Fief ou bastion ? Emprise territoriale et institutionnalisation partisane : l’hégémonie radicale-socialiste à Béziers sous la IIIe République
p. 211-223
Texte intégral
1La sous-préfecture de Béziers est tour à tour qualifiée de « terre de mission1 », de « ville républicaine2 », de « citadelle du radicalisme3 ». Cette description du territoire politique souligne l’hégémonie électorale d’une force politique, celle des radicaux-socialistes qui détiennent la municipalité de 1904 à 1977 à l’exception d’une courte interruption à la Libération. Quel modèle faut-il utiliser pour qualifier cette emprise électorale : celui du « bastion » ou celui de fief » ? Ils opposent domination de la personne et primauté de l’organisation sur une circonscription électorale.
2Cette distinction fonctionnelle semble insuffisante car elle ne repose pas sur une analyse systémique du territoire. En effet comment appréhender en terme politique, le local ? Les politistes proposent généralement deux types d’approches, d’une part la monographie exemplifiante c’est-à-dire démontrer par le cas la règle générale et d’autre part la monographie totalisante c’est-à-dire l’analyse sociétale du territoire afin de le comparer au modèle global et à d’autres modèles locaux4. Ces catégories d’analyse, loin de fonctionner comme des idéaux-types, s’entrecroisent comme le démontrent les travaux sur les fédérations du Parti socialiste de Frédéric Sawicki5.
3Si l’approche monographique d’un territoire ne peut être remise en question pour sa perception, son étude peut-elle introduire l’analyse systémique proposée par Giovanni Sartori6 ? Facteurs horizontaux et influences verticales s’entrecroisent alors dans une analyse multiscalaire, la seule permettant d’éviter les obstacles de l’aveuglement du terrain, de l’« exotisme du local ».
4L’hégémonie électorale dépend de l’adhésion « pérenne » de l’électeur à une candidature. Ce rapport peut reposer pour l’électeur sur une relation directe avec le candidat, sur une adhésion à un programme, sur sa satisfaction par rapport à sa réalisation. Son existence détermine celle d’une emprise territoriale qui comprend le vote comme un phénomène d’adhésion et non de contestation.
5Le rôle des acteurs politiques (hommes, organisations, presse) est déterminant dans la construction de l’emprise territoriale. L’hégémonie électorale est le résultat de mobilisations collectives, tant locales que nationales. Le système politique biterrois est dominé par une force hégémonique qui régule sa concurrence. Le radicalisme fait figure de symbiose démocratique, il est tout à la fois force politique dominante, unique bénéficiaire du républicanisme et « jungle électorale ». Cette hégémonie électorale s’appuie sur une forte emprise territoriale. Ce territoire n’est ni un fief soumis à l’autorité d’un suzerain, ni un bastion gouverné par une organisation forte mais bien un système local (politique et partisan) soumis à des distorsions centrifuges et centripètes, un territoire singulier et commun tout à la fois.
6L’emprise territoriale d’une structure partisane comme le Parti républicain radical et radical-socialiste à Béziers, tout au long de son institutionnalisation, témoigne de la difficulté, au-delà même de la sémantique, de caractériser un espace politique uniquement en « fief » ou en « bastion ». Le spectre d’analyse se doit d’être plus large afin d’intégrer l’ensemble des dynamiques affectant le territoire politique.
Le radicalisme électoral : une symbiose démocratique
Le radicalisme force politique dominante !
7De 1904 à 1937, les résultats des élections locales de Béziers sont sans appel, les électeurs votent et élisent des candidats qui font profession de foi radicale. Sur l’ensemble de ses élections, la famille politique radicale n’est battue qu’à une occasion7. La défaite de 1937, à l’occasion du scrutin pour l’élection du conseiller d’arrondissement de Béziers-II, loin d’être anecdotique, permet de comprendre tout à la fois la force électorale du radicalisme et sa faiblesse. Les raisons de cette défaite s’expliquent par la perturbation du modèle de compétition électorale de ce territoire. Ce modèle est certes pluraliste mais d’un pluralisme limité aux seuls partis de gauche. C’est bien l’intégration dans la compétition d’un autre parti, conservateur, le Parti populaire français, qui reçoit de plus le soutien du Parti social français8, qui perturbe le système. Les voix réactionnaires ne servent plus d’arbitres dans la compétition sans merci que se livrent depuis 1905 socialistes unifiés et radicaux-socialistes. Celles-ci, après avoir profité à l’essor socialiste9, lui font, au lendemain de la guerre, barrage.
