Miroir-Sprint, levier de promotion de la presse communiste française à la Libération
p. 103-117
Texte intégral
1La Libération constitue un temps fort de promotion pour la presse communiste qui entend profiter du contexte favorable et des compagnonnages acquis dans la « Résistance1 » pour s’imposer dans le paysage médiatique. Cette période charnière incarne en effet une mutation au cours de laquelle le pays rompt avec son passé et instaure de nouvelles orientations politiques, sociales, économiques et culturelles qui infléchissent durablement le cours de son histoire. Cette période a en outre l’originalité de représenter une extension du cadre de l’occupation autant que de celui de la IVe République sans appartenir totalement ni à l’un ni à l’autre, formant une parenthèse inédite dans l’histoire des institutions politiques du XXe siècle. Un souffle de liberté stimule le pays. Frustrés par quatre ans de propagande, les Français s’arrachent les journaux. Jamais, on n’avait connu une telle fièvre éditoriale et un tel engouement de la population pour la presse.
2Sorti vainqueur de la guerre et auréolé de son engagement militant, le Parti communiste a le vent en poupe. Les journaux dominés par les idées reflètent alors les rapports de forces politiques du pays et font écho aux succès du Parti communiste dans les urnes2. Avec 31 titres et près de 27 % du tirage global, la presse communiste ou sympathisante représente la première puissance médiatique surpassant largement la presse socialiste (25 titres, 21 %) et la presse du Mouvement républicain populaire (15 titres, 14 %) ; ces positions se traduisent également sur le plan syndical puisque le Syndicat national des journalistes de la Confédération générale du travail (SNJ-CGT) devient la première force d’attraction chez les journalistes. L’offensive communiste se déploie en cette période en une pluralité de secteurs de la vie sociale : l’économie, la police, l’enseignement, la jeunesse, le sport… Le PCF intègre les multiples organisations de masse qui contribuent à ramifier son influence et forment un large vivier de recrutement. Outre la CGT, il dispose d’une panoplie d’autres organisations comme le Front national, l’Union des femmes françaises, l’Union de la jeunesse républicaine de France (UJRF) qui fait suite à la Jeunesse communiste, Sport libre, qui lui permettent de recruter large. Il rassemble aux alentours de 300 000 jeunes à l’automne 1945, tandis que les « vaillants » et les « vaillantes » organisent 45 000 enfants en janvier 1946.
3Notre article s’attache à la stratégie de diversification éditoriale de la presse développée par le Parti communiste français entre 1944 et 1947, période phare de son rayonnement politique3. Nous notons qu’elle est centrée sur la jeunesse en 1944 et que cette orientation s’infléchit dès la fin de l’année 1945 pour faire du sport, une rampe de lancement des feuilles communistes. Nous nous appuyons dans notre démonstration sur l’exemple de l’hebdomadaire : Jeune combattant (septembre 1944) qui devient Miroir-Sprint en mai 1946.
4Fortement touchée par la guerre, fragilisée, indécise, la jeunesse représente dans le contexte de la Libération et de la reconstruction de la France une problématique majeure. La presse de jeunesse avec la création de l’hebdomadaire Jeune combattant contribue à vivifier les engagements et à façonner les identités politiques. Jeune combattant et France-URSS sont tirés chacun à 200 000 exemplaires. Au regard de ce succès éditorial et dès la fin de l’année 1945, le Parti communiste français développe un projet général qui souhaite faire du sport un agent d’unification et de contrôle de la jeunesse. Car les communistes ne sont pas restés inactifs dans le domaine du sport. Ils ont impulsé sa municipalisation par la création des offices. Ils ont positionné le recteur Jean Sarrailh à la tête de la direction générale de l’éducation physique et des sports4, encouragé les combats de la FSGT5 sur le terrain associatif et joué un rôle majeur dans l’enseignement de l’éducation physique6 à l’école et dans le sport de haut niveau par l’intermédiaire des formateurs7 de l’Institut national des sports. Au total, ils proposent une large réflexion pour construire une politique sportive inspirée du modèle soviétique.
5Le sport devient ainsi un élément de dynamisation de la presse communiste. Nous enregistrons la naissance de Sports en février 1946 devenu quotidien au cours du printemps, puis le 29 mai 1946 de Miroir-Sprint, hebdomadaire multi-sports, en même temps que Ce soir et l’Humanité réservent une place beaucoup plus importante à l’actualité sportive. La qualité des chroniqueurs capables de tenir le lectorat autour du seul thème sportif est susceptible d’ouvrir la presse communiste à un public beaucoup plus large. Mais la motivation à promouvoir des titres sportifs relève également du jeu concurrentiel qui anime le champ de la presse fortement marqué en ces années par l’épuration8. L’objectif n’est-il pas d’évincer définitivement les vieux rivaux de L’Auto ou de Miroir des sports, désormais exclus ? Le paradoxe consiste ici à créer de nouveaux titres tout en copiant singulièrement les réalisations d’avant-guerre, notamment par l’organisation d’événements sportifs à forte portée populaire tels que les courses cyclistes. La tendance à reproduire, à coller au plus près du concurrent, n’est-elle pas préjudiciable en terme d’inventivité, voire de renouvellement de la presse sportive ? On peut dès lors s’interroger sur la spécificité d’une presse sportive communiste.
6Notre exposé s’organise en un plan chronologique très classique qui présente et analyse successivement les titres de la presse communiste.
Une presse dédiée à l’unification de la jeunesse
7Le projet initial des communistes consiste à profiter de l’élan de solidarité lié aux combats dans la résistance pour unifier de manière large les forces vives de la jeunesse venues de différents horizons politiques et confessionnels afin de les structurer au sein de la FUJP (Fédération unitaire de la jeunesse patriote). Le domaine de la presse, vecteur d’interaction privilégié avec la population, appelé à être totalement rénové constitue une priorité. Dans le cadre de l’occupation, le sport reste secondaire avant d’apparaître à compter de novembre 1945 comme un facteur moderne d’attraction et un liant potentiel des jeunes.
