Animer le Concours national de la Résistance et de la Déportation
p. 111-124
Texte intégral
1Le concours national de la Résistance et de la Déportation, qui a fêté en 2011 son 50e anniversaire, a pour objet « de perpétuer chez les jeunes Français la mémoire de la Résistance et de la déportation afin de leur permettre de s’en inspirer et d’en tirer des leçons civiques dans leur vie d’aujourd’hui1 ». Ouvert aux élèves de Troisième et de lycée, il s’adresse à six catégories de participants, en croisant deux niveaux scolaires et trois types d’exercice : devoir individuel en classe, travail collectif rédactionnel, travail collectif audiovisuel. La compétition est sanctionnée dans un premier temps par une remise des prix à l’échelon départemental ; puis les caciques départementaux des six catégories obtiennent le droit de concourir aux prix nationaux, remis par le ministre de l’Éducation nationale à l’occasion d’une cérémonie officielle à Paris2.
2Loin d’être une survivance désuète ou un archaïsme destiné à une poignée d’anciens combattants, ce concours rencontre un succès non démenti, attirant de 20 000 à 60 000 participants chaque année depuis 19763 ; dans certains départements, plus du tiers des effectifs de Troisième s’absorbent dans la préparation des épreuves. Bref, comme le résume sa présidente actuelle, il s’agit d’« un des concours scolaires les plus anciens, les plus ancrés dans l’institution4 ».
3Pourtant, cette institution emblématique est née à l’extérieur du système scolaire, au sein du mouvement ancien combattant, et ne s’est imposée qu’avec difficulté ; son histoire est celle d’une acculturation réciproque réussie5. Louis François a joué un rôle fondamental dans ce processus : bien qu’il n’ait pas été à l’origine du concours, il s’est emparé de l’idée, lui a donné une forme concrète et l’a pérennisée ; à la tête de l’institution durant trois décennies, de 1964 à 1994, il lui a imprimé sa marque, l’utilisant comme un laboratoire pour la mise en pratique de ses idées pédagogiques. Ce sont les relations entre son action individuelle, les mécanismes sociaux et les logiques proprement scolaires que cette étude souhaite mettre en lumière.
Le rôle de Louis François dans la création du concours
Une initiative associative extérieure au monde scolaire
4La genèse du concours de la Résistance s’inscrit dans le contexte de la recomposition du tissu associatif issu de la Deuxième Guerre mondiale au début des années 1950. C’est au sein de la Confédération nationale des Combattants volontaires de la Résistance (CNCVR), association créée pour regrouper les anciens Résistants sur la base « objective » de la détention de la carte « verte6 », que naît en 1955 l’idée de lancer, dans chaque département, un « prix de la Résistance » attribué annuellement à l’élève qui aurait fait le meilleur devoir sur la Résistance7.
5L’initiative répond à l’ambition de la CNCVR de détenir le monopole de la parole légitime sur la Résistance et à sa quête d’un nouveau mode d’engagement pour les résistants, dans un contexte politique particulièrement défavorable8. Mais si elle recoupe une mission civique traditionnellement dévolue aux anciens combattants, elle va prendre une forme inédite, la préparation des épreuves impliquant une pédagogie active et l’irruption dans l’espace scolaire d’acteurs extérieurs à ce dernier. Affirmant la vocation universelle de leur engagement, les CVR se présentent comme des éducateurs naturels, susceptibles « d’assurer la relève des générations, gage de la continuité du pays9 ».
6L’opération ne rencontre toutefois pas le succès espéré : en mai 1958, il n’existe sur l’ensemble du territoire national qu’une dizaine de prix, dont la pérennité est loin d’être assurée. Pour y remédier, le secrétaire général de la CNCVR, Henri Bailly, décide de donner une ampleur nouvelle au projet, en proposant la création d’un prix national qui bénéficierait du patronage du ministère : cela permettrait de lever les obstacles locaux et les CVR obtiendraient ainsi une sorte de délégation de compétence pour l’enseignement de l’histoire de la Résistance et l’éducation civique et morale de la jeunesse. Alors qu’ils avaient été conçus comme les vecteurs d’une parole contestataire, les prix de la Résistance sont désormais érigés en emblème de la « régénération du pays » engagée par le nouveau régime.