8Scrutin uninominal ou scrutin de listes donnent l’impression d’une réelle hégémonie du radicalisme en Biterrois. Celle-ci ne semble pas être remise en cause par d’autres forces politiques qui fonctionnent comme des satellites de la force politique dominante. Lors des élections municipales de 1929 où sont élus, sur la même liste, 10 socialistes et 24 radicaux, il est indéniable que le radicalisme instrumentalise le socialisme. Seule la presse conservatrice essaie à cette occasion de mettre en avant une poussée socialiste : « Suchon est élu, ainsi que ses candidats, mais il a dû, pour obtenir ce résultat, se délester de deux poids lourds, en sacrifiant deux adjoints, se faire appuyer par Barthe, dont il devient l’instrument10… » Pour autant le barthisme est un socialisme radical11. Les candidats du Parti socialiste de France Union Jean-Jaurès, né de la scission de la SFIO de 1933, sont classés comme radicaux-socialistes par l’administration. Dans ce cas, ce sont les engagements individuels plus que les rapports entre partis, qui l’expliquent : « Les socialistes, qui à la suite d’une manœuvre habile sont divisés en deux fractions, les alimentaires allant à Suchon, dirigés par Castel, forts de l’appui de Barthe, les doctrinaires allant à Roucayrol12. » Pour Jean Sagnes, cette « division est la conséquence de celle de l’appareil fédéral où s’opposent deux tendances concernant la grande question, celle de l’attitude à adopter vis-à-vis du Parti radical13 ». Cette « centralité » du radicalisme démontre avec force son caractère dominant sur le système électoral local. Quels sont les ressorts de cette domination électorale ? Le modèle de la « République radicale », contestée par Madeleine Rébérioux14, doit donc être interrogé.
Le radicalisme bénéficiaire du républicanisme !
9L’équation Béziers égale ville républicaine repose sur une analyse sociopolitique d’un territoire dénommé Midi rouge où villes et campagnes accordent leurs faveurs aux candidats de gauche. Au-delà de ce constat, c’est bien l’intégration des quatre clivages, modélisés par Stein Rokkan qui établit les « caractères » politiques de ce territoire autour de ses piliers. Ce modèle est identifiable au combisme, « régime partisan, servi par une administration engagée, appuyé sur un réseau agissant d’organisations militantes15 ». À Béziers, loin de se confondre avec le républicanisme, le radicalisme l’instrumentalise à son seul bénéfice dans la compétition électorale qui l’oppose aux socialistes. C’est sans doute la conséquence la plus importante de ce modèle électoral particulier. La récupération du souvenir de la résistance au coup d’État du 2 décembre 1851, les luttes en faveur de la laïcité ou les mobilisations anticléricales tout comme le souvenir de Jean Jaurès, sont de multiples occasions pour le radicalisme d’affirmer son hégémonie.
10Ces mobilisations sont le terreau du radicalisme et illustrent le phénomène d’intégration de la nationalisation politique dans le champ local. Toutefois l’action du radicalisme biterrois dépasse ce phénomène. C’est sans doute cette socialisation qui explique la plus forte résistance du radicalisme à la poussée socialiste dans les campagnes viticoles16.
11La mobilisation antifasciste corrobore bien la situation paradoxale des radicaux. Si le 12 février 1934, une manifestation est organisée à Béziers, comme dans de nombreuses autres villes, les radicaux-socialistes semblent en être les grands absents. En Bas-Languedoc, ils ne sont présents d’ailleurs que dans trois villes : Nîmes, Bédarieux et Lézignan-Corbières17. La presse radicale, La Dépêche de Toulouse ou Le Petit Méridional, se fait l’écho de cette attitude : « Le 4 mars, une manifestation destinée à riposter à un meeting de l’Action française avait rassemblé 1 500 personnes, à la tête desquelles on voyait des responsables de tous les syndicats, les dirigeants de la S.F.I.O., du rayon communiste, des Jeunesses laïques et républicaines, des Républicains-socialistes. Le cortège se heurta à la police, à la tête de laquelle était le maire radical Albertini18. » Deux comités antifascistes se constituent à Béziers : le Comité de lutte contre la guerre et le fascisme (SFIC et des socialistes) et le Comité antifasciste (Jeunesse laïque et républicaine, Parti socialiste de France, Ligue des droits de l’homme, radicaux-socialistes). L’incapacité du radicalisme a contrôlé les organisations interpartisanes l’oblige à choisir la dualité, et acte sa perte d’influence au tournant des années 1930 dans les mobilisations.
12La mainmise territoriale du radicalisme sur le Biterrois s’explique par une instrumentalisation partisane des mobilisations sociales qui permet une hégémonie électorale. Béziers, n’est pas un territoire républicain mais une terre radicale. Le radicalisme qui doit être alors compris comme un syncrétisme républicain, une nébuleuse dénommée « parti républicain19 ».
Le radicalisme, une « jungle électorale » !