« Jeune combattant, hebdomadaire9 des forces unies de la jeunesse patriotique » de septembre à décembre 1944
8La précocité de sortie d’un hebdomadaire de jeunesse dans le contexte de la Libération doit interpeller. Jeune combattant paraît sous ce titre dès septembre 1944 (le 9) et ce jusqu’au 23 décembre de la même année. Sa direction est confiée au nouveau secrétaire national des Forces unies de la jeunesse patriotique (FUJP), Guy de Boisson, chef de maquis Franc-Tireur et partisan (FTP), lieutenant d’artillerie, croix de guerre, cité au mémorial de France. Il est aussi secrétaire des jeunes de la libération nationale et surtout député de l’Aveyron, sympathisant communiste à l’assemblée nationale. La nomination de G. de Boisson prolonge l’action menée par Jean Pronteau10, communiste non déclaré, qui a joué jusque-là un rôle majeur dans la structuration des forces de la jeunesse combattante. Il convient ici de revenir brièvement sur la genèse de ces organismes, sur le parcours de J. Pronteau et sur l’importance que représente la jeunesse et sa mise en réseau en 1944 alors que le pays n’est pas encore libéré.
9Issues de la fusion des Forces unies de la jeunesse11 et du Front patriotique de la jeunesse, c’est en octobre 1943 que sont créées les Forces unies de la jeunesse patriotique (FUJP), dont J. Pronteau est l’un des principaux responsables. Les FUJP regroupent les Jeunes Chrétiens combattants, les jeunes de l’OCM (Organisation civile et militaire), la Fédération des jeunesses communistes de France, les jeunes du Mouvement de libération nationale, le Front patriotique de la jeunesse, l’Union des étudiants patriotiques, Sport libre, les Jeunes Paysans patriotiques, l’Union des jeunes filles de France, les Jeunes Laïcs combattants, les Jeunes Protestants patriotiques, les Jeunes Francs-Tireurs et partisans.
10En février 1944, après une tentative manquée pour quitter la France, J. Pronteau rentre à Paris. Devenu le colonel Cévennes, il entre en contact avec l’OCM et devient l’un des dirigeants de l’Organisation de jeunesse (OCM-J), tout en conservant ses fonctions de secrétaire national des FUJP. Le 22 mars 1944, il adresse une motion au Comité français de libération nationale pour déplorer l’absence du PCF en son sein « étant donné la part considérable qu’a prise ce parti dans toutes les activités de la résistance et sa position d’avant-garde dans la lutte patriotique ». Le 31 mai, fort de cette formule : « Est jugé capable de tenir un fusil, doit être capable de faire usage du bulletin de vote », le secrétaire se tourne vers l’Assemblée consultative d’Alger pour exprimer son regret devant sa position hostile à l’égard du droit de vote des jeunes et des soldats de 18 à 21 ans. Le soutien à la motion communiste présentée à l’Assemblée ne fait pas l’unanimité au sein des FUJP. C’est par son action militaire que J. Pronteau s’impose. En juin 1944, le colonel Cévennes est nommé délégué militaire des FUJP à l’état-major national des Forces françaises de l’intérieur. Le 13 juin, les FUJP s’adressent à Churchill et à Roosevelt pour réclamer des armes et soutenir le général de Gaulle dans son opposition à l’émission d’une monnaie d’occupation. Lors de l’insurrection de Paris, qui débute le 19 août 1944, le colonel Cévennes commande le secteur du Quartier latin. Il est nommé le 23 septembre 1944 dirigeant de la délégation Forces françaises de l’intérieur (FFI) à Londres, et c’est sous sa signature que, le 1er octobre, le secrétariat national des FUJP envoie une lettre au général de Gaulle à propos des questions de jeunesse pour lesquelles son dessein est clair :
« Groupons […] toutes les tendances professionnelles, politiques, sportives et éducatives de la jeunesse […] notre dessein n’est pas de perpétuer les organisations de la résistance […] dans leur forme actuelle, mais bien d’entraîner toute la jeunesse française dans la lutte ouverte […] qui vise au rétablissement de la France dans sa souveraineté et sa grandeur12. »
11La création d’un hebdomadaire destiné à la jeunesse combattante s’inscrit bien comme son sous-titre13 le rappelle dans cette ambition de rassemblement. Dans la perspective de la Libération de la France et de la reconstruction du pays, les organisations de jeunesse communistes entendent prendre de vitesse leurs concurrents et structurer derrière les valeurs de solidarité patriotique des jeunes désorientés. « S’interdisant toute querelle d’ordre politique ou confessionnel, (car) ces jeunes ont appris vraiment à s’estimer et à s’aimer dans la lutte commune contre l’occupant et les traîtres14 », la FUJP s’efforce donc de grouper les représentants qualifiés de toutes les organisations de la jeunesse. Parce que ces jeunes ont été « l’âme du combat de libération sur les barricades parisiennes comme dans la France entière et engagés dans la lutte armée », ils leur revient de s’investir dans la reconstruction de la France par l’élaboration de la « charte de la jeunesse » pilotée de fait par la FUJP. Mettant en avant le sacrifice des vies humaines, le martyre des engagés, photos à l’appui15, le journal entend devenir le porte-parole de l’ensemble de la jeunesse, évoquant tout à la fois ses problèmes, mais aussi ses aspirations.
