée en 1757 est des plus révélatrices3 ; un clergé paroissial que l’on retrouve particulièrement actif, 150 ou 200 ans plus tard, dans l’affirmation du syndicalisme des cultivateurs-cultivants ou, de manière plus attendue, dans celle de la JAC4. Or, entre ces deux dates, c’est bien le constat d’une relative absence du clergé dans les efforts consentis afin de développer l’agriculture bretonne au xixe siècle qu’il s’agit de faire, une absence qui doit nous interroger.
4Pour ce faire, j’ai opté pour un terrain d’enquête limité à l’un des départements bretons, l’Ille-et-Vilaine, mais aussi restreint à un type d’institution, les comices agricoles. En effet, outre leur grande précocité et leur nombre important – le premier date de 1817, tandis qu’on en compte dans chaque canton dès le milieu du siècle 5 –, les comices agricoles bretons ont pour particularité d’opter pour des structures cantonales qui épousent celles des paroisses concordataires. En cela, ils ont tout pour offrir au clergé paroissial un lieu – sinon le lieu… – d’un investissement massif, au plus près de la masse des cultivateurs.
5On l’aura compris : c’est donc une réflexion d’ensemble sur les liens entre clergé paroissial et agriculture dans la Bretagne du xixe siècle que je souhaiterais entamer ici, au-delà des cas particuliers du curé X, du frère Y ou du chanoine Z. Trois temps la rythmeront, du constat initial de la faible présence du clergé dans les comices à une tentative d’explication de cet état de fait, en passant par une interrogation sur l’éventuel désintérêt du clergé pour la chose agricole.
Un constat : un clergé paroissial absent des comices
6Le constat d’une très large absence du clergé paroissial des institutions agricoles du xixe siècle peut être établi à trois niveaux d’observation : celui des lauréats des prix distribués par les comices, celui des membres de ces comices, enfin celui des dirigeants de ces organisations6.
Des lauréats très minoritaires
7En ce domaine, les recherches entreprises n’ont pas permis d’identifier un seul prêtre récompensé pour avoir présenté un bel animal ou mis en culture de manière remarquable ne serait-ce qu’une pièce de terre7. Seule exception, hors comice il est vrai : le frère Henri, chef de culture du collège Saint-Vincent à Rennes, primé régulièrement par la Société d’horticulture du département, notamment pour ses pélargoniums. Mais il est le seul ecclésiastique dans ce cas, les autres jardiniers d’institutions religieuses récompensés – ceux du couvent de la Retraite ou du Sacré-Cœur, du monastère de Saint-Cyr, de l’archevêché, du séminaire – se trouvant être des laïcs8.
8C’est en fait pour d’autres raisons que les membres du clergé sont primés par les comices : ces prix vont en effet à des frères en raison de leur enseignement agricole dans les écoles primaires. Mais ces enseignants sont bien moins présents que leurs homologues laïcs. En 1859 par exemple, alors que le dynamique préfet Féart pousse avec quelque efficacité au développement de ce type de prix, l’on ne compte que trois frères parmi les 27 instituteurs récompensés. Même si manque encore une étude exhaustive de la répartition laïcs/frères dans les écoles du département, on peut raisonnablement conclure à une sous-représentation des seconds, sous-représentation liée d’ailleurs sans doute moins au retard en ce domaine de l’Institut de Ploërmel qu’à l’avance prise de longue date par l’école normale de Rennes9.
9On pourra cependant admettre que, de manière générale, le clergé paroissial, aux préoccupations a priori bien différentes, n’avait que peu de raisons d’obtenir des distinctions lors des fêtes des comices. Sans courir les primes, ce clergé aurait pu, en revanche, marquer son soutien au développement agricole par une adhésion de principe.
Des membres peu nombreux
10L’étude des membres des comices est potentiellement riche d’enseignements. Réunissant, en moyenne, de 80 à 100 personnes, jusqu’à 250 parfois, 4 à 500 même lorsque deux associations sont en concurrence, ces organisations agricoles recrutent en effet de manière suffisamment large pour embrasser l’ensemble de la société rurale, d’autant que le coût de l’adhésion est souvent modique, 1 à 3 fr. en général10. Rares sont cependant les listes d’adhérents : 22 seulement ont pu être retrouvées, la plupart datant soit des années 1859-1860, soit des réorganisations liées aux scissions intervenues entre 1890 et 1900.
