Jeunesse d’un réformateur
p. 17-29
Texte intégral
1Louis François est un conteur. Il aime rappeler qu’il a connu trois siècles1. Il naît en 1904, encore au XIXe siècle. Sa deuxième naissance en 1917 a lieu parmi les Éclaireurs lyonnais. Son retour de déportation en 1945, contemporain de l’ère atomique, le fait renaître une nouvelle fois. Trois naissances, donc, à l’image du personnage, large par la pensée et ouvert au monde. Si Louis François déploie toute son envergure de pédagogue dans et autour de l’école dès 1945, son enfance et sa formation ont été le creuset d’expériences ayant marqué sa vie d’homme.
2L’œuvre de Louis François dans et hors l’école prend sa source dans le plein air scout des Éclaireurs de France. L’association choisit comme président des administrateurs scolaires tels Albert Châtelet (1937-1945) puis Gustave Monod (1945-1952), directeurs successifs du second degré, avant Louis François à son tour (1958-1968). Mouvement gravitant autour de l’école, les Éclaireurs développent une éducation globale par le plein air en s’arrêtant aux frontières du politique. Ils se localisent dans sa périphérie, mais, dans les décennies 1950 et 1960, leur présidence est en son centre de direction. Comment cet enseignant s’est-il trouvé à l’aise au centre comme à la périphérie de l’école ? Les conditions de la réforme scolaire peuvent-elles se trouver en dehors de l’école, là où les pratiques éducatives diffèrent de l’école pour rejoindre ses finalités sociales ? Nous répondons en quatre tableaux. Le berceau familial de Louis François est d’abord celui de la bourgeoisie lyonnaise, commerçante, réformatrice et patriote. Puis, l’adolescent avant le jeune homme s’ouvre à la relation éducative par les camps d’éclaireurs. Il doit au compagnonnage de Gustave Monod les outils intellectuels de sa maturité, travaillant spécialement les conditions de l’autorité du maître. Enfin, il réfléchit aussi en patriote, cherchant à fonder la formation civique.
Bourgeoisie lyonnaise
3Louis François est un enfant de la bourgeoisie, celle dont le travail et l’industrie donnent à Lyon une place économique de premier plan. La ville, installée dans un des « plus beaux sites du monde » est, cependant selon lui, austère et sans grâce2. Il naît le 25 août 1904, jour de la Saint Louis3. La famille réside rue de la Tourette sur la colline de la Croix-Rousse, puis quai Saint-Clair dans le quartier de la soierie4. L’enfant grandit au dessus des traboules lyonnaises, devant le cours impétueux du Rhône. Sa mère, Hélène Van Dam, est la fille d’un soyeux d’origine néerlandaise ayant épousé une fille d’une famille juive allemande apparentée au poète Heinrich Heine. Le grand-père soyeux subit des contrecoups à cause de l’inflation en Allemagne où il a des intérêts, puis par la crise mondiale de 1929. Le père de Louis François est fils d’un pasteur cévenol ayant longtemps exercé à Genève. Fort d’une solide ascendance huguenote, Louis François demeure donc lié au brassage religieux et industriel du XIXe siècle européen5.
4Son père, Charles François, né en 1872, cultive un protestantisme très anticatholique6. Politiquement radical, sa bibliothèque recèle les œuvres des grands protestants républicains et des socialistes pré marxistes. Il est secrétaire général de la Compagnie lyonnaise du gaz. C’est un acteur du volontarisme modernisateur en hygiène et voirie des municipalités Augagneur (1900-1905) puis Herriot (1905-1940 et 1945-1957). La distribution de l’énergie, possible grâce au progrès technique, doit aussi être un projet social. Charles François est vice président de l’Office social lyonnais, présidé par le juriste Paul Pic, créé à l’image du Musée social parisien. Son objectif est de construire une science sociale pour dépassionner les rapports entre capital et travail7. François organise à cette fin les caisses de retraite et les allocations familiales des gaziers. Le radical-socialisme lyonnais est sensible à l’association capital-travail. François est remarqué par Justin Godart, député du Rhône. Lorsque celui-ci entre au gouvernement comme sous-secrétaire d’État à la santé militaire, il le choisit comme directeur du cabinet (juillet 1915-décembre 1916). Les François forment un « couple de fine culture et de cœur généreux8 ». Hélène François, grande lectrice, aime le piano et les réceptions. Les soirées du mercredi se partagent entre amis, le pasteur Hollard et sa femme, les Voila, les Schoen et l’historien Henri Focillon. La petite société mondaine et cultivée, les « Amis du plateau » est unie par le souvenir du combat dreyfusard. On y apprécie les lectures, la poésie et la musique. Les réunions se tiennent tantôt chez les François, tantôt chez le philosophe Edmond Goblot et son épouse Lilie, impasse de Margnolles à Caluire :
« Tous concevaient de la même manière le bonheur terrestre : tous les ménages avaient plusieurs enfants et plaçaient au-dessus de l’argent et de la situation les valeurs humaines9. »
5Les quatre enfants des François, Marguerite (1900), Renée (1902), Louis (1904) et Pierre (1907) sont élevés dans le culte du père. Charles François est un être sensible mais dominant toujours l’expression de ses sentiments. Le régime familial est strict : « même quand tout était bon, les louanges étaient rares10. » La sévérité est apaisée par l’affection que porte Louis a sa grand-mère maternelle Van Dam. Sa sœur aînée Marguerite vit mal cette rigueur et claque souvent la porte, avant que Louis coure la rattraper. Il est vrai que le garçon reconnaît devoir à ses parents le goût de l’effort et de la discipline. Mais il leur reproche de n’avoir jamais rien fait avec leurs enfants, ni sport, ni spectacle, ni excursion. D’ailleurs, Louis a peu de loisirs, sinon de faire des versions latines. Au théâtre, il voit à 16 ans le Tour du monde en quatre vingt jours et fréquente un cinéma une « demi-fois11 ».
