La réception de l’œuvre de Michel Tournier en Italie
p. 149-161
Texte intégral
1Dans cet exposé sur la réception italienne de l’oeuvre de Michel Tournier nous allons nous intéresser, d’une part, aux positions de la critique universitaire et, d’autre part, aux réactions de la presse périodique. Cette œuvre a donné lieu à un grand nombre de traductions qui se sont avérées, dans quelques cas, excellentes. Toutefois, cette fortune éditoriale ne s’est pas doublée d’une fortune critique comparable. Les monographies consacrées à Tournier ne sont pas nombreuses, et la plupart du temps cet écrivain n’est cité que dans quelques passages d’ouvrages généraux et de manuels. Il faut, en outre, souligner les difficultés auxquelles une partie de la critique universitaire italienne s’est heurtée en plaçant essentiellement l’œuvre de cet écrivain sous l’étiquette simpliste de « littérature post-moderne ». Par delà les caractères spécifiques de l’écriture de Tournier, cette tendance à privilégier exclusivement l’aspect déconstructionniste de la littérature contemporaine est, en effet, typique d’un certain contexte culturel italien fortement influencé par la vague culturelle américaine1. La définition de « post-moderne » a failli ainsi devenir une sorte de catégorie fourre-tout où ranger des phénomènes qu’on a du mal à définir ; Tournier y est naturellement entré de plain-pied. Dans ses Apostilles au Nom de la rose, Umberto Eco s’est moqué de cette tendance :
On a tenté de le faire remonter [le concept de post-moderne] plus loin : au début, il semblait s’adapter à quelques écrivains ou artistes des années vingt, par la suite, on est arrivé progressivement jusqu’au début du siècle et même plus en arrière, en continuant de ce pas, d’ici peu, la catégorie du post-moderne remontera jusqu’à Homère2.
2Dans La Scrittura e l’interpretazione, un manuel d’histoire littéraire qui fait encore actuellement autorité, on peut également lire :
Au cours des années soixante-dix, les tendances à la rupture et au renouvellement radical des avant-gardes s’estompent en laissant place au maniérisme post-moderne dont Michel Tournier et Perec, et notamment le premier, sont les représentants les plus illustres3.
3Il est vrai, par ailleurs, qu’on doit à l’un des rares écrivains italiens qui a été défini postmoderne par les critiques américains, à savoir Italo Calvino, la publication de la traduction italienne de Vendredi ou les limbes du Pacifique par la maison d’édition Einaudi. Voici, à ce propos, un passage d’une lettre de Calvino concernant le premier roman de Tournier :
Ce livre me semble très intéressant en tant que nouvelle lecture de Robinson et en tant que nouvelle solution pour établir un lien entre littérature et culture. […] Je tiens beaucoup à la proposition de Tournier qui est tout à fait différente de celle des avant-gardes linguistiques même si elle aussi plonge ses racines dans les « sciences humaines4 ».
4Mais, pourrait-on remarquer, le fait de ranger Tournier et Calvino sous la même étiquette de post-modernité ne va pas sans poser quelques problèmes. Il y a chez ces deux auteurs, liés par une même conception de l’écrivain, conçu comme artisan de la parole, un respect profond pour les ouvrages du passé dont ils s’inspirent tout en les « revisitant ». Dans une étude intitulée Raccoutare il postmoderno, où Tournier est cité plusieurs fois, un critique influent tel que Remo Cesarani observe à propos de Calvino : « La définition d’auteur néo-classique s’applique parfaitement même à ses parodies, à ses réécritures, et à ses jeux intertextuels5 ». Or, le terme de néo-classique ou de classique revient souvent dans les définitions de l’œuvre tourniérienne qu’on peut retrouver dans les histoires de la littérature6. Dans la Storia della Civiltà letteraria francese, publiée sous la direction de Lionello Sozzi, par exemple, Tournier est présenté comme l’un des classiques contemporains dont on loue surtout la parfaite « lisibilité7 » ; Le Roi des aulnes et Les Météores y sont considérés comme des pastiches de la ballade de Goethe dans le premier cas, de textes de Barbey d’Aurevilly, Bloy ou Barrès dans le second8. Il est cependant limitatif d’envisager Tournier – et à plus forte raison Calvino – comme un jongleur de mots qui ne se plaît qu’à des exercices parodiques, car on ne peut réduire son style à un simple baroquisme post-moderne même s’il le caractérise en partie, et son rapport avec les hypotextes apparaît bien plus complexe.