11Elles révèlent une présence très inégale du clergé paroissial : on ne trouve en effet des prêtres que dans cinq de ces listes, toutes de la décennie 1850. Surtout, lorsque ces ecclésiastiques sont présents, seule une minorité de ceux du canton sont mentionnés : un ou deux le plus souvent, sur les 10 à 20 prêtres de chaque canton, comme à Vitré ou Argentré en 1851 et 1859. Le comice de Pleurtuit, au sein duquel cinq des 87 membres sont des prêtres du canton en 1860, fait ainsi figure d’exception : là, les recteurs de quatre des cinq communes sont en effet membres de l’association agricole.
12Au-delà de cette faible présence, ces quelques listes semblent indiquer une plus large adhésion des prêtres des chefs-lieux de canton, notables parmi les notables en quelque sorte. Ainsi, en octobre 1852, un brouillon de liste des membres du comice de Châteaubourg mentionne successivement, sans préciser le moindre nom, le juge de paix, le maire du chef-lieu, le curé-doyen, le percepteur, l’agent-voyer, le receveur de l’enregistrement, celui des contributions indirectes, enfin le médecin vaccinateur. Cette adhésion presque contrainte, en raison d’une position sociale, on la retrouve, à une autre échelle, chez les vicaires : pas un ne figure sur les listes retrouvées sans que son recteur ne soit, lui aussi, membre du comice. D’où leur faible nombre, quatre seulement à l’échelle de notre échantillon.
13La participation aux activités d’associations d’un niveau supérieur, sociétés départementales d’agriculture et d’horticulture, compense-t-elle alors, pour une part au moins, cette absence au niveau le plus bas, celui des cantons ? Difficile à dire en ce qui concerne l’Ille-et-Vilaine, faute de listes de membres. Mais les similitudes entre comices et sociétés départementales en ce qui concerne les dirigeants semblent plaider en faveur d’une réponse négative.
Des dirigeants rares
14Sans grande surprise, les résultats ici obtenus sont très semblables à ceux des tests précédents. Ainsi, parmi les 6 à 700 présidents, vice-présidents, secrétaires et trésoriers des années 1853, 1859, 1886 et 1900, on ne compte pas un seul prêtre. Quant à l’approche longitudinale menée sur 31 comices, elle n’est guère plus satisfaisante : on ne trouve en effet que trois prêtres exerçant quelque fonction à la tête des associations étudiées. Encore celles-ci ne sont-elles que de second ordre. Point de président ici, non plus que de vice-président, de trésorier ou de secrétaire, point même de président d’honneur, mais tout juste trois administrateurs, aux fonctions d’ailleurs floues : l’abbé Vaugeois, curé de Liffré, membre du bureau du comice de ce canton de 1856 à 1862 ou 1863, l’abbé Juhel, curé de Pleurtuit, exerçant de semblables responsabilités à la fin des années 1860, ou encore le curé du Rheu, désigné pour représenter sa commune en 1853.
15Au-delà même de ces chiffres bruts, l’important me semble ici résider dans le décalage flagrant entre d’une part la position sociale et l’influence, éminentes à l’échelle du canton, de ces prêtres, et, d’autre part, leur faible place dans les institutions comiciales. Toutes les élites locales, tous les notables de même niveau sont en effet largement représentés : maires et adjoints, propriétaires et commerçants, fonctionnaires aussi, percepteur, juge de paix, gendarmes parfois, instituteurs très souvent, autant de catégories dont les rapports à la chose agricole ne sont guère plus évidents que pour les curés et vicaires ; pourtant, les membres du clergé paroissial, eux, sont absents11.
16Exceptionnellement lauréats, rarement membres, ponctuellement dirigeants des comices12, les prêtres d’Ille-et-Vilaine ne semblent au total guère accorder qu’une attention limitée aux questions agricoles au cours du xixe siècle : seule une vingtaine d’entre eux a pu être identifiée, une vingtaine parmi des centaines ordonnés dans le département tout au long des années 1830-1914, une vingtaine parmi les 7 à 800 en activité simultanément. Peut-on pour autant parler de désintérêt pour la chose agricole ? La question est importante en ce qu’elle permettrait d’expliquer cette absence massive.
Un désintérêt pour la chose agricole ?