7C’est alors que Louis François entre en scène. Il est nommé en janvier 1959 conseiller technique chargé de l’enseignement primaire et secondaire au cabinet du ministre de l’Éducation nationale. À ce titre, il est saisi du projet – mais il va refuser d’être une simple courroie de transmission. Inlassable promoteur des méthodes actives, introducteur de l’instruction civique dans le second cycle, artisan de la création des bourses Zellidja et président de la Fédération des clubs Unesco, il a en effet des idées très précises sur la question. Pour lui, le projet de concours national de la Résistance intéresse la collectivité tout entière et relève des missions de l’école publique ; les associations d’anciens résistants sont destinées à y être associés, mais à titre collectif et sans autorité pédagogique directe. Quoique lui-même ancien résistant, Louis François refuse de sacrifier les impératifs éducatifs aux velléités commémoratives ou politiques, susceptibles de produire dans l’enceinte scolaire des discours intempestifs. Du coup, les discussions traînent en longueur et le projet est emporté dans la tourmente de la loi Debré, qui provoque la démission du ministre André Boulloche et le retour de Louis François à l’Inspection générale.
8Le lobbying du Réseau du Souvenir se révèle bien plus efficace. Après avoir obtenu l’institution de la Journée nationale de la Déportation, la publication de l’anthologie Tragédie de la Déportation, la réalisation du film Nuit et Brouillard et sa propre déclaration d’utilité publique, cette organisation hybride, spécialisée dans l’action spirituelle et morale, œuvre alors pour l’édification du Mémorial de la Déportation sur l’île de la Cité10. Le Réseau obtient la publication le 11 avril 1961 d’une circulaire11 autorisant le lancement d’une souscription nationale à cette fin ; le texte précise que l’initiative sera soutenue par l’organisation d’une « causerie » à l’occasion de la Journée de la Déportation et par le lancement d’un concours, ouvert aux élèves volontaires âgés de plus de 15 ans, sur un sujet tiré de l’histoire de la Résistance et de la Déportation. La CNCVR finit par obtenir satisfaction, mais par la bande et dans un cadre bien différent de celui qu’elle avait imaginé ! La remise solennelle des prix du nouveau concours a lieu les 12 et 13 avril 1962, à l’occasion de l’inauguration officielle du Mémorial de la Cité par de Gaulle : il s’agit du point d’orgue d’une démarche strictement mémorielle12.
Reprise en main par l’Éducation nationale
9La circulaire de 1961 prévoyait que le concours serait organisé annuellement ; toutefois, elle ne précisait pas la composition du jury national et restait évasive sur le contenu des épreuves. Dans les faits, le concours, bien que placé sous la présidence d’un représentant du ministre, Jean Auba, demeure sous le contrôle étroit des associations fondatrices : la CNCVR et le Réseau du Souvenir, auxquelles s’est jointe la Fédération nationale des déportés et internés de la Résistance, regroupant les déportés résistants anticommunistes. Les membres du jury national ont été désignés plutôt à titre personnel qu’ès qualités ; l’Éducation nationale y est représentée par des personnalités emblématiques, comme François Gadrat, symbole des « gueules cassées » de la Première guerre mondiale, et Louis François, qui intervient cette fois en tant que figure de l’Université résistante et martyre. De ce fait, la décision ministérielle ne remédie pas à l’hétérogénéité des prix départementaux et à une certaine improvisation dans le déroulement des épreuves : à cette époque, le concours est avant tout un prétexte à l’organisation d’une cérémonie commémorative locale.
10La donne se trouve modifiée par le changement brutal de la conjoncture. Au début des années 1960, tout semble faire de l’élaboration et de la transmission d’un savoir scolaire sur la Résistance un enjeu à part entière : inflexion du régime gaulliste après 1962, émergence de la jeunesse comme acteur social et politique, inscription de la période aux programmes d’histoire, nouvel usage politique et médiatique des références au passé, avec une concurrence croissante des discours sur la période. La préparation de la commémoration du 20e anniversaire de la Libération va être l’occasion d’une clarification des objectifs du concours et de sa reprise en main par l’Éducation nationale.
11C’est Louis François qui s’en charge, par l’intermédiaire d’une commission ad hoc chargée « d’étudier et de promouvoir les mesures propres à perpétuer le souvenir de la Résistance et de la Déportation dans l’enseignement public », dont il est nommé président13. Cette structure, composée exclusivement d’historiens et de pédagogues – même si certains sont par ailleurs anciens résistants et membres du tissu associatif –, débouche sur un programme d’action comprenant la diffusion du résultat des premières recherches historiques auprès des enseignants, l’élaboration d’outils pédagogiques scolaires ou parascolaires, et l’institutionnalisation du concours de la Résistance, de manière à mettre fin à l’ambiguïté d’épreuves partagées, au dire d’un des membres du comité, entre « le devoir d’histoire et l’exaltation de l’esprit de la Résistance14 ».
12Le projet15 prévoit de réduire le rôle des associations à leur participation à un « comité élargi », qui serait représentatif de l’ensemble du tissu associatif issu de la Résistance et dont les compétences se trouveraient limitées à une consultation sur le choix du thème et à la transmission des instructions au plan local. Tout le reste – l’organisation administrative, la définition des épreuves, leur préparation pédagogique, le choix des sujets, la correction des devoirs, le financement et même le choix des prix – reviendrait à l’Éducation nationale. Certes, il est bien noté qu’à l’échelon départemental, « il convient de respecter autant que possible les initiatives locales et de faire appel aux bonnes volontés des organisations issues de la Résistance », mais dans un cadre strictement défini par l’inspection académique.
