L’État social dans l’Europe méditerranéenne : quelques considérations dans une perspective comparatiste

1Jusque vers le milieu des années 1990, le débat scientifique sur les systèmes de protection sociale de l’Europe méridionale n’avait encore débouché que sur quelques études partielles. Le cas le plus connu était celui de l’Italie, tandis que la littérature sur l’Espagne, le Portugal et la Grèce était encore fragmentaire et hétérogène1. Il manquait en particulier des analyses de type comparatif mettant en évidence les caractéristiques des systèmes de santé et de prévoyance sociale de ces pays par rapport à ceux du reste de l’Europe. Dans les rares études disponibles, ceux-ci étaient qualifiés, de manière expéditive, de cas de « retard » par rapport au développement idéaltypique du modèle d’État social qui s’était affirmé dans les pays d’Europe continentale. Retard qui découlait de processus d’industrialisation achevés à une époque relativement récente et, plus généralement, reflétait la persistance dans ces pays d’éléments d’arriération économique, sociale et culturelle2. En eff