La révolte de Bohême, 1618-1621
p. 93-105
Texte intégral
1La révolte de Bohême a commencé par l’épisode aussi fameux que spectaculaire de la défenestration de deux membres du conseil de lieutenance et de leur secrétaire depuis le château de Prague (23 mai 1618)1. La rupture entre les états protestants de Bohême et les Habsbourg, l’empereur Mathias et le roi Ferdinand, conduisit moins à la mise en place d’un pouvoir insurrectionnel qu’à la prise en charge du pays par des institutions déjà existantes mais pas prévues pour cette tâche puisqu’il s’agissait d’instances chargées de veiller à l’administration ecclésiastique et universitaire, les Défenseurs et l’assemblée des états dits « utraquistes », en fait protestants2.
2Une telle révolte permet de s’interroger sur la pertinence de l’interprétation des conflits liée à la notion de « politisation ». Il faut d’abord envisager si l’hypothèse de l’autonomisation du politique par rapport au religieux se trouve ici vérifiée. Ensuite, en considérant le développement même du conflit, on pourra examiner de quelle manière et jusqu’à quel point il s’avère possible de parler de « politisation par le conflit » : comment s’est opérée la construction d’un consensus dans l’opposition aux Habsbourg ? Enfin, est-on en présence d’une « politisation pour le conflit », autrement dit d’une transformation de l’État bohême à l’épreuve de la lutte armée ?
3Car la rébellion, d’abord prise d’armes improvisée, devient une guerre gagnant par étapes les autres pays de la Couronne de Bohême (Silésie, Lusaces, Moravie) et aussi une partie de la Monarchie autrichienne (Haute et Basse Autriche, Hongrie). Les états ou ordres protestants, ceux de Bohême comme des autres territoires en lutte d’une part, et les Habsbourg branche cadette d’autre part, font appel à des soutiens extérieurs, poussant les uns comme les autres à une internationalisation d’un conflit qu’ils ne sont pas en mesure de régler à leur avantage.
Autonomisation du politique par rapport au religieux ?
4Le conflit né en Bohême se développe selon deux lignes. La première est politique et tient à la querelle d’autorité entre le roi (élu) et les états. L’enjeu est le partage du pouvoir, principalement dans le royaume de Bohême stricto sensu. Il s’agit d’une question bien antérieure à l’arrivée du premier Habsbourg sur le trône en 15263. La seconde ligne de développement est religieuse. Pendant plusieurs décennies au XVIe siècle, l’objectif des états protestants est d’arracher au monarque catholique une reconnaissance, non seulement verbale mais écrite, de la Confessio bohemica, qui est, depuis 1575, la plate forme commune des protestantismes bohêmes (utraquisme de plus en plus pénétré de luthéranisme, luthéranisme, Unité des Frères proche du calvinisme). C’est chose faite en 1609 par les deux Lettres de Majesté, celle pour la Bohême et celle pour la Silésie (il n’y en a pas eu pour la Moravie qui, à cette date, dépendait non de Rodolphe II mais de son frère et concurrent Mathias)4. à partir de 1609, il s’agit de défendre les acquis jugés en péril et de dénoncer les violations par les catholiques des précieux privilèges religieux et politiques.
5Les deux lignes de conflit s’entremêlent à plusieurs reprises, la puissance des états apparaissant à beaucoup dans le royaume comme la garantie du libre exercice de leur foi. C’est déjà une première raison pour ne pas parler ici d’autonomisation du politique par rapport au religieux. Mais il y en a encore une seconde qui tient au rapport de forces entre catholiques et protestants dans les institutions du royaume. En 1599, Rodolphe II a ôté aux protestants les principaux offices du royaume (dont la chancellerie) pour les confier à des catholiques. La reconnaissance contrainte et forcée par l’Empereur, en 1609, de l’existence d’une Église nationale dite « utraquiste » (en fait protestante) désormais complètement distincte de celle qui est catholique et romaine, n’a pas fait perdre leurs places aux grands officiers catholiques. à cause du contrôle de ces grands offices – donc du gouvernement – du royaume par les catholiques, les non-catholiques mettent en place à partir de 1609 une organisation à la fois ecclésiastique et politique parallèle : les Défenseurs, élus indépendamment de l’autorité royale, et l’assemblée des états protestants. On assiste à un phénomène lourd de conséquence : le dédoublement par la nouvelle Église utraquiste des structures étatiques pour contrer l’avantage pris depuis 1600 par le pouvoir royal5. Dès lors, les états pouvaient s’adresser aux Défenseurs pour faire respecter leurs privilèges, même non religieux.
6À partir de l’élection royale de l’archiduc Ferdinand de Styrie en 1617, un noyau d’activistes protestants entend secouer l’apathie de la diète de Bohême en faisant des enjeux religieux (la défense de la Lettre de Majesté et une sorte de Contre-Contre-Réforme) l’élément unificateur, en Bohême même des différents états souvent prompts à se diviser et, à l’échelle du royaume, des divers pays de la Couronne qui ne sont pas davantage portés à agir de concert6. Pour cela, une confrontation directe avec l’Empereur (Mathias) et le roi (Ferdinand) n’est pas écartée7.
