Le dualisme droite-gauche dans le département des Deux-Sèvres
p. 171-185
Texte intégral
1Au soir des scrutins, locaux ou nationaux, les commentateurs des Deux-Sèvres affirment, d’un ton sentencieux, que le nord du département vote indéfectiblement à droite tandis que le sud se range invariablement sous la bannière de la gauche et que rien ni personne ne pourra changer cette loi de la sociologie électorale, produit d’un tempérament local immuable. Quelle que soit l’échéance électorale, municipale, cantonale, départementale, régionale, nationale ou européenne, quel que soit l’enjeu d’un référendum, quelle que soit la personnalité des candidats, une sorte de déterminisme pèserait sur ce département et produirait, à quelques nuances près, un résultat respectant cette partition qui perpétuerait des identités reposant sur des racines anciennes. Il serait impossible et impensable d’imaginer de changer cet état de choses.
2À en croire ce dogme, le département des Deux-Sèvres serait constitué de deux blocs homogènes séparés par une ligne quasi imperméable. Cette coupure serait ancienne. Le constat ne date pas d’aujourd’hui : sous la IIIe République, déjà, le nord était donné pour fief des conservateurs tandis que le sud et l’est étaient tenus pour terres républicaines. Cette certitude n’empêchait cependant pas la plupart des échéances électorales d’être vécues comme des combats. Contre des candidats assurés de leur victoire se levaient des opposants qui se pensaient en mission pour conquérir le bastion de l’ennemi. Au soir du scrutin, en cas de défaite, ils donnaient comme explication des résultats les immuables « tempéraments politiques » des populations locales. Car la genèse de ce clivage, disait-on, se perdait dans la nuit des temps.
3Ce prétendu fixisme politique est au cœur de la problématique de ce colloque. Les problèmes étroitement imbriqués qu’il soulève sont de deux ordres. Au premier niveau, la question des appartenances politiques de certains territoires. Il nous faudra observer de près ce qu’il en est, d’abord, puis tenter d’en expliquer les ressorts, ensuite. Mais il serait vain de s’en tenir à cet aspect et de se contenter de faire entrer les circonscriptions électorales des Deux-Sèvres dans une typologie pré-établie. Un second niveau d’analyse nous conduira à examiner les mots et le discours dont usait et use encore la géographie électorale. À nos yeux en effet, l’association entre un territoire, une appartenance politique et un qualificatif ne va pas de soi. L’affirmation du poids d’un déterminisme politico-territorial paraît tragique, au sens antique du terme, dans la mesure où elle revient à dire que la vie politique est régie par un fatalisme indépassable, bien éloigné donc de l’espérance démocratique et moderne de l’autonomie du sujet. Le commentaire des scrutins ne se contente pas d’établir un constat – tel canton vote à droite parce qu’il a toujours voté à droite – mais, en affirmant l’immuabilité des appartenances, il détermine un avenir, ou plutôt il impose l’absence d’avenir : ledit canton votera toujours à droite. Nous nous interrogerons donc sur les catégories et les termes forgés par les analystes de la vie politique pour dire les résultats des votes. Notre démarche vise, à partir de l’exemple du département des Deux-Sèvres, à comprendre et décrypter la genèse de la théorie de l’influence du territoire sur le vote. Notre hypothèse est que cette lecture est le fruit d’un contexte politique et intellectuel bien déterminé et qu’elle s’est imposée comme un cadre d’analyse opératoire alors que des études postérieures ont démontré qu’elle ne suffisait pas à expliquer les votes. Après avoir reconstitué le paysage électoral deux-sévrien pendant la IIIe République, nous proposerons l’exégèse des principales interprétations qui en furent données.
Plaine républicaine, Gâtine conservatrice, Marais incertain
4La première étape de notre démarche a été de reconstituer les résultats des élections législatives dans le département des Deux-Sèvres sous la IIIe République.
5Une première lecture semble confirmer la continuité des votes tout au long de la IIIe République dans les différentes circonscriptions électorales.
6Au nord, la région de Bressuire votait régulièrement pour le candidat monarchiste, qui était un membre de la noblesse locale ou un « candidat du château ». De 1879 à 1940, cette permanence fut remarquable. Les pourcentages de voix purent varier, mais non le résultat. Le marquis de La Rochejaquelein, élu pour la première fois en 1871, siégea jusqu’en 18981. La droite l’emportait parfois dès le premier tour, mais ne fut jamais sérieusement mise en difficulté. La seule exception fut le scrutin de 18852, que l’établissement du scrutin de liste permet de comprendre3. En 1889 en revanche, le républicain Jouffrault renonça à se présenter de nouveau contre son vieil adversaire, le marquis de La Rochejaquelein, qui fut élu au premier tour et fut élu de nouveau en 1893. En 1898, le successeur de ce dernier fut Henry Savary de Beauregard, qui jouissait d’une influence comparable sur sa circonscription. Cette continuité presque sans faille se prolongea durant toute la IIIe République.