5Ce que nous venons de dire va nous permettre de mieux comprendre l’un des aspects les plus importants de la réception italienne de Tournier, à savoir l’utilisation d’une grille de lecture qui se plaît à ramener l’écriture littéraire à un système ludique et métalinguistique de rapports lexicaux et narratifs. Il y a quelques années, un groupe de chercheurs de l’université de Pérouse, a pu envisager le recours aux figures des tarots comme principal moteur de l’invention chez Tournier. Il en va ainsi dans la première monographie consacrée à l’œuvre de Tournier parue en Italie, La Séduction du jeu de Lynn Salkin Sbiroli, selon laquelle l’écriture se résoudrait, chez cet écrivain, en une série de transformations linguistiques qui se construisent et se déconstruisent simultanément dans ce jeu paradoxal et cryptographique qu’est l’invention littéraire. Nous retrouvons là l’un des aspects les plus importants de l’idéologie post-moderne qui consiste, comme on le sait, à refuser toute objectivité à l’œuvre littéraire pour la présenter comme un texte ouvert qui laisse libre cours à l’esprit créatif du lecteur et attribue autant de valeur à l’interprétation du lecteur qu’à celle de l’auteur. Lynn Salkin Sbiroli observe à ce sujet :
La logique de ce jeu est aussi celle d’une séduction à laquelle le lecteur et le personnage doivent être initiés. […] Le langage imagé, dans son ambiguïté fondamentale, permet que leur interprétation [les informations fournies] dépasse les limites des données initiales, pour assumer sa propre validité comme co-création de l’histoire9.
6On retrouve une telle approche dans un article de Monique Streiff Moretti consacré aux Météores, faisant partie d’un ouvrage collectif, Il Senso del nonsenso10, dont plusieurs articles sont consacrés à Michel Tournier. Dans cette étude, l’on conclut que la structure métaphorique élémentaire du roman, celle des jumeaux, se superpose à celle du jeu des tarots qui détermine ainsi le programme d’écriture de l’œuvre tout entière. Chaque chapitre recèlerait le renvoi à deux cartes en accord avec le principe binaire qui structure le récit11.
7Laissant de côté les évaluations méthodologiques de ces interprétations, nous revenons à la comparaison entre Calvino et Tournier afin de donner une vue d’ensemble de la réception italienne de l’écrivain français. Dans ses célèbres Lezioni americane, Calvino a insisté sur l’importance d’inscrire la narration dans une dimension temporelle se situant hors de l’histoire, une dimension où le passé et le futur se superposent et se confondent12. Or, les rapports entre une telle conception – que, en paraphrasant Deleuze, on pourrait appeler de la « répétition différente13 » – et la notion d’intertextualité sont évidents. Dans un essai que nous avons déjà cité, Raccontare il postmoderno, Remo Cesarani rappelle que le récit d’Italo Calvino, Il Conte di Montecristo, une réécriture du roman d’Alexandre Dumas, a été publiée à la même date (1967) que Vendredi ou les limbes du Pacifique, et que ces deux écrivains sont, si l’on peut dire, essentiellement des « ré-écriteurs ».
8C’est justement cette « obsession de la réécriture14 » – indéniable mais qui n’exclut pas d’autres aspects de l’œuvre de Tournier – que les critiques italiens ont retenue, à l’intérieur d’une réflexion générale sur les caractères dominants du métalinguisme et de l’intertextualité présents dans l’esthétique post-moderne. Marina Polacco, par exemple, dans une analyse de la transtextualité dans Vendredi ou les limbes du Pacifique observe, s’inspirant de Genette, que le jeu intertextuel n’est pas simplement un instrument de création implicite chez Tournier, mais plutôt le pivot thématique du texte, le centre même du discours créateur qui se réalise à travers des pratiques telles que la transvalorisation ou la transvocalisation15.
9On remarquera, par ailleurs, que la critique italienne, si prête à mettre en valeur les modalités métalinguistiques et combinatoires de l’écriture de Tournier16, n’a pas négligé non plus de voir en cet écrivain un rénovateur de mythes. On a eu, en effet, très fréquemment recours à la notion d’écriture mythique à propos de Tournier, et cela aussi bien au sens mythographique et intertextuel que proprement mythologique du terme17. On sait d’ailleurs que ces types différents d’approche sont loin d’être inconciliables. Il suffit de se référer à la conception structurale du mythe en tant que « bricolage intellectuel18 » qu’on retrouve chez Lévi-Strauss pour concevoir la coexistence des deux aspects dans la pensée mythique elle-même. Même Remo Cesarani, ce partisan du postmodernisme précédemment cité, a reconnu que, à la différence de beaucoup de ses contemporains, Tournier « mythologue » ne doit pas être rangé parmi les virtuoses de la réécriture autoréférentielle tout court, du fait qu’il a réussi à rendre compte du changement profond qui a bouleversé nos structures sociales et culturelles au cours des années cinquante et soixante. Il écrit à ce propos :
Il me semble que Michel Tournier, à travers la réécriture du Robinson Crusoé, a donné, en ayant recours à des moyens romanesques et imaginaires, une grande et parfaite représentation métaphorique de ce changement, un changement que l’écrivain a mis même en scène, en le représentant par un véritable tremblement de terre, par une éruption volcanique et par l’explosion désastreuse des poudres accumulées au fond de la grotte19.