13Le projet est évidemment inacceptable pour les initiateurs du concours. La jeune institution se trouve ipso facto coupée en deux : d’un côté, le jury national, de l’autre, la commission. Il faut arriver à un compromis, qui intervient à l’occasion de la publication de la circulaire de lancement de l’édition 1965.
14Ce texte16, qui servira de base réglementaire au concours jusqu’en 1973, prévoit l’ouverture de deux catégories de participation – devoirs individuels de Troisième et devoirs individuels de Terminale –, l’organisation d’un double concours, d’abord à l’échelon départemental, puis à l’échelon national, et l’encadrement des épreuves par l’inspection académique ; en revanche, la composition des jurys est laissée dans une prudente indétermination. Le jury national reste l’instance dirigeante et sa composition, informelle, résulte d’un savant mélange des deux instances précédentes ; tous ses membres ont néanmoins un lien personnel avec la Résistance. La présidence en est attribuée à Louis François. Après dix ans de maturation, le concours de la Résistance a enfin trouvé une configuration pérenne.
L’homme-orchestre
15Louis François a joué un rôle décisif dans cette synthèse, dans la mesure où il était à la charnière des trois courants qui ont donné naissance au concours.
16Il fut d’abord un résistant, engagé au sein du réseau CND-Castille du colonel Rémy, arrêté en septembre 1942 et déporté. C’est lui qui, après son retour de déportation, eut l’honneur de prononcer le 11 juillet 1945 le discours solennel de remise des prix du concours général. Membre de l’amicale des anciens déportés de Neuengamme et du Réseau du Souvenir, il est le premier à souligner la portée universelle du message de la Résistance, son actualité, sa valeur éducative : pour lui, elle offre un « concentré » de toute l’instruction civique. En revanche, il est catégoriquement opposé à une conception passive, hagiographique, ritualisée de la commémoration.
17De même, en tant que professeur d’histoire et membre du CHDGM, il est favorable à l’étude de la période dans le secondaire et à la relation objective et précise des faits, mais il s’oppose vivement à Henri Michel quand celui-ci revendique pour les historiens, contre les « témoins », le monopole de la parole légitime sur la Résistance.
18Pour lui, en effet, l’important est de susciter la confrontation et le débat, et non d’asséner des connaissances figées au nom de leur caractère « scientifique ». C’est pourquoi il juge nécessaire que les élèves participent activement à l’élaboration du savoir, en faisant des recherches et en allant à la rencontre des anciens résistants. Le concours lui apparaît à lui aussi comme une solution pour l’éducation civique ; mais là où Henri Bailly mettait en avant la portée exemplaire de l’action des résistants, Louis François insiste sur la démarche pédagogique.
19Cependant, sur le fond, nombre de questions restent ouvertes.
20Le concours doit-il être un support d’instruction ou d’éducation ? Le civisme doit-il s’apprendre par la théorie ou par la pratique ? Le premier projet de prix de la Résistance prévoyait de récompenser, non pas un devoir scolaire, c’est-à-dire un discours, mais un comportement. Cette option a finalement été abandonnée17, mais il reste de cette période une ambiguïté fondatrice : le concours de la Résistance doit-il consacrer des qualités scolaires traditionnelles ou des qualités personnelles ?
21Ensuite, que recouvre exactement le terme de « Résistance » ? S’agit-il d’un événement historique à connaître, d’un modèle moral et comportemental à suivre, ou d’un « esprit », toujours d’actualité, à transmettre ? Qui doit être chargé de la préparation des concurrents : les résistants « authentiques », les militants associatifs ou les enseignants ?
22Enfin, le plus important est-il la préparation ou la sanction des épreuves ? L’objectif est-il de sensibiliser le plus grand nombre à la Résistance, ou de contribuer à la distinction ou à la reproduction d’une élite ?
23Si le cadre du concours est à peu près fixé à la fin des années 1960, sa finalité reste donc floue. Une fois installé à la présidence de l’institution, Louis François va consacrer ses efforts à lui donner une cohérence, en en faisant le réceptacle de ses idées en matière pédagogique et civique.
Louis François à la tête du concours
Dans le giron de l’Éducation nationale
24Pour Louis François, le concours, même s’il provient d’une initiative extérieure à l’institution scolaire et occupe un statut ambigu au sein de celle-ci, ne peut exister hors de l’Éducation nationale. Aussi ne va-t-il avoir de cesse de le « normaliser ».