7Face à cet ensemble s’en dressait un autre : au sud, dans le Niortais et le Mellois, et à l’est, dans les cantons de Thouars et Airvault, la gauche était solidement enracinée. Deux critères attestent la force de cet attachement : la précocité et la continuité des votes à gauche. Dès 1876, puis en 1877, en dépit de la pression préfectorale, les électeurs des circonscriptions du Niortais et du Mellois envoyaient à la Chambre des républicains : Antonin Proust (1re circonscription de Niort, qu’il représenta jusqu’en 1893), Amédée de la Porte (qui ravit la 2e circonscription de Niort à un bonapartiste, le baron Petiet et la représenta jusqu’en 1889 – date à laquelle le boulangiste Pontois l’emporta – puis de 1893 à 1900), Henri Giraud (élu de l’arrondissement de Melle, dont il fut député jusqu’à 1887).
8Notons cependant que, au cours des premières décennies de la IIIe République, le paysage politique du département des Deux-Sèvres ne fut pas absolument figé. Aux marges des deux blocs existaient des zones incertaines. Des cantons pouvaient faire basculer la deuxième circonscription de Niort ou celle de Parthenay en fonction de la personnalité d’un candidat ou du contexte national : le boulangisme permit à Honoré Pontois de ravir à Amédée de la Porte la deuxième circonscription de Niort et à l’avocat Paul Taudière de gagner la circonscription de Parthenay, qu’il avait briguée à trois reprises et qui devint au Xxe siècle un fief familial, puisque son fils, en 1914, puis son petit-fils, de 1928 à 1940, occupèrent son siège. À la faveur de l’affaire Dreyfus, la circonscription de Melle envoya à la Chambre le baron Jean de la Chevrelière, dont le père avait été élu en 1871 et qui s’était ensuite présenté avec obstination, et sans succès, à chaque scrutin législatif. Il s’inscrivit au groupe des républicains progressistes4.
9Au cours de la première moitié du Xxe siècle, le paysage politique dessiné par la géographie électorale présente une continuité des appartenances. Les circonscriptions de Niort et celle de Melle votaient toujours à gauche. Lorsque François Albert ne fut pas réélu sénateur de la Vienne, il se replia sur la circonscription de Melle5. Bressuire restait un fief de droite.
10La circonscription de Parthenay, conquise par le radical Louis Demellier à la Belle Époque, se donnait comme député, à partir de 1928, le conservateur Clovis Macouin6. Celui-ci réussit à conserver la circonscription en 1936 et retrouva son siège après la guerre.
11La comparaison avec les résultats de l’ensemble de la France permet de distinguer une différenciation marquée. Alors que le glissement général des élus vers la gauche était notable, avec des élus socialistes et communistes plus nombreux, le département des Deux-Sèvres s’en tenait à un républicanisme de type radical. Seule exception : le socialiste Henri de la Porte était élu dans la 2e circonscription de Niort le 14 avril 1910, au premier tour, contre le député sortant Hippolyte Gentil. En 1936, André Jouffrault, élu radical-socialiste depuis 1924, perdit la 1re circonscription de Niort au profit du socialiste SFIO Émile Bèche. Les électeurs de Niort-2 et de Melle portaient leurs suffrages respectivement sur René Richard et André Albert, tous deux radicaux.
12Aucune position n’était définitivement acquise. Dans les Deux-Sèvres, il n’y avait pas de désert électoral7 dans la mesure où, dans chaque circonscription, à quelques rares exceptions, les scrutins donnaient lieu à des affrontements. Melle fut régulièrement contestée à la gauche par le baron de la Chevrelière, tandis que, à Bressuire, le radical Camille Jouffrault combattait obstinément le marquis de La Rochejaquelein. Si la continuité des appartenances semble évidente aux observateurs, les protagonistes semblent avoir toujours pris au sérieux leurs adversaires, qui réussissaient le plus souvent à les mettre en ballotage.
13Les positions n’étaient donc pas figées. Bien des nuances, dans le temps et dans l’espace, pourraient être apportées à une vision strictement manichéenne des appartenances politiques deux-sévriennes. Au sud, le marais poitevin bonapartiste devint républicain. Un temps, Parthenay se donna un député républicain et Melle un député de droite. Dans la Gâtine, il convient de relever l’émergence d’une différenciation qui allait s’accentuer entre les villes, conquises par les républicains, et les campagnes, qui continuèrent de voter pour les candidats conservateurs. Certaines évolutions furent chaotiques : la circonscription de Parthenay fut conquise par les radicaux puis regagnée par les conservateurs.