17Les explications du faible investissement apparent des prêtres dans l’action des comices sont sans doute, dans un premier temps, à chercher du côté du clergé lui-même. Faut-il par exemple y voir la traduction d’un désintérêt des prêtres pour la chose agricole et, au-delà, pour le monde rural ? Origines sociales ou géographiques du clergé paroissial d’Ille-et-Vilaine, pratiques quotidiennes en matière agricole ou rapports au fait associatif ne plaident guère en ce sens.
Un clergé paroissial socialement étranger au monde rural ?
18C’est dans la distance sociale et culturelle entre un clergé d’origine urbaine et ses ouailles que pourrait tenir l’une des explications à son attitude vis-à-vis des comices. Pourtant, il n’en est rien.
19En effet, en une Bretagne très majoritairement rurale, le clergé paroissial l’est lui aussi, notamment par ses origines13. Dans l’Ille-et-Vilaine des années 1815-1848, 82 % des prêtres sont nés dans le monde rural, à l’instar du reste de la population qui n’est urbaine qu’à 16,3 %14. Ces chiffres, en eux-mêmes très parlants, prennent une autre dimension encore lorsqu’on les compare à ceux d’autres diocèses du Grand Ouest, ruraux eux aussi – Orléans, Saintes, La Rochelle ou Nantes par exemple –, où plus de la moitié des vocations sont urbaines. Plus encore : en Ille-et-Vilaine, la part des ruraux tend à croître encore au cours du siècle, pour atteindre 88 % vers 1900, à rebours donc de la tendance globale à l’urbanisation des populations15.
20À ces origines géographiques, il convient d’associer des origines professionnelles nettement agricoles. Près de 66 % des séminaristes de 1813 sont fils de cultivateurs16. Si ces proportions diminuent au cours du siècle, au gré du recul de la proportion des paysans dans la population globale, ce sont encore près de 48 % des prêtres de l’arrondissement de Vitré de la fin du siècle dont les parents cultivaient la terre17.
21Ainsi, le monde rural dans lequel le clergé paroissial d’Ille-et-Vilaine se trouve plongé n’est pas un monde inconnu pour lui. Si le passage par le séminaire de Rennes a pu, pendant quelques années, conduire à une coupure, celle-ci reste sans doute superficielle, comparable finalement à celle que subissent lors de leur formation à l’école normale les élèves-instituteurs, eux aussi largement ruraux par leurs origines18. Au contraire des prêtres cependant, les maîtres investissent assez largement les structures comiciales19. Les explications du faible engagement clérical en ce domaine sont donc à chercher ailleurs.
Un clergé paroissial rural mais éloigné des questions agricoles ?
22Au-delà de leurs origines géographiques et sociales, au-delà des quelques cours de botanique suivis au séminaire, les rapports à la chose agricole font largement partie du quotidien de la plupart des prêtres ruraux.
23Ils tiennent tout d’abord au cadre de vie rural de ces curés de campagne et de leurs vicaires. Sans même parler des contacts quotidiens avec les cultivateurs, les prêtres sont souvent eux-mêmes, de facto, à la tête d’une – certes modeste – « exploitation » rurale. Bien évidemment, celle-ci n’a en général plus l’ampleur qui fut parfois la sienne avant la Révolution. Elle n’est pas pour autant ridicule. Inutile de s’étendre ici sur le fameux jardin entourant le presbytère, lieu de promenade et de réflexion célébré par la peinture mais aussi garde-manger décrit par Balzac au chapitre iii du Curé de village : les nécrologies publiées dans la Semaine religieuse de Rennes disent bien l’intérêt porté par certains à cet espace, tel l’abbé François Ozanne, mort le 2 juin 1913, « maître en horticulture » et concepteur d’ » un jardin modèle »20.
24Mais le curé de campagne peut aussi jouir de biens fonciers de taille variable, parfois honorable, mis à sa disposition par la fabrique ou dépendant directement de la cure. À Erbrée, près de Vitré, le pourpris a une superficie de 3 ha., de quoi contenter bien des micro-exploitants. À Dourdain, non loin de là, le prêtre bénéficie d’une prairie de presque 1 ha. pour faire paître sa monture, mais aussi de 4 terres labourables totalisant 2 ha. À Balazé ou Domagné, le curé jouit d’un champ et d’un verger. À Torcé, s’y ajoute un vivier de près de 10 ares, permettant un approvisionnement régulier du presbytère en poisson. Et l’on ne sait rien, en ce qui concerne l’Ille-et-Vilaine, des biens détenus en propre par des prêtres eux-mêmes propriétaires fonciers placés ainsi, tel l’abbé Breteau de la Guéretterie, à la tête de plusieurs dizaines d’hectares parfois21.