6Le ménage François, soucieux de progrès et d’ordre, est sensible aux questions éducatives. Charles monte sur scène, notamment lors du spectacle annuel pour les Enfants à la Montagne, importante association lyonnaise de colonies de vacances12. Les François sont aussi amis avec Jean Kergomard, directeur de l’école normale d’instituteurs. Celui-ci est le fils de la fondatrice des écoles maternelles républicaines Pauline Kergomard. Il veut dépasser l’antagonisme entre les enseignements primaire et secondaire. Le philosophe Goblot, autre ami des François, anime des conférences pour les normaliens. Le petit Louis est d’ailleurs élève à l’école d’application de l’école normale proche de la maison familiale. Jusqu’au jour où il crache au visage de la gouvernante allemande, insolence inqualifiable dont l’origine est attribuée par les parents à l’enseignement de l’école populaire. L’enfant en est aussitôt retiré et inscrit avec ses sœurs au lycée de jeunes filles13. Il ne reviendra pour ainsi dire jamais dans l’enseignement primaire, excepté pour rédiger des manuels de géographie. Louis François sait qu’il est enfant de la bourgeoisie. Il n’est ni un canut, ni un gône, lié au spectacle emblématique de Guignol dont sa lyonnitude ne dit aucun mot. Sa description de Lyon est plus physique que sociale, marquée par les cours d’eaux, les coteaux et la presqu’île. L’élève du lycée Ampère puis le khâgneux traversant le Rhône pour le lycée du Parc n’a pas « le caractère lyonnais », manière de dire l’ambivalence le liant à la ville de son enfance comme à son milieu d’origine. Le souvenir demeure vivace des jeux d’enfants dans les traboules, ces passages lyonnais entre rue et cours. Mais le tableau des bourgeois en canne et chapeau, possédant leurs gens de maison – la mère Brazier, future étoile de la gastronomie lyonnaise cuisine chez les François14 – est balayé comme le vestige d’une époque révolue. « Nous fumes », dit-il, « incapables d’assumer par manque de moyens financiers », façon de dire combien la Grande Guerre a mis fin à cette assise. Mais, Louis François demeure lucide, ajoutant « et aussi, heureusement, par goût15 ». Les formes prises par la distinction subissent une évolution. C’est probablement en découvrant cela que Louis François, élève modèle, découvre « le travail payant en succès et en bonheur ». Puis, étudiant brillant, il avale ses certificats universitaires, chahute un peu d’ennuyeux professeurs et décroche en 1927 l’agrégation d’histoire. Il est vrai, dit-il, que dès la classe de seconde, son « état de scout » l’incitait à travailler16.
Plein air fortifiant
7En octobre 1917, Louis et son jeune frère Pierre campent pour la première fois parmi les Éclaireurs. La troupe lyonnaise compte 160 adhérents17. Elle rassemble quelques heureux héritiers dont François Goblot (1904), le fils du philosophe, les deux fils Kergomard, l’aîné Pierre (1897) et le cadet Marcel (1900) qui a amené Louis François18. Edmond Goblot et Jean Kergomard président le comité avant d’être élu administrateur de l’Association. Avec les universitaires à leur tête, les Éclaireurs lyonnais développent un solide projet d’éducation des jeunes Français par le plein air. Ils enseignent la vie en camp de toile, le civisme patriotique et les randonnées pour former les garçons aux responsabilités et à la solidarité. Le scoutisme désire alors renouveler la préparation militaire. Le gouverneur militaire de Lyon leur ouvre les fossés du fort de Montessuy à Caluire et leur confie le service d’honneur pour accueillir en gare des Brotteaux les soldats blessés.