Tableau des élus du département des Deux-Sèvres 8 .
Les Deux-Sèvres au crible de la science politique naissante
14Fort de ces résultats, nous nous proposons de revenir sur le discours savant qui a été tenu sur la politique dans le département des Deux-Sèvres. Deux thèses contradictoires se dégagent. Le livre d’André Siegfried9, d’un côté, affirme la pérennité des identités politiques tandis que celui de Roger Thabault10 analyse les voies de la républicanisation.
15En 1913, André Siegfried publiait son Tableau politique de la France de l’Ouest, ouvrage fondateur de la géographie électorale. Sa démarche était ambitieuse. Il s’agissait d’établir une lecture scientifique des votes politiques en France et d’en donner des explications rigoureuses à partir d’observations incontestables. Ainsi, le résultat des scrutins ne serait plus analysé comme le reflet de phénomènes contingents – le charisme d’un candidat, la fortune d’un autre, les réseaux d’un troisième, etc. – mais comme l’expression d’un ensemble de facteurs scientifiquement observés et donc permettant d’établir des « lois générales » de la politique.
16Il commença par interroger les militants, qui lui firent remarquer que tel canton était jugé « bon » et tel autre « mauvais » au point que l’action personnelle du candidat semblait avoir peu de prise pour faire « tomber » une circonscription. Il s’appuyait sur un constat établi par le député républicain de Vendée Guillemet, lequel lui avait fait remarquer que « tout ce qui est sur terrain primaire est royaliste, tout ce qui est sur terrain tertiaire est républicain11 ». Sa démarche était novatrice quand il mettait en rapport la nature du sol, l’allure des paysages et la structure de la propriété avec les tempéraments politiques. Les opinions politiques étaient donc sujettes à une répartition en zones géographiques, qui variaient fort peu d’une élection à l’autre. « Sous l’apparence mouvante des élections se précisent donc des courants stables et se dessinent des tempéraments politiques régionaux. Il y a ainsi des tempéraments provinciaux, départementaux, cantonaux, communaux ; il y a plus exactement encore (car les divisions administratives sont souvent factices) des tempéraments politiques répondant à ces profondes individualités naturelles que sont les “pays” de France12. » D’où la démarche de l’auteur : il s’agissait pour lui, à partir d’une enquête minutieuse, d’établir une cartographie politique de l’ensemble de la France. Il commença par l’Ouest français mais se consacra ensuite à d’autres travaux et laissa inachevé ce projet initial13. Le département des Deux-Sèvres fut donc l’objet de son attention non pour lui-même mais dans le cadre d’une réflexion plus large, à l’échelle de la France. Il apparaissait alors comme un territoire en marge, une terre de contact entre l’Ouest conservateur et le Sud-Ouest républicain, ce qui faisait tout l’intérêt de son analyse.
17En digne contemporain de la géographie vidalienne, André Siegfried croisait un grand nombre de facteurs pour expliquer la situation politique deux-sévrienne. Il établissait les relations entre appartenances politiques locales et paysage géographique. Le paysage dépendait de la nature du sol et du climat, dont découlaient les formes de la mise en valeur par les hommes, donc la structure de la société. Il comparait la forme de l’habitat, la structure de la propriété, l’influence du clergé et les mettait en rapport avec les tempéraments politiques. André Siegfried constata ainsi que, dans les régions de plaine calcaire où les points d’eau étaient rares, l’habitat était groupé, les solidarités étaient fortes, la propriété était morcelée, le clergé catholique était peu influent et l’esprit protestant dominait. Il en déduisait que les habitants des plaines calcaires étaient sensibles à l’esprit d’égalité et qu’ils étaient par conséquent républicains. À l’inverse, la gâtine et le bocage, établis sur les terres granitiques, qui constituent la bordure du Massif armoricain, où les sources sont nombreuses, connaissaient un paysage cloisonné par les haies bocagères, un habitat dispersé et de grandes propriétés. L’ensemble de ces éléments était favorable à l’influence du châtelain ou du curé. Des populations conservatrices y vivaient14.
18Notons que Siegfried ne tombait cependant pas dans un manichéisme simplificateur. Il distinguait en réalité trois ensembles : le Nord conservateur, le Sud et la bordure Est républicains, le Sud-Ouest (le marais poitevin) bonapartiste devenu républicain.