10De la même manière, dans un manuel d’histoire de la littérature très répandu, I Contemporanei, on souligne la capacité de l’écriture mythique tourniérienne de dépayser le lecteur :
La réécriture est aussi une interprétation qui se renouvelle à travers le déplacement de l’optique traditionnelle – lit-on dans ce texte – Vendredi et non Robinson, les Rois mages et non Jésus, Gilles et non Jeanne : l’histoire est revécue et relue obliquement, en marge du texte, et cette « marginalité change la perspective » et l’importance relative donnée aux événements mythiques20.
11L’intérêt porté, au cours des trois dernières décennies, aux mythes ou aux mythèmes littéraires par une partie des critiques italiens s’explique naturellement par une réaction à l’extrême formalisme de la critique structuraliste et sémiologique, aussi bien que par la vague déconstructionniste qui lui a succédé21. Nulle surprise, donc, que l’écriture mythique tourniérienne ait retenu l’attention. En effet, de nombreuses interventions consacrées à l’aspect « mythique » de l’œuvre de Tournier ont été tenues à l’occasion de plusieurs colloques universitaires. Au cours de l’un d’eux centré sur le thème du voyage qui a eu lieu à Naples en mai 2004, Massimo Fusillo a étudié le rapport entre gémellité et nomadisme dans Les Météores en montrant que, dans ce roman, la dimension tragique de la séparation s’annonce, par rapport au modèle plautéen, lorsque, après la rupture de la cellule gémellaire, le roman se transforme en « une sorte d’Odyssée postmoderne22 ». Dans une autre rencontre consacrée à deux thèmes chers à l’imaginaire littéraire, l’île et l’archipel23, Carmelina Imbroscio, de l’université de Bologne, se référant à l’œuvre de Mircea Eliade24, analyse l’île de Robinson en tant que lieu par excellence du retour à l’enfance25. Et c’est également au groupe des francisants de l’université de Bologne que l’on doit un important colloque sur le mythe littéraire de Robinson qui s’est tenu dans cette ville en 1999. À l’occasion de cette rencontre internationale, plusieurs spécialistes se sont interrogés sur l’avenir de ce mythe après la relecture fondamentale de Tournier. Dans une communication très intéressante, Elena Pessini conclut que :
Le roman de 1967 se pose comme un acquis dans l’évolution du mythe […]. L’histoire du Robinson au XXe siècle ne peut exister qu’en tant qu’histoire de la rencontre avec ce qui est autre […] et en tant qu’affirmation […] de l’impossibilité d’y restaurer le même26.
12Or, le fil rouge de ces études collectives est constitué par la superposition de deux niveaux d’analyse : celui des relations intertextuelles qui sont à la base des réécritures et celui des déconstructions et reconstructions des significations liées aux contenus mythiques qui mettent en évidence la puissance créatrice de la réécriture. Autrement dit, la critique italienne tourniérienne s’est partagée en deux courants principaux, tout comme la critique française dont elle est largement tributaire : d’un côté, selon une tendance sceptique de la critique, les références mythiques ne forment qu’un tissu d’illusions soumis à un jeu qui tourne sans cesse autour du même code et vise à l’autodissolution du texte ; de l’autre Tournier est considéré comme mythologue et son œuvre est interprétée de façon positive car le roman mythologique témoigne de la recherche d’un sens. Cette dernière tendance perdure, d’ailleurs, jusqu’à nos jours comme le montre bien la dernière monographie parue en Italie (en 2009) consacrée à Michel Tournier où Antonio De Donno étudie toute l’œuvre tourniérienne en fonction du thème du double, conçu comme générateur de significations philosophiques et symboliques nouvelles, ainsi que d’une pluralité d’éléments textuels binaires aboutissant à une vision de l’homme et de l’histoire axée sur un idéal de plénitude27.
13Passons maintenant au succès éditorial de Tournier en Italie et aux réactions de la presse. Ainsi qu’on l’a déjà rappelé, le premier roman de Michel Tournier a été publié par Einaudi en 1968, sur le conseil de Calvino, dans la traduction très réussie de Clara Lusignoli28. Quant à son succès auprès des lecteurs, les données que la maison d’édition nous a fournies montrent qu’il n’a pas été extraordinaire : 23 000 copies seulement ont été vendues, compte tenu de la nouvelle édition de 2010. D’après Mme Sara Pucci, responsable du bureau de rédaction, la réédition de cet ouvrage n’aurait, d’ailleurs, pas été liée à des objectifs commerciaux, mais au désir de garder un auteur très prestigieux dans le catalogue. Le Roi des aulnes fut publié par Garzanti en 1987, dans la traduction d’Oreste del Buono29, traducteur de renom. C’est ce nouvel éditeur qui continuera de publier tous les autres textes de Tournier (à quelques exceptions près telles que : Le Vol du Vampire, Des Clefs et des Serrures, Le Vagabond immobile, Le Crépuscule des masques, Le Pied de la lettre, Les Vertes Lectures). M. Oliviero Ponte di Pino, directeur général de la maison Garzanti, qui a bien voulu nous accorder une interview, a déclaré que pendant longtemps les romans de Tournier ont retenu de façon constante l’attention des lecteurs d’un certain niveau culturel, mais que cela n’a pas été le cas auprès du grand public. Aucun des livres de Tournier que cet éditeur a publié n’est devenu un best-seller. Cependant, ces livres ont continué à être vendus au nombre de quelques centaines d’exemplaires par an. Parmi les romans les plus demandés : Gilles & Jeanne et Le Roi des aulnes (surtout après le film de Volker Schlöndorff). Même si les textes les plus récents ont connu un succès moindre, la publication de ces œuvres n’a pas cessé de constituer un véritable fleuron pour la maison d’édition Garzanti, chez qui, de l’aveu de son directeur, Tournier est tenu pour l’écrivain français contemporain le plus important.