12Il s’agit donc d’un journal traité par des jeunes, pour des jeunes. Il y sera question de sport, de cinéma, de la vie littéraire et artistique, de la vie syndicale, militaire, de l’enseignement… Le journal devient aussi une tribune de revendication pour leur attribuer toute la place politique dans le cadre du gouvernement provisoire de la république française. Sous la plume du chroniqueur, le secteur de la Jeunesse et des sports leur revient naturellement. Car dans un contexte qui n’est pourtant guère propice mais qui voit la reprise progressive de la vie sportive, cette dimension n’est pas négligée. La commission technique du « Sport libre », « l’organisation des sportifs résistants », sous l’influence déterminante de Jean Guimier16 s’est déjà penchée sur les questions des équipements, de la formation des cadres, de la propagande. Elle réclame la création d’un corps de médecins spécialisés, l’obligation de l’EPS à l’école dans les différents niveaux d’enseignement, l’élaboration d’un plan de cinq ans d’équipements sportifs, un terrain d’entraînement complet dans chaque commune, école, caserne, entreprise… la formation de mille professeurs et de trois mille moniteurs pour l’enseignement, enfin la réorganisation démocratique du Comité national des sports et des fédérations17.
13Au fil de ces premiers numéros, le positionnement de la chronique « sport libre » au sein de la rédaction se dessine plus avant. Inséré dans les dernières pages18, le sport progresse en volume. Il est désormais question de développer un grand journal consacré exclusivement au sport. L’hebdomadaire militant use alors de techniques d’argumentation bien rôdées pour mobiliser ses lecteurs afin de préserver presse et sport : il dénonce le sabotage tant au sein du « groupement syndical de la presse des jeunes19 » tout juste édifié que des instances nationales du sport français encore habitées par de
« vieux états majors démodés, mi-inconscients, mi-vendus [qui] encombrent à nouveau les bureaux, les charlatans opèrent plus facilement qu’aux jours les plus dorés de l’avant-guerre, les corrompus d’hier et de toujours espèrent pouvoir conduire le pays vers des destinées heureuses […] ainsi M. Jules Rimet, liquidateur des biens juifs joue les apôtres […] M. Sarrailh se débat dit-on entre les incompétences et les mauvais vouloirs20… »
Le jeune combattant magazine, J. (6 janvier 1945-18 mai 1946)
14Dès le début de l’année 1945, la rédaction se positionne dans le camp des vainqueurs. En proposant une version modernisée de l’hebdomadaire, elle entend diffuser plus largement son message et ses valeurs. À compter de novembre 1945, le journal se détourne de l’information liée à la guerre pour s’orienter plus précisément vers la vie sportive. Dans ce contexte, le sport incarne la vie, le souffle, le progrès, la solidarité. Il est susceptible de mobiliser les lecteurs jeunes. Il absorbera Jeune combattant.
15À l’aube de la nouvelle année 1945 : année de victoire, année d’espoir pour les communistes, une nouvelle version du journal voit le jour. Le numéro 17 du Jeune combattant paru le 6 janvier 1945 devient Le jeune combattant magazine, sous le sigle J. Profitant des premières opportunités de réapprovisionnement en papier, la rédaction s’empresse de modifier sa parution. L’hebdomadaire réduit son format et passe à 5 francs. Composée de 25 feuillets, la nouvelle édition apparaît beaucoup plus dynamique grâce à une mise en page qui alterne textes et photographies. L’information se revendique la plus complète possible. Elle reprend certains épisodes de la guerre et de la libération, des analyses régionales et internationales. Elle intègre un feuilleton, une rubrique littéraire et cinématographique. Elle fait place à une chronique sportive très illustrée. Si les premiers numéros restent focalisés sur le projet de rassemblement de la jeunesse, tentant encore d’intégrer la jeunesse catholique par le biais du scoutisme21, ils évoquent avec force les événements qui proviennent des différents fronts de libération. Cantonné aux deux dernières pages, le sport se limite à quelques commentaires et résultats. La fin de l’année 1945 enregistre de notables modifications dans la conception éditoriale. Le dernier numéro de novembre 1945 comporte quatre pages de sport ponctuées de nombreux clichés et la couverture du numéro 4822 affiche une photo du boxeur Assane Diouf qui doit affronter Marcel Cerdan, le champion préféré des Français. Le numéro suivant regroupe onze pages d’informations sportives.
16Avec l’effet Cerdan, l’idée sportive est lancée et le succès assuré. Dès lors, le journal cible régulièrement sa une sur l’événement sportif. À compter de février 1946, toutes les couvertures de J. sans exception illustrent la vie sportive française et internationale avec une prédilection pour le cyclisme, la boxe, le football et l’athlète Marcel Hansenne23. Au-delà des résultats et du sport de haut niveau, la rédaction reste attachée pour redresser le pays à la promotion d’une politique sportive solide, dotée de moyens en direction de l’éducation physique, des sports et du plein air calquée sur le modèle soviétique. Le congrès national du sport doit en effet se tenir à Paris en juin. Véritable tribune, le journal réclame
« de l’argent pour la formation physique de notre jeunesse, c’est une économie substantielle sur le budget de la santé, c’est une participation efficace à l’œuvre de renaissance physique du pays24 ».
17Le modèle de la jeunesse soviétique « responsable de la victoire dans la guerre anti-fasciste » est rappelé régulièrement aux lecteurs.
« Ceux qui ont vu le film en couleur le “festival des sports de Moscou” de 1945 ont pu se rendre compte que l’argent dépensé en URSS pour l’Éducation physique et le sport n’est pas gaspillé. Quelle jeunesse admirable l’URSS ne produit-elle pas25 ? »
18La rédaction glisse ainsi quelques reportages conformes à ses options politiques. Au moment où les fédérations soviétiques envisagent leur participation aux compétitions internationales et aux Jeux olympiques, Georges Oudine se penche sur l’organisation du sport soviétique et révèle les clés de la réussite de son football.