8La troupe est dirigée par son chef, Pierre Mazeran (1888-1924), véritable modèle de Louis François. Ce jeune homme de 29 ans, licencié en science, a été réformé pour sa surdité. Mazeran est laborantin à la faculté des sciences. Passionné de géologie et de paléontologie, il accompagne les études savantes de maîtres lyonnais, tels les géographes Frédéric Roman et Charles Depéret19. Il signe plusieurs travaux, dont une révision de la carte géologique de Lyon20. Fin connaisseur de sa région, Mazeran, alias Rhinocéros, organise les équipées d’Éclaireurs qui les détachent de la tutelle militaire. Les randonnées dans les monts d’Or et les monts du Lyonnais enivrent le jeune François, membre de la patrouille des Cigognes. Reçoit-il à ce moment le totem de Grand échassier ? Toujours est-il qu’il progresse en responsabilité. Le voici à 14 ans chef de la patrouille des Éléphants. À 16 ans, en 1920, il est l’adjoint de Mazeran comme instructeur de la 1re Tribu lyonnaise. L’adolescent trouve avec ce chef un éducateur incomparable. Cette figure charismatique lui procure « le bonheur de rentrer le soir près de lui tout en causant, le désespoir d’avoir commis une faute qui me ferait perdre son estime ». Cet entraîneur d’enfants, fin psychologue, fait découvrir à François sa passion d’alpiniste21. L’équilibre entre le vide et la paroi de la roche fait émerger chez lui les sentiments « qui purifient et grandissent une âme de garçon. »
9Le pédagogue Mazeran, vêtu sans élégance, est un ascète célibataire qui dédaigne les honneurs et les douceurs de ce monde. Il enseigne, dit Louis François, « une idée noble de l’homme » en adoptant un comportement de « moine laïque22 ». La figure de Mazeran, mort de maladie en 1924, illustre fidèlement la posture morale et spirituelle du chef Éclaireur. L’Association abandonne la tutelle militaire et se rapproche lentement de l’école. Les Éclaireurs sont non confessionnels et affirment une position « neutre », ce qui les rend suspects aux yeux de bien des laïques de la Ligue de l’enseignement. La laïcité des Éclaireurs est d’une définition délicate. Elle admet toutes les confessions, ne leur reconnaît pas de place dans les activités, mais reste d’inspiration spiritualiste23. Les Eclaireurs sont dirigés par le délégué général André Lefèvre, formé au Sillon de Marc Sangnier et directeur de la Maison pour Tous de la rue Mouffetard. Ce catholicisme social, d’essence libérale, conditionne pourtant le rapprochement avec l’enseignement primaire. Celui-ci est effectif dès 1926 avec la troupe d’Éclaireurs de l’école normale de Loches, prélude à un accord avec la Ligue de l’enseignement signé en 1932. De leur côté, des prêtres et des militants catholiques ont lancé en 1920 les Scouts de France. Leur vigoureux projet missionnaire veut rechristianiser le pays par la conquête de la jeunesse. La décennie suivante voit s’affirmer un imaginaire national et catholique chez les Scouts de France, grâce aux dessins de Pierre Joubert et à l’art dramatique de Léon Chancerel. Les Éclaireurs de France, sans désavouer cet imaginaire de l’adolescence, consolident leur position dans la sphère de l’École publique. Ceci annonce leur participation aux réformes de 1937, d’autant que leur nouveau président est Albert Châtelet, directeur du second degré au ministère de l’Éducation nationale. Les Éclaireurs sont en première ligne pour former les moniteurs de colonies de vacances et pour organiser les loisirs scolaires. Le professeur Louis François gravite dans le renouvellement des méthodes scolaires par les adeptes français de Baden-Powell, reçu en Sorbonne par Jean Zay en décembre 1936.
10Louis François, deuxième à l’agrégation d’histoire en 1927, reçoit son premier poste à Marseille au lycée Thiers. Le jeune professeur n’abandonne pas sa passion pour l’escalade et la randonnée. Animateur d’une troupe d’Éclaireurs, il conduit ses Grimpeurs de rochers dans les Dolomites. Il fréquente les Excursionnistes marseillais, représente les Éclaireurs à la section provençale du Club alpin. Mais, hors de la technique, il goûte peu la notabilité des « buveurs d’air » qui, bien que patriotes et républicains, dédaignent la jeunesse. Sur le mouvement scout, Louis François porte cependant un regard distant et le manifeste dans la presse. Lecteur du Temps, journal sur lequel il a planché lors de son oral d’agrégation24, il écrit en 1929 un article sur le jamboree, le camp scout international tous les quatre ans, tenu à Birkenhead en Grande-Bretagne, dénonçant le caractère un peu superficiel à ses yeux de la rencontre scoute internationale. L’émoi du comité directeur n’empêcha pas de publier ledit article dans la revue des cadres Le Chef, souvenir plaisant rappelé lors de son élection à la présidence des Éclaireurs en 195825. En 1931, Louis François fait un mariage heureux avec Huguette Bezault, fille du directeur du port autonome de Marseille. Une catholique épousant un protestant n’ont droit qu’à une bénédiction sans messe. D’ailleurs, le père du marié refusant l’église, la cérémonie se tient finalement dans la sacristie26. Le couple a trois enfants, Jérôme né en 1935, Denis en 1937 et Muriel en 1942. Mais le plein air n’intéresse pas madame François. L’épouse du jeune mousquetaire de l’enseignement préfère la discrétion. Elle ne manquera pas de courage, notamment sous l’Occupation.