7En 1618-1619, l’organisation ecclésiastique est d’abord la matrice de la révolte puisque l’assemblée des délégués des états fidèles à la Confessio bohemica est convoquée par les Défenseurs le 6 mars 1618. Elle proteste auprès de Mathias contre les violations de la Lettre de Majesté, plainte rejetée par celui-ci qui la juge infondée et défend toute nouvelle assemblée. Cela n’empêche pas qu’une nouvelle réunion soit prévue pour mai. L’organisation ecclésiastique est ensuite également la matrice du pouvoir politique issu de la révolte. Deux jours après la défenestration, soit le 25 mai, une deuxième réunion des états protestants se constitue en diète générale. Il en résulte la mise en place d’un gouvernement de 30 Directeurs (10 pour chaque ordre : seigneurs, chevaliers, villes royales), sur le modèle de ce qui s’était produit en 1609 puis en 1611 contre Rodolphe II. D’abord dépourvus de président, ils se voient comme un gouvernement provisoire devant prendre des mesures financières et militaires d’urgence. Il n’y a pas ici d’autonomisation du politique vis-à-vis du religieux, mais bien au contraire la prise en charge du politique par le religieux, celui-ci permettant de dépasser les blocages de celui-là imposés par le roi Habsbourg.
8Après la mort de l’empereur Mathias, le 20 mars 1619, le religieux permet de constituer un État en bonne et due forme. Il sert de matrice à la redéfinition institutionnelle du royaume qui culmine avec la Confoederatio bohemica du 31 juillet 1619, dont le but est explicitement la défense de la religion (article 1)8. Les grands offices du royaume doivent être réservés à des non-catholiques. La Lettre de Majesté doit, pour les catholiques, avoir le pas sur l’obéissance due aux décisions des conciles et des autorités ecclésiastiques. Le religieux ne disparaît pas dans le politique puisque, au cœur de l’État rénové, est formé un collège des Défenseurs commun aux divers pays de la Couronne.
9C’est alors l’apogée de cette dynamique (pensée comme défensive) de saisie du pouvoir politique par les non-catholiques via l’organisation ecclésiastique utraquiste de Bohême. Celle-ci donne naissance à une forme d’État dans laquelle l’union des états protestants implique la renonciation de la Bohême à sa prééminence institutionnelle. Elle entraîne aussi l’exclusion du pays des grands officiers catholiques ainsi que des confiscations. On assiste alors à la définition d’une nouvelle forme d’État, à la fois orientée contre la tyrannie prêtée à Ferdinand II et contractuelle, entre les états et le roi. Si celui-ci s’écarte de la loi divine, l’obéissance n’est plus un devoir pour les états. Pour la première fois en Bohême, un droit de résistance leur est explicitement reconnu9. L’union des protestants des différents pays de la Couronne débouche sur une nouvelle organisation politique, un véritable Ständestaat (un État des états).
10Mais cette dynamique atteint ses limites lorsqu’il faut trouver un roi. On voit à cet égard une différence fondamentale avec la révolte des Pays-Bas. Ici, pas véritablement question d’établir une république sur le modèle des Provinces-Unies. Or cette figure de l’unité que devrait être le roi fait justement apparaître les contradictions des révoltés. Ceux-ci ont proclamé la déchéance de Ferdinand, le 19 août 161910 et, le 26, proposé la couronne à l’Électeur Palatin, gendre du roi d’Angleterre et apparenté à la Maison d’Orange11. Deux jours plus tard, à Francfort, Ferdinand fut élu empereur à l’unanimité (donc aussi avec la voix des représentants du Palatin). Frédéric, pour sa part, accepta en octobre la couronne qui lui était proposée12.
11Le bref règne du Palatin comme roi de Bohême fait apparaître les éléments suivants. On veut un roi mais en minant le principe même de son autorité : la défiance et le droit explicite de résistance l’emportent sur l’obéissance et l’adhésion (articles 30 à 33). Il y a une première contradiction entre un prince qu’on veut faible au dedans, soumis aux états, mais fort au dehors par sa parenté et ses territoires héréditaires. Il y en aussi une seconde entre l’hostilité au catholicisme comme élément fédérateur et le fait que le roi, calviniste, ne peut appartenir à toutes les formes de protestantisme à la fois, ni les satisfaire toutes. L’unité était possible sur un texte, la Confessio bohemica, elle l’était moins dans une personne. Le passage de l’unité dans la Confédération à l’unité dans la personne du roi se fait mal. La construction politique issue des organes de l’Église utraquiste échoue sur le principe monarchique, avec de surcroît une tension latente sur le caractère durablement électif de la Couronne. Cette situation pose le problème du consensus politique dans la révolte de Bohême.
Comment construire un consensus ?
12Quelle politisation par le conflit ? Il faut un thème pour rassembler les énergies : la légitime défense du protestantisme. L’objectif des radicaux (Heinrich Mathias Thurn, Václav Budovec z Budova, Oldřich Vchynský z Vchynic, Václav Vilém z Roupova, Leonhard Colonna von Fels qui appartiennent à l’état des seigneurs et ont été rejoints par le député de la Vieille Ville de Prague, Martin Fruwein z Podolí) en 1618 est de fédérer les non-catholiques dans la revendication d’une complète reconnaissance afin de surmonter leurs nombreuses divisions, car à celles entre états protestants qui ont paralysé la contestation à la diète s’ajoutent celles entre les divers pays de la Couronne. Il importe de tirer chaque état et chaque pays de son isolement, ce qui est le but de la réunion du début mars 1618 au Carolinum (le bâtiment de l’université Charles). L’heure est à l’énoncé des griefs suscités par le pouvoir royal supposé irrespectueux de la Lettre de Majesté et des droits qu’elle a fondés. Bientôt, l’union passe par la rupture avec l’autorité royale, qui est une manière de créer l’irréversible et d’entraîner ceux qui n’auraient pas d’emblée accepté pareil procédé.