25Les bibliothèques des prêtres des campagnes d’Ille-et-Vilaine n’ont pas, elles non plus, fait l’objet d’études spécifiques. On se gardera donc de toute extrapolation à partir de données d’autres lieux ou d’autres siècles. L’on sait cependant que, dans ces espaces de moindre alphabétisation, les membres du clergé rural figurent parmi les principaux lecteurs de la presse départementale ou d’arrondissement et qu’ils ne peuvent ainsi ignorer totalement les préoccupations agricoles de la plupart de ces journaux, notamment les plus conservateurs. Surtout, même si la chose est ponctuelle, la Semaine religieuse de Rennes n’ignore pas elle-même ces questions. Ainsi reprend-elle, dans son numéro du samedi 25 août 1894, un article publié quelques mois auparavant dans son homologue briochine, titré « L’agriculture et le clergé », vantant les mérites des prêtres québécois en ce domaine.
26Bref, sans doute n’est-ce pas un éloignement des questions agricoles qui permettra d’expliquer le désintérêt du clergé paroissial pour les comices. Reste un dernier élément : l’éventuel rejet des structures associatives.
Un clergé paroissial rétif à l’engagement associatif ?
27C’est là, sans doute, l’une des dernières explications envisageables : elle tiendrait à la préférence pour une action isolée, diffuse, en terme d’influence, particulièrement efficace d’ailleurs à en croire, tout au long du xixe siècle, les autorités préfectorales.
28Pourtant, à l’occasion, le clergé paroissial ne dédaigne pas de s’associer aux laïcs, et ce, bien avant la vague associationniste des années 1885-1914. On trouve par exemple très tôt des prêtres parmi les membres de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine. Ils sont même 26 sur 98 en 1899-1900, parmi lesquels l’abbé Paris-Jallobert, longtemps curé de la paroisse rurale de Balazé22. On a pu voir dans ce goût pour le passé l’illustration de la difficulté du curé de campagne d’agir dans les luttes du temps ; la chose est probable. Il ne faudrait pas pour autant oublier d’autres formes d’engagement du clergé paroissial, plus proches du monde, à l’instar de la lutte pour la défense de la liberté scolaire. Ainsi, créée au milieu des années 1860, la Société de l’enseignement libre du département d’Ille-et-Vilaine compte en 1869 un tiers d’ecclésiastiques parmi ses quelque 580 adhérents, pour une part non négligeable curés et vicaires des paroisses rurales23.
29Il est vrai cependant que le modèle du « bon prêtre » diffusé par les nécrologies publiées par la Semaine religieuse de Rennes, loin de valoriser le passionné d’agriculture24, fait surtout de lui un être dévoué à la pastorale et aux œuvres de tous types. Il est ensuite l’un de ces nombreux prêtres bâtisseurs que compte le diocèse : pour la période séparant 1850 de 1905, 124 églises sont ainsi construites en Ille-et-Vilaine, 32,6 % des 380 paroisses du diocèse se trouvant concernées25.
30Au total donc, des prêtres historiens et archéologues, des prêtres bâtisseurs, des prêtres musiciens aussi, mais point – ou très peu – de sortes de prêtres-ouvriers agricoles avant l’heure. Les raisons de cet état de fait restent donc à établir. Elles sont, me semble-t-il, de nature essentiellement politique.
Des raisons plus profondes : clergé, agriculture et politique
31C’est, finalement, parce que les comices d’Ille-et-Vilaine sont des organisations de nature foncièrement politique tout autant qu’agricole – plus qu’agricole parfois même – que le clergé paroissial semble s’en être largement détourné. Non que les questions politiques n’aient guère intéressé les prêtres : ils se montrent d’ailleurs, tout au long du siècle, l’un des principaux remparts face à la diffusion des idéaux libéraux puis républicains, défendant le modèle d’une société essentiellement rurale dominée par ses élites traditionnelles, prêtres et aristocrates, face à une ville perçue comme le lieu de toutes les dépravations, morales ou politiques26. Mais ces ecclésiastiques entendent intervenir selon d’autres modalités.
32C’est donc en termes de conséquences d’une lutte entre le clergé et l’Administration qu’il convient, pour une part, d’analyser l’absence des prêtres au sein des comices, une lutte en trois actes.