Éducation contre instruction
11Louis François s’éloigne un peu de l’idéal scout de Mazeran. Au contraire, son jeune frère, Pierre François, vit intensément le projet socioéducatif des Éclaireurs. La rigueur paternelle s’est opposée à l’ambition artistique du jeune homme fasciné par Rodin et Cézanne. Les beaux-arts interdits, Pierre prépare l’Institut national agronomique au lycée Henri-IV. Il est reçu en 1928, mais ses études l’enthousiasment moins que la troupe d’Éclaireurs du lycée, et plus encore, la Maison pour Tous. Véritable ancêtre des Maisons de Jeunes, l’établissement de la rue Mouffetard est animé par le délégué général des Éclaireurs André Lefèvre, alias Vieux Castor. La « Mouffe », création de pédagogues chrétiens et démocrates, rassemble bourgeois et prolétaires pour des excursions et des colonies de vacances. Pierre François, alias Joyeux Bouquetin, est de ces héritiers qui animent dans le quartier les petits prolétaires remuants. Sa vie est là, dans la solution pédagogique à la question sociale par le plein air. La Maison pour Tous est sa famille. Il y trouve son épouse, Élisabeth, la fille du pianiste Risler, administrateur de la Maison. En 1931, Pierre François est embauché par les EDF pour les faire connaître dans les écoles normales. L’adjoint d’André Lefèvre est aussi formateur au camp école de Cappy (Picardie) et encadre les premiers stages des CEMEA en 1937. De son côté, son frère aîné Louis François, vit ce projet plus modestement à Marseille. Il se lie à l’agrégé de lettres Pierre Poujol. Celui-ci est secrétaire de la troupe EDF du lycée de Toulon et militant de l’école unique parmi les socialistes varois27. Mais l’ami et le maître de Louis François demeure le philosophe Gustave Monod (1885-1968) qui prépare les lycéens marseillais aux grandes écoles.
12Monod connaît bien l’éducation nouvelle depuis une affectation à l’École des Roches (1912-1914), établissement pilier de l’éducation nouvelle en France, dont le directeur Georges Bertier préside les Éclaireurs. Monod y découvre les méthodes actives des « chefs de maison » qui font vivre des « communautés éducatives ». Le pédagogue protestant, grand mutilé de guerre, y a trouvé l’amorce décisive de la trame scolaire secondaire rénovée qui fonde sa carrière. L’éducation vient avant l’instruction en sortant du primat des lettres classiques pour former les futurs cadres à la compétition économique mondiale par les langues vivantes, les sciences expérimentales et l’éducation physique et sportive28. Le lycée selon Monod n’a pas pour fonction de « faire œuvre de savants » mais « d’inquiéter l’intelligence plus que de la satisfaire29 ». L’enseignement secondaire doit former les héritiers et en même temps enrichir l’élite de la nation par un recrutement au sein de toute la masse des élèves. La réforme porte sur l’ouverture – encore timide car, en 1933, l’examen d’entrée en 6e compense la gratuité du collège – d’un secondaire apanage des possédants aux plus méritants de l’enseignement primaire. En 1932, l’articulation libérale entre pédagogie et mouvement social est la cible des Chiens de garde. Au nom de la révolution à venir, l’intellectuel communiste Paul Nizan conspue le rapprochement des ordres scolaires ainsi que les études sociologiques en école normale. En refusant l’émancipation individuelle par la République enseignante, Nizan offre son alliance au conservatisme le plus étroit.
De l’autorité en démocratie
13En 1933, Louis François bénéficie d’une promotion parisienne. Il enseigne au lycée Carnot puis en 1935 à Henri-IV. L’expérience de la pleine nature et le contact avec Monod lui donnent de l’assurance pour surmonter les difficultés du métier : « Je savais que l’éducateur à toujours partie gagnée lorsqu’il est capable d’agir avec eux. » Il n’est pas « le premier » à pratiquer les méthodes actives, mais il le fait « à fond30 ». Il combine subtilement l’autorité du chef avec la bienveillance accordée à l’adolescence. Ceci repose sur la mise en mouvement des groupes de jeunes, dispositif antagoniste à l’ordre scolaire du groupe classe. En classe de 5e, lors de la séquence sur l’Église médiévale, les élèves formant le peuple urbain élisent leur évêque pendant que le pape attend pour lui remettre le pallium. Semblable animation surprend plus d’une fois la hiérarchie : « vous ne faites pas cours » lui reproche l’inspecteur général Gidel31. À Paris, le lycée Carnot est pour lui un véritable laboratoire pédagogique. Filant la métaphore boulangère, il introduit le scoutisme – le levain – dans son enseignement d’histoire et de géographie – la pâte scolaire : « Je suis persuadé qu’il a gagné en intérêt non seulement pour les garçons mais aussi pour le professeur32. » Pour travailler le comportement de la classe, Louis François rédige une règle de fonctionnement, baptisée loi du peuple dans laquelle l’article 7 confond les pouvoirs dans « l’autorité absolue et supérieure » du professeur « en réalité le Chef du peuple33 ». Il applique dans une classe de 4e les méthodes scoutes des petites équipes autonomes : « Les séances de scrutin passionnent les garçons ; ils ont un goût très vif pour la démocratie dirigée34. » La « démocratie dirigée » sonne en effet comme son idéal scolaire. Elle incarne la République enseignante tenant fermement en main la jeunesse de la nation dont elle forme, d’une part, les cadres au commandement et, d’autre part, au respect du débat démocratique. L’extérieur demeure à ses yeux un moyen d’appliquer ses idées, notamment en géographie mais ses initiatives ont peu d’écho35.