19Alors que son livre eut peu de succès sur le coup, ses thèses furent appelées à un grand retentissement. Il les enseigna à l’École libre des sciences politiques puis au collège de France, où il fut titulaire de la chaire de géographie économique et politique. Son disciple et continuateur François Goguel contribua à leur diffusion. L’école française de géographie électorale suscita de nombreuses monographies régionales, qui toutes confirmèrent la théorie de tempéraments politiques locaux. André Siegfried est encore honoré comme pionnier de la géographie et la sociologie électorale. La précision de sa documentation, d’une part, le croisement de multiples facteurs, de l’autre, font de lui un modèle d’analyse électorale. Mais les études de Siegfried imposèrent l’idée de la permanence des identités politiques des territoires, ce que le géographe Nicolas Gamache a appelé « le mythe du territoire qui vote15 ».
Fief et forteresse : les mots républicains de la politique16
20Ce détour par l’analyse d’André Siegfried constitue pour l’historien une invitation à se méfier des mots qu’il utilise et des catégories qui leur sont associées. Les termes de « bastion », « fief », « terre de mission » et « désert » appartiennent au champ sémantique de l’homme politique en campagne. Chacun est implicitement porteur d’un sens qui dit comment l’adversaire était considéré et quelle conception de la politique l’on se faisait.
21Le terme bastion appartient au vocabulaire de la guerre. D’autres termes proches apparaissent sous la plume de Siegfried : forteresse, bataille, ligne de défense, drapeau17. La politique est vécue comme une guerre. La représentation spatiale des affrontements politiques emprunte à la cartographie des armées en campagne. Un camp se trouve de chaque côté d’une ligne de front. Chaque élection est un nouvel assaut engagée par le candidat républicain, qui est soutenu par ses militants et ses électeurs. Le rite du vote associe symboliquement chaque citoyen au combat.
22Il ne s’agit pas d’une guerre de mouvement mais d’une guerre d’usure. Dans cette acception, le Bocage du nord des Deux-Sèvres et de la Vendée constitue une « forteresse » qui défend l’accès de l’Ouest. Il s’agit bien d’un bastion conservateur, désert pour la République, défense avancée érigée pour protéger les terres restées imperméables à l’esprit républicain18. André Siegfried, qui fut à plusieurs reprises candidat malheureux dans le département de la Seine-Inférieure, déduit de son échec qu’il est impossible de changer les tempéraments politiques. Il est pessimiste sur les chances de faire une brèche dans le système de défense de l’ennemi constitué du clergé et des grands propriétaires nobles.
23Cette conception de la politique, induite par le principe majoritaire, va être entretenue par la cartographie électorale. La polychromie dessinée au lendemain des élections postule l’unité de chaque zone. Les minorités n’apparaissent pas ; seule la couleur des vainqueurs est visible. L’Ouest est une zone de résistance alors que le Sud-Ouest a été gagné à l’esprit républicain.
24Pour expliquer la force de cette résistance, André Siegfried ajoute au vocabulaire militaire des termes à connotation historique. La défense est assurée par la noblesse réfugiée dans ses châteaux19. Le Moyen Âge est toujours bien vivant dans l’Ouest, puisque les liens de féodalité y sont toujours vifs. Pour un républicain, il s’agit bien de survivances de liens de féodalité. Ainsi, le marquis de La Rochejaquelein conserva le Bressuirais ; son successeur, Savary de Beauregard, recueillit son héritage politique, qui fut transmis entre les deux guerres à Émile Taudière, fils et petit-fils de députés conservateurs20. La notion de fief électoral permet d’exprimer cette certitude : l’influence du château, doublée par celle du presbytère, rend ces terres imperméables à l’influence des républicains. Domination et autorité, héritées d’un Moyen Âge abhorré, sont toujours exercées dans les mêmes termes. Les républicains ont souvent agité le spectre du retour de la féodalité comprise comme sujétion, arbitraire, impôts injustes et privilèges humiliants.
25Cette temporalité rejoint la métaphore géographique utilisée pour qualifier les familles politiques : les massifs usés et anciens du granite étaient appelés à disparaître, comme les conceptions politiques qui leur étaient associées, tandis que les plaines sédimentaires, fertiles et jeunes, étaient porteuses d’avenir. La noblesse représente un passé inéluctablement appelé à disparaître.