14Il faut, enfin, réserver une place à part à la petite maison d’édition Barbès de Florence, chez qui une traduction du Journal extime a été publiée en 2008. Le mérite en revient à son jeune directeur M. Tommaso Guerini qui, grâce à la passion qu’il met dans ses projets éditoriaux, a su convaincre l’auteur de lui donner la possibilité de mettre ce texte, qu’il a lui-même traduit, en tête de son catalogue. Dans les notes du traducteur, Tommaso Guerini transcrit la réponse de Tournier à ses propositions : « J’ai beaucoup aimé ce que vous m’avez dit : J’y trouve de la passion, ce qui compte le plus. Je suis d’accord ! je vous donne le livre30 ! » Ainsi, ajoute l’éditeur : « après une longue réflexion, il nous a donné son dernier chefd’œuvre pour presque rien, et grâce à lui, le travail de notre maison d’édition a démarré31 ».
15Dans les journaux et dans les magazines, Tournier est souvent indiqué comme le plus grand écrivain vivant de langue française : « l’un des prodiges du roman français32 » (La Repubblica, 24 janvier 2009), « l’un des écrivains les plus représentatifs de France33 » (Il Gazzettino, 9 juin 2000). Dans l’hebdomadaire Famiglia cristiana (29 septembre 2002), point de repère officiel de la culture catholique populaire, Fulvio Panzeri le présente comme « sans aucun doute le plus grand écrivain français d’aujourd’hui, auteur d’une série de romans très originaux34 ». Cette dernière appréciation est digne d’intérêt si l’ont tient compte des deux types de courants qui dominent le contexte culturel italien : l’un d’origine historicomarxiste, l’autre d’origine catholique, et cela, en dépit des changements profonds apportés par le courant structuraliste et par la vogue « déconstructionniste » dont nous avons parlé. Il est, en outre, intéressant de remarquer que l’oeuvre de Tournier, surtout dans les premiers temps de sa pénétration en Italie, est, somme toute, mieux acceptée dans les milieux catholiques que dans ceux de la gauche traditionnelle. Quoi qu’il en soit, la renommée de Tournier a fini par devenir, pour ainsi dire « trans-idéologique », et elle s’est accrue, comme on pouvait s’y attendre, en raison d’événements médiatiques qui ont attiré l’attention du public. En premier lieu le décernement de plusieurs prix littéraires. En 1968 la parution de l’édition italienne de Vendredi et les limbes du Pacifique vaut à Tournier l’attribution du prix « Libro giovane ». En 1985, à l’occasion de la parution de la traduction de Gaspard, Melchior et Balthazar, Tournier a reçu le prix international Isola d’Elba. On peut lire dans les motivations du jury : « Chaque lecteur pourra trouver sa “propre place” dans ce roman et jouir à sa manière et à des niveaux différents de très belles scénographies et de la richesse et ductilité qu’on découvre dans le choix des mots et dans la construction des phrases35. »
16En 1991, c’est l’édition italienne du Médianoche amoureux qui a valu à Tournier le prix Cavour-Grinzane décerné à Turin. Et, juste un an plus tard, il a reçu également le prix « Palma Mediterranea », à Palerme. En 1993, le prix Curzio Malaparte lui a été attribué car, selon le jury, il a su par son oeuvre exprimer « l’homme moderne » mieux que tout autre. Dans les motivations, on précise, en outre : « Il nous apparaît comme l’écrivain qui a compris l’importance des racines culturelles qui ont formé la civilisation européenne et que les idéologies croyaient avoir suffoquées depuis longtemps36. » Mais, c’est à Venise, en 2002 que lui est décerné le prix le plus prestigieux, le prix Campiello. L’écrivain n’a pas manqué de plaisanter sur cette série impressionnante de reconnaissances. Dans un entretien accordé à La Repubblica, paru le 28 avril 1992, il a affirmé : « Quel dommage que le prix Nobel ne soit pas décerné en Italie, par un jury tout italien. Je l’aurais déjà reçu depuis longtemps. »
17En Italie, comme en France, la révélation de Tournier fut foudroyante. On sait que Vendredi fut publié en 1968 par Einaudi, sur proposition enthousiaste d’Italo Calvino. Ce roman, si dense et de conception si nouvelle, suscita tout de suite un grand intérêt. La presse italienne peu après la parution de Vendredi ou les limbes du Pacifique, présente ce texte comme l’un de ces romans qui « pendant les périodes de crise, révèlent un contexte passionné de recherches visant à mettre en évidence les aspects saillants de la crise […] pour tenter une mise au point critique à même d’éclairer les ténèbres et de percer le mystère dans une tension vers une ou plusieurs solutions possibles37 ».