13Cette rupture fut consommée par un acte de violence, la défenestration. Si on ne sait pas exactement à quel moment fut décidée une solution violente ni quand il fut choisi de défenestrer les lieutenants du roi, il ne fait aucun doute que ceux-ci faisaient l’objet d’une profonde exécration. Mais on eût pu s’attendre à ce qu’ils fussent simplement arrêtés et emprisonnés. Quel que soit le moment où il fut résolu, le geste même de la défenestration n’est pas anodin. C’est d’abord une action collective telle que, loin d’être le fait d’un tueur, elle permet à tous de devenir justiciers. Elle s’inscrit aussi dans une tradition : la rupture avec le mauvais roi et ses partisans catholiques dans la fidélité à l’histoire tchèque (au début des guerres hussites, défenestration de 13 conseillers depuis l’hôtel de ville de la Ville Neuve, le 30 juillet 1419). Ainsi, les participants peuvent apparaître comme les dignes continuateurs de la Réforme hussite... même si, dans un premier temps, on affecte de croire qu’un tel geste ne sort pas de la légalité et est uniquement tourné contre les « mauvais » conseillers dirigés par les jésuites, pas contre le roi. Personne n’est dupe. Spectaculaire, la défenestration manque quelque peu son but puisque, à la surprise générale, les trois victimes survivent à leur chute de 17 mètres dans les fossés. Mais politiquement ce geste a rempli sa fonction de rupture. Celle-ci est suivie d’une autre manifestation de rejet lorsque dès le 1er juin 1618, est rendu un décret des Directeurs excluant les jésuites de Bohême13.
14La mise en place d’un pouvoir politique à partir de l’organisation politico-religieuse des états non-catholiques s’accompagne de la rédaction de deux Apologies destinées à être largement diffusées14. La première, brève et rédigée rapidement, est l’œuvre du Directeur pragois (d’origine silésienne) Martin Fruwein z Podolí15. Elle justifie la révolte par les effets des luttes religieuses. La seconde, dépassant les 100 pages, eut une gestation difficile, de juin à décembre. L’accent est mis d’abord sur les querelles religieuses, mais, cette fois, le lien est plus net avec le conflit politique entre le roi et les états, d’où un catalogue des motifs de mécontentement16. La référence est explicite à l’alliance nouée en juin 1609 par les états de Bohême et de Silésie contre Rodolphe II. Notons que l’une et l’autre furent éditées en allemand aussi bien qu’en tchèque17.
15Le consensus a quand même des limites car tout le monde ne s’aligne pas sur les Directeurs pragois. En Bohême même deux villes royales catholiques, d’une grande importance stratégique, demeurent fidèles au roi, Plzeň et České Budějovice, tandis qu’à l’échelle des Pays de la Couronne, la Moravie refuse obstinément de prendre les armes. Le chef de file des protestants moraves, Charles de Žerotin, est sur ce point en accord avec les seigneurs catholiques contrôlant le gouvernement du pays. Il faut que les troupes des Directeurs entrent en Moravie, le 23 avril 1619, pour faire basculer le margraviat dans la révolte et l’aligner sur la politique des Directeurs pragois (alliance défensive et union des forces militaires, le 11 mai).
16La recherche du consensus protestant débouche sur la Confoederatio bohemica du 31 juillet 1619 : 101 articles publiés en tchèque, en allemand et en latin18. Les 21 premiers articles portent sur les modalités de la défense face au catholicisme, le préambule ayant déjà justifié la révolte. Il s’agit de mettre les catholiques hors d’état de nuire, par une série de mesures frappant les jésuites et les autres nouveaux ordres religieux, par d’autres dispositions assurant des garanties aux protestants avec le libre exercice de leur religion. Ensuite, d’autres articles définissent la nouvelle organisation du pouvoir, puis il est question de la guerre proprement dite. La Confédération marque la renonciation par Prague à la prééminence traditionnelle de la Bohême dont la diète seule avait le droit d’élire le roi, les autres territoires n’ayant pas part à ce vote. Pourtant la centralité pragoise ne disparaît pas, loin s’en faut, puisque la capitale du royaume devient le lieu de réunion d’organes de gouvernement véritablement communs. Les catholiques sont exclus des charges publiques et se voient imposer une renonciation explicite aux décrets du concile de Trente.
17L’alliance est ensuite étendue à d’autres pays de la Monarchie Habsbourg en dehors des limites du royaume de Bohême : les Autriche, Haute et Basse, ainsi que la Hongrie19. La formation d’une confédération des états protestants est en cours. Ainsi, le 18 août 1619, soit juste après la déchéance de Ferdinand, les états confédérés s’allient officiellement à ceux de Haute et Basse-Autriche. Il en résulte une fracture à l’intérieur des noblesses des pays concernés. Quant à l’Autriche intérieure, recatholicisée depuis le début du siècle par Ferdinand, elle ne bouge pas. Ce consensus protestant a plus de crédibilité à l’échelle internationale, donc de force. Il facilite la proposition de la Couronne de Bohême à l’Électeur palatin et éveille des sympathies, notamment en Angleterre et en Écosse, aux Provinces-Unies et dans les états de l’Union évangélique.