Avant 1851 : entre exclusion de droit et refus de la compromission
33Le premier temps est celui d’une absence quasi-totale du clergé dans les structures comiciales d’Ille-et-Vilaine. Deux raisons l’expliquent.
34La première est de nature juridique. Faute en effet d’avoir pu – ou voulu… – susciter au début des années 1830 la création de véritables comices, associations « libres », les autorités préfectorales imposent la création de comités cantonaux d’agriculture, aux fonctions finalement assez proches mais au fonctionnement très différent : point d’adhérents ici en effet, mais, à l’instar des comités du même genre, les maires et adjoints des communes concernées, désignés sur proposition de sous-préfets qui souvent, de facto, dirigent des structures au dynamisme limité.
35La progressive transformation des comités en véritables comices, au tournant des années 1830-1840, reste sans conséquence ou presque en ce qui concerne le clergé. Si ces associations, officiellement libres de la tutelle administrative, permettent le retour sur le devant de la scène de toute une aristocratie foncière jusqu’alors réticente à toute idée de compromission avec le régime de Juillet, le poids du contrôle des préfets et, plus encore, des sous-préfets27, l’explique sans doute encore. D’autant que le rôle politique de ces associations reste limité, en raison à la fois du faible nombre des adhérents – quelques dizaines le plus souvent, rarement plus de 50 – et du maintien du suffrage censitaire jusqu’en 1848.
36Il faut en fait attendre la conjonction de deux faits, l’adoption du suffrage universel masculin en 1848 d’une part, d’autre part la loi du 20 mars 1851 portant réorganisation des associations agricoles pour que cette situation évolue.
Le retrait volontaire des années 1850-1880
37Plus proche du nouveau régime, au moins jusqu’en 1859-1860, le clergé se montre aussi plus présent dans les comices, supportant d’autant mieux la tutelle administrative que curés et sous-préfets poursuivent des objectifs très proches. C’est ainsi dans les années 1850 que se rencontrent la plupart des prêtres administrateurs de comice, que l’adhésion du curé-doyen va de soi dans certains cantons, qu’ailleurs, quelques recteurs adhèrent « massivement », comme à Pleurtuit, nous l’avons vu.
38Cette embellie ne dure qu’un temps cependant. Les tensions croissantes entre l’archevêque Brossays-Saint-Marc et le préfet Féart, à compter de 1859 surtout, débouchent en effet sur le terrain agricole. Pourtant éloignés des questions scolaires, électorales ou de politique internationale qui préoccupent en général les deux hommes, les comices, au cœur de l’offensive du préfet contre les légitimistes, deviennent rapidement l’un des objectifs de la contre-offensive lancée par Brossays-Saint-Marc28. Celui-ci se plaint par exemple de l’évolution en cours des comices « qui ne sont plus, “selon lui”, ces simples et champêtres distributions de récompenses destinées à encourager l’agriculture mais des fêtes excentriques et de véritables parties de débauches ». Le discours de quelques prêtres sur la fête du comice comme lieu de perversion doit bien évidemment être placé dans la même logique essentiellement politique29.
39Le conflit contribue sans doute largement au progressif désengagement des quelques prêtres présents dans les comices30. Il faut attendre les années 1880 pour que la tendance s’inverse partiellement.
Le timide réinvestissement des années 1880
40Le contexte est alors très différent, en raison notamment des liens que l’Église entend désormais tisser avec le monde, entre autres dans des campagnes largement délaissées. Les comices constituent à nouveau un objectif tout désigné.
41L’investissement se fait cependant de manière indirecte : peu d’adhésions sans doute, guère plus de participation à l’administration des associations. En revanche, l’on s’affiche, l’on se montre, à l’instar des autres notables. Ainsi à Janzé, en 1880, le 4e prix du concours de labourage – 20 fr. – est offert par l’abbé Arrondel, vicaire du lieu, qui, en l’espèce, ne se comporte pas très différemment du député local, du conseiller général ou du maire du chef-lieu qui offrent, eux aussi, montres, médailles et sommes d’argent31. Ce vicaire incarne ainsi un certain renouveau qu’il convient d’inscrire dans le cadre des luttes tous azimuts du clergé contre la République anticléricale. Ainsi, alors que se multiplient les scissions entre comices républicains et comices conservateurs, messes et bénédictions se diffusent peu à peu lors des fêtes agricoles organisées par ces derniers. À Bains en octobre 1898, la réunion débute par une messe et un Veni Creator. Tout dit le réinvestisse-ment religieux de la fête : messe certes, mais aussi musique de l’école des frères de Redon – et non celle d’un quelconque régiment ou des pompiers –, « banquet préparé à l’École libre » ou encore installation de l’estrade « à côté de la belle croix de granit dont les fûts rappellent par leur ampleur la solidité des convictions chrétiennes de la population de Bains32 ».