25En premier lieu, le concours va aimanter et cimenter un ensemble d’innovations pédagogiques qui avaient fleuri en marge du système scolaire dans les années 1950, en rapport avec la thématique de la Résistance : expositions itinérantes, projection de films, publication de brochures, organisation de « causeries » dans les établissements. La concurrence des supports pédagogiques s’atténue ainsi peu à peu au profit d’un système centré sur la préparation des épreuves.
26Le concours et l’appareil pédagogique qu’il véhicule sont ensuite mis en rapport direct avec le programme d’histoire. Certes, depuis 1948, la Résistance était inscrite au programme d’instruction civique, en Seconde comme exemple de « l’effort français dans les cinquante dernières années » et, indirectement, en Première, au chapitre de la « Liberté », mais ces programmes n’étaient qu’indicatifs et, en pratique, rarement appliqués. C’est en 1962 que la période fait son apparition dans le cours d’histoire de Terminale ; en 1971, elle est inscrite au programme de Troisième. La circulaire du 25 octobre 1972, nouveau texte de référence pour l’organisation du concours, prend acte de ces changements et lie pour la première fois les catégories de participants aux programmes scolaires. La préparation du concours apparaît, non plus comme une adjonction ou un substitut à l’enseignement, mais comme un outil pédagogique à part entière, s’adossant à un cours en classe. Cette règle sera respectée durant toute la présidence de Louis François et justifiera l’ouverture aux classes de Première à partir de 1987 ; elle s’accompagne d’une précision croissante dans l’énoncé des thèmes nationaux et d’un effort d’adaptation à l’âge et au niveau des élèves.
27En outre, la réglementation progressive du jury national, même si elle n’est pas directement imputable à Louis François, renforce la mainmise de l’Éducation nationale sur l’institution. Le conflit des années 1963-1965 laisse en effet des traces, et Henri Bailly s’efforce longtemps d’obtenir qu’un texte officiel entérine le contrôle des associations fondatrices sur le concours. L’enjeu est d’autant plus important que les CVR ne sont plus les seuls producteurs de discours sur la Résistance à destination de la jeunesse : se sont joints à eux l’école, les historiens, les médias et, surtout, les associations concurrentes, notamment celles considérées comme proches du parti communiste, l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance (ANACR) et la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP). Dans le même temps, des mémoires concurrentes se font jour, notamment concernant la déportation, ce qui justifie le changement de dénomination du concours, qui devient en 1972 « de la Résistance et de la Déportation ».
28De cette pression découle en 1977 la publication par arrêté de la première réglementation officielle du concours. La composition du jury national est définie statutairement, la représentation des associations est restreinte aux trois « fondatrices » et les jurys départementaux sont censés être constitués sur le modèle du jury national. La publication de ce texte jette la confusion dans les esprits. En 1982, une nouvelle crise aboutit à la refonte du jury national : l’instance dirigeante du concours est désormais composée de personnes nommées ès qualités, et non plus à titre personnel. C’est le point de départ d’une croissance exponentielle, qui va provoquer la concentration des pouvoirs entre les mains de Louis François et le transfert des compétences vers les services administratifs, seuls à même de faire fonctionner une machine aussi complexe18. Le concours associatif a définitivement vécu.
Un « double » concours
29Le concours est depuis l’origine clivé entre sa dimension locale et sa dimension nationale. La première édition, en 1961, s’inscrivait dans le cadre d’une manifestation nationale de grande ampleur. La deuxième édition marquait un retour au local, les organisateurs départementaux étant chargés de déterminer le sujet des épreuves – la difficulté étant d’arrêter des critères de correction nationaux.
30Louis François va résoudre le problème en donnant pour support aux épreuves un objet à triple facette : un thème national, à la fois suffisamment précis pour éviter la répétition des mêmes discours et assez vaste pour être décliné en sujets départementaux, l’ensemble se trouvant réuni sous l’égide de la « Résistance », dont la circulaire de lancement annuelle rappelle sans cesse la portée universelle. Les différentes échelles et temporalités sont ainsi mises en relation grâce à un subtil mécanisme discursif : la copie de l’élève répond à un sujet départemental, lui-même dérivé du thème national, se rapportant à une institution dont l’existence revêt la forme d’un énoncé recteur « concours de la Résistance [et de la Déportation]19 ». Une triple instruction, en quelque sorte, mais qui implique, à chaque étape, une opération de réappropriation.