18L’acceptation de la Couronne par l’Électeur palatin Frédéric marque une nouvelle étape dans la recherche du consensus politique. Lors du couronnement à Prague prévaut le souci d’apparaître comme bien intégré à la tradition bohême20. La nouveauté que représente la montée sur le trône d’un roi calviniste est atténuée par le caractère traditionnel de la cérémonie. On fait en sorte de toucher le moins possible à l’ordo de Charles IV. On se contente d’en faire disparaître ce qui est trop visiblement catholique, tout en conservant les litanies des saints et l’onction. Il n’est pas encore question de toucher à la cathédrale de Prague et à sa décoration. Puis les différents pays de la Couronne doivent prêter hommage au nouveau roi. Frédéric se rend ainsi à Brno puis à Breslau21. L’objectif est de faire de lui le point de ralliement des fidélités, celle de chacun des états dans chacun des territoires du royaume.
19Frédéric bénéficie aussi d’un climat a priori favorable22. Des attentes diffuses mais réelles voient en lui ou se demandent s’il sera l’élu de Dieu, le champion de la cause protestante, le lion du Nord qui en finira une fois pour toutes avec la prostituée de Babylone et la Maison d’Autriche. Le fameux verset évangélique « Es-tu celui qui doit venir ? » des disciples de Jean le Baptiste aurait très bien pu s’appliquer aux interrogations de beaucoup en 1619. Aux yeux de certains, son élection en Bohême est le signe que l’accomplissement de la Réformation universelle est désormais imminent. On retrouve donc le religieux qui apparaît susceptible de donner à Frédéric une grandeur que son nouveau royaume risque de lui contester. De grandes espérances viennent nimber l’avènement du roi protestant, mais sont-elles soutenues par des moyens en rapport avec les défis à relever ?
L’État bohême est-il en mesure de résister au conflit ?
20Posons pour finir la question de la politisation pour le conflit. Elle pousse d’abord à s’interroger sur la capacité d’adaptation de l’État bohême aux nécessités d’une lutte imprévue. Si certains avaient voulu la rupture et la confrontation dès le printemps 1618, personne ne s’attendait à une lutte armée de longue durée. L’improvisation est donc complète. Elle est politique avec des Directeurs qui s’érigent en pouvoir exécutif et en autorité militaire puisqu’il leur faut lever des troupes, mais aussi financière car il faut impérativement trouver le moyen de les payer23. Ce furent les plus déterminés dans l’hostilité aux Habsbourg qui se placèrent à la tête des troupes levées par les Directeurs à partir de juillet : Thurn et Colonna von Fels ainsi que deux membres de l’état des chevaliers, Jan Bubna le jeune et Pavel Vosterský Kaplíř ze Sulevic. L’improvisation n’est pas moindre du côté des Habsbourg. Tandis que ceux-ci sont dans l’impossibilité d’en finir avec la révolte, les Directeurs pragois ne sont pas davantage en mesure d’obliger l’empereur et le roi à plier. Il en résulte la dynamique très particulière de ce conflit fait d’élargissements et de rééquilibrages périodiques, ne permettant pas à l’un des camps de l’emporter sur l’autre, que ce soit en 1618 ou en 161924. Ce n’est qu’assez tard au cours de l’année 1620 que Ferdinand parvient enfin prendre l’avantage. Encore faut-il dire que l’issue de la campagne n’est vraiment décidée qu’au début de novembre, à un moment où la situation financière du Palatin est devenue fort préoccupante tandis que son armée est déjà, pour une part, incontrôlable.
21La comparaison avec 1609 fait nettement apparaître le changement d’échelle et de moyens disponibles25. Pour s’opposer à Rodolphe II, les Défenseurs d’alors pouvaient compter sur le soutien d’un des plus riches lignages seigneuriaux, les Smiřický qui n’avaient pas ménagé leur participation financière et politique. à partir de l’été 1618, c’est une véritable guerre, et non plus une prise d’armes destinée à faire pression sur le roi, qu’il faut mener et il n’y a plus de pareils bailleurs de fonds car les derniers Smiřický s’éteignent, alors même que c’était dans leur palais pragois que s’était tenue la réunion des activistes des états, la veille de la défenestration.
22L’État bohême tel qu’il se métamorphose au cours de la révolte ne peut espérer tenir tête à son roi et adversaire qu’en élargissant le conflit afin de disposer de moyens qui, autrement, ne seraient pas à sa portée. Importantes, les conséquences de cette faiblesse sont triples. Tout d’abord, un des objectifs majeurs de la Confédération consiste justement à mettre en commun les forces militaires. Tel est l’objet des articles 75 à 79 qui règlent la participation de chacun des pays de la Couronne à l’effort de guerre commun. Le manque de moyens conduit aussi à nouer des alliances avec d’autres états protestants hors des pays de la Couronne et à chercher à coordonner avec eux l’action contre Vienne. Enfin, cela entraîne l’appel au Palatin et, à travers lui, à l’Union évangélique, aux Provinces-Unies et à l’Angleterre afin d’obtenir les troupes et l’argent qui font si cruellement défaut.