« Avant la révolution d’octobre, les sports n’étaient guère développés en Russie […] Au lendemain de la révolution, le régime soviétique considère le sport comme un moyen d’éducation et comme faisant partie d’une des branches de l’activité officielle de l’État. Aujourd’hui la pratique des sports est devenue obligatoire aussi bien dans les organisations de jeunesse et les syndicats que dans l’armée ou à l’usine. […] Le trait le plus caractéristique de l’organisation des sports en URSS est assurément l’absence de clubs “privés” ; tous en effet appartiennent à l’armée ou à quelque organisation officielle26. »
19S’accompagnant de nombreuses photographies, ces reportages mettent en valeur la foule et l’adhésion populaire ou bien le talent et l’excellence des résultats des athlètes.
20Mais, la reprise de l’actualité cycliste française avec notamment la réédition de la course mythique Paris-Nice aiguise les rivalités journalistiques. Le numéro 71 du 11 mai 1946 prévoit des changements éditoriaux en même temps qu’il précise que le confrère Ce soir a l’intention de faire revivre cette année la « course au soleil », la course cycliste Paris/Nice en cinq étapes. Dès lors s’impose la relance dans le paysage de la presse française d’un grand magazine sportif illustré avant que les concurrents d’hier ne retrouvent une légitimité. Après 18 mois de parution, J. s’éteint le 18 mai 1946 pour laisser place à Miroir-Sprint. Une page se tourne.
Miroir-Sprint 27 (29 mai 1946) : une copie de Miroir des sports ?
21Il semble bien que ce soit la concurrence au sein de la presse sportive qui explique après la parution du quotidien Sports en février celle de Miroir-Sprint en mai 1946. Solidement implantée, la presse communiste tente de diversifier ses titres et de prendre la main dans un secteur très populaire qui lui a échappé avant-guerre. En matière de magazine, sa principale source d’inspiration demeure l’hebdomadaire Miroir des sports. Successeur du Miroir28, créé en 1910 par Paul Dupuy, au sein du groupe de presse Le Petit Parisien, Le Miroir des sports, né en juillet 1920 reflète la montée de l’engouement au cours des « Années folles » pour le sport, ce nouveau phénomène de société. L’enthousiasme du public au moment du championnat du monde de boxe disputé entre le Français Georges Carpentier et l’Américain Jack Dempsey en constitue un exemple. La presse sportive s’adresse à un lectorat toujours plus large. Le Miroir des sports invente le reportage sportif dans lequel la photographie de l’instant de l’exploit ou de la compétition prend le pas sur les articles techniques. Ainsi il restitue les Tours de France des années 1930 et connaît un énorme succès de ventes. La Seconde Guerre mondiale interrompt la parution du titre en août 1939. Mais en avril 1941, il reparaît : 158 numéros sont publiés jusqu’au 31 juillet 1944. À la Libération de la France, il est interdit29. C’est donc cet espace vacant que Miroir-Sprint entend occuper tout en utilisant les vieilles recettes de son rival. Car, le paradoxe de la création du nouvel hebdomadaire sportif communiste repose sur sa capacité à copier en tout point un journal issu pourtant des grands groupes de presse capitalistes. Aussi, nous sommes-nous attachés à décrypter la politique éditoriale de Miroir-Sprint autour de quelques-unes de ses priorités.
22Tout d’abord, le choix du nom du journal. La reprise du terme « miroir » a éveillé notre attention. Miroir-sprint pour un hebdomadaire qui traite de tous les sports est un titre qui surprend. La justification sémantique assez peu convaincante qui en est faite dans le premier numéro reflète ces ambiguïtés.
« Miroir-sprint se présente…
Avec son air vénérable et un tantinet austère, M. Larousse reste en définitive le présentateur le plus impartial que l’honorable corporation ait jamais connu. Dans quels termes parle-t-il d’un miroir M. Larousse ? Miroir vient de mirer, qui signifie regarder. Et c’est bien ce que se propose le magazine qui se présente à vous avec les yeux neufs et impartiaux nécessaires chaque fois qu’on veut juger de sport.
Le regarder avec l’objectif de ses appareils photos toujours braqués là où ce sera nécessaire, le regarder avec les yeux de nos rédacteurs qui s’ils s’efforceront de justifier le mot miroir au sens figuré, c’est-à-dire ce qui donne l’image d’une chose et la met en quelque sorte devant nos yeux se garderont de tomber dans l’erreur signalée par le Grand Corneille.
“Mais l’exemple souvent n’est qu’un miroir trompeur.” C’est cela que nous voulons éviter. Même exercice pour le mot sprint ignoré de M. Larousse ; […] il n’est qu’à observer les athlètes, qu’à parcourir les pelouses, qu’à fouiller les stades pour en découvrir.
Ces gestes loyaux et artistiques, ces gestes gracieux ou virils, échevelés ou raisonnés, nous les dédions à la grande masse des Français épris de sport.
Nous les leur dédions en espérant qu’ils constituent pour eux l’exemple qui les entraînera à rejoindre l’élite sportive que Miroir sprint nous donne l’occasion de présenter à ses lecteurs et à laquelle chacun peut prétendre30. »
23Pour ceux qui ont connu et acheté Miroir des sports, la proximité de l’intitulé invite nécessairement à la confusion. La rédaction poursuit l’objectif évident de pérenniser la clientèle. Mais au-delà du titre, c’est le format et la présentation qui s’avèrent identiques. Tout comme Miroir des sports, le journal dirigé par G. de Boisson se présente dans une taille proche du A4. Il comporte également seize pages abondamment illustrées. La page de garde affiche une image noir et blanc qui occupe tout le cadre alors que le titre apparaît en surimpression. En bas de cette première page, on note dans les deux cas la formule « magique », quasi-incantatoire : « Le plus fort tirage des hebdomadaires sportifs. » La dernière page est également construite à partir d’une photographie.