31C’est pourquoi il importe que les épreuves soient adaptées à l’âge des élèves, et c’est ce qui va introduire une quatrième dérivation. En la matière, Louis François a en effet une conviction bien ancrée, qu’il n’a cessé d’affirmer depuis sa tentative de réforme de l’instruction civique en 1947-1948 : dans le premier cycle, l’enseignement doit être fondé sur des éléments concrets, pour habituer les adolescents à observer et comprendre leur milieu de vie ; dans le second cycle, en revanche, on peut aborder de manière réflexive les grands problèmes politiques, économiques et sociaux contemporains. Peu à peu, Louis François réussit à appliquer ce schéma au concours, en distinguant les thèmes proposés aux élèves de Troisième et à ceux de Terminale. En 1977, il est proposé aux Troisième de « rechercher et de faire revivre les actions, les succès et les revers, les exploits des résistants de votre département » – l’ancrage local –, tandis que les Terminale doivent examiner en quoi la Résistance a contribué à la sauvegarde et à la promotion des droits de l’Homme – l’aspiration universelle ; en 1983, à l’occasion de l’année Jean Moulin, s’opposent une approche commémorative (« En quoi les héros de la Résistance tels que Jean Moulin et Pierre Brossolette méritent-ils que survive leur souvenir ? ») et une approche historique (« L’unité de la Résistance intérieure : le rôle de Jean Moulin et du CNR ») ; l’année suivante, on joue sur les échelles géographiques : la libération de la ville ou de la région en Troisième, la libération de la France en Terminale ; etc.
32Cette démarche pédagogique a des effets sur l’organisation même du concours : la compétence décisionnelle, qui donne au concours sa cohérence et sa finalité, revient au jury national ; en revanche, tout ce qui relève de la mise en œuvre, qu’il s’agisse de l’organisation administrative, de la préparation des épreuves, de la correction des copies ou de la remise des prix, s’effectue à l’échelon départemental, en fonction de la situation locale. Bref, le concours est d’abord un événement local : comme le souligne Louis François dans l’un de ses rapports, c’est toute une collectivité scolaire, familiale, sociale qui contribue à sa réussite20 ; il tend d’ailleurs à remporter un plus grand succès dans les zones rurales que dans les grandes villes.
33Louis François tire là les leçons de l’échec de sa réforme de l’instruction civique en 1948. Son analyse rétrospective le conduit à penser que celui-ci fut dû à trois facteurs : il s’est heurté à la sclérose de l’appareil et au poids des traditions scolaires, il a négligé le facteur humain au profit d’un seul changement de structures, et tout a été parachuté d’en haut. D’où sa préoccupation de « partir de la base » pour assurer le succès du concours, en suscitant l’intérêt des professeurs et, par contrecoup, la motivation des élèves – ce qui justifie, entre autres choses, le caractère à la fois solennel et festif de la remise des prix. Durant toute la durée de sa présidence, Louis François défendra avec vigueur le système du double concours.
L’empreinte du pédagogue
34Comment éveiller l’intérêt des élèves ? Comment donner une instruction « vivante, concrète, active21 », qui irrigue les êtres sur le long terme et conjugue à la fois éducation et transmission de connaissances ? C’est probablement dans la recherche de réponses à ces questions que Louis François a le plus marqué ses contemporains, et qu’il a exercé, en tant que professeur puis qu’inspecteur, un véritable magistère pédagogique. On en trouve des traces flagrantes dans le concours de la Résistance.
35Institution bâtarde, n’entrant pas dans l’agenda scolaire, ne sanctionnant aucune instruction disciplinaire, fondée sur le seul volontariat des professeurs et des élèves, le concours est d’emblée perçu par Louis François comme un champ d’application privilégié des méthodes actives, son principe répondant parfaitement à la définition qu’il en donne : procurer « l’excitation heureuse de la recherche, l’immense joie de la découverte, le bonheur profond de l’œuvre accomplie22 ».
36La plupart des circulaires de lancement insistent sur cette dimension, et engagent les participants à se lancer dans la recherche de faits précis et de documents auprès des familles et des anciens résistants. Elles soulignent aussi le rôle moteur des enseignants, appelés, pour reprendre les termes de Louis François, à « allumer l’étincelle, éveiller l’intérêt, guider le travail de leurs élèves23 ». Certaines indiquent explicitement que l’objectif des épreuves est d’amener les élèves à « utiliser les éléments d’un travail préalablement mené de façon active et concrète24 ».
37En conséquence, la préparation du concours de la Résistance va trouver naturellement sa place dans les dispositifs de tiers-temps pédagogique mis en place à partir des années 1970 : 10 % et, projets d’action éducative (PAE). Surtout, malgré les réticences et les difficultés, l’institutionnalisation du concours débouche, en 1979, sur l’introduction d’un nouveau type d’épreuves, les « mémoires collectifs », que Louis François proposait, sans succès, depuis 1964. Ces travaux sont dans un premier temps réservés aux classes de Troisième et de lycées professionnels, avant d’être étendus en 1992, après une longue bataille, aux classes de lycées.