26L’usage de la notion de féodalité qui apparaît pour qualifier les circonscriptions de la droite nous renvoie à une temporalité politique fort répandue à la Belle Époque. André Siegfried publie son ouvrage en 1913, au lendemain de la loi de Séparation des Églises et de l’État, qui a été vécue par la plupart des protagonistes comme un nouvel épisode de la guerre de Vendée21. Il s’efforce d’expliquer un phénomène qui semblait anormal à la plupart des notables républicains : la résistance populaire à la République. Remontant plus haut, le protestant André Siegfried considérait que les combats entre forces révolutionnaires et contre révolutionnaires n’avaient fait qu’actualiser les guerres de religion. À ses yeux, la lutte politique est donc un combat immémorial et sans cesse recommencé. Il souligne en outre l’importance du facteur religieux : l’esprit égalitaire et progressiste du protestantisme, dans le Marais poitevin et la Plaine, a préparé les voies de la République, alors que le paysan est soumis à l’autorité du prêtre, allié au châtelain, dans le Bocage. Il rejoint ainsi l’idée, déclinée sous diverses formes, d’une lutte politico-religieuse pluriséculaire. Le combat commencé au XVIe siècle, n’était toujours pas terminé. Pour d’autres comme Renouvier, il avait commencé avec l’institution de l’Église chrétienne. Notons que l’Église catholique souscrivait à cette analyse, voyant dans les Jules les héritiers de Julien l’Apostat. Le facteur religieux était aux yeux d’André Siegfried un facteur essentiel, qu’il relevait aussi bien pour expliquer la géographie électorale des contreforts ardéchois du Massif central que la situation du Canada.
La gâtine terre de mission
27Pour autant, les thèses d’André Siegfried furent mises en cause. La monographie que Roger Thabault consacra à son village de Mazières-en-Gâtine semble fournir un net démenti à cette affirmation d’une immuabilité des votes. Né en 1895 d’un père sabotier, Thabault fut instituteur puis professeur à l’École normale de Parthenay. La seconde partie de sa carrière se déroula au sein l’administration de l’Éducation nationale, en France et au Maroc, et se termina comme inspecteur général au ministère.
28Il publia en 1944 un livre consacré à son village de Mazières-en-Gâtine. Son fil directeur était d’en décrire la modernisation économique et sociale et de montrer le rôle qu’avait joué l’école dans ce processus. À la différence de Siegfried en 1913, Thabault est optimiste et estime que sa petite patrie s’est républicanisée sous l’influence de l’instituteur républicain. Progressivement se diffusa dans la population un sentiment républicain, qui relevait d’une foi laïque et qui attribuait au régime le mérite des progrès matériels, tandis que les nobles étaient désormais l’objet d’une profonde défiance22.
29L’opposition entre les conclusions que l’on peut produire à la lecture des deux ouvrages s’explique par le décalage chronologique et la différence de position des deux auteurs. Le premier publia à la veille de la Première Guerre mondiale, alors que les tensions entre républicains et conservateurs, toujours aussi vives, semblaient impossibles à dépasser. Le second écrivit trente ans plus tard et cherchait à rendre compte des transformations importantes qui s’étaient produites dans le monde rural. André Siegfried était un bourgeois, intellectuel, protestant, candidat malheureux à plusieurs reprises et qui attribuait ces défaites au cléricalisme monarchiste. Roger Thabault, dont l’ascension sociale avait été possible grâce à l’école, percevait les transformations importantes qui s’étaient produites en quelques décennies.
30Roger Thabault fait preuve d’optimisme : il considère que le suffrage universel assorti à la liberté de vote et à la diffusion de l’instruction conduira à la victoire définitive des forces républicaines, combattant pour la liberté et l’égalité.
31Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, André Siegfried fut soumis à une lecture critique qui allait conduire la sociologie électorale à se dégager du poids du facteur territorial pour expliquer les répartitions des votes23. Sur le plan scientifique, la sociologie électorale supplanta la géographie électorale. Mais localement, surtout dans les départements ruraux, on était persuadé que les identités politiques locales étaient stables et que les rares basculements résultaient de profondes transformations économiques plus que de renversements politiques. Les termes qui définissent l’objet de ce colloque en sont l’un des signes.
Les Deux-Sèvres au XXIe siècle
32Nous tenterons dans cette dernière partie de donner quelques éléments de réflexion sur la continuité des appartenances politiques dans un temps plus long. Un sondage sur les résultats d’élections du début du XXIe siècle fournit des éléments de réflexion sur les identités politiques locales24.
33Un premier constat s’impose comme une évidence : pas plus que l’Ouest français en général, le nord du département des Deux-Sèvres n’est resté indéfectiblement attaché au mythe monarchiste et à la famille politique afférente. Certes subsistent de-ci de-là des poches de résistance mais, d’une manière générale, le département a accepté la démocratie et les institutions républicaines.
34Des transformations socio-économiques importantes – baisse du nombre des agriculteurs, vieillissement de la population rurale, industrie à Cerizay, assurances à Niort, rurbanisation – ont affecté les activités et les habitants du département des Deux-Sèvres qui estompent son caractère de département rural et conservateur. Un inversement se produisit même au début du XXIe siècle : l’Ouest français a résisté à la vague bleue de 2008 et a donné ses suffrages à Ségolène Royal. L’implantation de la candidate du PS à Melle aurait même pu conduire à considérer qu’il s’agissait d’un fief électoral et que les Deux-Sèvres étaient un bastion pour la conquête de la France en vue d’une nouvelle échéance nationale : au second tour de la présidentielle de 2008, alors que Ségolène Royal recueillait 47 % des suffrages en France, elle en totalisait 55 % dans les Deux-Sèvres et 68 % à Melle (mais seulement 35 % dans la commune de Boussais).