24On trouve dans Miroir sprint :
« – L’actualité sportive de la semaine.
– Des indiscrétions et des échos sportifs.
– De grands reportages sur les principales manifestations sous la signature des plus grands noms de la presse et du sport français31. »
25Ce qui fait la force de l’hebdomadaire, c’est sur le modèle de Miroir des sports la qualité des reportages. Le parti-pris demeure la priorité de l’image sur le texte pour toucher un public plus curieux que lecteur. La richesse et l’abondance des photographies rend compte de l’expertise des journalistes, envoyés spéciaux qui se déplacent aussi bien à l’intérieur qu’au-delà des frontières nationales et internationales. Car les journalistes sportifs32 réunis dans cette aventure ne sont pas des débutants. Ils allient compétences et passion du sport. Dans les colonnes de Miroir-Sprint, on croise des spécialistes promis à un bel avenir tels que Jacques Marchand qui couvre la boxe, Raymond Meyer l’athlétisme, Georges Pagnoud le rugby, François Terbeen le cyclisme…
26La mise en page apparaît particulièrement vivante utilisant les encadrés, les portraits. Au fil des numéros se dégage le souci de renouveler les chroniques pour fidéliser le lecteur sans le lasser. À titre d’exemples : « La tournée des petits clubs de football » qui nous fait visiter les villes de province, la naissance de leurs clubs, l’engagement des dirigeants, le palmarès qui fait la fierté des habitants… « les grandes minutes du sport » : rubrique rétrospective qui revient sur des grands événements ou des grands champions. Dans cet ensemble, les développements techniques et didactiques sont modérés mais réguliers. Prime le lien avec le public et l’indispensable interactivité qui s’exprime à travers l’organisation de concours notamment. Dans son premier numéro, le journal propose son concours, lots à l’appui qui teste les lecteurs sur leur connaissance du sport français.
« Disons plutôt un référendum, le plus populaire et le plus ample qui n’a jamais été entrepris sur le sujet. Se reporter à la page 15[…]
Avec différents prix : le premier 25 000 F
25 prix de 1 000 F
70 prix de 500 F soient au total : 100 000 F33. »
27Sur le plan des contenus, le magazine comme son homologue reste centré sur les sports professionnels que l’on peut classer par ordre de volume. De loin, le cyclisme incarne le sport-roi. Il est suivi par la boxe, le football, le rugby plus fréquent avec l’arrivée de G. Pagnoud à la rédaction et à un moindre niveau l’athlétisme couvert par R. Meyer. On peut effectivement s’étonner d’un tel choix éditorial pour un journal à vocation communiste qui combat les dérives du professionnalisme. Mais la réussite de la presse sportive exige de surmonter quelques contradictions.
28Le cyclisme demeure une fois encore l’Activité de la presse sportive d’après-guerre à l’image des succès remportés par L’Auto d’Henri Desgrange34 avec l’invention du Tour de France. C’est bien autour du vélo que se nouent les synergies qui relient les journalistes et les parutions sportives communistes à la Libération. Il s’agit de faire l’actualité sportive en inventant de nouveaux événements, véritables feuilletons populaires qui passionneront les Français jour après jour. Et puisque le Tour de France et ses concepteurs sont momentanément hors-jeu, la direction décide de se réapproprier l’organisation des courses cyclistes. Le journaliste G. Pagnoud à la tête de la rédaction de Ce soir35 s’affirme comme le grand concepteur de ces « nouvelles » épopées cyclistes. C’est ainsi qu’il crée en 1945, une épreuve disputée en région parisienne, le circuit des Boucles de la Seine36. L’année suivante, il tente de reprendre la course à étapes Paris-Nice. L’épreuve appartenait à un journal interdit de publication, le Petit-Niçois du groupe de presse Patenôtre. Les communistes des Alpes-Maritimes, qui président le Conseil général, avec Virgile Barel sont alors alliés au maire de Nice, Jean Médecin. Ils font appel à Ce soir et à G. Pagnoud. La course est remportée par le Franco-Italien Fermo Camellini. L’idée est abandonnée l’année suivante37. Mais, le projet qui tient le plus à cœur reste l’organisation d’un Tour de France qui ressemblerait en tout au Tour de France, épreuve-reine du calendrier, sans en porter le nom. G. Pagnoud de la rédaction de Ce soir, s’associe à Miroir-Sprint et au quotidien Sports et imagine une nouvelle course, baptisée « la Ronde de France », disputée en 5 étapes38 entre Bordeaux et Grenoble via Pau, Toulouse, Montpellier et Gap. Bien évidemment située aux beaux jours de juillet, la date de clôture de cette Ronde de France témoigne d’une volonté d’ancrer l’épreuve sportive dans le patrimoine historique français39. Contrairement aux attentes des organisateurs, le déroulement de la course ne permet pas la mise en valeur du cyclisme français. Deux coureurs tricolores gagnent une étape, Raymond Louviot à Montpellier et Apo Lazaridès à Grenoble, au terme d’un exploit, puisqu’il devance son second de plus de huit minutes. Cependant les deux premiers au classement final sont les Italiens Giulio Bresci et Enzo Bertocchi, qui ont entamé l’épreuve française après avoir disputé le Tour d’Italie, où ils ont affûté leur « forme » physique. Les Français font un tir groupé à partir de la troisième place. Un mois plus tard, la course Monaco-Paris, déjà nommée « petit Tour de France », organisée par L’Équipe, se termine, elle, sur la victoire française d’A. Lazaridès. Nul doute, outre l’expérience organisationnelle des successeurs de L’Auto, que la victoire d’A. Lazaridès, révélation de l’année, devant René Vietto et le breton Jean Robic, tout comme le déroulement de la course, à rebondissements, confortent l’Équipe, aux yeux des autorités politiques et sportives, dans sa vocation à reprendre en 1947 le vrai Tour de France40. Malgré cet échec, la direction de Miroir-Sprint privilégie le cyclisme dans ses colonnes. Ainsi en juillet 1947, le Tour de France, qualifié de « grande aventure » donne lieu à la parution de sept numéros spéciaux en supplément des magazines réguliers.