14Louis François enseigne « animé de l’esprit scout ». Il est « chef plus que professeur36 », montrant combien à ses yeux, le « chef » possède la préséance pédagogique indispensable à la diffusion des savoirs disciplinaires du professeur. Le terme de « chef » occupe une grande place dans les écrits des réformateurs sociaux du premier XXe siècle37. Il connote chez François l’autorité mais aussi l’engagement personnel dans la direction de la classe. Le professeur ne fonde pas sa légitimité sur le seul savoir disciplinaire mais sur sa capacité à mettre les élèves en mouvement à partir de ce savoir. Il cherche par les méthodes actives l’adhésion des élèves par les concours entre équipes ou les mises en compétition. En retour, cette mise en activité conforte l’autorité du maître. Pour être bien tenue, la classe doit organiser des espaces d’autonomie aux élèves. Ils sont davantage mis en activité par un professeur davantage impliqué. Quand sort en 1939 le tome XV de l’Encyclopédie française consacré à l’éducation, l’article le sur scoutisme, « une pédagogie du caractère », explique combien l’ascendant moral du maître dépend de sa capacité à entrer dans le monde des adolescents38. Dès 1937, François trouve sa place dans l’application de la réforme scolaire conduite par le Front populaire, spécialement en géographie. La promotion des enquêtes de terrain par les élèves se fait sur un mode voisin des explorations de patrouilles scoutes ou de concours entre équipes39. En 1939 l’inspecteur général Jules Isaac visite le géographe François et salue le « sympathique et ardent entraîneur de la jeunesse40 ».
15Pour le patriote François, la conduite des hommes n’est pas seulement scolaire. Le géographe est rattrapé par l’histoire quand, lors de la crise de Munich en 1938, il constate l’impréparation militaire41. Mais il doit attendre la déclaration de guerre pour valider comme officier son expérience d’enseignant. Pendant l’hiver 1939-1940, le lieutenant François sert dans la Sarthe où il enseigne le métier des armes à sa compagnie d’exercice. « J’ai montré l’exemple » est la notion clé de son engagement auprès de réservistes méprisés par le capitaine de la section. Il participe à tous les exercices, explique les objectifs à atteindre et les moyens pour y parvenir, ce que tous les officiers ne faisaient peut être pas. François en tire une philosophie générale exprimant sa « grande admiration » pour les Français : « C’est un peuple intelligent et raisonnable. Pour obéir il a besoin de comprendre et d’être convaincu. » L’autorité ne vaut que si elle s’incarne dans l’exemple de celui qui la possède. La construction de l’autorité par François s’incarne dans la filiation du modèle dessiné par Lyautey. Le chef est le chef parce qu’il a le souci de ses hommes qui en retour le reconnaissent comme tel pour les conduire sur le champ de bataille. Le modèle totalisant développé dans Le rôle social de l’officier (1891) atteint l’éducation de la jeunesse par la place de Lyautey dans le scoutisme et par son écho auprès des réformateurs sociaux qui dirigent les Éclaireurs. Il atteint l’univers scolaire au moment où le ministère charge les Éclaireurs d’initier les « loisirs scolaires », une des mesures phares de Jean Zay qui choisit en 1937 comme directeur du second degré le recteur Albert Châtelet, président des Éclaireurs de France42. Pour François, l’obéissance nécessite de chercher l’adhésion de ceux qui doivent obéir. Pour cette raison, il n’est pas hostile à l’institution militaire (« l’armée admirait l’université qui le lui rendait fort mal ») mais dénonce une direction des hommes fondée sur une autorité vide de sens, lui dont l’action consiste à donner du sens à son autorité :
« Après la défaite on a voulu expliquer celle-ci en prétendant que les Français ne savaient plus obéir. En réalité, certains Français, qui avaient le pouvoir, eux, ne savaient plus commander43. »
16Il développe d’ailleurs cet enjeu en juillet 1945 devant le général De Gaulle et les lauréats du Concours général. Les futurs chefs « dont a besoin la France » et la liberté exigent des têtes bien faites « mais aussi des caractères vigoureux44 ».