35Un deuxième constat vient renforcer celui-ci : certains scrutins peuvent laisser penser que le nord du département ne constitue plus du tout un bastion capable de conserver le département à la droite. Aux élections législatives de 2007, la circonscription de Bressuire-Thouars25, considérée comme conservatrice, élit un représentant de gauche. Les élections cantonales de 2008 permettent à une majorité de gauche de conquérir le département26.
36Un troisième constat peut cependant être fait lorsque l’on entre dans les détails : la continuité du caractère de certains cantons. Le tableau qui suit a été établi à partir des résultats du premier tour de l’élection présidentielle de 2007, scrutin sans enjeu propice à l’expression des identités. Nous avons noté sur ce tableau les suffrages exprimés dans les cantons de Mauléon (Nord du département, bocage), Melle (Sud, plaine), Saint-Hilaire-la-Palud (marais poitevin, au nord-ouest de Niort)27.
37Ces chiffres semblent confirmer globalement les appartenances déterminées un siècle plus tôt. Tout au nord du département, le canton de Mauléon a porté ses suffrages massivement sur les candidats de la droite (71 % si l’on compte les 23 % de François Bayrou qui, avant le premier tour, était perçu par la plupart des électeurs français comme appartenant au centre droit) tandis que Melle a voté à 59 % pour la gauche, ce qui est le signe d’une forte résistance à la vague bleue. Enfin Saint-Hilaire-la-Palud, commune du marais poitevin, a une position originale : la droite est majoritaire (58 %) ; Ségolène Royal fait un score important, mais Le Pen et de Villiers28 ont des résultats supérieurs à la moyenne nationale tandis que ceux de Bayrou sont médiocres.
38Pour affiner ce constat, nous avons ensuite sélectionné, dans les résultats du canton d’Airvault, qui est situé à la frontière entre la plaine et la Gâtine, ceux de la commune de Boussais, côté bocage, et celle de Saint-Jouin-de-Marne, côté plaine. La continuité avec la différenciation du début du XXe siècle est frappante : la commune du bocage a voté à 78 % pour la droite, tandis que celle de la plaine a résisté à la vague bleue en ne lui accordant que 65,5 % de ses suffrages.
39Cette apparente continuité ne peut être pensée comme un quelconque fixisme des appartenances politiques territoriales. L’ampleur des bouleversements économiques, sociaux et politiques qui se sont produits au XXe siècle fut telle que la thèse d’un combat sans cesse recommencé à l’identique n’est pas tenable. Elle est une invitation à prendre en compte les modalités de transmission comme élément essentiel des cultures politiques. L’importance de la mémoire politique attachée aux lieux est à relever. Le souvenir des dragonnades en pays mellois et celui de la chouannerie dans le bocage en sont des exemples incontestables. Il convient de relever d’autre part le phénomène d’acculturation politique qui affecte les populations allogènes. Nicolas Gamache, dans l’article cité plus haut, souligne l’importance de la notoriété et de l’interconnaissance pour expliquer l’importance du facteur territorial.
*
40Le discours républicain analysant le département des Deux-Sèvres en termes de fief, bastion et terre de mission exprime dans un raccourci saisissant les conceptions de la politique à la Belle Époque : un combat de nature quasi-militaire oppose les républicains aux forces cléricalo-monarchistes, qui représentent un passé appelé inéluctablement à disparaître. Au sud se situent les territoires conquis par les républicains et au nord se trouvent ceux qui résistent encore à la républicanisation.
41Ce discours légitimait le régime républicains et ses élus. Les territoires non républicains étaient considérés comme des bastions ou des fiefs de la réaction, des terres de féodalité à libérer et conquérir par la République. Il s’agissait d’une lutte à mort. L’adversaire était en réalité un ennemi auquel était dénié le droit à l’existence. Il était diabolisé, il représentait le mal que le candidat républicain, tel le Saint Georges de Carpaccio, devait affronter. La politique était une mystique qui mettait en jeu non pas l’exercice du pouvoir dans une circonscription mais l’avenir du pays, de la société, de la civilisation.
42Pour autant, ce conflit fut intégrateur. Il y eut confrontation sans destruction. La violence resta verbale et symbolique. L’échange de haines, d’injures, d’arguments n’empêcha pas la constitution, au lendemain de la Première Guerre mondiale, d’une droite républicaine. Mais la droite comme la gauche continuèrent de se désigner réciproquement comme des ennemis, dont les bastions constituaient autant de terres de mission dans une lutte politique perçue comme un combat de civilisation.