38L’introduction des travaux de groupe marque la victoire de l’approche « médiatique » sur la conception « élitiste », mais aussi la disparition du lien personnel entre l’élève et son sujet au profit d’une enquête collective : l’information prend le pas sur l’émotion. Toutefois, cela ne se fait pas au détriment de la dimension humaine, dans la mesure où la pédagogie de Louis François est tout entière centrée sur l’homme.
39Le témoin y occupe une place privilégiée : il illustre le rôle des hommes dans l’histoire ; grâce à son expérience, il est susceptible de tirer les leçons du passé ; il est une source d’information unique ; enfin, et peut-être surtout, il est un interlocuteur pour les jeunes, ainsi qu’un modèle auquel ceux-ci seront susceptibles de s’identifier, suivant un processus qui fait, selon Louis François, partie intégrante de leur formation. Or ce dernier estime qu’il vaut mieux s’identifier aux grands personnages de l’histoire qu’aux sportifs ou aux stars du show-business... C’est pourquoi, au contraire d’Henri Michel, il sera toujours favorable à l’association des anciens résistants en tant que tels à l’organisation du concours et à la préparation des épreuves. Il n’hésitera d’ailleurs pas, à partir des années 1990, à se poser lui-même en témoin et à faire part de ses souvenirs personnels dans les rapports annuels sur le concours.
Réinventer l’éducation civique
40Louis François conclut son rapport sur l’édition de 1985, dont le thème était : « La déportation des résistants et leur emprisonnement dans les camps de concentration », par une définition de l’éducation civique : « Susciter le désir et créer la capacité de participer activement à la vie de la commune, de la région, de la nation, de la communauté internationale. »
41Pour ce faire, l’éducation civique doit « puiser ses sources dans l’histoire » et « s’accomplir en compréhension du présent et en désir d’action pour l’avenir ». À ce titre, Louis François présente le concours comme un instrument majeur du « renouveau de l’éducation civique », alors engagé par le ministère Chevènement25.
42« Puiser ses sources dans l’histoire » : pour Louis François, il convient d’avoir « une vue exacte, historique » des événements ; sans nier les dimensions commémorative et civique du concours, il refuse que celles-ci s’expriment au détriment de la véracité des faits et de la précision historique. C’est pourquoi il engage le rapprochement du concours avec la discipline historique.
43Pourtant, à l’origine, rien ne prédisposait l’épreuve à être un devoir d’histoire. Les prescripteurs et les personnels d’encadrement pouvaient tout aussi bien être des professeurs de lettres, de philosophie ou de langue étrangère. Les premières réalisations prenaient n’importe quelle forme : des devoirs d’histoire, bien sûr, mais aussi des narrations, des poèmes, des pastiches de discours, de cahiers intimes, de témoignages, des textes argumentatifs, des commentaires de texte.
44Cette diversité se réduit considérablement avec l’ancrage scolaire de l’institution ; à partir de la fin des années 1970, on ne trouve rien d’autre que des compositions d’histoire parmi les devoirs primés. Il faut dire que les temps ont changé : dans le cadre scolaire, les capacités d’analyse priment désormais sur les qualités rhétoriques, les concurrents peuvent utiliser des synthèses historiques comme sources, les thèmes retenus incitent moins aux fantaisies formelles et la proportion d’historiens s’est considérablement accrue au sein des jurys.
45Toutefois, la connaissance historique est soumise à une opération d’actualisation, qui empêche la réduction du concours de la Résistance à un support d’enseignement disciplinaire. Louis François ne cesse de le répéter : il ne s’agit pas d’ensevelir les jeunes dans l’histoire, mais de faire en sorte qu’ils tirent d’un passé particulièrement atroce les leçons qui leur permettront de comprendre le présent et de construire leur avenir. On reconnaît là la distinction fondamentale qu’il établit entre la discipline historique, « grande dame lointaine » qui vise à la connaissance du passé pour elle-même, et le recours à l’histoire comme socle de l’instruction civique : c’est pour cette raison qu’il s’est toujours battu contre l’inclusion de la seconde dans la première.
46Reste que cette opération d’actualisation, en raison de sa dimension utilitariste, prête le flanc à deux critiques : certains estiment qu’elle conduit à une formation politique risquée, d’autres, au contraire, qu’elle est déconnectée des préoccupations du moment.
47La tentation ou la suspicion d’une instrumentalisation politique plane sur le concours depuis l’origine. Les CVR l’ont conçu comme le vecteur d’une contre-mémoire, puis, après mai 1958, ils ont été tentés d’en faire un outil d’éducation civique officielle. À partir du milieu des années 1960, Henri Bailly dénonce au contraire le risque d’une récupération du concours par les syndicats enseignants et les associations d’anciens résistants dites « communistes ». Par ailleurs, après 1968 mais surtout dans les années 1980, des voix s’élèvent pour critiquer le patriotisme et le « résistantialisme » d’une institution jugée archaïque.