13La synthèse de Léon Jacques des travaux de Roberto Michels et Moisej Ostrogorskij fournit une définition contemporaine de la « forme parti » : « un parti n’est pas une simple coterie, sorte de clientèle personnelle à quelques individualités politiques, ni une secte, groupe social plus ou moins fermé, ni un clan, ni une chapelle20 ». Le Parti radical est modélisé le plus souvent en une structure molle, c’est-à-dire une idéologie, un courant politique répulsif à l’organisation « moderne » de la forme parti21. Le constat de l’absence d’un parti politique organisé doit tout de même être nuancé. L’unicité de candidature, adoptée lors du congrès de Pau en 1913, porte ses effets. Sur les neuf cas observés lors des vingt et un scrutins législatifs uninominaux, seulement trois sont postérieurs. Pour Gérard Baal, ce congrès est celui d’« une nouvelle fondation du parti22 ». Une analyse des trois cas met en évidence un affrontement dual entre deux structures, modélisables en « parti du maire » et « parti du député23 ». Ce dualisme est-il la négation de l’organisation partisane ?
14Les analyses témoignent d’un clivage interne autour de l’adhésion ou non à la franc-maçonnerie, d’une dimension économique et de rivalités de personnes. De fait, le radicalisme est-il allergique à la forme parti ? « Je souhaite ardemment qu’un jour, l’union se fasse dans les clans radicaux aujourd’hui dressés l’un contre l’autre ; effleuré dans sa frondaison, le radicalisme reste solide sur ses fondements24. » Les deux structures antagonistes sont comparables à l’opposition corse « partitu » et « contre-partitu ». « Tous les témoins de la vie politique locale viennent à opposer le politique sur le continent en tant qu’il serait affrontements d’idées et de programmes, ou à tout le moins d’intérêts collectifs, bref un débat sur la meilleure forme de société et la politique dans l’île en ce qu’elle se réduirait à des rivalités entre hommes, à des combats de chefs25. » L’hégémonie électorale radicale en Corse renforce l’identification à ce modèle d’opposition binaire sans réels fondements idéologiques26.
15Les différentes élections de 1904 à 1936 mettent en évidence l’absence quasi-chronique d’élu cumulant les fonctions de maire de et de parlementaire, réelle spécificité biterroise27. Chaque élu a des « affinités politiques qui lui permettent de disposer (dans des mesures évidemment très variables) d’un électorat qui est lui est personnellement attaché, indépendamment de ses choix idéologiques ou de ses appartenances partisanes, qu’elles soient locales ou nationales. C’est pourquoi ce que désigne le terme de “clan” n’a pas la structure rigide d’une organisation fortement institutionnalisée28 ». Dans le cas de Béziers, l’hypothèse de l’implantation politique du radicalisme ne repose pas seulement sur les trajectoires politiques d’élus cumulards mais bien sûr une structure collective, identifiable au phénomène partisan. La question devient alors pour le radicalisme, le territoire biterrois est-il un fief, un bastion ou une citadelle ?
Les modèles d’emprise et domination du radicalisme
16Fief ou bastion, cette dichotomie interroge depuis longtemps les politistes. Emmanuel Négrier utilise ce clivage dans les analyses des scrutins locaux en Languedoc-Roussillon. Il l’articule autour de la domination soit du parti, soit de l’élu29. L’ensemble de ses études conduites par le CEPEL peinent toutefois à valider les cadres théoriques d’une telle démonstration30. C’est pourquoi, il convient tour à tour dans le cas qui nous intéresse de questionner ces modèles et sans doute d’en proposer une synthèse.
Ni un fief…
17Parmi les modèles de fief politique, le Bordeaux de Jacques Chaban-Delmas reste une référence : une structuration sociale qui dépasse les pourtours partisans31. La « République des fiefs » est un modèle d’« indépendance » du local32. Dans le cas du Parti radical, ce modèle privilégie l’étude de la biographie du dirigeant à celle du système politique local. L’indépendance du local par rapport au national dans un parti jacobin apparaît comme un paradoxe33. Dans le cas de Béziers, le modèle de la République des fiefs détonne. Aucun maire n’a réalisé plus de deux mandats consécutifs. Concernant les mandats législatifs, le constat est moins tranché. Édouard Barthe est réélu député de 1910 à 1936 dans un rapport particulier au radicalisme, d’abord opposant puis satellite. Louis Lafferre, député de 1898 à 1914, sénateur de 1920 à 1924, premier président de la Fédération républicaine radicale-socialiste et socialiste en 1904, vice-président national, fait figure de suzerain. En 1910, il devient, lors de l’élection cantonale de Béziers-II, conseiller général en remplacement du sortant Henri Biscaye qui lui cède la place34. Par cet acte, Louis Lafferre s’affirme comme un patron au sens le plus clientélaire35 qui désigne les candidats. Il est à la tête d’une structure dénommée « fédération » où relations personnelles directes s’entremêlent avec d’autres ressources, les structures associatives interpartisanes (Libre-Pensée, franc-maçonnerie, LDH). Cette lecture féodale bute tout autant sur les rivalités internes auxquelles doit faire face Louis Lafferre que sur l’incapacité de ses fidèles à battre aux élections locales les radicaux indépendants. Cette situation est celle d’un double fractionnalisme dans lequel la compétition est externe.