Consolider la démocratie
17Louis François n’est pas l’homme d’un milieu fermé. Le « roturier, huguenot et jacobin » a l’occasion de côtoyer pendant son service militaire (1925-1926) la noblesse catholique, royaliste et réactionnaire45. La politique est, dit-il, sa passion, mais cette passion qui aurait pu le conduire jusqu’à l’élection à Tulle ou à Guéret selon son affectation, est tuée dans l’œuf par sa nomination à Marseille, ville accablée par l’affairisme et la corruption municipale46. En 1930, sa politique se fait dans l’École de la paix, initiée à Paris par Louise Weiss. L’établissement libre d’enseignement supérieur, dont Monod dirige la section marseillaise, octroie des bourses de voyage pour les normaliens à Genève au siège de la SDN. Les conférences marseillaises accueillent des pacifistes – encore fréquentables – comme Jouvenel ou Déat47. L’idée d’une autorité solidement établie à partir d’une base démocratique indiscutable est partagée par François et Monod. Ce dernier est alors appelé comme directeur de cabinet du ministre Anatole de Monzie. Celui-ci est en 1932 le premier ministre de l’Éducation nationale, abandonnant l’Instruction publique, selon la volonté d’Herriot dans un Cartel des gauches dernière formule. Le philosophe se trouve au centre de la modernisation du système scolaire, spécialement à partir du secondaire rénové d’où s’amorce la réflexion sur la prolongation de l’obligation scolaire, œuvre de Jean Zay en 1936.
18La question éternellement posée en éducation de l’équilibre entre corps et esprit est résolue par Vichy avec « l’éducation générale48 ». S’il est toujours un enseignant bien noté comme l’indique son dossier de carrière, François n’a pas attendu 1940 pour diriger des sorties scolaires. Mais, en pleine Occupation, il fait apprendre par cœur à ses lycéens d’Henri IV la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789. L’étude du français « clair, précis et fort » du XVIIIe siècle fait prendre conscience du caractère délétère du régime49. François possède un patriotisme plus solidement ancré que chez les inspecteurs généraux qui, à l’exception d’un seul – Gustave Monod50 – rallient tous Vichy. Sa conscience de minoritaire protestant y participe aussi – en classe de 4e, l’élève Louis François ne craignait pas d’affronter physiquement l’hostilité de ses condisciples catholiques, ayant toujours l’impression d’être l’amiral de Coligny51. Il faut avoir éprouvé cette minorité, comme à la prison de Fresnes où, jeté dès après son arrestation en septembre 1942, le protestant François, rarement lecteur de la Bible, retrouve le sens d’un dialogue avec Dieu52. Son rapport à la foi protestante est cependant plus culturel que cultuel, dans la filiation paternelle et républicaine du huguenotisme, cet attachement à la religion réformée qu’il partage avec Gustave Monod. Louis François trouve naturellement une sorte de bien commun avec les textes officiels de 1945 qui fondent l’instruction civique dans le second degré. Le texte déclare en effet souhaitable que le nouvel enseignement soit assuré par des Résistants53.
19Cet homme de gauche est-il gaulliste ? Déçus par les crises de la IVe République, Louis et Huguette François adhèrent au RPF dès 1948. Mais, leur déception est grande devant l’autoritarisme et l’anticommunisme d’un appareil où gravitent pour les besoins de la cause de nombreux pétainistes54. En 1950, l’article du colonel Rémy, qui fut son chef et mentor en Résistance, en faveur de la réhabilitation de Pétain, l’éloigne-t-il de cet unanimisme55 ? François a rencontré De Gaulle en mai 1940 en servant sous ses ordres à l’état-major de la IVe division cuirassée. Impressionné par sa maîtrise de soi, François déteste la froide distance du général, maintenue même avec son état-major. Chaque année, pourtant, il visite le grand homme à Colombey. Délaissé par les Français, celui-ci grave son épopée dans le marbre littéraire. Il délaisse l’écriture pour la promenade avec son ancien officier dans le parc de la Boisserie56. Devant le paysage champenois étendu jusqu’à l’horizon, François éprouve son gaullisme de gauche. La vigueur démocratique du radicalisme républicain dialogue avec l’association du capital et du travail hérité du christianisme social. Mais François n’admet pas les conditions du retour au pouvoir du 13 mai 1958, ni les pleins pouvoirs objet de l’article 16 de la constitution. Les nouvelles institutions n’ont peut-être pas le même souffle que l’aventure incertaine de la Résistance. Louis François tient fermement la frontière qui marque le contour d’une démocratie conduite « avec autorité plutôt que de façon autoritaire57 ». Conjuguer l’autorité venant d’en haut et la démocratie vivante par en bas s’avère plus facile chez les Eclaireurs de France qu’il préside pendant dix ans (1958-1968). « Communauté et liberté ne sont pas contradictoires ; elles deviennent complémentaires à condition que les hommes et les femmes reçoivent une éducation qui les y préparent » dit-il pour leur 50e anniversaire en 1961 en présence de l’ancien Éclaireur Lucien Paye, ministre de l’Éducation nationale58.