23C’est globalement une réussite pour le premier point, mais reste à savoir quelle est l’ampleur de l’effort consenti par chacun des membres de la Confédération. C’est, par intermittence un succès pour le deuxième sans qu’on parvienne à autre chose qu’à des conjonctions de forces plus ou moins durables. Quant au troisième point, au-delà de quelques soutiens financiers modestes, le recours au Palatin s’avère une grande illusion. Autrement dit, plus le conflit dure et prend de l’ampleur, plus le financement de la guerre devient délicat, plus la mobilisation des ressources et des populations s’avère décevante. La politisation pour le conflit se heurte à de sérieuses difficultés.
24La situation doit être envisagée d’abord du point de vue militaire. L’instrument de guerre n’a-t-il pas été disproportionné aux moyens réels des révoltés ? En 1620, il faut chaque mois 250 000 florins pour l’entretien de l’armée. Le roi qui a mis en gage ses propres joyaux et tiré ce qu’il pouvait de son Électorat, est loin d’obtenir des pays de la Couronne les moyens de financer la guerre. La mise en commun des forces militaires suppose un commandement en principe unique mais la réalité est plus complexe, faite de différents théâtres d’opération et de plusieurs systèmes de financement. L’armée des états est composée de mercenaires (principalement étrangers, allemands, parfois néerlandais ou anglo-écossais) qui n’ont pas tous le même employeur. Si les états de Silésie et de Moravie payent convenablement et régulièrement leurs forces militaires, ceux de Bohême se distinguent par leur impécuniosité. Et l’arrivée du Palatin ne change rien à cette situation. Son couronnement puis la diète générale qu’il tient de mars à mai 1620 ne font que mieux apparaître le peu de résultats de ses efforts pour obtenir davantage de moyens financiers et militaires des pays de la Couronne, notamment de Moravie et de Silésie26. Chacun veut se protéger et craint de se trouver dépossédé des troupes qu’il finance. Partout s’exprime le refus d’augmenter les impôts.
25Dès lors les rancœurs ne peuvent que s’accumuler si bien que le Palatin déçoit. Il n’est pas le sauveur attendu, riche et fortement appuyé à l’étranger27. D’autres motifs d’insatisfaction s’y ajoutent. Les actes d’iconoclasme perpétrés à Prague, en particulier à la cathédrale, à l’instigation de la reine, sont imputés au roi et suscitent bien des murmures, pas seulement chez les catholiques : la Bohême deviendra-t-elle calviniste28 ? L’installation au château de Prague d’une cour en partie étrangère et calviniste indispose une partie de l’opinion. Ni Frédéric ni son épouse ne parlent tchèque. Enfin, si le roi a été élu, il est d’autant plus suspecté de vouloir rendre la couronne héréditaire (ce qui entre aisément en contradiction avec les articles 22 à 25 de la Confoederatio) qu’il parvient à faire accepter par la diète générale des pays de la Couronne son fils aîné comme successeur29. Le principe monarchique peine à s’accorder avec le peu d’espace laissé au roi dans la Confédération. Frédéric est rendu responsable des mécomptes rencontrés avec une armée largement étrangère qui vit sur un pays qu’elle inquiète au moins autant qu’elle le protège. Car les défaillances du financement font des troupes des éléments incontrôlables dont il faut essayer de régler à coups d’expédients les arriérés de soldes qui s’accumulent... C’est ainsi qu’on spolie les juifs de Prague qui trouvent auprès de Ferdinand une oreille compatissante30.
26La société suit-elle vraiment ? On peut se demander si les comportements sont attribuables à la simple prudence ou bien manifestent les limites du consensus. Que ce soit en 1618 en Bohême puis en Silésie et dans les Lusaces ou encore en Moravie l’année suivante à l’entrée des troupes de Bohême, la soustraction d’obédience se fait sans résistance. Seuls ceux qui incarnent la fidélité catholique ou dynastique s’exilent, en général à Vienne. Mais là où les Impériaux arrivent ou reviennent, ils ne se heurtent que rarement à la résistance des habitants. On ne voit pas se lever de héros populaire ou bourgeois de la lutte contre les Habsbourg. Dans les campagnes, les comportements sont ceux de populations qui craignent les gens de guerre, se cachent dans les forêts, se vengent à l’occasion sur les blessés et les isolés. Mais on est là en deçà de la politique. En 1620, les tentatives royales pour lever la milice paysanne contre les Impériaux débouchent sur des résultats ridicules31. En revanche, il se produit de préoccupantes insurrections paysannes en Bohême du Sud contre les soldats, à commencer par les mercenaires étrangers au service des états. Elles suscitent des promesses de la part des émissaires de l’empereur de mettre fin à la servitude personnelle.
27Un net attentisme caractérise les élites qui comptent dans leurs rangs peu de guerriers de profession. Le 29 juillet 1619, les états de Bohême rebelles décident la confiscation des biens des « traîtres à la mère patrie », soit les seigneurs catholiques partisans de l’empereur et de l’Église. Peu de temps après, un décret impérial du 6 août stipule que les biens des rebelles dans les zones tenues par les troupes de l’empereur tomberaient désormais en sa possession. Tant que le sort des armes restera en balance, impossible de savoir qui, en définitive confisquera qui32. Dès qu’on commence à regarder de près, les loyautés semblent parfois bien incertaines : dès l’automne 1618 se répandent des rumeurs de trahison et soupçons contre des chefs militaires suspectés d’entente avec l’ennemi. Certaines familles nobles se partagent entre les rebelles et le pouvoir monarchique : père et fils choisissant quelquefois des camps opposés, tandis qu’il arrive que deux branches prennent des chemins complètement différents, comme c’est alors le cas chez les Czernín ou les Kinský. Le Palatin, une fois couronné, ne peut compter véritablement que sur les nobles de l’Unité des Frères et sur certains utraquistes et luthériens qu’il a nommés aux grands offices du royaume. En un temps aussi troublé et incertain, les transfuges ne manquent pas. Après la Montagne blanche, certains personnages en vue de la révolte restent à Prague, pensant que Ferdinand pardonnera... ce qui les conduit à l’échafaud.