18La campagne des élections législatives de 1910 dans la circonscription de Béziers-I oppose deux « fédérations électorales » radicales, le Comité républicain radical-socialiste et socialiste soutenant la candidature de Louis Lafferre36 et le comité Henri Pech37. À Béziers, le « parti du député » est soutenu par le Comité radical-socialiste et socialiste, le Comité du groupe de défense et de vigilance républicaine de Béziers (sections Abattoir, Faubourg, Centre, Victor Hugo, Solférino, Capnau, Gare, Saint-Nazaire) et la Jeunesse républicaine tandis que le comité Pech regroupe le Comité d’Union radicale et socialiste, le Parti ouvrier socialiste, la Ligue socialiste, le Groupe républicain des intérêts communaux et le Groupe d’union radicale et socialiste. Cette opposition binaire met face à face plusieurs structures politiques : le « parti du maire » contre le « parti du député », la « Fédération républicaine radicale et radicale-socialiste » contre la « Fédération indépendante », la « Petite Chapelle » contre la « Grande Chapelle ». Une approche rationnelle de ce pluralisme politique n’est pas aisée pour l’administration préfectorale qui préfère nuancer ses classements en fonction d’un « tribalisme local » : « Il est difficile de donner une classification politique à des groupes qui n’ont de raison d’être qu’à cause de divisions internes ou d’intérêts locaux38. » Pourtant la ressource principale de la mobilisation semble être le parti comme l’affirme Louis Lafferre : « Le Parti radical est un parti d’évolution, destiné à assimiler insensiblement tous les éléments qu’il entraîne à sa suite […] et à s’approprier peu à peu, par un filtrage méthodique, tout ce qu’il y a de pratique dans les théories nuageuses des partis extrêmes. Aussi ne peut-il délimiter avec précision ses frontières avec les démocrates sans épithètes et les socialistes de toutes les écoles39. »
19Si l’emprise de patrons n’est pas validée pour le cas biterrois. L’hypothèse d’une emprise partisane doit être posée. Quel type d’organisation dirige la vie politique biterroise ?
Ni un bastion…
20Les travaux de Rémi Lefebvre sur le socialisme à Roubaix ont mis en évidence que le parti est soluble dans l’institution municipale40. À l’échelle locale, il est très délicat de tracer une frontière entre engagements de dirigeants et engagements de la structure41. Cette hypothèse fonctionne-t-elle à Béziers ? En effet, « dans plus d’une ville, le groupement en partis politiques établis pendant la campagne électorale se maintient en fait, sinon formellement, dans le conseil municipal lui-même42 ». Le « parti municipal » est une hypothèse pour comprendre l’emprise territoriale et l’hégémonie électorale du radicalisme biterrois. En effet, les organisations partisanes sont, au même titre que le territoire, la population civique, les réseaux et les acteurs politiques individualisés, des éléments constitutifs de l’implantation politique43. La permanence municipale des radicaux jusqu’en 1977 est un symbole de sa mainmise sur le système politique local. Les très nombreuses divisions et alternances municipales au sein du conseil municipal attestent que celui-ci est bien un territoire suffisamment conséquent pour appréhender les « combats pour la définition de l’identité du parti44 ». Le parti est actif dans la société en structurant des associations (Jeunesse radicale, Jeunesse laïque et républicaine), en en mobilisant d’autres (loges maçonniques, Ligue des droits de l’homme), et en instrumentalisant les « concurrents » électoraux. Ce rayonnement organisationnel et institutionnel met en évidence que la domination partisane s’appuie sur un réseau associatif regroupant tout à la fois des associations pré-existantes au parti et donc « autonomes » par rapport à lui et d’autres faisant plus figure d’« associations du parti » et des associations locales, le plus souvent paramunicipales et nationales c’est-à-dire ayant une stratégie propre en dehors de l’espace considéré.
21Cette emprise sociétale, en dépit de l’apparition dans les années 1930 d’une concurrence des autres organisations partisanes, est synonyme de stabilité. La conquête, par la SFIO des directions locales des sections de la Ligue des droits de l’homme ne remet pas en cause cette « démocratie radicale-socialiste », tout comme la tentative de marginalisation au moment de la constitution du Rassemblement populaire est un échec.
22La mainmise notabiliaire, considérée comme la preuve d’un manque d’organisation ne doit-elle pas au contraire être perçue comme le symbole d’une implantation réussie, d’un modèle de démocratie partisane faisant de la majorité des consultations électorales des primaires ? Celles-ci sont externes à la formation politique mais elles sont internes au système politique dominé par cette formation. En effet dans un système démocratique, en dehors des arbitrages institutionnels et partisans, prévaut l’arbitrage électoral. L’organisation partisane nationale, c’est-à-dire le Parti républicain radical et radical-socialiste, est le référent commun de tous les groupes de la famille radicale-socialiste à Béziers, qui se réclament de lui, attestant de l’importance du parti politique dans la compétition électorale. « L’aspect territorial est donc essentiel dans un parti politique, mais l’organisation locale, dont on ne doit pas oublier qu’elle développe sa propre histoire, appartient aussi à une organisation plus vaste, le parti, engendrant ainsi de fortes interactions entre le local et le national45. » Les effets de ces multiples systèmes définissent l’organisation politique locale. La traduction de ce phénomène de démocratie partisane externe, d’unicité politique est visible au regard de la continuité des politiques menées par les différentes municipalités radicales-socialistes de Béziers.