18Mise à part la capacité d’exprimer les incertitudes de l’époque, dans les comptes-rendus qui saluèrent la traduction italienne du roman, on apprécie surtout la capacité qu’a l’oeuvre de « se situer dans un équilibre parfait entre l’aventure, le jeu et le roman philosophique en accumulant des symboles, des mythes, des rêves et des faits réels38 ». Pour rendre compte « de la richesse inépuisable des significations » de ce roman, Giuseppe Bonura établit même une comparaison entre l’épaisseur thématique de Vendredi et les limbes du pacifique et celle de Guerre et Paix de Tolstoï39.
19L’intérêt pour ce roman s’est récemment renouvelé à la suite de sa réédition en 2010 par la même maison d’édition. Giovanni Bogliolo, francisant connu qui a enseigné pendant longtemps la littérature française à l’université d’Urbino, commence son compte-rendu, dans le supplément littéraire de La Stampa, Tuttolibri (22 février 2010), en citant la célèbre définition que Raymond Queneau, à l’époque conseiller chez Gallimard, donna du texte de Tournier après avoir lu le manuscrit : « Un remake de Robinson Crusoé fait par quelqu’un qui a lu Freud, Sartre et Lévi-Strauss. » Et Bogliolo conclut en attribuant à Tournier le mérite d’avoir su revitaliser un mythe qui, comme tous les mythes, risque de disparaître s’il n’est sans cesse réinterprété. Même Massimo Raffaeli dans Il Manifesto (13 février 2010), glorieux quotidien de la gauche extra-parlementaire et intellectuelle, rappelle la définition de Queneau, mais il insiste, cependant, davantage sur l’aspect « parodique » de la robinsonnade au sens marxien du terme qui caractériserait, selon lui, ce roman, dont le héros constate sa propre impuissance à utiliser la raison « bourgeoise » et capitaliste, et qui se laisse submerger par les forces primordiales de la nature. Toutefois des réserves ne manquèrent pas lors de la parution de la première édition de Vendredi. Dans Stampasera (31 octobre 1968), par exemple, Remo Griglie observe que dans ce livre « symboles et philosophie », trop rousseauistes, « ne parviennent pas toujours à convaincre, et que l’on a parfois l’impression que l’auteur patauge dans ses métaphores40 ».
20À signaler, en outre, que la version « pour enfants » du roman – publiée par l’éditeur Salani en 2010 – a été souvent jugée préférable à la première version. Comme si, avec le temps, ce livre complexe avait fini par être jugé trop chargé en symboles et trop « soixante-huitard » et que, du côté de la presse, on avait préféré une version « simplifiée » retenant l’idée fondamentale tout en allégeant l’épaisseur idéologique extraordinaire de la version originale. Dans un autre article paru dans La Stampa (5 avril 2010), le même Giovanni Bogliolo remarque que la première version de Vendredi, donne lieu à un roman « dense et envoûtant », mais reste trop tributaire de la relation intertextuelle avec le chef-d’oeuvre de Defoe, alors qu’avec Vendredi ou la vie sauvage, Tournier aurait réussi « un livre magnifique pour les jeunes lecteurs » en parvenant, en même temps, « à une parfaite autonomie dans l’invention41 ». On retrouve une position analogue dans la revue Città nuova (25 août 2010), où Vendredi ou la vie sauvage est tenu pour « une “fable écologique”, que l’on peut lire à plusieurs niveaux, et qui laisse à la fois serein et songeur42 ». Il y a cependant des exceptions de poids à cette préférence pour un Tournier « délesté » de ses enjeux philosophiques chargés de sens. Ainsi, dans Tuttolibri (23 octobre 1997), l’important critique Giorgio Bàrberi Squarotti estime, à propos de cette nouvelle version, que : « moins louche et moins complexe, ce roman poursuit une transparence thématique et un style linéaire qui ne lui siéent pas43 ».