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28Quelle est la pertinence de la notion de « politisation » dans le cas présent ? Elle aide à mieux cerner la dynamique même du conflit et la manière dont un consensus a pu être créé. Elle met aussi en relief les limites de l’effort de guerre et de ce fait conduit à s’interroger sur l’implication somme toute réduite du pays dans le conflit. Ici et à cette époque, la « politisation pour le conflit » était encore hors de portée. Dès lors, on ne sera pas surpris qu’une bataille perdue ait pu emporter l’éphémère monarchie du Palatin et provoquer la perte des révoltés et de leurs privilèges religieux et politiques.
29On peut toutefois formuler aussi deux remarques sur les limites de l’application de la notion de « politisation » à la révolte de Bohême. La première tient, on l’a vu, à l’absence d’autonomisation du politique par rapport au religieux, car c’est véritablement ce dernier qui a permis, dans un premier temps, de surmonter le blocage du politique, puis, contribué à affaiblir la position du nouveau monarque. Dans l’épisode décisif qui scelle la défaite des révoltés, la bataille de la Montagne blanche, le religieux joue un rôle déterminant. Dans un conflit de ce type, comment penser de manière satisfaisante l’articulation du politique et du religieux ? Si on ne peut pas faire de la révolte de Bohême purement et simplement une « guerre de religion », ce qui serait sous-estimer les enjeux politiques, il n’est pas non plus possible de ne voir en elle qu’un affrontement d’ordre politique dans lequel le religieux ne serait que prétexte.
30La deuxième limite tient à la nécessité de faire leur place à ce que l’on pourrait appeler la culture politique des acteurs et leur faculté d’analyser situations et rapports de force, la prise de décision, si l’on veut. Il est clair que la révolte a trébuché sur la question militaire qu’elle n’avait pas sérieusement prévue car ses auteurs avaient manifestement sous-estimé la détermination des Habsbourg, pensant que Mathias et son principal ministre, le cardinal Khlesl, se hâteraient de négocier, en fait de céder, et que les princes d’Empire protestants seraient des soutiens efficaces. Cette double erreur stratégique majeure a pesé sur toute la suite des événements. Et le recours au Palatin témoigne, là encore, d’une méconnaissance des réalités politiques dès qu’elles dépassaient les horizons du royaume de Bohême. La victoire de Ferdinand a tenu, pour une part, à sa meilleure appréciation des données du conflit.
Notes de bas de page
1 Ivana Cornejova, Jiří Kase, Jiří Mikulec, Vít Vlnas, Velké dějiny zemí koruny české (Grande histoire des pays de la Couronne de Bohême), t. VIII, 1618-1683, Prague-Litomyšl, Paseka, 2008, p. 9-77. Václav Bůžek, Společnost českých zemí v raném novověku. Struktury, identity, konflikty (La société des pays tchèques à l’époque moderne. Structures, identités, conflits), Prague, Lidové Noviny, 2010. Sur l’organisation politique et territoriale des pays de la Couronne de Bohême, voir Joachim Bahlcke, Regionalismus und Staatsintegration im Widerstreit. Die Länder der böhmischen Krone im ersten Jahrhundert der Habsburgerherrschaft (1526-1619), Schriften des Bundesinstituts für ostdeutsche Kultur und Geschichte, t. 3, Munich, Oldenbourg, 1994, notamment les p. 382-445 sur la période 1610-1619.
2 On trouvera les documents essentiels dans deux recueils, les Documenta bohemica bellum tricennale illustrantia, Prague, Academia, 1971-1981, 7 vol. , notamment dans le t. 2, et Gottfried Lorenz éd., Quellen zur Vorgeschichte und zu den Anfängen des Dreissigjährigen Krieges, Ausgewählte Quellen zur deutschen Geschichte der Neuzeit, t. 19, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1991.
3 Karel Malý et Jaroslav Pánek dir., Vladislavské zřízení a počatky ústavniho zřízení českých zemích (1500-1619) (La constitution Vladislav et le début de l’ordre constitutionnel en Bohême), Prague, Historický ústav Akademie věd České republiky : Ústav právních dějin Právnické fakulty Univerzity Karlovy, 2001 ; Petr Cornej et Milena Bartlová, Velké dějiny zemí koruny české, t. VI, 1437-1526, Prague-Litomyšl, Paseka, 2007, passim ; Petr Vorel, Velké dějiny zemí koruny české, t. VII, 1526-1618, Prague-Litomyšl, Paseka, 2005, p. 43-62 sur la structure politique et juridique du royaume, 88-110 sur les ordres (en particulier 96-106 sur les noblesses), 214-229 sur les villes et les grands domaines.
4 Gottfried Lorenz (éd.), Quellen zur Vorgeschichte... op. cit., p. 92-100 pour le texte de la Lettre de Majesté concernant la Bohême.