23Le modèle d’organisation municipale est mis en place par Auguste Albertini qui se trouve « au centre d’un dispositif qui s’articule autour de la Franc-maçonnerie, de la Société de la victoire du 2 décembre, de la Ligue des Droits de l’Homme, de la Ligue de l’enseignement, des Jeunesses laïques et républicaines, des Sociétés des écoles laïques46 ». Dès lors l’image d’un fief électoral s’affirme au profit d’un bastion. Pour autant cette implantation locale ne se réalise pas en dehors de l’appareil national. Élu en 1936 sur un programme ouvertement hostile au Front populaire, Auguste Albertini vote comme la majorité des radicaux-socialistes à la Chambre.
24À l’exception d’Auguste Albertini, aucun élu ne cumule un mandat parlementaire avec celui de maire. Le mandat de conseiller général est celui qui s’ajoute généralement à l’un ou l’autre. Au travers de ces conquêtes, celui-ci revêt une fonction particulière. Henri Pech se sert de ce mandat comme un tremplin pour accéder au poste de maire durant la crise de 1907. Louis Lafferre, l’utilise en juillet 1910, pour préparer les futures échéances après la difficile élection législative de mai et affirmer son leadership face à Henri Pech. La conquête du poste de conseiller général en 1931 par Émile Suchon est à la fois un tremplin et une affirmation. Il souhaite en finir avec le « groupe de défense radicale et radicale-socialiste » et son candidat Antoine Moulin et en même temps préparer les échéances électorales futures et notamment les élections législatives et sénatoriales de 1932. Dans tous les cas de figure, ces élections cantonales déterminent avant tout le rapport de force interne entre les radicaux-socialistes.
25Pour autant, les caractéristiques de cette organisation sont celles des formations politiques qui mettent l’accent sur leurs militants47 : non-cumul des postes de pouvoir, séparation des responsabilités entre élus d’une part et dirigeants politiques d’autre part et participation du militant au choix de l’organisation. Toutefois entre ce modèle et la réalité, les distorsions sont réelles notamment la primauté de l’oligarchie.
26Le territoire biterrois n’est ni un fief soumis à un patron, ni à un bastion tenu par une organisation puissante. Pour autant, il y a de véritables ressorts de domination politique qui paradoxalement, semblent fonctionner grâce aux affrontements fractionnels attestant tout à la fois d’une structure partisane molle et d’une emprise notabiliaire.
Un territoire singulier et commun
27Bien difficile à classer par rapport à une domination personnelle ou organisationnelle, le territoire politique biterrois, est classé par Serge Berstein comme une « zone de déclin électoral » du radicalisme48. Béziers apparaît comme singulier dans ce panorama. Certes l’unique défaite aux élections départementales date de 1937, les résultats aux élections législatives fluctuent sans pour autant sur la commune de Béziers voir l’adhésion aux candidats radicaux-socialistes déclinés. C’est l’apparition, de nouvelles forces politiques concurrentes aux élections qui perturbent le système local bien plus que les luttes fractionnalistes. Si au début du siècle, la présence des socialistes, surtout unifiés, permet aux réactionnaires de voter contre le « chapelard » anticlérical. Dans les années 1930, par contre, les candidatures réactionnaires permettent parfois à un socialiste de passer devant et de bénéficier du « désistement républicain » entre partis cartellisés nationalement.
28Territoire singulier car peu soumis aux évolutions politiques de la société, Béziers fait peu à peu figure de citadelle. En 1907, lors de la révolte du Midi, les affrontements ont opposé entre eux les radicaux mettant en évidence une organisation capable de gérer de fortes distorsions multiscalaires49. Dans les années 1930, les positions anti-Front populaire des radicaux biterrois ne les ont pas mis en porte-à-faux. Les distorsions d’échelle régulent les adaptations au système local face aux alignements nationaux, le respect des consignes nationales bute sur les rapports de force interne au local.
29L’analyse des partis navigue en fait entre deux écueils : d’une part, la régression vers la description minutieuse de leur fonctionnement et leurs luttes internes et externes ; d’autre part, la réduction de l’environnement social dans lequel ils baignent aux caractéristiques sociologiques de leur électorat ou à leur orientation programmatique50. Le modèle d’un « radicalisme cassoulet » est ainsi défini par les rivalités politiques locales internes et externes entre partis politiques tout autant que par l’action d’entrepreneurs politiques locaux accaparant les ressources de domination et les redistribuant à leurs clientèles.