42Cette action au sein des comices intervient cependant – trop – tardivement. En effet, ceux-ci ont perdu une part de leur importance, relayés par les syndicats agricoles – le premier date ici de l’été 1885 –, les mutuelles et autres caisses rurales. Certains prêtres se montrent particulièrement actifs en ce domaine. À Saint-Didier par exemple, c’est à l’initiative du vicaire que la Mutuelle bovine est créée en 1905 : ce prêtre, nous dit un républicain du lieu, « a la spécialité d’établir des sociétés de ce genre partout où il passe » ; « c’est lui qui a fondé la Mutuelle de Saint-Melaine et celle de Domagné33 ». Les caisses rurales de crédit agricole doivent aussi beaucoup aux ecclésiastiques, tels l’abbé Trochu, à l’origine en 1893 de la première apparue dans le département, celle de La Guerche, ou encore son acolyte l’abbé Crublet, créateur de celle de Liffré34. Reste que, si le département d’Ille-et-Vilaine se signale en ce domaine par sa précocité, il se caractérise aussi par un plafonnement rapide du nombre des caisses – aux 26 comptabilisées en 1913 en correspondent 108 en Loire-Inférieure –, signe sans doute d’une influence encore limitée des prêtres sur le tissu associatif agricole.
43On l’aura compris : le réel est un peu plus complexe qu’on ne pourrait le croire de prime abord. L’investissement du clergé rural en matière agricole ne va pas de soi, y compris dans une zone où, au xviiie siècle tout d’abord, au xxe siècle ensuite, les prêtres se montrent plutôt actifs. Les liens entre la Société d’agriculture de Bretagne et les comices d’une part, entre les comices et l’action syndicale, mutualiste ou jaciste d’autre part, ne sont guère évidents ; pourtant ils existent sans doute et, de ce fait, demanderaient à être éclairés plus nettement.
44De manière plus générale, la situation de l’Ille-et-Vilaine vaut-elle pour l’ensemble des départements de l’Ouest ou, au moins, l’ensemble des départements bretons ? La question mérite d’être posée. Il me semble en effet qu’au-delà de grands traits communs – des comices essentiellement cantonaux et non d’arrondissement, un engagement politique conservateur fortement influencé par la religion –, les situations locales peuvent diverger. Si le Morbihan reste mal connu, si le Finistère ne l’est qu’à peine plus pour l’instant, il semble que dans les Côtes-du-Nord, le clergé soit peut-être plus présent. Les raisons pourraient tenir ici à une opposition plus tranquille entre préfecture et évêché au cours de la période essentielle que constitue, pour les comices, le Second Empire, à l’organisation plus massivement précoce de ces comices aussi. La chose demande cependant à être confirmée35.
45Au-delà des premiers jalons d’une réflexion plus globale que constituent ces quelques pages, il convient donc surtout, désormais, d’élargir ces recherches à d’autres départements, aux caractéristiques autres que celui ici retenu.
Notes de bas de page
1 Michel Lagrée, Mentalités, religion et histoire en Haute Bretagne au xixe siècle : le diocèse de Rennes (1815-1848), Paris, Klincksieck, 1977, 494 p. et Religion et cultures en Bretagne (1850-1950), Paris, Fayard, 1992, 602 p.
2 Ainsi celui tenu par le clergé léonard en 1774 lors de l’enquête sur la pauvreté diligentée par Turgot ; Fanch Roudaut, Daniel Collet et Jean-Louis Le Floch, 1774. Les recteurs léonards parlent de la misère, Quimper, SAF, 1988.
3 Catherine Dumas, Aux origines du paysage agraire breton contemporain. Les aspirations, les principes et les ressources de la Société d’agriculture, de commerce et des arts de Bretagne (1757-1770), thèse, dact., université de Brest, 2003, 847 p.