20L’équilibre délicat est garanti par la conscience démocratique du corps civique qu’il s’agit de former. L’efficacité d’une telle œuvre de patience et de travail s’arrête à la frontière politique, celle où pour aller plus loin, il convient de rentrer dans le rapport de force électoral et parlementaire. Donner aux élèves le goût de la politique nécessite de les conduire jusqu’au seuil du politique. Là est la frontière civique qu’il tient toujours d’une main ferme. Lui-même l’incarne personnellement par son refus de descendre dans l’arène de la conquête du pouvoir. C’est à sa manière une éminente distinction quand, en 1945, il décline l’offre faite par De Gaulle de se présenter à la députation ou, plus tard, de prendre la tête du RPF en région parisienne. La carrière politique est chez lui dédaigneusement repoussée quand, au même moment, la voie est prise par d’autres enseignants comme René Billières ou Lucien Paye à la tête de l’Éducation nationale. Ce bornage bien marqué délimite le champ éducatif du pédagogue Louis François, démocrate, chef scout, patriote ouvert au monde et solidaire. La conception globale de Louis François, venue du scoutisme, donne parfois à ses intonations fortes un air décidé et volontaire de Bonaparte au pont d’Arcole, souvenir ayant pu faire sourire ses collègues. Il est vrai que le second degré aime oublier que sa fondation est due au despotisme du premier Empire. Louis François, serviteur de la République enseignante, dans ce XXe siècle techniciste, surprend par la flamme de son incurable optimisme.
Notes de bas de page
1 François L., Mémoires de Louis François, p. 2-10. L’ouvrage est nommé ci-après MLF.
2 MLF, p. 169.
3 Son prénom vient aussi du souvenir d’un oncle maternel, brillant étudiant en médecine, décédé de tuberculose à 22 ans. MLF, p. 173.
4 Actuellement quai André Lassagne.
5 MLF, p. 171-172.
6 MLF, p. 171.
7 Bayon D., Frobert L., « Lois ouvrières et réformisme social dans l’œuvre de Paul Pic (1862-1944) », Le Mouvement Social no 201, 2002/4, p. 53-80. Nous remercions Bertrand Silvestre, doctorant en histoire à Lyon I, pour ses informations sur l’Office social lyonnais.
8 Kergomard J., Salzi P., Goblot F., Edmond Goblot, 1858-1935 la vie, l’œuvre, Paris, Alcan, 1937, p. 65-66.
9 Ibid., p. 65-67.
10 MLF, p. 173.
11 Idem.
12 Id.
13 Actuellement lycée Édouard Herriot. MLF, p. 169.
14 MLF, p. 174.
15 MLF, p. 175.
16 Idem.
17 Mazeran P., « Rapport sur l’activité de la section en 1914-1915 » [ADRhône 1M147], Bertrand S., Les Éclaireurs de France à Lyon 1911-1947, maîtrise, université Lyon 2, 2000, annexe A.
18 MLF, p. 173.
19 Depéret C., Mazeran P., « Les estheria du Permien d’Autun », Bulletin de la Société d’Histoire Naturalle d’Autun v. 25, 1912, p. 165-173. Roman F., Mazeran P., Monographie paléontologique de la faune du Turonien du bassin d’Uchaux et de ses dépendances, Lyon, H. Georg, 1913. Depéret C., Mazeran P., Sur la Bresse chalonnaise et ses terrasses quaternaires, Paris, Gauthier-Villars, 1920.
20 Mazeran P., « Feuille de Lyon au 80.000e et au 320.000e », Bulletin des services de la carte géologique de la France t. XXIII, 1914, p. 114. Mazeran P., « Sur quelques espèces de Glauconies des grès d’Uchaux », Annales de la Société Linnéenne de Lyon t. LVIII, 1911, p. 115. Mazeran P., « sur un nouveau genre de Gastéropodes du Crétacé », Annales de la Société Linnéenne de Lyon, t. LIX, 1912, p. 163.
21 « Je dois au scoutisme auquel je suis resté attaché tout au long de ma vie les principales joies de la jeunesse, mes succès de carrière, mon engagement et mes bonheurs d’adulte. » « Entretien avec Louis François » par H. Chanezon et P. Kerleroux, Historiens et géographes no 359, octobre-novembre 1997, p. 155-161.
22 François L., « Pierre Mazeran (1888-1924) », L’Éclaireur de France no 22, 20 décembre 1933, p. 1.
23 Bertier G., « La Fédération des Éclaireurs de France et la question religieuse », Le Chef no 3, 20 mai 1922, p. 17-18.