30À ces traits communs méridionaux s’ajoutent des particularités héraultaises : le dualisme fractionnel de l’organisation. Par rapport à son histoire nationale et locale, Béziers fait figure de citadelle du radical-socialisme jusque dans les années 1970. La construction sociale de l’organisation partisane radicale-socialiste tout autant que son histoire politique dans ce territoire sont marquées par la notion de résistance. Celui-ci est « décidément inassimilable à quelque nationalisation politique que ce soit51 ». Dans ce territoire, où les pratiques politiques ne diffèrent qu’avec nuance entre les partis, il semble important de s’attacher tout à la fois au système politique local mais aussi à la société. En effet, si la pratique ne permet pas de reconnaître l’identité partisane52, comment choisir ? Comparer à d’autres fédérations méridionales comme la Haute-Garonne, l’Hérault paraît avoir mieux résisté. L’hypothèse d’une structure binaire en suivant les travaux de Serenella Sferza53 pour expliquer la résistance du Parti républicain radical et radical-socialiste à Béziers est valide. En effet, les oppositions intrapartisanes ne sont pas nécessairement nuisibles au développement externe de l’organisation54. La dichotomie locale aide à la « performance du parti » en lui permettant de capter une audience plus large autour la même culture politique. Ce dualisme, explique la difficulté d’implantation du socialisme à Béziers. La seule implantation socialiste à réussir est celle du « barthisme » qui utilise au début tous les ressorts à disposition du radicalisme55 et profite après de la bienveillante absence de candidats radicaux.
31Le système politique biterrois est soumis aux mêmes influences et crises que l’espace national56 et il diffère peu des autres modèles méridionaux. Sa singularité ne concerne pas le système homogène, où absence de formations de droite, concurrence socialiste et faiblesse relative du communisme à quelques exceptions près57, sont des constantes méridionales. Elle concerne l’organisation, marquée par un constant dualisme assimilant l’ensemble des clivages qui ne peuvent réduits à une seule concurrence notabiliaire.
32Ce dualisme n’est pas gelé, ses acteurs évoluent et se réalignent. La structure particulière radicale-socialiste, repose tout à la fois sur des comités politiques nombreux et denses mais également sur une implantation associative militante et active dans la société (enfance, jeunesse, culture). La structure politique, loin d’être éphémère se fait discrète en dehors des phases électorales et des crises politiques, laissant les structures associatives travailler et encadrer la société au service d’une propagande républicaine que le comité incarne politiquement plus que toutes autres formations concurrentes. Ce n’est pas le travail des « notables », ni même celui des élus mais bien celui d’une structure politique modélisable en « partis des associations » qui permet au Parti radical d’asseoir sa domination électorale.
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33« Jungle électorale », « fief », « bastion » ne semblent pas forcément les termes qui conviennent le mieux pour décrire l’emprise électorale des radicaux-socialistes. Le postulat choisi – celui de l’institutionnalisation partisane – a permis de recentrer cette recherche sur la forme parti en situation donnée. Grâce à sa dualité, le Parti radical s’est institutionnalisé à Béziers en dominant tant le champ politique en instrumentalisant les autres partis que le champ sociétal en tant que « parti des associations58 ». Il s’agit bien d’un « fait social total59 ». Toutefois, cette modélisation duale n’est possible que dans un système électoral fermé, gelé. Toute transformation, toute arrivée peut faire rompre le modèle. L’organisation radicale-socialiste biterroise, à la différence d’autres, a évolué à partir des années 1930 vers un unanimisme électoral radical-socialiste. Ce renouveau organisationnel marque la disparition du modèle au profit d’une structure personnalisée autour de la figure d’Auguste Albertini, faisant bien de cette formation, un parti au service d’un notable, plus conforme aux exemples nationaux.
Notes de bas de page
1 G. Cholvy, « Le Biterrois, un pays de mission aux XIXe et XXe siècles », dans D. Avon (dir.), Chrétiens de Béziers et du Biterrois, terre de mission, terre pour la mission, Perpignan, PUP, 2004, p. 59-76.
2 J. Sagnes, « Une ville républicaine (1815-1939) », dans J. Sagnes (dir.), Histoire de Béziers, Toulouse, Privat, 1986, p. 256-276.
3 F. Nicolas, « Béziers, citadelle du radicalisme ! Les “surprises” d’une vie politique à la Belle Époque », dans J. Sagnes (dir.), La révolte du Midi viticole, cent après 1907-2007, Perpignan, PUP, 2008, p. 253-273.
4 F. Sawicki, « L’Apport des monographies à l’étude du socialisme français », dans J. Girault (dir.), L’implantation du socialisme en France au XXe siècle. Partis, réseaux, mobilisation, Paris, Publications de la Sorbonne, 2001, p. 23-33.
5 F. Sawicki, Les réseaux du parti socialiste. Sociologie d’un milieu partisan, Paris, Belin, 1997, 355 p.
6 G. Sartori, Parties and Party Systems. A Framework for Analysis, Cambridge University Press, 1976.
7 F. Nicolas, « Le canton : un espace oublié des partis politiques sous la Troisième République ? Étude de l’emprise électorale du Parti républicain radical et radical-socialiste en Biterrois », dans Y. Lagadec, J. Le Bihan et F. Tanguy (dir), Le canton dans la France contemporaine : nature, structure, fonctions, avenir, Rennes, PUR, 2009, p. 199-210.