21En ce qui concerne Le Roi des aulnes, on sait que Calvino n’apprécia pas ce roman en raison de la violence perverse des thèmes et, surtout, d’une représentation du nazisme qu’il considérait trop ambiguë et complaisante. C’est Tournier lui-même qui, dans une interview accordée à Enrico Groppali (Il Giornale, 6 mars 2010), rappelle, non sans un certain ressentiment, que l’auteur du Baron perché avait jugé ce roman « une pure mythologie du nazisme ». De nos jours, une telle réaction serait beaucoup moins justifiée et l’on aurait généralement tendance à souligner les qualités formelles qui placent ce roman bien au delà de l’apologie du nazisme ou de la perversion sexuelle. Dans une petite note qui en 2009 signale une réédition du Roi des aulnes, on souligne que l’épaisseur tragique du texte est à même d’en racheter « l’esthétique complaisante de l’abject et du pervers44 ». Ce qui n’empêche pas que ce soient parfois aux aspects les plus déconcertants du roman d’être les plus appréciés. Dans un article du supplément hebdomadaire du Corriere della sera (5 février 2009), Le Roi des aulnes est comparé de façon flatteuse aux Bienveillantes de Jonathan Littell, et l’on observe que le livre de Tournier est « grand et malsain, comme seuls les Français savent l’être45 ». Par ailleurs, il ne faut pas être surpris si la presse populaire met l’accent sur les aspects « maudits » de ce texte en en banalisant inévitablement le contenu. Ainsi, tombe-t-on dans le kitsch le plus éculé dans un compte-rendu du supplément-livres du magazine féminin Diva e donna (24 février 2009) qui se limite à définir Le Roi des aulnes comme « un roman sur le charme ténébreux du mal46 ».
22Il faut, en outre, souligner que le Tournier conteur a remporté plus de succès que le romancier, surtout lorsqu’il s’agit de contes qui peuvent être proposés à la jeunesse. Le conte intitulé La Colubrina47 publié en 2000 par l’éditeur Salani, est généralement présenté de façon très élogieuse dans les journaux. Fabio Gambaro, dans La Repubblica (29 mai 2000), signale ce texte comme l’ouvrage d’un « narrateur intelligent » dont il souligne également la capacité « d’évoquer avec sobriété et précision l’atmosphère d’un siège, les règles militaires et la vie quotidienne au Moyen Age48 ». Ulisse Jacomuzzi, dans Il Sole-24 ore (17 décembre 2000), se réjouit du fait que, six ans après l’édition Gallimard, les lecteurs italiens puissent lire « ce conte philosophique […] parfait49 ».
23Quant à Fulvio Panzeri, dans une note du journal catholique Avvenire, il qualifie ce conte de « petit bijou » et le situe « entre le conte philosophique et le conte de fées », en lui reconnaissant une épaisseur symbolique remarquable. Cela dit, La Colubrina n’a pas droit qu’à des éloges. Dans L’Espresso (8 juin 2000) un critique important, Roberto Cotroneo, le considère comme un texte « bref et délicieux, mais, peut-être, trop froid et résigné50 ».
24Rappelons enfin qu’en 2004, avant la Colubrina, la même maison d’édition Salani avait publié également une traduction des Rois Mages. Cette « fable enchantée », comme elle fut définie, a remporté un grand succès en Italie et est régulièrement signalée dans la presse, au mois de décembre, parmi les lectures « de Noël ». Il est cependant curieux de remarquer que, dans un pays où la culture catholique garde une très grande influence, on sente le besoin de souligner le « mode d’emploi » de cette histoire qui a comme protagonistes des personnages de l’Evangile. On lit dans Il Messaggero dei ragazzi (décembre 2010) : « A lire comme une histoire de faits imaginaires, un voyage aventureux commencé après un signe vu dans le ciel, mais qu’il ne faut pas confondre avec le rôle que l’Evangile attribue à ces trois sages51. » Autrement dit : les jeunes peuvent lire Tournier, mais il reste assez sulfureux pour qu’il soit nécessaire de mettre en garde les parents. Après tout il s’agit toujours d’un roman !
Notes de bas de page
1 Carravetta P., Spedicato P. (s.d.), Postmoderno e Letteratura : percorsi e visioni della critica in America, Milano, Bompiani, 1984.
2 Eco U., Il Nome della rosa, Milano, Bompiani, 1993, p. 528 : « Sembra che ci sia il tentativo di farlo slittare all’indietro : prima sembrava adattarsi ad alcuni scrittori o artisti operanti negli ultimi vent’anni, poi via via è arrivato fino ad inizio secolo, poi indietro e la marcia continua, tra poco la categoria di post-moderno arriverà a Omero. »
3 Luperini R., Cataldi P., La Scrittura e l’interpretazione. Storia della letteratura italiana nel quadro della civiltà e della letteratura dell’Occidente, vol. II, Firenze, Palumbo, 1999, p. 1157 : « Esauritasi, nel corso degli anni Settatta, la tendenza alla rottura e all’innovazione clamorosa delle avanguardie, le succede quella ispirata al manierismo postmoderno che ha in Perec e Tounier, e soprattutto in quest’ultimo, i rappresentanti più significativi. »
4 Calvino I., « A Guido Piovene », in Calvino Lettere, Milano, Mondadori, « I Meridiani », 2003, p. 1018. « A me sembra oltre che un libro interessantissimo come rilettura del Robinson e in sé, una soluzione nuova del nesso letteratura-cultura. […] La proposta di Tournier, del tutto diversa da quella delle avanguardie linguistiche anche se affonda le radici nello stesso terreno delle “sciences humaines”, mi sta molto a cuore. »
5 Cesarani R., Raccontare il postmoderno, Torino, Bollati Boringhieri, 1998, p. 172. « La definizione di autore neoclassico si applica perfettamente anche ai suoi esperimenti di parodia, rifacimento, gioco intertestuale. »
6 Par ailleurs, des définitions semblables ne manquent pas dans la critique française, dans La Littérature en France depuis 1968 de Jacques Lecarme et Bruno Vercier, par exemple, Tournier est rangé parmi les auteurs classiques de notre époque. Lecarme J. Vercier B., La Littérature en France depuis 1968, Paris, Bordas, 1982, p. 69.