29Au second rang des activités « vendeuses », la boxe. Les journalistes sont intarissables lorsqu’il s’agit de M. Cerdan et de ses exploits. On retrouve dans Miroir-Sprint les procédés classiques du journalisme sportif qui visent à ériger l’athlète en héros des temps modernes pour forcer les identifications. Alors que le Parti communiste milite pour une pratique sportive de masse, Miroir-Sprint, lui se focalise sur les élites et sur leur destin exceptionnel. On suit ainsi M. Cerdan au jour le jour dans toutes ses péripéties sportives et familiales. Le duel tant attendu Cerdan-Charron est enfin programmé pour le 25 mai 1946 ! « Devant 50 000 spectateurs, Cerdan et Charron vont être les deux vedettes d’un drame41. » C’est sans complexe que le journaliste, André Poirier rend compte des sommes exorbitantes allouées aux vedettes :
« Samedi 25 mai, gantés de six onces, ils se serreront encore une fois la main avant de se foudroyer non du regard mais de puissants crochets dans un combat qui marquera une grande date de l’histoire pugilistique moderne et à l’issue duquel l’un et l’autre encaisseront une somme encore jamais atteinte sur un ring français42. »
30Sur ces deux années d’analyse de l’hebdomadaire, M. Cerdan43 est la personnalité qui occupe le plus souvent la Une. On le voit ainsi en gros plan dans les rues animées de New York44 alors qu’il doit affronter Abrahms. Le numéro suivant45 le montre à terre face à l’Américain. Le 4 février 1947, le journal46 célèbre sa victoire de champion d’Europe au parc des expositions de la porte de Versailles. Puis, sa deuxième tournée aux États-Unis mobilise la rédaction qui suit son combat contre Harold Green. La une du no 4547 cadre le boxeur au Madison Square Garden devant 18 000 spectateurs…
31Le journal n’hésite pas à dire sa fascination pour les boxeurs américains48, notamment Joe Louis et Billy Conn49 avec lesquels les communications sont nombreuses et donnent lieu à échanges et entretiens. Pour un organe de presse contrôlé par le Parti communiste50, la ligne éditoriale s’inscrit à contre-courant des options idéologiques. Le sport en URSS est abordé une seule fois51 sur ces deux années dans le cadre d’un reportage photographique qui souligne l’adhésion de masse dans le grand stade du Dynamo de Moscou. Qui plus est, le numéro coïncide avec la une de M. Cerdan au Madison Square. On peut également s’étonner de certaines positions prises par G. Pagnoud52 dans ses éditos. Ainsi, lors des grandes grèves orchestrées par la CGT qui paralysent tout le secteur de l’imprimerie et de la presse en mars 194753, il affiche son mécontentement et s’interroge sur l’avenir des grandes courses cyclistes financées par les trésoreries de journaux. Que dire enfin des silences assourdissants sur l’environnement social et international en cette fin d’année 1947 ?
32L’étude de l’organe de presse montre clairement la volonté d’apolitisme et d’effacement de l’idéologie marxiste poursuivie par la rédaction. Là encore, l’orientation s’inspire des consignes mises en œuvre par L’Auto ou le Miroir des sports avant-guerre. Depuis la naissance de L’Auto-Vélo réalisée grâce à l’éviction de Vélo54 du paysage médiatique, Henri Desgrange a théorisé le principe de neutralité politique.
« Il ne sera jamais à l’Auto-Vélo, question de politique. Soyez donc ô lecteurs, ou pour ou contre… ce que vous savez, mais ne comptez jamais sur l’Auto-Vélo pour vous en parler55. »
33Directeur du journal L’Équipe dans les années 1960, E. Seidler56 évoque les relations délicates entre sport et politique dans la presse. L’objectif reste de « se tenir au-dessus de la mêlée : but quelquefois difficile à atteindre lorsque ce souci de neutralité se heurte aux impératifs promotionnels. »
34Il s’agit bien sûr d’une stratégie commerciale qui a largement fait ses preuves et qui réussit somme toute assez bien à Miroir-Sprint57 qui atteint au plus fort de ses ventes les 400 000 exemplaires tout juste avant le retour de son concurrent Miroir des sports en 1951.
35Dans sa volonté de diversifier la presse après-guerre, le Parti communiste s’inscrit de plain-pied dans des logiques de marchés dominées par les enjeux économiques58. La promotion d’une presse sportive est au cœur de ce dispositif. Car le sport présente pour le grand public une évidente neutralité. Conscient qu’en gommant ses spécificités idéologiques, le parti peut au travers d’organes de presse « consensuels » conquérir de nouveaux marchés, de nouveaux lecteurs et pratiquants et par ce biais éventuellement de nouveaux sympathisants. Le projet demeure éminemment politique.