5 Joachim Bahlcke, Regionalismus und Staatsintegration..., op. cit., p. 456.
6 Ibid., p. 403.
7 Si on ne dispose pas encore d’une biographie récente de Mathias, voir l’étude sur Ferdinand II de Thomas Brockmann, Dynastie, Kaiseramt und Konfession. Politik und Ordnungstellungen Ferdinands II. im Dreissigjährigen Krieg, Paderborn, F. Schöning, 2011. Il y fait justice de nombreux clichés. Voir tout particulièrement les p. 185-192 qui donnent un bilan de la politique de Ferdinand jusqu’à la Montagne blanche. On ne peut plus se contenter de tenir ce monarque pour un esprit religieusement militant, voire fanatique, tenant pour secondaire toute considération politique.
8 Gottfried Lorenz (éd.), Quellen zur Vorgeschichte... op. cit., p. 332-358.
9 Un tel droit existait en Hongrie depuis la bulle d’or du roi André II en 1222.
10 Gottfried Lorenz (éd.), Quellen zur Vorgeschichte... op. cit., p. 368-371.
11 Sur le Palatin qui a fait l’objet d’un net regain d’intérêt depuis une dizaine d’années, voir Peter Bilhöfer, Nicht gegen Ehre und Gewissen. Friedrich V., Kurfürst von der Pfalz – Winterkönig von Böhmen (1596– 1632), Heidelberg, Eigenverlag Rhein-Neckar-Kreis, Reihe : Bausteine zur Kreisgeschichte, Bd 7, 2004 ; Jaroslav Cechura, Zimní král aneb české dobrodružství Fridricha Falckého (Le roi d’un hiver ou les aventures de Frédéric le Palatin en Bohême), Prague, Rybka Publishers, 2004 ; Peter Wolf et al. (éd.) Der Winterkönig Friedrich von der Pfalz. Bayern und Europa im Zeitalter des Dreissigjährigen Krieges, Stuttgart, Theiss, 2003.
12 Gottfried Lorenz (éd.), Quellen zur Vorgeschichte..., op. cit., p. 408-418 : revers d’acceptation 10/20 octobre 1619 et lettre patente des 28 octobre/7 novembre 1619 (selon le calendrier utilisé julien ou grégorien).
13 Ibid., p. 236-237.
14 La littérature suscitée par la révolte de Bohême a été étudiée par J. Gebauer, Die Publicistik über den böhmischen Aufstand von 1618, Halle, F. Niemeyer, 1892. Sur les deux Apologies, voir A. Markus, « Stavovské apologie z roku 1618 » (Les Apologies des états de 1618), Český časopis historický, 17, 1911, p. 58-74, 200-217, 304-315, 421-435. Les deux Apologies ont été éditées par V. Šubert, Prague, Seyfried, 1862. On trouvera le texte de la seconde Apologie sur internet [www.archive.org/.../apologiedruhsta00ubgoog/apologiedruhsta00ubgoogdjvu.txt].
15 La rapidité de sa rédaction a porté à se demander si ce travail n’avait pas été entrepris avant la défenestration.
16 Remarquons que l’argumentation développée par les Habsbourg fut de considérer la rébellion de Bohême comme une affaire purement politique. Autant les états cherchaient à obtenir le soutien des puissances protestantes, autant Mathias et Ferdinand, puis Ferdinand seul, entendaient former une coalition sur une base politique et non religieuse.
17 La seconde Apologie ne fut traduite en allemand que six mois après sa parution en tchèque. Dans les deux cas, il s’agissait de se gagner l’opinion dans les pays protestants d’Empire comme dans les territoires germanophones de la Monarchie autrichienne. Faut-il préciser que cela invalide toute interprétation de la révolte de 1618 en termes d’affrontement national, Tchèques contre Allemands ? Rappelons que Thurn et Colonna von Fels n’appartenaient pas à de vieilles familles de Bohême (à la différence de Slavata et Martinic, les deux illustres défenestrés) et que les temples détruits dans les années précédant la révolte étaient luthériens et fréquentés par des germanophones.
18 Voir le commentaire qu’en donne Joachim Bahlcke, Regionalismus und Staatsintegration..., op. cit., p. 430-445.
19 C’est dans ce contexte que survint, après la mort de Mathias (le 20 mars 1619), une démarche de Ferdinand de Styrie proposant une négociation en vue d’une paix de compromis. Elle ne fut pas communiquée à la diète par les Directeurs. Cette tentative est connue notamment grâce aux Paměti (Souvenirs) de Vilém Slavata, l’un des défenestrés, Josef. Jireček (éd.) Prague, Kober, 1866, t. I, p. 58-59, voir aussi Josef Forbelský, Španělé, Říše a Čechy v 16 a 17. století (Les Espagnols, l’Empire et la Bohême aux XVIe et XVIIe siècles), Prague, Vyšehrad, 2006, p. 179. Thomas Brockmann, Dynastie, Kaiseramt und Konfession..., op. cit., p. 91-93, insiste sur le caractère tactique, « instrumental » d’une telle démarche destinée, comme les interpositions discutées du vivant de Mathias, à stabiliser la situation et à gagner du temps en vue de la formation d’une coalition pas seulement catholique contre les rebelles. Il estime que la nécessité – et elle seule – expliquait cette option, op. cit., p. 96-97.