7 Sozzi L. (s.d.), Storia della Civiltà letteraria francese, Il Novecento. Le Letterature francofone. La Letteratura occitanica, vol. III, UTET, Torino, 1993, p. 1777.
8 Ibid.
9 Salkin Sbiroli L., Michel Tournier : la séduction du jeu, Genève-Paris, Slatkine, 1987, p. 179-189.
10 Streiff Moretti M., Revol Cappelletti M., Martinez O. (s.d.), Il Senso del nonsenso. Scritti in memoria di Lynn Salkin Sbiroli, Perugia, Edizioni Scientifiche Italiane, 1995.
11 Ibid., p. 577. « Tout le livre est en effet bâti à partir du nombre deux, c’est-à-dire de la thématique de la division et de l’aspiration à l’unité perdue. »
12 Calvino I., Lezioni Americane, Milano, Mondadori Editore, 1999, p. 39-62.
13 Spanos W., Letteratura postmoderna e crisi dell’ermeneutica, in Postmoderno e letteratura, p. 249.
14 Worton M., « Écrire et réécrire : le projet de Michel Tournier », in Michel Tournier, édité par Christiane Baroche, Sud, no 61, 1986, p. 53.
15 Polacco M., L’Intertestualità, Bari, Edizioni Laterza, 1998, p. 81-89.
16 Nicodemi V. (s.d.), Il Secondo Novecento (dal 1956 ad oggi) : la poesia e la narrativa, Palermo, Palumbo Editore, 2002, p. 70-71.
17 Voir par exemple : Malvani F., « La dimension mythologique dans Le Médianoche amoureux de Tournier », Francofonia X, Firenze, 1990, p. 43-59 ; Biondi C., « Defoe et Tournier : de Robinson à Vendredi », in Transhumances culturelles, Pisa, Editrice Goliardica, 1985, p. 243-251, et « Le mythe de l’androgyne dans l’œuvre de Marguerite Yourcenar et de Michel Tournier », in Roman, histoire et mythe dans l’œuvre de Marguerite Yourcenar (s.d. Simone et Maurice Delcroix), Tours, SIEY, 1995, p. 39-48.
18 Lévi-Strauss Cl., La Pensée sauvage, Plon, Paris, 1962, p. 30.
19 Cesarani R., « Osservazioni sparse sul Robinson di Tournier », in Studies for Dante. Essays in Honor of Dante della Terza, s.d. Fido F., Syska-Lamparska R., Stewart P., Firenze, Edizioni Cadmo, 1988, p. 413. « Mi pare di poter sostenere che Tournier, riscrivendo in quel libro la storia di Robinson Crusoe e di Vendredì, avesse dato, con mezzi romanzeschi e imaginari, una grande e perfetta rappresentazione metaforica del cambiamento, mettendo addirittura in scena, un vero e proprio terremoto, insieme con un eruzione vulcanica e uno scoppio disastroso delle polveri da sparo accumulate infondo alla grotta. »
20 Colesanti M., De Nardis L. (s.d.), Letteratura Francese. I Contemporanei, Vol III, Roma, Lucarini Editore, 1987, p. 436. « La riscrittura é anche una rinterpretazione che si rinnova attraverso lo spostamento dell’ottica tradizionale : Venerdi e non Robinson, i re magi e non Gesù, Gilles e non Jeanne. La storia è riletta obliquamente ai margini del testo, e questa ‘ marginalità cambia la prospettiva’e la relativa importanza data agli elementi mitici. »
21 Fusillo M., L’Altro e lo stesso, Firenze, La Nuova Italia, p. 1.
22 Fusillo M., « La Gemellarità, il nomadismo e la ricerca dell’identità », in Il Viaggio nella letteratura occidentale tra mito e simbolo, s.d. Gargano A., Squillante M., Napoli, Liquori Editore, 2005, p. 188.
23 Imbroscio C., Minerva N., Oppici P. (s.d.), Des Iles en archipel. Flottements autour du thème insulaire en hommage à Carminella Biondi, Bern, Peter Lang, Collection « Franco-Italica », 2008, p. IX.
24 Eliade M., Mythes, rêve et mystère, Paris, Gallimard, 1989.
25 Imbroscio C., « L’île dans la littérature fantastique », in Des Iles en archipel, op. cit., p. 205. Voir dans le même volume : Paola Nobili, « Educazione e linguaggio in Vendredi ou la vie sauvage di Michel Tournier » Ibid., p. 307-324.