Conclusion
36Dans cette courte période, transition majeure qui prépare la reconstruction de la France, l’étude de la presse communiste nous livre de multiples éclairages. Nous notons tout d’abord la réactivité des instances de direction pour se positionner dans des espaces devenus vacants et appelés à être totalement rénovés. Considérés comme porteurs pour l’avenir, les secteurs de la jeunesse et des sports donnent lieu à la création d’une presse de divertissement censée renouveler une presse d’opinion bien implantée. Si la création de Jeune combattant obéit à des motivations essentiellement idéologiques et use d’une rhétorique désormais bien analysée59, la naissance de Miroir-Sprint tout en s’inscrivant dans une certaine continuité développe d’autres arguments éditoriaux dictés par la concurrence et la loi du marché. Comme toute entreprise de presse, sa préoccupation majeure reste le tirage, les ventes, les profits et sa capacité à capter le nombre le plus important de lecteurs pour en faire éventuellement des sympathisants. Il s’agit de se fondre dans le paysage médiatique en gommant toute spécificité. Dans cette étude, nous avons regretté de ne pouvoir accéder aux archives des organes de presse qui auraient certainement ouvert d’autres voies d’interprétation. De plus la personnalité des journalistes sportifs mérite une étude plus approfondie compte tenu de la renommée et de la longévité qu’ils ont pour la plupart connues dans leur carrière. Nous avons été intéressée par les trajectoires professionnelles de ces spécialistes qui peuvent successivement travailler à l’Écho des sports, à Miroir-Sprint, puis à L’Équipe. Il reste donc à mener une étude prosopographique des journalistes sportifs afin de mieux identifier les réseaux et appréhender leur porosité.
Notes de bas de page
1 Voir la légitimité de cette revendication dans l’article d’Yves Santamaria à propos du journal l’Humanité, Occupation, résistance, clandestinité, « “La chaîne de vérité”, l’Humanité clandestine, 1939-1944 », C. Delporte, C. Pennetier, J.-F. Sirinelli et S. Wolikow (dir.), L’Humanité de Jaurès à nos jours, Paris, Nouveau Monde, 2004, p. 183-197.
2 Aux élections municipales des 28 avril et 13 mai, il conquiert de nombreuses municipalités avec ses listes dites d’« unions patriotiques républicaines anti-fascistes ». Les résultats aux élections du 21 octobre 1945 permettent à cinq communistes d’entrer dans le gouvernement : Maurice Thorez, François Billoux, Charles Tillon, Marcel Paul et Ambroise Croizat. S. Courtois, M. Lazar, Histoire du Parti communiste français, Paris, PUF, 1995, p. 230.
3 Les effectifs communistes connaissent une véritable explosion. De 60 000 en août 1944, les communistes sont 368 000 en décembre. Deux ans plus tard, le PCF atteint son record historique avec plus de 814 000 membres (deux fois et demi plus qu’en 1937). La répartition couvre désormais tout le territoire national avec une percée en zone rurale. Suite aux mouvements sociaux et à compter de mai 1947, les communistes ne font plus partie du gouvernement. Leur influence politique décline. S. Courtois, M. Lazar, op. cit., p. 239.
4 À la suite d’une violente campagne du mouvement sportif, il doit quitter ses fonctions dès janvier 1946. Il est remplacé par Gaston Roux. M. Amar, Nés pour courir, sport, pouvoirs et rebellions. 1944-1958, Grenoble, PUG, 1987, p. 44.
5 en deux ans, la FSGT triple le nombre de ses adhérents. Ils passent de 51 946 en 1945 à 155 160 en 1947. M. Amar, op. cit., p. 153.
6 G. Couturier, Jean Guimier 1913-1975, une vision politique et culturelle pour l’éducation physique et le sport, Paris, L’Harmattan, 2001.
7 Voir l’action de Maurice Baquet et de Robert Mérand dans la formation des cadres d’éducation physique.
8 L’épuration est préparée de longue date par les instances de la presse clandestine et définie dans ses modalités par le « cahier bleu » adressé aux commissaires de la république, aux préfets, aux comités départementaux de la libération (CDL). Elle est codifiée par l’ordonnance d’Alger du 22 juin 1944 qui affirme la nécessité immédiate de supprimer les « journaux compromis ». F. D’Almeida, C. Delporte, Histoire des médias en France. De la grande guerre à nos jours, Paris, Flammarion, 2003, p. 140.
9 L’intégralité de la collection a été consultée à la BNF sous la côte MFILM GR FOL-JO-3461.
10 Les données biographiques qui suivent, s’appuient pour l’essentiel, sur les éléments qui figurent dans le fonds Pronteau déposé à l’IHTP, complétés par quelques témoignages et des éléments bibliographiques, en particulier : P. Robrieux, Histoire intérieure du parti communiste (tome 4), Paris, Fayard, 1984, p. 460-462.
11 Dont Pierre Hervé a été l’un des fondateurs.
12 Lettre du 1er juillet 1944 du secrétariat des FUJP au CNR (Conseil national de la résistance).
13 « Jeunes Catholiques combattants, Jeunes Protestants patriotes, Jeunes des mouvements unis de résistance, Jeunes Laïcs combattants, Front patriotique de la jeunesse, Fédération des jeunesses communistes, Union des étudiants patriotes, Jeunes Paysans patriotes, Sport libre, Jeunes des francs-tireurs et partisans français. »
14 Ibid.
15 Jeune combattant, no 2, 16 septembre 1944.
16 G. Couturier, op. cit. Jeune combattant, no 5, 7 octobre 1944.
17 Jeune combattant, 21 octobre 1944.
18 À compter du no 10 du 11 novembre 1944.
19 Jeune combattant, 16 décembre 1944.
20 Jeune combattant, 9 décembre 1944.
21 J., 18 janvier 1945. Interview de J. Jousselin, secrétaire général du scoutisme français qui commente l’accord d’union du 27 décembre 1944 qui eut lieu dans les locaux du scoutisme de France.
22 J., 1 au 7 décembre 1945.
23 M. Hansenne, champion d’athlétisme en 1 500 m est l’un des rédacteurs principal des pages sportives.
24 J., no 55, 19 janvier 1946.
25 Ibid.
26 J., no 69, 27 avril 1946.
27 Miroir-Sprint sort de manière ininterrompue jusqu’en 1971.
28 Le Miroir suivait l’actualité des « têtes couronnées » et des spectacles. Après la déclaration de guerre, en août 1914, il suit le conflit dans toutes ses phases, l’illustrant de photos qui sont devenues une source iconographique importante de la Première Guerre mondiale.