43La sociologie politique a mis en valeur la multiplicité des facteurs – famille, profession, sexe, âge, etc. – qui interviennent lors d’un vote. Ils se complètent et se confortent. Ils n’excluent pas une dimension territoriale puisque l’ensemble de ces facteurs ne trouve son expression que dans un lieu précis et à un moment donné. Si elle veut redonner sa pertinence à ses analyses, la géographie électorale peut donc prendre en compte le facteur territorial, à condition de le croiser avec d’autres données29.
Notes de bas de page
1 Deux discontinuités peuvent être notées : son invalidation en 1878 et l’échec de la liste de droite en 1885.
2 En réalité, une autre exception à relever est constituée par l’élection partielle du 2 février 1879, l’élection du marquis de La Rochejacquelein ayant été invalidée par la Chambre le 15 novembre 1878. Le candidat républicain Camille Jouffrault l’emporta de 225 voix. Ce scrutin eut lieu au lendemain de la démission de Mac-Mahon et l’élection à la présidence de la République de Jules Grévy. La circonscription fut perdue de nouveau par la gauche en 1881, au bénéfice de La Rochejacquelein.
3 Lequel scrutin se produisit dans un contexte particulier en raison de l’établissement du scrutin de liste à deux tours. Dans un climat de mécontentement politique contre la politique coloniale de Jules Ferry et de crise économique, le premier tour fut favorable aux conservateurs mais l’ensemble de la gauche se mobilisa et réussit à inverser la tendance.
4 Comme son nom ne l’indique pas, ce groupe rassemblait des élus d’une droite qui avait accepté la république et était socialement conservatrice.
5 Après la mort brutale du député ministre, Melle fut représentée par le radical-socialiste Henri Ferru puis André Albert, le fils du précédent.
6 Issu de milieu populaire, Clovis Macouin devait une partie de son influence à son passé glorieux d’ancien combattant.
7 Si la notion de désert pourrait être invoquée dans ce département resté rural, ce serait pour qualifier la quasi-absence de la gauche marxiste. Le département fut, au cours du premier XXe siècle, un bastion du radicalisme de la Belle Époque. La culture politique des radicaux, qui défendait les « petits » propriétaires et s’était établie par l’intermédiaire des structures associatives rurales et agricoles, était en concordance avec le paysage socio-économique du département.
8 Lexique :
Union des droites : légitimistes.
Centre droit : orléanistes.
Appel au peuple : bonapartistes.
Centre gauche : républicains modérés.
Gauche républicaine : républicains modérés.
Union républicaine : gambettistes.
9 A. Siegfried, Tableau politique de la France de l’Ouest sous la Troisième République, Paris, Armand Colin, 1913.
10 R. Thabault, Mon village, 1943, rééd. Presses de Sciences Po, 1982. Un autre livre de référence est la monographie du département écrite par Georges Picart, dont les conclusions sont assez proches de celles de Roger Thabault. G. Picard, Histoire du département des Deux-Sèvres, 1928, rééd. Poitiers, Brissaud, 1979.
11 A. Siegfried, « préface » de R. Thabault, Mon village…, édition de 1982, p. 11.
12 A. Siegfried, « introduction », Tableau…, édition 1964.
13 Il se contenta de l’étude plus tardive consacrée à l’Ardèche. A. Siegfried, Géographie électorale de l’Ardèche sous la Troisième République, Cahiers de la Fondation nationale de sciences politiques, n ° 9, Paris, Armand Colin, 1949.
14 Notons qu’une telle opposition entre plaine calcaire progressiste et terrain cristallin conservateur se retrouve dans d’autres régions françaises. La plaine du Forez par exemple, qui s’étend au nord de Saint-Étienne, fit à la fin du XVIIIe siècle bon accueil aux idées révolutionnaire et au XIXe siècle à la République, tandis que les monts du Forez constituèrent une « petite Vendée » et, sous la IIIe République, donnèrent avec constance leurs suffrages aux candidats conservateurs. Un découpage semblable se retrouve dans l’Aude, département tôt républicain, bastion de la gauche.
15 N. Gamache, « Le mythe du paysage qui vote. Géographies, héritages socio-culturels et tendances électorales contemporaines dans les Deux-Sèvres », dans Norois. Environnement, aménagement, société, 194, 2005/1, p. 7 à 26.
16 Pierre Bourdieu a souvent mis en garde les historiens sur la nécessité de s’interroger systématiquement sur les mots et les concepts qu’ils recouvrent. Voir l’édition récente des entretiens réalisés avec Roger Chartier en 1983. P. Bourdieu et R. Chartier, La sociologie et l’historien, Marseille, Agone, 2010, p. 30 et suiv.
