Mots et photographies croisés : Michel Tournier et la voie de la création photolittéraire

1En 1973, Michel Tournier qui a déjà publié Vendredi ou les Limbes du Pacifique1 et Le Roi des Aulnes, rédige un court texte : « Présentation de Michel Tournier », pour Miroirs, un livre d’Édouard Boubat, chez Denoël. C’est le début d’une longue complicité avec ce grand photographe dont Tournier admirait depuis des années les photos. Voici l’incipit : « Le mariage de l’écriture et de la photographie a toujours été l’une de mes préoccupations. Est-il possible ? N’est-ce pas vouloir mêler l’eau et le feu2 ? »

2Il serait tentant d’examiner en extension la nouveauté radicale d’une œuvre qui ne cesse de marier écriture et photo. En effet, la photo se manifeste d’abord in praesentia dans les livres Journal de voyage au Canada3, Des clefs et des serrures4 (1979), Vues de dos5 (1981), Le Crépuscule des masques6 (1992). Si on prend en compte non des livres mais des textes, on mentionnera, outre le texte liminaire de Miroirs de Boubat, diverses préfaces à des livres de photographies, sign