48À ces critiques, Louis François répond en réaffirmant sans cesse les vertus pédagogiques du débat, en réfutant l’idée que l’histoire et la politique soient incompatibles – à condition, souligne-t-il, de savoir poser les « bonnes questions » –, en rappelant que l’histoire est le socle de la culture, enfin, en instaurant, par le choix des thèmes, un lien direct entre la période et l’actualité : l’engagement des jeunes ou celui des femmes, le rôle des médias, l’importance des convictions dans l’engagement, la portée du programme du CNR, l’actualité des valeurs et des combats de la tradition révolutionnaire.
49Dans l’ensemble, les concurrents reçoivent parfaitement le message. Si, dans les premières années, les références à l’actualité sont plutôt rares, l’extension de la temporalité du combat résistant est de plus en plus perceptible à partir de la fin des années 1960. Cela s’exprime par la dénonciation des régimes dictatoriaux ou liberticides, des phénomènes d’exclusion (ségrégation raciale aux USA, exclusion socio-économique liée à la crise), des guerres dites « impérialistes » (Viêtnam, Afghanistan), par le soutien à la lutte des peuples pour leur indépendance, par l’affirmation d’un pacifisme ou d’un internationalisme militant et, à partir des années 1980, par une défense des droits de l’individu, des minorités et de la condition féminine.
50On peut émettre l’hypothèse qu’au-delà, le concours offre un retour aux sources mêmes du civisme, en le rendant indissociable de l’exemplarité morale. À travers la notion « d’esprit de la Résistance », dont il est censé assurer la transmission, il véhicule tout à la fois une connaissance historique, un message civique, une conscience politique et des valeurs morales. L’utilisation de cette expression est certes largement identitaire – Louis François ne l’emploie pas –, mais elle cristallise un ensemble de vertus partagées par tous les promoteurs du concours, au-delà des clivages politiques, sociaux ou mémoriels : l’humanisme, la défense de la liberté, le sens des responsabilités, la reconnaissance envers les aînés, mais aussi la permanence de l’espérance, la volonté de se dépasser, le refus des compromissions, le courage de dire « non », le sens du combat. Bref, une certaine éthique de la révolte et de la désobéissance.
51Au terme de la présidence de Louis François, le concours national de la Résistance et de la Déportation apparaît comme un objet à quatre facettes : une commémorative, une historique, une civique et une politique – cette dernière probablement à son corps défendant. C’est probablement la réussite la plus flagrante de Louis François que d’avoir opéré une telle synthèse à partir d’une approche essentiellement pédagogique, fondée sur la mobilisation volontaire des acteurs. Des initiatives qui, au nom de l’impératif d’un enseignement de la Résistance, introduisaient des nouveautés radicales dans l’espace scolaire des années 1950 apparaissent aujourd’hui parfaitement normales, voire banales. Grâce à lui, le concours a conservé sa complexité originelle, en ne pouvant pas être réduit à une dimension unique ou rapporté à une discipline scolaire particulière. Il se situe en deçà, ou au-delà, des frontières scolaires, réalisant, d’une certaine manière, l’idéal pédagogique de Louis François.
52Revers de la médaille, cette synthèse était très dépendante de la personnalité de son auteur. Au début des années 1990, rien ne garantissait que le concours survivrait à ses fondateurs ; il était d’ailleurs menacé par l’éclatement et la concurrence des mémoires. S’il a réussi à surmonter ce défi, c’est probablement en raison de sa complexité, qui était aussi une source de richesse et de souplesse, mais aussi au prix d’une profonde mutation des équilibres antérieurs et des structures mémorielles, avec la fin de la transmission intergénérationnelle directe et l’apparition des Fondations. Après les temps de la commémoration, de l’histoire, de l’innovation pédagogique et du civisme, il semble que le concours voie advenir le temps de la mémoire – mais quels doivent être la place et le rôle de celle-ci dans le système scolaire ?
Notes de bas de page
1 Note de service no 2013-074 du 14-5-2013, Bulletin officiel de l’Éducation nationale, no 22, 30 mai 2013.
2 L’organisation du concours est fixée par arrêté du ministre de l’Éducation nationale. L’arrêté actuellement en vigueur est celui du 21-12-2009, Journal officiel de la République française, 21 janvier 2010.
3 Date à laquelle les services de l’Éducation nationale ont commencé à établir des statistiques annuelles de participation. Le rapport du jury national est désormais consultable en ligne sur le site « Éduscol » http://cache.media.eduscol.education.fr/file/droits_homme/55/5/jury_2011_2012_241555.pdf].
4 Dusseau J., « Rapport sur le concours national de la résistance et de la déportation 2005 », Historiens et Géographes, no 394, mai 2006, p. 41.