20 Voir les travaux de Zdeněk Vybíral, Politická komunikace aristocratické společnosti českých zemí na počátku novověku (La communication politique dans la société aristocratique des pays tchèques au début de l’époque moderne), České Budějovice, Editio Universitatis Bohemiae Meridionalis, 2005, p. 104-119 et de Benita Berning, « Nach alltem löblichen Gebrauch ». Die böhmischen Königskrönungen der Frühen Neuzeit (1526– 1743), Cologne-Weimar-Vienne, Böhlau, 2008, notamment les p. 133-154. Lors de l’entrée solennelle de Frédéric à Prague, il avait été accueilli par trois compagnies vêtues à la manière des soldats hussites du XVe siècle, ce qui avait d’ailleurs suscité les sarcasmes de l’entourage royal.
21 Benita Berling, « Nach alltem löblichen Gebrauch »..., op. cit., p. 147-152.
22 Olivier Chaline, La bataille de la Montagne blanche (8 novembre 1620). Un mystique chez les guerriers, Paris, Noésis, 2000, p. 335-355.
23 Thomas Winkelbauer, « Nervus belli bohemici. Die finanziellen Hintergründe des Scheiterns des Ständeaufstands der Jahre 1618 bis 1620 », Folia Historica Bohemica, 18, 1997, p. 173-223.
24 Olivier Chaline, La bataille de la Montagne blanche..., op. cit., p. 33-70.
25 Jaroslav Čechura, 5.5.1609. Zlom v nejdelším sněmu českých dějin. Generální zkouška stavovského povstání (5.5.1609, coup de théâtre dans la diète la plus longue de l’histoire tchèque. La répétition générale de la révolte des états), Prague, Havran, 2009. Voir en particulier les p. 137-153.
26 Benita Berling, « Nach alltem löblichen Gebrauch »..., op. cit., p. 147-152. C’est net dès les voyages effectués en Moravie puis en Silésie pour recevoir l’hommage des états. Ceux de Moravie qui offrirent à Frédéric 15 000 florins moraves, refusèrent de doubler leur contingent militaire. Ils n’acceptèrent que de lever 1500 fantassins et 500 cavaliers et seulement pour six mois. Encore ne voulaient-ils pas les engager à autre chose qu’à la protection de leur propre territoire. Quant aux Silésiens, tout en se montrant plus généreux que les Moraves, ils limitèrent également leur effort : 40 000 taler annuels, un cadeau de 60 000 taler et 20000 de reliquat fiscal. On ne sait pas exactement combien d’hommes à pied et à cheval furent levés, mais il ne fait pas de doute que les engagements de la Confédération ne furent pas tenus. Le prétexte en était que le pays devait pourvoir à sa propre protection.
27 Jaroslav Čechura, Zimní král..., op. cit., p. 94-166 ; P. Wolf et al. (éd.), Der Winterkönig Friedrich V..., op. cit., notamment les articles de Joachim Bahlcke, « Wird “Behemb ein Hollendisch goubernament”? Das bömisch-pfälzische Staastgründungexperiment in europäischer Perspektive », p. 94-100 et de Jaroslav Pánek « Friedrich V ; von der Pfalz als König von Böhmen », p. 101-106 qui porte sur l’État bohême du temps de la révolte un jugement bien moins sévère que celui qui est d’ordinaire formulé.
28 Vincenc Kramář, Zpustošení chrámu svatého Víta v roce 1619 (la dévastation de la cathédrale Saint-Guy en 1619), Fontes Historiae Artium VIII, Prague, Artefactum – Ústav dějin umění AVČR, 1998 ; Olivier Chaline, La bataille de la Montagne blanche..., op. cit., p. 274-288 (cette question sera reprise plus en détail dans la traduction tchèque de mon ouvrage, actuellement en préparation) ; Eliška Fučíková, « Friedrich V. und die Prager Kunstsammlungen anders gesehen », in Peter Wolf (éd.), Der Winterkönig..., op. cit., p. 112-121 et Jaroslav Čechura, Zimní král... op. cit., p. 125-145.
29 Précisons à la suite de Jaroslav Pánek, « Friedrich V... », art. cit., p. 103, que cette dérogation fut elle-même conforme à l’article 23 de la Confédération qui permettait la désignation d’un successeur du vivant même du roi si, en cas de pressante nécessité, tous les cinq pays le désiraient. Jaroslav Pánek y voit la marque d’une flexibilité institutionnelle plus grande que ce qu’on prêtait d’ordinaire à l’État bohême de 1618-1620. Voir aussi Peter Bilhöfer, Nicht gegen Ehre und Gewissen..., op. cit., p. 105.
30 Voir Olivier Chaline, La bataille de la Montagne blanche..., op. cit., p. 433-439.
31 Miroslav Volf, « Zásahy ozbrojeních poddanských houfů do stavovského povstání 1618-1620 » (Les interventions de groupes de serfs armés dans le soulèvement des états), Jihočeský sborník historický, 33, 1964, p. 1-11. Dans l’état actuel de nos connaissances, la principale source demeure l’Historie česká du chroniqueur luthérien Pavel Skála ze Zhoře, voir dans le volume portant sur la période de la défenestration à la Montagne blanche, Prague, Svoboda, 1984, les p. 273-278.
32 Olivier Chaline, « Les seigneurs conquérants : confiscations et redistribution foncière en Bohême au temps de la guerre de Trente Ans », dans Caroline Le Mao et Corinne Marache (dir.), Les élites et la terre, du XVIe siècle aux années 1930, Paris, A. Colin, 2010, p. 13-24.
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