8 P. Secondy, « Regard sur le fascisme dans l’Hérault. La difficile implantation du Parti populaire français (1936-1944) », Études héraultaises, vol. 30-31-32, 1999-2000-2001, p. 253-265.
9 P. Alliès, « Les élections législatives du 24 avril 1910 dans la circonscription de Pézenas-Bédarieux. Changements politiques et continuité notabiliaire », Études sur Pézenas et l’Hérault, XI, 1980, 4, p. 29-41 ; J. Sagnes, « Gauche marxiste et gauche jacobine en Biterrois à travers les campagnes de Marcel Cachin et Louis Lafferre en 1906 », Droite et gauche de 1789 à nos jours, Montpellier, Presses de l’UPV, 1975, p. 235-253.
10 L’Éclair, 14 mai 1929.
11 F. Nicolas, « Parti et système de partis dans les années 30 : entre clientélisme et revendication sectorielle en Midi Rouge, le Barthisme », dans A. Antoine et J. Mischi (dir.), Sociabilité et politique en milieu rural, Rennes, PUR, 2008, p. 169-178.
12 « Lendemain de vote », L’Éclair, 14 mai 1929.
13 J. Sagnes, Politique et syndicalisme en Languedoc. L’Hérault durant l’entre-deux-guerres, Montpellier, Presses de l’université Paul Valéry, 1986, p. 99.
14 M. Rebérioux, La République radicale ? 1898-1914, Paris, Le Seuil, 1975, 259 p.
15 G. Baal, « La Gauche du radicalisme à la veille de 1914 », dans A. Prost (dir.), Jean Zay et la gauche du radicalisme, Paris, Presses de Sciences Po, 2003, p. 17-40, p. 18.
16 G. Candar et C. Prochasson, « Le socialisme à la conquête des terroirs », Le Mouvement Social, no 160, juillet-septembre 1992, p. 33-63.
17 M. Caron, Le Front populaire dans le Bas-Languedoc et le Roussillon, thèse de doctorat d’histoire, université de Montpellier III, 1973, p. 186.
18 Le Petit Méridional, 5 mars 1934.
19 M. Agulhon, « Le Parti républicain », dans L. Hamon (dir.), Les Opportunistes. Les débuts de la République des républicains, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, 1991, p. 1-15.
20 L. Jacques, Les partis politiques sous la IIIe République. Doctrine programme, organisation et tactique, Paris, Librairie Sirey (thèse soutenue pour le doctorat de droit), 1912, p. 41.
21 G. Baal, Le Parti radical de 1901 à 1914, thèse d’État de lettres, Paris I, 1991, 4 vol., IV-1742 p. ; S. Berstein, Histoire du parti radical, 1919-1939. Paris, Presses de la F.N.S.P., 1980, t. I, La recherche de l’âge d’or, 1919-1926, 486 p., 1982, t. II La crise du radicalisme, 1926-1939, 665 p.
22 G. Baal, op. cit., p. 1431.
23 F. Nicolas, Ressources privées et mobilisation politique : la construction du Parti républicain radical et radical-socialiste à Béziers (1901-1939), thèse de science politique, université de Montpellier, 2004.
24 « Lettre ouverte à Monsieur Suchon d’André Granaud, conseiller d’arrondissement du 2e canton », Le Petit Méridional, 8 octobre 1931.
25 G. Lenclud, « Des Idées et des hommes. Patronage électoral et culture politique en Corse », Revue française de Science Politique, vol. 38, no 35, octobre 1988, p. 771 et p. 772-773.
26 P.-A. Torre, Le radicalisme en Corse sous la Troisième République, thèse d’histoire, université Paris XIII, 2001.
27 G. Marrel, L’élu et son double. Cumul des mandats et construction de l’État républicain en France du milieu du XIXe siècle au milieu du XXe siècle, thèse de science politique, IEP Grenoble, 2003, p. 189.
28 J-.L. Briquet, La tradition en mouvement. Clientélisme et politique en Corse, Paris, Belin, 1997, p. 61.
29 É. Négrier, « Municipales 2001 : les nouveaux fiefs », Pôle Sud, revue de Science Politique, no 15, novembre 2001, p. 109-117.
30 Voir les chroniques électorales de la revue Pôle Sud depuis 1995.
31 J. Lagroye, Société et politique : Jacques Chaban-Delmas à Bordeaux, Paris, Pedone, 1973, VII-345 p.
32 Y. Meny, « La République des fiefs », Pouvoirs, dossier « La décentralisation », no 60, 1992, p. 17-24.
33 S. Berstein, « Le Parti radical et le problème du centralisme (1870-1930) », Régions et régionalisme en France du XVIIIe siècle à nos jours, Paris, PUF, 1977, p. 225-240.