4 Sur ce point voir Francis Corvaisier, Les abbés démocrates. Église et émancipation paysanne en Bretagne au début du xxe siècle, Rennes, Apogée, 2003, 384 p.
5 Ces aspects ont été développés dans Yann Lagadec, « Comice cantonal et acculturation agricole : l’exemple de l’Ille-et-Vilaine au xixe siècle », Ruralia, 2001, n° 9, p. 37-61.
6 Étant donnée la masse des informations, trois corpus différents mais représentatifs des situations politiques et économiques des cantons du département ont été constitués. Pour l’étude des lauréats, un échantillon de plus de 10 000 primés correspondant aux prix de l’année 1859 à l’échelle de l’ensemble de l’Ille-et-Vilaine d’une part, d’autre part aux prix distribués par six comices tout au long du siècle. Pour les membres des comices, a été étudié l’ensemble des listes conservées dans les fonds de 31 des 40 à 45 associations agricoles du département pour l’ensemble de la période. Enfin, les recherches sur les dirigeants ont porté sur un double échantillon : d’une part, les dirigeants de ces mêmes 31 comices pour les années 1840-1914, d’autre part, ceux de l’ensemble des comices du département pour les années 1853, 1859, 1886 et 1900.
7 Le seul que j’ai pu retrouver est l’abbé Arsène Lemoine, vicaire de Trévé, primé par le comice de Loudéac en 1864 pour un bovin, dans les Côtes-du-Nord cependant ; Arch. dép. des Côtes-d’Armor, 7 M 37.
8 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 7 M 38. Sur le frère Henri voir François Duval, « Un horticulteur rennais. Le frère Henri, chef jardinier au collège Saint-Vincent », Bulletin et Mémoires de la Société archéologique et historique d’Ille-et-Vilaine, 2001, p. 245-260.
9 Gilbert Nicolas, Les instituteurs de l’Ouest sous le Second Empire. De la réalité vécue à l’école rêvée, mémoire d’habilitation, dact. université Paris IV, p. 328-334 et Vincent Le Maire, À l’école des robes noires. La contribution de la congrégation des frères de l’Instruction chrétienne à la scolarisation de la Bretagne (1816-1918), mémoire de DEA, dact., université Rennes 2, 2000, p. 182.
10 Sur ce point, Yann Lagadec, « Comice cantonal et acculturation agricole… », art. cit.
11 On est loin ici du modèle défini par Barnet Singer, Village notables in nineteenth-century France : priests, mayors, schoolmasters, Albany, State University of New York Press, 1983, 199 p. Sur les dirigeants des comices, Yann Lagadec, « Quelles élites pour le progrès agricole au xixe siècle ? L’exemple des comices agricoles bretons », Frédérique Pitou (dir.), Élites de l’Ouest, Rennes, PUR, 2003, p. 106-112.
12 Signalons une exception : le frère Henri, déjà évoqué, jardinier en chef du collège Saint-Vincent de Rennes, vice-président de la Société départementale d’horticulture d’Ille-et-Vilaine à compter de 1886 ; Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 7 M 38.
13 Il n’y a là qu’une amplification d’un phénomène déjà observé au siècle précédent ; Charles Berthelot du Chesnay, Les prêtres séculiers en Haute-Bretagne au xviiie siècle, Rennes, PUR, 1984, p. 99-133.
14 Michel Lagree, Mentalités, religion et histoire… op. cit., p. 179-180. Sous le Second Empire, 82,5 % des prêtres ordonnés dans le diocèse sont encore des ruraux (Christophe Gourret, Le curé et le régime impérial en Ille-et-Vilaine, 1852-1870, mémoire de maîtrise, dact., université de Rennes 2, 2002, p. 17).
15 Emmanuel Havard, Recteurs et vicaires du pays de Vitré (1878-1906), mémoire de maîtrise, dact., université catholique de l’Ouest, 1992, p. 10.
16 Michel Lagree, Mentalités, religion et histoire…, op. cit., p. 182.
17 Emmanuel Havard, Recteurs et vicaires…, op. cit., p. 19.
18 Gilbert Nicolas, Instituteurs entre politique et religion. La première génération de normaliens en Bretagne au xixe siècle, Rennes, Apogée, 1993, p. 43-45.