29 Il réapparaît sous le titre But et club en 1947 dirigé par Gaston Bénac de Paris soir, puis sous son titre de Miroir des sports en 1951 jusqu’en 1968. La réapparition en 1951 du titre Miroir des sports correspond à la prise du pouvoir, à la direction de l’hebdomadaire, de Félix Lévitan, un des personnages-clés du cyclisme pendant plus de trente années. Il est aussi, avec son journal le Parisien libéré, co-organisateur du Tour de France.
30 Miroir-Sprint, no 1-nouvelle série, 29 mai 1946.
31 J., no 71, 11 mai 1946.
32 Ces personnalités qui ont fait leurs preuves dans d’autres rédactions avant-guerre sont réunies par l’expérience de la résistance. Elles auront pour la plupart une carrière journalistique très riche.
33 Miroir-Sprint, no 1-nouvelle série, mercredi 29 mai 1946.
34 L’organisation du premier Tour de France en juin-juillet 1903, avec plus de 50 000 exemplaires vendus propulse durablement le titre dans le paysage médiatique français.
35 A. Courban, « Ce soir, le deuxième quotidien communiste », X. Vigna, J. Vigreux, S. Wolikow (dir.), Le Pain, la paix, la liberté, expériences et territoires du front populaire, Paris, Éditions Sociales, 2006, p. 195-205.
36 Cette course est reprise en 1953 par l’Humanité et l’Humanité-dimanche. Elle perdure jusqu’en 1973.
37 Paris-Nice ne sera disputée à nouveau qu’à partir de 1950, sous la direction d’un autre journaliste sportif, Jean Leulliot.
38 Il existe un obstacle de taille au lancement d’un vrai Tour de France : la limitation, après la Libération, des courses cyclistes à une durée maximum de 5 jours.
39 P. Lagrue, Le Tour de France reflet de l’histoire et de la société, Paris, L’Harmattan, 2004.
40 S. Laget, Tour de France, 100 ans, 1903-2003, volume 1. 1940-1946, des ersatz, Éditions de L’Équipe, 2002.
41 Miroir-Sprint no 1, 29 mai 1946.
42 Ibid.
43 Au lendemain de la mort de M. Cerdan le 28 octobre 1949, l’ensemble de la presse française bat ses records de vente. Le Parisien libéré est le grand vainqueur en accroissant sa diffusion de 16 %. E. Seidler, Le sport et la presse, Paris, A. Colin, 1964, p. 182.
44 Miroir-Sprint no 27, 26 novembre 1946.
45 Miroir-Sprint no 29, 10 décembre 1946.
46 Miroir-Sprint no 37, 4 février 1947.
47 Miroir-Sprint no 45, 1er avril 1947.
48 Miroir-Sprint no 4, 18 juin 1946.
49 Miroir-Sprint no 5, 30 juin 1946.
50 Tous les organes de presse sont étroitement contrôlés par la direction du Parti. L’un des objectifs de la réunion du Comité central qui se réunit à Montreuil les 30 et 31 août 1946 est de redéfinir les finalités relatives à la presse : « La presse constitue pour le parti une arme incomparable dans sa lutte pour la défense des intérêts du peuple et de la nation contre les trusts et leurs serviteurs. Elle est et doit être toujours plus moyen de grande valeur éducative et d’organisation des masses. D’autre part, comme dans le passé, elle dépend étroitement du parti « dont elle exprime fidèlement la politique » et ses directeurs et rédacteurs en chef « doivent être choisis parmi les militants les plus responsables capables, fidèlement attachés au parti ». Enfin l’accent est mis sur la nécessité d’une gestion rigoureuse grâce à une « comptabilité claire » à jour et facilement contrôlable… », Y. Guillauma, Presse et pouvoir de 1944 à 1958. Contribution à l’histoire de la presse sous la IVe République, thèse de Paris II, 1993, p. 299.
51 Miroir-Sprint no 45, 1er avril 1947.
52 Édito de Georges Pagnoud, Miroir-Sprint, no 41, 4 mars 1947.
53 Le début de l’année 1947 annonce une période de crise dans la presse. Les premiers craquements se font sentir avec la disparition de quotidiens parisiens tels que Dernière Paris ou Front national. Le phénomène s’amplifie avec les grèves des ouvriers du livre en janvier 1946, janvier 1947 et février-mars 1947 où les journaux désertent les kiosques pendant 31 jours. Certains journaux disparaissent, la presse communiste paie le prix fort à la dissidence avec la disparition de Ce soir en 1953 et en province de la Gironde populaire de Bordeaux en 1948, L’étincelle de Pau en 1959, La Marseillaise de Chateauroux en 1950. F. D’Almeida et C. Delporte, op cit., p. 156.
54 Le Vélo de Pierre Giffard, dreyfusard est évincé pour des motifs essentiellement politiques.
55 Éditorial de L’Auto-Vélo, 16 octobre 1900. E. Seidler, op. cit., p. 38.
56 Ibid., p. 182.
57 Le dernier numéro de Miroir-Sprint paraît le 2 février 1971.
58 Voir l’analyse du journal l’Humanité menée par Patrick Eveno : « L’Humanité, une entreprise politique », C. Delporte, C. Pennetier, J.-F. Sirinelli et S. Wolikow, op. cit., p. 199-210.
59 C. Delporte, Une histoire de la langue de bois, Paris, Flammarion, 2009. Voir chapitre iii « soviet-langue », p. 55 à 87 et le chapitre iv « Maurice, George et les autres », p. 88 à 107.
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