5 Mazzucchetti D., Histoire, mémoire, pédagogie de l’esprit de la Résistance : quelques pistes de réflexion à partir de l’exemple du concours national de la Résistance et de la Déportation, mémoire du DEA « Histoire et civilisations », sous la direction de M. Pierre Nora, EHESS, 1993. On trouvera une synthèse de l’histoire du concours dans Mazzucchetti D., « La Résistance vue par la jeunesse : historique du concours national de la Résistance et de la Déportation », Liberté jeunesse : de la génération de la Résistance aux suivantes, Paris, Éditions du Félin, 2008, p. 149-280.
6 Nommée ainsi en raison de la couleur de la carte de CVR. Sur la définition administrative du résistant, voir Wieviorka O., « Les avatars du statut de résistant en France », Vingtième siècle : revue d’histoire, no 50, avril-juin 1995 et Barcellini S., « Les résistants dans l’œil de l’administration », Guerres mondiales et conflits contemporains, no 178, avril 1995.
7 Premier congrès national de la CNCVR, 5-6 novembre 1955, Écho de la Résistance, no 10, novembre 1955.
8 Sur ce point, et sur le débat interne à la CNCVR relatif aux prix de la Résistance, voir Mazzucchetti D. « Le concours national de la Résistance : une pédagogie de l’esprit de la Résistance », G. Vergnon et M. Battesti (dir.), Les associations d’anciens résistants et la fabrique de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, Actes de la journée d’études du 19 octobre 2005, Cahiers du Centre d’études d’histoire de la défense, no 28, 2006.
9 Bailly H., « Rapport moral », cinquième congrès national de la CNCVR, Écho de la Résistance, no 56-57, mai-juin 1960.
10 Sur le Réseau du Souvenir, voir Lalieu O., « Les résistants et l’invention du “devoir de mémoire” », Vergnon G. et Battesti M. (dir.), op. cit., p. 95 sq.
11 Circulaire DAG/SAG no 891 du 11 avril 1961, BOEN (14), 20 avril 1961.
12 Les projets administratifs successifs ont été reconstitués grâce au dépouillement des fonds suivants : CAC770593-9, CAC771174-1, 72AJ/2158, archives de la CNCVR, ainsi qu’aux témoignages de L. François et J. Auba.
13 La création de cette instance résulte des pressions exercées par le Comité d’histoire de la Deuxième guerre mondiale (CHDGM) et son secrétaire général, Henri Michel, afin de promouvoir un enseignement d’histoire contemporaine à portée civique.
14 Réunion du 14 avril 1964, CAC771174-1. La plupart des comptes rendus des réunions de la Commission figurent dans les archives du CHDGM (72AJ/679).
15 « Concours national de la Résistance. Propositions élaborées par la Commission ministérielle chargée de perpétuer le souvenir de la Résistance et de la Déportation », ibid.
16 Circulaire no 65-96 du 24 février 1965, BOEN (9), 4 mars 1965.
17 Elle débouchera sur un vecteur propre : les prix de civisme et de dévouement à la collectivité, décernés à l’initiative de l’Union fédérale.
18 Alors qu’il comptait 12 personnes à sa fondation et 16 après la reprise en mains de 1965 et que, malgré les désaccords, il montrait une certaine homogénéité, le jury réunit 32 personnes à la fin des années 1980, venant d’horizons très différents – soit un doublement en 10 ans.
19 Sur ces questions discursives, voir Mazzucchetti D., Les copies lauréates du concours national de la Résistance et de la Déportation : analyse énonciative d’un discours socialement pertinent, mémoire du DEA « Sciences du langage et traductologie », sous la codirection de Mmes Marie-Christine Lala et Mary-Annick Morel, Université de la Sorbonne nouvelle-Paris III, 2005.
20 « Le concours national de la Résistance et de la Déportation en 1985 », Historiens et Géographes, no 307, décembre 1985.
21 « Instruction civique », circulaire du 10 mai 1948, BOEN, no 18, 20 mai 1948 (rédigée par L. François).
22 Formule récurrente dans sa bouche et sous sa plume. Voir par exemple : « Le concours national de la Résistance et de la Déportation en 1990 », Historiens et Géographes, no 330, janvier-février 1991.
23 « La libération de la France en 1944 », Historiens et Géographes, no 303, mars 1985.
24 Circulaire no IV 68-511 du 18 décembre 1968, BOEN, no 46, 26 décembre 1968.
25 « Le concours national de la Résistance et de la Déportation en 1985 », art. cit.
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Louis François et les frontières scolaires
Ce livre est cité par
- Ginsburger, Nicolas. (2019) De Louis-le-Grand à Radio-Paris : l’inspecteur général et géographe Henri Boucau et ses collègues entre le régime de Vichy et l’épuration (1940-1945). Cybergeo. DOI: 10.4000/cybergeo.32343
Louis François et les frontières scolaires
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