17 « Au seuil du Massif Armoricain viennent mourir, inefficaces, les influences de la France démocratique. De même, il y a cent ans, c’est au seuil de la Plaine que venait s’arrêter, impuissante à s’implanter plus loin, l’insurrection vendéenne. En un siècle, les positions politiques se sont à peine modifiées. Les mots et les drapeaux changent en apparence, mais c’est sur les mêmes choses et sur les mêmes lignes de défense que la longue suite des générations continue de batailler », A. Siegfried, Tableau…, p. 11-12.
18 « Ainsi considéré dans son individualité géographique et politique, le Bocage vendéen se dresse au seuil de l’Ouest comme une forteresse qui en défend l’accès. Sa défense est jusqu’ici victorieuse, et rien, à vrai dire, n’indique que cette situation doive changer prochainement. L’attachement du peuple à son clergé demeure entier ; l’effort de la noblesse pour conserver sa suprématie reste couronné de succès. Pour provoquer une transformation de ce milieu, il y faudrait une destruction complète de la grande propriété en même temps qu’une révolte générale contre le pouvoir électoral du prêtre. La Vendée reste donc en marge de la France politique moderne, donc, à la lettre, elle n’est pas contemporaine. Le régime moderne a pu y établir des fonctionnaires, y imposer des lois, y tracer des routes pour y introduire, comme en pays étranger, ses conceptions officielles de la société et du gouvernement. Mais les routes morales qui mènent de France en Vendée sont désertes comme les routes militaires de Napoléon : plusieurs lois restent lettres mortes dans un milieu qui les repousse ; et les fonctionnaires, isolés dans leurs postes ainsi qu’un corps d’occupation, y restent socialement des étrangers. Entre la France démocratique du Centre et du Sud-Ouest et cette première marche de l’Ouest, il y a tout au plus contact, il n’y a pas pénétration », A. Siegfried, Tableau…, p. 36.
19 « Les nobles apparaissent soudain, nombreux et puissants, dans leurs communes qu’ils surveillent, et où se dressent, derrière les ombrages, leurs châteaux, grands ou petits, entretenus ou délabrés, mais toujours symboles d’une volonté de domination. En même temps, l’autorité des prêtres devient énorme », A. Siegfried, Tableau…, p. 18.
20 Les fidélités manifestées lors des scrutins relèvent d’un phénomène nouveau, fruit du principe électif. Le terme de notabilité politique familiale serait plus approprié. Le fait ne fut d’ailleurs pas réservé à la droite. Remarquons la fidélité des électeurs de la première circonscription de Niort au gambettiste Antonin Proust (1876 à 1893), puis à Charles Disleau (1893-1919), ainsi que la transmission filiale d’un enracinement électoral, de Camille à André Jouffrault ou de François à André Albert. À l’opposé, la famille La Chevrelière, influente dans le Mellois, ne réussit pas à ravir la circonscription aux républicains avant 1898.
21 J. Grévy, « Les inventaires dans le diocèse de Poitiers », Revue historique du Centre-Ouest, t. V, 2e semestre 2006, p. 353 à 376.
22 R. Thabault, op. cit., p. 187.
23 M. Bussi, Éléments de géographie électorale : à travers l’exemple de la France de l’Ouest sous la Troisième République, Mont-Saint-Aignan, Publications de l’université de Rouen, 1998. Les thèses de Roger Thabault furent également malmenées : l’école républicaine fut soumise à une vive critique et fut accusée d’avoir en réalité été l’instrument de la reproduction sociale au service de la bourgeoisie. P. Bourdieu et J.-C. Passeron, La reproduction : éléments pour une théorie du système d’enseignement, Paris, Les Éditions de Minuit, 1970.
24 Nous avons conscience du caractère partiel et imparfait de ce sondage. Une étude plus systématique serait, à n’en pas douter, riche d’enseignements.
25 Issue du découpage de 1986, cette circonscription est à la fois rurale et ouvrière (elle comprend Cerizay).
26 17 cantons ont voté à gauche et 14 à droite, 2 étant donné comme indépendants.
27 Par commodité, nous n’avons retenu que les candidats dont le pourcentage des voix était supérieur à 5 % et regroupé sus l’étiquette DVG ceux de Besancenot, Buffet, Schivardi, Bové, Voynet, Laguiller, ceux de Nihous étant noté dans la ligne DVD.
28 Il est probable que la proximité avec la Vendée a joué un rôle non négligeable.
29 Actuellement, la géographie s’efforce de réintroduire une dimension spatiale dans l’analyse des votes. A. Antil, « La géographie électorale », Sciences humaines, no 171, mai 2006.
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