24 L’oral porte sur les révisions constitutionnelles sous la IIIe République. François obtient l’aide des autres agrégatifs qui achètent pour lui les numéros du Temps de juillet et août 1926 dans lesquels il sélectionne deux articles sur la révision constitutionnelle d’août 1926. MLF, p. 15.
25 Le Chef no 89-90, sept.-oct. 1929, p. 156-159. Routes Nouvelles no 53, janvier-février 1959, p. 1.
26 Correspondance Denis et Jérôme François, août 2013.
27 Pierre Poujol (1889-1969) est un protestant ancien des Unions chrétiennes de Paris où il a participé à la formation de la troupe des Éclaireurs unionistes de Port-Royal en 1912. Girault J., « Pierre Poujol », Dictionnaire biographique des militants ouvriers 1914-1939 t. 39, p. 162. Entretien Jacques Poujol, Geneviève Poujol, 28 novembre 2006.
28 Duval N., L’École des Roches. Une école nouvelle pour les élites, Paris, Belin, 2009.
29 Monod G., La Probité professionnelle dans l’enseignement secondaire, rapport présenté au Congrès du christianisme social à Marseille le 1er novembre 1924, Alençon, Corbière et Jugain. Lecoq T., Lederle A., Gustave Monod. Une certaine idée de l’école, 2008, Sèvres, CIEP. Gustave Monod, un pionnier en éducation. Un hommage collectif rendu à Gustave Monod, Paris, CEMEA, 1981.
30 MLF, p. 17.
31 MLF, p. 18.
32 François L., « Le levain du Scoutisme dans la pâte scolaire », Le Chef, no 146, octobre 1934, p. 336.
33 Ibid., p. 337.
34 Ibid., p. 335.
35 François L., « Propositions Pédagogiques », Bulletin de la Société des Professeurs d’Histoire et de Géographie no 81, novembre 1934, p. 52-57. Nous remercions Marie Dercourt-Terris pour ces informations.
36 François L., « Le levain du scoutisme dans la pâte scolaire », art. cit., p. 334.
37 Cohen Y., Le siècle des chefs. Une histoire transnationale du commandement et de l’autorité (1890-1940), Paris, Amsterdam, 2013.
38 Guérin-Desjardins J., « 3. Une pédagogie du caractère : le scoutisme », Encyclopédie française, t. XV éducation et instruction, Paris, Société de l’Encyclopédie française, 1939, 15’28, p. 14-16.
39 François L., « Le système d’équipe dans une classe d’histoire et géographie de lycée de garçons », L’Information pédagogique no 2, mars-avril 1937, p. 62. François L., « Les enquêtes géographiques. » L’information pédagogique no 1, janvier-février 1939, p. 11-12.
40 MLF, p. 22.
41 MLF, p. 25.
42 Condette J.-F., « Les loisirs dirigés dans les collèges et les lycées (1937-1939) », Histoire de l’éducation no 129, 2011, p. 5-38.
43 MLF, p. 36.
44 MLF, p. 49, p. 51.
45 MLF, p. 14.
46 MLF, p. 16.
47 François est secrétaire général du Groupement universitaire pour la SDN. Lors des conférences, Monod et François neutralisent habilement les « trublions » d’Action française grâce à leurs élèves qui en étaient membres. Piketty G., Pierre Brossolette un héros de la Résistance, Paris, Odile Jacob, 1998, p. 164. Weiss L., Mémoire d’une Européenne, t. II, 1919-1934, Paris, Payot, 1970, p. 282. François L., « Gustave Monod par ceux qui l’ont connu », Cahiers pédagogiques no 80, février 1969, p. 2.
48 Giolitto P., « « L’Éducation générale et sportive : un essai non transformé », P. Arnaud, T. Terret, J.-P. Saint-Martin, P. Gros, Le sport et les Français pendant l’Occupation 1940-1944, t. 1, Paris, L’Harmattan, p. 53-58
49 MLF, p. 61-62.
50 Baruch M.-O., Servir l’État français : L’administration en France de 1940 à 1944, Paris, Fayard, 1997, p. 578.
51 MLF, p. 13.
52 « La foi jaillit de la misère, comme la flamme des cendres quand elle est ravivée par un souffle de vent. Certes il est plus facile d’adorer Dieu et de se conformer à ses commandements comme moine régulier que comme prêtre séculier. » MLF, p. 73.
53 Martin J.-P., « Du scoutisme à l’éducation civique : le moment Louis François », L. Gutierrez, L. Besse, A. Prost, Réformer l’école. L’apport de l’Éducation nouvelle (1930-1970), Grenoble, PUG, 2012, p. 240.
54 MLF, p. 52.
55 Rémy, « La justice et l’opprobre », Carrefour, 11 avril 1950.
56 MLF, p. 53.
57 MLF, p. 53.
58 Discours du cinquantenaire, 1961, archives familiales.
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