26 Pessini E., « Robinson 86 de Gaston Compère ou il n’y a pas de Robinson heureux », in Robinson dall’avventura al mito. Robinsonnades e generi affini, s.d., Gnocchi M. C., Imbroscio C., Bologna, Clueb, 2000, p. 175-192.
27 De Donno A., Michel Tournier. La Scrittura e il suo doppio, Lecce, Manni, 2009.
28 Remarquons, à ce propos, que par la suite, les rapports entre Tournier et son premier éditeur italien sont devenus plus tendus lors de la parution du Roi des aulnes, car Calvino – nous l’avons déjà dit – n’avait pas apprécié ce roman et avait cessé de soutenir l’auteur auprès de l’éditeur. À l’occasion d’un entretien accordé à la revue littéraire MilleLibri en 1988, Michel Tournier se souvient de cet épisode : « Après avoir lu le manuscrit, Italo Calvino, qui jusqu’à ce moment s’était proclamé mon ami fraternel ne se limita pas simplement à l’exclure catégoriquement du catalogue de Einaudi, mais il m’informa que la maison d’édition turinoise n’aurait plus l’intention dorénavant d’éditer mes livres » (« Detesto Proust, uno scrittore che odiava la vita », propos recueillis par Guidolotti P., MilleLibri, no 13, décembre 1998, p. 62.)
29 A propos des traductions en italien, dues, en grande partie, à deux prestigieux traducteurs, Oreste del Buono et Maria Luisa Spaziani, Tournier a déclaré, avec humour, lors d’un entretien accordé à Repubblica : « En Italie, mes romans ont été traduits de façon si admirable que mon éditeur français Gallimard est en train de projeter de les faire retraduire de l’italien. » (La Repubblica, 1er octobre 1993.)
30 [http://www.lanotadeltraduttore.it/diario-aperto].
31 Ibid., « Così ci ha dato il suo ultimo capolavoro, per pochissimo, quasi niente, sulla semplice fiducia. Da quel momento, grazie a Tournier, la nostra casa editrice ha decollato. »
32 « Uno dei mostri sacri della letteratura francese. »
33 « Uno degli scrittori francesi più rappresentativi. »
34 « Sicuramente il più grande autore francese contemporaneo, autore di una serie di romanzi molto originali. » Nous pouvons retrouver des appréciations similaires dans d’autres articles parus dans un autre quotidien catholique : Avvenire, 8 juillet 2000, 11 décembre 2004.
35 « Ogni lettore potrà scavare nel romanzo la sua tana da cui gustare, a livelli differenti, le splendide scenografie e la flessibilità che presiede alla scelta delle parole e alla composizione delle frasi. » [http://www.premioletterarioelba.it/index.php/albo-doro/80-anno-1985.html].
36 Kornicker V., « Michel Tournier reçoit le prix Malaparte », in Le Figaro, vendredi 1er octobre 1993.
37 Il Canguro, novembre 1968. « In tempi di crisi, rivelano di un contesto appassionato di ricerche che tendono ad evidenziare gli spunti della crisi […] per tentare una messa a fuoco critica che valga ad illuminare le tenbre a squarciare i misteri, in una tensione verso la possibile o le possibili soluzioni. »
38 Il Giornale d’Italia, 20 avril 1969. « [Il testo] corre con preciso equilibrio sul filo dell’avventura e del gioco e del romanzo filosofico accumula simboli, miti, sogni e fatti reali. »
39 Bonura G., Avvenire, Milano, 15 avril 1969.
40 « Simboli e filosofia, non sono sempre convincenti e si ha spesso l’impressione che l’autore annaspi nelle sue metafore. »
41 « Ad una perfetta autonomia dell’invenzione. »
42 « Una favola ecologica che si può leggere a più livelli e che lascia ad un tempo sereni e pensierosi. »
43 « Meno losco e meno complesso, questo romanzo, persegue una trasparenza tematica e lineare che non gli convengono. »
44 « L’estetica compiacente dell’abietto e del perverso. »
45 « Grande e malsano, come solo i Francesi sanno esserlo. »
46 « Un romanzo sul fascino tenebroso del male. »
47 Tournier M., La Colubrina, ovvero l’assedio della fortuna (trad. Bruno F.), Milano, Salani, 2000.
48 « Di evocare, con sobrietà e precisione le usanze legate ad un assedio, le regole militari e le abitudini della vita quotidiana nel medioevo. »
49 « Questo racconto filosofico perfetto. »
50 « Breve e delizioso, ma un poco troppo freddo e rassegnato. »
51 « Da leggere come una storia di fantasia, un viaggio avvenuroso cominciato con un segno visto nel cielo, ma che non bisogna confondere con il ruolo attribuito nel Vangelo a questi tre saggi. » Tournier M., I re magi (trad. Carpi A.), Milano, Salani, 2004.
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