34 L’Éclair, 23 juillet 1910 : « À Béziers, un radical de la coterie a cédé son siège à Lafferre ».
35 J.-F. Medard, « Le rapport de clientèle du phénomène social à l’analyse politique », Revue Française de Science Politique, 26, no 1, février 1976, p. 103-131.
36 Le Petit Méridional, 1er avril 1910.
37 « Candidature Henri Pech », La Dépêche, 3 avril 1910.
38 Arch. dép. Hérault, 3 M 2359. Lettre du sous-préfet de Béziers au préfet de l’Hérault, 11 avril 1904.
39 L. Lafferre, « Notre parti », Bulletin du Parti républicain radical et radical-socialiste, 26 décembre 1908.
40 R. Lefebvre, « Le socialisme français soluble dans l ‘ institution municipale. Emprise institutionnelle et forme partisane. Une étude de cas : Roubaix (1892-1983). Revisiter l’histoire du socialisme au prisme du municipal », RFSP, vol. 54, no 2, avril 2004, p. 237-260.
41 A. Mabileau, Le Système local en France, Paris, Montchrestien, 1998, p. 134 : « Les instances partisanes “locales” masquent la plupart du temps l’emprise des notables », p. 27 : « Le parti, localement est souvent une entité floue, à l’existence bien fragile ou, en tout cas au contenu bien différent de ce que projettent les statuts ou l’image qu’en ont ou qu’en donnent ses leaders. Les relations avec les syndicats ou les associations, par exemple, si ritualisées voire si distantes à Paris devant les médias nationaux ou dans les réunions officielles, sont localement beaucoup plus complices, surtout quand les militants sont peu nombreux et contraints d’occuper les mêmes rôles ou d’y alterner. »
42 M. Ostrogorski, La démocratie et les partis politiques, Paris, Fayard, 1993, p 271.
43 J.-W. Dereymez, « Territoires politiques », L’implantation du socialisme, op. cit., p. 10.
44 F. Sawicki, « L’apport », op. cit., p. 29.
45 Dereymez, « Territoires politiques », op. cit., p. 9-22, p. 14.
46 P. Plas, « Élites et édiles : le poids des réseaux », dans G. Le Béguec et D. Peschanski, Les élites locales dans la tourmente. Du Front populaire aux années cinquante, Paris, CNRS Éditions, 2000, p. 52.
47 D.-L. Seiler, Les partis politiques, Paris, Armand Colin, 1993, p. 118-119.
48 S. Berstein, Histoire du parti radical, op. cit., t. I, p. 310.
49 F. Nicolas, « Les embarras des radicaux-socialistes en 1907. Les distorsions multiscalaires d’un parti de gouvernement face à la crise du Midi », La révolte du Midi viticole, op. cit, p. 55-71.
50 F. Sawicki, « Les partis politiques comme entreprises culturelles », dans D. Céfai (dir.), Cultures politiques, Paris, PUF, 2001, p. 208.
51 P. Alliès, « Un Midi en voie de banalisation politique ? », Pôle Sud, op. cit., p. 3.
52 H. Lerner, « Être de gauche dans le Midi », dans Histoire du Languedoc de 1900 à nos jours, Toulouse, Privat, 1980, p. 209 : « Chez tous, l’ancienneté de la tradition démocratique a développé les habitudes du clientélisme, en vertu duquel les chefs disposaient d’une clientèle qu’ils devaient en priorité satisfaire. L’accueil favorable réservé aux radicaux puis aux socialistes et même aux communistes n’exclut pas un désir profond d’immobilisme, voir même un effort pour s’accrocher au passé. »
53 S. Sferza, « Party Organisation and Party Performance: The Case of the French Socialist Party », in R. Gunther, J.-R. Montero, J.-J. Linz (ed.), Political Parties Old Concepts and New Challenges, Oxford University Press, 2002, p. 166-190.
54 Id., p. 186-187.
55 P. Alliès, « Les élections législatives du 24 avril 1910 », op. cit., p. 29-41.
56 E. Weber, La Fin des terroirs. La modernisation de la France rurale, 1870-1914. Paris, Fayard, 1983 (éd. anglaise 1976), 84 p. ; R. Dorandeu, Faire de la Politique : contribution à l’étude des processus de politisation. L’exemple de l’Hérault de 1848 à 1914, thèse de science politique, sous la direction de Dominique Rousseau, université de Montpellier I, 1992, 644 p.
57 J.-C. Pouzet, « Un exemple de gestion municipale : Alès, municipalité communiste (1925-1939) », Bulletin de la société languedocienne de Géographie, 1982.
58 Cette formulation ne suit pas celle de Pierre Bourdieu de « partis-associations ». M. Offerlé, Les Partis politiques, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 8e éd., 2012, p. 50 : « Les membres des classes dominantes peuvent se contenter d’associations, de groupes de pression ou de partis-associations. »
59 D.-L. Seiler, Les partis politiques, op. cit., p. 16.
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