19 Il est vrai cependant que l’enseignement agricole ou botanique ne tient qu’une faible place dans le programme du séminaire. Il faut attendre 1852 pour que Mgr Brossays-Saint-Marc profite de la refonte de l’encadrement du séminaire pour introduire de nouveaux enseignements, notamment celui de « sciences exactes, mathématiques, physique et botanique » (Christophe Gourret, Le curé et le régime impérial…, op. cit., p. 32). La chose est cependant très éloignée de la possibilité donnée aux élèves de l’école normale de suivre l’enseignement d’un Jules Bodin à la ferme des Trois-Croix.
20 Semaine religieuse de Rennes, 5 juillet 1913.
21 Bruno Isbled, « Le “saint de Vitré” : René Breteau de la Guéretterie (1761-1840) », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 2006, p. 73-116.
22 Bulletins et mémoires de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine, 1900, p. 317-324.
23 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 1105.
24 Pour une vision globale concernant ces notices nécrologiques, Chantal Barbin, Le modèle du clergé selon les notices nécrologiques de la Semaine religieuse du diocèse de Rennes, Dol et Saint-Malo, 1880-1900, mémoire de maîtrise, dact., université Rennes 2, 2002, 107 p. Dans le cadre de la préparation de cet article, j’ai par ailleurs consulté les notices d’une trentaine de prêtres pour les années 1864 à 1914.
25 À ces églises, il convient d’ailleurs d’ajouter les presbytères (plus de 60 reconstruits pour les seules 18 années du Second Empire, un nombre équivalent bénéficiant de réparations plus ou moins importantes au cours de la même période), mais aussi, de manière plus marginale financièrement, les grottes, chemins de croix, calvaires, etc. (Christophe Gourret, Le curé et le régime impérial…, op. cit., p. 77-78).
26 L’équation ville = ouvriers = cabarets/blasphèmes/mauvais journaux structure par exemple très largement les descriptions faites de leurs paroisses par les prêtres de la fin du siècle (Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 2 V25). Ce discours n’est bien sûr pas spécifique aux membres du clergé.
27 Sur ce point, Yann Lagadec et Jean Le Bihan, « Les sous-préfets de Bretagne sous la Monarchie de Juillet (1830-1848) : une génération d’administrateurs à part ? », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 2004-4, p. 47-70. En Ille-et-Vilaine, il est en effet bien plus question de contrôle que d’orientation, au contraire de ce que met par exemple en œuvre le sous-préfet Brunot, à Guingamp, dans les Côtes-du-Nord. Il est vrai qu’ici les tensions entre le clergé et les autorités semblent moins vives et qu’en 1832 notamment, les campagnes n’ont guère bougé. Ainsi, en 1839, parmi les souscripteurs du comice de Bourbriac, figurent, outre les maires de chacune des communes du canton, le percepteur et le juge de paix, les recteurs de trois communes et le vicaire de l’une d’entre elles, tandis qu’en 1842, c’est le curé du chef-lieu qui est secrétaire de l’association.
28 Sur ce conflit, Yann Lagadec, « Le préfet aux champs. Comices et politique dans le monde rural (Ille-et-Vilaine, 1858-1861) », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 2005, p. 301-314.
29 Les recteurs de Saint-Grégoire et de Saint-Gilles voient dans cette fête le lieu où « la jeunesse des deux sexes est réunie en grand nombre » et « y demeure jusqu’après les feux d’artifices ». « Il faudrait, [conclut l’un des ecclésiastiques], que la nature fût immaculée dans son origine pour qu’il n’en résultât aucune excitation mauvaise et aucune immoralité » ; Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, V non classé, enquête de 1860-1861.
30 De manière significative, alors que Féart participe à 37 des 41 fêtes de comices en 1859, la présence du clergé n’est mentionnée qu’à deux occasions, à Châteaugiron et Fougères. L’insistance avec laquelle P. Bellamy, auteur des articles relatant cette « tournée des comices » dans le Journal d’Ille-et-Vilaine, met en avant la présence de ces prêtres en dit bien le caractère exceptionnel à cette date.
31 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 7 M 69.
32 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 7 M 77.
33 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 6 Z 53.
34 Marcel Launay, « Le clergé et la naissance des caisses rurales en Bretagne (1893-1914) », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 1987-4, p. 553-564 et Francis Corvaisier, Les abbés démocrates…, op. cit., p. 21-27.
35 Les travaux en cours de Serj Le Maléfan sur les acteurs du progrès agricole en Basse-Bretagne devraient permettre d’affiner les données en ce domaine.
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